Dépression et personnes âgées

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L’Encéphale (2009) 35, 269—280
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP
PSYCHOGÉRIATRIE
Dépression et personnes âgées
Depression and the elderly
T. Gallarda a,b,∗, H. Lôo a,b
a
Inserm, U 894-7, physiopathologie des maladies psychiatriques, Paris, France
Service hospitalo-universitaire, hôpital Sainte-Anne, faculté de médecine Paris Descartes,
université Paris Descartes, 7, rue Cabanis, 75674 Paris cedex 14, France
b
Reçu le 12 juin 2008 ; accepté le 2 octobre 2008
Disponible sur Internet le 5 juin 2009
MOTS CLÉS
Dépression ;
Âge avancé ;
Pluridisciplinarité ;
Comorbidités ;
Troubles cognitifs ;
Maladie d’Alzheimer ;
Antidépresseurs ;
Psychothérapie ;
Modèles de soins
∗
Résumé « Dépression » et « âge avancé » sont souvent associés chez nos contemporains.
« Dépression » est alors entendu dans le sens de « désespoir existentiel » et non celui de « maladie
dépressive » : sont amalgamés l’éprouvé du tragique de l’existence et une condition pathologique. Des tableaux dépressifs dont le caractère pathologique ne fait aucun doute sont fréquents
chez la personne âgée mais les frontières entre normal et pathologique deviennent plus imprécises en deçà d’un certain seuil symptomatique, en présence d’évolutions chroniques et dans
les situations de comorbidités. L’outil nosographique, malgré ses limites, s’avère précieux. Les
études épidémiologiques incluant les comorbidités de l’épisode dépressif avec des troubles
cognitifs et/ou des affections somatiques permettent de meilleures estimations des taux de
prévalence des symptômes et des troubles dépressifs au sein des populations âgées. La formule, « la dépression est la dépression à tout âge », recèle une part de vérité à condition
de prendre en compte les multiples facteurs qui modifient l’expression symptomatique de la
dépression avec l’avance en âge. Le facteur le plus documenté est la comorbidité de la dépression avec des affections somatiques, présente chez la majorité des plus de 80 ans. D’autres
facteurs, psychologiques ou socioculturels, sont également à l’œuvre mais leur influence a été
moins étudiée. La baisse des performances cognitives observée au cours des troubles dépressifs
n’est pas l’apanage des personnes âgées mais elle est indéniablement plus marquée dans cette
population. Poser un diagnostic précoce de maladie d’Alzheimer ou, au contraire, éliminer ce
diagnostic chez un patient déprimé rapportant un affaiblissement cognitif constitue une étape
essentielle de la prise en charge. Avec le bilan neuropsychologique et l’imagerie cérébrale,
nécessaires au diagnostic, s’impose aussi la nécessité d’une évaluation pluridisciplinaire, neuropsychogériatrique. La prise en charge d’un état dépressif gériatrique emprunte à différentes
approches de soins incluant les soins somatiques, les médicaments psychotropes, les techniques
de stimulation cérébrale et la psychothérapie mais aussi l’accompagnement médicosocial. La
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (T. Gallarda).
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2009.
doi:10.1016/j.encep.2008.10.013
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T. Gallarda, H. Lôo
coordination des soins incombe au médecin généraliste, au cœur du dispositif. Mais cette mission théorique peut s’avérer impossible pour la gestion des cas complexes. De ce constat est
née la réflexion sur des modalités d’adaptation du modèle anglo-saxon des « soins en collaboration » dans notre pays : la coordination des différentes interventions thérapeutiques par
un gestionnaire du soin offrirait une efficacité supérieure à celle des modalités habituelles de
soins.
© L’Encéphale, Paris, 2009.
KEYWORDS
Depression;
Advanced age;
Pluridisciplinarity;
Comorbidities;
Cognitive disorders;
Alzheimer’s disease;
Antidepressants;
Psychotherapy;
Care models
Summary ‘‘Depression’’ and ‘‘old age’’ are often associated among our contemporaries.
In this case, ‘‘depression’’ is understood to be ‘‘existential despair’’ and not a ‘‘depressive
disease’’: an amalgam is made of the tragedy of the patient’s existence and a pathological condition. Clinical pictures of depression, the pathological nature of which is obvious,
are frequent in the elderly; however, the line between normal and pathological becomes
less clear above a certain symptomatic threshold, in the presence of chronic evolutions and
in situations of comorbidity. The nosographical tool, in spite of its limits, is precious. Epidemiological studies that include the comorbidities of the depressive episode with cognitive
and/or somatic affections permit better estimations of the prevalence of the symptoms and
the depressive problems among elderly populations. The formula ‘‘depression is depression at
whatever age’’ harbours a certain truth if one takes into account the multiple factors that
modify the symptomatic expression of depression in later life. The most documented factor is the comorbidity of depression with somatic affections that is present in the majority
of those aged over 80. Other psychological or sociocultural factors are also apparent, but
their influence has been studied less. The decline in cognitive performance observed during
depression is not exclusive to the elderly but is undeniably more marked in this population.
Making an early diagnosis of Alzheimer’s disease or, conversely, eliminating this diagnosis in a
depressed patient complaining of diminished cognition is an essential step in the subsequent
management. Together with the neuropsychological assessment and brain imaging, required
for diagnosis, a neuropsychogeriatric pluridisciplinary assessment is obviously required. The
management of geriatric depression is based on various approaches that include somatic care,
psychotropic drugs, brain stimulation techniques and psychotherapy, but also requires medicosocial care. The coordination of care is incumbent on the general practitioner in the heart
of the plan. However, this theoretical mission may appear impossible for the management
of complex cases. Based on this, reflections on were initiated on the modalities of adapting the Anglo-Saxon ‘‘collaborative care’’ to France: coordination of the various therapeutic
interventions by a care manager would offer greater efficacy than that of the usual care
modalities.
© L’Encéphale, Paris, 2009.
« Dépression » et « âge avancé » sont souvent associés
chez nos contemporains. Depuis Burton, dans son « Anatomie
de la mélancolie », « After seventy years, all is trouble and
sorrow », la littérature classique a fourni pléthore de citations sur ce thème. « Dépression » est alors entendu dans
le sens « désespoir existentiel » et non « maladie dépressive ». Sont amalgamés l’éprouvé du tragique de l’existence
et une condition pathologique qui relève de la médecine.
Cet amalgame trouve ses racines dans des sociétés occidentales où les valeurs de la jeunesse sont à ce point
sacralisées que « vieillir jeune » est érigé en objectif. Les
médecins somaticiens ont adhéré à ces postulats négatifs
liés au vieillissement avancé. Les psychiatres eux-mêmes
ont longtemps déserté le champ des affections mentales
du vieillissement. Dans son abord de la maladie dépressive, le médecin doit éviter l’indifférenciation entre ce qu’il
perçoit comme une condition existentielle, « être devenu
un vieillard » et les symptômes d’un état pathologique,
« souffrir d’un état dépressif ». Cette indifférenciation pourrait, en effet, déboucher sur deux impasses : l’abstention
thérapeutique dans des états dépressifs sévères, ou la médicalisation et le risque de prescription en excès face à des
plaintes ou des modifications comportementales, en dehors
de tout processus pathologique [13,19].
