Progrès
en
urologie
(2014)
24,
3—8
Disponible
en
ligne
sur
www.sciencedirect.com
MISE
AU
POINT
Mise
au
point
:
TEP-choline
et
cancer
de
la
prostate
Focus:
Prostate
cancer
and
PET-choline
I.
Brenot-Rossi
Département
de
médecine
nucléaire,
institut
Paoli-Calmettes,
232,
boulevard
de
Sainte-Marguerite,
13232
Marseille
cedex
9,
France
Rec¸u
le
9
juillet
2013
;
accepté
le
24
juillet
2013
MOTS
CLÉS
Cancer
de
prostate
;
TEP
;
Fluorocholine
;
FCH
;
Stadification
ganglionnaire
;
Métastase
Résumé
La
TEP
à
la 18F-Fluorocholine
a
l’AMM
pour
le
diagnostic
de
métastases
osseuses.
Il
n’y
a
pas
de
contre-indication
à
la
réalisation
de
cet
examen,
mais
il
est
souhaitable
de
ne
pas
instaurer
ou
modifier
une
suppression
androgénique
avant
la
réalisation
d’une
TEP-choline.
Des
études
ont
rapporté
une
bonne
corrélation
entre
la
localisation
de
choline
intra
prostatique
et
le
foyer
tumoral
(prostatectomie)
si
celui-ci
est
supérieur
à
5
mm,
ce
qui
confère
à
cet
examen
un
intérêt
pour
guider
des
biopsies
restées
négatives.
Dans
le
bilan
d’extension
des
cancers
à
haut
risque,
la
TEP-choline
peut
détecter
des
ganglions
métastatiques
dont
la
taille
est
supérieure
à
5
mm,
notamment
ceux
situés
hors
du
territoire
de
curage.
La
TEP-choline
est
l’examen
le
plus
performant
pour
déceler
les
métastases
osseuses
infra-radiologiques.
Elle
permet
ainsi
le
diagnostic
du
N
et
du
M
en
un
seul
examen
chez
les
patients
à
haut
risque
et
peut
se
substituer
aux
autres
examens
pour
la
détection
des
métastases
à
un
stade
précoce.
Lors
de
la
récidive
biochimique,
la
TEP-choline
peut
identifier
le
foyer
de
récidive
dès
un
seuil
de
PSA
à
1
ng/mL
et
différencier
une
rechute
locale
d’une
rechute
métastatique
ganglionnaire
ou
osseuse.
Ce
seuil
peut
être
abaissé
lorsque
la
vélocité
est
supérieure
à
1
ng/mL
par
an
ou
le
temps
de
doublement
inférieur
à
six
mois.
Pour
des
taux
bas
de
PSA
(environ
5
ng/mL),
la
récidive
est
en
général
unique
et
la
TEP-choline
pourrait
être
indiquée
en
première
intention
pour
la
visualiser,
afin
d’envisager
un
traitement
local
de
rattrapage.
L’élimination
urinaire
de
la
choline
peut
masquer
un
foyer
de
récidive
locale
mais
cet
inconvénient
est
pallié
par
l’administration
de
furosémide.
Les
examens
standards
(scintigraphie
osseuse,
TDM.
.
.)
restent
suffisants
pour
des
taux
élevés
de
PSA.
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2013
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Masson
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droits
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e-mail
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matter
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2013
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http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2013.07.016
4
I.
Brenot-Rossi
KEYWORDS
Prostate
cancer;
PET;
Fluorocholine;
FCH;
Lymph
node
staging;
Metastasis
Summary
PET
with 18F-Fluorocholine
has
authorization
for
the
diagnosis
of
bone
metastases.
There
are
no
limitations
to
the
realization
of
this
exam
but
androgen
deprivation
treatment
should
not
be
initiated
or
modified
before
performing
TEP-choline.
Some
studies
have
shown
a
good
correlation
between
choline
uptake
within
the
prostate
and
the
tumor,
if
the
size
is
greater
than
5
mm;
this
exam
is
interesting
in
case
of
negative
biopsy.
In
the
initial
staging
of
high-risk
prostate
cancer,
metastatic
nodes
could
be
detected
if
there
are
more
than
5
mm,
especially
those
localized
outside
the
lymphadenectomy
area.
TEP-choline
is
the
most
efficient
exam
that
could
detect
intra-medullary
bone
metastases.
