Le sommeil : un levier d`amélioration du bien

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Le sommeil : un levier
d’amélioration du bien‑être des
employés et de la performance
de l’entreprise
Résumé
Ce projet est une initiative du
Réalisé avec la collaboration du
Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations
Rendu possible grâce à l’appui de
Desjardins Assurances désigne Desjardins Sécurité financière, compagnie d'assurance vie.
INTRODUCTION
Dans l’environnement actuel, de plus en plus compétitif pour les entreprises, il est normal que celles-ci
soient à l’affût de toutes les sources potentielles d’amélioration de leur efficience. L’amélioration de la
santé au travail fait maintenant partie des stratégies des entreprises innovantes. Or, le sommeil
constitue une problématique chez les travailleurs et il est intéressant de mieux comprendre l’impact de
cet enjeu, de connaître les interventions en entreprise pour améliorer le sommeil et d’en évaluer les
résultats.
L’ensemble de l’exercice a fait l’objet d’une veille internationale sur les données probantes, les
meilleures pratiques et les initiatives prometteuses. Le projet porte sur le sommeil de la majorité des
travailleurs. Cependant, il existe une problématique spécifique pour les travailleurs de nuit qui ne sera
pas abordée dans ce document.
Nous avons structuré le document en 4 parties :
1. La définition des troubles du sommeil, afin de bien circonscrire le phénomène et avoir une définition
uniforme;
2. L’épidémiologie des troubles du sommeil, afin de connaître l’ampleur du problème et sa prévalence
chez les travailleurs;
3. Les déterminants des troubles du sommeil, afin de comprendre et connaître les facteurs sousjacents;
4. Les impacts des troubles du sommeil, afin d’estimer les coûts pour la société et l’entreprise.
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PREMIÈRE PARTIE –
Définition des troubles du sommeil
L’objectif de cette section est de décrire la fonction du sommeil et son rôle dans la physiologie
humaine, pour ensuite définir les troubles du sommeil.
Le sommeil est reconnu comme étant une fonction vitale de l’organisme, au même titre que
l’alimentation et l’exercice. Dormir permet une récupération physique, psychologique et intellectuelle.
Parmi les rôles du sommeil, mentionnons :
• Stimulation et renforcement des défenses immunitaires
• Régulation de l’humeur et de l’activation du stress
• Consolidation des apprentissages et de la mémoire
• Maintien des capacités cognitives
• Reconstitution des stocks énergétiques des cellules musculaires et nerveuses
• Régulation de fonctions telles que la glycémie (perturbation du métabolisme du sucre,
favorisant surpoids et risque de diabète)
• Élimination des toxines
Une nuit de sommeil est composée d’une succession de plusieurs cycles (souvent de 4 à 6) d’environ
90 minutes, et chaque cycle comporte plusieurs phases jouant chacune un rôle distinct.
La première phase, le sommeil lent, se caractérise par une activité cérébrale ralentie; sa fonction est la
réparation physique. Il se subdivise en quatre stades :
• Stade I (somnolence) : il s’agit de l’endormissement et de la relaxation.
• Stade II (sommeil léger) : il représente entre 45 et 55 % de la durée de l’épisode de sommeil et
semble servir à la consolidation de la mémoire.
• Stades III et IV (sommeil profond) : le stade III représente de 3 à 8 % du sommeil et le stade IV
représente de 10 à 15 % du sommeil. Le dormeur est isolé du monde extérieur et il est
difficile de le réveiller. C’est le moment du cycle où l’on récupère de la fatigue physique et
où l’organisme répare et régénère les tissus, construit les os et les muscles et renforce le
système immunitaire. Il s’agit d’une phase très importante, car tout l’organisme est au repos et
récupère.
La deuxième phase, le sommeil paradoxal (appelé aussi sommeil à mouvements oculaires rapides,
rapid eye movements ou REM en anglais), correspond à la période des rêves, caractérisée par une
activité cérébrale intense. Il a une fonction de réparation psychologique.
