Le Médecin de famille Pour un système de santé cohérent

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Meknès 11 Juin 2010
Rappel: Eléments pour un système de santé
efficace.
 Une politique de santé nationale cohérente
 Des infrastructures réparties de façon homogène sur le territoire national
( carte sanitaire)
 Des compétences humaines disponibles en quantité et en qualité.
 Un système de financement garanti
 Des institutions scientifiques nationales impliquées à tous les niveaux
(
formation initiale, FMC, études, recommandations, etc.
 Des organisations professionnelles fortes qui jouent pleinement leurs rôles
institutionnels
ET SURTOUT:
 Une bonne organisation des soins, avec circuits de soins balisés, respect du
rôle de chacun, respect des recommandations, continuité des soins..
« La santé n’a pas de prix,
mais elle a un coût »
Mais, qui supporte le coût?
1 - Le patient lui même?:
Personne ne peut supporter seul le poids de la maladie :
- imprévisible,
- oblige à l’inactivité,
- épuise les économies source de paupérisation.
2 - L’Etat « providence »? ? Les prestations servies sont tributaires de:
- budget alloué (très limité),
- Programmes prioritaires pour la politique en cours.
- Disponibilité des équipements techniques et du personnel qualifié, et
leur accessibilité à la population, dans l’espace ( géographie) et dans
le temps (horaires de travail, rendez-vous et listes d’attente)
- Disponibilité des médicaments, et des produits médicaux etc..
Dans les faits:
 l’Etat avoue, enfin, ne plus pouvoir garantir la gratuité
des soins.
 Il se dirige tout naturellement vers un système de
financement des soins par l’assurance maladie (y
compris dans les structures de la santé publique).
 L’AMO ( basée sur la mutualisation des risques) est déjà
opérationnelle, mais, ne concerne que 30% de la
population. Le RAMED ( basé sur la solidarité nationale)
est toujours en phase d’essai.
L’AMO, instaurée par la loi 65-00 stipule:
Article premier
Le financement des prestations de soins de santé est fondé sur
les principes de la solidarité et de l'équité, afin de garantir à
l'ensemble de la population du Royaume l'accès aux dites
prestations.
A cette fin, il est institué un système de couverture médicale, de
base comprenant l'assurance maladie obligatoire de base
(AMO) et le régime d'assistance médicale (RAMED).
L'assurance maladie obligatoire de base est fondée sur le
principe contributif et sur celui de la mutualisation des risques.
Mais, comment garantir l’efficacité et la
pérennité du système?
Le pari de tout système de santé est de:
 Garantir des soins de qualité, aussi complets que possible aux
citoyens.
 En assurer le financement sans déficits.
Comment? :
 Par la maitrise médicalisée des soins ( médicalement requis)
 Par un parcours coordonné des soins qui balise le circuit du
patient, fait gagner du temps, évite la répétition inutile des
actes, les interactions médicamenteuses etc.
Pour le Ramed, l’Etat, à la fois prestataire de
services et payeur, impose ses règles.
« ‫ هو الدور الجديد الذي سيضطلع به‬،‫ في نظرنا‬،‫لكن األهم‬
‫الطبيب العام في مجال تنشيط نظام المساعدة الطبية المبني على‬
‫واحترام مسلك العالجات والتنسيق فيما بينها «تطبيق‬
Extrait du discours de la Ministre de la santé lors du forum sur les SSB
(Avril 2009)
Donc, le parcours de soins coordonné semble acquis
Pour le RAMED.
L’AMO en pratique:
la mise en application l’AMO passe par la négociation d’une convention
nationale entre les prestataires de soins ( publics et privés) et les caisses
gestionnaires de l’AMO sous l’égide de l’Etat. Cette convention, instituée
par la loi 65-00, définit les devoirs et les obligations des partenaires
(prestataires et payeurs).
Elle ne doit en aucun cas se résumer à une simple grille tarifaire
opposable aux médecins (convention de 2006). Elle se doit d’instaurer
des mécanismes pour le bon usage des soins.
Ces « mécanismes » passent par le recentrage des
activités de soins autour de la médecine générale:
« La comparaison entre des pays ayant le même niveau
de développement montre que ceux dont les soins de
santé sont organisés selon les principes des soins de
santé primaires assurent un niveau sanitaire plus
élevé pour le même investissement » Rapport 2008 de
l’OMS
Cette nouvelle donne ( financement solidaire) doit
obligatoirement déboucher sur une réorganisation de notre
système de soins.