It
could
realize
the
staging
N
and
M
in
one
procedure,
and
it
could
replace
conventional
imaging
exams
to
detect
lesions
at
an
early
stage.
In
the
evaluation
of
recurrent
disease,
TEP-choline
is
able
to
detect
the
site
of
relapse
local,
pelvic
nodal
or
bone
metastases
from
a
threshold
of
1
ng/mL,
less
if
the
velocity
value
is
greater
than
1
ng/mL
per
year
or
the
doubling
time
less
than
6
months.
For
low
PSA
value,
(around
5
ng/mL),
relapse
is
usually
isolated,
either
be
local
or
nodal
or
metastatic.
TEP-
choline
could
be
carried
out
in
a
first
intention
to
consider
a
local
salvage
treatment.
Bladder
accumulation
of
choline
can
hide
local
small
volume
recurrence:
overcome
this
drawback
by
the
administration
of
Furosemide.
In
case
of
high-level
PSA,
Standard
examinations
(scintigraphy,
CT.
.
.)
are
sufficient
to
detect
the
site
of
relapse.
©
2013
Elsevier
Masson
SAS.
All
rights
reserved.
L’indication
de
la
tomoscintigraphie
à
émission
de
positons
(TEP)
à
la 18F-Fluorocholine
(F-choline)
est
actuellement
retenue
dans
la
recherche
de
métastases
osseuses
(AMM)
du
cancer
de
la
prostate.
Des
études,
de
plus
en
plus
nombreuses,
rapportent
des
résultats
intéressants
dans
le
diagnostic
de
rechute
extra-osseuse
chez
des
patients
anté-
rieurement
traités
pour
un
cancer
localisé.
Parallèlement,
Figure
1.
Patient
46
ans
;
biopsie
score
7
(4
+
3),
PSA
=
20
ng/mL,
T2
clinique
gauche.
IRM
:
T2N0
;
TDM
normale
:
scintigraphie
osseuse
normale.
Évaluation
pré-chirurgicale
;
TEP-choline
:
captation
choline
intense
de
l’apex
à
la
base,
venant
au
contact
du
muscle
releveur
de
l’anus
à
gauche
;
adénopathies
hypermétaboliques
ilio-obturatrices
droites
et
gauches
;
métastases
osseuses
(ischion,
sacrum,
T8,
L3).
quelques
travaux
se
sont
également
intéressés
à
la
place
de
la
TEP-choline
dans
le
bilan
d’extension
pré-thérapeutique
du
cancer
localisé
de
la
prostate
des
patients
à
haut
risque
métastatique.
Il
n’y
a
aucune
contre-indication
à
la
réalisation
de
l’examen
;
il
n’existe
donc
aucune
préparation
particu-
lière
du
patient.
Il
est
important
de
ne
pas
instaurer
une
Mise
au
point
:
TEP-choline
et
cancer
de
la
prostate
5
suppression
androgénique
avant
la
réalisation
d’un
examen
TEP-choline
;
en
effet,
l’efficacité
du
blocage
androgénique
se
traduira
par
une
chute
du
taux
de
PSA
et
parallèle-
ment
par
la
disparition
des
foyers
hypermétaboliques
et
l’examen
TEP
risque
de
ne
plus
être
contributif.
De
même,
il
est
préférable
de
ne
pas
modifier
l’hormonothérapie
d’un
patient
devenu
résistant
à
la
castration
avant
l’exploration
TEP.
La
recherche
du
foyer
tumoral
est
déterminée
de
fac¸on
visuelle
et
complétée
par
le
SUV
(standardi-
zed
uptake
value),
qui
est
le
rapport
entre
l’intensité
de
fixation
de
la
tumeur
par
l’activité
de
choline
injectée
×
poids
patient
(SUV
=
fixation
tumeur
/
act
injec-
tée
×
poids).
Les
études
réalisées
sur
la
cartographie
prostatique
pour
l’évaluation
tumorale,
montrent
une
bonne
corrélation
entre
la
localisation
tumorale
intra
prostatique
de
la
choline
et
l’analyse
de
la
pièce
de
prostatectomie
lorsque
la
taille
est
supérieure
à
5
mm
[1,2].
En
dec¸à
de
cette
valeur,
il
y
a
un
risque
élevé
de
faux
négatif.
L’intensité
de
la
captation
de
la
choline
est
indépendante
de
l’agressivité
du
cancer
et
notamment
du
grade
tumoral,
du
score
de
Gleason,
et
du
taux
de
PSA
initial.
