management practices
respecting the quality of the
environment. Today a
management policy of
conservation is being
implemented and, thanks to
regulation and the use of
technical means adapted to
the situation, it has become
possible to preserve or
restore biodiversity in the
species or the landscapes.
KEY WORDS
Peat, coastal dune,
sustainable management,
ecological engineering,
monitoring, Northern
F r a n c e .
pour engendrer la création de nouvelles
dépressions au fond des caoudeyres
4
. Les
dépressions sont donc anciennes et les différentes
communautés pionnières qui se différencient
normalement en auréoles plus ou moins
concentriques, depuis les niveaux aquatiques
permanents (herbiers aquatiques, bas-marais)
jusqu’aux fourrés bas longuement inondables, ne
sont plus toujours apparents. Au contraire, le
développement localisé de massifs arbustifs s’est
généralisé dans et autour des dépressions. Un
autre facteur n’est pas étranger à cette progression
des ligneux : la diminution du lapin de garenne
sous l’effet de la myxomatose depuis les années
1950-1960. Le lapin ne contrôlant plus la
végétation dunaire, d’importants fourrés se sont
développés ; l’extension des ligneux s’est
accompagnée d’une baisse du niveau de la nappe
par augmentation de l’évapotranspiration. Certes,
le développement des arbustes sur le rebord des
dépressions crée une zone abritée du vent
favorable aux oiseaux d’eau. Mais, cette évolution
porte atteinte à la valeur du patrimoine naturel et
aux milieux aquatiques associés. Avec l’atterrisse-
ment et l’assèchement progressif, il y a accéléra-
tion de la dynamique végétale, par densification
de la végétation puis embroussaillement à la
faveur d’années de sécheresse. La progression
des ligneux devient problématique à partir du
moment où la tourbe atteint un stade dit
minéralisé. L’assèchement conduit à la disparition
des communautés végétales les plus originales,
celles qui caractérisent les niveaux moyens et bas
les plus longuement inondables dans les vastes
dépressions herbacées parfois creusées de mares
anciennes toujours en eau. En se fermant, les
dépressions disparaissent ou du moins
deviennent moins nombreuses, surtout depuis
que les gestionnaires ont interrompu le cycle
naturel des dunes en les stabilisant et en les
fractionnant avec le développement des stations
balnéaires au cours du siècle passé. Dans le
département de la Manche, l’assèchement peut
être aggravé avec l’intensification des pratiques
agricoles sur les mielles (cultures maraîchères sur
sable) et la multiplication des pompages qui
l’accompagne. En Flandre, le drainage des polders
ou de l’arrière-dune, associé à l’installation de
captages d’eau souterraine, a produit les mêmes
effets. Près de la frontière belge, il faut également
noter les remblaiements ou décharges liés aux
aménagements touristiques ou portuaires mal
contrôlés (Provoost et al., 2002). Ces processus
conduisent à moyen terme à la disparition des
végétations tourbeuses. Ailleurs, la politique
d’enrésinement menée jusqu’aux années 1970-
1980 dans ou autour des dépressions a pu
remplacer les habitats naturels et encourager
l’apparition de broussailles. Dans beaucoup de
sites, les pins subventionnés par le Fonds forestier
organique, apparaissent des pelouses rases riches
en espèces patrimoniales (Sagina nodosa v a r .
monoliformis, Littorella uniflora, Gnaphalium
l u t e o - a l b u m). Ces espèces sont caractéristiques
des eaux peu profondes, oligotrophes et très
légèrement chlorurées. Plus en retrait, nous
trouvons des bas-marais tourbeux de bas niveau
riches en espèces turficoles comme le choin
noirâtre (Schoenus nigricans) et la linaigrette à
feuilles étroites (Eriophorum polystachion). On
retrouve également des espèces végétales de
grande valeur patrimoniale, certaines ayant des
affinités boréales ou thermo-atlantiques, comme la
parnassie des marais (Parnassia palustris), la
pyrole à feuilles rondes (Pyrolus rotundifolia) ou
diverses orchidées comme l’épipactis des marais
(Epipactis palustris) ou le liparis de Loesel (L i p a r i s
l o e s e l i i ) (Photo 1).
La plupart de ces espèces sont très sensibles aux
variations des hauteurs d’eau et affectionnent les
sols avec un horizon tourbeux supérieur. Sur les
sols organo-minéraux moins longuement inon-
dables, prend place une végétation herbacée plus
haute et moins ouverte dominée physiono-
miquement par les monocotylédones (graminées,
joncacées, cypéracées). Une plus grande fermetu-
re du milieu aboutit à des formations prairiales
dominées par les graminées puis à des végétations
hautes et fermées de type roselière ou mégaphorbiaie.
Les dépressions et marais arrière-dunaires sont
des sites très attractifs pour certaines espèces
d’oiseaux liées aux zones humides à condition que
les perturbations y soient limitées. Le chevalier
gambette, l’huîtrier pie, le vanneau huppé, la
bécassine des marais ou la mouette
mélanocéphale sont, entre autres, des espèces
amenées à séjourner dans les dépressions et aussi
à s’y reproduire. De même, la diversité en insectes
aquatiques et en amphibiens (tritons, grenouilles,
crapauds) est grande et certaines espèces sont
menacées de disparition comme le triton crêté,
espèce visée à l'annexe II de la directive Habitats.
Une biodiversité étonnante et la présence
d’espèces très rares en France, voire en Europe,
font de ces écosystèmes des milieux privilégiés et
de véritables laboratoires à ciel ouvert.
Une biodiversité menacée
Les dépressions tourbeuses sont donc reconnues
par leur valeur biologique, écologique et
paysagère, mais aussi par leur valeur d’usage.
Mais aujourd’hui, la pérennité à long terme de ces
dépressions humides ne semble pas totalement
assurée. La raison de cet état de fait est liée au
degré d’ancienneté de ces dépressions et à la
dynamique de la végétation qui s’y est dévelop-
pée. En effet, les massifs dunaires sont, de nos
jours, bien végétalisés et stabilisés et la
dynamique éolienne n’est pas suffisamment active
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VOL 79 4/2004
La gestion conservatoire des dépressions tourbeuses intra-dunales du nord de la France
1 - Succession végétale dont le
premier stade est un substrat
humide nu. L’antonyme cor-
respond à la xérosère dunaire.
2 - Le Symel est le Syndicat
mixte des espaces littoraux de
la Manche.
3 - Ces cinq habitats élémen-
taires sont : les mares dunai-
res, les pelouses pionnières
des pannes, les bas-marais
dunaires, les prairies humides
dunaires, les roselières et
cariçaies dunaires.
4 - Les c a o u d e y r e s ( t e r m e
gascon) désignent des excava-
tions de petite dimension
(quelques m2) susceptibles de
se développer en largeur et en
profondeur si les conditions du
milieu s’y prêtent (vent fort,
absence de stabilisation par la
végétation). Les caoudeyres
qui s’élargissent constituent
l’amorce des futures dunes
paraboliques.