SEMINAIRE DE L’IFRA connectent tous les jours sur Internet (soit 9 % de la population). Cinq raisons expliquent la pénétration de l’Internet en Suède : – un haut degré d’acceptation des nouvelles technologies, – une bonne infrastructure pour les télécommunications, – une concurrence forte dans les télécommunications, – un niveau élevé d’éducation et – l’absence de Minitel. Il est inquiétant de constater que les dix sites les plus visités sur Internet ne sont pas tous des services de la presse. Voici le trafic enregistré en nombre de visites par jour sur les principaux sites (l’adresse complète doit être précédée de http://www.) : torget.se 78 000 passagen.se 61 000 aftonbladet.se 34 000 motorborsen.se 14 700 dn.se 14 200 platsbanken.se 10 300 bovision.se 10 000 expressen.se 9900 idg.se 9800 vltmedia.se 160 Le premier de ces sites (torget) est le service de la poste et le second (passagen) celui des télécommunications. L’attitude des journaux allemands face au multimedia Livia Burkhardt INES Media Concepts GmbH Darmstadt, Allemagne La presse allemande se porte bien – c’est ce que les organisateurs de ce séminaire constatent dans le texte annonçant ma contribution dans le programme. C’est vrai si l’on considère les chiffres absolus des revenus de la publicité et des ventes des journaux. Les quotidiens sont de loin le plus grand support de publicité, en Allemagne avec des recettes de publicité de 10,7 milliards de marks en 1995. Par rapport à l’année précédente, ces recettes ont augmenté de 3,4 %. Ces chiffres sont moins bons cependant, si on les compare aux augmentations des recettes de publicité des autres médias, qui sont, par exemple, de 15,4 % pour le publipostage et de 12,6 % pour la télévision. Cela signifie que la part que les quotidiens ont pu obtenir de la totalité des dépenses publicitaires a diminué en 1995, une tendance que l’on pouvait observer aussi pour les années précédentes. En même temps le volume des annonces dans les journaux a, lui aussi, continué de diminuer légèrement. 28 En ce qui concerne les revenus des ventes des journaux, ils ont aussi légèrement monté en 1995 par rapport à 1994, à savoir de 5,95 à 6,2 millions de marks. Le facteur le plus important dans ce domaine est l’augmentation des prix d’abonnement, car en Allemagne 65 % des journaux sont vendus par cette voie. Dans les Länder de l’ancienne RFA ces prix ont augmenté en 1995 de 3,4 % en moyenne, comparé à 5,3 % l’année précédente. Dans les Länder de l’ancienne RDA, l’augmentation était de 12,5 %, mais le prix moyen des abonnements n’y est qu’environ 60 % du prix moyen obtenu dans les anciens Länder (17,86 marks contre 29,21 marks). Par ailleurs, les journaux allemands ont fait face en 1995 à une augmentation plus importante des coûts que des recettes. L’augmentation des coûts a été de 5,2 % ce qui était dû en grande partie à l’augmentation du prix du papier. Un autre indicateur de la situation des journaux est l’évolution des tirages. Même si quelques titres ont pu augmenter leurs tirages, les journaux dans les Länder de l’ancienne RFA ont perdu en moyenne presque un pour cent de leur tirage. Dans les Länder de l’ancienne RDA, où quelques titres ont dû cesser de paraître sans que les autres aient pu en profiter pour leur propre tirage, la baisse des tirages était de 6,6 %. Une telle tendance légère vers la baisse des tirages des journaux allemands peut être observée depuis le début des années 1990. En somme, on peut dire que la situation des journaux en Allemagne n’est pas inquiétante mais qu’elle n’est pas non plus telle que les journaux pourraient se reposer sur leurs lauriers. Pour survivre à long terme, il est aussi important pour les journaux allemands que pour beaucoup de leurs confrères dans d’autres pays de s’assurer un lectorat fidèle et une base solide d’annonceurs. Engagement sur Internet Les engagements dans le domaine multimédia visent dans ce sens. Et en Allemagne on peut dire que, pour les journaux, multimédia égale plus ou moins Internet, à savoir World