IMMUNONUTRITION : GADGET OU PROGRES ? P. Boulétreau, C. Chambrier, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôtel Dieu, 69288 Lyon, France. INTRODUCTION Chez les patients opérés, traumatisés ou hospitalisés en soins intensifs une immunodépression est fréquente, et son impact sur la morbidité, infectieuse en particulier, est importante. Parmi bien d'autres facteurs, un état de dénutrition peut représenter une cause importante de cette immunodépression : l'état des défenses immunitaires d'un patient est en effet toujours étroitement lié à son statut nutritionnel : - La malnutrition protéino-énergétique altère profondément l’immunité cellulaire provoquant un déficit quantitatif (déplétion des zones thymo-dépendantes et lymphocytaires) et qualitatif (altération des fonctions des lymphocytes T et des fonctions des macrophages et polynucléaires), le retentissement sur l’immunité humorale étant plus inconstant. - La correction des carences nutritionnelles est capable, dans certaines conditions, d'améliorer voire de restaurer les défenses immunitaires. Plus récemment, le rôle spécifique de la nutrition entérale a bien été mis en évidence : même si les mécanismes sont encore incertains, l'apport précoce de MAPAR 1997 nutriments dans le tube digestif de patients brûlés ou polytraumatisés réduit de façon significative la morbidité infectieuse. Les recherches actuelles s’intéressent au rôle de certains nutriments qui, donnés le plus souvent à doses pharmacologiques, supérieures à celles requises pour prévenir ou corriger un déficit nutritionnel, ont une influence spécifique sur le système immunitaire : c’est ce type d’approche thérapeutique qui est habituellement qualifié d'«immunonutrition». Les travaux expérimentaux dans ce domaine sont sérieux et convaincants ; par contre la pauvreté et la qualité souvent médiocre des travaux cliniques ont pu laisser le clinicien perplexe, du moins jusqu'à la parution des plus récentes études. 1. LES NUTRIMENTS «IMMUNOMODULATEURS» 1.1. L’ARGININE Elle représente le plus important des «immunonutriments». 1.1.1. ARGININE ET METABOLISME AZOTE Acide aminé dibasique non essentiel chez le sujet sain, elle est aujourd’hui classée parmi les acides aminés conditionnellement essentiels : dans les situations de stress (infection sévère, traumatisme) la synthèse endogène est insuffisante pour couvrir les besoins liés à l’augmentation du turn over protéique [1] et son apport exogène devient indispensable au maintien de la balance azotée et aux synthèses protéiques. A doses supérieures aux besoins nutritionnels, l’arginine a un impact particulier sur le métabolisme protéique : chez le sujet âgé en période postopératoire, la balance azotée peut être améliorée par une supplémentation en arginine du régime habituel [2]. De plus l’arginine a un rôle spécifique sur la cicatrisation par une stimulation de la synthèse du collagène chez le rat comme chez l’homme : amélioration de la résistance des cicatrices et augmentation du dépôt de collagène [3]. 1.1.2. ARGININE ET IMMUNITE Chez l’animal, la supplémentation de la diète en arginine s’accompagne d’une augmentation du poids et de la taille du thymus et évite son atrophie rapide caractéristique de l’état d’agression. Ce gain de poids du thymus est dû à une augmentation du nombre de lymphocytes présents dans la glande. Parallèlement, une augmentation de la réponse lymphobastique des lymphocytes aux mitogènes est observée [4]. Chez les cochons d’Inde brûlés, une diète enrichie en arginine s’accompagne d’une augmentation de la survie et d’une amélioration des tests cutanés d’hypersensibilité retardée [5]. Chez l’homme sain, et chez des patients opérés d’un cancer gastro-intestinal, une augmentation de la réponse lymphocytaire aux mitogènes est observée après 484 Nutrition administration d’arginine [2] ; cet effet immunostimulateur paraît indépendant de l’effet nutritionnel, la balance azotée n’étant que peu modifiée. 