Le normal et le pathologique : l’éclairage
nosographique
La dépression de la personne âgée questionne particulièrement les frontières du normal et du pathologique.
Des tableaux dépressifs dont la nature pathologique ne
fait aucun doute sont fréquents au cours de la deuxième
partie de la vie, d’intensité mélancolique, parfois avec
des caractéristiques catatoniques ou délirantes. Ils bénéficient d’une prise en charge thérapeutique codifiée. Mais
les états dépressifs d’expression symptomatique atténuée
sont plus nombreux à cet âge. Le diagnostic de ces états
dépressifs est plus difficile, leur évolution et leur thérapeutique moins consensuelles. Pour certains, ils pourraient
constituer les prémices des troubles dépressifs majeurs,
soulignant l’importance de leur identification dans une
optique préventive. Les frontières entre normal et pathologique deviennent plus imprécises en deçà d’un certain seuil
Dépression et personnes âgées
symptomatique (dépressions subsyndromiques, dysthymies,
dépressions mineures), en présence d’évolutions chroniques
ou dans les situations de comorbidités. Contrairement aux
troubles dépressifs à la symptomatologie bruyante, ces
situations relèvent de la compétence des médecins de
soins primaires ou de médecine somatique hospitalière
[24].
L’épisode dépressif
L’outil nosographique, malgré ses limites, s’avère précieux.
Les auteurs de la classification internationale des maladies (CIM 10e version) comme ceux du manuel diagnostique
et statistique « des troubles mentaux » (DSM) ont identifié
neuf symptômes cardinaux dans leur définition de l’épisode
dépressif (« épisode dépressif majeur »). Ces critères diagnostiques requièrent la présence minimale de cinq d’entre
eux, parmi lesquels obligatoirement l’humeur dépressive ou
la perte d’intérêt ou de plaisir [3,29].
L’épisode dépressif organique
Le diagnostic d’épisode dépressif organique est posé uniquement lorsqu’il existe une présomption de causalité
directe entre une affection cérébrale ou une autre affection physique et un trouble associant une modification de
l’humeur à une altération globale du niveau d’activité [29].
Le trouble de l’humeur doit survenir à la suite du facteur organique présumé et ne pas constituer une réaction
émotionnelle du patient à la présence du trouble cérébral
organique. Les auteurs du DSMIV offrent la possibilité de
coder l’existence d’une humeur dépressive prédominante
dans les critères diagnostiques de la démence vasculaire
[3].
Le trouble dysthymique
Le trouble dysthymique est défini par l’association d’une
humeur dépressive chronique, pendant au moins deux ans et
d’au moins trois symptômes au sein d’une liste. La comorbidité avec une situation médicale chronique est fréquente.
Le trouble de l’adaptation avec humeur dépressive
Le trouble de l’adaptation avec humeur dépressive désigne
un état de détresse et de perturbation émotionnelle qui survient dans le mois suivant une période d’adaptation à un
changement existentiel ou à un événement stressant et ne
persiste guère au-delà de six mois.
La dépression mineure
L’entité « dépression mineure » n’est pas individualisée par
les auteurs de la CIM 10. À un âge avancé, dépression
majeure et dépression mineure partagent des facteurs de
risque, la dépression mineure étant elle-même un facteur
de risque de dépression majeure [20]. Leur retentissement
fonctionnel est souvent équivalent [27].
271
La dépression subsyndromique
L’utilisation du terme « dépression subsyndromique » est
associée à un certain flou : elle peut renvoyer à des situations où le nombre de symptômes dépressifs est insuffisant
pour remplir les critères de définition des troubles dépressifs
(trouble dépressif majeur ou dysthymique) ou être synonyme de dépression mineure. Malgré ces limites liées à une
utilisation imprécise, cette notion rencontre une réelle pertinence clinique en pratique gérontopsychiatrique.
L’apport de l’épidémiologie
Différentes études épidémiologiques en population générale
ont mis en évidence une large prévalence des « symptômes »
dépressifs sur celle des « épisodes dépressifs », à tous
les âges de la vie. Ce constat prévaut particulièrement
auprès des populations âgées : dans cette tranche d’âge,
l’estimation du taux de prévalence des épisodes dépressifs majeurs caractérisés selon les critères DSM apparaît
même inférieur à celui observé chez l’adulte d’âge moyen.
Parmi les plus classiques, l’étude Epidemiologic Catchment
Area (ECA) souligne le contraste entre des taux de prévalence des symptômes dépressifs estimés à 10 % contre
des taux d’épisode dépressif majeur entre 1 et 1,5 % chez
la personne âgée. Ces données épidémiologiques contrecarrent l’intuition médicale d’une élévation avec l’âge des
symptômes comme des troubles dépressifs. Depuis, d’autres
travaux épidémiologiques ont nuancé ces résultats en utilisant des méthodes d’évaluation diagnostique plus adaptées
aux populations âgées. Ils incluent en effet les situations de
comorbidité de l’épisode dépressif avec des troubles cognitifs ou des affections somatiques [8].
L’étude Euro-DEP, à partir de la notion de « dépression
cliniquement significative », rapporte ainsi des taux de
prévalence de symptômes (8,6 et 14,1 %) et de troubles
dépressifs (entre 1 et 4 %) sensiblement plus élevés [9].
Certains indicateurs épidémiologiques définis dans des
groupes de populations spécifiques sont alarmants : en institution hospitalière, 20 % en moyenne des sujets âgés seraient
déprimés ; en institution pour personnes âgées, la prévalence de la dépression est régulièrement estimée au triple
de celle de la population générale [6]. La perte d’autonomie
qu’elle soit liée à un handicap physique ou au déclin intellectuel et l’isolement affectif sont puissamment dépressogènes
et causes d’institutionnalisation.
Il existe une croyance commune selon laquelle l’avance
en âge est elle-même facteur d’une incidence accrue de
la dépression. En fait, c’est la comorbidité somatique (fréquemment associée au facteur âge) et non l’âge en soi qui
accroît le nombre de nouveaux cas de dépression. Un sujet
âgé ou très âgé qui serait indemne d’affection somatique
n’est pas plus exposé à souffrir de dépression qu’un sujet
d’âge moyen [23].
Phénoménologie des dépressions gériatriques
Les dépressions observées avec l’avance en âge présententelles des profils symptomatiques ou évolutifs spécifiques ?