Wide Web. J’aimerais ouvrir ici une petite parenthèse sur le rôle du vidéotex en Allemagne. Contrairement au succès du Minitel en France, le vidéotex allemand, Bildschirmtext (Btx), n’a jamais connu une grande acceptation dans la population, et les journaux qui avaient investi dans ce média en ont tous gardé un très mauvais souvenir. Btx a entretemps évolué vers T-Online, un service en ligne comparable à America Online, mais ce n’est pas devenu une plate-forme de publication choisie par les journaux. Le succès que ce service connaît aujourd’hui est basé en grande partie sur les transactions bancaires à domicile et l’accès à Internet que T-Online met à la disposition de ses utilisateurs. L’Allemagne ne dispose donc pas des connaissances et des expériences dans le domaine de la distribution électronique de techniques de presse juillet/août 1997 SEMINAIRE DE L’IFRA l’information que la France a pu gagner en presque vingt ans avec Minitel. Ceci constitue sûrement une raison pour le fait qu’Internet rencontre plus d’intérêt dans la population allemande que dans la population française et que la plupart des journaux allemands s’empressent d’y être présents. En mai 1997, environ 80 journaux quotidiens allemands avaient un site Web plus ou moins sophistiqué. Et ce ne sont pas seulement les plus grands, mais aussi quelques petits journaux locaux. Beaucoup des quelque 320 journaux allemands qui n’ont pas encore de site sont en train de préparer leur présence sur le Web pour l’avenir proche ou moyen. Quelle est la raison pour cet engagement ? Ce n’est sûrement pas l’idée de gagner beaucoup d’argent avec un site Web tout de suite ou dans le futur proche. L’intérêt d’entretenir un tel site est pour un journal aujourd’hui plutôt de se positionner sur le marché des médias en ligne et d’expérimenter avec le nouveau média. Si en même temps il peut gagner quelques nouveaux lecteurs – spécialement parmi les jeunes gens qui sont de forts utilisateurs d’Internet et qui lisent de moins en moins de journaux – le but à court terme de beaucoup de journaux présents sur Internet est atteint. En ce qui concerne le contenu des sites Web des journaux, on peut dire qu’il y a des constantes que l’on retrouve plus ou moins bien réalisées dans la plupart des offres. Ce sont des informations actuelles (souvent tirées du journal imprimé), des sections services avec, par exemple, un calendrier des manifestations ou les ouvertures des services publics, et, quoique moins souvent, des petites annonces. L’importance des éléments d’interactivité, tels que les forums ou les sections de bavardage (« chatrooms ») est souvent soulignée, mais on ne les trouve pas aujourd’hui, tant s’en faut, dans tous les sites entretenus par des journaux. J’aimerais, dans un premier temps, vous décrire et montrer quelques exemples de sites Web de journaux allemands qui ont des points forts dans un ou plusieurs des éléments de contenu mentionnés. Le choix des exemples est basé sur ma connaissance, forcément incomplète, des sites et ne comporte aucun jugement de valeur. Dans un second temps j’évoquerai l’aspect business, à savoir les différentes façons de générer des revenus avec un site Web. informations sont offertes gratuitement, ce qui est le cas pour les journaux allemands - contrairement à, par exemple, le service du journal français « Le Monde », où le lecteur doit payer 7 francs par copie électronique du journal. Un service électronique qui contient le contenu plus ou moins complet du journal imprimé vise surtout des lecteurs qui ne peuvent pas s’acheter le journal imprimé, c’est-à-dire des expatriés ou des voyageurs. (Exemple: SZ on Net, http://www.sueddeutsche.de) Les informations contenues dans RP online (http:/ /www.rp-online.de), le site Web du journal Rheinische Post, ne viennent pour la plupart pas du journal imprimé mais d’une rédaction séparée qui ne travaille que pour le site Web. En plus de publier des informations sur le Web, où l’utilisateur doit aller les chercher lui-même, ce site propose