Dépendance physique

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Les toxicomanies
Dr . F. CHERIKH
Psychiatrie de liaison et Psychologie médicale
CHU de Nice
Introduction
• Toxicomanie pose le problème de la
personnalité
sous-jacente
du
toxicomane, rôle de l’environnement
(contexte familial et sociologique),
degré d'exposition au toxique, de la
nature du produit.
• La toxicomanie relève de trois aspects :
Moral, Légal, Médical
définitions
• Trois critères sont utilisés pour définir les
toxicomanies :
• Un critère chimique : Produit = drogue si
illicite (du point de vue du législateur),
toxique ou médicament détourné de son
usage thérap (point de vue du médecin).
• Un critère quantitatif : utilisation fréquente ou
en grande quantité
• Un critère comportemental : dépendance
physique, psychique ou les deux
Définitions
La dépendance : Critère le plus important
pour la définition d'une toxicomanie
Si usage d'une drogue sans dépendance :
•Usage occasionnel
•Abus de drogue : utilisation répétée
malgré les risques
Dépendance
:
sujet
incapable
d'interrompre sa consommation :
Définitions
• Dépendance physique : secondaire, du à
des perturbations biologiques, variables
suivant les produits, se manifestant par la
tolérance (ou accoutumance) au produit, et
les troubles lors du sevrage.
• Dépendance (ou assuétude) psychique :
précoce et souvent précède la toxicomanie,
dépend de la personnalité et non du produit,
se manifeste par le désir de consommer une
drogue, l'apaisement psychique après la
prise.
épidémiologie
• Prévalence : 0,5 à 1,5/1000, nombre de
toxicomanes limité et stable jusqu'aux années
60 (quelques milliers) puis progression
constante 1985 : 30 à 50 000 (toxicomane
avec dépendance physique)
• Sexe Ratio : Prédominance masculine, 2/3
d'hommes
• Age moyen : Pic entre 16 et 26 ans (âge
diminue)
Épidémiologie
• Milieu d'origine : fréquence chez les parents
de Abus d'alcool, Prise de psychotropes,
séparation divorce
• ATCD de l'enfance : fréquence dans l'enfance
de trt par psychotropes, placements, cursus
scolaire inf à la norme, fugues, troubles du
sommeil,
crises
nerveuses,
troubles
psychosomatiques.
• Insertion socio-professionnelle (plus la
conséquence de la tox) : délinquance,
inadaptation
socio-prof,
période
sans
domicile.
Étiologie
• 1.1.1.
Socio-Culturels
• Les facteurs varient avec les cultures; dans la
civilisation occidentale, le développement des
tox est lié à la culture de la société
industrielle. La drogue a pu être au service
d'une sous-culture, en particulier dans
l'idéologie hippie où elle constituait plus un
moyen qu'une fin en soi. Actuellement les
consommateurs de drogue ne constituent
plus un groupe homogène.
Étiologie
• 1.1.1.
Biologiques
• Les phénomènes de tolérance et de
dépendance sont fonction d'un grand
nombre de paramètres biologiques
(catabolisme enzymatique, absorption
intestinale, sensibilité des R, etc), rôle
de l'hérédité
Toxicomanie au cours d’affections
psychiatriques

Personnalité schizoïde, Schizophrénie : 10% des
toxicomanies, souvent en début d'évolution (problème
des tableaux intriqués). Refuge protecteur, effet
anxiolytique

Personnalité psychopathique (assez souvent) : 1/3
des polytoxicomanes. l'usage de la drogue
s'accompagne d'une transgression des règles, d'une
exigence de satisfaction immédiate des besoins, d'une
recherche d'un moyen de calmer un sentiment de
malaise.

Certaines psychoses dysthymiques

Névroses (assez rarement) : recherche d'un effet
anxiolytique. Surtout TAG. Début plus tardif. 10% des
toxicomanies. Dépendance plus physique que
psychique, souvent moins intense que les suivantes.
Toxicomanies paraissant pures
• S'il n'existe pas une structure psychique du
type de celles qui sont décrites comme des
affections
psychiatriques
nettement
individualisées, cela ne veut pas dire que la
personnalité est normale. Rareté de la
toxicomanie sur des personnalité normales,
beaucoup d'auteurs défendent l'idée d'une
prédisposition psychique. Les études de
personnalité dégagent un certain nombre de
constante concernant la personnalité des
usagers de drogues dures :`