Trouvent-elles leurs causes dans des facteurs étiopathogéniques distincts ? Relèvent-elles d’autres approches
272
thérapeutiques ? Autant de questions qui justifieraient l’individualisation d’une catégorie diagnostique
« dépression de l’âge avancé » [14].
Une réponse négative fait consensus dans la littérature
internationale, résumée dans la formule : « depression is
depression at any age » (la dépression est identique à tous
les âges). Pourtant, la pratique clinique, le choix des stratégies et l’analyse des réponses thérapeutiques questionnent
cette affirmation. Certaines expressions symptomatiques
apparaissent surreprésentées avec l’avance en âge. Les
plaintes somatiques incluant l’hypochondrie, les symptômes
mélancoliques et psychotiques, les déréglements psychomoteurs (ralentissement ou agitation, voire symptômes
catatoniques) ou du rythme nycthéméral et les symptômes
portant sur l’efficience cognitive sont les plus fréquemment
observés [24].
L’analyse des symptômes dépressifs observés auprès de
personnes âgées de l’étude EURO-Dep (14 pays) a conduit à
un regroupement en deux facteurs principaux, un facteur
« souffrance affective » (affective suffering) et un facteur
ayant trait à la motivation (facteur motivationnel). Le premier comprend l’humeur dépressive, l’envie permanente
de pleurer, le désir de mort, le second, le désintérêt, les
troubles de la concentration et la difficulté à éprouver du
plaisir [9].
La formule « la dépression est la dépression à tout âge »
recèle une part de vérité à condition de prendre en compte
les multiples facteurs qui modifient l’expression symptomatique de la dépression avec l’avance en âge. Certains
facteurs contribuent à masquer les symptômes cardinaux
de la dépression, d’autres au contraire en accroissent
l’intensité. Le facteur le plus documenté est la comorbidité
de la dépression avec des affections somatiques, présente
chez la majorité des personnes âgées de plus de 80 ans.
D’autres facteurs, psychologiques ou socioculturels, sont
également à l’œuvre mais leur influence est moins étudiée.
Le chevauchement symptomatique entre le trouble
dépressif et une affection physique comorbide est une
des situations les plus communes. Face à une anorexie
sévère, par exemple, ou en présence de troubles cognitifs patents, le clinicien est engagé à éliminer une origine
somatique avant de poser un diagnostic d’épisode dépressif majeur. Cette démarche étiologique bute fréquemment
sur la complexité des situations cliniques. Elle explique
partiellement la variabilité des taux de prévalence de la
dépression en fonction des études. Baldwin donne l’exemple
d’un patient qui présente un épisode dépressif dans le
contexte d’une polyarthrite rhumatoïde. Dans cette situation, trois critères de l’épisode dépressif majeur (EDM), la
fatigue, l’insomnie et la perte d’appétit peuvent être causés
aussi bien par la dépression que par l’affection inflammatoire. L’interrogatoire du patient doit être orienté afin
d’attribuer le symptôme à son affection causale. Ainsi, des
douleurs inflammatoires chroniques prédominantes en fin
de nuit rendent compte vraisemblablement de l’insomnie
matinale plus que le processus dépressif. La formulation
des questions est tout aussi importante dans cet objectif.
Interroger une personne âgée à mobilité réduite ou intolérante à l’exercice physique sur une sensation de perte
d’énergie a moins de signification que lui demander si elle
se sent fatiguée en permanence, même lorsqu’elle est au
repos [6].
T. Gallarda, H. Lôo
Lorsque le patient y consent, l’entretien avec un
membre de l’entourage est essentiel. Il permet l’anamnèse
d’épisodes dépressifs antérieurs, parfois très anciens qui
orientent vers un diagnostic de trouble dépressif récurrent
devant des tableaux atypiques. Il favorise surtout la mise
en évidence d’une rupture marquée du fonctionnement du
patient par rapport à son fonctionnement antérieur. Une
dégradation brutale du fonctionnement, en quelques jours
ou semaines, en l’absence d’accident somatique concomitant, oriente vers une origine dépressive et incite à la
recherche de symptômes actuels ou antérieurs de dépression.
Les difficultés diagnostiques sont liées à des
modifications de l’expression symptomatique
La forme algique
Cinquante pourcent des dépressions de l’adulte pourraient
revêtir une forme algique en médecine générale [21]. En
l’absence d’antécédent ou de signe d’appel d’une affection
somatique, une origine fonctionnelle sera facilement évoquée. Chez la personne âgée, une douleur sous toutes ses
formes, peut constituer également un symptôme d’appel
majeur, parfois isolé, de la dépression. Mais, l’origine
dépressive du symptôme est plus difficile à affirmer que
chez le sujet jeune car les causes d’algies liées à des
affections somatiques sont multiples avec l’avance en âge
[24].
Les formes pseudodémentielles
Les formes « pseudodémentielles » des dépressions gériatriques ont été à la source d’une littérature considérable
depuis leur description par Kiloh, dans les années soixante.
Elles reflètent l’importance des rapports entre la démence
et la dépression. Par cette appellation, le père de la
« dépression masquée » faisait référence à des syndromes
démentiels d’installation brutale, en quelques semaines,
sans étiologie organique évidente, curables par les antidépresseurs ou une cure d’électroconvulsivothérapie. Outre
la valeur de la séquence symptomatique, dépression, puis
troubles cognitifs, l’intensité de la plainte et de l’angoisse,
la sévérité de la régression (par exemple, l’installation
d’une incontinence mixte) et du handicap, la dramatisation
ou des réponses stéréotypées « je ne sais pas » permettraient
d’orienter le diagnostic. L’obtention d’une réversibilité
totale des symptômes démentiels, psychocomportementaux
comme cognitifs, par le traitement antidépresseur était
au cœur de la définition princeps. Elle a été battue en
brêche par les premières études longitudinales : dans leur
majorité, ces tableaux n’ont de « pseudodémentiel » que
leur appellation. Quel que soit le degré d’amélioration,
parfois spectaculaire, obtenu par les antidépresseurs, la plupart évoluent en effet vers des syndromes démentiels plus
caractéristiques, dans un délai qui varie avec l’étiologie de
la démence (maladie d’Alzheimer, démence vasculaire ou
frontotemporale. . .) mais aussi les comorbidités somatiques
(facteurs cérébrovasculaires) et psychiques (troubles de la
personnalité) [7,24,25].
Dépression et personnes âgées
Les syndromes de désinvestissement
Les syndromes de « désinvestissement » empruntent aussi
à cette triade symptomatique. Leur caractère dépressif
s’avére souvent plus difficile à identifier. Ils mettent généralement en scène des personnes très âgées, au-delà de
85 ans, qui refusent de s’alimenter et maigrissent, alertant
leur entourage, familial ou institutionnel. Ces personnes
s’enferment dans un isolement croissant et refusent de
recevoir une aide médicale ou s’y soumettent passivement.
