Support Nutritionnel Entéral Indications Contre-indications (pour raisons de sécurité) Dénutrition ou risque de dénutrition avec tube digestif fonctionnel, besoins protéino-énergétiques non couverts par voie orale En pré-opératoire : dénutrition sévère avant une chirurgie majeure (7 j. min.) En post-opératoire : après NE préopératoire ou si réalimentation orale impossible avant 7 j. Alimentation orale insuffisante : Alimentation orale inefficace (malabsorption), impossible ou contreindiquée Fracture crânienne antéro-basale ou nasale (fausse route de la sonde) Vomissements persistants (bronchoaspiration, éjection de la sonde) Diminution importante de la vigilance (broncho-aspiration) Ileus complet ou obstruction intestinale Soins terminaux (considérations éthiques) Les contre-indications peuvent être revues en fonction de l’évaluation clinique Choix de la voie digestive Voir arbre décisionnel Choix de la solution nutritive Les solutions polymériques standard ou hyperénergétiques doivent être privilégiées dans la plupart des situations. Polymérique standard : 500 ml – 500 kcal – 20 g protéines - fibres – Polymérique hyperénergétique : 500 ml – 750 kcal – 30 g protéines –fibres La combinaison des ces 2 produits permet de couvrir toutes les cibles caloriques Produits spécifiques : hyperénergétique – hyperprotéiné : besoins accrus en protéines semi-élémentaire - isocalorique – normoprotéiné - pauvre en fibres – osmolarité élevée : pancréatite aigue, absorption intestinale très altérée Immunonutrition : nucléotides – acides gras Ω-3 - arginine : polytrauma, nutrition périopératoire en chirurgie digestive carcinologique haute (ORL, œsophagectomie, gastrectomie, duodénopancréatectomie) 5-7 j. avant et 5-7j. après l’intervention, sepsis léger à modéré (APACHE II<15)- ! Effet délétère dans les sepsis sévères ! Immunonutrition : glutamine – acides gras Ω-3 : grand brûlé, polytrauma Modalités d’administration Pose de sonde gastrique : consulter document du GRESI, ou le lien intranet http://soins.hcuge.ch/techniques_soins/techniques/appareil_digestif/pose_sonde_gastr ique_intra.html Guidelines Nutrition Artificielle - LK - 2013 Administration de nutrition entérale : document du GRESI, lien intranet http://soins.hcuge.ch/techniques_soins/techniques/appareil_digestif/nutrition_enteral e_intra.html Pose et surveillance d’une gastrostomie percutanée endoscopique (PEG) : document du GRESI, lien intranet http://soins.hcuge.ch/techniques_soins/techniques/appareil_digestif/soins_surveillanc e_peg_intra.html Mise en route de la nutrition Sauf exception, la solution nutritive doit être administrée au moyen d’une nutri-pompe, surtout en position jéjunale. La solution sera administrée en continu sur 24h si la nutrition entérale est exclusive (18h pour favoriser la mobilisation). Si elle vient compléter une alimentation orale insuffisance, elle peut être administrée en continu sur 8-12h en nocturne, le patient continuant { s’alimenter la journée. Le débit doit être constant et augmenter progressivement jusqu’{ obtention de la cible calorique. En principe, on débute avec 500 ml sur 24h soit 21 ml/h puis, selon la tolérance, on augmente de 500 en 500 ml chaque 24h pour atteindre la cible en 3-4 j, soit une augmentation du débit de 21 ml chaque jour. En présence de diarrhée et/ou de ballonnements intestinaux, on débute avec 250 ml/24h avec une progression de 250 ml chaque jour, soit 11 ml heure. Les causes de la diarrhée doivent être recherchées. Lors de chirurgie digestive, la progression devra tenir compte du type d’agression et de l’état préexistant de l’intestin. Il est presque toujours possible d’administrer 250 ml dès le premier jour post-opératoire. Lors de mise en route d’une alimentation { but nocturne, on peut commencer la progression en continu sur 12h (24h en cas de diabète ou d'intolérance), puis augmenter le débit progressivement pour réduire le nombre d’heures de passage jusqu’{ l’intervalle désiré (débit <130-150 ml/h). Lors d’intolérance, attendre 24 h avant de passer au palier supérieur. Si l’intolérance persiste, on revient au palier précédent . On reprend la progression dès la disparition de l’intolérance. Soins intensifs : surveillance du résidu gastrique lors de la mise en route. Résidu >300 ml = intolérance. Réduire le débit puis si nécessaire introduire les prokinétiques. Surveillance Tolérance de la sonde : fixation de la sonde – état du nez ou de la peau au niveau de la stomie – douleurs ORL - diamètre de la