Notions / Concepts / Prise de vue
A. Leibniz (1646-1716), le philosophe de l’Optimisme :
C’est parce que Leibniz affirme dans la Théodicée que notre monde est le meilleur des mondes
possibles que traditionnellement on se réfère à sa doctrine lorsque l’on parle d’optimisme en
philosophie.
Pour Leibniz, dire que le monde est le meilleur possible autrement dit qu’il est optimum,ne veut pas
dire qu’il est parfait, ni que le mal et la souffrance n’existent pas, c’est seulement dire qu’au total, le
bien l’emportant sur le mal, le monde lui parait compatible avec l’existence d’un Dieu créateur tout
puissant et bon auquel il croyait.
C’est contre cet optimisme que Voltaire (1694-1778), après le grand tremblement de terre de Lisbonne écrira
son Candide où il critique l’optimisme métaphysique de Leibniz, c’est-à-dire l’idée selon laquelle le mal est
justifiable et cesse d’être un scandale ou en tout cas un mystère pour le croyant. Pour Voltaire, comme
pour la plupart des philosophes du siècle des Lumières, l’optimum cher à Leibniz n’est pas donné mais il est
à produire par l’humanité dans le cadre d’un perfectionnement moral et intellectuel possible.
B. Schopenhauer (1788-1860), le philosophe du Pessimisme :
La doctrine de Schopenhauer selon laquelle une volonté aveugle et sans but est au principe de toutes
choses, engendrant désir et souffrance, dont seul le renoncement peut nous délivrer, est à l’origine de
sa philosophie qualifiée de pessimiste.
La philosophie de Schopenhauer repose en fait sur deux affirmations distinctes :
oQue le monde est absurde (sans but), d’une part
oEt que la vie est une souffrance, d’autre part
Que la réalité de la souffrance justifie un certain pessimisme peut se concevoir. Mais que le monde soit
absurde ne signifie pas pour autant qu’il est mauvais.
Comment comprendre alors que le sentiment de l’absurde renforce la vision pessimiste du monde
engendrée par la souffrance ? Est-ce à dire que si la souffrance avait un sens, elle serait supportable ?
N’est-ce pas d’une certaine manière, ce qu’affirme certaines religions lorsqu’elles attribuent à la souffrance
une valeur rédemptrice ? N’est-on pas en droit alors de se demander (comme le fit Nietzsche) si le
pessimisme n’est pas tant une protestation devant la souffrance que devant l’absurde, c'est-à-dire la perte
du sens ?
Qu’il faille viser la joie plutôt que la tristesse, être optimiste plutôt que pessimiste,
qui pourrait en douter ! Mais à quel prix ?
Faudrait-il du même coup renoncer à la lucidité ? Le bonheur vaudrait-il plus que la vérité ?