En institution, ce peuvent être des patients qui dirigent
systématiquement leur visage vers le mur. Parmi ces derniers, certains sont exclusivement déprimés et bénéficieront
nettement d’une thérapeutique antidépressive, d’autres
souffrent d’affections médicales en attente d’être diagnostiquées, en particulier néoplasiques, d’autres présentent
une affection dégénérative cérébrale [23].
Les troubles des conduites et du comportement
Moins rapportés dans la littérature, mais néanmoins fréquents en institution, certains troubles des conduites et
du comportement ont possible valeur d’équivalents dépressifs. Les cris et les comportements auto- ou hétéroagressifs,
une incontinence sans cause médicale et atypique dans sa
présentation (lorsque l’élimination incontrôlée s’effectue
systématiquement dans des lieux autres que les toilettes, ce
qui est inhabituel dans la démence) en sont des exemples.
Tous les gestes autoagressifs, même en apparence sans gravité, doivent être considérés avec la plus grande attention
[6].
Les symptômes anxieux
Comme le souligne Post, des symptômes anxieux sont rencontrés aux cours de toutes les dépressions, des plus légères
aux plus sévères (« at all levels of severity of depression,
anxiety is a common accompanying symptom ») [31]. En masquant l’épisode dépressif, ces symptômes anxieux égarent
vers des prescriptions chroniques de tranquillisants aux
effets particulièrement délétères chez l’âgé. Ils augmentent
le risque suicidaire et celui d’une évolution chronique. De
même, l’installation brutale d’autres symptômes anxieux
« d’allure névrotique », phobiques, obsessionnels-compulsifs
ou de manifestations d’allure conversive chez une personne
âgée qui en était indemne auparavant peut constituer un
indicateur de dépression [24,11] (Tableau 1).
Troubles cognitifs et dépressions de la
personne âgée
Peut-on identifier un profil neuropsychologique
caractéristique de la dépression ?
La baisse des performances cognitives observée au cours des
troubles dépressifs n’est pas l’apanage des personnes âgées
mais elle est indéniablement plus marquée dans cette population. Avec l’avance en âge, toute perception de déclin
cognitif suggère le spectre de la dégénérescence cérébrale,
voire d’une maladie d’Alzheimer. Poser un diagnostic pré-
273
Tableau 1 Présentations du trouble dépressif chez la personne âgée (d’après [6]).
Chevauchement des symptômes somatiques de la dépression
et de ceux d’une affection physique (en présence d’une
comorbidité entre une affection physique et un épisode
dépressif)
Moindre verbalisation d’un sentiment de tristesse
Somatisations ou plaintes somatiques dont l’intensité
apparaît disproportionnée
Syndromes douloureux inexpliqués
Symptômes d’allure névrotique d’installation récente sans
antécédent de ce type
Geste auto-agressif (incluant les gestes ne présentant pas de
caractère de gravité au sens médical)
Syndrome dyséxécutif de la dépression, syndrome démentiel
de la dépression, pseudodémence dépressive
Dépression évoluant dans le contexte d’une démence
diagnostiquée
Comportements perturbateurs (refus alimentaires,
incontinence avec urination et défécation dans la plupart
des lieux à l’exclusion des toilettes, cris, comportements
agressifs)
Accentuation des traits de la personnalité prémorbide
(notamment histrionique et paranoïaque)
Installation tardive d’une dépendance à l’alcool
Plainte envahissante autour d’une solitude qui était jusqu’à
alors parfaitement assumée (pouvant s’accompagner d’une
demande de placement inattendue en institution)
coce de maladie d’Alzheimer ou, au contraire, éliminer ce
diagnostic chez un patient déprimé rapportant un affaiblissement cognitif constitue une étape essentielle de la
prise en charge. L’hétérogénéité des troubles dépressifs
rencontrée auprès de personnes âgées alliée à l’existence
de comorbidités (par exemple, cérébrovasculaires ou de
troubles de la personnalité) peuvent accroître la difficulté
de leur reconnaissance [24]. Au bilan neuropsychologique
et à l’imagerie cérébrale nécessaires au diagnostic s’impose
aussi la nécessité d’une évaluation pluridisciplinaire, neuropsychogériatrique [13].
L’évaluation neuropsychologique permet schématiquement de différencier un profil d’atteinte mnésique
« hippocampique », évocateur d’une maladie d’Alzheimer
débutante d’un profil « cortico-sous-corticofrontal »
observé chez les patients présentant un trouble de
l’humeur ou d’autres démences dégénératives. Dans une
atteinte d’allure hippocampique, le mécanisme cérébral
d’enregistrement de l’information est atteint alors que
dans une atteinte d’allure cortico-sous-corticofrontale c’est
le processus permettant la récupération de l’information
préalablement enregistrée qui se révèle défaillant. Ainsi,
un indiçage (sémantique, phonologique, visuel. . .) permet
à un patient déprimé d’améliorer, voire, de normaliser
ses performances à une épreuve de rappel de mots alors
qu’elle ne sera d’aucune aide chez la maladie Alzheimer
[18]. L’imagerie, par résonance magnétique nucléaire ou
tomodensitométrie confirme le diagnostic de la maladie
d’Alzheimer en mettant en évidence une atrophie hippocampique marquée concordante avec l’atteinte mnésique
ou oriente vers d’autres diagnostics selon que l’atrophie
274
T. Gallarda, H. Lôo
prédomine sur les lobes frontaux ou qu’il existe des
stigmates d’infarctus cérébraux [24].
Quels sont les principes généraux de la
thérapeutique ?
Quelle est l’évolution prévisible des troubles
cognitifs ?
Approches multimodales et pluridisciplinarité
Chez une personne âgée, la prise en charge d’un état
dépressif emprunte à différentes approches de soins
et nécessite systématiquement la pluridisciplinarité. Les
principales approches incluent les soins somatiques, les
médicaments psychotropes, les techniques de stimulation
cérébrale (électroconvulsivothérapie et stimulation magnétique transcrânienne répétée) et la psychothérapie mais
aussi l’accompagnement médico-social. Dans notre pays,
la coordination des soins incombe au médecin généraliste
qui est au cœur du dispositif. Mais cette mission théorique peut s’avérer impossible pour la gestion des cas
complexes.
La réflexion sur une adaptation du modèle anglo-saxon
des « soins en collaboration » (collaborative care) est née
de ce constat. Dans ces modèles, un gestionnaire du soin
(care manager) est chargé de la coordination des différentes interventions thérapeutiques, par exemple, entre
le médecin généraliste et les différents spécialistes, pour
une meilleure efficacité (Tableau 2). Comparativement aux
modalités habituelles de soins, les résultats apparaissent
prometteurs : après une année, sur 1800 patients déprimés
âgés de l’étude Impact (dont 17 % répondaient au critères
d’EDM, 30 % à ceux de trouble dysthymique et 53 % aux
deux), 45 % des patients ayant bénéficié d’un programme de
soins collaboratifs ont vu décroître leur niveau symptomatique initial de 50 % contre seulement 19 % pour ceux traités
selon les modalités habituelles [26,37].
