PROBLEMATIQUE :
Nombreux courants de pensée classiques ont réduit le comportement des agents
économiques à un comportement égoïste et individualiste guidé par la recherche
de maximisation d’intérêts chose qui a été critiquée par les courants qui affectent
à l’agent économique un comportement de socialisation et d’intériorisation de
schémas comportementaux dictés par les valeurs,les normes et les coutumes de
la société .
=>Est-ce que les modèles économiques expliquent les phénomènes
sociologiques ou se sont plutôt les modèles sociologiques qui décrivent
les phénomènes économiques ?
INTRODUCTION :
L’entreprise a été souvent considérée comme une entité à part entière , dotée
d’une stratégie particulière .Les actions des groupes humains qui la compose
sont réputées soumises à sa stratégie explicite ou implicite .
Parallèlement, d’autres courants pensent que l’entreprise existe d’abord pour
répondre aux stratégies et aux besoins des individus / groupes qui la porte
(propriétaires, actionnaires, dirigent, …..)
La stratégie de l’entreprise est alors une conséquence des logiques de ses
groupes humains ; elle constitue un des moyens, pour eux, d’atteindre leurs
objectifs et leurs ambitions.
Cette entreprise opère dans un contexte économique plus large et plus complet
comportant plusieurs agents économiques (dont l’entreprise)
Ce contexte économique à longtemps été l’objet de recherches et de plusieurs
courants de pensée dont celui de la nouvelle sociologie économique qui fera
l’objet de notre exposé
La nouvelle sociologie économique est en fait une réponse à une double crise :
EXPOSE : RESEAUX SOCIAUX ET
STRATEGIE DE L’ENTREPRISE
Elaboré par : Encadré par : Mr K.BEN KAHLA
KARBOUL IBTISSEM
MEHRI MOULDI
Une première crise dans le domaine des savoirs sur l’économie et la société
(crise des paradigmes néoclassique, keynésien et marxiste) et une deuxième
crise dans le monde réel de l’économie (crise du fordisme et de l’État
providence et émergence de la mondialisation). La nouvelle sociologie
économique se distingue en prenant l’économie pour objet d’étude. Elle se
propose alors d’en faire non seulement une critique mais d’en proposer
également une alternative.
L’approche réductrice de la science économique,qui sous l’égide de la
domination du néolibéralisme et de la théorie de l’action rationnelle a fait du
marché un phénomène naturel et seul mécanisme de régulation de l’économie .
Elle a considéré les activités marchandes comme les seules activités
économiques et a rabaissé toute action humaine au résultat d’un calcul
coût/bénéfice (« BECKER »). La nouvelle sociologie économique met en avant
l’encastrement social du marché , le caractère pluriel de l’économie (incluant
non seulement les activités marchandes mais aussi les activités de redistribution
de l’ Etat et celle de la réciprocité de la société civile ) , la multiplicité des
formes de coordination des activités économiques (marché et
hiérarchie,Etat,communautés,associations ) et la multiplicité des logiques
d’action ayant pour mobile non seulement l’intérêt mais aussi le pouvoir,la
reconnaissance et le statut .
SECTION I : THESE ORIGINELLE DE POLANYI :
ENCASTREMENT/DESENCASTREMENT
Polanyi a proposé la notion de « l’encastrement » qui consiste a intégrer les faits
économiques à l’intérieur des faits sociaux , ensuite avec l’apparition du
troisième modèle cad celui de l’économie d’échange , le « desencastrement »
apparait:
SECTION II : REMISE EN CAUSE DE LA THESE DE
DESENCASTREMENT DE POLANYI PAR GRANOVETTER :
NOTION D’EMBEDDEDNESS :
-Sociétés au sein desquelles
le système économique
n’est qu’accessoire et
insignifiant
- système économique
submergé par les relations
sociales
- sociétés autorégulée par
l’échange marchand
- marché autorégulateur
(mécanismes de prix ) =>les
relations sociales passent sous
le diktat des forces
économiques =>séparation
entre sphère sociale et
sphère économique
I/Présentation de la vision sous-socialisée, de la vision sur-socialisée
et positionnement intermédiaire de Granovetter :
1) VISION SOUS SOCIALISEE
Réduit à un être égoïste, autonome guidé par la seule recherche de son intérêt
personnel
Chaque acteur essaye de combiner optimalement les moyens (rares) pour en tirer
un avantage maximum => compétition entre acteurs
Le marché autorégulateur est le lieu idéal où s’exprime cette concurrence pure et
parfaite
La condition nécessaire et suffisante pour que ce marché de concurrence pure et
parfaite soit effectif est la Loi de l’indifférence :
=>Impersonnalisation de l’échange (JEVOUS ,1931)
=>Atomisation sociale (Hirschman, 1986)
*Critique de Granovetter :
C’est une représentation désagréable, brutale et éphémère du marché
L’originalité du cadre social ne peut être appréhendé qu’au niveau de l’aspect
non logique des systèmes d’action .
