2 – L`arrivée du peuple en politique et la transformation de la

publicité
2 – L’arrivée du peuple en politique et la
transformation de la compétition
électorale
• 1848 : introduction du suffrage
universel masculin
• Les républicains mais aussi
l’appareil scolaire vont mobiliser la
foule électorale
• les candidats vont utiliser leur
patrimoine et leurs ressources pour
s’assurer que les gens aillent voter
I – L’émergence du politique
• 19ème et début 20ème siècles =
• 1) Autonomisation du politique
• 2) Professionnalisation politique
A – L’autonomisation du
politique
• 1) Le règne des notables
• Système censitaire (250 000 électeurs)
• Notable = vit pour la politique sans vivre de
la politique
• Notable = aristocrate et propriétaire foncier
• Moins vrai dans les villes
2 – L’arrivée du peuple en politique et la
transformation de la compétition
électorale
• 1848 = suffrage universel masculin (10
millions d’électeurs)
• Républicains et école vont apprendre aux
Français à devenir des électeurs
• La compétition électorale change de nature
= obligation de professionnalisation
2 – L’arrivée du peuple en politique et la
transformation de la compétition
électorale
• « jusqu’à la fin du 19ème siècle, les
mobilisations électorales reposent de
manière prédominante sur des ‘chaînes’
d’obligations et de loyautés primaires,
non spécifiquement politiques » : Daniel
Gaxie, La démocratie représentative.
B – La professionnalisation
politique
1) La reconversion des notables
Exemple d’Armand de
Mackau
• châtelain de Vimer dans l’Orne
• conseiller général pendant soixante ans et
député pendant un demi-siècle des années
1860 à la Première guerre mondiale
• Fils d’un amiral, parlementaire et ministre,
petit-fils d’un diplomate de grande lignée
• Candidat officiel sous Napoléon III
Exemple d’Armand de
Mackau
• Apprentissage par un notable du
suffrage universel masculin
• permet de relativiser la thèse d’un
basculement, d’une disparition des
notables
Exemple d’Armand de
Mackau
• il se dote des moyens de connaître ses électeurs
(registres)
• Le budget global croît continûment = nécessité,
nouvelle, de faire campagne, d’utiliser la propagande
politique
• Emploi de directeurs de campagne pour quadriller
son territoire électoral
• il va de plus en plus proposer une offre politique
structurée (programmes, argumentaires)
• Utilisation de la presse locale (Le journal d’Alençon)
nouveaux entrants du jeu
politique
• Moins bien dotés en capitaux sociaux et
économiques que les notables qui leur
précèdent, ils vont s’appuyer sur les
ressources que leur offrent les partis dont
ils se réclament.
• proposer sur le marché électoral des
biens plus abstraits et des biens divisibles
• ils dénoncent les pratiques antérieures
2 - Vivre de la politique : la question
de l’indemnité parlementaire
• loi du 22 novembre 1906 : fait passer
l’indemnité parlementaire de 9 000 à 15
000 francs par an
• Décision critiquée : le courage politique
n’a pas besoin d’être rétribué.
Baudin 1851 : « vous allez voir
comment on meurt pour 25 francs
par jour »
Max Weber
• « Vivre pour la
politique »
• Notables
• Occupation
• Amateurisme
• « Vivre de la
politique »
• Personnel politique
• Profession
• Compétence
Enjeu de l’indemnité
parlementaire
• Indice de la professionnalisation politique
• Système censitaire -> suffrage universel
• Changement dans le recrutement social des
hommes politiques : noblesse et haute
bourgeoisie -> petite et moyenne
bourgeoisie
Au début du 20ème siècle, la
politique s’est :
•
•
•
•
1)
2)
3)
4)
5)
autonomisée
professionnalisée
dépersonnalisée
nationalisée
politisée
Daniel Gaxie: « Le plus souvent personnelle, locale et
intermittente jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’activité
politique commence à se professionnaliser et à
s’exercer collectivement dans le cadre de partis
politiques spécialisés. Sous l’effet de cette
concurrence nouvelle, les notables qui s’adonnaient
souvent à la politique en dilettantes sont contraints à
des investissements plus continus et doivent à leur tour
se confédérer dans des groupements, qui préservent
encore leur indépendance, mais qui montrent aussi
que la compétition est devenue plus difficile pour
les entreprises individuelles »
II - La naissance des partis
politiques
• Joseph La Palombara et Myron Weiner,
Political Parties and Political
development, Princeton University
Press, 1966 : définition restrictive
• Quatre critères
Les 4 critères
• 1) organisation durable
• 2) organisation complète de l’échelon
local à l’échelon national
• 3) L’objectif de l’organisation doit être la
conquête du pouvoir aussi bien au niveau
national que local.