à ses utilisateurs de s’abonner à un service e-mail (Netscape Inbox Direct service) pour recevoir un sommaire d’informations sur un certain sujet dans leur boîte aux lettres électronique. Avec ce service on n’espère pas seulement trouver des lecteurs fidèles mais aussi augmenter le trafic sur le site, car les destinataires des e-mails sont renvoyés au site Web du journal pour les informations Contenu de sites Web Un sondage récent effectué par les Américains a montré que la plupart des utilisateurs du World Wide Web cherchent des informations actuelles. Offrir de telles informations est donc très important pour un journal en ligne, même si on se demande si cela ne fait pas perdre des lecteurs au journal imprimé. Ceci d’autant plus si ces techniques de presse juillet/août 1997 29 SEMINAIRE DE L’IFRA complètes. Un autre exemple de l’approche des informations actuelles sur un site Web est donné par Westline (http://www.westline.de), un site entretenu par quatre journaux de la région de la Ruhr en Rhénanie du Nord-Westphalie. Sur ce site, seules les informations locales et régionales proviennent des journaux imprimés ; le reste des informations vient de l’agence de presse allemande dpa. La dpa propose, en effet, aux journaux d’intégrer dans leur site des articles de l’agence, préparés à cette fin, pour un prix défini. En plus de proposer des informations actuelles, un site Web entretenu par un journal peut aussi donner accès aux archives du journal ou au moins à tous les articles publiés sur le site depuis son lancement. Même si cela paraît évident, ce n’est pour l’instant qu’une minorité des sites qui offrent ce service. Les raisons pour cela sont, à mon avis, d’une part techniques (les journaux ne disposent pas encore d’archives électroniques), d’autre part, je pense que beaucoup de journaux ne veulent pas mettre ce service à la disposition des utilisateurs avant que les micro-paiements sur Internet soient plus répandus. En fait, les archives sont un des services avec lesquels on espère pouvoir générer des revenus à travers un site Web dans l’avenir. (Exemple : Die Welt Online, http://www.welt.de) Une partie très importante contenue dans la plupart des sites Web des journaux sont les sections services. Les journaux régionaux rassemblent beaucoup d’informations utiles sur la région qu’ils n’impriment dans le journal que certains jours de la semaine (par exemple, le programme du cinéma le jeudi). Le site Web ne permet pas seulement de laisser ces informations tout le temps à la disposition de l’utilisateur, mais aussi de lui en fournir plus, grâce à des coopérations avec différentes institutions et associations de la ville. Le site Web du Journal « Passauer Neue Presse » (http://www.vgp.de) contient, par exemple, toutes sortes d’informations sur les institutions de la ville ainsi que sur les associations sportives, musicales etc. Ces organisations sont invitées à se présenter elles-mêmes sur une page du site qu’on leur accorde à cette fin. Une bonne section service du site Web d’un journal régional doit aussi comprendre un calendrier des manifestations qui ont lieu dans la ville et ses environs. Ce service est très complet dans le Rhein-Main.Net (http://www.rheinmain.net), un site Web entretenu par le « Journal Frankfurter Neue Presse » en coopération avec le « Journal Frankfurt ». Le « Journal Frankfurt » publie un calendrier de manifestations qui jouit d’une très bonne réputation chez les habitants de Francfort et de ses environs. Outre les informations visant surtout les habitants de la région, quelques journaux fournissent des informations touristiques sur leur ville. C’est le cas, par exemple, chez RP-online qui contient de vastes informations sur les trois villes centrales de sa zone de diffusion, à savoir Düssel30 dorf, Mönchengladbach et Krefeld. L’utilisateur y trouve, par exemple, une visite guidée de Düsseldorf en allemand, anglais et japonais. Venons-en à un autre contenu important des sites Web des journaux, à savoir les petites annonces. Offrir