Thème 2 : La guerre au XXème siècle : Guerres mondiales et espoirs de paix : Espoirs de paix : De la SDN à l’ONU Les organisations internationales apparaissent au XIXe siècle mais c’est au lendemain des deux conflits mondiaux du XXe siècle que la Société des Nations (SDN), puis l’Organisation des Nations Unies (ONU) sont créées dans l’espoir de préserver la paix. I. La paix sous l’égide de la Société des Nations (SDN) a. La création de la SDN Les Quatorze Points : En janvier 1918, avant la fin de la Première Guerre mondiale, le président des Etats-Unis Woodrow Wilson définit devant le Congrès Américain dans un programme de paix connu sous le nom des Quatorze points du Président Wilson (définition p. 90 et doc. 4 p. 93). Les principaux points sont : o Liberté commerciale o Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes o Sécurité collective o Création de la SDN. En janvier 1919, à Paris, débute la conférence pour négocier les traités de paix bouclant la Première Guerre mondiale. Wilson y propose son programme de paix. Sécurité collective : L’objectif principal de la SDN est la garantie de la sécurité collective, pour assurer la paix (p. 90). Le contexte est favorable à la réception du message de Wilson. L’Europe est meurtrie par la guerre et un fort courant pacifiste émerge. L’espoir d’une paix juste et d’un règlement pacifique des futurs conflits apparaît. Principe des nationalités : La paix négociée entre les vainqueurs lors du traité de Versailles (28 juin 1919) redessine l’Europe selon le principe des nationalités ou droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. De nouveaux Etats sont créés : Tchécoslovaquie, Hongrie, Autriche, Yougoslavie, Pologne etc. (voir p. 81). Diktat : Mais le traité de Versailles impose des conditions très dures à l’Allemagne qui qualifie le traité de Diktat (p. 90). Le pays est démilitarisé, il doit payer de lourdes réparations et une partie du territoire est occupé par des troupes franco-belges. SDN : Le traité de Versailles instaure la création de la SDN, qui aboutit en 1920. Le siège de la SDN est installé à Genève, en territoire neutre. La SDN apparaît toutefois comme une organisation dominée par les puissances européennes victorieuses du conflit (32 Etats), et n’est donc pas vraiment « internationale ». Etats-Unis : Le Sénat américain refuse de ratifier le traité de Versailles qu’il juge injuste envers l’Allemagne (et donc risque d’amener à une nouvelle guerre). Il refuse donc d’entrer à la SDN, alors que les EUA sont alors la première puissance économique et militaire mondiale. b. L’action de la SDN Principes : Les principes de la SDN reposent sur la coopération entre les nations pour garantir la paix et la sûreté : L’article 10 est essentiel : « Les membres de la société s’engagent à respecter et à maintenir contre toute agression extérieure l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les membres de la Société ». La SDN s’engage à protéger le droit à disposer d’eux-mêmes de toutes les nations membres. 1 Ses objectifs sont l’abandon de la diplomatie secrète, une réduction de l’armement international et l’intégrité territoriale des Etats membres. Le 28 avril 1919, le pacte de la Société des Nations est intégré aux différents traités de paix. Les Etats membres s’engagent à ne pas recourir à la guerre mais à l’arbitrage en cas de conflit (résolution pacifique fondée sur le droit international). Fonctionnement : Une Assemblée générale composée de tous les Etats membres vote les décisions qui sont mises en forme par un secrétariat et exécutées par un Conseil composé de membres permanents et temporaires (doc. 1 p. 90). Chaque Etat dispose donc d’un droit de vote à l’Assemblée. Toutefois, le Conseil est composé de 5 membres permanents (France, Italie, Royaume-Uni, Japon puis Allemagne en 1926) et 9 temporaires qui changent chaque année. Cette répartition prouve que tous les Etats ne sont pas à égalité dans la nouvelle institution. Pour qu’une décision soit prise, il faut qu’elle soit votée à l’unanimité par tous les membres du Conseil, ce qui confère aux membres permanents un pouvoir supérieur (il suffit qu’un seul membre soit contre et la décision ne sera pas prise). En cas d’agression d’un Etat membre, le pacte prévoit des sanctions économiques et financières contre l’agresseur mais la SDN ne dispose pas d’une force internationale pour les faire appliquer (doc. 4 p. 91). Réalisations : En dépit de moyens limités, la SDN a eu un rôle important dans l’application de certains traités : elle impose sa médiation dans plusieurs litiges frontaliers et organise des plébiscites (consultation du peuple au suffrage universel) dans les régions disputées (voir p. 81). La SDN s’occupe du statut politique des colonies allemandes et des territoires arabes perdus par l’ancien empire ottoman. Elle les confie par mandats à la France et la Grande-Bretagne. Enfin, la SDN fait progresser l’idée d’un droit international économique et humanitaire en créant des organisations techniques comme le Haut commissariat pour les réfugiés (1921), la Cour de justice internationale ou encore le Bureau International du Travail. Les projets destinés à encourager l’arbitrage et la coopération se multiplient dans les années 1920. Le ministre français des Affaires étrangères, Aristide Briand, incarne dans les années 1920 ce qui commence à être appelé l’ « esprit de Genève » et les espoirs placés dans la sécurité collective et le règlement pacifique des conflits : o En 1925, il arrive à faire signer à l’Allemagne le pacte de Locarno par lequel elle reconnaît ses frontières occidentales et donc abandonne l’Alsace et la Lorraine ; l’Allemagne entre