Travaux dirigés : Histoire de la construction européenne Marion Aballéa : [email protected] 18 septembre : Séance introductive : prise de contact, présentation du Td , répartition des exercices Séance introductive : prise de contact, présentation du TD, répartition des exercices Le commentaire historique Un document historique a une histoire et l’objectif est de construire un discours éclairant le rapport entre le document et son environnement. Comment le contexte historique permet de comprendre le document ? Comment le document permet de nous comprendre le contexte historique ? Ainsi, cela nécessite une connaissance fine des évènements et de la trame chronologique. La difficulté de l’exercice : éviter les deux écueils opposés : 1. Répéter le document : paraphrase. 2. Faire un exposé sur le thème traité. Il faut étudier le document concrètement. Il est absolument impossible de faire un document sans document. Etapes à suivre : 1. Lire le document plusieurs fois (2-3 fois). Se poser les questions : Qui est son auteur ? la présentation de l’auteur doit être inverse à la célébrité de l’auteur. Qu’elle est la nature du document ? A quelle date et à quelle distance entre l’événement et la constitution du document ? Faire attention à l’illusion rétrospective. Dans quelle lieu ? Important si le document est écrit dans une prison, en exil, localisation du discours.. Comment le document nous est arrivé, quelle a été son histoire ? 2. Elucider tout ce que l’on n’a pas compris. 3. Dégager les axes principaux du commentaire. La problématique -> axe de lecture -> fil directeur -> cohérence de la pensée. 25 septembre : La première guerre mondiale, négation de l’idée européenne ? La première guerre mondiale, négation de l’idée européenne ? Commentaire de document : Lénine et les Etats-Unis d’Europe (1914-1915) Commentaire de document : La Mitteleuropa par Friedrich Nauman (1916) Lénine : deux textes. 1ère paragraphe : politiquement ça se tient. Pas de contradiction entre Etats-Unis d’Europe et Révolution Socialiste. Ensuite, du point de vu économique, les Etats-Unis d’Europe ou bien impossible ou bien réactionnaire. Idée de la guerre comme murissement de la pensée socialiste et léniniste qui l’éloigne de l’idée Européenne. On a les effets d’une année de guerre. Tout le commentaire doit amener à expliquer comment on passe de l’un à l’autre et comment la guerre explique cette mutation. I) Les Etats-Unis d’Europe : concordance entre économie et révolution Développer la concordance entre économie et révolution et la question de la maturation du capitalisme. Le fait d’être à ce stade de l’histoire, fait que les EU d’Europe sont ou bien impossible ou réactionnaire. II) Les Etats-Unis d’Europe : impossible ou réactionnaire III) Le retour au mot d’ordre de la lutte des classes Lutte entre les nations. Friediech Nauman : C’est un personnage important dans l’histoire de la vie politique allemande. Il apparaît comme ayant fait une synthèse de la pensée socialisme et nationalisme. Il a présenté plusieurs projets nationalistes avant son discours. Il a exclue la Belgique dans son projet la considérant comme déjà allemande. Centrer la problématique : Mitteleuropa comme pur produit de la guerre et révélateur d’un bouleversement des modes de pensées. I) La continuité entre l’alliance en temps de guerre et la Mitteleuropa La guerre met en avant cette alliance, opportunité. La fraternité du sang versé, l’Allemagne et l’Autriche combattent côte à côte. Nécessité rétrospective de l’alliance. La guerre dessine la Mitteleuropa. II) La Mitteleuropa, fédéralisme allemand sur le continent européen C’est une sorte de prolongement de la guerre. Installer une position de force dans les futures négociations. Les déséquilibres au sein de la Mitteleuropa, un élément dominant, germanique, autour des satellites. III) La création d’une nouvelle entité et la guerre comme remise en cause des modèles Dimension fonctionnaliste du projet par opposition à une vision essentialiste. On s’interroge sur les formes d’organisations que cela va prendre. Création d’organismes supérieurs aux Etat avec un prima sur la taille. Conclusion : débat sur les interprétations de ce texte. Le rapport entre cette Mitteleuropa est l’idée d’Europe. Chronologie : Octobre 1915 : Publication de la Mitteleuropa de Friedrich Naumann. Février 1916 : Fondation d’une Commission de Travail pour la Mitteleuropa. 