Déclin de la Grande-Bretagne : désindustrialisation et

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Déclin de la Grande-Bretagne : désindustrialisation et
financiarisation
Ce qui domine dans l’examen de longue période de la GB, c’est sans doute le formidable
déclin de sa position dans le monde depuis la 1ère moitié du XIXème. Naguère puissance
dominante sur le plan économique, financier, et conjointement politique et militaire (hum), ce
pays n’est plus qu’une puissance européenne moyenne. Que la situation hégémonique que lui
a valu son rôle pionnier dans la 1ère RI se soit érodée avec la diffusion des techniques et de
l’industrialisation apparaît compréhensible, de même que la montée en puissance des USA
avec les 2 guerres mondiales. La performance médiocre de la GB après WW2 apparaît
beaucoup plus préoccupante car elle contraste avec les résultats des grands pays d’Europe
continentale et plus encore du Japon.
Parallèlement à ce déclin, la GB délaisse de plus en plus l’industrie au profit d’une logique
financière.
Le déclin de la GB est-il inéluctable ?
I-Un déclin progressif
1° Un déclin amorcé à la fin du XIXème
1860 : économie superdominante : 40 à 50 % de la production mondiale. GB= « atelier du
monde » grâce à un développement précoce.
1873 : Début de la crise généralise des économies des principaux pays industrialisés. Ampleur
et durée inconnue jusque là.
C’est de cette époque que date le déclin britannique.
- GB perd son avance dans le domaine industriel à cause de la diffusion des méthodes
de production développée en GB et de son retard dans certains secteurs. Causes :
ressources naturelle limitées, rattrapage par les autre pays, mondialisation des
échanges et baisse du commerce extérieur, faible degré de concentration, ouverture à
la compétition internationale / protectionnisme et rôle du marché intérieur étendu aux
USA…
- Puissance financière continue à se construire sur l’accumulation d’excédents de la
balance des transactions courantes, excédents dégagés par les échanges de services et
les revenus des capitaux placés à l’étranger, qui font plus que compenser le déficit
commercial.
Impérialisme = réponse socio-économique à la Grande Dépression
=> GB est de très loin la 1ère puissance fin à la veille de GM1. « Créanciers du monde »
2°Les deux guerres mondiales marquent la primauté des USA
Affaiblissement financier de GB qui liquide ses actifs à l’étranger et s’endette auprès des
USA pour financer la guerre => GB devient débitrice des USA. Situation financière intérieure
se dégrade à cause de l’effort de guerre=> augmentation déficit budgétaire financé par
création monétaire et montée de l’endettement=> inflation.
La création de la FED ouvre une période où l’avancée de la GB est remise en cause sur un
double plan : dépassée sur le plan industriel par All, USA… et hégémonie financière de la
City commence à être remise en cause par développement de la FED.
 Après 1ère GM : USA = puissance commerciale, financière, monétaire dominante,
détrônant GB.
Après WW2, la situation financière intérieure est mieux maîtrisée mais la naissance du
Welfare State => dépenses budgétaires importantes.
3° Après 1945, des performances économiques médiocres
Bilan contrasté : TCAM 2,8%, chômage faible, niveau élevé de protection sociale. Mais
performances décevantes par rapport aux pays industriels d’Europe continentale, au Japon et
même aux USA. « Homme malade de l’Europe »
Causes de ce déclin :
-rattrapage
-Croissance moins rapide des facteurs de production (K et W) : progression de
l’investissement faible, faible croissance du K par salarié, pas de réserve de MO
-GB n’a pas su intégrer le formidable PT, en terme notamment d’organisation du W et de
processus de production
-Sous-investissement
 50-60s : croissance de plein emploi mais gains de productivité faibles, pouvoir d’achat
limité et contrainte extérieure forte
II- Une logique de plus en plus financière
1° L’expansion de la finance britannique
- Séparation très précoce entre industrie et finance : gentrification de la bourgeoisie
britannique qui, abjurant les valeurs industrielles, adopte celles de l’aristocratie, fondées
sur la rente. Impérialisme= réponse socio-économique à la Grande Dépression.
