Cettefichedidactique,àjourenjuin2012,présentevolontairementuncaractèresuccinct.Pouruneinformationpluscomplète,ilestconseillé
deconsulterledossierquiestpubliéparl’Institutetlibrementdisponiblesurlesitewww.ieb‐eib.orgsouslarubrique«Dossiers».
II–APPRÉCIATIONCRITIQUE
L’étatvégétatifposedesquestionséthiques,
quisurgissentsouventdansuncontexteémotion‐
nellementdouloureuxetdélicatpourceuxquiy
sontconfrontés.
1.Lepatientenétatvégétatif
est‐iltoujoursenvie?
Dufaitqueletauxd’activitécérébraledupa‐
tientenétatvégétatifneluipermetpasd’être
conscient,certainsdéduisentqu’ildoitêtreconsi‐
dérécommemortet,àcetitre,nedoitplusêtre
prisenchargeparlamédecine.Cepointdevue
procèded’uneregrettableconfusionentredeux
étatsfondamentalementdifférents,l’étatvégéta‐
tifetl’étatdemortcérébrale.Ilseraitincohérent
d’admettrequeleseulcritèred’absenced’activité
cérébralesuffiseàfonderledécèsencasd’état
végétatif,alorsquelamortcérébralerequiertelle‐
mêmeencomplémentleconstatd’unensemble
desymptômes.Enfin,commentconsidérerlespa‐
tientsenétatvégétatifcommemortalorsquecer‐
tainsévoluent,aufildutemps,versunétatde
conscienceminimalevoireunetotalerécupéra‐
tion?
2.Lepatientenétatvégétatif
est‐ilun«légume»?
Certainsestimentquelepatientenétatvégéta‐
tif,s’ilestbeletbienunêtrevivant,n’estplusà
considérercommeunêtrehumainouuneper‐
sonne,encequ’ilseraitprivédeconsciencedesoi,
del’aptitudeàmobilisersaraisonetdelafaculté
decommunication.
Définirl’humanitéparcesopérationsrevientà
considérerquelespersonnessontplusoumoins
humainesselonleurcapacitéàexercercertaines
aptitudesoufacultés.Danscettelogique,lesper‐
sonnesplusdouéesseraientplushumainesque
lesautres,réalisantdefaçonplusperformante
lesopérationsdepenser,vouloiroucommuni‐
quer.Unmuetserait‐ildoncmoinshumainqu’une
personneayantlafacultédeparler?Pareilleap‐
proche,quidéfinitlapersonnesurlabasedece
qu’ellefait(ounepeutpasfaire),estinconciliable
avecleprincipedeladignitéhumaineetouvrela
porteàl’arbitraireetàl’injustice.
Sil’onadmet,enrevanche,quelapersonnese
définitparcequ’elleest,onreconnaîtalorsàtout
êtrehumain,ayantuneexistencesingulière
commemembredel’espècehumaine,unevérita‐
bledignitépropre,quiluivautd’ailleursd’être
appelé«personne».Ainsi,mêmelepatienten
étatvégétatif,quisetrouvecertesdansunétatde
fragilitéetdépendancecomplète,resteunêtre
humainetunepersonneàpartentière.
3.Faut‐ilnourrirlespatients
enétatvégétatif?
L’administrationd’eauetdenourriture,qui
n’estpasuntraitementmédicalmaisuneréponse
àunbesoindebasedetoutepersonne,estéthi‐
quementdueaussilongtempsqu’elleatteintsa
finalitépropre,cequisupposequelesnutriments
puissentêtreassimiléscorrectement.S’enabste‐
nirreviendraitàposerunacted’euthanasiepar
omissiondesoinsdebase.
Danscertainescirconstancesexceptionnelles
toutefois,l’onestendroitdedérogeràcetteexi‐
genceéthique,notammentlorsquel’administra‐
tiond’eauetdenourritureestdevenueinutile(le
patientneparvientplusàlesassimiler),excessive‐
mentpénible(complicationsliéesàl’emploid’ins‐
truments),ouencoreimpossible(manquedenu‐
trimentsdansdesrégionspauvres).