La mise en évidence de déficits cognitifs chez un patient
déprimé âgé soulève différentes questions : ces troubles
vont-ils régresser ou persister a minima après la rémission symptomatique ? S’accompagneront-ils d’un impact
délétère sur la réponse thérapeutique ? Contribuerontils à une élévation du risque de démence ultérieure
(comme le suggèrent certaines études épidémiologiques) ?
Des troubles attentionnels et un ralentissement du traitement de l’information persisteraient chez un tiers des
patients en rémission [6]. La présence d’un syndrome dyséxécutif marqué pourrait être associé à une altération de la
réponse thérapeutique [4]. Enfin, une majorité d’études de
suivi ont permis d’identifier la dépression comme un facteur
de risque de détérioration cognitive [35].
La prise en charge thérapeutique
L’évaluation initiale permet de dessiner avec
précision les contours de la prise en charge
L’évaluation initiale est un temps essentiel de la prise
en charge. Au cours de la prise de contact, le praticien
doit avoir pour objectifs : une reconstitution minutieuse
de l’histoire clinique, un examen approfondi de l’état
mental à la recherche d’indices de sévérité (symptômes
psychotiques, idéations suicidaires) et l’identification de
facteurs de résistance et d’éventuelles causes organiques
de la dépression. Lorsque le patient présente des troubles
cognitifs, la participation de l’accompagnant au recueil
anamnestique est indispensable.
L’évaluation de l’état mental peut théoriquement
s’appuyer sur la passation d’instruments standardisés. La
plupart d’entre eux n’ont pas encore été validés en langue
française et leurs utilisations s’inscrivent généralement dans
une perspective de recherche. La passation du Mini Mental State Examination (MMSE) [12], de la batterie rapide
d’évaluation frontale (Bref) [10] ou de la batterie cognitive
courte (B2C) [34] permet une approche globale du statut
cognitif.
L’examen clinique est orienté par la mise en évidence
de symptômes d’appel neurologiques (chutes, céphalées, syndrome extrapyramidal spontané ou iatrogénique,
symptômes neurovégétatifs. . .) et/ou la présence de comorbidités. Des examens de laboratoire sont recommandés
comprenant une NFS complète, un bilan de la fonction
rénale, hépatique et thyroïdienne, une calcémie et un
dosage des taux plasmatiques des folates et de la vitamine
B12. Des sérologies infectieuses (syphilis, VIH, hépatites A,
B, C) seront pratiquées en fonction du contexte clinique.
L’imagerie cérébrale (IRM cérébrale ou tomodensitométrie)
n’est pas indiquée en première intention mais sera effectuée
en présence de troubles cognitifs et/ou d’une résistance
aux antidépresseurs soulevant l’hypothèse d’une intrication
de la dépression à un processus démentiel, dégénératif ou
vasculaire [23].
Les phases et les modalités du traitement
Les stratégies thérapeutiques de l’épisode dépressif majeur
du sujet âgé ne sont pas différentes de celles de l’adulte
d’âge moyen. Dans la majorité des cas, un traitement
antidépresseur est associé à un accompagnement psychologique pendant une durée variable selon qu’il s’agit
d’un premier épisode ou d’un épisode récurrent. Certaines formes cliniques peuvent guider vers d’autres choix
thérapeutiques. La cure d’électroconvulsivothérapie est
indiquée en première intention devant certains tableaux
Tableau 2 Quelles sont les situations justifiant un avis psychiatrique ?
La présence de troubles cognitifs marqués accroît la
difficulté du diagnostic de dépression : il existe une doute
diagnostique sur l’éventualité d’une démence associée
L’épisode dépressif présente des indices cliniques de sévérité
Association à des symptômes psychotiques
Présence d’idées suicidaires
Comportements mettant en péril la santé physique
(anorexie sévère, voire refus alimentaire et/ou hydrique,
interruption de thérapeutiques médicales. . .)
La stratégie thérapeutique habituelle doit être modulée en
raison de comorbidités somatiques multiples élevant le
risque iatrogénique
Deux séquences thérapeutiques d’antidépresseurs bien
conduites se sont soldées par un échec
Dépression et personnes âgées
mélancoliques (avec symptômes psychotiques ou catatoniques, s’accompagnant de refus alimentaires, d’un risque
suicidaire majeur. . .) ou d’intolérance aux psychotropes
[23]. Les épisodes dépressifs d’intensité légère pourraient
bénéficier d’un simple accompagnement psychologique mais
la préférence de nombreux médecins continue de s’orienter
vers un traitement psychotrope, souvent par manque de lisibilité des filières d’accès aux soins psychothérapiques dans
notre pays.
Les principaux objectifs et les moyens de la prise en
charge sont décrits dans le Tableau 3. Le traitement de
l’épisode dépressif se décompose en trois phases : le traitement d’attaque, le traitement de consolidation et le
traitement de maintenance.
275
Tableau 3 Quels sont les objectifs de la prise en charge de
la dépression et les moyens d’y parvenir ? (d’après [6]).
Objectifs
Modalités
Réduction du risque
suicidaire ou des
conséquences délétères
des attitudes de
désinvestissement de soi
et d’autrui
Rémission des symptômes
dépressifs
Évaluation initiale et
régulière du risque
Consultation rapide d’un
spécialiste en cas d’urgence
Aider le patient à retrouver
un fonctionnement
optimal le plus
rapidement possible
Mettre en place des aides
pour les activités de la vie
quotidienne
Favoriser l’accès aux
services sociaux et/ou aux
organismes susceptibles de
mettre en place un
dispositif d’aide
Traiter les comorbidités
somatiques
Diminuer le handicap lié à
une altération des fonctions
sensorielles, à une
diminution de la mobilité ou
aux symptômes d’une
maladie chronique
Faire une synthèse des
spécialités
médicamenteuses prescrites
et en interrompre certaines
lorsque leur indication est
contestable
Informer le patient sur la
nécessité de poursuivre le
traitement antidépresseur
après la guérison et sur les
symptômes indicateurs
d’une rechute dépressive
Traitement de consolidation
Traitement de maintenance
(ou de prévention des
récidives)
Le traitement d’attaque
L’objectif du traitement d’attaque doit être une rémission symptomatique complète, définie par la disparition de
l’ensemble des symptômes de la dépression. Cette phase
dure de deux à trois mois. Une rémission partielle, avec
persistance de symptômes résiduels élève le risque d’une
rechute précoce. La recommandation classique qui préconise d’initier le traitement à une faible posologie et
d’augmenter les doses avec prudence (start slow, go slow)
s’applique moins aux prescriptions d’antidépresseurs de
nouvelle génération (Inhibiteur spécifique de recapture de la
sérotonine [ISRS], inhibiteur de recapture de la sérotonine et
de la noradrénaline [IRSNA]. . .). En l’absence d’insuffisance
rénale ou hépatique, ces molécules peuvent être prescrites
d’emblée à posologie efficace. La notion selon laquelle le
délai d’obtention de la rémission symptomatique serait plus
long chez les déprimés âgés que chez les déprimés d’âge
moyen concerne majoritairement les antidépresseurs nécessitant une titration posologique (Tableau 4).
