MedActuel DPC recommandé par : votre développement professionnel continu – vol. 14 no 4 26 mars 2014 Objectifs pédagogiques ◾ Reconnaître les apports significatifs du psychologue de la santé dans le contexte médical actuel. ◾ Distinguer la psychologie de la santé de la psychologie générale. ◾ Connaître les champs d'intervention spécifiques du psychologue de la santé pour mieux référer. Affiliations *Clinique Psychologie Santé, à Québec et CSSS-AlphonseDesjardins, site Hôtel-Dieu de Lévis. Les auteures ne déclarent aucun conflit d'intérêts lié à la rédaction de cet article. Conseil de rédac­tion et révi­sion scien­ti­fi­que Président du conseil Dr François Croteau Directeur médical du Groupe Santé, Québec, Rogers Média. Médecin de famille à la retraite, anciennement à l'Hôpi­tal Santa-Cabrini, Montréal; Ancien président du comité de DPC du Collège des médecins du Québec Dre Johanne Blais Membre du Conseil de FMC de la faculté de médecine de l’Université Laval; Responsable du Comité de FMC du dépt. de médecine familiale de l’Université Laval; Professeur titulaire de clinique, CHUQ, Hôpital Saint-François-d’Assise. Dr Roger Ladouceur Responsable du Plan d’autogestion de DPC, Collège des médecins du Québec; Professeur agrégé de clinique du dépt. de médecine familiale de l’Université de Montréal; Médecin de famille, Hôpital de Verdun du CSSS du Sud-OuestVerdun. Dre Francine Léger Médecin de famille; Professeur adjoint de clinique au département de médecine familiale de l’Université de Montréal; Service de périnatalité du CHUM. Dre Diane Poirier Médecin, M.Sc.; Chef du service des soins intensifs au CSSS Richelieu-Yamaska; Professeur d’enseignement clinique au CHUS; Membre du comité de formation continue de Médecins francophones du Canada Soigner en équipe La psychologie de la santé : une alliée essentielle pour l’équipe médicale par Séverine Hervouet, Ph. D.*, et Evelyne Trahan, D. Psy.*, psychologues de la santé Avec le vieillissement de la population, l’incidence des maladies chroniques augmente et la prise en charge médicale se complexifie et s’alourdit. En parallèle, le message envoyé par la société est que la santé nous appartient et que nous avons le pouvoir d’influer sur elle en modifiant nos habitudes de vie. Lorsqu’une visite médicale se conclut par la remise d’une ordonnance de bêtabloquants et la recommandation d’augmenter le niveau d’activité physique, il y a de fortes chances que seule la médication soit prise en considération par le patient, étant donné les efforts requis pour suivre la recommandation. C’est ici que la psychologie entre en jeu. E n 2002, l’Organisation mondiale de la santé a fait savoir que parmi les 10 maladies répertoriées comme étant les plus dommageables, au moins six pouvaient être prévenues ou traitées en partie grâce à des interventions psychologiques1. Pensons simplement aux maladies cardiovasculaires, à l’hypertension, au diabète et à l’obésité. C’est dans ce contexte que s’inscrit la pertinence des interventions offertes par des psychologues de la santé, d’une manière de traiter qui dépasse la santé mentale et intègre la santé physique. La psychologie de la santé est un secteur qui s’inscrit dans une perspective biopsychosociale, c’est-àdire qu’elle considère l’humain comme un tout : ses émotions, ses pensées et ses attitudes, son environnement et ses habitudes de vie qui peuvent affecter sa santé physique, et inversement. Elle s’intéresse à la prévention, à la promotion et au maintien de la santé globale2. L’Association américaine de psychologie la reconnaît, en lui consacrant une division à part entière (Health Psychology - Division 38 de l’American Psychological Association). Des publications récentes ont révélé l’importance des interventions psychologiques non seulement dans la prévention des maladies mais également dans la réduction des taux de mortalité3-5, des temps d’hospitalisation, de l’observance du traitement, des délais dans le retour au travail à la suite d’une convalescence, et du bien-être émotionnel. Le champ d’exercice du psychologue de la santé est vaste et se distingue de la psychologie générale par son lien étroit avec la santé physique (tableau I). Lui est adressée toute demande qui concerne l’individu souffrant d’un problème de santé, susceptible de présenter des facteurs psychologiques pouvant influer soit sur la gestion des symptômes