Toutes les grandes nations ont réorganisé leurs systèmes de
santé autour de La Médecine générale/ Médecine de Famille
dont ils ont renforcé le rôle de pivot:
• Depuis les années 50, pour les britanniques, les canadiens, les
hollandais, les pays nordiques, etc.).
• Plus tardivement, la France, a été contrainte d’ engager des
réformes devant le déficit énorme de sa sécurité sociale.
‫‪Au Maroc, on affirme au plus haut niveau, la détermination‬‬
‫‪à appliquer les soins de santé de base.‬‬
‫واليوم‪ ،‬وفي ظروف يطبعها صدى التقرير السنوي لمنظمة الصحة العالمية‪،‬‬
‫نؤكد من جديد عزمنا وتشبثنا بالدفاع على تحقيق رعاية صحية أولية عادلة‬
‫ومتكاملة لمواطنينا‪ .‬كما نؤكد في نفس الوقت التزامنا بالمبادئ األساسية‬
‫المؤسسة للرعاية الصحية األولية كما أقرتها منظمة الصحة العالمية أثناء‬
‫انعقاد مؤتمر ألما‪-‬أتا منذ ما ينيف عن ‪ 30‬سنة‪.‬‬
‫‪Extrait du discours de la Ministre de la santé lors du forum‬‬
‫)‪sur les SSB (Avril 2009‬‬
Organisation actuelle de l’offre de soins.
L’offre de soins au Maroc est assurée par :
 1 – le secteur public
 2 – Le secteur privé
 3 – Un 3éme secteur représenté par les cliniques de la CNSS,
les hôpitaux Sheikh Zayed , les structures de santé relevant de
mutuelles, de certaines administrations etc.
Ces trois secteurs ont chacun leurs propres règles de
fonctionnement. Les passerelles entre les secteurs ne
répondent à aucune règle précise.
Organisation du secteur public
Dans le secteur public, il y a :
 Les structures ambulatoires : dispensaires, centres de santé,
centres de diagnostic régionaux et nationaux
 Les structures hospitalières régionales et nationales.
Dans ce secteur, l’offre de soins est théoriquement organisée
selon un circuit obligatoire :
dispensaireCS  CD  Hôpital régional  CHU.
Théoriquement aussi, l’implantation des structures et la
répartition du personnel se font sur la base des besoins de la
population, de manière à couvrir le territoire national de
manière équitable ( carte sanitaire).
Rôle du MG public
 Le médecin généraliste est à la base du système, dont il est la
o
o
o
o
porte d’entrée ( CS, services des urgences).
C’est lui qui, consulté en premier, décide de la suite à donner à
la demande des citoyens :
Prise en charge et traitement de la majorité des cas
Référence des cas compliqués soit vers les centres de
diagnostic, soit vers l’hôpital pour les cas urgents, avec bien
entendu un minimum d’orientation diagnostique.
Et c’est encore lui qui doit assurer le suivi des patients à leur
retour du CD , ou à leur sortie de l’hôpital.
Chargé des activités préventives ( programme de SP, mais aussi
dépistages individuels).
Rôle du MG public
 La performance du système de santé publique repose donc






sur :
l’aptitude de ce médecin à comprendre et à répondre
efficacement aux demandes de la population.
L’équipement des structures sanitaires de base.
Le degré d’organisation de ces structures: tenue de dossiers,
La disponibilité des autres niveaux et leur accessibilité
La fluidité du système.
La qualité de la communication établie entre les différents
niveaux : informations transmises par le MG aux spécialistes,
et retour de l’information au MG.
Secteur Privé
 Installation des médecins et des structures sanitaires totalement
libre ( hors carte sanitaire). Elle obéit à l’offre et la demande, d’où
surpopulation médicale dans certains grands centres.
 Tous en accès libre:
o MG
o MS
o clinique privée
o cliniques du troisième secteur.
o Et depuis peu certains hôpitaux publics payants ( ex :hôpitaux
militaires).
 Le patient choisit lui-même la porte d’entrée, et définit son circuit de
soins.
secteur privé
 Mauvaise coordination entre les MG et les MS qui s’inscrivent
dans une logique de concurrence au lieu de la
complémentarité ( aléas du recrutement direct).
 Le MG, de moins en moins sollicité, voit son rôle dévalorisé.
