MARKETING STRATEGIQUE Olivier Babeau I Le marketing stratégique : généralités Le marketing stratégique : définition Le marketing stratégique est la démarche qui permet d’orienter l’entreprise vers des opportunités économiques, c’est-à-dire bien adaptées à son avantage concurrentiel et tournées vers un marché attractif Trois phases du marketing stratégique Années 50 « Marketing Passif » Années 50-70 « Marketing d’organisation» Années 70 et après « Marketing stratégique» • Offre rare •Peu d’innovation technologique •Besoins connus • Marketing = écoulement des produits • Pas de marketing au niveau de la direction générale (production domine) • Accroissement de la demande •Production disponible • Nouvelles formes de distribution de masse (problème d’organisation de la distribution) • Élargissement des marchés •Accroissement de la communication, développement des forces de vente, des médias • Apparition du directeur des ventes ou commercial • Accroissement de l’analyse dans le marketing (car intensification de la concurrence) • Importance accrue de la technologie • Certaine homogénéisation des consommations, mais en même temps éclatement des goûts, préférences, besoins (« postmodernité »). L'APPROCHE S.W.O.T. Diagnostic Interne Forces Faiblesses Diagnostic Externe Opportunités Menaces LES 4 RUBRIQUES DU DIAGNOSTIC EXTERNE La demande L'offre Diagnostic externe L'intensité concurrentielle (5 forces de Porter) La concurrence LA DEMANDE Questions à se poser sur la demande actuelle : • Quelles quantités vendues ? • Qui achète ? • Qui consomme ? • Qui prescrit ? • Quand achète-t-on et consomme-t-on ? • Quelle saisonnalité ? • A quelle périodicité ? • Quelle élasticité-prix ? • ... Questions à se poser sur l'évolution de la demande : • Taux de croissance globale ? • Phase de cycle de vie ? • Evolution démographique ? • Style de vie ? • Evolution des circuits de distribution ? L'OFFRE Questions à se poser sur l'offre actuelle : • Secteur en sous/sur-capacités ? • Importance des charges fixes/charges variables, structure de coût ? • Barrière à l'entrée, à la sortie ? • Degré de concentration des entreprises du secteur ? • Quand achète-t-on et consomme-t-on ? • Degré d'intégration de la filière ? • Concentration de la distribution ? • Besoins de financement ? • ... Questions à se poser sur l'évolution de l'offre : • Evolutions technologiques ? • Existence d'effet d'expérience ? • ... ? LA CONCURRENCE Le choix d'une stratégie suppose une analyse fine des orientations, des potentiels de développement et des orientations des concurrents Questions à se poser sur la concurrence : • quels sont les objectifs des concurrents ? • Attitude à l'égard du risque ? • Valeurs et croyances ? • Portefeuille d'activité du concurrent ? • Evolution des concurrents ? • Forces et faiblesses des concurrents ? • Capacités de croissance ? • Capacités d'adaptation au changement ? • ... Remarques: • Problème de collecte d'information essentiels et délicats... • Tous les acteurs d'un même secteur ne se heurtent pas de front : selon les choix stratégiques retenus, les entreprises peuvent faire partie de groupes stratégiques différents (cf.infra) Exemple : Porsche, BMW (prix haut, plaisir); Ford, Toyota (prix bas, qualité, sécurité) 1) L'analyse de l'environnement L’approche Pest : consiste à recenser les facteurs Politiques, Economiques, Sociaux et Technologiques qui influent sur l’organisation Analyse PEST Politique/Légal Économique Normes environnementales Augmentation des coûts des matières premières Politique fiscale Politique de régulation du trafic Augmentation du coût de l’énergie pour les utilisateurs Socioculturel Technologique Sensibilité environnementale Recherche d’énergie alternative Personnalisation du véhicule Réduire les gaz d’émission à effet de serre Mobilité urbaine Réduire les coûts