F. Lomeña
M
édecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2006 - vol.30 - n°11
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INTRODUCTION
ÖSi la tomographie par émission de
positions (TEP) est passée du do-
maine de la recherche biomédicale à
celui de l’utilisation clinique, c’est
grâce au 18F-Fluorodésoxyglucose
(FDG). Ce traceur a permis de réunir
suffisamment de preuves pour que
la communauté scientifique recon-
naisse le rapport coût/efficacité et
l’impact clinique des explorations par
TEP/TDM dans le diagnostic d’exten-
sion, l’évaluation de la réponse à la
thérapie, le diagnostic de la localisa-
tion et la redéfinition du stade des
récidives de divers processus néopla-
siques malins.
Tandis que la TEP au FDG faisait ses
débuts dans la pratique clinique
oncologique, la tomodensitométrie
(TDM) était déjà bien établie ; on la
considérait comme l’exploration pro-
posant le meilleur rendement dans
le diagnostic initial et le suivi évolu-
tif de la plupart des tumeurs malignes.
Aujourd’hui, il reste vrai que la grande
majorité des patients sont soumis à
une TDM avant d’être explorés par TEP.
De fait, la TEP-FDG reste très souvent
prescrite aux patients oncologiques
lorsque la TDM est négative ou que
ses résultats ne sont pas concluants.
Au fil des expériences acquises en
TEP-FDG, on a également découvert
que cette technique présentait quel-
ques inconvénients. Le contraste
élevé entre la captation intense de
FDG par la tumeur et la faible capta-
tion des tissus sains environnants
gêne assez souvent la localisation
exacte de la tumeur et de ses limites
anatomiques. D’autre part, du fait de
sa ressemblance avec le glucose, le
FDG s’avère être un traceur univer-
sel, consommé en plus ou moins
grande partie par les cellules de tous
les tissus des mammifères. La capta-
tion normale de FDG dans les diffé-
rents tissus et organes, due à leur
consommation métabolique d’hydra-
tes de carbone, peut être exagérée
dans certaines conditions physiolo-
giques et produire des faux positifs
ou conduire à de mauvaises interpré-
tations des images de TEP-FDG.
Ces inconvénients ont été dépassés
en grande partie grâce aux méthodes
de fusion TEP/TDM et, plus particu-
lièrement, à l’apparition des
tomographes hybrides TEP/TDM. Les
tomographes TEP/TDM alignés et in-
tégrés dans un même portique per-
mettent d’acquérir successivement et
très rapidement une étude de trans-
mission TDM et une étude d’émission
TEP, pour obtenir des images fusion-
nées de TEP et de TDM. La TDM per-
met de savoir quelles sont les struc-
tures anatomiques qui présentent
une captation de FDG et de définir
les limites anatomiques des lésions
qui captent le FDG.
Toutefois, la situation n’a pas réelle-
ment évolué jusqu’à l’apparition des
tomographes TEP/TDM de haute ré-
solution, équipés de systèmes de
TDM multicoupe à 4, 16 ou 64 cou-
ronnes. Il ne s’agit plus d’utiliser la
TDM pour corriger l’atténuation et
faciliter l’interprétation de la TEP. Avec
ces nouveaux tomographes, il faut
mettre en œuvre la méthodologie
nécessaire pour obtenir le maximum
de rendement des deux techniques
séparément, puis pour intégrer les
résultats obtenus. La TDM doit être
réalisée à des fins diagnostiques en
utilisant un produit de contraste oral
et, si cela est indiqué, des protocoles
multiphases après administration
d’un produit de contraste intravei-
neux. Ainsi, la TEP/TDM, parce qu’elle
offre une meilleure exactitude dia-
gnostique que la TDM et la TEP utili-
sées séparément, pourrait un jour rem-
placer la TDM dans les arbres de dia-
gnostic et de suivi établis dans les
guides cliniques oncologiques. Pour
illustrer clairement le fait qu’il est
possible d’exploiter au mieux le suc-
cès de ces deux techniques, on a ré-
cemment publié d’excellentes ima-
ges de fusion de TEP et de colonos-
copie virtuelle par TDM [1].
Dans cet article, nous ne ferons pas
référence aux aspects méthodologi-
ques, ni à l’application clinique de la
TEP/TDM, qui ont déjà été abordés
lors de la réunion franco-espagnole
de médecine nucléaire organisée en
2004 à Toulouse [2] et qui seront dé-
crits par d’autres auteurs dans ce
même numéro. Notre présentation
portera plutôt sur les implications de
la TEP/TDM dans l’exploration de
l’abdomen et du pelvis chez le ma-
lade oncologique. Pour mieux con-
naître les aspects méthodologiques
et les questions soulevées par l’ap-
plication clinique de la TEP/TDM,
nous recommandons la lecture du
supplément monographique du Jour-
nal of Nuclear Medicine [3] et des
remarquables articles de J.M. Martí et
al. [4] et de G.K. von Schulthess et al.
[5].
LA TEP/TDM DE L’ABDOMEN
ET DU PELVIS NORMAUX
ÖComme nous l’avons déjà indiqué,
l’interprétation des études TEP peut
être gênée par la captation physiolo-
gique du FDG qui, dans l’abdomen
et le pelvis, se distribue essentielle-
ment dans le foie, la rate, le système
intestinal et le système urinaire. Dans
certaines phases du cycle menstruel,
il peut apparaître une captation de
FDG dans les organes reproductifs
féminins. Dans certains cas, on peut
aussi observer une captation non pa-
thologique dans le tissu adipeux
infradiaphragmatique. La TEP/TDM in-
dique où le FDG est capté, ce qui fa-
cilite l’interprétation de la captation,
physiologique ou pathologique [6,7,
8].
Captation hépatique
et splénique
ÖLa captation hépatique et splénique
normale du FDG est diffuse et homo-
gène et ne pose généralement aucun
problème d’interprétation. Toutefois,
avec les tomographes TEP/TDM, les
images TEP du foie et de la rate après
correction de l’atténuation peuvent
présenter des artéfacts côté
diaphragme. Il s’agit d’une bande
froide, légèrement convexe vers le
thorax, située à la limite supérieure
des deux viscères et qui peut gêner
l’interprétation des lésions se trou-
vant dans cette zone et dans la base
pulmonaire [9]. Elle apparaît de façon