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• Il représente environ 25 % du temps de sommeil total.
• L’individu présente des signes de sommeil très profond et des signes d’éveil (le visage présente
des expressions, la respiration est irrégulière et l’activité cardiaque est élevée).
• Cette phase est celle où l’on fait des rêves.
Plusieurs sources scientifiques recommandent des nuits de sept à huit heures.
En deçà, le sommeil est jugé insuffisant.
L’horloge interne ou « rythme circadien ». Outre les phases du sommeil, nous devons aussi tenir
compte de notre propre « horloge interne », car celle-ci diffère d’une personne à l’autre. Le rythme
circadien s’étend sur 24 heures et agit comme le mécanisme interne qui régule le cycle éveil-sommeil.
Il module l’activité physique, l’absorption des nutriments et, tout au long de la journée, régule la
température corporelle, le tonus musculaire et la sécrétion d’hormones.
Trois troubles du sommeil affectent particulièrement l’individu au travail.
1. Les difficultés de sommeil
2. L’insomnie diagnostiquée 3. Un trouble diagnostiqué d’apnée obstructive du sommeil (AOS)
Nous verrons leur définition et prévalence dans la prochaine section.
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DEUXIÈME PARTIE –
Épidémiologie des troubles du sommeil
L’objectif de cette section est de fournir des données sur la prévalence des trois troubles du sommeil
identifiés précédemment. C’est à la lecture de ces taux de prévalence que l’on constate à quel point les
problèmes de sommeil affectent une grande partie de la population.
A. Prévalence des difficultés de sommeil
Au Canada, l’Enquête canadienne sur le sommeil 2016 révèle que :
• 74 % des Canadiens déclarent dormir moins de sept heures par nuit.
• 67 % souhaiteraient avoir un sommeil de meilleure qualité.
• 59 % affirment ne pas obtenir autant de sommeil qu’ils le voudraient toutes les nuits
B. Prévalence de l’insomnie diagnostiquée
Pour qu’un diagnostic d’insomnie soit posé, il faut que trois critères principaux soient remplis :
1. Le sujet rapporte une ou plusieurs des difficultés du sommeil suivantes : a) troubles
d’endormissement; b) troubles de maintien du sommeil; c) réveil précoce; d) sommeil non
récupérateur.
2. Ces difficultés surviennent au moins trois nuits par semaine, depuis au moins trois mois, et ce,
malgré des habitudes et des conditions adéquates.
Au Canada, 40 % de la population souffre de problèmes
de sommeil ou d’insomnie combinant les critères 1 et 2.
3. Le sujet rapporte au moins l’une des conséquences diurnes suivantes en lien avec ses difficultés de
sommeil :
• Fatigue ou sensation de malaise;
• Troubles de l’attention, de la concentration, de la mémoire;
• Troubles du fonctionnement social ou mauvaises performances scolaires;
• Troubles de l’humeur ou irritabilité;
• Somnolence diurne;
• Réduction de la motivation, de l’énergie, de l’initiative;
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• Tendance aux erreurs ou aux accidents au travail ou au volant;
• Céphalées de tension ou malaise général associé au manque de sommeil;
• Préoccupations ou ruminations à propos du sommeil.
On notera que si certains auteurs utilisent le terme insomnie, d’autres parlent plutôt d’insomnie
chronique.
Au Canada, de 13 à 19 % de la population souffre d’insomnie chronique.
C. Prévalence de l’AOS
L’apnée obstructive du sommeil (AOS) est un trouble du sommeil qui se caractérise par de légères
interruptions de la respiration pendant le sommeil. Elle survient lorsque les voies respiratoires
supérieures se bloquent. Le corps réalise que la respiration est arrêtée et la personne se réveille afin de
prendre une respiration. Ce cycle se répète plusieurs fois durant la nuit, parfois entre 50 et 100 fois par
heure.
Plusieurs degrés d’AOS existent, selon le nombre d’arrêts respiratoires (apnées) ou de respirations
superficielles par heure de sommeil.