sonde Tolérance de la nutrition entérale : toux au passage de la NE (signe de reflux) – troubles digestifs – état d’hydratation Efficacité nutritionnelle : respect de la prescription – surveillance clinique (poids 2 x semaine, composition corporelle 1 x 15j.) – surveillance biologique (albumine Guidelines Nutrition Artificielle - LK - 2013 1 x 15j. – préalbumine, CRP, osmolalité 2 x sem – détection et correction des éventuelles carences en micronutriments) Prévention des complications Suivre les protocoles de soins : type de sonde – technique de pose – vérification de l’emplacement et perméabilité de la sonde Position du patient : demi-assis ou tête à 30° au moins Débit de nutrition Hygiène et confort Complications de la nutrition entérale : Système d’alimentation Broncho-aspiration Complications métaboliques (déséquilibre hydro-électrolytique) Nausées/vomissements Diarrhée Système d’alimentation : Contrôle radiologique de la position en site gastrique ou jéjunal de l’extrémité distale de la sonde, { répéter en cas de vomissements ou déplacement de la sonde Suivre le protocole de mise en place de la sonde (doc Gresi) Fixation correcte sur le nez, la joue et l’oreille Obstruction de la sonde : rinçage régulier, éviter autant que possible le passage de médicaments dans la sonde, utilisation eau oxygénée pour déboucher la sonde, changer la sonde en cas d’échec Infection, nécrose de la gastrostomie/jejunostomie : protocole de soins du bouton de PEG ou PEJ (doc Gresi) Contamination des solutés de NE : utiliser les solutions industrielles, changer la tubulure toutes les 24 h Nausées/vomissements : Traitement anti-émétique en présence de nausées/vomissements (chimiothérapies, …) Exclure une obstruction du tube digestif Réévaluer les traitements prescrits qui pourraient induire des nausées Rechercher une vidange gastrique retardée Gastroparésie : Retard de la vidange gastrique : résidu gastrique > 500 ml Risque : reflux gastro-oesophagien, bronchoaspiration Facteurs favorisants : patients intubés, opiacés, traitements vasopresseurs/amines, diabète, traumatisme crânien Traitement : position anti-reflux (haut du corps >30-40°), inhibiteurs de la pompe à protons, procinétiques (dompéridone par ex.), diminution du débit NE, passer en position distale post pylorique (duodénale ou jéjunale) Diarrhée : Voir Fiche technique « Prévention de la diarrhée sous nutrition entérale » (annexe 3) Pas d'arrêt systématique de la NE Guidelines Nutrition Artificielle - LK - 2013 Constipation : Causes : diminution des apports hydriques, solution nutritive concentrée, manque de fibres alimentaires, immobilisation, sédation, opiacés. Traitement : réévaluer les prescriptions, augmenter les apports hydriques ou réduire la densité de la solution nutritive ou augmenter l’apport en fibres, exclure une obstruction digestive. En dernier lieu, envisager un laxatif : osmotique (lactulose), à effet de masse (fibres), mécanique (paraffine), ou, en dernière intention, irritant (phénolphtaléine). Broncho-aspiration : Risque : pneumonie, sepsis Facteurs de risque : troubles neurologiques, niveau de conscience altéré (incapacité à vomir sans assistance), diminution des réflexes pharyngés, vidange gastrique retardée (résidus gastriques > 300ml), reflux gastrooesophagien important, position supine, sphincter du bas œsophage inefficace. Traitement : prévention chez les patients à risque élevé : mesure du reflux gastrique, adaptation du débit de solution nutritive, position anti-reflux (3040°C). La position distale de la sonde en site jéjunal ne diminue pas le risque de broncho-aspiration (Gomes et al, Cochrane Library, 2012). Troubles métaboliques : Syndrome de renutrition inapproprié : voir annexe 1. Les posologies de correction des électrolytes sont des propositions à mettre en rapport avec la situation du patient par le médecin. Arrêt : Survient généralement par une extraction volontaire ou involontaire de la sonde. Idéalement réintroduction de l’alimentation orale avant le retrait par complémentation. Stopper 2h avant le repas. Si possible, nutrition nocturne stoppée vers 6h du matin. Références : Questions de nutrition clinique de l’adulte, SFNEP, ed 2006, Traité de nutrition artificielle de l’Adulte, SFNEP, 3ème édition 2007, Cours de nutrition Clinique SSNC…(Nutrition Clinique , Nutrition et Chirurgie) Cours LongLifeLearning , module 8.1 Conduite à tenir pour une diarrhée sous nutrition entérale , S. Graf Guidelines Nutrition Artificielle - LK - 2013