Le Péricarde : Anatomie, Aspect Normal et Pathologies les plus

publicité
IMAGERIE CARDIAQUE POUR LE RADIOLOGUE NON SPECIALISTE : LES FOND
Le Péricarde :
Anatomie, Aspect Normal
et Pathologies les plus
fréquentes
Dr. François Pontana
Rouen le 11 septembre 2015
Définition
Sac fibro-séreux qui enveloppe le cœur et la partie
initiale de l’aorte, de l’artère pulmonaire, des
veines pulmonaires et de la veine cave
supérieure.
Le coeur se dispose au sein du péricarde
« comme un coup de poing donné
dans un ballon crevé »
Embryologie
Cavité péricardique
L’ébauche péricardique existe dés la
3ème semaine de vie embryonnaire.
Bulbe artériel
Le tube cardiaque primitif est entouré
d’une séreuse dite cavité péricardique
qui dérive de la cavité cœlomique.
Sinus veineux
Atrium primitif
Ventricule primitif
Croquis Dr P. Kilner, Londres
Anatomie
1. Péricarde « Séreux »
– Constitué de 2 feuillets : viscéral (ou
épicardique) et pariétal.
– en continuité l’un avec l’autre, par
l’intermédiaire des zones de réflexion
péricardique situées à la base du cœur.
2. Péricarde « Fibreux »
– Double à l’extérieur le péricarde séreux.
– Sac clos hermétiquement et qui sert à
protéger et à fixer le cœur.
D’après L. Raya
Physiologie
Le péricarde présente deux fonctions essentielles :
1. Hémodynamique :
– Prévention d’une trop grande dilatation cardiaque (surtout le VD).
– Optimisation volume/pression intracavitaires.
2. Anatomique et Mécanique :
–
–
–
–
Protège le coeur des infections/inflammations.
Réduit les frottements coeur/structures adjacentes (poumons +++).
Fixe le coeur dans le thorax, notamment lors des changements de position.
Lieu de passage des éléments vasculo-nerveux.
Radio anatomie
TDM:
• Fine ligne de densité tissulaire.
• Epaisseur < 2mm.
•
Mieux visualisé en regard du VD.
– Contraste du à la graisse médiastinale et épicardique.
Sinus et récessus
• Correspondent à des replis
au niveau des lignes de
réflexion du péricarde
séreux.
• Sinus transverse :
Entre le pédicule artériel et
l’OG.
• Sinus oblique :
En arrière de l’OG, entre les
veines pulmonaires.
Sinus transverse
Grande cavité
péricardique
Sinus et récessus
• Correspondent à des replis
au niveau des lignes de
réflexion du péricarde
séreux.
• Sinus transverse :
Entre le pédicule artériel et
l’OG.
• Sinus oblique :
En arrière de l’OG, entre les
veines pulmonaires.
Bogaert et al. Radiology 2013;267:340-56
Sinus et récessus
• Sinus transverse :
Récessus
aortique supérieur
Récessus
pulmonaire gauche
D’après Netter
Sinus et récessus
• Pièges classiques :
Récessus aortique supérieur = adénopathie, hématome de paroi
ou dissection aortique:
–
–
–
–
•
forme de croissant
absence de réhaussement
densité liquidienne
absence de paroi
Détection en TDM :
– Sinus 45%
– Récessus 20%
Kodama et al. AJR 2003;181:1101-8
Récessus de la
VPID
Agénésie du péricarde
– Défect péricardique partiel (90%) ou complet.
– Fréquence : 1/ 10 000, le plus souvent à gauche +++
Tableau clinique :
– Asymptomatique, ou symptômes posturaux (douleur, dyspnée).
– Risque : étranglement de structures cardiaques au sein du
défect, auricule gauche +++
Montaudon et al. Surg Radiol Anat 2007;29:195-200
Agénésie du péricarde
Aspect au scanner :
– Discontinuité du péricarde.
– Interposition de
parenchyme pulmonaire
entre l’aorte et l’artère
pulmonaire +++
– ou entre le cœur et le
diaphragme.
– Déviation et rotation du
cœur vers la gauche.
Sémiologie TDM
Epanchement
Epaississement
Signes d’inflammation
Calcifications
Et pathologies associées…
Epanchement
Collection liquidienne ou gazeuse
entre les feuillets du péricarde
séreux.
•Diagnostic au scanner :
Collection suivant la topographie
normale du péricarde.
