Articulation clinique : crise d`angoisse, obsession, crise d`isolement

Articulation clinique : crise d'angoisse, obsession, crise d'isolement, anxiété chronique
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Articulation clinique : crise
d'angoisse, obsession, crise
d'isolement, anxiété chronique
- CLINIQUE DE LA RELATION DE L'UN À L'AUTRE
-
Publication date: dimanche 7 mars 2004
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Articulation clinique : crise d'angoisse, obsession, crise d'isolement, anxiété chronique
Introduction
Un des premiers équilibres psychiques développé par l'être humain est celui du nichage dans le cadre de la dyade
mère-enfant. Un nourrisson et sa mère se synchronisent pour élaborer un « nid », un repaire commun. Cela
nécessite la création d'un territoire propre, avec élimination de toute altération de l'intimité possible. Cela nécessite
aussi l'élaboration d'une capacité d'alerte commune, réagissant envers tout risque d'intrusion extérieure.
Il ne faut pas voir le nourrisson comme un être passif en compagnie d'une mère qui serait, seule, active. C'est une
construction commune. Chacun cherche à entraîner l'autre à développer et à utiliser ce pôle psychique. Chacun des
partenaires peut montrer le plaisir qu'il a dans l'élaboration active d'un territoire propre, la jouissance de cette intimité
et de son maintien.
Les capacités d'alerte extérieures, elles, se fondent sur l'établissement des capacités d'attention conjointe : une
mère se détourne vers une source de perturbation, une sensation soudaine, par exemple une lumière qui s'allume ;
le nourrisson tourne ses yeux vers cette lumière presqu'en même temps qu'elle, de façon réflexe. Mais, l'inverse se
construit aussi : le nourrisson détourne sa tête vers la source d'un bruit qui apparaît et sa mère prête l'oreille, en
même temps, de façon quasi automatique.
Il y a donc élaboration d'un territoire intime et d'une réaction d'alerte, dans un psychisme commun entre l'un et
l'autre. Ce psychisme se met en place dans les premiers mois de la vie [1]. Remarquons toutefois une différence :
le nichage isolant est pré-conscient, duel, car l'enfant et sa mère font le « ménage » pour arriver à isoler un
territoire propre, dans un effort de bonne tenue à deux ;
l'attention conjointe est consciente, ternaire, avec le couple mère-enfant et l'intervention en position tierce d'une
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source extérieure perturbatrice ; c'est une réaction.
Le premier est une action tournée vers l'intérieur, l'intime ; le second est une réaction qui reste dépendante de
l'extérieur.
L'équilibre psychique se construira entre :
une action commune duelle, à deux éléments, tournée vers « l'intérieur » de la dyade mère-enfant,
une réaction commune ternaire, à trois éléments, tournée vers l'« extérieur » du couple.
action commune duelle / réaction commune ternaire
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Un attachement fort à l'autre va naître de ce type de relation. Le développement du nichage est un élément essentiel
de la construction psychique, où se forme l'enfant. Cet attachement va être, plus ou moins, harmonieux, en fonction
de l'équilibre réalisé entre les deux côtés opposés de cette relation. Un trouble du développement peut se construire,
si la dysharmonie fonctionnelle est trop grande : un pôle prédomine tellement qu'il ne va pas laisser son opposé se
développer suffisamment
Plus tard, cette relation de nichage va être une composante forte des relations d'attachement à l'autre. C'est une
relation que construit une personne avec un substitut maternel, ou avec un enfant, ou avec un équivalent d'enfant.
Cette relation est en dehors des relations sexuées. Il va chercher à « vivre ensemble » avec un autre protecteur,
ou avec un autre à protéger. Il va utiliser, pour cela, un territoire commun, une intimité propre, qui peut d'ailleurs
prendre un degré d'abstraction parfois élevé. Des amitiés puissantes peuvent ainsi s'établir, sur un territoire aussi
raffiné que la musique, ou la littérature, ou dans des relations d'apprentissage sophistiquées.
On peut noter, dans le développement ultérieur du psychisme d'une personne adulte, un trouble à ce niveau. Il y a
une dysharmonie patente de fonctionnement. Il est donc intéressant de se pencher, avec lui, sur les réussites et les
difficultés de fonctionnement de ce registre dyadique. Ce trouble va apparaître comme trouble « transférentiel »,
trouble qui vient perturber la relation sexuée adulte habituelle, celle qu'il entretient avec son partenaire sexué
préféré.