2 Octobre : Un après-guerre nationaliste ? L’Europe entre exaltation des nations et obsession du déclin On va s’interroger sur les effets de l’après guerre sur la question européenne. D’une part, les périodes d’après conflits sont avant tout des périodes d’exaltations nationales, d’union nationale bien plus que de projets. C’est aussi un moment de remise en cause, de retour en arrière. Le patriotisme économique Le texte est intéressant car on peut en trouver dans tout les pays d’Europe. Il est représentatif des courants d’essences patriotiques. Moment de défense de la puissance nationale. De même, il soulève deux questions : les colonies et l’économie douanière. Rondet Saint penche vers la collaboration de la France avec son Empire bien plus qu’avec les autres pays continentaux. La question de l’organisation économique du continent.. Ce discours anti élite joue un rôle important. Repli national. Le discours décliniste dans l’Europe d’après guerre Retenir Georges Mosse, grand historien. Père du concept de brutalisation des sociétés européennes, l’idée est celle que les sociétés européennes ont été confrontées à une telle violence que les traces sont perceptibles dans les rapports sociaux d’après guerre. Ce qui est intéressant est le mouvement intellectuel de l’idée que la première guerre mondiale a : 1. plongé l’Europe dans un déclin 2. Révéler le déclin de l’Europe. Vision théorique avec Spengler. Retenir : la vision cyclique de l’histoire : naissance des civilisations, ascension, déclin. Spengler considère que la première guerre mondiale permet d’entrer sa phase de déclin. Le livre de Demangeon n’a rien à voir avec Spengler en ce sens que l’ouvrage est factuel multipliant les données statistiques pour poser le déclin. Les deux livres rencontrent un écho révélateur d’un terreau favorable. Une des questions qui empoisonne les relations entre Etats est les dettes de guerre. Si nous prenons le point de vue français, la France avant guerre est la deuxième puissance financière. En 1920, la France est très mal, les avoirs qu’elles avaient placés sont perdus. On lie ce débat au prisme du déclin. Oui la France irriguait le monde en 1910 et en 1920, elle perd beaucoup. Sur la question coloniale, pour beaucoup de puissances européennes, c’est l’expression de la puissance (Belgique, Portugal). Or, après guerre, on conteste la suprématie coloniale. Dans les opinions publiques, on lit cette contestation comme une manifestation du déclin. L’Europe n’a plus la puissance d’imposer son autorité, son rayonnement. L’exemple typique est la guerre du Rif ou pendant 2 ans, des tribus rebelles du Maroc tiennent tête à l’armée Espagnole, puis à l’armée française. Formule de Gaston Riou « S’unir ou mourir ». Chronologie : 1918 : Le déclin de l’Occident d’Oswald Spengler 1919 : Le déclin de l’Europe d’Albert Demangeon 1919 : La crise de l’esprit de Paul Valéry 18 janvier 1919 : Début de la conférence de paix de Paris Octobre 1920 : Conférence économique de Bruxelles 1923 : Livre-manifeste Paneuropa de Coudenhove-Kalergi 1924 : Le monde d’hier. Souvenir d’un européen de Stefan Eweig. 9 Octobre : De la Paneurope à Locarno : l’Europe en vue ? R. Coudenhove Kalergi, Lettre ouverte aux parlementaires français, 1924. En 1924, élu une majorité de gauche en France : le cartel des gauches. Persuadé que seul la France a le pouvoir au milieu des années 20. Chronologie : 1922 : Premières idées d’une Paneurope diffusées par la presse de langue germanique. Janvier 1923 – Juillet 1925 : Occupation de la Ruhr Juillet 1923 : Plan Dawes Octobre 1923 : Publication de son ouvrage « Paneuropa » Janvier 1924 : Traité de Rome entre Italie et Yougoslavie. Juin 1924 : Lettre ouverte aux parlementaires nationaux 1925 : Accords de Locarno Septembre 1926 : Entrée de l’Allemagne dans la SDN Octobre 1926 : Premier congrès de l’Union Européenne 1930 : Le mémorandum Briand Pacte Rhenan, Locarno, 16 octobre 1925 Article 1 : Répète le Traité de Versailles : Inviolabilité des frontières. Garantis par