Traiter le patient dans sa
globalité (en incluant le
traitement des affections
somatiques)
La phase de consolidation
La phase de consolidation a pour but de réduire le risque de
réapparition de symptômes dépressifs au décours du traitement. Sa durée est comprise entre quatre à six mois après
la rémission des symptômes dépressifs.
La phase de maintenance
Enfin, l’objectif de la phase de maintenance est de prévenir
la survenue de nouveaux épisodes dépressifs. Le traitement
préventif des récidives (ou des récurrences) est particulièrement indiqué chez les patients ayant présenté au moins trois
épisodes dépressifs majeurs au cours des quatre dernières
années : si ceux-ci ont été rapprochés ou sévères (notamment risque suicidaire, caractéristiques psychotiques et
incapacité fonctionnelle) ou lorsque existent des symptômes
résiduels, des pathologies associées, des antécédents familiaux de dépression. [2]. Le questionnement sur l’indication
d’une phase de maintenance revêt une importance particulière dans la dépression du sujet âgé en raison de
l’augmentation du taux de récurrences et de suicide, de la
fréquence des comorbidités et du handicap fonctionnel qui
la caractérisent [15,33].
Prévention de la rechute et
de la récidive
Instauration d’un
traitement adéquat
(antidépresseur et/ou
psychothérapie)
Délivrer au patient et à son
entourage une information
claire et précise sur les
symptômes de la
dépression, son traitement
et son évolution
Comment améliorer l’adhésion au traitement ?
Une information claire sur les symptômes de la dépression, les principes généraux du traitement et l’évolution
de la maladie est essentielle. L’enjeu est d’obtenir une
bonne adhésion au traitement tout au long de la maladie
dans une population où la multiplicité des prescriptions et
276
Tableau 4
T. Gallarda, H. Lôo
Stratégies de traitement en aigu (d’après [6]).
Après quatre semaines de traitement
En l’absence de réponse (< 30 % de réduction symptomatique
sur une échelle de dépression)
Augmenter la dose jusqu’à la posologie optimale
recommandée
Changer d’antidépresseur (au cas où la posologie optimale
recommandée a été atteinte)
En cas de réponse partielle
Poursuivre le traitement et en réévaluer l’efficacité après
deux à quatre semaines. À l’issue des huit semaines de
traitement, en cas d’amélioration supplémentaire minime
Potentialiser le traitement antidépresseur avec un
médicament ou une intervention psychologique
Envisager une association d’antidépresseurs
À tous les stades, envisager l’électro-convulsivothérapie
l’existence éventuelle de troubles de mémoire concourent
à élever le risque de l’inobservance. L’instauration du traitement est l’un des moments les plus délicats car elle
influe sur l’ensemble de la prise en charge. Le soutien
de l’accompagnant peut être extrêmement utile mais une
prescription gagnera à être différée à une prochaine consultation si elle suscite une crainte excessive des effets
secondaires, une perplexité ou un rejet, par exemple,
chez des patients qui ne reconnaissent pas être déprimés.
L’information devra être répétée aux autres phases du traitement. Lorsqu’une rémission symptomatique complète a
été obtenue, elle doit prévenir le mouvement naturel qui
consiste pour le patient à interrompre son traitement ; il
faut l’inciter au contraire à le poursuivre pendant toute
la durée nécessaire à la consolidation. L’impact délétère
d’épisodes dépressifs récurrents est tel chez une personne
âgée que l’information sur la nécessité d’une prévention
durable des récidives dépressives apparaît plus impérative
[15].
Les traitements antidépresseurs
Dans la tranche d’âge 80—94 ans, plus d’un français sur dix a
une prescription d’antidépresseurs. À l’inverse, la consommation d’antidépresseurs à une dose efficace et pour une
durée suffisante est rarement réalisée. On observe donc une
dérive soit par excès, soit par défaut [19].
Quelle est l’efficacité globale des antidépresseurs
dans le traitement de la dépression de la personne
âgée ?
Cette question a alimenté un vif débat [22]. L’intérêt
des antidépresseurs lors de la dépression de la personne
âgée semble faire l’objet d’un consensus international. Des
méta-analyses d’essais comparatifs randomisés (ECR) comparant des antidépresseurs à un placebo ont montré que les
antidépresseurs étaient efficaces dans le traitement de la
dépression de la personne âgée. Néanmoins, la différence
d’efficacité entre certains antidépresseurs et le placebo
apparaît faible dans certaines études, voire non significative au plan statistique. Cela concerne en particulier les ECR
dont les patients ont des moyennes d’âge de 75 à 80 ans chez
lesquels les antidépresseurs n’apparaissent pas supérieurs
au placebo [2].
Les modifications pharmacocinétiques et pharmacodynamiques observées avec l’avance en âge et la polymédication,
courante dans cette population (qui élève la probabilité
d’interactions médicamenteuses), figurent parmi les principaux facteurs de variabilité interindividuelle de la réponse
thérapeutique aux antidépresseurs.
Les données provenant des méta-analyses montrent qu’il
n’y a pas de différences significatives entre les différentes classes d’antidépresseurs. L’interprétation de ces
méta-analyses doit toutefois être prudente en raison de
l’hétérogéneité des données collectées et de la faible taille
des effectifs. Sauf, cas particuliers, les inhibiteurs spécifiques de recapture de la sérotonine (5 HT) (ISRS), les
inhibiteurs de recapture de la 5 HT et de la noradrénaline
(NA) (IRSNA) et les antidépresseurs de la classe « autres
antidépresseurs » sont prescrits en première intention en
raison de leur meilleure tolérance et de leur faible risque
d’interactions médicamenteuses [2].
Le rapport efficacité/tolérance guide le choix
thérapeutique
La survenue d’effets secondaires est la principale cause
d’inobservance d’un traitement antidépresseur chez les
patients âgés. La prescription des imipraminiques a diminué
en raison des effets secondaires anticholinergiques périphériques (risque d’iléus paralytique, de rétention urinaire et
de glaucome aigu, sécheresse buccale) et centraux (confusion mentale), du risque d’arythmie cardiaque (justifiant la
pratique d’un ECG) et de la léthalité lors d’une ingestion
volontaire. Les principaux effets secondaires des antidépresseurs utilisés dans la dépression gériatrique sont décrits
dans le Tableau 5.
Quelle est l’efficacité des antidépresseurs dans le
traitement des dépressions comorbides avec des
affections neurologiques ?