L’AOS se diagnostique au moyen d’un test appelé polysomnographie, effectué à la maison ou en
clinique du sommeil.
Selon la revue de la littérature,
de 2 à 10 % de la population adulte serait affectée par l’AOS
MAIS
selon une étude américaine,
plus de 80 % des cas d’AOS ne seraient pas diagnostiqués.
D’où l’importance de permettre aux salariés de vérifier leur état de santé, car les conséquences
sont importantes.
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TROISIÈME PARTIE –
Déterminants des troubles du sommeil
L’objectif de cette section est d’identifier les déterminants de l’insomnie et de l’AOS, c’est-à-dire
les facteurs qui augmentent le risque de souffrir d’insomnie ou d’AOS, sans que ces facteurs soient
nécessairement les causes directes des troubles.
Les principaux facteurs influençant les problèmes d’insomnie sont :
• L’âge : augmentation avec l’âge;
• Le sexe : les femmes sont plus sujettes;
• La dépression : chez les gens qui souffrent d’insomnie, 10,8 % des cas seraient en rapport avec
un syndrome dépressif, et 33,1 % avec un trouble anxieux;
• Les maladies physiques : le fait de souffrir de maladies des voies respiratoires, de rhumatismes,
des douleurs chroniques ou de maladies cardiovasculaires augmente le risque;
• Les horaires atypiques ou décalés.
D’autres facteurs sont aussi en cause, par exemple lorsque la personne :
• Utilise des substances psychoactives (tabac, alcool), ce qui représente de 3 à 7 % des insomnies;
• Vit une situation financière préoccupante : 2,2 fois plus de risques chez les gens en
situation difficile;
• Subit des violences : de 1,7 à 2 fois plus chez les gens ayant subi des violences;
• Est en détresse psychologique : 5 fois plus;
• Vit du stress : 23 % des personnes déclarant que la plupart de leurs journées étaient assez ou
extrêmement stressantes souffraient d’insomnie, ce qui représente plus du double par rapport
aux personnes déclarant ne pas vivre de stress.
Les principaux facteurs influençant l’AOS sont :
• L’âge : augmente avec l’âge;
• Le sexe : les hommes sont plus sujets;
• L’obésité : de 60 à 90 % des personnes souffrant d’AOS sont obèses;
• Les caractéristiques physiques : menton reculé, cou large;
• La dépression;
• La maladie physique (anomalie ORL);
• La consommation de tabac et d’alcool.
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QUATRIÈME PARTIE –
Définition des impacts
Les différents problèmes de sommeil ont un impact important sur la santé de l’individu et sur
l’entreprise.
Les impacts sur la santé de l’individu
Les troubles du sommeil ont des répercussions sur différents volets de la santé individuelle : la santé
physique, la santé mentale et la santé cognitive. Ces impacts peuvent être la conséquence du trouble
de sommeil ou d’une maladie dont le trouble de sommeil est la source.
• Impacts sur la santé physique : Outre le trouble lui-même, qui peut entraîner des inconforts
(somnolence le jour) ou la détérioration de la qualité de vie, certaines maladies ou conditions
de santé peuvent découler des problèmes de sommeil. Les principales sont le diabète, l’obésité,
l’hypertension et les maladies cardiovasculaires (MCV). On voit dans le tableau suivant quelques
données issues de la recherche relativement aux trois troubles de sommeil analysés.