Mais
il
existe
un
recouvrement
des
valeurs
de
SUV
entre
le
cancer
et
certaines
lésions
bégnines,
Figure
2.
Patient
de
58
ans
;
biopsie
:
score
7
bilatéral
;
PSA
=
8,5
ng/mL
;
T3
clinique
;
bilan
pré-thérapeutique.
IRM
:
T3b
en
+
ADP
iliaques
externes
+
atteinte
de
L5
;
scintigraphie
osseuse
normale
;
TEP-choline
:
infiltration
péri-rectale
et
extension
dans
le
dôme
vésical,
multiples
adénopathies
iliaques
et
de
la
graisse
para
rectale
paravésicale
et
présacrée.
Multiples
localisations
osseuses.
6
I.
Brenot-Rossi
pour
des
valeurs
de
SUV
modérée
(cut
off
3),
responsable
de
faux
positifs
[3].
C’est
pourquoi,
il
n’est
pas
recommandé
de
réaliser
une
TEP-choline
en
première
intention
pour
le
diagnostic
initial
de
cancer
intra
prostatique.
En
revanche,
la
TEP-choline
présente
un
intérêt
pour
guider
les
biop-
sies
lorsque
celles-ci
ont
été
antérieurement
négatives.
Le
foyer
intra
prostatique
le
plus
fixant
correspond
au
cancer
[1].
À
la
différence
de
la 11C-choline,
autre
traceur
équivalent
mais
non
disponible
en
France,
il
existe
une
élimination
uri-
naire
de
la 18F-choline
donnant
une
fixation
intense
de
la
vessie
par
l’urine
marquée,
qui
peut
masquer
des
lésions
de
récidive
locale
;
cet
inconvénient
est
facilement
pallié
par
l’administration
de
Furosémide.
La
recherche
de
métastases
ganglionnaires
par
la
TEP-
F-choline,
avant
traitement
curatif
chez
les
patients
à
haut
risque
d’Amico,
concerne
la
région
lombo-aortique
et
toute
la
cavité
pelvienne.
La
sensibilité
par
gan-
glion
de
la
TEP-choline
varie
de
41,5
à
56
%,
tandis
que
la
spécificité
varie
de
94
à
98,8
%
pour
le
diag-
nostic
de
ganglion
métastatique
[2—4].
Il
existe
un
risque
de
faux
négatif
pour
des
adénopathies
dont
la
taille
est
inférieure
à
5
mm,
et
le
gain
en
sensibilité
s’observe
pour
la
détection
d’adénopathies
supérieures
à
5
mm
et
plus
particulièrement
situées
hors
du
terri-
toire
de
curage
(iliaque
commun,
para
rectal.
.
.)
[3].
Cet
examen
bien
qu’imparfait,
puisqu’il
ne
décèle
pas
les
micro-métastases,
constitue
l’examen
non
invasif
le
plus
performant
[4,5].
La
recherche
des
métastases
osseuses
est
encore
faite
sur
la
scintigraphie
osseuse
planaire,
dont
la
sensibilité
varie
de
46
à
70
%
et
la
spécificité
est
faible.
Aujourd’hui
il
est
indispensable
de
compléter
la
scintigraphie
pla-
naire
par
une
tomoscintigraphie
couplée
à
un
scanner
basse
dose
(SPECT-CT)
dont
les
sensibilités
et
spécifi-
cités
sont
supérieures
à
90
%.
Dans
ces
conditions,
cet
examen
est
suffisant
pour
la
recherche
de
métastases
osseuses,
notamment
lorsque
le
taux
de
PSA
est
élevé.
La
F-choline
décèle
les
métastases
médullaires
osseuses
infra-radiologiques
(CT
normal)
avec
une
sensibilité
supé-
rieure
à
90—95
%
et
une
spécificité
variant
de
92—99
%.
La
TEP-F-choline
se
substitue
à
la
scintigraphie
osseuse
pour
la
détection
des
lésions
précoces.
Chez
des
patients
à
haut
risque
métastatique,
pour
lesquels
un
traitement
curatif
est
envisagé,
il
peut
être
proposé
une
TEP-F-choline
qui
per-
met
un
diagnostic
du
N
et
du
M
en
un
seul
examen
[5—7]
(Fig.
1
et
2).
Pour
la
détection
du
site
de
rechute
lors
de
la
réci-
dive
biochimique,
la
TEP-choline
présente
une
sensibilité
de
91,8
%
(95
%
IC
[88—94,7
%])
et
une
spécificité
de
95,6
%
(95
%
IC
[91—98,2
%])
[8].