physiques ou des effets 16 – L’actualité médicale – 26 mars 2014 – www.ProfessionSante.ca Tableau I Distinctions entre la psychologie de la santé et la psychologie générale Psychologie de la santé Psychologie générale Clientèle cible Population qui présente une problématique de santé Population générale physique ou à risque d’en présenter une Composante de la santé Physique et mentaleMentale Modèle théorique Biopsychosocial Psychiatrique Cible thérapeutique > Amélioration des facteurs psychologiques liés à > Réduction de la détresse générale l’état de santé psychologique > Acquisition de saines habitudes de vie > Augmentation du fonctionnement général ParticularitéCollaboration étroite avec l’équipe traitante Tableau II Champs d’intervention du psychologue de la santé Champs d’intervention Problème psychologique secondaire à un trouble physique Symptômes somatiques d’un trouble psychologique Symptômes physiques répondant à une intervention psychologique Complications somatiques associées à des facteurs comportementaux Trouble psychophysiologique Préparation à une intervention médicale Facteurs de risque comportementaux Exemples >Dépression post-infarctus >Anxiété face à la récidive d’un cancer >Douleur thoracique lors d’une attaque de panique >Trouble de somatisation >Douleur chronique >Nausée anticipative > Problème d’observance du traitement >Ostéoporose associée à la sédentarité >Migraine >Insomnie >Chirurgie > Prélèvement sanguin/injection >Tabagisme >Obésité Tableau III Matrice d’analyse biopsychosociale ComposantesFacteurs prédisposants précipitants Biologique × × Émotionnelle × × Cognitive × × Comportementale × × Environnementale × × secondaires associés à la maladie ou aux traitements, l’évolution de la maladie, l’observance et la réponse aux traitements, soit sur l’adaptation psychologique à proprement parler. Par ailleurs, le psychologue de la santé intervient aussi en réadaptation, dans des programmes de cessation tabagique, ou en prévention des maladies cardiovasculaires, entre autres domaines. Les médecins référents peuvent être issus de la première ligne (médecine familiale), des milieux hospitaliers et des différentes spécialités médicales (cardiologie, hémato-oncologie, médecine interne, physiatrie, etc.). Tout changement associé aux grandes étapes de vie, depuis la naissance (p. ex., périnatalité) jusqu’à la fin de vie (p. ex., soins palliatifs) peut faire l’objet d’interventions spécifiques de la part du psychologue de la santé. Il importe de souligner que son rôle va au-delà du patient, c’est-àdire qu’il peut être appelé à interve- de maintien × × × × × protecteurs × × × × × le travail du psychologue de la santé est étroitement lié au plan de traitement médical. nir non seulement auprès des membres de la famille et des proches, mais aussi auprès des intervenants de l’équipe traitante à titre de consultant et de personneressource. De fait, le travail du psychologue de la santé est étroitement lié au plan de traitement médical, et des communications fréquentes sont à privilégier afin d’arrimer les objectifs thérapeutiques poursuivis aux besoins de chaque patient. Concrètement, la prise en charge par le psychologue de la santé nécessite au préalable une évaluation biopsychosociale rigoureuse afin de mettre en perspective les facteurs psychologiques prédisposants et précipitants relatifs au problème de santé d’une part; toutefois, le clinicien s’attardera particulièrement aux facteurs qui tendent à maintenir les difficultés de la personne. D’autre part, les facteurs biopsychosociaux de protection, à savoir les forces, les capacités de résilience et les qualités personnelles de cette dernière, seront mis de l’avant puisque c’est sur eux que le clinicien s’appuiera en psychothérapie pour favoriser une meilleure adaptation psychologique (tableau III). Telles que mentionnées ci-haut, les interventions psychologiques sont variées, spécifiques, et reposent sur des approches basées sur des données probantes. Historiquement, l’émergence de la psychologie de la santé a été influencée par des courants forts du 20e siècle, comme la médecine psychosomatique, la médecine comportementale et l’approche psychodynamique. Actuellement, les recherches dans le domaine font consensus et viennent appuyer les interventions cognitives-comportementales traditionnelles et celles dites « de troisième vague », qui