La prise en charge des symptômes dépressifs compliquant le
cours évolutif de la maladie d’Alzheimer ou des démences
apparentées, de la maladie de Parkinson ou d’une maladie
cérébrovasculaire constitue un enjeu thérapeutique majeur
mais demeure mal codifiée.
Les symptômes anxiodépressifs accentuent à des degrés
divers les différentes composantes du déficit démentiel,
cognitif et neurologique, favorisent la perte d’autonomie
et concourent à la baisse de la qualité de vie. Dans la
maladie d’Alzheimer à tous ses stades évolutifs, les ISRS ou
la tianeptine sont souvent prescrits en première intention.
Aucun consensus n’a cependant été établi pour l’utilisation
de ces produits dans cette indication qui apparaît essentiellement guidée par des arguments de bonne tolérance
[5]. Aux cours des phases les plus évoluées de la maladie,
lorsque la dépression revêt une expression esssentiellement comportementale (retrait, clinophilie, abattement
ou au contraire, hostilité, agressivité physique et verbale,
agitation), les ISRS auraient des effets symptomatiques intéressants [19].
Dépression et personnes âgées
277
Tableau 5 Mécanismes d’action, effets secondaires et posologies des principaux antidépresseurs utilisés en France dans le
traitement de la dépression de la personne âgée.
Antidépresseur
Mode d’action
principal
Effets secondaires les plus
fréquents
Posologie
initiale (mg)
Posologie quotidienne
moyenne (mg)
Citalopram
5 HT
20
20—40
Escitalopram
Sertraline
Fluoxétine
5 HT
5 HT
5 HT
5
50
20
10
50—150
20
Paroxétine
5 HT
20
20
Fluvoxamine
5 HT
Moclobémide
IMAO
Venlafaxine
NA 5 HT
Minalcipran
NA 5 HT
Duloxétine
Mirtazapine
Miansérine
Tianeptine
NA 5 HT
Blocage alpha-2
Antagoniste sélectif
des récepteurs 5 HT2
et 5 HT3
Alpha-2
5 HT++
Nausées et vomissements,
dyspepsie, douleurs abdominales,
diarrhée, céphalées, effets sur la
libido
Identiques à ceux du citalopram
Identiques à ceux du citalopram
Identiques à ceux du citalopram
mais insomnie et agitation sont
plus fréquemment observées
Identiques à ceux du citalopram
mais somnolence et effets
anticholinergiques ont été
rapportés
Identiques à ceux du citalopram
mais les nausées sont plus
fréquemment rapportées
Troubles du sommeil, nausées,
agitation
Nausées, insomnie, vertiges,
sécheresse buccale, somnolence,
élévation et diminution de la
pression artérielle
Nausées, insomnie, vertiges,
sécheresse buccale, somnolence,
élévation et diminution de la
pression artérielle
Nausées, insomnie, vertiges
Augmentation de l’appétit, prise
de poids, somnolence, céphalées
Amitriptyline
5 HT++ NA+
Clomipramine
5 HT++ NA+
Imipramine
NA++ 5 HT+
Somnolence
Gastralgies, insomnie ou
somnolence
Somnolence, effets
anticholinergiques, hypotension
orthostatique,
tachycardie/arrythmie
Identiques à ceux de l’amitripyline
mais moindre somnolence
Identiques à ceux de
l’amitriptyline mais moindre
somnolence
Les dépressions post-AVC (DPA) retentissent sur le pronostic fonctionnel, cet effet apparaissant réversible chez
les patients traités. La survenue d’une DPA peut altérer la
qualité de vie des patients et de leur entourage. L’intérêt
de traitements antidépresseurs, en prévention et dans le
traitement précoce de la DPA n’a pas été démontré jusqu’à
présent. Néanmoins, les arguments en faveur de leur utilisation s’accumulent. Le bénéfice des antidépresseurs dans
cette indication pourrait porter aussi sur le handicap, les
activités quotidiennes, les fonctions cognitives et de façon
plus globale, l’espérance de vie [17].
50—100
300
75
100
100—200
300—400
150
100—200
30
30
60
30
30
25
30—90
25
25—50
75—100
75—100
25
75—100
Les symptômes dépressifs sont tout aussi fréquents chez
les malades parkinsoniens et retentissement amplement sur
le handicap fonctionnel et la qualité de vie du patient et de
son entourage familial.
Traitements psychologiques
En théorie, la plupart des modalités psychothérapiques utilisées chez l’adulte pourraient trouver une application dans
la prise en charge des personnes âgées déprimées. Ces principales modalités sont :
278
•
•
•
•
•
la
la
la
la
la
T. Gallarda, H. Lôo
thérapie cognitivocomportementale (TCC) ;
psychothérapie interpersonnelle (TIP) ;
thérapie de résolution de problèmes ;
psychothérapie psychodynamique ;
thérapie familiale.
Dans la pratique, les psychothérapeutes prenant en
charge des personnes âgées sont assez rares. De même, il
est peu fréquent qu’une personne âgée demande d’ellemême à entreprendre une psychothérapie [32]. Pourtant,
nombreuses parmi elles pourraient bénéficier d’une psychothérapie, seule, dans les dépressions légères, ou en
association aux antidépresseurs dans les autres formes.
De nombreux préjugés persistent sur la place des psychothérapies dans le traitement des troubles psychiques
observés au cours du vieillissement. La plupart sont héritée
d’une époque révolue où, en France, psychothérapie signifiait exclusivement psychanalyse. S. Freud (48 ans) écrivait
à propos du traitement psychanalytique :
« Autour de la cinquantaine, la plasticité des processus
mentaux sur lesquels agit la psychothérapie est en règle
diminuée ; de plus la masse des matériaux à prendre
en considération prolongerait le traitement de manière
indéfinie » (On psychotherapy, Hogarth Press, London,
1924) [23].
Durant des décennies, le postulat selon lequel les sujets
âgés auraient perdu la capacité ou la motivation au changement et résisteraient au soin psychothérapique a pu
prévaloir. Des générations se sont résignées à la souffrance
psychique comme l’effet inéluctable du vieillissement et de
la perspective de la fin de vie.
« Aujourd’hui encore, nous avons tous pu entendre une
personne âgée répondre à quelqu’un qui lui proposait de
l’aide : à mon âge, ça n’en vaut pas la peine ! ».
Mais parfois, « ça n’en vaut pas la peine » veut dire :
« je n’en vaux pas la peine », transcrivant une réaction
dépressive [31]. Les soignants doivent réviser leur position
d’absence d’indication de la psychothérapie au cours des
états dépressifs du vieillissement.
