Pathologie prostatique du sujet âgé

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Pathologie prostatique du sujet
âgé
Pr F. Staerman, Dr JL Landry
CHU REIMS
Introduction
• Le vieillissement de la prostate se traduit
par des lésions histologiques constantes
mais de traduction clinique variable:
– Troubles urinaires chez l’homme vieillissant
– Prise en charge d’un cancer de prostate chez le
sujet âgé
Aspects anatomo-physiologiques
de la miction
Nécessité d’une étude de la miction dans son
ensemble pour bien comprendre la
symptomatologie et le retentissement d’une
pathologie prostatique du sujet âgé.
Contrôle neurologique
• Continence et miction: sous le contrôle de centres
encéphaliques (cortex frontal, région souscorticale, tronc cérébral et cervelet)
• Cortex et région sous-corticale exercent une
inhibition sur la miction
• Au niveau périphérique, contrôle réalisé par le
système nerveux autonome (nerfs hypogastriques
pour le sympathique et nerfs sacrés pour le
parasympathique)
Contrôle neurologique (2)
Innervation sensitive par barorécepteurs situés
dans la vessie et transmise au SNC par les
fibres Aδ (besoin) et C (douleur)
Physiologie de la miction
Continence
• Synergie vésico-sphinctérienne
• Remplissage vésical à faible pression
(compliance)
• Augmentation du tonus sphinctérien et de
l’urètre par action du sympathique
adrénergique (récepteurs α)
• Relâchement musculaire du détrusor par
action sur les récepteurs β
Physiologie de la miction (2)
• Inhibition du sympathique α adrénergique
 relâchement du sphincter strié
• Activation du système parasympathique
cholinergique responsable d’une contraction
du détrusor
• Pression intra-vésicale élevée durant toute
la miction et pression urètrale basse
Modifications liées au
vieillissement: La prostate
• Influence de la DHT, EGF, TGF β, KGF, FGF, IGF1
• Prolifération du stroma fibreux et des cellules
épithéliales glandulaires
• Touche 100 % des patients après 80 ans
• Hypertrophie prostatique responsable d’une
obstruction chronique
• 2/3 d’instabilité du détrusor (théorie neurogène ou
musculaire)
Le vieillissement vésical
Données histologiques
•
•
•
•
Dédifférenciation musculaire
modification de la matrice extracellulaire
dégénérescence musculaire et nerveuse
perte de l ’innervation parasympathique et
du contrôle de la miction par les centres
encéphaliques
Conséquences du vieillissement
vésical
• Hyperactivité du détrusor:
– Dysfonction la plus fréquente en institution
– Contractions pendant le remplissage et réflexe
mictionnel non contrôlé par la volonté
– Cystomanométrie: ondes de contraction spontanées ou
provoquées
– Problème de l’intrication avec les pathologies
neurologiques sous-jacentes
• Hypoactivité du détrusor:
– Contractions de faible amplitude et/ou brèves et
inefficaces avec résidu post-mictionnel
Le vieillissement neurologique
• Au niveau périphérique:
– Perte des fibres nerveuses avec désorganisation des
fibres restantes d’ou une baisse de la vitesse de
conduction nerveuse
– Perte des récepteurs cholinergiques
• Au niveau central:
– Perte neuronale et des synapses
– Hypovascularisation cérébrale (artériosclérose)
– Leucoacariose (anomalies de la substance blanche
périventriculaire)
Le vieillissement rénal
• Sur le plan histologique:
–
–
–
–
Perte de tubules
Glomérulosclérose
Atrophie artériolaire
Fibrose interstitielle
• Baisse de la clairance de la créatinine
• Altérations fonctionnelles: rythme circadien
de production de l’urine modifié
Manifestations cliniques des troubles
mictionnels chez l’homme âgé
• Hypertrophie bénigne de prostate
• Mictions impérieuses, instabilité vésicale et
incontinence par impériosité
• Mictions par regorgement et rétention
urinaire
• Polyurie nocturne ou Nycturie
Hypertrophie bénigne de la prostate
Introduction
• Prévalence augmente avec l’âge
• Symptômes non corrélés à la taille de
l’adénome
• Symptômes irritatifs et obstructifs.
Syndrome obstructif
• Peut se révéler par une rétention urinaire aiguë ou
des mictions par regorgement
• Dysurie avec faiblesse du jet et sensation de
vidange incomplète
• Symptômes variables dans le temps
• Score I-PSS: auto-évaluation
• Débitmétrie
• Bilan uro-dynamique: dépistage de l’hypoactivité
vésicale et sélection des candidats à la chirurgie
Symptômes irritatifs
• Hyperactivité vésicale:
– Pollakiurie
– Besoins impérieux
– Incontinence par impériosité
• Persistance des signes dans 15 % des cas
après intervention chirurgicale
Traitement
• Médical:
– Alpha-bloquants: récepteurs α-adrénergiques;
problème de l’hypotension
– Inhibiteurs de la 5 α-réductase: bloque la
production de DHT; efficace après 3 mois de
traitement; problème de dysfonction sexuelle
– Extraits de plante: mécanisme d’action
imprécis; effets secondaires minimes
Traitement chirugical
• Traitement de référence: résection endo-urètrale
de prostate
• Alternatives: adénomectomie voie haute; incision
cervico-prostatique; TUNA; Prostatron; Prothèses
endo-urètrales
• Effets secondaires de la résection: infections,
orchite, hématuries, sténoses urètrales ou sclérose
du col, éjaculation rétrograde
• Indications: en cas de complication ou de non
reprise mictionnelle après une rétention; signes
d’obstruction importants ou mal contrôlés par le
traitement avec altération de la qualité de vie
Hyperactivité vésicale
• Manifestations cliniques: mictions impérieuses,
pollakiurie, incontinence urinaire
• Souvent associée à des maladies neurologiques
(hémiplégie, troubles des fonctions supérieures,
Parkinson, HPN, dépression)
• Rechercher une cause locale: infection, calcul,
tumeurs ou épines irritatives (fécalome, escarre)
• Incontinence favorisée par facteurs
environnementaux
• Retentissement sur la qualité de vie
• Traitements médicamenteux: oxybutinine (effets
secondaires +++); Détrusitol®; Céris®.
