INTRODUCTION 5
pour élucider des corrélations, à court terme surtout (le rendement d’une
propagande pendant une campagne électorale, par exemple 3), ais il ne faut pas en
surestimer la valeur explicative, d’autant plus que ces travaux, d’inspiration
positiviste, se heurtent fréquemment à la complexité de la conscience politique : le
discours surgit, inévitable et inaccessible, puis la résistance ou la perméabilité du
destinataire sous les messages des propagandistes se révèle, obscure et imposante4.
Le problème de la propagande n’est pas celui de la persuasion
politique. On nous signalera sans doute que c’est une question de définition ; peut-
être nous rappellera-t-on que « le message, c’est le medium ». Pour nous, la
propagande n’est qu’un des nombreux facteurs dans le champ
sychosociologique
de la persuasion politique. Elle est si peu de choses en elle-même, si
immédiatement rattachée à tellement de réalités, qu’il est difficile de l’imaginer
comme problématique et de faire que la réflexion n’aboutisse pas dans un univers
épars, quelquefois effrayant5. Si le concept de persuasion doit être encadré, celui de
propagande doit être incorporé.
Le développement de la pensée politique est un processus
compliqué aux données multiples et les recherches des historiens, pour
Persuading an Urban Public : The St. Louis Privacy Campaign », Journalism Quarterly, hiver
1977, vol. 54, n" 4, p. 669-673 ; Paul M. Kohn et Gordon E. Barnes, « Subject Variables and
Reactance to Persuasive Communications about Drugs,
European Journal of Social Psychology, vol. 7, n’ 1, p. 97-109 ; Lawrence R. Wheelers, « Some
Effects of Time Compressed Speach on Persuasion », Journal of Broadcasting, automne 1971, vol.
15, n" 4, p. 415-420.
3. Une campagne électorale est un moment privilégié pour étudier des phénomènes de persuasion
politique. Elle met en œuvre, dans une période déterminée, des persuadeurs dont on peut étudier la
pratique, l’action individuelle et collective ; à son terme, on a un effet précis, un résultat pour
chacune des actions.
4. Nous ne relevons que les textes suivants : René Rémond et Claude Neuschwonder, « Télévision et
comportement politique », Revue française de science politique. juin 1973, vol. 13, n° 2, p. 325-
347 ; Guy Michelat, « Télévision, moyens d’information et comportement électoral », Revue
française de science politique, octobre 1964, vol. 14, n° 5, p. 877-905 ; Peter Swedfeld et Roderich
A. Borrie, « Sensory Deprivation, Attitude Change and Defense against Persuasion », Canadian
Journal of Behavioural Science, janvier 1978, vol. 1, n° 1, p. 16-27.
5. Comme chez Joseph Folliet, Bourrage et débourrage des crânes : Propagande, publicité, action
psychologique, Lyon, Chronique sociale de France, Le fond du problème, 1963 ; Jean-Paul
Gourevitch, La propagande dans tous ses états, Paris, Flammarion, 1981 ; J.A.C. Brown,
Techniques of Persuasion from Propaganda to Brainwashing, Harmondsworth, Penguin Books,
1965. Ces remarques s’appliquent aussi, en dépit de son titre apparemment pondéré, au livre de
Monica Charlot, La persuasion politique, op. cit.