l’Italie et la Grande-Bretagne qui s’engagent à intervenir en cas de violation de frontières. La diplomatie française court à cette garantie depuis 1918. Article 2 : pas de guerres sauf légitime défense, application des sanctions de la SDN. Article 3 : Régler les différents par l’arbitrage. Garantit les frontières si on ne recourt pas à la guerre. Article 4 : Violation flagrante. Court circuit de la SDN. Elle intervient dans un deuxième temps. Synthèse : Locarno est resté dans la mystique Européiste. Ce qui est important, c’est le premier acte international librement consenti par l’Allemagne avec ses adversaires. Elle est à l’origine de ce Traité. D’autre part, ce Traité comporte des potentialités et des ambiguïtés. Ainsi et rétrospectivement, ce qui donne le caractère européiste et que toutes les potentialités n’ont jamais trouvées de réalisations. A la fin du Traité, il sera éligible quand il sera ratifié et quand l’Allemagne entrera à la SDN. Elle est entrée en septembre 1926. De même, les frontières auraient pu changées. La contrepartie des accords de Locarno est l’absence d’accord sur les frontières de l’est. En disant qu’elle accepte ses frontières occidentales, elle refuse implicitement ses frontières orientales. Chronologie : 28 juin 1919 : Traité de Versailles : article 231 -> responsabilité d’Allemagne. Pacte de la SDN 24 juillet 1924 : Plan Dawes issu du protocole de Londres. Septembre 1924 : Protocole de Genève, projet d’Edouard Herriot. 16 Octobre : Défense économique, UDE et construction européenne L’UDE, un projet économique européen Décisif dans cette période des années 20, les questions économiques jouent un rôle central. Cela part de la division économique du continent avec l’érection des barrières douanières. Cette division économique prend forme et frappe les esprits notamment en 1924, lorsqu’un économiste anglais établit une carte en relief reflétant les frontières par rapport aux barrières douanières : la carte Clive Morrison. Elle fait apparaître « les citadelles douanières ». Les nouveaux Etats segmentent le continent. Chronologie : Mai 1924 : Succès électoral du « Cartel des gauches » 12 mars 1925 : L’appel adressé à la SDN pour la création de l’UDE. 16 octobre 1925 : Signature des accords de Locarno 30 septembre 1926 : Création de l’Entente Internationale de l’Acier 28 janvier 1927 : Création du comité français d’UDE 1930 : Premier congrès de l’UDE à Paris. Janvier 1930 : 15 comité d’UDE créées en Europe. Louis Loucheur a la conférence économique internationale, 7 mai 1927 : L’approche de Loucheur est plutôt contractuel. Méthode horizontale : les cartels vont unir l’industrie française, allemande, belge.. Tout ça va s’entendre sur différents critères Méthode verticale : contrôle de l’ensemble de la filière de production. Une industrie charbon qui s’allie avec une industrie sidérurgique qui va s’allier avec une autre.. Louis Loucheur veut un cartel unissant des mêmes branches économiques. Définition d’un cartel : En 1926, deux cartels ont été crée : le plus connu : celui de l’acier sous Emile Mayrisch (Entente Industrielle Acier). Un cartel moins connu : le potassium. Les patrons s’entendent entre eux sur : 1. les volumes de productions 2. les prix 3. les salaires. On parle de logique contractuelle -> acteurs du système économique qui s’organisent entre eux. Pour Louis Loucheur l’élément central est le problème des débouchés. « Louis Loucheur est le grand promoteur du HDM, l’habitat social public. » Risques de la cartellisation : Les victimes peuvent être les salariés, les consommateurs par l’entente des prix et les Etats qui ne sont pas producteurs (Europe de l’est). Les remèdes de Loucheur : Amplifie le concept e Genève. Il voit une auto régulation du système et que les abus vont attirés sur les entreprises une mauvaise publicité et vont détourner les potentiel clients et constituer une sanction. Louis Loucheur n’est pas un théoricien mais il est pragmatique dans ses idées. Exposé : l’Union douanière économique, un projet économique européen L’UDE représente la vision libérale du projet européiste économique en Europe. C’est un projet reposant sur les principes du libéralisme économique. Résumé : Double logique de l’union du continent : 1. Logique libérale 2. Logique contractuelle Finalement les deux logiques ont échouées car la conférence économique de Genève de mai 1927 (extra européenne) vote à l’unanimité le maintien des barrières douanières et de l’engagement des Etats à réduire leur tarif. 