Impacts importants sur la santé physique
A – Manque de sommeil
B – Insomnie
C – AOS
•MCV : moins de 5 heures de
sommeil, risque 1,45 fois plus
élevé pour les femmes et 1,18
si moins de 6 heures
•MCV : 1,33 fois plus de risques
•MCV : 2,2 fois plus de risques
•Infarctus du myocarde (type de
MCV) : 1,41 fois plus de risques
•Maladies cardiaques non
fatales : 3,17 fois plus de
risques pour ceux qui ont index
d’apnée-hypopnée (IAH) de
30 ou plus (c’est-à-dire les cas
sévères d’AOS)
•Hypertension : risque accru si
moins de 6 heures de sommeil
•Obésité : plus de risques
d’obésité si moins de 6 heures
de sommeil
•Hypertension : 1,8 fois plus
de risques
•Diabète : 20 % des Canadiens
diabétiques souffrent
d’insomnie, par rapport à 12 %
des non‑diabétiques
•Diabète : une hausse de la
prévalence du diabète de type
2 et de l’intolérance au glucose
est retrouvée dans plusieurs
études faites sur des groupes
de sujets ayant des temps de
sommeil inférieurs à 6 heures
•Insuffisance cardiaque = 1,1 %
dues à l’AOS
•Crises cardiaques : 5,3 % dues
à l’AOS
•Hypertension : 1,8 fois plus
de risques
•50 % des cas d’AOS sont
accompagnés d’hypertension
•Diabète : 2,5 fois plus
de risques
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• Impacts sur la santé mentale : L’Agence de la santé publique du Canada définit la santé mentale
comme étant « la capacité de chaque personne de ressentir les choses, de réfléchir et d’agir
de manière à mieux jouir de la vie, à mieux faire face aux défis ». Dans cette catégorie, nous
parlons des impacts des troubles du sommeil sur la dépression et l’anxiété.
Impacts sur la santé mentale
B – Insomnie
C – Apnée obstructive du sommeil
•Un tiers des personnes souffrant
d’insomnie rapportent un trouble de
l’humeur ou de l’anxiété (p/r à 12 %
sans insomnie)
•6,2 % des dépressions sont attribuables
à l’AOS
•Les Canadiens adultes avec AOS
présentent 2,2 fois plus souvent un
trouble de l’humeur (dépression, trouble
bipolaire, manie ou dysthymie)
•2,9 % des dépressions sont attribuables
à l’insomnie
•Association étroite entre insomnie
et anxiété/dépression (rapport de
cote = 2,42 pour l’anxiété et 1,99 pour
la dépression)
• Impacts sur la santé cognitive : Selon l’Association québécoise des neuropsychologues, « Les
fonctions cognitives sont les capacités de notre cerveau qui nous permettent notamment
de communiquer, de percevoir notre environnement, de nous concentrer, de nous souvenir
d’un événement ou d’accumuler des connaissances. Les fonctions cognitives orchestrées par
le cerveau sont l’attention, les fonctions exécutives, les fonctions intellectuelles, les fonctions
visuospatiales, les reconnaissances, le langage, la mémoire, la coordination des mouvements et
la vitesse de traitement de l’information. »
On constate dans le tableau suivant que la dégradation des fonctions cognitives, celles-là
mêmes qui nous permettent d’être efficaces et vigilants au travail, sont affectées par l’insomnie.
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Impacts sur la santé cognitive
A et B – Insomnie ou manque de sommeil
•Attention
C – Apnée obstructive du sommeil
Impacts sur :
•Temps de réaction
•Erreurs de jugement
•la gestion du temps
•Mémoire
•l’exécution des tâches
•Concentration
•les interactions sociales en milieu de travail
•Etc.
Dégradation de 20 à 50 %
avec présence d’insomnie
En effet :
• La baisse d’attention et de concentration affecte la capacité d’être axé sur les résultats.
• La baisse de créativité et de raisonnement affecte la capacité de résoudre des problèmes.
• La baisse des capacités d’apprentissage, de mémoire et de prise de décision affecte la capacité
de prendre du recul et d’envisager différents points de vue.
• La baisse des capacités à gérer les émotions et à développer des liens affecte la capacité de
collaborer avec les collègues ou de répondre aux besoins des clients.
Les impacts sur l’entreprise
Les problèmes de sommeil entraînent aussi des répercussions organisationnelles qui peuvent être de
plusieurs ordres. Voici quelques impacts observés dans la littérature.
