Antidote dans les intoxications digitaliques, éthylène-glycol, cyanhydrique, et envenimements Renaud LEPAUL ERCOLE DESC Réa med Déc 2006 Antidote • Définition: « médicament ou dispositif médical dont l’action spécifique a pu être établie chez l’homme et l’animal, capable: – soit de modifier la cinétique du toxique, – soit d’en diminuer les effets au niveau de récepteurs ou de cibles spécifiques, – et dont l’utilisation améliore le pronostic fonctionnel ou vital de l’intoxication. » (Pr F.Baud) Différents Antidotes 1- Antidotes toxicocinétiques - charbon activé (biodisponibilité ↓) - immunothérapie - fomépizole (métabolisme ↓) / NAC 2- Antidotes toxicodynamiques - flumazénil (récepteur antagoniste) - catécholamines Intoxications à la digoxine Intoxications à la digoxine anticorps spécifique • Fab: – sérum de mouton immunisé contre un complexe digoxine/albumine. – fragments d'immunoglobuline (Fragment Antigen Binding Fab) fixent l'antigène. – les anticorps antidigoxine se lient aux glucosides cardiotoniques • Neutralisation de la digoxine empêchant sa fixation au site d’action – Formation de complexes immuns stables dans le compartiment vasculaire – élimination urinaire, demi-vie: 10 à 20 H – des taux plasmatiques, de la digoxine libre Intoxications à la digoxine • Indication du traitement – Diagnostic certain (CAP) – Symptomatologie clinique ou paraclinique – Résistance au traitement symptomatique • Facteurs pronostiques guident la posologie • Cinétique des concentrations plasmatiques du toxique inutile Intoxications à la digoxine indications de la posologie • Neutralisation équimolaire – – – – – FV ou TV Bradycardie < 40 (résistante à 1mg d’Atropine) Choc cardiogénique Kaliémie> 5,5 Infarctus mésentérique • Neutralisation semi-molaire – – – – – – Masculin Plus de 55ans Cardiopathie pré-existante BAV (qq soit le degré) Bradycardie < 50 (résistante à 1mg d’Atropine) Kaliémie> 4,5 Intoxications à la digoxine calcul de la dose • 1 flacon de 80 mg neutralise 1mg de digoxine • Dose ingérée connue QSI qté supposée ingérée (mg) – Q = QSI x F F biodisponibilité (0,6 digoxine/1 digitaline) • Dose ingérée inconnue, concentration connue – Q = DG x VD x P x10-3 DG concentration plasmatique (ng/ml) VD volume distribution (5,61 l/kg digoxine /0,56 digitaline) P poids patient (Kg) • Intoxication aigüe (dose concentration inconnue) – 6 flacons en dose de charge – 4 flacons sur 8 heures Intoxications à la digoxine Effets secondaires • Effets secondaires – Rash cutané – Urticaire – frissons – Thrombopénie • FdR: – asthme – ATCD allergique • Redigitalisation : Récurrence de signes toxiques après l’élimination des Fab •Nausées, vomissements, arythmie , •après neutralisation infra molaire -Taboulet P, Baud FJ, Bismuth C.Clinical features and management of digitalis poisoning. Rationale for immunotherapy. J toxical 1993,31:247-260. -Recommandations d’experts. Intoxication grave par les médicaments et substances illicites en réanimation. Réanimation 15 (2006) 332-342 L’intoxication par l’Ethylène Glycol L’intoxication par l’Ethylène Glycol • Éthylène glycol – absorption en 2 heures – Biodisponibilité 100% – Métabolisme hépatique – Élimination urinaire • Dosage CAP – Dans sang ou urines confirme l’intoxication – Pas de dosage des métaboliques ADH Somnolence Acidose métabolique sans lactates Hypocalcémie Cristaux d’oxalate de calcium cerveau coma convulsion rein nécrose tubulaire cœur myocardite L’intoxication par l’Ethylène Glycol • Traitement symptomatique – Lavage – hyper hydratation – Bicarbonates • Traitement antidotique – Inhiber le métabolisme de EG – Éthanol versus 4MP (fomépizole) L’intoxication par l’Ethylène Glycol antidote ETHANOL Substrat compétitif de l’ADH – Évite la production des métabolites – Posologie: • 0,6g/kg en dose de charge • Suivi de 50 à 150 mg/kg/h en fonction de la concentration de l’éthanol plasmatique (but: 1g/l) – EII: ébriété tble conscience hypoglycémie l’intoxication par l’Ethylène Glycol antidote FOMEPIZOLE Substrat compétitif de plus grande affinité – Blocage de l’ADH – ↑ Demie vie de EG (3 à 12h) – Posologie: • • • • 15mg /kg en dose de charge 10mg/Kg toutes les 12 h En cas d’hémodialyse, ↑ 1mg/Kg /h Durée du ttt fonction [ EG]pl – EII rares: nausée vertiges réactions allergiques douleurs aux sites d’injection ↑ transaminases transitoires l’intoxication par l’Ethylène Glycol • Devant la gravité neurologique et rénale et l’innocuité du Ttt :administration la plus précoce avant la confirmation toxicologique • Rare (30 cas en 8 ans) • Éthylène glycol dans – Liquide de refroidissement – Antigel – Solvant industriel Brent J, McMartin K, Phillips S et al. Fomepizole for the treatment of ethylene glycol poisoning. Methylpyrazole