existant unique, singulier donc absolument différent, comment le penser
philosophiquement ? Je rappelle que la philosophie c’est un discours conceptuel ;
comment alors saisir avec un concept, qui n’est qu’une idée abstraite forgée par
l’esprit, ce qui est le contraire du singulier, du particulier ? Il est aisé de définir avec un
concept un triangle ou un mammifère, car nous avons affaire en tout premier lieu à des
essences. L’existence, tout au contraire, c’est ce qui est propre à ma subjectivité et qui
peut faire, pour parler comme Kant, l’objet d’une intuition sensible.
Il nous faudra donc en première partie, nous interroger sur ce qui sépare,
l’existence de l’être, l’existence de la vie, mais aussi l’essence de l’existence. Nous
verrons ensuite comment une philosophie de l’existence (l’existentialisme) définit le
sens de l’existence, son rapport au temps, et la morale de l’action qui s’en dégage.
Puis en deuxième partie de nos cours, nous rentrerons dans la pensée de ce
qui fût, depuis les Grecs, le socle de la philosophie : la mort. Deux perspectives
opposées semblent se dégager des philosophies de l’existence : soit pour certains, la
mort devient le sens de la vie, soit pour d’autres, la mort finit la vie, mais ne la définit
pas.
« La mort est un phénomène humain, c’est le phénomène ultime de la vie » (…) par
là je deviens responsable de ma mort comme de ma vie » dit Sartre.
Deux points semblent intéressants à propos de cette question de vivre avec la
mort : premièrement il faut situer cette question dans son rapport historique. Nous
pouvons constater une grande évolution dans notre représentation de la mort. Au
Moyen Âge les représentations et les comportements face à la mort diffèrent
totalement de ce qu’ils sont aujourd’hui. Comme le disait La Rochefoucauld : « Ni la
mort ni le soleil ne peuvent se regarder en face », il semble qu’au XIXe siècle en
Occident, ni la mort, ni le sexe ne peuvent se regarder en face. Aujourd’hui le sexe
peut se dire et se regarder en face, mais qu’en est-il de la mort, et pourquoi est-elle
devenue un « tabou » ?
Deuxièmement nous pouvons remarquer une certaine évolution des mentalités
en Occident concernant la fin de vie. Nous interrogerons, d’une part cette manière de
vivre philosophique qui depuis les Stoïciens jusqu’à aujourd’hui, pense la philosophie
comme support possible pour « apprendre à vivre » donc également pour « apprendre
à mourir ». Nous verrons comment une « philo-thérapie » contemporaine semble
possible, qui propose des approches intéressantes. Et d’autre part, nous interrogerons
également, le difficile problème que pose le suicide et les réactions qu’il suscite, et
enfin, les nouvelles conceptions sur notre fin de vie, et une demande d’assistance à
mourir dans certaines situations.
Nous poserons donc la question très actuelle de la mort volontaire, de l’euthanasie
et du suicide assisté, ce qu’une association l’ADMD appelle « le droit de mourir dans la
dignité ». Pourquoi faut-il légiférer dans ce domaine ? La question de l’euthanasie et