4• Septembre - Octobre 2010 n°30
1. Retrait des missiles, des
propositions insatisfaisantes pour
Taipei
Ma t h i e u Du c h â t e l
So u r c e S :
- Su Chi1, « Taïwan doit faire face à un nouvel
environnement de sécurité », Lianhebao,
24 septembre 2010.
- Wang Chih-peng2, « Analyse stratégique
d’un retrait des missiles chinois », Ziyou
shibao, 4 octobre 2010.
- Chao Chun-shan3, « Les risques d’un retrait
1 Su Chi est aujourd’hui professeur au centre de
recherche sur la Chine continentale de l’université
Tamkang. Sa carrière politique l’a conduit à occuper
des postes à haute responsabilité, ministre des
Affaires continentales sous Lee Teng-hui, député
du Kuomintang et, plus récemment, directeur du
Conseil pour la sécurité nationale de Ma Ying-jeou,
l’instance qui conçoit, pour la présidence, la politique
de sécurité extérieure de Taïwan, et coordonne son
application. Il en a démissionné début 2010 pour
des raisons personnelles. Su Chi est par ailleurs
l’inventeur du « consensus de 1992 », qui a servi de
fondement rhétorique à la reprise du dialogue entre
les deux rives après l’élection de Ma Ying-jeou.
2 Wang Chih-peng est chercheur à l’Association
de gestion des affaires stratégiques et de défense, un
think-tank privé taïwanais.
3 Chao Chun-shan est professeur au centre de
recherche sur la Chine continentale de l’université
Tamkang.
des missiles : Ne détruisons pas le grand
équilibre des relations entre les deux rives »,
Lianhebao, 10 août 2010.
Ces derniers mois, la Chine a multiplié les
propositions pour offrir à Taipei des garanties
quant à la sécurité de l’île. En juillet 2010, lors
d’une conférence au centre de recherche
sur Taïwan de l’université de Xiamen, pour la
première fois, des experts chinois proposent
à leurs collègues taïwanais une liste précise
de mesures de conance, composée de 43
articles. Pour l’anniversaire de la fondation
de l’Armée populaire de libération (APL), le 1e
août, à Pékin, le porte-parole du ministère de
la Défense, le général Geng Yansheng, évoque
un retrait des missiles chinois de courte portée,
dont le nombre est aujourd’hui estimé par le
département de la Défense des États-Unis à
près de 1 150. La déclaration du général Geng
remet en avant la proposition traditionnelle de
l’armée chinoise consistant à « échanger » un
retrait des missiles contre la reconnaissance,
par Taipei, du principe d’une seule Chine. Le
22 septembre, le Premier ministre Wen Jiabao
va, en apparence, plus loin. Il estime, sans
faire référence au principe d’une seule Chine,
que le « retrait des missiles disposés contre
Taïwan est un développement inévitable, qui
nira par se produire ». Cet article, à partir
d’analyses de chercheurs très proches du
gouvernement Kuomintang (KMT) – Su Chi
est l’un des principaux conseillers de Ma Ying-
jeou pour les relations entre les deux rives,
Chao Chun-shan met en œuvre un aspect
de la diplomatie de second track à l’égard de
la Chine – explique la stratégie d’évitement
de Taipei sur les mesures de conance et le
retrait des missiles. D’une part, Ma Ying-jeou
ne cesse d’exiger un retrait des missiles.
De l’autre, les propositions chinoises sont
perçues, à Taipei, comme un puissant levier
pour forcer l’île à des concessions politiques.
Wang Chih-peng, plus critique, souligne
l’ambigüité générale du gouvernement KMT
sur les dossiers militaires.