Médiastinites aïgues

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Médiastinites infectieuses
aiguës
Dr wilfried Grandin
Le 20 mai 2008
Classification
Médiastinites aiguës
Post-chirurgie
cardiaque
Primitives
Secondaires
Directes
Médiastinites par
perforation
oesophagienne
Autres:
Indirectes
Médiastinites
•Plaie
descendantes
•Ostéomyélite
nécrotiques
sternale
Médiastinites
ascendantes
nécrotiques
Médiastinites après chirurgie
cardiaque
Incidence
Type de chirurgie ou
situation particulière
Nombre de patients
Incidence moyenne
et/ou extrêmes (%)
Pontages
21 371
1,4 (0,5-3,7)
Autres chirurgies
cardiaques
6925
0,82(0,5-1,5)
Bouffées épidémiques
5-23,7
Assistance circulatoire
ou cœur artificiel
7,5-35,7
Transplantation
cardiaque
2,5-7,5
Trouillet jl, Actualités en réanimation, 2007
Rupp me, Principes and practice of infectious diseases, 2005
Physiopathologie
3 réservoirs de germes…
Soignants (peropératoire)
Endogène +++
Bactériémie ( infection sur KT, PNP)
Facteurs de risque
Auteur,année
Population
Facteurs de risques
Crabtree, 2004
4004 pontages
73 infections profondes
Obésité, diabète, transfusion de plus
de 2 CUP
Abboud, 2004
9136 interventions
39 médiastinites
Obésité, tabagisme, séjour en
réanimation > 2 j, infection au niveau
d’un autre site
Diez, 2007
1700 interventions
45 médiastinites
Obésité, BPCO, Mammaire interne
bilatérale
Abbas, 2007
9201 interventions
44 médiastinites
Obésité, HTA, re-intervention, sexe
féminin
Borger, 1998
12267 interventions
92 médiastinites
a)
Pontages
b)
Autres
Diabète, Sexe masculin
a)
Mammaire interne bilatérale,
diabète, sexe masculin
b)
Age > 74 ans, sexe masculin,
diabète
Prévention
• Dépilation par tondeuse à lame jetable
• Une à deux douches antiseptiques
préopératoires
• Antibioprophylaxie correctement réalisée
• Bonne évaluation du risque transfusionnel
• Stabilisation du sternum
• Contrôle glycémique peropératoire strict
• Asepsie rigoureuse des soins de pansement
Risque d’infection profonde et glycémie
post-opératoire
Zerr KJ, Ann Thor Surg, 1997
Présentation clinique
Pic de survenue : 7 - 21 j ( 15 j )
• Syndrome systémique
– Du choc septique au
simple décalage
thermique
• Syndrome local
– Cicatrice inflammatoire
– Ecoulement
– Disjonction sternale
Ponction percutanée
 Devrait faire partie du bilan bactériologique systématique
du patient septique après chirurgie cardiaque
Examens complémentaires
• Hémocultures: 50%
• Cultures des électrodes épicardiques: faible
rentabilité diagnostique
• CRP , hyperleucocytose: non spécifique
• Procalcitonine: intérêt potentiel
• Scanner: collection médiastinale +/- ponction
guidée
Procalcitonine et infection après chirurgie cardiaque
0,88
0,72
0,6
Jebali MA, Anesthesiology, 2007
Ecologie bactérienne
5%
6%
2%
12%
17%
13%
45%
SARM
SASM
SCN
BGN
Strepto
Non identifiЋ
Divers
Infection pluri microbienne: 10-15%
Trouillet JL, J Thorac Cardiovasc Surg, 2005
Prise en charge
URGENCE INFECTIEUSE
Traitement chirurgical < 24 heures
• Détersion de la cavité médiastinale
• Excision des tissus dévitalisés
• Fermeture de la paroi…
Le problème de la fermeture
• Plusieurs techniques
– Système d’irrigation lavage (historique)
• Taux d'échec important (30-50%)
• Lourdeur de la technique
– Technique des « drains de Redon »
– La fermeture sur VAC
– La technique dite à « thorax ouvert »
•
•
•
•
Peu pratiquée en France
Risque d'hémorragie cataclysmique