Dépression avec dévalorisation
narcissique
 L'impulsivité latente ou manifeste
 La faiblesse du Moi avec troubles de
l'identification
• La difficulté d'accéder à des relations
amoureuses et sexuelles stables
psychopathologie
 Les troubles du narcissisme : Ils
s'expriment
par
une
mauvaise
appréciation
de
soi
(tantôt
mégalomanie, tantôt dévalorisation)
avec manque de stabilité (oscillation
entre les états de désarroi et les états
de suffisance) ; peut expliquer
l'utilisation de la drogue qui tend à
corriger les états de désarroi et permet
d'atteindre des états élationnels de
compensation.
psychopathologie
 
(Les troubles des relations d'objet : Chez le
toxicomane on retrouve une relation d'objet primitive ou
archaïque non fonctions des qualités de l'objet, objet
irremplaçable, besoin absolu).
 
Les troubles de l'obtention du plaisir : Les deux types
de plaisir :
  Par abaissement de tension : pour certains sujets, moyen
de calmer une tension interne.
• Plaisir d'excitation : qui du fait des troubles de personnalité de
certains sujets ne peut pas ou peu être obtenu dans une activité
génitale et l'est pas le biais de la drogue (IV substitut de
l'orgasme, excitation érotisée du LSD)
Intoxication aiguë

•
•
•
•


•
•
•
•

Des répercussion psychiques
Sur la vigilance : ivresse avec hypovigilance ou excitation
Sur la conscience : normale ou perturbée
Sur le fonctionnement psychomoteur : ralentissement ou
stimulation
Sur les perceptions : sérénité, euphorie, angoisse

Des manifestations physiques : Propres à chaque produit

Répercussion sur le comportement
Baisse d'efficience intellectuel ou physique
Dangerosité
Perturbation des relations affectives
Handicap social ou professionnel
Traitement des complications
aiguës
• Survenue lors d'un sevrage brutal ou
d'un surdosage
Mesures de réanimation
• Appréciation du risque vital, lutte contre
les complication cardio-respiratoires
(libération VAD, ventilation, etc),
rééquilibration hydroélectrolytique
Complications psychiatriques
 
Syndrome confusionnel : Plusieurs produits peuvent être à
l'origine avec caractéristiques cliniques :
  Barbituriques : tr neurologiques, onirisme
  Opiacés : démarche ébrieuse, incoordination, myosis
  Amphet ou cocaïne : agitation, tachycardie, mydriase
  Intox aux solvants
 
Angoisse-agitation
 
Psychose aiguë : Pharmacopsychose
 
Déclenchement : intoxication aux hallucinogènes, aux
amphétamines ou à la cocaïne
 
Tableau clinique : Hallucinogènes : délire paranoide avec
hallucinations, cocaïne ou amphétamines : délire de type
paranoïaque avec interprétations thèmes de persécution et de
mégalomanie
  Traitement : hospitalisation et traitement neuroleptique
 
Surdosage Héroïne : s'assurer que pas de prise de
barbiturique, Narcan en IVL
Les opiacés
•
•
•
•


1.1.1.1. Les produits
Opium, dérivés de synthèse, morphomimétiques de synthèse.
Mode d'ingestion : fonction du produit (fumé, PO, SC, IV)
1.1.1.2. Effets lié à l'utilisation :

Aigue :
 Le flash : sensation immédiate et violente après l'injection
IV : plaisir intense (orgasmique), euphorie / Myosis,
hypotension, bradycardie, N, V, somnolence, prurit / altération
du jugement, de l'attention et de la mémoire
  Après le flash : retrait du toxicomane dans son monde 3 à
6H
• Complication = overdose : coma calme, Myosis serré,
Dépression respiratoire
 
Chronique :
  Syndrome de dépendance qui peut être rapide avec Héro (3 ou
4 prises)
  Syndrome de sevrage : 8 à 10 heures après dernières prises,
max après 48 H, Mydriase, tableau pseudo-grippal (rhinorrhée,
hypersudation, frissons, hyperthermie), douleur abdo ou de la
région lombaire, N V diarrhée, insomnie, baillement, agitation
anxieuse, syndrome confusionnel
 
