Portrait socio-culturel, politique et économique du Liban

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Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
Portrait socio-culturel, politique et
économique du Liban
Sébastien-Paul Desparois
« Accueillant comme ses rades, aventureux comme sa Méditéranée,
sonore comme ses torrents, s’offrant comme ses sources, miroitant
comme ses étoiles; robuste, aimable comme ses collines, âpre et
démuni comme ses terres escarpées, le Liban « fille de la
géographie » s’est lentement, habilement façonné au gré de
l’histoire. »
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Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
Table des matières
Introduction 3
1 - Perspective historique
a) Balisage des différentes communautés 4
b) Origines et mécanismes de cohabitation 6
2 - Perspective contemporaine
c) Ouverture sur le monde : la diaspora libanaise 9
d) Naissance de la classe urbaine 11
3 – Manifestations sociales et culturelles en
aménagement
e) Cadre de vie : l’habitat traditonnel 13
f) Approches contemporaines en l’aménagement
le cas de Beyrouth 15
g) Dimension culturelle du territoire 16
Conclusion 17
Bibliographie 18
Source des illustrations 19
Notes 20
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Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
Introduction
Parmi les disciplines de l’aménagement, l’architecture de paysage
est celle qui s’intéresse d’abord et avant tout au sens culturel et
social du territoire. C’est l’organisation de l’homme en société et sa
production culturelle qui donne son sens à celui-ci. Il est donc
essentiel, pour intervenir sur un territoire spécifique, de tenter de
comprendre les différentes cultures et sociétés qui on façonné ce
territoire à travers le temps, mais aussi de comprendre la culture qui
l’habite et le transforme au quotidien. Point de contact entre l’Orient
et l’Occident, le territoire du Liban offre, par la sédimentation des
cultures qui l’ont forgé, une opportunité de compréhension de ce
phénomène. Ainsi, le portrait socio-culturel du pays, à travers à une
analyse sociale, culturelle, économique et politique - dans une
dimension historique et contemporaine - devrait permettre de mettre
en lumière des éléments qui alimenteront un éventuel projet
d’architecture du paysage dans le pays des cèdres. Cette analyse
s’articulera en trois temps. Il sera tout d’abord question de la
dimension historique de la société libanaise. Nous tenterons ainsi de
dresser un portrait des différentes communautés qui peuplent le
Liban, en retraçant leur origine et les mécanismes qui permettent
leur cohabitation. Il sera ensuite question de la situation
contemporaine de cette société, à travers l’étude de la diaspora et la
naissance de la classe urbaine. Enfin, une réflexion sur les
manifestations culturelles et sociales en aménagement tentera, dans
un troisième, temps de définir la dimension culturelle de l’espace
phénoménologique libanais. Celle-ci s’articulera par une gradation
des échelles, allant de l’habitat au territoire, en passant par
l’aménagement urbain contemporain.
Ce portrait socio-culturel succinct puise ses références dans des
ouvrages variés, de natures volontairement différentes, afin de
couvrir un éventail le plus large possible des éléments qui forment la
communauté libanaise. La dimension historique tirera ainsi
l’essentiel de son contenu de l’ouvrage Comprendre le Liban de
Marie-Ange Lecerf, paru aux éditions Karthala en 1988.
L’information contenue dans le chapitre sur la dimension
contemporaine sera, quant à elle, issue des livres La diaspora
libanaise en France : Processus migratoire et économie de Amir
Abdulkarim, publié chez l’Harmattan en 1996 et de Atlas du Liban :
géographie, histoire, économie, publication des Presses de
l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, paru en 2003. Enfin, les
réflexions émises dans le troisième chapitre seront construites sur
des hypothèse personnelles, qui auront été alimentées par différents
ouvrages, notamment VOYAGE de Nadim Karam, publication des
Éditions Kaya Mussak parue en 2004, Liban, un ouvrage de 1969
d’André Chedid de la Collection Microcosme, et Architecture
traditionnelle libanaise, une publication de la Direction générale des
anitiquités du Liban, parue en 2004.