Soins longs et quotidiens
Fermeture secondaire par technique de chirurgie
plastique
– Epiploon
– Lambeau musculaire
La technique des « drains de Redon »
•Drainage de tous les espaces
infectés
•Fixation solide du sternum
(laçage) et étanchéité de la peau
•Deux à dix redons
•Vacuum de 600 - 700 mmHg
•Flacons changés
quotidiennement
•Prélèvement quotidien avec mise
en culture
•Durée 8-10 jours
•Retrait dès que les cultures sont
négatives et qu’ils ne donnent plus
La technique des « drains de Redon »
Type d’étude
Patients redons
/lavage
Résultats
Durandy Y
1989
Description de la
méthode
11/0
Calvat S
1996
Non randomisée
Rétrospective
Groupes identiques
70/38
Mortalité
Taux d'échec (13% vs 53%)
Durée d’hospitalisation: ns
Berg H
2000
Non randomisée
Rétrospectif
Analyse multivariée
31/29
Durée d’hospitalisation (13
vs 53%)
Taux d'échecs (16 vs 52%)
Mortalité: ns
Kirsch M
2001
Non comparatif
Analyse multivariée des
FdR de mortalité
Suivi à long terme
72/0
Mortalité à un mois 19,9%
FdR individualisés
•Age
•Durée d’incubation > 14j
•SARM
La fermeture sur VAC
• Mousse de polyruethane
• Pores de 400-600 µm
• Système étanche
• Aspiration continue
La fermeture sur VAC
• Mécanismes non complètement élucidés
•
•
•
•
Amélioration de la perfusion
Diminution de l'œdème au niveau local
Soustraction de cytokines
Stress local favorisant la croissance locale de
tissu
La fermeture sur VAC
• Etudes nombreuses
– Méthodologie « chirurgicale »
• Cohortes historiques, pas de randomisation, caractère
rétrospectif, faibles effectifs
– Résultats
 Mortalité
 Diminution de la durée de traitement
 Délai de stérilisation des cultures
Niveau de preuve faible, mais des résultats qui
semblent intéressants, surtout en cas
d’impossibilité de fermeture en un temps
Antibiothérapie
•
•
•
•
Avant la reprise opératoire +++
Antibiotique de préférence à bonne diffusion osseuse
Fortes doses (vanco 20-25 µg/ml)
S’appuyant sur
– Les données épidémiologiques du service
– L’ED de la ponction sternale
• Durée totale de 45 jours
– Type ostéite
• Réajustement dès les données de l’antibiogramme
Antibiothérapie
Probabiliste initial
Traitement d’attaque
intraveineux (3 sem)
Absence d’orientation:
Vancomycine
Gentamicine
C3G (céfamandol ou
céfotaxime)
L’antibiothérapie doit
comporter un
antistaphylococcique
(actif sur SARM si
prévalence forte ou
malade porteur)
ED positif
CGP: Vancomycine +
Céphalosporine
antistaphylococcique +
Gentamycine
BGN:
Céphalosporine ou
penem + aminoside
CGP:
Cloxacilline, si méti-S
ou Vanco si meti-R +
Genta (3j)
BGN:
ß-lactamine ou
céphalosporine ou
penem + amikacine (3j)
Traitement de
consolidation per os
(3 sem)
CGP:
Rifampicine et/ou
fluoroquinolone (en
relais de l’aminoside)
Si meti-R: linézolide
BGN:fluoroquinolone
Trouillet jl, Actualités en réanimation, 2007
Traitements adjuvants
• Réanimation selon gravité initiale (non
systématique au delà des 24 h)
• Echographie cardiaque systématique
• Etat nutritionnel +++
• Contrôle glycémique strict
• Cas particulier du greffé
– Diminution temporaire des IS
– Biopsies répétées
Facteurs pronostiques
Pronostic vital
– IGS à l’admission
– Gravité de la
cardiopathie sous jacente
– Bactériémie soutenue
Pronostic fonctionnel
– Age
– Insuffisance rénale
chronique
– SARM
– Durée d’intervention
– Durée de séjour en USI
– Durée d’incubation
Autres: états d'immunodépression, Dispositifs implantés,
