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Je t’accueille : Qui es-tu ?
Comment accueillir, maintenir et promouvoir la dignité de la personne en état végétatif chronique ?
La spécificité qui semble la plus marquante est l’absence d’accès à la conscience : incapacité du
patient à communiquer et donc à exprimer son ressenti sur les soins reçus. L’intention du soignant
est-elle légitime pour pallier cette incapacité ?
Il restera toujours un espace inaccessible quant au vécu des personnes dans l’incapacité de
communiquer verbalement. Les interprétations des signes rassurent les professionnels car elles
donnent une réponse partielle aux différentes questions qu’ils se posent. Qu’elles soient justes ou
non, fondées ou pas, réelles ou imaginaires, elles existent et constituent une relation d’altérité même
hésitante. Sans nier l’importance de la nécessité de l’objectivation dans la relation soignante en
général, il s’agit dans cette situation particulière d’accueillir aussi la part de subjectivité humaine
que les professionnels expriment.
Comment faire pour « bien faire » ? La question éthique se pose aux soignants.
Il est nécessaire de rassurer les soignants qui prennent le risque de se tromper dans leur
interprétation, quand ils s’appuient sur une dynamique de travail pluridisciplinaire, visant à la
pertinence de la prise en charge toujours en devenir.
Mais il est aussi nécessaire de travailler à accepter l’idée que, ce que le soignant pense être bon
puisse ne pas être vécu comme tel par le patient.
« Qui es-tu ? Tu es qui je regarde. »
Je doute et me questionne : Qu’attends-tu de moi ?
Le doute et le questionnement ponctuent les réflexions du soin au quotidien, et plus généralement
dans la société, dans la place qu’elle fait à des valeurs comme la dignité, le respect et la solidarité.
Dans le soin auprès des personnes en état végétatif chronique, il s’agit pour chaque professionnel de
se confronter à la solitude d’un geste impliquant plus qu’ailleurs sa responsabilité et en même
temps le doute, car la personne soignée ne peut pas répondre. On peut distinguer un double
questionnement qui alimente ce doute permanent : d’une part une interrogation relative à la quantité
de soins donnés à la personne « En fait-on assez ? – N’en fait-on pas trop ? », D’autre part une
question quant à la qualité des soins prodigués « Est-ce que je fais bien ? Est-ce qu’il apprécie le
soin ? Est-ce un soin dont il a réellement envie ? Est-ce que ce soin lui fait du bien ? »
Toutefois la capacité de certains patients à pouvoir mettre en place une communication, aussi
infime soit-elle, modifie la posture soignante. Cela peut encourager l’équipe à adopter une attitude
positive constructive plutôt que de considérer le patient uniquement en termes de déficience.
La place prise – ou non - par la famille et l’entourage peut aussi questionner. Si la famille est
présente elle est un acteur incontournable dans le prendre soin, mais doit-on pour autant lui