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Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
1 - Perspective historique
a) Balisage des différentes communautés
Peuplé de près de 4 millions d’habitants, la complexité ethnique
actuelle du Liban fait écho à celle de son histoire
ii
. Société
pluriconfessionelle, le Liban est formé de 17 communautés,
regroupées en deux pôles principaux : chrétiens et musulmans. Bien
que ces deux groupes aient cohabité à parties presques égales tout
au long du siècle, un accroissement de la population musulmane est
observable depuis 1975. Ainsi, la population chrétienne, majoritaire
à 55% lors du recensement de 1922, serait aujourd’hui constituée de
30% des Libanais.
Onze communautés chrétiennes sont présentes sur le territoire. Les
Maronites en représentent environ la moitié, tandis que l’autre moitié
est représentée par les communautés grecques catholique et
orthodoxe, arméniennes catholique et orthodoxe, syrienne catholique
et quelques commuantés latines. Les communautés musulmanes,
de leur côté, sont représentées par les Chiites, les Sunnites, les
Druzes, les Alaouites et les Isamaëliens. Une communauté juive
serait auussi identifiable sur le territoire, selon la littérature de 1999,
mais ne serait composée que d’une centaine de membres
iii
.
Le sunnisme, branche principale de l’Islam, est majoritaire à 85%
dans le monde arabe. Il est toutefois minoritaire au Liban,
constituant seulement 20 % de la population. Les Sunnites vénèrent
Mahomet et suivent le Coran. Celui-ci contient les révélations de
Dieu au prophète et la sunna, l’enseignement coulant des paroles
du prophète. Les Chiites sont de leur côté, majoritaires au Liban, en
Iran, dans les pays perses et en Irak. Ils sont toutefois minoritaires
dans le monde arabe avec une proportion de 10%. Ils suivent des
dogmes et pratiques identiques au sunnisme tels que le jêune, le
ramadan et le pèlerinage. L’origine de la scission entre chiites et
sunnites remonte à la mort de Mahomet en 632. Les chiites sont
partisans d’une succession héréditaire du prophète et soutiennent
son cousin et gendre Ali, tandis que les sunnites estiment que c’est à
la commuanuté de choisir son représentant. Historiquement, les
Sunnites auraient été représentés par la classe politique au pouvoir
et les Chiites, par les communautés pauvres, laissées pour compte
économiquement et politiquement
iv
.
La répartion communautaire de la population libanaise :
communautés 1922 1932 1943 1975 1984
population 608 309 785 593 1 092 990
3 207 000
3 575 000
Chrétiennes
Maronites 32,7 28,8 29,5 15,5 25,2
Autres 22,4 23,4 23,5 22,9 17,5
total 55,1 51,2 53,5 37,4 42,7
Musulmanes
Sunnites 20,5 22,4 21,1 21,5 21
Chiites 17,2 19,6 18,7 30,2 30,8
Druzes 6,2 6,8 6,7 20,9 5,6
total 44,9 48,8 46,5 62,6 57,3
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Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
Les druzes sont issus d’une secte née en égypte du chiisme
ismaëlien. Ils ne reconnaissent que sept Ima, dont Ismaël est le
dernier. Ils croient en la réincarnation et à l’unité de l’âme et du
monde. Les Alaouites font leur apparition au XIIIe siècle. Leur
doctrine est constituée d’éléments empruntés à divers courants
religieux et au paganisme. Il voient en Ali l’incarnation de la vérité.
Enfin, les Ismaëliens naissent d’une seconde tendance du chiisme.
Ces trois groupes sont minoritaires au Liban. La population druze ,
le groupe le plus populeux de ces trois tendances, constitue en 1984,
6% de la population libanaise.
Ces 17 communautés se partagent l’ensemble du territoire depuis de
nombreuses générations. Si les mécanisme politiques et
confessionnels historiques permettaient un relatif équilibre de
cohabitation, le territoire libanais est aujourd’hui morcelé selon
l’appartenance aux différentes communautés. Il ne s’agit toutefois
pas de frontières officielles, le territoire libanais étant par nature
poreux aux échanges et à la cohabitation. On retrouve ainsi au
centre du pays, dans la région du Mont Liban, des druzes et des
maronites, tandis que la Plaine de Bekaa est peuplée par des
communautés musulmanes principalement chiites. Enfin, le sud
regroupe des communautés sunnites et chiites, tandis que la côte
regroupe des communautés diverses, ouvertes au commerce et à la
culture méditéranéenne. Cette région, davantage perméable à
langue française, est celle qui entretient le plus de contacts avec
l’Occident.
La répartition communautaire du territoire libanais
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