Dépenses de santé : il s’agit de la part des frais de santé liés aux impacts sur la santé physique, dont
certains sont parfois à la charge des entreprises (consultations, médicaments, tests, hospitalisations).
• Les dépenses de santé moyennes par individu sont 75 % plus élevées pour les personnes ayant
une insomnie sévère ou modérée que pour celles qui ne souffrent pas d’insomnie : 1 323 $
comparativement à 757 $ (la différence est considérable).
• Une personne souffrant d’AOS non diagnostiquée coûte entre 2 700 $ et 3 300 $ de plus en frais
de santé que la moyenne.
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Accidents de la route
• Près de 20 % des accidents mortels de la route sont associés à la somnolence ou à la fatigue,
indépendamment de l’alcool consommé.
• 4,3 % des accidents de la route sont attribuables à l’AOS.
• Les individus dont l’AOS n’est pas traitée courent de 2 à 3 fois plus de risques d’avoir un accident
de la route.
Accidents de travail
• 3,9 % des accidents du travail sont attribuables à l’insomnie.
• Les accidents (autres que les accidents de la route) sont plus fréquents pour les personnes
souffrant d’un syndrome d’insomnie (12,5 % comparativement à 6,4 % pour les bons dormeurs).
• 0,6 % des accidents du travail sont attribuables à l’AOS.
Présentéisme : le fait qu’un employé soit présent sur son lieu de travail, mais qu’il ne soit pas en
mesure d’accomplir ses tâches ou que le rythme ou la qualité de son travail soient moindres.
• 2,8 jours par an pour les bons dormeurs, 6,2 jours pour les personnes présentant un symptôme
d’insomnie et 27,6 jours pour les personnes souffrant du syndrome d’insomnie.
Absentéisme : Le fait qu’un employé soit absent du travail pour cause de maladie ou de fatigue.
• 0,3 jour par an pour les bons dormeurs, 1,6 jour pour les personnes présentant un symptôme
d’insomnie (sans conséquences diurnes) et 4,4 jours pour les personnes souffrant d’un
syndrome d’insomnie.
Erreurs : médicales, d’appréciation, de jugement, etc.
• Une étude a mesuré les impacts auprès du corps policier et a identifié que les troubles du
sommeil chez les policiers, de manière générale, entraînaient 1,39 fois plus de risques de faire
des erreurs administratives, 1,58 fois plus de risques de s’endormir en conduisant et 1,76 fois
plus de risques de commettre des erreurs professionnelles ou des « entorses à la sécurité ».
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Climat de travail : Relations entre collègues, relation avec le client. Cet aspect, en lien avec le sommeil,
n’a pas fait encore l’objet d’études scientifiques permettant d’en quantifier les impacts.
Selon votre industrie ou le type d’activités de votre organisation, il est possible d’utiliser ces chiffres
pour convaincre vos décideurs de l’importance de déployer des solutions visant à diminuer l’impact des
problèmes de sommeil.
Lorsque l’on observe les coûts totaux pour la société dans son ensemble (système de soins de santé et
employeurs) occasionnés par les problèmes de sommeil, on constate deux niveaux de coûts : les coûts
directs et les coûts indirects.
Les coûts directs comprennent les soins de santé associés aux troubles comme la consultation pour
des problèmes d’insomnie ou associés à des conditions de santé qui découlent de ces problèmes, par
exemple l’obésité. Les troubles du sommeil sont la source d’inconforts (somnolence diurne) ou d’une
détérioration de la qualité de vie qui peuvent amener les individus à consulter un médecin pour tenter
de régler ou de comprendre le problème. De surcroît, la consultation pour des troubles de sommeil
peut mener à des tests diagnostiques, à la prise de médicaments ou à des traitements. En second lieu,
les maladies qui découlent de ces troubles (diabète, maladies cardiovasculaires) peuvent entraîner
elles aussi des consultations, la consommation de médicaments et des traitements. Les coûts directs se
composent en général des coûts des consultations médicales (médecin de famille et spécialistes), des
médicaments, de l’équipement médical, des tests diagnostiques et des hospitalisations.