Exportation massive de capitaux fin XIXe = volonté et manière de gérer le profit en
restant uniquement dans la sphère financière sans passer par la production de
marchandises.1914 : GB détient 45 % des capitaux exportés dans le monde
=>Le 1er essor financier de la GB fin XIXe a permis de compenser les effets d’une balance
commerciale structurellement déficitaire. Grâce aux invisibles, la balance des paiements
est excédentaire de 1873 à 1913.
=>stratégie de concentration des entreprises GB fondée sur d’intenses mouvements de
capitaux a permis d’éviter une crise majeure et un déclin absolu de l’industrie.
-Après GM2, déclin d’un appareil productif à l’obsolescence de + en + prononcée et
s’enfonçant de +en + dans la crise, parallèlement à une nouvelle phase d’essor financier
aux caractères très particuliers, fondé notamment sur le marché des eurodevises.
Expansion risquée car fondée sur des opérations de crédit libellées en eurodollars.
Multiplication des opérations de fusion acquisition grâce à la technique des OPA,
opérations purement financières qui disloquent toujours plus le tissu industriel anglais,
participent à une logique parasitaire et prédatrice dont les deux conséquences principales
sont l’aggravation du chômage et l’enrichissement fabuleux d’une minorité de
spéculateurs rentiers. Expropriation des entreprises GB, acquises par les grandes
entreprises américaines en dessous de leur val réelle.
2° Une politique de défense de la livre
Tout au long du XXe, GB a sacrifié l’industrie au profit de la défense de sa puissance
financière.
-Après GM1, volonté farouche de rétablir la convertibilité or, la solidité de la livre étant
considérée comme le principal facteur de la domination économique et financière sur le
monde. Mais ce retour suppose la conduite de politiques déflationnistes. Or, la FED mène
une politique de taux d’intérêt très élevés : pour contrer la fuite des capitaux vers les USA,
GB est obligée de pratiquer des taux encore plus élevés.
Si le retour à la convertibilité est un succès politique et monétaire, les taux élevés ont gêné
l’investissement et la reconstruction de l’appareil productif, la baisse des prix et des
salaires a provoqué l’effondrement de la demande et la chute de la rentabilité industrielle.
- Politiques de “ stop and go”après GM2 (cf. fiche sur GB) Objectif: maintenir la parité
de la livre.
III- Un déclin enrayé ?
La politique de Thatcher puis de Blair ont-elles enrayé ce déclin ? (cf. fiche pour les grandes
lignes de ces politiques)
Bilan mitigé :
-GB a renoué avec la croissance mais celle-ci reste cyclique car fondé sur une logique
purement financière, donc instable et vulnérable aux crises. Les transactions financières
n’entretiennent plus qu ‘un rapport lointain avec le processus productif. Recherche
systématique du profit purement financier à court terme implique la rapidité et le recours au
secret, facteurs à la base des scandales financiers des 80s. Déconnexion croissante entre une
économie financière artificielle et une économie réelle en grande difficulté ;
-Poursuite de la désindustrialisation : effondrements de pans entiers de l’appareil productif,
emploi industriel diminue de 30% entre 79 et 90, vague de faillites…
- Augmentation de la précarité, des inégalités => société duale
Conclusion :
Tout au long du XXe, GB a privilégié la défense de la livre aux dépens de son industrie, qui
est aujourd’hui sinistrée.
Croissance repose aujourd’hui sur les services (surtout financiers) et sur une logique purement
financière.
Epuration de l’économie GB par Thatcher permet à GB d’avoir à nouveau une croissance plus
forte que le continent euro. Au prix d’une société duale, d’une plus grande vulnérabilité aux
crises.
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