des petites annonces électroniques ne signifie pas seulement pour un journal offrir un meilleur service à ses lecteurs, mais surtout défendre une grande partie de ses revenus. Ces annonces qui représentent environ un quart des revenus des journaux allemands risquent d’être menacées par des concurrents électroniques beaucoup plus qu’elles ne l’étaient dans l’imprimé, par les gratuits. Elles se prêtent extrêmement bien à la présentation électronique avec ses possibilités de sélection précise, et ce n’est pas étonnant qu’on trouve déjà beaucoup de sites Web exploités par des gens ou sociétés autres que des journaux, qui contiennent des petites annonces de différentes sortes (surtout emploi, mais aussi voitures et choses diverses). Les journaux sont donc plus ou moins obligés de proposer des petites annonces (aussi) électroniquement pour sauvegarder leurs revenus à long terme. (Exemple: Newsfactory (« Augsburger Allgemeine », http://www.newsfactory.de) Une fonction importante du journal est de créer une communauté. Le caractère interactif du médium électronique permet de remplir cette fonction encore mieux que le média imprimé. Avec le journal imprimé, le flux d’informations va principalement de la rédaction vers les lecteurs. Ces derniers peuvent réagir à ce qu’ils ont lu en écrivant une lettre à la rédaction que celle-ci peut publier dans la section courrier des lecteurs. Le média électronique facilite beaucoup ce type de réactions des lecteurs qui n’ont qu’à envoyer un message électronique au rédacteur. En plus, il permet aux utilisateurs du service en ligne d’entrer en communication entre eux. Les éléments des sites Web qui soutiennent l’interactivité sont les forums et les sections de bavardage (« chatrooms »). Le journal peut tout simplement mettre ces éléments à la disposition des utilisateurs du site mais il peut aussi les animer en proposant, par exemple, des discussions sur certains sujets dans les forums ou avec des personnalités importantes dans les sections de bavardage. (Exemple: Berlin Online, http://www.berlinonline.de) Les sites Web des journaux servent, en quelque sorte, aussi d’instrument de marketing pour le journal imprimé. Celui-ci se présente à ses lecteurs comme le premier fournisseur d’informations sur la région aussi dans le nouveau média et se donne ainsi un aspect moderne. Le marketing peut cependant aussi être la seule fonction d’un site Web d’un journal. C’est le cas pour le site du journal « Frankfurter Allgemeine Zeitung » (FAZ) (http://www. faz.de), qui offre à l’utilisateur de s’abonner au journal imprimé, de commander des livres, des CD-ROM etc. publiés ou distribués par la FAZ et de s’informer sur les possibilités de rechercher des articles dans les archives du techniques de presse juillet/août 1997 SEMINAIRE DE L’IFRA journal. J’arrête ici mon exposé sur le contenu de sites Web des journaux allemands. J’ai cité des exemples de tels sites pour illustrer quelques éléments de contenu typiques que l’on peut trouver dans des sites de journaux. Il va sans dire que chacun des 80 sites environ de journaux allemands a un caractère individuel et que la réalisation des éléments mentionnés varie d’un site à l’autre. En plus, beaucoup de sites contiennent évidemment d’autres éléments de contenu plus ou moins originaux. L’aspect business Au début de mon exposé j’ai dit que l’intérêt principal d’entretenir un site Web est aujourd’hui pour un journal de se positionner sur le marché des médias en ligne et d’expérimenter avec ce nouveau média. Mais cela ne veut sûrement pas dire que les journaux ne souhaitent pas au moins couvrir les coûts que le site occasionne et même gagner un jour de l’argent avec celui-ci. Une possibilité de générer des revenus avec un site Web est de demander à l’utilisateur de payer pour les informations qu’il tire du site. Ceci peut, par exemple, prendre la forme d’un tarif forfaitaire payé par mois (tel qu’un abonnement) ou la forme d’un paiement à l’unité (l’utilisateur paie, par exemple, pour un article