L`optimisme (vs le pessimisme) - Café

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Réunion préparée avec
Monique Bouzigues et Mireille Rosello
1. Étymologie / Définitions
2. Notions / Concepts / Prise de vue:
Leibniz, le philosophe de l’optimisme.
Schopenhauer, le philosophe du pessimisme.
3. Questions / Discussion :
3 questions, 20 mn environ par question.
4. En guise de conclusion
Choix des 6 prochains thèmes (de janvier à juin inclus)
Étymologie et définitions

Étymologie :



Optimisme vient du latin optimus qui est le superlatif de bonus, le meilleur ; terme apparu au
XVII e siècle dans un compte rendu de la Théodicée de Leibniz.
Pessimisme vient du latin pessimus, très mauvais, le pire ; superlatif de malus, mauvais.
Définitions :
Le Robert :


Optimisme : Tournure d’esprit qui dispose à prendre les choses du bon côté. Sentiment de
confiance dans l’issue d’une situation.
Pessimisme : Disposition d’esprit qui porte à prendre les choses du mauvais côté, à être persuadé
qu’elles tourneront mal.
Synonymes :


Optimisme : Confiance, espoir.
Pessimisme : Défaitisme, inquiétude, mélancolie, neurasthénie.
Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville :


Etre optimiste, c’est prendre les choses du bon côté, ou penser, lorsqu’elles sont vraiment
douloureuses qu’elles vont s’arranger. Toutefois la mort et la vieillesse font des raisons fortes de n’y
point croire tout à fait.
Le pessimisme, c’est mettre les choses au pire, soit parce qu’on juge qu’il y a plus de maux que
de biens, soit parce qu’on pense que les maux vont s’aggraver.
Notions / Concepts / Prise de vue
A.
Leibniz (1646-1716), le philosophe de l’Optimisme :

C’est parce que Leibniz affirme dans la Théodicée que notre monde est le meilleur des mondes
possibles que traditionnellement on se réfère à sa doctrine lorsque l’on parle d’optimisme en
philosophie.

Pour Leibniz, dire que le monde est le meilleur possible autrement dit qu’il est optimum, ne veut pas
dire qu’il est parfait, ni que le mal et la souffrance n’existent pas, c’est seulement dire qu’au total, le
bien l’emportant sur le mal, le monde lui parait compatible avec l’existence d’un Dieu créateur tout
puissant et bon auquel il croyait.
C’est contre cet optimisme que Voltaire (1694-1778), après le grand tremblement de terre de Lisbonne écrira
son Candide où il critique l’optimisme métaphysique de Leibniz, c’est-à-dire l’idée selon laquelle le mal est
justifiable et cesse d’être un scandale ou en tout cas un mystère pour le croyant. Pour Voltaire, comme
pour la plupart des philosophes du siècle des Lumières, l’optimum cher à Leibniz n’est pas donné mais il est
à produire par l’humanité dans le cadre d’un perfectionnement moral et intellectuel possible.
B.
Schopenhauer (1788-1860), le philosophe du Pessimisme :

La doctrine de Schopenhauer selon laquelle une volonté aveugle et sans but est au principe de toutes
choses, engendrant désir et souffrance, dont seul le renoncement peut nous délivrer, est à l’origine de
sa philosophie qualifiée de pessimiste.