• 4) les moyens de conquête du pouvoir
doivent être la recherche du soutien
populaire notamment dans les processus
électoraux
A - L’archéologie des
phénomènes partisans
• Avant le XVIIIe siècle les partis
n’existent que dans quelques
républiques ou monarchies qui
acceptent l’expression des
tendances populaires.
• Au XVIIIe siècle les amorces
d’expérience partisane vont devenir
un peu plus nombreuses.
La période révolutionnaire
• Les élus éprouvent le besoin de se
regrouper d’abord par région puis par
tendance idéologique : les clubs des
Bretons, des Girondins, des Jacobins,
des Feuillants, la tendance des
Montagnards
• La loi Le Chapelier de septembre 1791
Pourquoi ne peut on pas parler de
« parti »
• La filiale parisienne n’émane des filiales
locales
• On ne peut pas parler de « tendance
jacobine » : c’est une structure politique
qui va accueillir des opinions
successives
• Ces sociétés ne servent guère à la
préparation des élections
B - Des partis français créés
tardivement
• Il faut attendre le début du XXe siècle
pour que s’organisent des partis
conformes aux critères de La
Palombara et Weiner.
1ère période : 1815-1860
• Première occasion manquée : la Monarchie
de Juillet (1830-1848)
• Corps électoral trop restreint pour nécessiter
une organisation
• Les électeurs se rencontrent discutent mais
ce n’est toléré que si ces réunions sont
ponctuelles
• Les organisations partisanes sont
essentiellement des organisations
d’opposants au Régime = clandestinité (ex.
société secrète de la Charbonnerie)
• Ces sociétés politiques clandestines vont
apparaître au grand jour lors de la
révolution de 1848
1848
• la constitution (art. 8) proclame la liberté
d’association sans autre limite que les droits ou la
liberté d’autrui et la sécurité publique
• Multiplication des clubs mais pas de coordination
et peu d’organisation et de centralisation =
fractionnement extrême (Environ 200 clubs
(rassemblant entre 50 000 et 70 000 personnes)
ont existé à Paris)
1849
• Élection présidentielle de décembre 1848 et
législatives de mai 1849
• Ébauche d’un système partisan : parti
révolutionnaire à gauche (des républicains
modérés, les démocrates socialistes et les
socialistes) et un « parti de l’ordre » à
droite (monarchistes et bonapartistes)
Le 2d Empire
• Existence de parti politique est contraire au
principe plébiscitaire : relation directe du
dirigeant avec le peuple
• Les partis sont considérés comme des
entreprises de division du corps électoral
• Le droit d’association n’est plus reconnu, on
envoie des membres de sociétés secrètes au
bagne
Le 2d Empire
• Situation paradoxale : partis interdits mais
compétition électorale (encadrée) autorisée
• 1857 : cinq républicains sont élus = signal
pour les autres républicains
• Les républicains vont investir la
compétition électorale de manière durable
• Création de véritables organisations
politiques
2ème période : 1860-1890
• Période d’une lente reconnaissante, dans
tous les secteurs de l’opinion, de la
légitimité de l’organisation politique, et
toutes les forces politiques sont amenées à
entreprendre un effort de structuration rendu
de plus en plus nécessaire par l’activité
électorale.
2ème période : 1860-1890
•
•
Le second Empire, à partir de 1860 et plus
fortement de 1867, se libéraliser.
le régime se fixe 2 objectifs
Libéralisation du 2d Empire
Donner plus de latitude à l’opinion
publique et à son expression (le suffrage
universel) en desserrant l’étreinte sur la
presse et en permettant la tenue de
réunions électorales ;
2. Permettre à la classe ouvrière, de plus en
plus nombreuse, de plus en plus consciente
de son autonomie, d’exprimer ses vœux, de
discuter des questions sociales ;
1.