tiré des archives). Vu la tradition d’Internet qui veut que toute information y soit gratuite, il est difficile aujourd’hui de demander aux gens de payer pour les informations contenues dans un site Web. L’exemple le plus connu – mais aussi le seul – où ce modèle fonctionne vraiment bien est le journal américain « Wall Street Journal ». Dans les cas des quelques journaux allemands qui demandent des frais d’abonnement aux utilisateurs, ils ne leur offrent, en général, pas seulement l’accès au site du journal mais aussi à Internet entier. En fait, tous les journaux allemands qui font payer les utilisateurs pour accéder à leur site sont, à ma connaissance, ou bien eux-mêmes fournisseur d’accès à Internet ou ils coopèrent avec un tel fournisseur. Le « Rhein-Zeitung », par exemple, offre aux abonnés du journal imprimé l’accès à toutes les informations de son site ainsi qu’à Internet pour 10 marks par mois. Les habitants de la région qui ne sont pas abonnés au journal payent 25 marks pour le même service. Des personnes qui accèdent à Internet en utilisant un autre fournisseur d’accès peuvent accéder à la plupart des informations du Rhein-Zeitung Online gratuitement. Seul l’accès aux archives et aux petites annonces leur est impossible, à moins qu’ils ne s’y abonnent pour un prix de 5 marks par mois. A présent, 3600 abonnés accèdent à Internet par le Rhein-Zeitung Online, 200 autres utilisateurs ne payent que pour accéder à toutes les informations du site. Au « Rhein-Zeitung » on croit que la vente d’accès techniques de presse juillet/août 1997 à Internet, qui rapporte aujourd’hui un tiers des revenus générés par les activités Internet du journal, sera rentable environ jusqu’à l’an 2000. Après cette date, cette fonction va être de plus en plus assurée par les sociétés de télécommunication, opérant alors dans un cadre déréglementé. Le groupe de journaux allemands Westdeutsche Allgemeine Zeitung, qui publie cinq journaux dans la région de la Ruhr, a établi Cityweb, un service en ligne accessible par Internet et par America Online. Le service est réservé à des abonnés qui payent 9 marks par mois pour accéder au contenu du Cityweb de leur ville ainsi qu’à Internet en entier. Ce prix comprend 20 heures d’utilisation gratuite ; à partir de la 2lème heure, les utilisateurs doivent payer 3 marks par heure. Pour les abonnés d’un des journaux du groupe WAZ ces prix sont de 6 et de 2 marks, respectivement. Le groupe allemand Springer a établi un service en ligne appelé Go on. Ce service a d’abord été lancé dans les villes de Hambourg et de Berlin, deux villes où Springer possède des journaux locaux. Springer offre pourtant à tous les journaux allemands de joindre Go on et de servir les 31 SEMINAIRE DE L’IFRA Quatre journaux de la Ruhr et du Nord-Westphalie se sont associés pour offrir le service West Line. habitants de leur zone de diffusion à l’intérieur de ce cadre. Go on coopère avec T-Online, le service en ligne allemand issue de Btx pour la possibilité d’accès. Les abonnés doivent payer 12,95 marks en tout, dont 8 marks pour T-Online (ce qui est le prix régulier pour ce service) et 4,95 marks pour Go on. Ce prix comprend deux heures d’utilisation gratuite (Go on, T-Online ou Internet), chaque heure supplémentaire coûte 4,95 marks. La plupart du contenu de Go on est accessible gratuitement pour quelqu’un qui accède à Internet par l’intermédiaire d’un autre fournisseur d’accès (http://www.go-on.de). Seulement quelques services, tels que le courrier électronique et les transactions bancaires, sont réservés aux abonnés. Une autre source de revenus considérée souvent comme plus importante que les paiements pour les informations est la publicité. En anglais, on appelle les petits espaces publicitaires sur les pages Web qui contiennent souvent le logo ou Berlin Online rencontre un grand succès notamment grâce au débat : faut-il reconstruire le château sur Alexanderplatz ? 