de production 2) L'intensité concurrentielle : les 5 forces de Porter Le coup de génie de Porter : élargir la notion de concurrence à tout ce qui peut réduire la capacité stratégique d’une entreprise (ce qui peut empêcher une organisation de constituer un avantage concurrentiel en limitant son degré de liberté stratégique) LES 5+1 FORCES DE PORTER (1) Détermination des forces qui structurent la dynamique concurrentielle dans une industrie Entrants potentiels Pouvoirs publics Menace des entrants potentiels Fournisseurs Pouvoir de négociation des fournisseurs Intensité concurrentielle Menace des produits ou services substituables Produits de substitution Pouvoir de négociation des clients Clients/distribu teurs LES 5+1 FORCES DE PORTER (2) Le pouvoir des clients ou des distributeurs Les clients essayent d'obtenir des réductions de prix, des services plus étendus, des garanties, une meilleure qualité, jouent les concurrents les uns contre les autres etc. Un groupe de clients sera puissant si : • Il achète une quantité représentant une part importante du chiffre d'affaire (cas extrême : situation de monopsone). • Les produits achetés par le client représentent pour le client une part importante de ses coûts : il fera jouer la concurrence au maximum alors. • Les coûts de transferts pour le client sont peu élevés. Une firme améliorera sa position stratégique si elle est en mesure de travailler avec des clients qui sont moins en mesure d'exercer sur elle des effets défavorables. LES 5+1 FORCES DE PORTER (3) Le pouvoir de négociation des fournisseurs Les fournisseurs peuvent comprimer la rentabilité d'un secteur en augmentant leurs prix, réduisant la qualité des produits livrés, modifiant les conditions de vente. Un groupe de fournisseurs sera puissant si : • Il est plus concentré que le secteur auquel il vend (sa liberté de manœuvre augmente en proportion de l'atomicité de ses acheteurs). • Il n'est pas obligé de lutter contre des produits de substitution. • La branche d'activité est un client négligeable du groupe (perdre un acheteur n'est pas dangereux pour le fournisseur). • Le produit du fournisseur est un moyen de production important pour l'acheteur. • Le groupe de fournisseurs constitue une menace crédible d'intégration vers l'aval. Technologie Avancée Entreprises nouvelles à haut degré de technologie Grandes entreprises Traditionnelle Petites entreprises traditionnelles Spécialisation Gamme restreinte de produits Gamme étendue de produits L'HEXAGONE CONCURRENTIEL APPLIQUÉ AU CAS DU MARCHÉ DU TÉLÉPHONE MOBILE EN FRANCE Menace des entrants potentiels Intensité concurrentielle Forte Pouvoir de négociation des fournisseurs 0 Pouvoir de négociation des clients et distributeurs Faible Fort Pouvoir de l'Etat Fort Menace des produits de substitution II Le diagnostic interne Mise en évidence des forces-faiblesses de l'organisation : réflexion sur la capacité de l'organisation à profiter des opportunités et à déjouer les menaces. 1) Le diagnostic des facteurs clés de succès Il est à l’interface entre le diagnostic externe et interne : une faiblesse ou une force n’est déterminée que par rapport aux FCS du secteur ! LA NOTION DE FCS (1) FCS : "les caractéristiques de toute nature requises par l'entreprise dans un environnement déterminé pour qu'elle atteigne les objectifs qu'elle s'est fixés" Idée : Rechercher les facteurs déterminants du succès de l'entreprise dans un secteur concurrentiel donné. • Un FCS est imposé par l'environnement, c'est une caractéristique que l'entreprise doit maîtriser si elle veut s'imposer dans un domaine. • Le diagnostic de FCS conditionne le diagnostic interne. Exemple de FCS dans les secteur de la restauration professionnelle: • Localisation • Rapport qualité/prix • Cadre • Accueil • Rapidité du service Remarque • Identifier un FCS n’a aucun