Lois sur la presse et les réunions
de 1868
• réapparition d’une activité électorale
importante,
• émergence d’un mouvement populaire
• développement des sociétés ouvrières
• naissance de nouveaux journaux
4 septembre 1870 : fin du 2d
Empire
• l’activité politique s’intensifient
• légitimité des partis politiques augmentent
Deux évidences ont dû s’imposer
• En politique, la division de l’opinion en
plusieurs camp est normale et légitime et
elle passe par l’existence de partis
politiques
• Que les partis politiques ne pouvaient se
limiter à des groupes parlementaires mais
devaient s’implanter sur tout le territoire
Conséquences
• une opposition et une majorité (voire des
divisions à l’intérieur de ces ensembles) ne
sont pas pathologiques ;
• les partis ne doivent plus être de simples
« clubs de parlementaires » mais des
organisations visant à structurer, au niveau
du territoire national, des options politiques
et idéologiques différentes ;
• Les Républicains comprennent que leurs défaites
électorales s’expliquent par leur manque
d’organisation
• Problème : la loi interdit les structures
permanentes, elles ne doivent exister que pour les
élections
• S’inspirent du modèle américain : des structures
qui « hibernent » et réapparaissent au moment des
élections
La IIIème République
• Nouveauté historique : République
parlementaire stable
• Pourtant l’émergence de partis politiques
stables va prendre plusieurs décennies
1877
• Conjoncture politique très claire : deux
camps opposés idéologiquement
• Les conservateurs (royalistes, bonapartistes)
qui souhaitent remettre en cause le régime
• Les partisans de la République
• Aurait dû provoquer l’émergence de deux
grands partis
• Les Républicains sont divisés et ne veulent pas
d’une organisation unique
• Ce n’est qu’en 1886 que l’idée de créer une
organisation commune émerge
• Jules Steeg (député républicain de Gironde)
« Pour agir, il faut s’organiser. Un parti qui n’est
pas organisé n’est pas un parti. Ce n’est qu’un
ensemble de poussières, de molécules sans
cohésion que le moindre vent peut emporter »
« Doctrine Mac Mahon » et
« constitution Grévy »
• Président monarchiste il dissout la chambre
républicaine qui est réélue, il démissionne en 1879
et Jules Grévy le remplace et met en place la
« constitution Grévy »
• « Constitution Grévy » : doctrine non écrite de
non utilisation du pouvoir de dissolution par le
PDR)
• Le droit de dissolution est disqualifié = la
cohésion parlementaire est faible
La République parlementaire contre
les partis
• La variable institutionnelle n’impose pas la
nécessité d’organisations fortement
structurées
• De simples comités électoraux locaux au
service d’un député suffisent
• Division des Républicains perdure
(opportunistes/radicaux) : préparation du
centenaire de la Révolution Française
Décennie 1880 : l’idée de partis
s’impose
• Nationalisation de la vie politique (presse
nationale) : nécessité pour les Républicains
de s’organiser
• Monarchistes et Bonapartistes créent en
1885 « l’Union des droites »
• Les socialistes cherchent à s’organiser pour
contester la « République bourgeoise »
3ème période : 1890-1905
• 1901 : création du Parti Radical (réseau
d’élus, loges maçonniques, associations,
directeurs de journaux);
• 1902 : création de l’Action libérale
populaire (Républicains catholiques)
• 1905 : Section Française de l’Internationale
Ouvrière (SFIO)
Des partis de parlementaires
• Les partis existent mais ils sont avant tout
au service des parlementaires (différent de
la Grande-Bretagne)
• La droite va longtemps résister à
l’organisation partisane
• A la fin de la IIIème République, seule la
gauche s’est réellement structurée en
organisations partisanes
L’influence de la culture politique
française
• Modèle représentatif gouvernemental : le
gouvernement représente une majorité
hétérogène et changeante (IIIème et Ivème
Républiques)
• La 5ème République va changer la donne :
constitution de camps bien identifiés due à
l’unification des marchés politiques
C - L’apprentissage de la
politique moderne
• « A quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse
suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué
d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier
de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir,
déposer dans la boîte électorale quelconque un
quelconque bulletin, peu importe le nom qu’il ait écrit
dessus ?… Qu’est-ce qu’il doit bien se dire, en
dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique
cet acte extravagant » (Octave Mirbeau, La grève
des électeurs, Paris, Publications des Temps
nouveaux, 1902)
Apprentissage de la citoyenneté =
pacification de la vie politique
• « ‘Le suffrage universel a tué les barricades’, Le
Temps en 1898. Car apprendre à voter, c’est, pour
le citoyen, comprendre le lien qui peut exister
entre le bulletin de vote et sa propre vie
quotidienne. Mais en donnant au peuple le droit
de vote, on le dépossède aussi de ses moyens
d’expressions antérieurs : révolutions, fureurs
paysannes, émotions populaires, barricades… On
lui enseigne la patience. » : Michel Offerlé,
Histoire du suffrage universel.
Karl Marx, 1852
• Les paysans français sont « des pommes de
terre »;
• Ils sont tous des pommes de terre
• Ils sont dans le même sac
• Mais ils ne le savent pas, n’en ont pas
conscience
• Différence « classe en soi »
(objective)/« classe pour soi »(subjective)
La querelle d’historiens
• La politisation des campagnes (la plupart
des Français sont, à l’époque, des ruraux) va
prendre du temps
• Mais combien?