Complication générales : Infectieuses, pulmonaires (OAP,
Pneumopathie d'inhalation), cérébrales (Oedeme cérébral,
Korsakoff, encéphalopathie post anoxiques après overdose),
rénales (glomérulonéphrites, néphopathies tubulo-interstitielles
aigues liées à une rhabdomyolise), digestives (hépatites,
constipation), cutanée (candidose, périphlébites, lymphangite,
abcès), endoc (troubles des règles), hématologie (troubles de
l'immunité, adénopathies, splénomégalie), obstétricales.
• Complications psychiatriques : désocialisation
• Traitement: narcan, en DH de toute association
Les barbituriques
• Utilisation surtout des produits à demi-vie moyenne ou courte.
Toutes les spécialité contenant du sécobarbital sont inscrites
dans la liste des stupéfiants
• mode d'ingestion : PO ou IV, (polytoxicomanie), la dépendance
physique ou psychique est importante
• 1.1.1.1. Effet lié à l'utilisation :
 
aiguë
  Ivresse barbiturique : proche de l'intoxication alcoolique,
avec parfois troubles des conduites sexuelles ou impulsions
agressives
  L'administration IV : sensation de flash proche opiacés
  Intox massives : états confuso-onirique --> coma --> risque
mort par IRespi

chronique

Syndrome déficitaire (détérioration
intellectuel + instabilité thymique)
 Syndrome de sevrage : 12 à 3 jours
après arrêt, proche du syndrome de
sevrage alcoolique (irritabilité, anxiété,
tachy, sueurs, N, V HTA, crises
comitiales, état confuso-onirique
Cocaïne
• Administration par voie nasale mais aussi SC et IV.
Associé à l'héroïne : Speed Ball
• 1.1.1.1. Effet
 aiguë : Proche des amphet. Bien être, euphorie,
hyspersensorialité, hyperactivité psychique, effet
aphrodisiaque,
mydriase,
pâleur
du
visage
.Complications détresse respiratoire ou arrêt
cardiaque.
• chronique : Proche des amphet, délire à thèmes
persécutif (mais moins fréquent que pour les
amphet), hallucinations, complications (érosions des
muqueuses nasales
Psychostimulants
• amphétamines. Modes d'ingestion : PO, IV. La tolérance et la
dépendance physique amènent le patient à augmenter les prises
• 1.1.1.1. Effet lié à l'utilisation :
 
aigue : Hypervigilance, accélération des processus idéiques,
sentiment d'élation, idées de grandeur, logorrhée, euphorie,
hyperactivité motrice et sexuelle, anorexie, absence de sensation de
fatigue, symptomes physiques (HTA, Mydriase, sudation ou frissons,
V, N, diarrhée. La forme IV entraîne un flash plus intense que celui
des opiacés. Intoxication massive peut entraîner un délire paranoïde
ou un état confuso-onirique
 
chronique :
  Psychose amphétaminique : délire paranoïde avec mécanisme
interprétatif et hallucinatoire et thèmes persécutifs
 
Mais aussi : Excitation psychomotrice, Auto et hétéro
agressivité, troubles chroniques du sommeil, Amaigrissement,
Possibles convulsions, Syndrome amotivationnel
 
Syndrome de sevrage : dans les trois jours, thymie dépressive
avec idées suicidaires, asthénie, cauchemars nocturnes
Cannabis
• Plusieurs formes : Résine, Fleurs et feuilles séchées (marijuana, grifa,
kif, ganga), Huile
• Utilisation : depuis des millénaires en Inde, légalisée dans plusieurs pays
(Espagne, Pays Bas)
• Consommation : fumée (joint, pipes), ingéré (gateux, boissons)
• Principe actif : Delta-9-tétra-hydro-cannabinol (THC), 1 à 40 mg par joint
• 1.1.1.1. Effet lié à l'utilisation
 
Aigue :
  Sensations subjectives : Doses modérées : stimulations sensorielles
(30' à 3H), sensation de ralentissement du temps, état de détente et
d'euphorie. Doses importantes : dépersonnalisation /déréalisations,
Hallucinations.
 