Les coûts indirects comprennent principalement les pertes de productivité et le coût des accidents. Les
pertes de productivité se mesurent en termes d’absentéisme et de présentéisme, et sont représentées
en nombre de jours. Le coût de ces deux indicateurs équivaut au nombre de jours multiplié par le
salaire moyen. Le coût des accidents routiers correspond aux montants réclamés à l’assurance pour
les dommages. Quant aux coûts des accidents de travail, ils peuvent inclure les frais en dommages
matériels, les frais d’administration de l’assurance, les indemnités, les pertes de revenus et la perte de
qualité de vie. Peuvent être également inclus dans les coûts indirects le coût des décès prématurés et le
coût des soins informels.
Plusieurs études canadiennes, australiennes et américaines ont été réalisées pour mesurer les coûts
directs et indirects, mais la plus pertinente est celle qui estime les coûts de plusieurs niveaux de
sévérité de l’insomnie (symptômes d’insomnie et insomnie) et les compare aux coûts pour les bons
dormeurs.
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Une personne présentant des symptômes d’insomnie
coûte 3,3 fois plus cher alors qu’une personne souffrant
d’un syndrome d’insomnie coûte 12,3 fois plus cher
(en coûts directs et indirects) qu’un bon dormeur.
Plus de 95 % de ces coûts sont absorbés par l’entreprise
car il s’agit de présentéisme et d’absentéisme.
Les impacts des initiatives déployées en entreprise
Nous avons identifié deux études d’intérêt qui se sont penchées sur des programmes mis en œuvre en
entreprise pour contrer les problèmes de sommeil et qui ont analysé leur impact sur l’absentéisme
et/ou le présentéisme des employés. Ces études montrent que les employés ayant suivi le programme
de leur entreprise font moins de présentéisme et sont moins absents.
Quant à l’AOS, il existe des programmes en entreprise visant à détecter, diagnostiquer et traiter l’apnée
du sommeil. Ces programmes consistent le plus souvent à repérer, au moyen d’un questionnaire, les
employés à risque de souffrir d’AOS. Ces personnes sont ensuite dirigées vers des spécialistes ou des
cliniques du sommeil afin de recevoir un diagnostic par la polysomnographie (sur place ou à domicile),
suivi au besoin d’un traitement par pression aérienne positive continuelle.
Plusieurs entreprises ont évalué les impacts de ce programme sur les dépenses de santé et les
dépenses liées aux accidents. Parmi elles, une compagnie d’assurances a évalué que l’économie a
atteint jusqu’à 200 $ par mois par personne traitée pour l’AOS. Les épargnes à long terme pourraient
être encore plus importantes si la baisse de la comorbidité (diabète, hypertension, etc.) était prise en
compte dans l’analyse.
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Impact des programmes sur le présentéisme et les blessures
Programme
(comparateur)
Entreprise
Thérapie cognitivocomportementale
en ligne
Une des
Fortune 500
Baisse du présentéisme perçu : % d’employés déclarant
3 jours et + (sur 7) dont la productivité est affectée par la
mauvaise qualité du sommeil (de 11,2 % à 7 %)
Healthy Sleep for
Healthy Living
American
Express
Les pompiers ayant assisté à des séances de formation
avaient 24 % moins de probabilités d’avoir rempli un
rapport de blessure (par rapport à ceux n’ayant pas suivi la
formation).
Sleep Health
Education
Pompiers
Principaux résultats
Baisse du présentéisme perçu (sur 10, combien estimez-vous
que votre productivité est affectée par votre sommeil?) :
15,4 % pour le groupe avec programme et 2,4 % pour le
groupe sans programme (DS)
Légère baisse de l’absentéisme, mais non significative
La bibliographie des sources utilisées dans le rapport complet de Groupe Levia se trouve aux pages suivantes.
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