intérêt si l’entreprise n’a pas les moyens de développer une réponse appropriée • Un FCS peut être maîtrisé si l’organisation possède certaines compétences. • Ces compétences doivent évoluer, comme les FCS évoluent eux-mêmes C’est pourquoi il nous faut étudier à présent les ressources de l’entreprise 2) Ressources et compétences UNE TYPOLOGIE DES RESSOURCES Il y a quatre types de ressources en entreprise : • Ressources physiques Machines, implantations… • Ressources humaines Adaptabilité, capacité d’innovation… • Ressources financières Sources de liquidités diverses… • Ressources intangibles Brevets, marques, savoir-faire… 2) LES MATRICES D'ANALYSE DE PORTEFEUILLE DE PRODUITS-MARCHÉS LA MATRICE BCG (1) 20% Vedette Dilemme Croissance du 10% segment d'activité Vache à lait 0% 10 Rappel : PDM relative = PDM de l'entreprise/PDM du concurrent principal Poids mort 1 PDM relative 0 LA MATRICE BCG (2) Rentabilité + - 20% Croissance du segment 10% d'activité + Vedette Dilemme Bonne rentabilité Rentabilité faible Besoins financiers forts Besoins financiers forts Vache à lait 0% Poids mort Rentabilité élevée Rentabilité faible Besoins financiers faibles Besoins financiers faibles 10 Besoins financiers 1 PDM relative 0 LA MATRICE BCG (3) Les trajectoires stratégiques 20% Vedette Dilemme Abandonner, resegmenter, renforcer Croissance du 10% segment d'activité 0% Vache à lait 10 Poids mort 1 PDM relative 0 SYNTHESES DE L’ANALYSE SWOT De l’analyse SWOT à l’action marketing à mener Analyse interne de l’organisation • Ressources Forces Faiblesses Capacité stratégique • Compétences Analyse externe de l’environnement Opportunités Facteurs clés • Forces de la de succès concurrence Menaces • Position concurrentielle Actions à mener L’analyse SWOT permet de déterminer si la combinaison des forces et des faiblesses de l’orga. permet à celle-ci de faire face aux opportunités et menaces de l’environnement Source : Johnson et Scholes, Stratégique, 2000 III Les stratégies génériques Les options stratégiques de base Les stratégies génériques de Porter, ou « matrice attrait-atout » Avantage concurrentiel Cible stratégique Caractère unique du produit perçu par les acheteurs Secteur Tout entier Segment particulier Différenciation Coûts faibles Domination par les coûts Concentration ou focalisation LES STRATÉGIES GÉNÉRIQUES : UNE PERSPECTIVE GLOBALE Valeur perçue Focalisation Sophistication sans sur-prix Élevée Hybride Prix Sophistication avec sur-prix Offre concurrente Épuration Faible Équivalent Élevé Prix III DANS QUELLES SITUATIONS OPTER POUR UNE STRATÉGIE HYBRIDE ? (1) Lorsque l’on peut produire et écouler des volumes très supérieurs à ceux de la concurrence, les marges peuvent rester élevées grâce à l’effet d’expérience. Lorsqu’il est possible d’identifier clairement les compétences fondamentales sur lesquelles la différenciation est établie, on peut réduire fortement les coûts des autres fonctions. Ex : Ikea propose des produits de qualité à une clientèle qui accepte de se charger de la livraison et du montage des meubles. III DANS QUELLES SITUATIONS OPTER POUR UNE STRATÉGIE HYBRIDE ? (2) Lorsqu’il existe un segment de marché qui présente des besoins spécifiques mais qui privilégie des prix bas. Lorsqu’il est nécessaire de pénétrer un marché où des concurrents sont déjà établis. V LA DIFFÉRENCIATION VERS LE HAUT : STRATÉGIE DE SOPHISTICATION (1) (2) Accroître la valeur perçue par rapport aux offres concurrentes : la sophistication En utilisant ce surcroît de valeur on peut augmenter la part de marché et ainsi réduire les coûts en jouant sur un éventuel effet d’expérience Soit accroître les marges en pratiquant des prix supérieurs C’est une « stratégie de sophistication » qui consiste à proposer un produit ou service dont la valeur est jugée supérieure à celle des offres concurrentes.