Signes objectifs : ébriété puis somnolence, tachy, injection
conjonctivale, sécheresse de la bouche.
 
chronique : Pas de syndrome de sevrage, Syndrome amotivationel
• Complications possibles : AP, Vertiges/N/V/C, Pharmaco-psychose,
Hallucinogènes
•
•
•
•
•






Plusieurs produits : Mescaline (tiré du cactus), Psilocybine (tiré de champignons
mexicain), LSD 25, STP : dérivés amphétaminiques
Modes d'ingestion : per os (poudre, cp, soluté), parfois IV
Absence de syndrome de sevrage
1.1.1.1. Effet lié à l'utilisation
Tableau clinique : Aigue : le voyage Expérience hallucinogène 15 à 30 mn après
prise
 Manifestations neurovégétatives : mydriase, Tachy, HTA, frissons, sueurs,
hypersialorrée, tremblements, vertiges, N, V

Modifications des perceptions : Hypersensorialité, illusions perceptives,
synesthésies (vision de couleurs lors de sons violents), Hallucinations,
déformation de la perception du temps, dépersonnalisation
 Troubles de la conscience : accélération des processus de pensée, du débit
verbal, DTS
 Troubles thymiques : euphorie, angoisse
 Troubles moteurs : incoordination, dysarthrie,
 Complications possibles : (Bad trip) : angoisse, panique, actes hétéro ou
autoagressifs, idées délirantes terrifiantes. Au décours de l'expérience
psychédélique : troubles dysthymique persistant, réaction psychotique aigue,
possible rémanence sans nouvelle prise
Cure de sevrage
• Buts et indications de la cure de sevrage : sevrage biologique :
désintoxication - supprimer le toxique et à pallier les symptomes
aigus spécifiquement liés à son arrêt. Mise en palce d'une relation
thérapeutique
• principalement pour les toxicomanies aux opiacés et aux
barbituriques. Il faut cependant évaluer la motivation du patient et
élaboration du projet de soins dans le cadre de consultations
préalables. La demande est à replacer dans le contexte du mode de
consultation.
• Moyens :
 
En milieu hospitalier (rupture avec le milieu, mise à distance
de l'environnement, mais aussi bilan somatique et recherche de
complications)
 
Prescription médicamenteuse : permet de diminuer les signes
de sevrage et de prévenir les complications (par ex
vitaminothérapies dans les tox aux barbituriques) telles que
syndrome confusionnel, syndrome dépressif, psychose délirante
Sevrage aux opiacés
 
Suppression immédiate de toutes substances opiacés ou
apparentées (en dehors des cas de sevrage par utilisation de
méthadone mais seulement dans le cadre de centre habilités)
 
Si douleur viscérales : Antalgiques de synthèse non
morphinique : paracétamol (Doliprane®) et Antispasmodique :
ex : Spasfon® 2/2/2
 
Si anxiété : préférer Tercian® (50 à 100 mg trois fois par
jour) aux BZD (souvent utilisé par les toxico)
 
Si agitation ou onirisme : Loxapac® 50 à 100 trois fois
par jour et Haldol® 5mg tois fois par jour
 a-2-stimulant : Clonidine (Catapressan®) : traitement du
syndrome hypernoradrénergique, dose 1/2 cp trois fois par jour
pendant une semaine puis diminution progressivement en
fonction TA et poul. Ce traitement pourrait prévenir le syndrome
déficitaire résiduel
Sevrage aux barbituriques
 Diminution progressive des doses sur 2
à 3 semaines avec surveillance EEG,
un relais par Valium® ou Dépakine®
permet de poursuivre la prévention des
crises épileptiques
 Vitaminothérapies BIB6
 Traitement de l'insomnie : Théralène®
30 à 50 gouttes au coucher
Post-cure
• 1.1.1.
Interventions psychothérapeutiques :
 
Le plus souvent thérapies de groupes : thérapie de discussion,
d'expression, ou d'activités. Principalement pour les patients les plus
impulsifs et les plus régressifs.
 
Thérapies individuelles : but principal = renforcement de l'estime de
soi.
 
Thérapies familiales dans certains cas.
• 1.1.2.
Interventions psycho-sociales :
• Placements en milieu protégés : différents types de milieu protégés. Certains
centres de post-cures spécialisés ont l'avantage de proposer des mesures
psychothérapeutiques et socio-éducatives. Intensité de l'encadrement
fonction de la dépendance du patient
• 1.1.3.
Intervention chimiothérapeutique :
• Dans certains cas une chimiothérapie peut être nécessaire, en particulier en
cas de syndrome déficitaire : Soit trt NL desinhibiteur : Prazinil®, Dogmatil®,
soit ADP : Vivalan
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