1927 apparaît comme une victoire pour ces mouvements ! L’action de l’UDE, des contractualistes se développent ensuite (cartel de l’acier 1926 fonctionne). Finalement, le retournement de la conjoncture politique et économique entre 1930 et 1933 va déclencher un net recul de ces mouvements. L’européiste devient en retrait et particulièrement les questions économiques. Le premier réflexe de l’ensemble des pays européennes face à la crise est protectionniste : augmenter les barrières européennes. Chronologie : Décembre 1916 : Début de la carrière ministérielle de Loucheur. 11 mai 1924 : Elections législatives françaises. 24 juillet 1924 : Plan Dawes. 23 octobre : 1925-1929 : âge d’or européen ? Les comités franco-allemands Chronologie : 1911 : Création de l’ARBED 16 octobre 1925 : Accords de Locarno 10 septembre 1926 : Entrée de l’Allemagne à la SDN 30 mai 1926 : Création du comité d’étude franco-allemande 6-8 février 1927 : 1er assemblée du comité à Berlin 4-23 mai 1928 : Mort d’Emile Mayrisch 7 juin 1929 : Plan Young Juin 1929 : Démission de Pierre Viénot du bureau de Berlin 1931 : Sortie du livre de Pierre Viénot, « Intercitudes allemandes » Le comité franco-allemand naît par deux personnes : Emile Mayrisch et Pierre Viénot. L’idée Viénot est avant tout la question de l’influence des opinions publiques. Les français et les Allemands ne se connaissent pas il faut influencer la presse. Viénot marque l’aile gauche du mouvement au point qu’il sera secrétaire d’état sous le front populaire alors que la grande majorité du comité était de droite. Jacques Seydoux est un grand diplomate à la tête du bureau des affaires économiques au quai d’Orsay. C’est un comité qui se veut de facilitation des échanges mais reposant sur une stricte structure binationale se rencontrant une fois par an. Cette séparation nationale est intéressante et pose problème. Dans la dérive en 1930, arrive un personnage V. Papen qui est nationaliste et en 1932, Papen devient chancelier. Quelle position le comité peut-il avoir directement lié au gouvernement allemand ? Peu à peu, une instrumentalisation du comité par le pouvoir politique. En résumé : Le nom officiel : «Comité franco-allemand d’information et de documentation » On a là assez typiquement une initiative qui dément l’idée que ces acteurs seraient inscrits à gauche ou dans les mouvements humaniste. Presque l’ensemble des 60 membres se retrouve dans les rangs du nationalisme socialisme et pour une grosse moitié, se dédie à la collaboration dans la France des années 40 Les Etats-Unis d’Europe par Carlo Sforza, 1930 Chronologie : 1925 : Carlo Sforza doit fuir en exile 1929 : Discours de Sforza à la conférence de la paix sur les auspices du Comité des conférences en politique internationale 1929/1930 : Parution de son article dans la « Revue de l’université de Bruxelles » Idée de la libre circulation des hommes en raison d’un taux d’immigration élevé en Italie dans les années 20-30. Appel très clair au pouvoir public. On ne parle pas d’abandon de souveraineté mais agir pour l’intérêt général. Sa préoccupation principale est la relation franco-allemande et il cite la Suisse à ce propos. Europe des valeurs qu’on retrouve également dans d’autres textes. « homme collectif, idée anti-européenne ». Résumé : C’est un personnage pour lequel le combat européiste est intimement lié au combat fasciste. Ce qui compte l’homogénéité des régimes et la démocratie. En exil, il vit cette Europa au quotidien. Appel au gouvernement, logique des pouvoirs publics. Idée d’unité spirituelle, idée d’unité de valeurs faisant sa cohérence. Une Europe par antithèse. C’est dans les valeurs qu’elle retrouve son unité. Après 1945, Sforza est un des pères de l’Europe, le ministre des affaires étrangères d’Alcide de Gasperi et celui qui va approche l’Italie au wagon franco-allemand dans l’après guerre. C’est lui qui signe pour l’Italie, le traité de la CECA en 1951.