2) VISION SUR-SOCIALISEE :
Selon cette vision les acteurs suivent mécaniquement, via un processus de
socialisation et d’intériorisation des schémas comportementaux, ce que leur
dictent des forces externes (valeurs, normes, coutumes), qui s’imposeraient
par consensus, indépendamment de toute référence à un quelconque choix
rationnel
*Critiques de Granovetter :
Les schémas comportementaux sont si fortement intériorisés que les acteurs
négligent toute influence directe des relations sociales réellement existantes
entres les acteurs.
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Selon Granovetter(1985),ces deux visions extrêmes n’ont que peu de choses à
nous apprendre sur le fonctionnement actuel de la vie économique
=> « Les acteurs ne se comportent pas et ne prennent pas leurs décisions
comme des atomes indépendants de tout contexte sociale ; pas plus qu’ils ne
suivent docilement un scénario écrit pour eux et qui serait fonction de
l’ensemble des catégories sociales auxquelles ils appartiennent . »
Granovetter se positionne alors à un niveau intermédiaire à mis chemin entre la
vision sous et sur socialisée . D’où sa thèse d’embeddedness :
Les actions que les acteurs entretiennent pour atteindre un objectif sont
encastrées dans un système concret et continu de relations sociales.
<=> Il ne faut plus prendre comme point de départ de l’analyse l’agent isolé
mais les interactions des agents pris dans un contexte social plus large . Ce
contexte renvoie au réseau de relations sociales.
Le réseau correspond à un ensemble régulier de contacts ou de relations sociales
continues qu’entretiennent tous les individus ou groupe d’individus. (Swedberg
et Granovetter, 1994 )
Ce réseau de relations sociales est un contexte qui recouvre d’une part les
opportunités et les contraintes associées aux relations sociales bilatérales des
agents (l’encastrement relationnel) et d’autre part les opportunités et les
contraintes que fait peser sur eux l’architecture des réseaux à l’intérieur desquels
il réalisent leurs transactions (l’encastrement structurale).
Puisque les prix dans cette nouvelle vision de l’échange ne joue plus
parfaitement leur rôle de régulateur, les réseaux de relation sociale sont
considérés comme des institutions visant à réduire l’incertitude associée à
l’échange marchand.
SECTION III : conséquences de l’encastrement : formation du capital social et
développement des réseaux sociaux :
I/ Le capital social :
Le capital social fait référence en sociologie et psychologie sociale à la valeur
collective de toutes les normes et relations sociales permettant la coordination
d’actions en vue d’atteindre des objectifs communs .Le terme de capital social
est d’ailleurs dans ce cas utilisé par analogie avec d’autres formes de capital
économique .
il renvoie alors directement à celui de cohésion sociale
Le capital social peut être perçu positivement ou négativement :
*Les relations sociales horizontales des agents sociaux qui augmentent la
cohésion et la productivité de la communauté sont considérées positives.
*Les groupes d’intérêts et les symétries hiérarchiques opérant à contre courant
des intérêts communautaires peuvent être vues comme capital social négatif qui
handicape la société.
II/ Les réseaux sociaux:
Les réseaux sont des systèmes d’acteurs sociaux qui pour des fins de mise en
commun de la variété dans l’environnement interne , propagent la transmission
de ressources en structures fortement connexes. Ces systèmes peuvent être des
systèmes organisés (l’entreprise) ou non (les amis).
III/ Cohésion et connexité dans les réseaux sociaux :
Dans les systèmes d’acteurs sociaux (systèmes organisés ou non organisés) il
y’a un principe de cohésion ou de groupabilité sous-jacent =>les acteurs sont
donc groupables en des pôles à l’intérieur desquels tous les liens sont positifs et
les liens avec l’extérieur,s’ils existent, sont négatifs .
Remarque : l’existence de liens mixtes dans un même groupe introduit le plus
souvent de l’ambivalence .
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