DIAGNOSTICS SIMPLES OU DIFFICILES,
PROTOCOLES ACTUELS ET À VENIR
La fl ow chart présente la procédure de
diagnostic conseillée par ses auteurs dans
les cas, évoqués au paragraphe précédent,
de suspicion de maladie cœliaque. On y
souligne que l’identifi cation d'anticorps,
notamment des anti-tTG de classe IgA,
joue un rôle fondamental, plus important
même que celui de l'évaluation clinique.
Cette dernière peut être trompeuse, sur-
tout lorsque la symptomatologie est
fl oue, voire absente. Dans la plupart des
cas, le « parcours » est bien défi ni, c’est
pourquoi on peut rapidement parvenir
à un diagnostic fi able, nécessaire en vue
du traitement permanent avec régime
sans gluten. Toutefois, on se retrouve de
plus en plus souvent confronté à des si-
tuations « ambiguës », où le diagnostic
est tout sauf facile : par exemple lorsque
la valeur des anticorps anti-tTG et EMA
n’a augmenté que modérément et que
la lésion intestinale est à peine formée
(augmentation isolée des lymphocytes
intra-épithéliaux), « maladie cœliaque
potentielle », ou dans les cas présentant
des aspects typiques de la maladie cœlia-
que mais avec absence de génotype pré-
disposant HLA-DQ2 ou DQ8, et enfi n lors-
que le patient présente des symptômes
typiques, des anticorps sériques négatifs
et une entéropathie cœliaque à la biopsie
intestinale (maladie cœliaque séroné-
gative). Ces cas exigent une évaluation
attentive de tous les éléments utiles au
diagnostic, à effectuer auprès de Centres
spécialisés dont « l’expertise » devrait
être régulièrement vérifi ée et accréditée
au niveau institutionnel.
Dans la pratique, il peut parfois s’avérer
utile de répéter l’évaluation diagnosti-
que dans un second temps, puisque les
taux d’anticorps peuvent fl uctuer dans le
temps, en laissant bien sûr le patient sui-
vre un régime libre jusqu’au moment du
diagnostic fi nal. Enfi n, dans les cas am-
bigus, notamment s’ils sont symptoma-
tiques, il peut également s’avérer utile
de pratiquer un test de réexposition au
gluten (« challenge ») après une période
de traitement avec régime au gluten
d’au moins 24 mois. Il convient de souli-
gner que le traitement avec régime sans
gluten, bien qu’étant totalement effi cace
et sûr, est toujours contraignant, raison
pour laquelle le diagnostic de maladie
cœliaque doit être sûr et « sans appel ».
Nous aimerions conclure cet article
en évoquant la possibilité, fort proba-
ble, de voir, dans un proche avenir, la
procédure de diagnostic de la maladie
cœliaque subir d’autres simplifi cations.
Différentes études, toutes récentes, ont
désormais prouvé que la biopsie intes-
tinale n’apportait pas d’informations
diagnostiques déterminantes lorsque
les autres données, surtout les valeurs
d’anticorps d’anti-tTG et EMA, sont clai-
rement élevées. D’autre part, la biopsie
est peu appréciée du patient et de sa fa-
mille, puisqu’elle exige l’exécution d’une
endoscopie œso-gastro-duodénale, un
examen invasif, coûteux et comportant
certains risques. Par conséquent, dans
les cas typiques, par exemple chez les
enfants développant une symptomato-
logie gastro-intestinale classique, cette
procédure pourrait être évitée sans nuire
à la fi abilité du diagnostic. Par contre,
la biopsie intestinale restera une étude
fondamentale dans les cas ambigus, si-
tuations où l'application de techniques
histologiques avancées, telles que la
recherche par immunohistochimie des
dépôts d’IgA au niveau sous-épithélial,
peut même améliorer la précision dia-
gnostique de cette procédure.
CARLO CATASSI
Université Polytechnique des Marches et Center For Celiac Research,
University of Maryland School of Medicine
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COELIAC FORUM ÉDITION N° 1/2010 L'AVIS DU SPECIALISTE
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