1.1.3. MECANISMES D’ACTION Ils sont multiples, l’arginine intervenant dans de nombreux processus biologiques essentiels : - Par l’intermédiaire de son métabolite l’ornithine, elle participe à la synthèse des polyamines, facteur important des multiplications cellulaires. - L’arginine a une action secrétagogue sur l’hypophyse (stimulation des sécrétions de prolactine et d’hormone de croissance), le pancréas (stimulations de la sécrétion d’insuline et de glucagon) et la médullo-surrénale (catécholamines) ; la modification de l’environnement hormonal qu'elle entraîne peut expliquer une partie de ses effets sur le métabolisme protéique et sur l’immunité [1], les travaux expérimentaux montrant par ailleurs que l’intégrité de l’axe hypothalamohypophysaire est nécessaire [4] à son action. Plus récemment l’accent a été mis sur le rôle de l’oxyde nitrique (NO), effecteur biologique essentiel dont on sait que l’arginine représente l’unique substrat de synthèse, sous l’action des NO synthases. Le NO pourrait intervenir par son effet vasodilatateur, favorisant la cicatrisation, il serait également impliqué dans la stimulation des sécrétions hormonales et dans les phénomènes immunitaires. De multiples questions persistent cependant avec en particulier l’absence de certitude d’une influence modulatrice de l’apport exogène d’arginine sur le taux de synthèse du NO, en dehors des cas où les taux locaux d’arginine sont très bas comme l’environnement d’une plaie et le vaisseau athérosclérotique. 1.2. LA GLUTAMINE Acide aminé le plus abondant chez l’homme, elle peut être synthétisée par la plupart des tissus de l’organisme à partir de glutamate et d’ammoniaque. Par contre les agressions sévères entraînent rapidement une profonde déplétion du pool de glutamine, qui devient alors un acide aminé «conditionnellement indispensable». Ses rôles physiologiques sont importants : premier transporteur interorgane d’azote et régulateur du métabolisme protéique, substrat énergétique principal des cellules à multiplication rapide, entérocytes, lymphocytes et macrophages en particulier. La glutamine est ainsi essentielle pour de nombreuses fonctions immunitairesÊ: - Au niveau de l’intestin, l’épithélium muqueux est le principal site d’utilisation de la glutamine. Dans plusieurs travaux expérimentaux, la supplémentation parentérale ou entérale en glutamine sur des modèles d’infection ou d’entérocolite, entraîne une réduction marquée des translocations bactériennes et de la mortalité ; l’effet bénéfique provient probablement d’une amélioration ou d’une préservation des défenses immunitaires de l’intestin telle que la sécrétion d’IgA par les lymphocytes intra-épithéliaux [6, 7]. - In vitro, la plupart des fonctions des lymphocytes (prolifération en réponse aux mitogènes, synthèse de RNA et des protéines, différentiation cellulaire, sécrétion 485 MAPAR 1997 d’IL2) et des macrophages (sécrétions d’IL1, synthèse de RNA, phagocytose) sont très étroitement dépendants de la concentration en glutamine [8]. - Enfin, l’effet stimulant sur l’immunité d’un apport exogène de glutamine est bien démontré chez l'animal [7]. Chez l’homme, dans l’étude de Ziegler, la supplémentation de la nutrition parentérale en glutamine, chez des patients recevant une greffe de moelle osseuse, réduit significativement le nombre d’épisodes infectieux et la durée de séjour [9]. 1.3. LES ACIDES GRAS POLYINSATURES DE LA SERIE N-3 Peu utilisés à des fins énergétiques, les acides gras polyinsaturés (AGPI) ont plusieurs fonctions essentielles : constituants des phospholipides, ils participent à la structure des membranes cellulaires dont la composition influence plusieurs des activités (transport transmembranaire, formation des récepteurs et reconnaissance de signaux) ; précurseurs des eicosanoïdes, ils jouent un rôle majeur dans la physiologie cellulaire, la vasomotricité et l’inflammation. Si les déficits en acides gras essentiels (acides gras polyinsaturés à longue chaîne) sont connus pour entraîner une diminution de la réponse aux agressions virales ou bactériennes, et une augmentation de la sensibilité aux infections, de nombreuses études expérimentales et