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Les réseaux sont de tous les discours et occupent tous les
terrains : universitaires et chercheurs appartenant à différentes
disciplines, journalistes, personnalités politiques, consultants et
responsables d’entreprise ne cessent de les invoquer. L’étymologie
du mot qui permet une utilisation métaphorique se prête à une
représentation imagée de l’organisation sociale : d’où sa valeur
heuristique. Plus généralement, le réseau permet d’évoquer l’idée de
connexion, de flux, d’échange, d’interaction, de liens et d’alliances.
(Coenen-Huther, 1993 ; La Porte, 1995 ; May, 1993). Il se prête ainsi
à de nombreuses utilisations, allant des réseaux de neurones aux
réseaux de relations d’un individu ou d’une entreprise, en passant par
le maillage du territoire par des réseaux technologiques (systèmes de
transports et de communication tel que le réseau ferroviaire, ou
encore la toile tissée grâce au système informatique, avec ses
ordinateurs travaillant en réseau). Les liaisons des points et des
nœuds pour la circulation de l’énergie, de l’information, des biens
matériels et d’acteurs humains sont pensés, conçus et analysés en
termes de réseaux. Au niveau matériel, ces derniers autoriseraient
une économie de moyens ; au niveau de la conception, ils
faciliteraient l’établissement d’un projet ; enfin, grâce à la
visualisation qu’ils permettent, ils conduiraient à une plus grande
facilité de lecture (Sfez, 1999) (1)
Pour les sociologues, le plus important reste cependant la
possibilité d’imaginer, grâce à ce concept-image, aux niveaux macro,
mezzo, micro et « global », une (ébauche de) structure jamais
achevée, donc évolutive, un élément nouveau pouvant s’y intégrer en
un point quelconque. Le réseau est donc extensible à l’envi, tout en
permettant à chacun de ses points de communiquer. Les différentes
positions offertes par le réseau sont plus ou moins avantageuses,
mais les relations entre ces positions sont dynamiques. Vu de la
sorte, le réseau devient un modèle d’organisation et d’action.
Les réseaux comme mode d’organisation étant accompagnés
de réseaux comme objets ou systèmes techniques de communication
et d’information, leurs relations sont également observées de près.
Les caractéristiques des macro-systèmes technologiques dominants
et celles des rapports sociaux (Gökalp : 1983, 1986, 1988a, 1988b),