La philosophie de Schopenhauer repose en fait sur deux affirmations distinctes :
o
Que le monde est absurde (sans but), d’une part
o
Et que la vie est une souffrance, d’autre part
Que la réalité de la souffrance justifie un certain pessimisme peut se concevoir. Mais que le monde soit
absurde ne signifie pas pour autant qu’il est mauvais.
Comment comprendre alors que le sentiment de l’absurde renforce la vision pessimiste du monde
engendrée par la souffrance ? Est-ce à dire que si la souffrance avait un sens, elle serait supportable ?
N’est-ce pas d’une certaine manière, ce qu’affirme certaines religions lorsqu’elles attribuent à la souffrance
une valeur rédemptrice ? N’est-on pas en droit alors de se demander (comme le fit Nietzsche) si le
pessimisme n’est pas tant une protestation devant la souffrance que devant l’absurde, c'est-à-dire la perte
du sens ?
Qu’il faille viser la joie plutôt que la tristesse, être optimiste plutôt que pessimiste,
qui pourrait en douter ! Mais à quel prix ?
Faudrait-il du même coup renoncer à la lucidité ? Le bonheur vaudrait-il plus que la vérité ?
QUESTIONS
1.
L’optimisme (vs le pessimisme) est-il de l’ordre du sentiment ?
2.
L’optimisme (vs le pessimisme) fait-il obstacle à la vérité ?
3.
Peut-on être à la fois pessimiste et heureux ?
1.
L’optimisme (vs le pessimisme) est-il de l’ordre du sentiment ?
Animation Monique Bouzigues
Qu’est-ce qu’un sentiment : un affect, une émotion, une sensation, une passion ?
Quels rapports optimisme et pessimisme entretiennent-ils avec
la raison, l’objectivité, la lucidité ?
Optimisme et pessimisme sont-ils de l’ordre des valeurs ou de la vérité ?
1. L’optimisme (vs le pessimisme) est-il de l’ordre du sentiment ?
1.
Qu’est-ce qu’un sentiment ?




A la différence de l’émotion, le sentiment n’est-il pas un affect durable ?
Le sentiment ne concerne-t-il pas davantage l’esprit (ou le ‘’cœur’’’) que le corps ou les sens ?
N’est-ce pas là ce qui différentie le sentiment des sensations mais aussi des passions ?
A la différence des passions, les sentiments ne nous structurent-ils pas plus qu’ils ne nous emportent ?
Si la sensation ou la passion est un rapport au corps ; le sentiment, n’apparaît-il pas plutôt comme
un rapport à l’esprit ou au ‘’cœur’’ et aux valeurs structurantes qui sont les siennes ?
2.
Optimisme vs pessimisme : sentiment ou raison ?


L’optimisme vs le pessimisme n’est-il pas avant tout une tournure d’esprit qui dispose à prendre les choses a
priori du bon côté vs du mauvais côté en dépit de la réalité et/ou de la vérité ?
En dépit de la lucidité et de la raison, optimisme vs pessimisme ne ressortissent-ils pas plutôt à l’ordre des
valeurs et des sentiments ? A ce qui vaut pour soi ?
De par sa nature subjective comment l’optimisme vs pessimisme
pourrait-il ne pas être de l’ordre des sentiments ?
Optimisme et pessimisme ne sont-ils que des sentiments qui tendent à confondre valeurs et vérité ?
2.
L’optimisme (vs le pessimisme) fait-il obstacle à la vérité ?
Animation Mireille Rosello
Qu’est-ce que la vérité ?
Si optimisme et pessimisme font obstacle à la vérité, le font-ils autant l’un que l’autre ?
2. L’optimisme (vs le pessimisme) fait-il obstacle à la vérité ?
1.
Vérité ?






La vérité n’est-elle qu’une abstraction, qu’il s’agisse :
 De la vérité intrinsèque de la chose, la vérité silencieuse de l’être (alèthéia) ?
 Ou de l’adéquation entre la pensée et le réel (veritas) ?
Mais que connaissons-nous de l’être, dès lors que nous n’en percevons que les phénomènes (les
manifestations apparentes) ?
« La vérité est norme d’elle-même et du faux » disait Spinoza. Serait-ce pour cela qu’elle est éternelle ?
La vérité n’est-elle pas nécessaire puisque sans elle, il n’y aurait aucun moyen de se tromper, ni de ne se
tromper pas ?
Mais qui pourrait prétendre détenir la vérité absolument, dès lors que nous ne connaissons le monde qu’au
travers des représentations (des constructions) issues de notre sensibilité et notre entendement ?
La vérité n’est-elle qu’une abstraction nécessaire à notre entendement ?
2.
Optimisme et pessimisme obstacles à la vérité ?