dans la SDN l’année suivante (doc. 3 p. 91). o En 1928, le pacte Briand-Kellog met la guerre « hors la loi » pour étendre le principe de sécurité collective à des Etats non-membres de la SDN. o Aristide Briand lance même un projet de fédération européenne en 1929 qui va se heurter aux nationalismes des Etats divisés face à la crise (doc. 3 p. 92). c. L’échec de la SDN L’Europe en crise : La crise économique de 1929 et la montée des totalitarismes (Allemagne nazie, Italie fasciste, URSS staliniste) accroissent les tensions internationales et paralysent la SDN. Le retrait des membres : En 1931, le Japon envahit la Mandchourie (Chine). La SDN tente sans succès de lui imposer des sanctions. Le Japon quitte finalement l’institution en 1933. La même année, Hitler parvient au pouvoir en Allemagne et quitte aussi la SDN car il refuse de maintenir le désarmement de l’Allemagne imposé par le traité de Versailles. Enfin, l’Italie sort de l’organisation en 1937. En 1939, la SDN exclu 2 l’URSS qui vient d’envahir la Finlande. La SDN se vide donc petit à petit de ses membres, ce qui laisse présager son échec définitif qui est la Seconde Guerre mondiale… Impuissance : L’échec de la SDN tient à l’impuissance et au manque de réaction de ses membres : elle ne prend aucune mesure contre le Japon en 1931, elle assiste passivement à la violation des traités de désarmement par Hitler, à l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne et à l’annexion de l’Ethiopie par l’Italie de Mussolini en 1936. C’est que les décisions doivent être prises à l’unanimité des membres du Conseil et l’absence de moyens militaires réduit l’efficacité des sanctions. Fin de la SDN : Lors de la déclaration de guerre de 1939, la SDN décide d’interrompre ses sessions jusqu’à la paix. Elle continue toutefois d’exister jusqu’à la création de l’ONU en 1945. Méthodologie sur la composition (développement) II. L’ONU et les espoirs d’un nouvel ordre mondial a. La naissance de l’ONU Charte de l’Atlantique : Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés tirent les leçons de l’échec de la SDN et commencent à réfléchir à la possibilité d’un nouvel ordre mondial propice à la paix à la fin de la guerre. Le 14 août 1941, Roosevelt et Churchill jettent les bases d’une nouvelle politique internationale dans la Charte de l’Atlantique (doc. 5 p. 93) : respect de l’intégrité territoriale, principe des nationalités, collaboration économique, sécurité collective etc. Conférence de Téhéran : En 1943, la décision de fonder une nouvelle organisation basée sur le principe d’une égalité souveraine des Etats pacifiques est prise par les trois membres de la Grande Alliance lors de la Conférence de Téhéran. Conférence de Yalta : o Lors de la Conférence de Yalta, en février 1945, les trois Alliés élaborent une déclaration sur l’Europe libérée qui stipule que les peuples pourront choisir librement leur gouvernement. o Mais dans les faits, l’Allemagne est divisée en zones d’occupation (carte p. 97). De plus, Staline obtient la reconnaissance implicite de l’annexion des pays Baltes et de la Pologne orientale. o En effet, à ce moment-là la guerre n’est pas encore gagnée et Roosevelt cherche à maintenir son Alliance avec l’URSS, même si les tensions entre Américains et Soviétiques sont déjà visibles. Il accepte donc que l’URSS ne respecte pas le principe des nationalités pour conserver leur alliance. Conférence de San Francisco : L’Organisation des Nations unies est créée par la Conférence de San Francisco du 25 avril au 26 juin 1945. Son traité constitutif, la Charte des Nations unies, est entré en vigueur le 24 octobre 1945 (doc. 4 p. 107). Le siège de l’Organisation est installé à New York. b. L’organisation et le fonctionnement de l’ONU Structure de l’ONU : o Chaque Etat membre dispose d’une voix à l’Assemblée générale. o L’Assemblée générale élit le Secrétaire général qui dirige l’administration de l’ONU (doc. 2 p. 107). o Le rôle majeur est dévolu au Conseil de Sécurité qui vote les principales résolutions et peut décider d’éventuelles sanctions qui peuvent aller jusqu’à l’envoi d’une force internationale formée de contingents des Etats membres (les casques bleus) (doc. 3 p. 107). Conseil de Sécurité : 3 o Les puissances vainqueur de la guerre ont un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU et disposent donc d’un droit de véto. Il s’agit de la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Russie et la Chine. o Le nouvel ordre international dépend donc de l’entente de ces puissances puisque le droit de véto peut bloquer le fonctionnement du Conseil de Sécurité. o A nouveau, tous les Etats membres n’ont donc pas un pouvoir équitable et ce sont les vainqueurs qui ont le plus de pouvoir. Une organisation politique, économique et sociale : l’Organisation prône la coopération dans les domaines économiques et sociaux et cherche ainsi à œuvrer pour le progrès de tous les peuples, avec l’idée que celui-ci amènerait une paix plus durable : o L’ONU comporte aussi une trentaine d’organisations spécialisées qui couvrent tous les champs du développement : OMS, UNICEF… o Afin d’éviter le retour aux désordres monétaires de l’entre-deux guerres, qui sont en partie responsable de la montée des totalitarismes, un nouveau système international est mis en place avec les accords de Bretton Woods qui créent le FMI et la Banque Mondiale (voir p. 106) Réalisations : Dès la fin des années 1940, l’ONU est paralysée par la Guerre froide que se livrent l’Est et l’Ouest. Entre 1945 et 1990, le droit de véto est utilisé 242 fois par les membres permanents du Conseil de Sécurité, très majoritairement par les Etats-Unis et l’URSS. 4