objectif conseiller
24
www.conseiller.ca
Vous avez sans doute entendu
parler de placement en alpha. Il
s’agit de mettre l’accent sur le
talent du gestionnaire de fonds de cou-
verture, au-delà des rendements pro-
pres à la stratégie suivie. Certains
croient maintenant qu’il faut plutôt
viser le bêta des fonds de couverture
(ce que d’aucuns appellent le « bêta
alternatif »). C’est que certains experts
croient que l’alpha de fonds de couver-
ture est très rare (comme le talent) et
est instable (difficile à maintenir à long
terme). D’autre part, le ta (les « ren-
dements de marché ») vaut la peine,
car les stratégies de fonds de couver-
ture atteignent, somme toute, des ren-
dements enviables.
Par contre, les frais associés aux
fonds de couverture posent probme
auprès de plusieurs investisseurs poten-
tiels. Une solution possible : adopter
une approche quasi-indicielle et repro-
duire synthétiquement les rendements
de fonds de couverture à l’aide de pro-
duits dérivés, tels que les contrats à
terme. Justement, plusieurs institutions
proposent maintenant des pros de
plication de fonds de couverture.
Les méthodologies passives ainsi
velopes proposent de reproduire
assez fidèlement les rendements recher-
chés, et ce, à des frais nettement réduits,
des minimums d’investissement plus
faibles, une transparence bien accrue et
une liquidité rehause. Lars Jaeger de
Partners Group, qui propose un tel pro-
cessus, parle même d’une réduction de
frais pouvant atteindre 4 % !
Les deux démarches principales de
plication sont lapproche factorielle et
l’approche de distribution des résultats.
L’approche factorielle est bien connue
en finance. C’est en quelque sorte une
généralisation de la régression multiple,
bien connue en statistique. Un modèle
factoriel fort connu est celui de Fama et
French, qui explique les rendements
boursiers par des facteurs tels que le rap-
port entre grandes et petites capitalisa-
tions et le lien entre faibles et fortes
relations entre valeur au marché et
valeur comptable. Dans le cas des fonds
de couverture, le défi consiste à trouver
suffisamment de facteurs représentatifs
de fonds de couverture pour reproduire
les dones observées.
Selon certains chercheurs indépen-
dants toutefois (dont en particulier ceux
de l’EDHEC, en France), les résultats
encourageants obtenus avec les don-
es d’échantillon ne donnent pas des
facteurs qui permettent d’expliquer des
données plus vastes, hors échantillon.
La cause pourrait en être que les rende-
ments de fonds de couverture peuvent
être discontinus et dépendre de certains
événements (optionnalité). D’autre
part, les gestionnaires de fonds de cou-
verture réagissent rapidement aux occa-
sions et aux risques de marc. En un
mot, les rendements à reproduire sont
non linéaires et dynamiques, une com-
plication importante.
Une autre approche astucieuse a été
propoe par Harry Kat, Gaurav Amin et
Helder Palaro, des chercheurs britanni-
ques. Dans plusieurs recherches récen-
tes, ils ont développé une approche à
base de produitsrivés qui permet de
mieux cerner les rendements de fonds
de couverture. L’astuce consiste à spéci-
fier un « actif de réserve » qui devient la
source de la distribution des rendements.
Grâce à des processus statistiques multi-
variés complexes, les chercheurs ve-
loppent une thodologie de réplication
tenant compte des non linéarités et de
l’optionnali des rendements étudiés.
Les auteurs prétendent que tant les ren-
dements des fonds de fonds de couver-
ture que ceux des fonds à stragie simple
peuvent ainsi être reproduits avec une
certaine précision, à bien moins de frais,
avec plus de liquidité et de transparence.
Ils l’offrent d’ailleurs sous le nom de
FundCreator.
D’autres services commerciaux de
réplication sont maintenant proposés
par JP Morgan, Goldman Sachs, Par-
tners Group et Merrill Lynch; ils repo-
sent tous sur la méthodologie
factorielle. Kat et ses collègues sont
donc les seuls adoptant l’approche de
distribution des résultats.
Mais ce n’est pas si simple. Les cher-
cheurs de l’EDHEC ont évalué ces
démarches en les reproduisant au mieux
grâce aux écrits scientifiques disponi-
bles publiquement. Ils en concluent
que l’approche factorielle correcte
conceptuellement – pose problème
dans son application (pour les raisons
vues ci-haut). D’autre part, l’approche
de Kat et ses collaborateurs obtient des
sultats variables selon les stragies
reproduites, d’autant plus que les rende-
ments reproduits sont bien en deçà des
rendements des stratégies reproduites.
Par contre, Kat a vivement reproché aux
chercheurs de l’EDHEC, non sans un
certain bien-fondé, de tenter de repro-
duire des techniques commerciales
secrètes avec des conceptsraux et
publics. Quoi qu’il en soit, il incombe aux
promoteurs de ces « progrès » d’en
démontrer la valeur en pratique.
Quen retenir ? Primo, l’industrie des
fonds de couverture tente de gler la
question des frais de gestion. Secundo,
une plication réussie permettrait d’al-
ler chercher un bien plus grand nombre
d’investisseurs. Et tertio, on na pas fini
d’en entendre parler !
Pierre Saint-Laurent, M. Sc., CFA,
CAIA, est président d’ActifConseil à
Montréal. On peut lui écrire à l’adresse
psl@actifconseil.com.
Quelle est la meilleure forme
de réplication de fonds
de couverture ?
gestion davoir
pierre saint - laurent
Photo  : Sonia jam
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !