FOURMILLEMENTS DES MAINS (Acroparesthésies) CONDUITE à TENIR La sensation de fourmillements dans les mains, plus ou moins accompagnée d’une perte de sensibilité, contrairement à l’idée trop souvent répandue d’une origine circulatoire, est d’origine essentiellement neurologique. Ceci facilite considérablement la conduite diagnostique (enquête anamnestique, examen clinique, explorations para cliniques). Les causes sont : - physiologiques - iatrogènes (médicamenteuses, agents toxiques) - liées à des maladies générales - liées à des maladies neurologiques La MEDECINE MANUELLE ET OSTEOPATHIQUE n’a aucune indication dans les trois premières catégories, et les indications possibles dans la catégorie des maladies neurologiques ne concernent que certaines affections périphériques Avant de proposer un traitement manuel et ostéopathique, il conviendra d’éliminer les causes contre-indiquant un tel traitement, par à un diagnostic médical clinique nécessitant des connaissances précises et complètes par un praticien très entraîné. LES CAUSES PHYSIOLOGIQUES. • troubles posturaux passagers au cours du sommeil • grossesse : apparition dans la seconde moitié de la grossesse de fourmillements au lit ou au réveil, avec en général gonflement des extrêmités : l’origine est un œdème périphérique en rapport avec des phénomènes essentiellement endocriniens, aboutissant à une irritation à la racine du bras, au coude, ou au poignet . LES CAUSES IATROGENES. • Bétabloqueurs par voie générale (mais aussi collyres), dérivés de l’ergot de seigle, chimiothérapies anti-cancéreuses, bromocryptine, sumatriptan,etc… • Substances chimiques toxiques. • Exposition professionnelle prolongée au froid. CERTAINES MALADIES GENERALES. • Maladies endocriniennes : diabète, hypothyroïdie,… • Maladies inflammatoires : polyarthrite rhumatoïde, lupus systémique, maladies du conjonctif (syndrôme de Sharp), sclérodermie, myélopathie, sarcoïdose, amylose,…. CERTAINES MALADIES NEUROLOGIQUES. 1- CENTRALES (cerveau, moëlle épinière) : sclérose en plaque, accident vasculaire, tumeurs bénignes ou malignes, malformations vasculaires. 2- PERIPHERIQUES : *Radiculaires : névralgies cervico-brachiales (arthrose compressive, kyste bénin, neurinome * Plexiques : compression (ganglions, tumeurs du sommet du poumon, syndrôme du défilé cervico-thoracique) * Tronculaires : dont les plus fréquents sont les irritations du nerf médian au poignet (canal carpien), ou du nerf cubital au coude Seules les affections ci-dessus en caractères gras sont susceptibles de répondre aux traitements manuels. Ci-dessous les grandes régions anatomiques intéressées par les thérapies manuelles (incluant donc le rachis cervical). LES INDICATIONS DE LA MEDECINE MANUELLE ET OSTEOPATHIE. A- LA NEVRALGIE CERVICO-BRACHIALE (NCB). Avant toute proposition de traitement manuel, un diagnostic précis, dit étiologique (rapporté à une cause précise), doit être établi. Le médecin généraliste résoudra le problème au moins dans ses grandes lignes, mais l’apport du spécialiste (rhumatologue, neurologue), grâce à une approche clinique plus poussée, et sans faire appel à des examens complémentaires sophistiqués, est souvent déterminant. En effet il faut éliminer des affections représentant des contreindications, absolues ou relatives, aux manipulations en particulier, dont les conséquences, en cas d’erreur diagnostique, pourraient être dramatiques. La NCB d’origine vertébrale, est en rapport le plus souvent avec une arthrose cervicale (niveau C4 à T1), et susceptible de répondre favorablement aux thérapeutiques manuelles, selon la phase d’évolution des symptômes : - en phase aigüe : JAMAIS, car l’œdème de la racine, dans son trajet vertébral, est tel que toute manipulation intempestive, ou traction, même non brutale, est susceptible d’aggraver la situation, et en particulier la paralysie. Le traitement anti-inflammatoire trouve ici l’une de ses meilleures indications (et notamment la corticothérapie per os). - en phase plus tardive : à partir de la 4° semaine au plus tôt : le médecin manuel (diplômé du DU ou DIU de MMO : voir auprès du conseil de l’Ordre des médecins de votre département) dispose de techniques d’évaluation fine des possibilités de réaliser un traitement manuel : mobilisations en décoaptation (plus ou moins orientée selon des axes décentrés si besoin), techniques de massages réflexes sur des cordons musculaires hyper algiques, postures de relaxation antalgiques, techniques neuro-musculaires de lever de spasmes musculaires, manipulations locales ou à distance si cela est possible. En pratique, un résultat sera obtenu en 3 séances en