•Caractéristiques à préciser :
–Abondance : en coupe
axiale.
–Caractère circonférentiel ou
non.
–Densité.
Epanchement
• Abondance :
Mesure de l’épaisseur dans le plan
transverse.
– Faible < 10 mm
– Modérée 10 à 20 mm
– Grande abondance >20mm
• Retentissement sur la fonction
cardiaque :
– Collapsus cavités droites.
– Dilatation VCI, veines sus hépatiques.
Epanchement
• Hémopéricarde:
– TDM:
• hyperdensité spontanée, absence de rehaussement.
• Etiologies:
–
–
–
–
Péricardite hémorragique.
Dissection.
IDM avec rupture myocardique+++
Néoplasie (si récurent).
Epanchement
• Pneumopéricarde:
– TDM:
présence d’un croissant de densité aérique
au sein du péricarde.
• Etiologies:
– Infection.
– Traumatisme.
– Pneumopathie nécrosante, tuberculose,
histoplasmose, aspergillose invasive.
– Fistule avec l’oesophage, l’estomac ou les
bronches.
– Pneumothorax avec agénésie péricardique.
Epanchement
• Chylopéricarde:
– TDM:
Epanchement de densité graisseuse (inconstant).
• Etiologies:
– Chirurgie cardio-thoracique (plaie du canal
thoracique+++, obstruction du réseau
lymphatique cardiaque).
–
–
–
–
Traumatisme.
Irradiation médiastinale.
Néoplasique.
Idiopathique.
Kwon et al. J Cardiothorac Surg 2013;8:28-30
Tamponnade
– Accumulation liquidienne importante
ou rapide dans la cavité péricardique.
– Trouble du remplissage ventriculaire.
– Compression des cavités droites.
•Ne devrait pas être diagnostiquée par
le radiologue: ETT+++
•Signes scanographiques:
– Epanchement péricardique abondant.
– Collapsus des cavités droites (OD).
– Dilatation de la VCI et des veines sushépatiques avec reflux du produit de
contraste.
Rajiah et al. J Cardiovasc Comput Tomogr 2010;4:3-18
Epaississement - Inflammation
• Epaississement :
–
–
–
–
TDM > 2mm.
Caractère régulier ou nodulaire.
Son étendue et sa topographie.
L’existence d’un épanchement
associé.
Un épanchement de faible
abondance peut mimer un
épaississement.
• Inflammation :
– Hyper-vascularisation diffuse du
péricarde.
– Réhaussement péricardique.
– Calcifications à la phase chronique.
Péricardite aiguë
• Aspect au scanner :
– Epanchement séro-fibrineux
d’abondance variable, allant de la
péricardite sèche à la tamponnade.
– Epaississement et symphyse des
feuillets péricardiques.
– Inflammation: Réhaussement.
Yared et al. JACC Cardiovasc Imaging 2010;3:650-60
Péricardite aiguë
• Clinique:
Douleur thoracique fébrile, majorée à l’inspiration, calmée par
la position penchée en avant, associée à un syndrome
grippal.
• Étiologies nombreuses:
– Infectieuses (le plus souvent virale, tuberculose…).
– Connectivites (lupus, PR…).
– Secondaire à l’affection d’organe contigu (dissection Ao,
pneumopathie).
–
–
–
–
–
Néoplasique (primitive ou secondaire).
Trouble métabolique (urémique).
Traumatique.
Post IDM.
Idiopathique.
Abcès péricardique
Calcifications
Epaississement calcifié nodulaire ou
linéaire du péricarde.
• Processus de cicatrisation des
péricardites.
• Intérêt du mode VRT (rendu
volumique) pour apprécier la
localisation et l’abondance.
• Diagnostic différentiel = nécrose
myocardique calcifiée.
Péricardite chronique
constrictive
– Forme évolutive péjorative de certaines atteintes péricardiques.
– diminution de la compliance du péricarde.
– remaniements fibreux ou calciques.
•Tableau clinique :
– Signes d’insuffisance cardiaque droite ou globale.
•Physiopathologie :
– Dysfonction ventriculaire diastolique par gêne au remplissage
ventriculaire.
– Fonction systolique conservée.
Péricardite chronique
constrictive
• Etiologies
–
–
–
–
–
Idiopathique +++
Infectieuse (virale, bactérienne, tuberculeuse, fungique).