incluent la méditation favorisant la pleine conscience et l’acceptation. D’autres moyens ciblés tels que l’entrevue motivationnelle peuvent également faire partie de l’éventail des interventions psychologiques surtout dans un contexte de résistance du patient devant un traitement médical proposé ou un changement d’habitude de vie à adopter. Le domaine de la psychologie de la santé a émergé aux États-Unis et tend à se développer au Canada ces dernières années. En termes de formation universitaire, une nouvelle concentration en psychologie clinique de la santé vient de voir le jour cet automne au Québec, plus spécifiquement à Québec (Programme doctoral de l’École de psychologie de l’Université Laval). La place de la psychologie de la santé ainsi soutenue par le milieu universitaire représente un atout important pour sa reconnaissance aux yeux de tous, pour son intégration dans nos établissements de soins de santé et pour faciliter le Téléphone : 450-973-2228 développement de cliniques spécialisées. Cette discipline n’en est plus à ses balbutiements, la collaboration du psychologue de la santé avec les équipes médicales traitantes s’avérant désormais nécessaire pour assurer à la fois le bienêtre du patient et une meilleure planification du plan de traitement par le médecin. < Références 1.World Health Organization (2002). The World Health Report 2002: Reducing Risks, promoting Healthy Lifestyles. Geneva. World Health Organization. 2.Matarazzo, JD. (1982). Behavioural Health’s Challenge to Academic, Scientific and Professional Psychology. American Psychology, 37, 1-14. 3.Arnett JL (2001). Clinical and Health Psychology: Future Directions. Canadian Psychology, 42, 38-48. 4.Arnett, JL, Nicholson IR, Breault, L. (2004). Psychology’s Role in Health in Canada: Reaction to Romanow and Marchildon. Canadian Psychology, 45, 228-32. 5.Kaplan, R. (2009). Health Psychology: Where we are and where do we go from here. Mens Sana Monograph, 7, 3-9. www.cqmf.qc.ca Développer, valoriser et promouvoir l’excellence en médecine de famille Lésions musculo-squelettiques et gestion de l’invalidité L’INTERprofessionalisme au premier plan ! Développée par une équipe d’experts, composée de médecins de famille, de médecins spécialistes en musculo-squelettique et en douleur chronique, d’un physiothérapeute et d’une ergothérapeute, cette activité vise à améliorer la collaboration entre les professionnels de la santé et la qualité des soins prodigués aux patients. Une formation centrée sur le patient Dominique Deschênes, Anne-Patricia Prévost, M.D., CCMF M.D., CCMF Présidente du CQMF Vice-présidente au développement professionnel continu Une formation adaptée à la pratique Les 29 et 30 mai prochain, le Collège québécois des médecins de famille (CQMF) en collaboration avec le Groupe Santé Caméléo vous propose une activité inédite de développement INTERprofessionnel continu : Lésions musculo-squelettiques et gestion de l’invalidité. La collaboration INTERprofessionnelle est en effet omniprésente dans notre pratique courante en GMF, en UMF et en centre hospitalier. Le travail d’équipe devient essentiel pour favoriser l’atteinte d’objectifs reliés à l’effcacité de la prise en charge des patients, et par le fait même, à l’amélioration de leur qualité de vie, particulièrement chez les patients atteints de maladies chroniques. Tout au long de cette formation, vous suivrez le parcours complet d’un patient avec une douleur musculo-squelettique. Ce même patient : • que vous rencontrez en douleur aiguë à votre bureau ou au sans rendez-vous ; • chez qui vous dépistez des facteurs de risque de chronicité; • que vous examinez et qui vous rapporte des formulaires à remplir; • que vous revoyez dans votre bureau pour défnir un plan de traitement; • que vous référez aux autres professionnels de la santé; • celui qui vous expose ses craintes, ses inquiétudes et dont les douleurs se chronicisent. Dans le cadre de ce congrès vous apprendrez, sous forme d’ateliers pratiques et de tables rondes, à répondre aux questions de votre patient, à le rassurer, à le motiver et à l’aider à surmonter ses défciences et ses incapacités afn de réduire son handicap. Collaboration, communication et travail d’équipe sont au rendez-vous! Une activité accréditée qui répond à vos besoins. Inscrivez-vous ! www.ProfessionSante.ca – 26 mars 2014 – L’actualité médicale – 17