épidémiologiques récentes mettent bien en évidence les différences d’impact des différents types d’AGPI sur les phénomènes de défense et la réponse inflammatoire. Les AGPI, sont classés en deux familles selon la position de la première double liaison à partir du groupement méthyl terminal. Les AGPI n-6 ou oméga 6 dont le chef de file est l’acide linoléique se trouvent dans la plupart des huiles végétales ; les AGPI n-3 (acide linolénique) présents en faible quantité dans l’alimentation occidentale actuelle, se trouvent essentiellement dans les graisses de poissons des mers froides. Les AGPI n-6 et l’acide linoléique conduisent, par les voies des cyclooxygénases et des lipo-oxygénases à la synthèse des prostaglandines de la série 2 (PGE2, thromboxane A2) et des leucotriènes de la série 4 (LTB4). Toutes ces substances sont de puissants agents de l’inflammation, favorisant l’agrégation plaquettaire et la vasoconstriction périphérique, et en présence d’une agression bactérienne, tendent à diminuer les réactions d’immunité cellulaire [10]. Les AGPI n-3 au contraire (acide linolénique) sont précurseurs de dérivés des séries 3 et 5 : prostaglandines PGE3, thromboxane TxA3, leucotriène LTB5, dont l’action biologique est de 90 % inférieure à celle des précédents. De plus, la présence d’AGPI n-3, par un phénomène d’inhibition compétitive sur la delta 6 désaturase, enzyme limitante du métabolisme des deux familles d’acides gras, inhibe la production des dérivés des AGPI n-6 (PGE2, TxA2 et LT4). Ainsi, un régime riche en acide linoléique (n-6) augmente la sensibilité aux infections et perturbe habituellement la réponse immunitaire, chez l’animal comme chez l’homme [11, 12]. 486 Nutrition Au contraire l’enrichissement du régime en huiles de poissons (n-3) résulte dans une limitation de synthèse des PGE2 et LT4 [13], et des principaux médiateurs polypeptidiques de l’inflammation IL-1 et TNFα 14] avec pour conséquence une réduction des phénomènes inflammatoires et une tendance à la vasodilatation. Les animaux recevant un régime riche en huile de poisson ont une meilleure réponse immunitaire et une meilleure survie après infection expérimentale [15]. L’intérêt de cet effet anti-inflammatoire doit cependant être discuté, en particulier chez les malades aigus, puisqu’il peut être néfaste sur la qualité des phénomènes de cicatrisation : un régime comportant presque exclusivement des huiles de poissons comme apport lipidique s’accompagne chez l’animal d’une cicatrisation de mauvaise qualité [16]. Outre leur effet de prévention du risque cardiovasculaire, lié en particulier aux réductions des phénomènes de thrombose et de vasoconstriction [17], les AGPI de la série n-3 pourraient aussi augmenter la tolérance d’une greffe et inhiber le développement de certaines tumeurs expérimentales. Dans plusieurs types de maladies inflammatoires chroniques : polyarthrite rhumatoïde, colite inflammatoire, psoriasis, l’apport d’huiles de poissons paraît modifier l’évolution dans un sens favorable, cet effet passant par une diminution de la production de LTB4 et d’IL-1, et une augmentation de la synthèse de LTB5 [14, 18]. Chez les patients en état postagressif, l’intérêt des huiles de poissons est par contre peu ou pas évalué, et le rapport idéal entre n-3 et n-6 reste à déterminer. 1.4. NUCLEOTIDES (RIBO ET DESOXYRIBONUCLEOTIDES) Impliqués dans de nombreuses réactions intracellulaires, ils ne sont pas considérés comme des nutriments essentiels puisque leur synthèse endogène est possible. Les réserves de purines et de pirymidines et les capacités de synthèse endogène peuvent cependant se trouver limitées en cas de stress ou d’hypermétabolisme, et leur apport serait alors nécessaire. In vitro, la prolifération lymphocytaire est améliorée par l’apport de nucléotides. L’immunité cellulaire normale et la résistance à l’infection sont déprimés chez le rat après quatre semaines de diète pauvre en nucléotides, elles sont restaurées par un apport de RNA ou d’uracil [19]. Une diète enrichie en nucléotides peut induire une augmentation des réactions immunitaires et du poids de la rate avec un effet dosedépendant [20], suggérant leur possible intérêt chez les patients immunodéprimés ; les travaux convaincants sont cependant peu nombreux. 