L’optimisme vs le pessimisme n’est-il pas avant tout une tournure d’esprit qui dispose à prendre les choses a
priori du bon côté vs du mauvais côté en dépit de la réalité, ce qui en l’espèce fait obstacle à la vérité ?

Spinoza dans sa théorie des passions distinguait 3 types d’affection :
•
Tristesse : passions tristes /affection dont la cause provient d’objets extérieurs qui modifient notre
corps disait-il. Pessimisme ?
•
Joie passive : passions joyeuses / cause extérieure / symétriques des passions tristes. Optimisme ?
•
Joie active / Action / cause intérieure / nous nous modifions nous-mêmes en augmentant notre conatus
(connaissance). Ni optimiste, ni pessimiste serait-ce là la voie de la sagesse, de la vérité qui libère ?
Sans assimiler nécessairement optimisme et pessimisme à des passions,
comment néanmoins ne feraient-ils pas obstacle à la vérité ?
Si optimisme et pessimisme constituent l’un comme l’autre des obstacles à la vérité, l’optimisme n’y
ferait-il pas moins obstacle voire même ne prédisposerait-il pas à son accès comme le pensait Spinoza ?
3.
Peut-on être à la fois pessimiste et heureux ?
L’optimisme vs le pessimisme sont-ils de l’ordre de l’espérance ?
L’espérance fait-elle obstacle au bonheur ?
3. Peut-on être à la fois pessimiste et heureux ?
1.
Optimisme et pessimisme sont-ils de l’ordre de l’espérance ?



On espère ce que l’on n’a pas : à quoi bon l’opti vs pessi quand on a ce qu’on veut ?
On espère ce qui ne dépend pas de nous : à quoi bon l’opti vs pessi quand on peut agir ?
On n’est jamais certain d’obtenir ce qu’on espère : à quoi bon l’opti vs pessi quand on sait ou quand on a ?
Désir inassouvi et insatisfaction présente ne sont-ils pas les ingrédients de l’espérance ?
L’optimisme vs pessimisme, confiance vs défiance à l’égard de l’avenir ne sont-ils des partis pris de l’espérance ?
2.
L’optimisme vs pessimisme tout comme l’espérance ne font-ils pas obstacle au bonheur ?

L’espérance exprime notre faiblesse : quand elle est là, le plaisir, la volonté, la connaissance et l’action ne
sont pas là. Même pour l’optimiste tout ça n’est que pour demain !

Les Stoïciens voyaient dans l’espérance (fut-elle optimiste), une passion.

Spinoza voyait dans l’espérance (tristesse / pessimisme ou joie passive / optimisme) un manque de
connaissance, une impuissance de l’âme dont il importe de se libérer en nous modifiant nous-mêmes par
accroissement de notre conatus (connaissance).

Le bonheur, ici et maintenant, ne serait pas au bout du chemin, ni même au bout du pas (comme peuvent le
croire les optimistes) il serait dans le pas lui-même ou il ne serait pas. N’est ce pas ce que dit Freud
lorsqu’il affirme : « Pas de Bonheur sans deuil du Bonheur » ?
L’espérance, fut-elle optimiste, ne ferait-elle pas obstacle au bonheur ici et maintenant ?
La sagesse ne consisterait-elle pas à ne pas espérer le bonheur pour pouvoir le rencontrer ?
Si même l’optimisme peut constituer un obstacle au bonheur, sauf à considérer qu’être pessimiste
c’est ne plus espérer, comment pourrait-on être à la fois pessimiste et heureux ?
Si seule la vérité libère, ni optimiste, ni pessimiste,
qu’aurions nous de mieux à faire qu’à la chercher ?
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