Mictions par regorgement
Rétention aiguë urinaire
• Hypoactivité vésicale
• Peuvent se voir dans certaines maladies
neurologiques (Parkinson): intérêt de la prothèse
urètrale comme test diagnostique
• Favorisée par certains médicaments par effets
anticholinergiques (neuroleptiques, AD
imipraminiques, antispasmodiques)
• En cas de rétention, sondage vésical par les voies
naturelles ou par cathéter sus-pubien
Polyurie nocturne ou Nycturie
• Prévalence augmente avec l’âge
• Définition: volume urinaire nocturne supérieur à
35 % du volume urinaire des 24 heures
• Besoin d’uriner au moins une fois par nuit
• Causes favorisantes: diabète, insuffisance
cardiaque, dépression,…
• Traitement: règles hygiéno-diététiques et
desmopressine (Minirin®)
Prise en charge du cancer
prostatique du sujet âgé
• Prévalence augmente avec l’âge
• Pic de fréquence de 75 % lors de la 8ème
décade
• Séries autopsiques: 100 % de cancers après
100 ans.
• Facteurs génétiques, hormonaux,
environnementaux et immunologiques
Facteurs immunologiques
• Cancer et immunité: augmentation de la fréquence des
tumeurs dans les déficits immunitaires
• Immunosenescence: augmentation des infections et des
cancers avec l’âge
• Barrière hémato-prostatique
• Privilège immunitaire
 Diminution des défenses immunitaires locales
Cancer et Androgènes (1)
• Rôle des androgènes non établi
– Etudes contradictoires
– Problème des différences inter-raciales
– Intérêt de l’étude de la concentration tissulaire en
testostérone, taux de DHT, sensibilité des récepteurs…
 Il semble toutefois que les androgènes
n’interviennent pas dans la pathogénie de la
maladie et que l’administration de testostérone ne
semble pas augmenter le risque de cancer mais
leur innocuité à long terme n’est pas établie
Cancer et Androgènes (2)
• Contre-indication formelle d’un traitement
par testostérone chez un patient porteur
d’un cancer prostatique
• Nécessité d’explorer la prostate avant
d’instaurer le traitement
– TR
– PSA
– PBP ?
• Surveillance PSA à 3 et 6 mois puis une fois
par an.
Cancer et Androgènes (3)
• PSA est modifié par l’âge, la taille de la
prostate et le cancer prostatique
• Elévation du PSA jusqu’à la limite normale
supérieure
• Pas d’augmentation chez les patients
eugonadiques substitués
• Surveillance en cours de traitement:
augmentation >0,75 ng/ml et par an
nécessite un contrôle par biopsies
Recommandations classiques
• Après 70 ans, les indications dépendent
beaucoup de l’espérance de vie du patient
• Comorbidités et Antécédents du patient:
– Espérance de vie supérieure à 10 ans: discuter
traitement curatif en fonction des
caractéristiques de la tumeur (PBP)
– Espérance de vie inférieure à 10 ans:
• PSA élevé, patient asymptomatique: surveillance
clinique
• PSA élevé, patient symptomatique: indication de
PBP
Traitement des tumeurs localisées
• Stades localisés, T1-T2, espérance de vie >
10 ans: discuter RxT ou Curiethérapie,
Ablatherm. Chirurgie non indiquée sauf cas
particulier
• Stades localisés T3 avec espérance de vie >
10 ans: discuter protocole Radiohormonothérapie ou hormonotérapie seule
• Stades localisés avec espérance de vie < 10
ans: surveillance, Ablatherm ou
hormonothérapie d’emblée ou différée
Place de l’Ablatherm
•
•
•
•
Traitement à visée curative
Peut être renouvelé
Faible morbidité
Intérêt pour traiter les récidives après
radiothérapie
 A discuter en première intention pour les
stades localisés chez le sujet âgé
Traitements des tumeurs
métastatiques
• Patient non symptomatiques: surveillance ?
• Patients symptomatiques: hormonothérapie:
–
–
–
–
Pulpectomie bilatérale
Anti-androgènes
Agonistes de la LH-RH (antagonistes)
Association
• Intérêt du traitement anti-ostéoporotique
d’emblée ? (biphosphonates)
Tumeurs hormono-résistantes
•
•
•
•
Changement d’anti-androgène
Retrait de l’anti-androgène
Oestrogènes à forte dose
Chimiothérapie avec Taxanes,
Mitoxantrone,…
• Traitement des complications:
Radiothérapie antalgique, REP, Sondes JJ.
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