Connectivites (polyarthrite rhumatoïde, lupus…).
Urémique.
Néoplasique (métastatique, lymphome, leucémie, sarcome,
mésothéliome).
– Traumatique.
– Post chirurgicales ou post radiothérapie +++
Wang et al. RadioGraphics 2003;23:167-8
Péricardite chronique
constrictive
Post-radiothérapie
médiastinale
Wang et al. RadioGraphics 2003;23:167-8
Constriction
•
Critères de constriction en scanner :
– Epaississement (souvent au-delà de 4-6 mm).
– Calcifications péricardiques (inconstantes, non
proportionnelles à la sévérité de la constriction).
– Aspect tubulé/étroit d’1 ou des 2 ventricules.
– Septum inter-ventriculaire paradoxal.
– Elargissement d’1 ou des 2 oreillettes.
– Dilatation de la VCI, de la VCS.
– Signe négatif : dilatation du VD élimine la
constriction.
Péricardite chronique
constrictive
• Découverte d’un foie cardiaque chez une patiente sans
antécédent connu.
Images Pr. JN Dacher
Péricardite aigue liquidienne
± Tamponnade
Péricardite subaiguë
constrictive
Péricardite chronique
constrictive
Constriction
Epanchement
Péricardite subaiguë constrictive :
•Coexistence d’une tamponnade et d’une constriction.
•Evolution soit vers la guérison, soit vers une forme
chronique constrictive.
•Forme fréquente des péricardites tuberculeuses +++
Hancock. N Engl J Med 2004;350:435-7
Masses et pseudo-masses
Kystes et diverticules
Pathologies secondaires
Pathologies primitives bénignes et
malignes
Kyste et diverticule péricardiques
• Kyste péricardique :
–
–
•
Localisation préférentielle :
–
•
Angle cardiophrénique droit +++
Tableau clinique :
–
–
•
Anomalies de développement du péricarde.
Sans communication avec la cavité péricardique.
Asymptomatique.
Risque : compression des cavités cardiaques
Aspect au scanner :
–
–
–
Image de densité liquidienne.
homogène, bien limitée, venant au contact du
péricarde.
Absence de prise de contraste.
Yared et al. JACC Cardiovasc Imaging 2010;3:650
Kyste et diverticule
péricardiques
•
Diverticule péricardique:
– Sémiologie identique au kyste
péricardique
– Différencié par une communication directe
avec la cavité péricardique
– Sa morphologie change avec la position
du patient
– Comparaison scanner en décubitus et
procubitus +++
D’après L. Raya
Kyste et diverticule péricardiques
• Kyste hydatique:
– Lesion arrondie hypodense.
– ± visualisation des vésicules.
– ± calcifications périphériques.
Elorriaga et al. Rev Esp Cardiol 2011;64:430-438
Masses bénignes du péricarde
• Lipome: densité graisseuse.
• Hémangiome : rehaussement
intense.
• Fibrome : prise de contraste
tardive.
• Tératome : composante calcique
et graisseuse.
Pathologies tumorales
• Secondaires :
–
–
–
–
–
Cancer broncho-pulmonaire.
Cancer du sein.
Lymphome malin.
Mélanome.
Leucémie aiguë.
Extension
Pathologies tumorales
Pathologies tumorales
• Primitives :
–
–
–
–
Mésothéliome +++
Lymphome.
Sarcome.
Liposarcome.
Pseudo masses
• Nécrose de la graisse épicardique ou médiastinale :
– Cause inconnue.
– Douleur thoracique d’apparition brutale.
– Aspect TDM: lésion de densité graisseuse entourée d’un halo
hyperdense.
Pineda et al. AJR 2005;185:1234-36
Pseudo masses
• Gossypibome péricardique :
Radiology 2013;267:340-56
Points clés
•
L’étude du péricarde est possible et nécessaire sur tout scanner
thoracique.
•
La connaissance de l’anatomie des récessus péricardiques est
essentielle:
– Diagnostic différentiel parfois difficile : dissection aortique ou une adénomégalie.
•
Les signes devant faire suspecter une constriction péricardique au
scanner sont :
– Un épaississement péricardique supérieur à 4 mm, la présence de calcifications
péricardiques
– Une dilatation atriale, un aspect tubulé du VD et une dilatation de la VCI.
•
Les tumeurs malignes péricardiques sont principalement des
métastases.
Téléchargement