virulence du germe
Conclusion
•
•
•
•
Contrôle des Fdr accessibles à une intervention
Délai de survenue moyen 15 jours
Traitement antibiotique prolongé
Traitement local dépendant beaucoup de l'expérience
du centre
– Fermeture en un temps sur drains de redon aspiratifs
– Fermeture en deux temps sur système VAC
• Le pronostic, en l’absence de défaillance viscérale
prolongée (notamment respiratoire) ou d’endocardite
associée s’est notablement améliorée
Médiastinites infectieuses
aiguës en dehors de la
chirurgie cardiaque
Classification
Médiastinites aiguës
Post-chirurgie
cardiaque
Primitives
Secondaires
Directes
Médiastinites par
perforation
oesophagienne
Autres:
Indirectes
Médiastinites
•Plaie
descendantes
•Ostéomyélite
nécrotiques
sternale
Médiastinites
ascendantes
nécrotiques
Médiastinites infectieuses aiguës en
dehors de la chirurgie cardiaque
Médiastinites descendantes
nécrotiques
Médiastinites descendantes nécrotiques
• Rare
• Pronostic redoutable (mortalité de 30-40%)
– Retard diagnostic
– Drainage inapproprié
• Définition: association
– Infection oropharyngée (dentaire, amygdalienne,
périamygdalienne, rétropharyngée)
– Caractéristiques radiologiques évocatrices de
médiastinites
Déplacement antérieur de la
clarté trachéale
Emphysème médiastinal
Elargissement espace
rétroviscéral
Médiastinites descendantes nécrotiques
• Rare
• Pronostic redoutable (mortalité de 30-40%)
– Retard diagnostic
– Drainage inapproprié
• Définition: association
– Infection oropharyngée (dentaire, amygdalienne,
périamygdalienne, rétropharyngée)
– Caractéristiques radiologiques évocatrices de médiastinites
– Critères peropératoires de médiastinites
– Un lien entre l’infection oropharyngée et la médiastinite
nécrosante
Physiopathologie
• L’infection cervicale
peut diffuser suivant
trois voies
– Espace prétrachéal
mettant en relation le
cou et le médiastin
antéro-supérieur
– Espace périvasculaire
– Espace rétropharyngé:
voie élective de
communication entre le
cou et le médiastin
postérieur
Physiopathologie
• Continuité cervico-médiastinale des fascias et des
espaces celluleux
 Propagation des coulées de nécrose le long des
aponévroses qui délimitent les espaces cervicomédiastinaux
•
•
•
•
Vascularisation médiastinale peu développée
Faible réaction fibreuse
Phénomène de gravité
« Immunodépression » (corticoïdes, diabète)
Clinique
• Délai d’hospitalisation
– 5-15 j (7j en moyenne)
• Molaires majoritairement
responsables (2e et 3e)
• Flore pluri microbienne 88%
AbcЏs dentaire
Abces amygdalien ou periamygdalien
Abces retropharyngЋ
epiglottite
–
–
–
–
Streptocoques aérobies
Streptocoques anaérobies
Bacteroïdes
Staphylocoques,
entérobactéries,
corynébactéries…
Clinique
Trois phases
Phase I: abcès dentaire ou périamygdalien, traité
par une antibiothérapie simple
Phase II : cervicite avec ou sans emphysème sous
cutané
Phase III : Aggravation brutale du syndrome
infectieux. Apparition d’une toux, avec dyspnée,
douleur sternale, dysphagie
Scanner cervicothoracique
Traitement
• Multidisciplinaire +++
– Traitement symptomatique: VAC, prise en charge
du choc septique et des défaillances associées
– Antibiothérapie à large spectre
• Amoxicilline, carboxypénicilline, uréïdopéniccilline
associées à un inhibiteur des ß-lactamases
• Imipenem-clindamycine en cas de terrain allergique
• Adaptation secondaire: Vanco, antipyo….