Eugen Weber
• La Fin des terroirs. La modernisation de
la France rurale 1870-1914, Paris,
Fayard, 1983
• Ce n’est qu’avec la IIIème République que
la France rurale va prendre conscience
d’appartenir à la communauté nationale et
participer aux débats politiques nationaux
Maurice Agulhon
• La République au village
• Importance de l’introduction du suffrage
universel, donc de 1848, dans la prise de
conscience politique
• « le suffrage universel est le principal facteur
d’éducation et de politisation. Disposer du droit
de voter et en user, c’est apprendre à s’en servir,
donc apprendre à discuter, à débattre des affaires
publiques, à faire de la politique enfin ».
Charles Tilly, Edelstein
• Historiens américains qui défendent l’idée que la
conscience politique date de la Révolution
Française
• Rôle de certains journaux : La Feuille villageoise
= Mise en contact des paysans avec les idées
révolutionnaires
• Edelstein montre par exemple que les taux de
participation aux élections révolutionnaires ne
furent jamais inférieurs à 20% des inscrits et
atteignirent parfois 50%.
Quel sens donner (et est donné) à
l’acte électoral
• Ce vote rural dans la période révolutionnaire n’est
que modérément un vote « politique »
• Vote d’unanimité des villages, différent du vote
individuel qui va durer longtemps
• Souvenirs d’Alexis de Tocqueville : le 23 avril
1848, il conduit ses paysans jusqu’au chef-lieu du
canton pour donner leurs votes « presque tous au
même candidat ».
L’apprentissage de la citoyenneté
• Premier scrutin (pâques 1848) provoque
l’enthousiasme (83% de participation)
• Néanmoins, « en quoi désigner à intervalles
réguliers et prévisibles, à l’aide d’un petit carré
de papier, des individus que l’on a rarement vus et
qui vous représenteront peut-il spontanément
intéresser la population masculine française et
comment susciter et entretenir cet intérêt ? » :
Michel Offerlé.
Apprentissage de la citoyenneté
et construction nationale
• pénétration de l’État sur l’ensemble du
territoire
• service militaire national
• intervention sanitaire et sociale des autorités
publiques
• L’État devient tangible, palpable
Les acteurs de l’apprentissage de
la citoyenneté
• L’école (alphabétisation, catéchisme
républicain)
• L’église (consignes de vote)
• La presse (nationalisation de l’actualité,
presse politisée)
Les processus d’apprentissage
• La répétition des scrutins : « Au bout du compte,
voter c’est voter pour quelqu’un, c’est aussi voter
pour voter » (Offerlé).
• L’arrivée de la République au village va
permettre la connexion intellectuelle entre le
bulletin glissé dans l’urne et les matérialisations de
l’Etat et de l’action publique
• Les transformations du jeu politique (points
précédents)
La nationalisation de la presse
•
•
•
•
•
Nombre de titres
1880 1316
1886 1655
1891 1998
1899 2685
Explosion des tirages
• 1880-1914 : tirage total de la presse
nationale passe de 2 millions à 5,5 millions
• Presse de province : 700 000 à 4 millions
Concentration des quotidiens
Nombre de quotidiens parisiens
Nombre de quotidiens de province
1882
90
252
1892
79
257
1914
57
247
Les 4 grands petits journaux
1912
Petit Parisien : 1 295 000
Le Journal : 995 000
Le Petit Journal : 850 000
Le Matin : 647 000
Dynamiques de socialisation
politique
• pas à un cheminement unique de la
culture traditionnelle à la culture
moderne.
• diversité des temps et des lieux de la
politisation (1792 dans la Sarthe, 1848 dans
le Dauphiné et la Provence, 1870 pour
certaines régions des Pyrénées)
• Spécificité des contextes locaux
Dynamiques de socialisation
politique
• Pas de synchronisation entre l’introduction de nouvelles
technologies électorales (vote individuel et secret) et
l’évolution des conceptions de la politique.
• Écart variable selon les régions et les classes sociales entre
les principes posés par la démocratie (souveraineté
nationale, individualisme démocratique, refus du mandat
impératif) et les pratiques politiques.
• Décalage entre théorie démocratique et sens des pratiques
électorales.
III – La structuration contemporaine
du jeu politique français
A - l’unification des marchés
politiques
• Gaxie : tendance contemporaine à
« l’unification des marchés politiques »
• « En effet, même si les espaces politiques
périphériques conservent une spécificité, ils
sont aussi davantage régis par la logique
des oppositions centrales ».