32 un message court de l’annonceur, banner ou buttons, ce qui pourrait se traduire par bandeaux ou boutons publicitaires. Si un utilisateur clique un tel bandeau, il est ou bien amené sur une page publicitaire de l’annonceur qui réside sur le site même où se trouve la publicité, ou – ce qui est le plus souvent le cas – il est amené au site Web de l’annonceur. Beaucoup de sites Web lancés par des journaux ont espéré pouvoir financer leurs offres par la vente de ce type de publicité. Cette vente s’est pourtant avérée plus difficile que prévue. Les raisons pour cela pourraient être, d’une part, que le médium Internet n’est pas encore assez connu chez les annonceurs, d’autre part, que ceux-ci pensent ne pas pouvoir atteindre un public assez large avec une publicité sur Internet pour en justifier les dépenses. De plus, beaucoup d’annonceurs ne disposent pas eux-mêmes d’un site Web sur lequel ils pourraient amener les utilisateurs. Pour résoudre ce dernier problème, beaucoup de journaux allemands offrent à leurs annonceurs de les aider à établir un site et d’héberger ce site sur leur propre serveur. Le « Rhein-Zeitung », par exemple, met un accent très fort sur ce service et essaie d’être le fournisseur de service Internet pour le plus grand nombre possible d’entreprises – commerces, banques etc. – dans sa région. Son but est de pouvoir satisfaire vraiment tous les besoins de ses clients. Au « Rhein-Zeitung » le fait de fournir des services Internet rapporte environ un tiers des revenus avec une tendance croissante. Le troisième tiers des revenus – le fait de fournir un accès à Internet étant le deuxième – est constitué par la vente de bandeaux publicitaires. Revenons encore une fois à la vente d’espaces publicitaires. On prévoit que le marché local et régional y constituera la part du lion à moyen et à long terme. Pour le moment, cependant, ces annonceurs – qui sont en fait les clients annonceurs typiques des journaux régionaux – ne sont pas encore prêts à se lancer dans le nouveau média, et c’est donc important d’acquérir aussi des annonceurs nationaux. A cette fin, une vingtaine de journaux régionaux en Allemagne ont créé une société commune appelée OMS (Online Marketing Service GmbH). Cette société vend des paquets d’espaces publicitaires disponibles sur les sites Web des journaux membres à des annonceurs nationaux qui n’ont ainsi affaire qu’à un seul partenaire. Contrairement à certains autres pays, ce modèle n’a pas d’équivalent en Allemagne pour les journaux imprimés Comme troisième source de revenus, sont souvent mentionnées les participations à des transactions, telle que la vente de produits et de services sur Internet. Comme les transactions électroniques sont, en Allemagne, encore à leurs débuts, il est très difficile aujourd’hui d’en estimer l’importance future. Faisant face à de faibles sources de revenus dans les activités Internet, quelques journaux allemands ont décidé de coopérer, ce qui peut diminuer les coûts de ces activités. techniques de presse juillet/août 1997 SEMINAIRE DE L’IFRA Citons les trois exemples de coopérations suivants : – MBT Online. Cette société a été fondée en mai 1996 par 19 éditeurs de journaux bavarois. Le but de cette société est de coordonner les activités électroniques de ces maisons sur le plan technique, éditorial et de la publicité. Elle veut seulement fournir des prestations de service à ses associés et n’a pas l’intention d’être elle-même présente dans le marché. – Pipeline. C’est une société de participation fondée en janvier par 20 journaux membres de la Lokalpresse (une association allemande de journaux locaux). Cette société a pour but d’établir une offre électronique spécifique aux journaux qui devrait être accessible sur Internet à partir de juin 1997. D’après les informations de Pipeline, la coopération des journaux participant à ce projet s’étend au domaine rédactionnel et à celui des petites annonces. – Westline. C’est un site commun à quatre journaux de la région de la Ruhr en Rhénanie du Nord-Westphalie (« Zeitungshaus Bauer », « Ruhr-Nachrichten », « Buersche Zcitung » et « Münstersche