for Toxic Alcohols Study Group. N Engl J Med, 1999, 340 : 832-838. Mégarbane B. Intoxication aigüe par éthilène glycol. Orphanet. Mars 2003 Intoxications aux cyanhydriques Intoxications aux cyanhydriques • Intoxication aigüe – Exposition professionnelle (sels de HCN métallurgie) – Incendie (très volatile) – Ingestion volontaire • Intoxication chronique – Plantes cyanogènes (amandes amères, manioc, noyau abricot/cerises) Intoxications aux cyanhydriques toxicité par hypoxie • Inhibition de la cytochrome oxydase mitochondriale par liaison fer trivalent entrainant l’hypoxie • Traitement symptomatique – Oxygénothérapie impérative – Théoriquement, le rôle de l'oxygène dans l’intoxication au cyanure est difficile à expliquer parce que l'inhibition de la cytochrome oxydase n'est pas compétitive. – L'expérimentation animale a néanmoins montré que l'oxygène a une action sur la réactivation de la cytochrome-oxydase. – Le patient sera placé sous ventilation assistée à l’oxygène pur pendant 3 h. Au-delà, la fiO2 sera réduite à 40 puis à 30 %. • Puis traitement antidotique le plus tôt possible Intoxications aux cyanhydriques les antidotes différents • Les sels de Nitrites 4-Diméthylaminophénol (4-DMAP ®) Thiosulfate de soude (Na2S2O3) Hydroxocobalamine (Cyanokit®) • Dans la littérature, les schémas proposés pour le traitement de l’intoxication aux cyanures varient selon les pays. • Aux Etats-Unis, le traitement se base sur l’administration de nitrite d’amyle + nitrite de soude + thiosulfate de soude. • En Allemagne, on recommande l’association nitrite d’amyle + 4-DMAP + thiosulfate de soude. • En France, on utilise une préparation concentrée d’hydroxocobalamine Intoxications aux cyanhydriques Sels de nitrites et -DMAP Les Méthemoglobinisants • NITRITES: – Formation de méthémoglobine – MetHB +HCN ->cyanméthémoglobine (dérivé non toxique excrété par les urines) • 4-DMAP: • Les méthémoglobinisants peuvent provoquer – chute de la tension – La méthémoglobinémie est mal contrôlable et peut provoquer une hypoxie. • Ils ne sont indiqués que dans le cas où l’hydroxocobalamine fait défaut ou n’agit pas suffisamment. Intoxications aux cyanhydriques Thiosulfate de soude • Na2S2O3 + HCN HSCN cyanure en thiocyanate par l’intermédiaire d’une enzyme hépatique la rhodanèse • Efficace même si arrét respiratoire aussi longtemps qu’il n’y a pas d’arrét cardiaque • · Thiosulfate de soude: 12.5 g (50 mL d’une sol. à 25% ou 125 mL d’une sol a 10%) en i.v. lente sur 10 à 20 min (enfants 0.4 g/kg PC = 1.6 ml/kg d’une sol. à 25% ou 4 mL d’une sol. à 10%). N’existe pas en France Intoxications aux cyanhydriques Hydroxocobalamine (Cyanokit®) • L’administration de fortes doses d’hydroxocobalamine est actuellement considérée comme le traitement de choix • (OH)B12 + HCN -> CNB12 cyanocobalamine • Le principe du traitement est la substitution d’un radical hydroxyle au niveau du cobalt par un groupe cyanyl avec formation de cyanocobalamine (vitamine B12), éliminée dans les urines. • EII coloration rosée peau muqueuse urine allergique (sulfite). • Le Cyanokit® comprend 2 flacons de 2,5 g • En pratique, on injecte successivement les 2 flacons en 15 minutes par flacon, soit une dose totale de 5 g en 25 à 30 minutes. • Si une dose supplémentaire s’avère nécessaire, on l’administre en IV lente en 20 minutes à 2 h. •BAUD F et al Elevated blood cyanide concenttrations in victims of smoke inhalation. N Engl J Med 1991;325:1761-6 •BISMUTH et al toxicologie clinique Flammarion Paris 2000 Envenimations • Ensemble des manifestations locales et générales induites par la pénétration dans l’organisme d’une substance toxique produite par un animal venimeux 1. Arthropodes: - hyménoptères - lépidoptères - arachnidés - scorpions - tiques 2. Vertébrés: - serpents - poissons Morsure de vipère Morsure de vipère • Diagnostic biologique et pronostique: test ELISA (1984) Venémie détectable dès la 30ème mn avec une ½ vie de 8 à 12 h. (Hum, experim toxicol, 1994) • - Immunothérapie: Calmette (1892): 1er sérum antivenin. Peu efficace selon les études des années 80-90. Sérothérapie immunothérapie. Recommandée dans les envenimations graves (grade 2 et 3) (Audebert,exp toxicol,1994) Morsure de vipère • Une immunothérapie antivipérine composée de fragments purifiés F(ab)2 d’anticorps contre les venins de vipera aspis, vipera berus et vipera ammodytes est disponible sous le nom de Viperfav® • Fragments F(ab’)2 ovins sont d’élimination plus lente et moins immunogènes. (réactions secondaires graves dans 6% des cas). • Schéma d’administration : – perfusion en 1 h d’une dose de 4 ml diluée dans 100 ml de sérum physiologique. – On peut administrer une seconde dose 4 h après la fin de cette perfusion