 Le MS à recrutement direct reçoit trop de demandes qui ne
relèvent pas forcément de sa spécialité, et devient un
« super trieur », en réorientant les patients ( souvent à un
autre spécialiste;-))
 Gaspillage de temps et de compétences pour les médecins,
et perte de chances pour les patients ( retards, moyens non
optimisés).
Dans les deux secteurs: clivages, anarchie et
nomadisme des patients.
 Clivage entre MG et MS dans les deux secteurs
 Clivage entre les deux secteurs, avec de grandes difficultés
pour les MG privés de faire admettre leurs patients à l’hôpital,
parfois même en urgence!!!..La permanence de soins privée
n’est pas encouragée, pas prise en compte).
 Pas de retour ( ou presque pas) de l’information de l’hôpital et
des spécialistes vers les MG, et vice versa  démotivation de
tous.
 Pas ( ou presque pas ) de transmission de l’information via le
patient (absence de dossier unique, documents perdus , ou
volontairement dissimulés etc.).
Conséquences générales : clivages,
anarchie et nomadisme des patients.
 Répétition d’examens et de traitements inutiles,
 Risque élevé d’accidents iatrogènes ( interactions
médicamenteuses, réactions aux médicaments ignorées, non
identifiées, ou non signalées, posologies non respectées.
 Mesures préventives mal faites ( vaccinations mal suivies,
dépistage des maladies aléatoire)
 Dilapidation des ressources alors que nos moyens financiers
sont limités, et notre système de couverture médicale solidaire
partiel( 30%). Etudes nécessaires.
Indices inquiétants ( Baromètre de l’ANAM
2008)
 Le nomadisme médical est une réalité puisque 70%
des assurés n’ont pas de médecin de famille, et parmi
les personnes qui en ont, 65% vont parfois consulter
un autre médecin.
 21% des assurés préfèrent accéder directement au
système hospitalier sans suivre le circuit d’entrée dans
le système de soins par le médecin généraliste.
 L’absence du carnet de santé pour la quasi-totalité des
personnes semble être expliquée par sa non distribution
ou l’impression qu’il est inutile.
 Les assurés s’adressent plus directement à des
médecins spécialistes qu’à des médecins généralistes
Conditions pour une bonne coordination
des soins:
 1 - Un patient = Un médecin traitant ( MT, logiquement un





MG public ou privé). Encourager la fidélisation .
2 - Un dossier médical patient régulièrement mis à jour, tenu
par le MT, partagé avec tous les professionnels en charge du
patient.
3 - Respect du parcours de soins qui commence par le MT.
4 - retour de l’information obligatoire vers le MT, même si le
patient est vu en dehors du parcours de soins..
5 - Favoriser l’exercice en groupe de MG et les réseaux de
soins.
6 - Evaluation régulière de cette coordination par des instances
dédiées ( commissions de suivi de la convention nationale par
ex.).
Le MG/MF garant de l’efficacité:
 Médecin de proximité : connaît l’environnement du patient,




ses contraintes familiales, culturelles, professionnelles et
matérielles.
Connaît l’épidémiologie locale ( formation, expérience sur le
terrain)
Relation médecin-patient inscrite dans la durée: accompagne
le patient toute la vie,
A des contacts répétés avec le patient, autant d’Occasions
pour faire de la prévention, parfois via l’entourage.
Capable de répondre à 85 % des demandes de soins (OMS)
Le MG/MF garant de l’efficacité:
 Oriente, conseille son patient en cas de besoin.
 Facilite grandement le travail des spécialistes en leur confiant toutes
les données sur les patients (ATCD, allergies, traitements en cours,
etc.)
 Fait la synthèse en cas d’intervenants multiples.
 Assure le suivi des prescriptions des spécialistes d’organes.
( renouvellement, surveillance des interactions potentiellement
dangereuses, des effets secondaires, réajustement de posologies
etc.)
 Administre les soins palliatifs à domicile pour les patients
grabataires et en fin de vie, avec soutien à la famille.
Nécessité de renforcer l’image du MG dans
la société: Stratégique!
 Revoir la formation des MG et l’adapter à ce nouveau rôle
( réforme serait en cours).
 Donner une image positive de la MG dans les stages
hospitaliers des futurs médecins, aussi bien généralistes
que spécialistes.
 Promouvoir la MG auprès de la population et lutter contre
la publicité inappropriée dans certains médias.
 Valoriser la rémunération du MG ( convention nationale )
 Institutionnaliser la FMC pour en faire un levier de la
qualité en médecine générale.
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