Zeitung ») (http://www.westline.de). Chaque journal fournit les informations sur sa zone de diffusion dans la partie du site dont il est responsable. A l’utilisateur le site se présente avec une page d’accueil commune, à partir de laquelle il peut accéder aux services des quatre journaux membres. Tous ces services se ressemblent du point de vue du design et du type de contenu qu’ils comprennent. En conclusion Avec 80 journaux présents sur Internet à ce jour, les journaux allemands sont parmi les plus actifs dans ce nouveau média. Ils sont convaincus que les médias en ligne prendront une place de plus en plus importante dans la vie de leurs lecteurs et ils veulent prendre le train en marche avant qu’il ne soit trop tard, bien qu’aucun éditeur d’un journal ne sache aujourd’hui exactement où ce train va le mener et quel chemin il va prendre. Quelle stratégie adopter ? PATRICK MORIER-GENOUD Rédacteur en chef technique Edipresse, Lausannne, Suisse Faut-il donner accès à Intemet à tous les journalistes ou faut-il réserver cet accès à des spécialistes? Comment réaliser les interfaces nécessaires et guider nos journalistes dans leur navigation sur le réseau ? Je veux tout de suite vous rassurer, ou au contraire vous inquiéter : je ne suis pas un spécialiste d’Internet. Le réseau fait simplement partie techniques de presse juillet/août 1997 des outils que je dois mettre à disposition de mes collègues journalistes. Bien que dans mon titre – rédacteur en chef technique des publications d’Edipresse –2 il y ait le mot technique, je ne vais pas vous parler maintenant de technologie, mais plutôt de concepts d’utilisation rédactionnelle. A la lecture de l’intitulé de l’exposé (« Faut-il donner accès à Intemet à tous les journalistes ou faut-il réserver cet accès à des spécialistes ? » ), je n’ai pu m’empêcher de sourire. Je me suis retrouvé quelques mois en arrière, devant répondre aux mêmes questions, posées par ma direction générale. J’avais alors rapidement, et presque instinctivement, répondu : « Oui, il faut donner accès à Internet à tous nos journalistes et les guider dans l’utilisation du réseau ». Mes arguments, à l’époque, furent succincts : Internet est incontournable, c’est sans aucun doute une source d’informations utile. De plus, Edipresse a un site et nous ne pouvons pas faire autrement que d’y donner accès à ceux qui y déposent de l’information. Heureusement, la direction générale d’Edipresse ne m’en a pas demandé plus. J’aurais alors été bien emprunté si j’avais dû développer plus concrètement cette argumentation. C’est en effet seulement maintenant, après neuf mois – gestation standard pour l’espèce humaine – que nous voyons apparaître la tête du bébé et devinons à quoi il peut bien ressembler. Ce n’est que maintenant que nous pouvons commencer à tirer quelques enseignements de cette opération. Et je dis bien « commencer ». Il nous faudra encore du temps avant de savoir exactement comment chercher, gérer et utiliser les informations contenues dans l’immense fatras du Net. Un groupe de communication international, multilingue et multiculturel Edipresse emploie près de 2000 collaborateurs et déploie ses activités en Suisse, en Espagne, en France, au Portugal et en Pologne. L’expérience que je vais relater aujourd’hui se déroule en Suisse romande, où Edipresse édite et produit quatre quotidiens et une dizaine de magazines. Ce sont environ 350 journalistes auxquels nous avons donné accès à lnternet. Mes confrères sont équipés, depuis 1995-1996, de PC, tournant sous Windows 3.l . Depuis ces PC, ils accèdent à plusieurs bases de données via différents navigateurs. L’installation de Netscape 3.01 sur les stations rédactionnelles n’a donc posé aucun problème et n’a nécessité ni ajout ou remplacement de matériel ni programmation informatique particulière. De plus, elle était de toute façon prévue puisque la base de données de notre Centre d’information et de documentation – archives textes et photos, plus documentation – est aujourd’hui accessible via Net33