1.5. OLIGO-ELEMENTS ET VITAMINES Le rôle des oligo-éléments dans la réponse immunitaire est parfaitement démontré : leur carence, comme leur apport en excès, sont responsables de réponses anormales, corrigées par un apport correct. Le fer, le zinc, le cuivre et le sélénium jouent à ce niveau un rôle essentiel. 487 MAPAR 1997 De même, des altérations des fonctions immunitaires (réduction du nombre de lymphocytes T et B et de leurs fonctions) sont attachées aux carences en vitamines lipo et hydrosolubles, en particulier A, E, C et en vitamines du groupe B. La correction des carences normalise en général rapidement ces différentes fonctions, mais un apport excessif en particulier en vitamines A et E peut avoir un effet inverse [21]. 2. ETUDES CLINIQUES CHEZ LES PATIENTS AGRESSES Plusieurs études cliniques publiées au cours des dernières années ont comparé les effets de la nutrition entérale réalisée avec des produits classiques, polymériques ou élémentaires ou des produits enrichis de façon variable en arginine, nucléotides et huiles de poissons. Les diètes utilisées sont toujours complexes, associant de façon variables les éléments ci-dessus (tableau I), ce qui rend les comparaisons difficiles et ne permet pas de savoir quel composant pourrait réellement être efficace. Tableau I Principales caractéristiques des solutés nutritifs «immunomodulateurs» Protéines (% cal) GLN libre (g/L) ARG (g/L) Nucléotides (g/L) Lipides (% cal) Acides gras ω-3 (g/L) MTF 21 0 6,1 0 12 5,0 Impact 22 0 12,8 1,3 25 3,3 Immun-AID 32 12,5 15,4 1,0 20 1,1 2.1. ETUDES DISCUTABLES Dans plusieurs études, les résultats annoncés sont encourageants mais les conditions méthodologiques sont discutables et ne permettent aucune certitude quant à l’efficacité des produits : 2.1.1. GROUPES NON COMPARABLES Chez les brûlés, les résultats très positifs de l’étude de Gottschlich [22] (diminution significative du nombre d’infections de plaies et de la durée de séjour) sont discutables dans la mesure où les deux groupes de malades ne sont pas réellement comparables (le nombre de brûlures pulmonaires est nettement supérieur dans le groupe recevant le régime classique). De plus, ces résultats sont limités : si l’on considère le nombre de pneumonies ou le nombre total d’infections, la différence n’atteint pas le niveau de significativité ; la mortalité est identique dans les deux groupes, et les tests biologiques immunitaires ne sont pas améliorés. 488 Nutrition 2.1.2. BIAIS METHODOLOGIQUE Quatre études importantes [23, 24, 25, 26] comportent un biais méthodologique majeur : l’apport azoté significativement supérieur dans les groupes recevant les mélanges enrichis peut à lui seul expliquer les bénéfices cliniques observés, comme l'avaient montré antérieurement plusieurs études, dont celle d'Alexander datant de 1980 [26]. 2.1.2.1. Polytraumatisés Dans l’étude de Moore [23] chez les polytraumatisés on note une diminution du nombre des complications septiques (abcès intra-abdominaux et défaillance polyviscérale en particulier) sans modification de la mortalité globale mais l’apport azoté est très supérieur dans le groupe étudié (0,38 vs 0,16 g/kg/j). 2.1.2.2. Carcinologie - L’étude de Daly [24] porte sur 85 patients de chirurgie carcinologique digestive, alimentés dès le 1er jour post-opératoire par jéjunostomie : l’amélioration significative des complications infectieuses, de la cicatrisation et de la durée de séjour dans le groupe recevant la formule enrichie ne peut avec certitude être rapportée aux constituants spécifiques, puisque l’apport azoté global est très différent (15,6 g contre 9 g par jour), et la balance azotée différente. - L’étude de Schilling [25] sur 45 patients de chirurgie digestive carcinologique comporte également des apports azotés différents (22 % vs 15 % de l’apport calorique total) ; par ailleurs si certains tests de réponse immunitaire semblent améliorés, aucune différence clinique n’est mise en évidence. 