Éco-fascisme
La grande crise de 2008-2018, plus connue comme la deuxième grande dépression, ainsi que
les grandes catastrophes écologiques qui démarrèrent dès 2014 eurent comme résultat essentiel de
propulser au pouvoir un peu partout en Occident des partis politiques populistes (fascistes, selon leur
détracteurs) de droite ou écologistes. Tous ces partis avaient en commun un leader charismatique qui
utilisait un langage simple et facile à comprendre, ainsi qu’une politique claire et sans atours, censée
apporter des solutions simples, directes et autoritaires aux problèmes qui devenaient tous les jours
plus évidents.
Alors qu’aux États-Unis, il fallut attendre les élections du mid-term de 2014 et les
présidentielles de 2016 pour voir arriver au pouvoir un Tea Party sensiblement teint de vert, c’est
surtout en Europe, avec la prise du pouvoir en France, au Royaume Uni, en Allemagne, en Italie et
dans la plus part des pays nordiques de coalitions dites vert-foncé, que ces mouvements
conservateurs purent mettre en place leur programmes.
Les mesures écologiques connurent un immense succès et assurèrent le remplacement
progressif des centrales nucléaires par des sources d’énergie renouvelables, surtout solaires et
éoliennes. Ces mesures créèrent un très grand nombre d’emplois et l’exemple européen fut
rapidement suivi par les pays d’Amérique du Nord et d’Amérique latine ainsi que par les pays
asiatiques, Japon et Chine en tête.
Cette révolution écologique fut un succès économique important et permit, grâce à de grands
travaux, d’atténuer les effets de la crise économique et de la dette. Ce succès permit aussi aux
gouvernements d’imposer des taxes et des mesures très restrictives pour limiter les émissions de gaz
à effet de serre, la pollution, la sur-utilisation des sols, de l’eau et des engrais. Une politique
d’austérité, alliée à un retour sur des frontières moins poreuses et même à un renvoi de nombreux
d’immigrés dans leurs pays, entérina une gestion très paternaliste des pays occidentaux. Les
populations plébiscitèrent dans leur grande majorité ces politiques en reconduisant la plupart de ces
partis ou coalitions pour de nouveaux mandats et pour l’obtention de plus de pouvoirs.
Petit à petit, cet autoritarisme poussa de plus en plus l’Union européenne et les États-Unis,
entièrement sous contrôle des partis populistes et verts, à réduire les droits démocratiques, prétextant
que l’individualisme des citoyens ne pouvait être en phase avec la résolution des problèmes
immenses auquel le monde devait faire face. C’est vrai que le réchauffement climatique causa des
sécheresses extrêmes et que l’augmentation du niveau des mers de près d’un mètre entre 2010 et
2020 entraîna une panique telle que les populations furent prêtes à tout céder, pourvu qu’on les
sauve.
Des théories eugénistes commencèrent à apparaître, expliquant que, pour réduire la
population globale, il fallait limiter les naissances (il fallut bientôt avoir un permis pour avoir un enfant,
et un système à points donnait la priorité aux personnes mentalement et physiquement plus douées
« afin d’éviter que toute cette masse de gens peu intelligents, obèses et inutiles de la fin du XXe siècle
ne se reproduise », pour reprendre les textes de loi de l’amendement Minc, ajoutés aux constitutions
de l’Europe et des États-Unis). Une solution dut être trouvée pour les gens trop malades et trop vieux
qui coûtaient trop cher au système et utilisaient des ressources de plus en plus rares. (On dépista
systématiquement les handicapés mentaux graves et autres trisomiques, qu’on euthanasia, les
personnes âgées furent bannies du système public de soins et de santé dès leur 60e année, et
l’euthanasie des grands malades fut rendue gratuite et immédiate, sauf ordre contraire de la famille.)
La population de la terre fut surtout réduite par des épidémies qui semblaient venir de nulle
part et toucher uniquement les populations les plus pauvres qui ne pouvaient s’offrir les vaccins qui,
immanquablement, étaient mis en vente et qui étaient, par un heureux hasard, toujours très efficaces.
Petit à petit, sans trop de famines ni de brutalité, et malgré la résistance éphémère de groupes rétifs à
ce nouvel ordre mondial, la population humaine diminua jusqu’à attendre 2 milliards d’habitants en
2050, nombre qui fut unanimement salué comme idéal pour une activité humaine soutenable et
pérenne.
Vers 2060, un Gouvernement mondial se mettait en place, et établissait son siège à Lhassa.
Cependant, les dérèglements du climat semblaient continuer malgré toutes les mesures. De
nombreux scientifiques démontrèrent que l’état de la science climatique du début du XXIe siècle était
trop primitive. Quelle arrogance de croire que l’homme pouvait changer le climat ! Quoi qu’il en soit, à
voir l’état de l’humanité en 2100, il était d’avis général que d’un mal peut sortir beaucoup de bien.
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