Au lieu d'un intérêt sexué à l'autre qui apparaît ou se maintient, c'est une relation d'attachement, de protection contre
l'extérieur perturbateur et de nichage, qui s'établit. Elle se crée d'emblée, ou elle va, progressivement, prédominer
sur la relation sexuée, au point d'évincer celle-ci. De plus, cet attachement va prendre un aspect plus ou moins
harmonieux, selon l'équilibre réalisé entre les deux côtés de ce type de relation de nichage. Rappelons-en le point
essentiel : il ne s'agit pas du comportement d'une personne, mais du fonctionnement d'une dyade. Il y a toujours «
complicité » du partenaire de la dyade. Celui-ci joue le jeu dans une relation de maîtrise réciproque.
Ce n'est qu'en considérant le fonctionnement d'ensemble d'une dyade, que l'on peut en comprendre la jouissance
particulière. On peut aussi en comprendre les blocages malheureux et les dysharmonies fonctionnelles sévères,
avec apparition, plus ou moins rapide, de souffrances particulières appelées, traditionnellement, des symptômes.
Ceux-ci peuvent entraîner des moyens de défense de la dyade. Il s'agit de contrer le risque d'émergence de ces
symptômes.
Différents symptômes caractéristiques, et divers moyens de défense particuliers contre l'apparition de ces
symptômes, vont, en effet, pouvoir se remarquer. Pour en établir la clinique, nous allons parcourir succinctement et
logiquement, deux grands tableaux complémentaires. Nous sommes, en effet, dans une démarche clinique qui se
veut à l'opposée des collections pragmatiques, si répandues actuellement, mais qui en restent à la collection de
groupement de signes, sans intelligibilité de ces groupements.
Nous ne parlerons pas, ici, des causes d'apparition des éléments cliniques. Ces causes sont, à la fois, de
circonstance et, à la fois, de fond. Le champ psychique supporte mal, en effet, les blocages continus. Il se débloque
souvent de travers, dans le surgissement de symptômes douloureux. Si une fonction psychique est refoulée, au bout
d'un temps variable, cette fonction resurgit de façon calamiteuse dans un symptôme. Celui-ci sera douloureux, car
la rééquilibration psychique est forcée, subie involontairement. Un essai de contrebalancer ces apparitions pénibles
de symptômes, peut apparaître, plus ou moins rapidement, sous la forme de moyens de défense.
Symptômes / moyens de défense
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Nous allons décrire deux grands tableaux cliniques de ces troubles fonctionnels dyadiques :
1er tableau clinique : crises d'angoisse / obsessions intimistes
2e tableau clinique : fuites dans l'intime / anxiété de fond
Premier tableau clinique :
crises d'angoisse / obsessions intimistes
Les crises d'alerte anxieuse (crises d'angoisse)
Après une période de déficit de réactivité commune envers l'extérieur, apparaît, chez quelqu'un, une recherche aiguë
d'angoisser son partenaire à propos d'éléments extérieurs incertains. Il s'agit de les rechercher vivement et ce, de
façon d'autant plus pressante, qu'ils sont moins évidents. Une vigilance majeure et diffuse envers une intrusion
supputée, mais peu fixée, qualifie donc au mieux le symptôme d'alerte anxieuse, avec tous les signes physiques
d'une alerte maximale. C'est une alerte cognitive et non une peur émotive. Pour clarifier le vocabulaire, nous
réservons le terme de « peur » aux attaques de panique, qui relèvent de la psychose affective.
Pour arriver à mobiliser d'urgence son partenaire, une personne manifeste une alerte impressionnante. Elle devra
être d'autant plus impressionnante, que l'autre aura du mal de réagir et restera de glace. Il ne faut donc pas oublier
cet élément dyadique, si l'on veut comprendre la réaction de crise anxieuse d'une personne, en dehors de toute
menace réelle ou facilement compréhensible par l'autre. Il y a l'anxieux, en proie à son symptôme d'une pénibilité
souvent extrême, et il y a sa « victime », où l'on reconnaît le partenaire dyadique, qui y est entraîné de façon plus
ou moins complaisante.
Si celui-ci manque, il peut y avoir une recherche d'une « victime de secours » dans l'entourage immédiat de
l'anxieux, ou chez la personne appelée à l'aide, ou chez le soignant sommé de partager et de comprendre cette
irruption symptomatique et de prendre des mesures à la hauteur de l'événement, sous peine de disqualification.
Beaucoup d'anxieux en crise sont envoyé aux urgences par leur médecin généraliste, qui se retrouve suffisamment
affolé par l'intensité de la crise.
Les moyens de défense contre l'alerte anxieuse : les
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