2.1.2.3. Soins inensifs L’étude de Bower [26] portant sur 296 malades de soins intensifs présente le même biais méthodologique. De plus, la durée de séjour, les infections acquises et les bactériémies sont diminuées dans le seul sous groupe des patients «septiques» recevant la formule enrichie (89 malades sur 296 éligibles pour l’étude) ; enfin, ce sous groupe a une mortalité très supérieure au groupe recevant la nutrition classique (11 sur 44 contre 4 sur 45), ce qui rend difficile l’interprétation des autres données (durée de séjour, nombre de bactériémies). 2.2. ETUDES BIEN CONSTRUITES D’autres études sont heureusement mieux construites et comportent en particulier un régime isocalorique et isoazoté. 2.2.1. ETUDE DE SENKAL Dans l’étude de Senkal [28] portant sur 42 patients de chirurgie digestive carcinologique, on note une amélioration des tests biologiques de réponse immunitaire et inflammatoire, mais aucune différence clinique . 2.2.2. ETUDE MULTICENTRIQUE DE KEMEN Dans l’étude multicentrique de Kemen portant sur 164 patients [29] aucune différence significative n’est mise en évidence (diminution non significative des durées de séjour et des complications). 489 MAPAR 1997 2.2.3. ETUDE DE BRAGA [30] Cette étude concerne 40 patients opérés d’un néoplasme colorectal ou gastrique qui reçoivent en pré et en postopératoire une ,nutrition entérale normale ou enrichie, dans ce dernier groupe étudié les tests immunitaires, inflammatoires et la microperfusion intertinale snt améliorés mais on n’a pas connaissance de différences cliniques. 2.2.4. ETUDE DE DALY Une nouvelle étude de Daly [31] porte sur 60 patients de chirurgie carcinologique digestive alimentés dès le 1er jour postopératoire par jéjunostomie. Dans le groupe recevant le produit enrichi («Impact»), on trouve une diminution significative du nombre de complications infectieuses générales et locales, et de la durée de séjour. 2.2.4. ETUDE DE KUDSK Enfin, l'étude récente de Kudsk [32] concerne 35 patients polytraumatisés qui recoivent par jéjunostomie une nutrition entérale précoce avec un soluté standard ou enrichi («Immun aid»). Les complications infectieuses générales et locales, comme la durée de séjour et le coût global de l'hospitalisation sont significativement plus bas dans le groupe recevant le produit enrichi. CONCLUSION La nutrition artificielle, en particulier par voie entérale, représente une arme thérapeutique essentielle face à l’influence néfaste de la dénutrition sur les fonctions immunitaires et de défense. Elle est cependant encore insuffisante dans bien des situations. Plusieurs nutriments, le plus souvent employés à dose pharmacologique, ont fait la preuve chez l'animal de leur action spécifique sur le système immunitaire, dans plusieurs circonstances pathologiques particulières, aiguës ou chroniques. Les résultats obtenus en clinique humaine sont encore peu nombreux. La méthodologie des premières études était souvent discutable, et même si les résultats publiés étaient très positifs, ils n'étaient pas très crédibles, faisant redouter que ces poduits ne soient qu'un «gadget». Les études récemment disponibles ont des résultats moins systématiquement favorables, mais elles sont sérieuses et laissent penser que ces nutriments immunomodulateurs, qui représentent une voie de recherche essentielle, peuvent être un réel progrès dans la nutrition artificielle des patients agressés. 490 Nutrition REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Barbul A. Arginine: Biochemistry, physiology and therapeutic implications. JPEN 1986;10:227-238 [2] Daly JM, Reynolds J, Thom A, Kinsley L, Dietrick-Gallacher M, Shou J, et al. Immune and metabolic effects of arginine in the surgical patient. Ann Surg 1988;208:512-523 [3] Kirk SJ, Hurson M, Regan MC, Holt DR, Wasserkrug HL, Barbul A. Arginine stimulates wound healing and immune function in elderly human beings. 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