• Durée 3 semaines parentérales puis relais 3 semaines
per os en monothérapie
– Gestes chirurgicaux de débridement
Traitement chirurgical
 Attitude agressive
• Etage cervical
– Cervicotomie en collier, avec débridement et
drainage
– Réalisation d’une trachéotomie
• Etage thoracique
– Thoracotomie postéro latérale standard
permettant l’accès à l’ensemble de la cavité
pleurale et à tous les composants du médiastin
– Drainage (CdS costodiaphragmatiques, plèvre
apicale antérieure et au contact des éléments du
médiastin les plus touchés)
An aggressive treatment for an aggressive
disease
Ch Marty-Ané, Ann Thor Surg, 1999
• 12 patients
• Evolution favorable chez 10 patients, dont 9
drainés par thoracotomie
• 2 décès
– Un drainé par minithoraco: fistule trachéale
– Un par médiastinostomie postérieure: abcès
persistant
Médiastinites infectieuses aiguës en
dehors de la chirurgie cardiaque
Médiastinite par perforation
oesophagienne
Médiastinite par perforation
oesophagienne
• En augmentation
– 5 / 1 000 000 / hab / an
– En augmentation
• Grave
– Retard diagnostic fréquent: 30 % diagnostiquée
avant la 6e heure
– Mortalité augmentant de façon exponentiellement
après la 6e heure
Etiologies
15%
2%
Iatrogene
Sd de Boerhaave
Corps etrangers
25%
58%
Traumatismes par
armes
Iatrogénie: Dilatation (2-6%), sclérose (1-3%), résection
endoscopique (0,06 - 5%)
Chirurgie mini-invasive (RGO), Laser (diverticule de Zenker)
Si traumatisme par armes: trachée associée 10%
Etiologies
Les ingestions de caustiques
•
•
Enfants de moins de 5 ans, suicides
Effet prolongé du toxique sur l’oesophage
– Ralentissement de la vidange
– Augmentation du tonus du Sphincter inférieur de
l’œsophage
– Volume faible de l’œsophage
•
•
Toxicité des Bases >>> Acides
Trois phases de toxicité
1. Inflammation, œdème et nécrose
2. Ulcération muqueuse avec développement d’un
tissu granulomateux de cicatrisation (FRAGILITE
+++)
3. Cicatrisation et rétractation
Clinique
• Triade de Mackler:
– Douleur (85%)
– Vomissements (71%)
– Emphysème sous-cutané antérieur (27%), plus
tardif
• Fièvre inconstante
• Parfois des signes respiratoires à type de
dyspnée, d’hypoxémie
Examens complémentaires
• RP: pneumomédiastin, pneumopéricarde, abcès
pulmonaire, élargissement du médiastin
• Scanner cervico-thoracique: Pneumomédiastin,
• Transit oesophagien (PdC hydrosolubles):
confirmation du diagnostic et localisation de la
perforation
• Fibroscopie oesophagienne (non consensuelle):
– par opérateur entraîné
– permettant de précisetion
• Etendue
• Topographie
• Pathologie oesophagienne sous-jacente
Traitement
Algorithme simplifié
Diagnostic de perforation
oesophagienne
Perforation « contenue »
Traitement
médical
Méga œsophage,
Néoplasie
évolutive, Sténoses
multiples
Perforation sévère ou
symptômes systémiques
Traitement chirurgical
7-10 jours
Aggravation
Transit
oesophagien de
contrôle
Absence de fuite
Réussite
Persistance
James T, J Trauma, 2007
Traitement médical
• Indication:
Perforation oesophagienne, détectée de façon précoce, limitée
au médiastin ou à la plèvre, sans signes systémiques
•
•
•
•
•
•
A jeun strict
SNG sous contrôle scopique
Antibiothérapie à large spectre
Nutrition parentérale précoce
Drainage pleural si besoin
Surveillance armée en réanimation
Traitement chirurgical
Perforation non contenue
ou signes systémiques
Abdominale
Cervicale
Traitement au
maximum
conservateur:
Drainage simple +/Suture et lambeau,
trachéotomie
Stable
Fermeture en
un temps +/lambeau
James T, J Trauma, 2007
Méga œsophage,
Néoplasie
évolutive, Sténoses
multiples
Oesophagectomie
avec reconstruction
immédiate ou à
distance
Thoracique
Instable
Exclusion avec
diversion,
oesophagostomie
cervicale,
gastrostomie et
jéjunostomie
Reconstruction
Conclusion
• Rares mais graves
• Précocité du diagnostic = facteur
pronostic majeur
• Prise en charge multidisciplinaire dans
des centres médico-chirugicaux
spécialisés
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