moyenne, réparties sur 6 à 8 semaines, car la récupération est lente et doit être respectée : c’est la physiologie nerveuse normale qui dicte l’évolution, et non pas seulement les techniques (seules des techniques mal appropriées pourraient contrarier une évolution favorable). Le recours à un kinésithérapeute (MK) n’est pas indispensable, et il faut considérer que seul un spécialiste entrainé peut décider si un recours au MK est justifié, et lui préciser les manœuvres autorisées. B- LE SYNDRÔME DU DEFILE CERVICO-THORACIQUE Les manifestations peuvent être nocturnes, mais apparaissent surtout lors de certaines postures : bras en suspension (taille d’une haie, travaux bras en l’air,..), ou postures fixes tête en flexion (laborantines, certaines chaines professionnelles en usine,…). Il faut distinguer les syndrômes fonctionnels, les plus fréquents, pour lesquels aucune anomalie anatomique n’est mise en évidence, et chez lesquels les explorations complémentaires (doppler cervicobrachial, électromyogramme) sont souvent négatives ou douteuses. En effet, c’est la conjonction de tensions musculaires prolongées dans la région péri-claviculaire, et de restriction de l’espace intercosto-claviculaire (pince costo-claviculaire) liées aux postures de travail, qui provoquent une claudication neurologique, au niveau de branches nerveuses du plexus brachial. La médecine manuelle trouve ici un excellent domaine d’intervention, même si la coopération du patient, par des exercices quotidiens, est primordiale. Le traitement de ce type de pathologie demande, outre une connaissance parfaite de l’anatomie et de la physiologie ostéoarticulaire et neuro-musculaire, beaucoup de ténacité et de doigté. En effet, il faut d’abord effectuer un test de tous les muscles de la région, afin de détendre les faisceaux sur-contracturés (« fibreux » dit-on parfois, tant l’évolution est ancienne), mais aussi de rétablir une bonne ouverture de la pince costo-claviculaire, et enfin enseigner au patient les postures et exercices d’auto-entretien pour éviter les récidives. Il faut savoir aussi, que c’est dans ces syndrômes fonctionnels, que l’on met en évidence des syndrômes cellulo-téno-myalgiques d’origine cervicale (bien individualisés par Robert MAIGNE il y a plus de 30 ans). Les systématisations les plus fréquentes sont C7 et C8, mais aussi C4 (en raison ici de l’interaction avec la contraction exagérée de certains faisceaux des muscles scalènes). C- LES ATTEINTES TRONCULAIRES DU MEMBRE SUPERIEUR (vrai et faux syndrômes tronculaires) 1- Les vrais syndrômes tronculaires. Les tests cliniques de souffrance du nerf médian au carpe ont été mis en évidence. C’est ici que la finesse et l’étendue de l’examen clinique prennent tout leur intérêt. Il est rare, surtout en phase relativement précoce (schématiquement dans les deux premières années d’évolution … ce qui laisse tout de même largement le temps d’intervenir), de ne pas découvrir des tensions anormales à la jonction cervicothoracique, autour du plan 1° côte/clavicule, et surtout à l’avantbras (et autant dans les loges dorsales que ventrales) avec un cortège de cellulalgies caractéristiques. Toutes ces contractures et ces cellulalgies doivent faire l’objet de l’attention du thérapeute, et un résultat rapide devra se manifester (en pratique, dès la première séance,le patient ressent un bienfait, et sur plusieurs jours). Il est parfois nécessaire, et souhaitable, en raison d’une inflammation importante (dans certaines professions notamment) de recourir à une infiltration dans le canal carpien (entre les différents trajets tendineux). Ce geste est à confier à un rhumatologue entrainé. Citons ici le cas du syndrôme dit du cubital au coude : sauf rares situations post traumatiques négligées, ou mauvaise gestuelle professionnelle ou sportive (ou les deux), il doit être exceptionnel d’intervenir chirurgicalement. Le traitement manuel bien conduit obtient ici l’une de ses plus belles réussites (si le diagnostic est assez précoce, soit dans les deux premières années d’évolution en moyenne). Le traitement chirurgical ne devrait être posé qu’après tests thérapeutiques auprès d’un spécialiste (rhumatologue, rééducateur, ou orthopédiste en particulier) rompu aux techniques de la médecine manuelle et ostéopathie. 2- Les faux syndrômes tronculaires d’origine distale. Dans certains cas, sans doute plus fréquents qu’on ne le croit, des fourmillements des mains accompagnent des mini-blocages du carpe (et parfois du coude). Le diagnostic fin de ces dérangements très périphériques permet de les régler grâce aux techniques ostéopathiques, souvent dès la première séance.