sées : les maladies cœliaques silen-
cieuses et les formes latentes, toutes
deux faites de sujets sensibilisés ayant
des anticorps spécifiques positifs mais
ayant réagi de façon atténuée. Dans les
formes silencieuses, il existe une atro-
phie villositaire ; dans les formes la-
tentes (un tiers des cas des sujets sensi-
bilisés asymptomatiques), la biopsie in-
testinale est normale. Dans les deux cas,
le sujet ne présente aucun symptôme.
Faut-il explorer cette partie immergée et
envisager un dépistage de masse ? Si l’on
réalisait un dosage d’anticorps spéci-
fiques à toute une population, il apparaî-
trait que, selon les régions du monde,
entre 1/80 et 1/200 sujets sont sensibili-
sés. Une autre option serait de détecter
les sujets prédisposés (le plateau) au
moyen du groupe HLA, puis de recher-
cher les anticorps chez ceux-là seule-
ment. La décision de lancer ce dépistage
n’est pas prise à l’heure actuelle, car les
conséquences seraient majeures et diffi-
cilement contrôlables : que dirait-on à
ces « patients », faudrait-il faire une biop-
sie à tous, mettre au régime une partie
aussi importante de la population et qui
par définition ne se plaint de rien ? Il est
probable que les conséquences à long
terme de l’évolution naturelle de telles
formes de la « maladie » cœliaque sont
moindres que les conséquences des
formes symptomatiques (maladies auto-
immunes, ostéoporose, cancers…). Le
dépistage ne serait donc pas justifié.
Les éruptions étant spectaculaires et
l’exploration des profondeurs étant
inuti le, l’amélioration de la prise en
charge de la maladie cœliaque passerait
actuellement par l’exploration du cône
terminal et de la localisation du niveau
de l’eau… En effet, les études sérolo-
giques ont montré que certains patients
dépistés étaient en fait symp to ma ti -
ques : présence de symptômes atypiques
ou atténués, ou pathologies connues
pour être associées à l’intolérance au
gluten, cette association n’étant pas
connue de tous les médecins [9]. C’est
dans cette zone que doivent se concen-
trer les efforts pour une meilleure per-
formance diagnostique de cette patholo-
gie. Par exemple, un diabétique mal
Médecine
& enfance
novembre 2010
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équilibré peut être atteint de maladie
cœliaque ; le diagnostic et le traitement
de celle-ci vont améliorer l’équilibre du
diabète et diminuer le risque de compli-
cations de l’intolérance au gluten.
Le tableau ci-dessus montre toutes les
situations et symptômes devant faire
évoquer de principe la maladie cœ-
liaque, afin de mettre en route la straté-
gie diagnostique et le régime spécifique.
Placé dans le sous-main des médecins, il
augmenterait grandement le taux de re-
connaissance de cette maladie.
Enfin, le passage ou non d’un niveau à
l’autre, à partir du plateau (ascension
de la lave !), a probablement des méca-
nismes divers dans lesquels intervien-
nent plusieurs facteurs : le temps (il
faut donc répéter les dosages d’anti-
corps devant une pathologie pouvant
être associée à la maladie cœliaque,
tous les trois ans pour certains au-
teurs) ; les événements déclenchants
(infections) ou protecteurs (allaite-
ment) ; les paramètres génétiques asso-
ciés (perméabilité de la muqueuse, ca-
pacité de digestion des peptides, réac-
tion immunitaire…).
DIAGNOSTIC
Devant des symptômes ou des situa-
tions évoquant une maladie cœliaque
(tableau), la stratégie est simple [6, 10]. Le
diagnostic est suggéré par deux exa-
mens sanguins : le dosage pondéral des
immunoglobulines et le dosage des IgA
anti-transglutaminase.
En cas de déficit congénital en IgA, le
bilan devra être complété par le dosage
d’un anticorps de classe IgG : transglu-
taminase ou endomysium (en l’absence
de déficit en IgA, un taux élevé d’IgG
isolé n’est pas spécifique). Le dosage
Pathologies et symptômes devant faire évoquer une maladie cœliaque
Symptômes de la maladie :
Autres pathologies associées :
Syndromes et situations associés à une prévalence accrue de maladie cœliaque :
첸Trisomie 21 (8-15 %)
첸Syndrome de Turner (5-7 %)
첸Jumeau monozygote d’un enfant atteint (75-100 %)
첸Jumeau dizygote d’un enfant atteint (17 %)
첸Apparentés au premier degré à un malade (5 à 10 %)
첸Déficit en IgA (2 à 3 %)
첸Aménorrhée
첸Anémie ferriprive
첸Anorexie
첸Constipation
첸Diarrhée chronique
첸Douleurs abdominales
첸Douleurs osseuses
첸Grand front
첸Hippocratisme digital
첸Hypoplasie de l'émail dentaire
첸Hypotrophie fœtale
첸Invagination
첸Ostéoporose
첸Petite taille
첸Retard pubertaire
첸Tétanie
첸Ulcérations intestinales
첸Vomissements
첸Alopécie
첸Aphtose buccale
첸Arthrite
첸Ataxie
첸Auto-immunité
첸Calcifications cérébrales
첸Cancers
첸Cholangite sclérosante
첸Cirrhose biliaire
primitive
첸Colite microscopique
첸Dermatite herpétiforme
첸Diabète de type I
첸Déficits immunitaires
첸Epilepsie
첸Erythème noueux
첸Fausses couches
첸Glossite
첸Hémosidérose pulmonaire
첸Hépatite auto-immmune
첸Hyposplénisme
첸Insuffisance pancréatique
첸Insuffisance surrénalienne
첸Leucopénie
첸Maladie inflammatoire du tube
digestif
첸Néphropathie à IgA
첸Neuropathies périphériques
첸Non réponse sérologique à la
vaccination hépatite B
첸Œsophagite à éosinophiles
첸Pigmentation cutanée
첸Pneumopathie interstitielle
첸Psoriasis
첸Sacro-iléite
첸Sarcoïdose
첸Sclérodermie
첸Stérilité
첸Syndrome hémorragique
첸Syndrome de Sjögren
첸Thrombopénie
첸Thyroïdite auto-immune
첸Transaminases
augmentées
첸Vascularite
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