La
TEP-F-choline
peut
différen-
cier
la
récidive
locale
de
la
récidive
métastatique,
selon
le
taux
de
PSA
et
la
cinétique
du
PSA.
Un
seuil
de
PSA
de
1
ng/mL
est
généralement
observé
pour
que
la
TEP-choline
soit
contributive
;
en
dec¸à
de
cette
valeur,
la
TEP
ne
visualise
le
site
de
récidive
que
dans
20
%
des
cas.
En
revanche,
au-
delà
de
ce
seuil,
la
TEP
devient
rapidement
performante
[8].
Il
n’est
pas
noté
de
différence
de
ce
seuil
selon
que
le
trai-
tement
initialement
réalisé,
ait
été
une
prostatectomie
ou
une
radiothérapie.
La
cinétique
du
PSA
peut
préjuger
d’un
examen
TEP
contributif
ou
non
:
pour
de
faible
vélocité
infé-
rieure
à
1
ng/mL
par
an,
la
TEP
ne
serait
contributive
que
dans
20
à
30
%
des
cas,
puis
ce
pourcentage
s’élève
rapi-
dement
pour
des
vélocités
supérieures
à
1
ng/mL
par
an.
La
notion
de
vélocité
(ou
du
temps
de
doublement
>
ou
<
à
6
mois)
est
particulièrement
importante
pour
des
taux
de
PSA
inférieur
à
1
ng/mL,
si
l’on
veut
augmenter
les
chances
de
détection
du
site
de
récidive
en
TEP.
Concernant
le
site
de
récidive
en
TEP,
il
serait
unique
pour
un
taux
de
PSA
peu
élevé,
de
l’ordre
de
5
ng/mL
:
soit
rechute
locale,
soit
rechute
isolée
ganglionnaire
ou
soit
rechute
isolée
osseuse
[9,10].
En
revanche,
un
taux
élevé
de
PSA
(>
15
ou
20
ng/mL)
est
très
en
faveur
de
localisations
métastatiques
osseuses
ou
de
récidives
multiples.
De
même,
une
vélocité
infé-
rieure
à
2
ng/mL
par
an
serait
également
en
faveur
d’une
récidive
isolée
soit
locale
soit
osseuse,
en
revanche
la
rechute
serait
multisites
lorsque
la
vélocité
est
très
élevée
(Fig.
3—5).
Figure
3.
Patient
55
ans
;
prostatectomie
2009,
pT2cN0
score
3
+
4.
R0
;
nadir
=
0,3
ng/mL
:
a
:
novembre
2012
:
PSA
=
1,2
ng/mL.
TEP-
choline
:
foyer
isolé
osseux
ischion
gauche
;
b
:
avril
2013
:
PSA
=
2,3
ng/mL.
TEP-choline
:
accentuation
du
foyer
osseux
isolé
(scintigraphie
et
TDM
normaux)
;
traitement
par
tomothérapie.
Mise
au
point
:
TEP-choline
et
cancer
de
la
prostate
7
Figure
4.
Patient
de
65
ans
;
score
8
droit
;
radiothérapie
2007
+
1
an
d’hormonothérapie
;
nadir
en
2008
à
0,16
:
a
:
récidive
biochimique
à
cinq
ans,
PSA
=
0,7
ng/mL.
TEP-choline
:
récidive
bifocale
isolée
dans
le
lobe
droit
prostatique
;
b
:
absence
de
traitement
;
progression
un
an
plus
tard.
PSA
=
1,5
ng/mL.
TEP-choline
:
confirmation
de
la
récidive
bifocale
isolée
dans
le
lobe
droit
prostatique.
En
cas
de
récidive
biochimique
et
un
taux
de
PSA
bas,
la
TEP-choline
pourrait
être
indiquée
de
première
intention
comme
seul
examen,
pour
visualiser
le
site
de
récidive,
avec
plus
d’exactitude
que
l’imagerie
convention-
nelle.
La
détection
d’un
foyer
unique
de
rechute
permet
d’envisager
un
traitement
de
rattrapage.
En
revanche,
devant
un
taux
élevé
de
PSA,
les
examens
standards
(scintigraphie
osseuse,
scanner.
.
.)
conservent
leur
place
car
ils
sont
suffisants
pour
affirmer
le
statut
N+
ou
M+.
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