Les travaux ayant comparé les différentes psychothérapies concernent essentiellement les thérapies brèves (TCC,
thérapie interpersonnelle) et ne permettent pas de conclure
à la supériorité de l’une ou l’autre chez l’adulte jeune
comme chez l’âgé [30]. Les psychothérapies d’inspiration
psychodynamique se prêtent difficilement à une évaluation contrôlée. En fait, le succès thérapeutique apparaîtrait
moins fonction de la modalité thérapeutique que de la capacité du thérapeute à établir un lien stable et une relation
empathique avec son patient [23].
D’autres considérations ne peuvent être éludées : ainsi,
la prise en compte d’éventuels déficits sensoriels, en particulier auditifs, d’une diminution possible de la vitesse
du traitement de l’information ou encore d’une baisse
de la mobilité entravant la possibilité de déplacements
réguliers vers le lieu de soins. Un bilan ORL aboutit dans
certains cas à l’indication d’un appareillage auditif. Certains patients pourront recevoir des soins à domicile. Des
systèmes d’assistance téléphonique ont pu démontrer leur
utilité dans la lutte contre les méfaits de l’isolement. La
Tableau 6 Principales indications des traitements psychologiques chez la personne âgée (d’après [38]).
Préférence du patient (alternative au traitement
médicamenteux dans les dépressions légères à modérées)
Potentialisation de l’effet d’un traitement antidépresseur
Éviter l’utilisation de médicaments aux effets
potentiellement délétères, par exemple dans certains
troubles psychocomportementaux de la maladie
d’Alzheimer et des démences apparentées
Prise en charge de la détresse psychique des aidants
familiaux
Diminuer le poids des problèmes psychologiques émergeant
avec l’âge, accepter plus facilement le vieillissement,
aider à la résolution des problèmes nés au sein d’une
famille confrontée à la maladie d’un des leurs
bibliothérapie commence aussi à s’imposer dans les mentalités des soignants français. Enfin, l’opportunité d’ajuster
la technique psychothérapique aux déficits cognitifs, par
exemple, à l’altération des fonctions exécutives, reste
débattue [4] (Tableau 6).
Thérapies d’inspiration psychanalytique
Le fonctionnement psychique d’une personne âgée n’est pas
fondamentalement différent de celui d’une personne plus
jeune. D’une façon générale, la technique utilisée par le
thérapeute reste la même quel que soit l’âge du patient
adulte [32]. Comme l’écrit Le Gouès, « la vie affective est
superbement intemporelle » [11].
Dans l’indication d’une psychothérapie d’inspiration psychanalytique, un facteur important va être la qualité des
investissements objectaux du patient. La notion du temps
prend une connotation particulière : l’acuité de la perception de sa finitude par le patient sous-tend sa motivation à
modifier son fonctionnement pour le temps qui lui reste à
vivre [11,23]. Les questionnements identitaires et le désir
de donner du sens à son existence au travers d’un travail
de réminiscence biographique sont d’autres moteurs puissants d’une demande [16]. À tous les âges, les séances de
psychothérapie sont souvent vécues par les patients comme
des moments privilégiés. Les sujets âgés, voire très âgés,
au-delà de 85 ans, n’échappent pas à cette règle.
Thérapies cognitivocomportementales et thérapies
de résolution de problèmes
Les thérapies cognitives ont fait la preuve de leur efficacité chez le déprimé d’âge moyen dans les dépressions
d’intensité légère à modérée comme l’atteste désormais
un important corpus de données [28]. Dans les 20 dernières
années, un certain nombre d’essais ont été menés chez
le sujet âgé mais ils souffrent d’importantes limitations
méthodologiques. Une seule étude, répondant aux prérequis méthodologiques du National Institute for Health and
Clinical Excellence (NICE), n’a pas mis en évidence de différence d’efficacité au seuil statistique entre la TCC et les
antidépresseurs (ATD) [36]. Des techniques comportementales avec un objectif de stimulation pourraient avoir un
Dépression et personnes âgées
279
intérêt dans le soulagement de la perte d’initiative motrice
et psychique fréquemment observée dans les dépressions
tardives avec composante cérébrovasculaire. La technique
de l’activation comportementale (behavioural activation),
par exemple, consiste à aider le patient dans la programmation d’un certain nombre d’activités répertoriées dans
un « journal de bord ».
d’un(e) assistant(e) social(e) permet d’évaluer avec précision le niveau de ressources et d’envisager les possibilités
d’aide les plus appropriées. Lorsque le degré de perte
d’autonomie et de handicap est difficile à quantifier avec
précision (et le niveau d’aides requises), l’inclusion dans un
programme de soins en hospitalisation de jour peut s’avérer
utile.
La thérapie de résolution de problèmes
Références
La thérapie de résolution de problèmes s’inscrit dans « l’ici
et le maintenant ». C’est une approche centrée sur les difficultés qui sont rencontrées dans le présent. L’objectif est
d’aider le patient à recouvrir une plus grande maîtrise sur
les problèmes identifiés avec l’aide du thérapeute [4].
Thérapies conjugales et familiales
Les symptômes dépressifs d’une personne âgée peuvent
être mal compris, mal interprétés et donc mal tolérés par l’entourage familial. C’est notamment le cas
des formes hostiles, caractérielles, voire persécutives des
dépressions gériatriques. L’isolement et le rejet du patient
par les siens génèrent un vécu mutuel d’incompréhension
et d’incommunicabilité qui accentue encore le processus dépressif. À l’inverse, certains vieillards déprimés
sont surprotégés, parfois infantilisés, maintenus dans une
dépendance extrême par leur entourage, en particulier
leur conjoint. Ces deux modalités de réaction peuvent
faire conflit. Dans ces situations de crise, l’opportunité
d’interventions ponctuelles auprès de la famille ne fait pas
de doute mais les indications de prises en charge familiales
structurées sont plus rares : situations de maltraitance,
opposition au maintien de l’autonomie de la personne âgée
et décisions contestables d’installation au sein d’une institution, parents âgés débordés par la prise en charge d’enfants
présentant eux-mêmes un état de dépendance.
Les interventions médicosociales
L’influence des facteurs sociaux est souvent méconnue
dans la genèse et la chronicisation des troubles dépressifs
de la personne âgée [1]. Pourtant, des conditions précaires d’habitation (par exemple, dans des zones urbaines
à niveau élevé de délinquance), un bas niveau socioéconomique et des difficultés d’accès aux soins médicaux
apparaissent comme des facteurs déterminants de la dépression. Ces facteurs interagissent entre eux dans une synergie
négative : situation de pauvreté et installation dans des
quartiers où l’exposition à la délinquance et la criminalité
est élevée et l’offre de soins médicaux spécialisés moins
répandue. L’évolution vers la guérison d’un état dépressif pourra aussi advenir par une modification substantielle
de l’environnement, en accompagnant le patient dans une
installation plus adaptée à sa vulnérabilité ou dans une institution. La prudence reste néanmoins de mise dans les phases
aiguës de la dépression où le regard pessimiste que porte
le patient sur sa situation existentielle entrave toute possibilité de décision rationnelle et l’expose à des risques de
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