Les facteurs de l’unification des
marchés politiques
• Les partis politiques se sont implantés sur
l’ensemble du territoire.
• La présidentialisation du régime de la 5ème
république va renforcer la nationalisation de la
vie politique française
• les sondages et les mesures de comptabilisation
et d’agglomération des votes vont venir donner
une consistance objectivée à cette compétition
devenue nationale
B - La structuration de l’espace
politique et l’axe droite/gauche
• Depuis l’avènement du suffrage universel
électeurs et élus ne se connaissent pas
• Nécessité de repères intellectuels pour
identifier les projets, les programmes, les
candidats
• Importance de l’investiture et de l’étiquette
partisane des candidats
L’axe droite/gauche
• L’axe droite/gauche est fondamental dans ce
processus de production de sens : identifier
les candidats, se positionner soi-même, etc.
• L’axe droite/gauche est aussi une
construction intellectuelle : universitaires
Les « inventeurs » de l’axe
droite/gauche
• René Rémond : La droite en 1954, Les
droites en France en 1962
• Jean Touchard (La Gauche en France
depuis 1900, 1977)
• « Selon cette vulgate maintes fois exposée et
citée (plus que lue) par les hommes
politiques et les commentateurs qui y ont été
formés à l’IEP de Paris, il convient de lire,
sur le long terme, l’histoire politique
française comme structurée par
l’opposition entre la droite et la gauche, le
parti de la conservation et le parti du
mouvement » (Michel Offerlé)
La droite
• Différentes tendances repérables depuis la
Révolution Française (1789/1799) et qu’on
retrouverait encore aujourd'hui
• les légitimistes (traditionalistes et
réactionnaires)
• les orléanistes (modérés)
• bonapartistes (plébiscitaires, voire
populistes)
La gauche
• Trois « gauches »
• girondine (décentralisatrice et plus
modérée, voire responsable)
• jacobine (centralisatrice et étatiste)
• sans-culotte (dissidente)
Actualité de ces généalogies
• Les journalistes, les commentateurs politiques
utilisent encore ces qualificatifs pour identifier les
hommes et les partis politiques
• FN : doux mélange de Bonapartisme (populisme)
et de légitimisme (réactionnaire)
• Au sein du PS on aurait : des Jacobins
(Emmanuelli) et des Girondins (Rocard, Jospin)
Doctrines
Valeurs
Morales
Grands
hommes et
évènements
Thématiques
privilégiées
GAUCHE
Socialisme
Les Lumières
Égalité
Solidarité
Jaurès
Blum
Front
populaire
Droits de l’H
Service public
Émancipation
des
travailleurs
DROITE
Libéralisme
Nationalisme
Responsabilit
é individuelle
Initiative
privée
et
esprit national
Poincaré
De Gaulle
Pinay
Patrie
Rigueur
économique
et défense de
l’entreprise
CENTRE
Personnalism
e
Radicalisme
Justice social
Équilibre entre
les extrêmes
Robert
Schuman
Jean Monnet
Économie au
service de l’H
Problèmes…
• Historiquement faux : au 19ème droite/gauche
n’a pas de sens politique (topographie
parlementaire) = anachronisme
• Sociologiquement douteux : positions seraient
figées depuis la Révolution Française
• En fait les frontières et les positions bougent et
évoluent (PS s’est converti au capitalisme par
exemple, positions du RPR/UMP sur l’Europe)
Utilité et limites
• Cet axe permet aux citoyens d’identifier les
grandes familles politiques et idéologiques.
• Les électeurs se situent sur cette échelle ou par
rapport à elle : de droite, de gauche ou ni de droite
ou ni de gauche.
• Il ne fonctionne pas pour les électeurs du FN
• Chassé-croisés doctrinaux, électorats divisés sur
certaines questions de société
Un axe structurant?
• Oui dans la mesure où c’est en fonction de
cet axe que les alliances entre partis peuvent
s’effectuer
• Joue un rôle dans la structuration de la vie
politique française en définissant le
pensable et l’impensable politique
4 segments relativement étanches
Extrême
Gauche
L
O
L
C
R
Gauche
Plurielle
P P
T C
S
E
G
A
Extrême
Droite
Droite
V M P P U U C
E R S R D M P
R C
G F P N
T
T
S
C
N
I
R M F
P PF N
F
L’évolution des rapports de force
politiques (1ers tours des présidentielles)
1995
2002
Évolution
Extrême gauche 4,7%
10,44% +5,74%
Gauche plurielle 35,2%
32,45% -2,75%
Droite
44,1%
36,05% -8,05%
Extrême droite
15%
19,2%
+4,2%
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