CHAnA TOVA - Beth Hillel

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le shofar
revue mensuelle de la communauté israélite libérale de belgique
N° d’agréation P401058
SEPTEMBRE 2010 — n°317 / Tichri - Hechvan 5771
synagogue
beth hillel
bruxelles
CHANA TOVA !
n°317
septembre 2010/
Tichri/Hechvan 5771
N° d’agréation P401058
re v ue mensuelle de l a
communauté isr aélite
libér ale de belgique
EDITEUR RESPONSABLE  : 
Philippe Lewkowicz
REDACTRICE EN CHEF  : 
Monique Ebstein
COMITÉ DE RÉDACTION  : 
Rabbi Abraham Dahan, Monique
Ebstein, Ralph Bisschops, Gilbert
Lederman, Philippe Lewkowicz,
Serge Weinber, Emmanuel Wolf
Ont participé à ce numéro du Shofar :
Laure Jordant-Sajet,
Ernest Moskovic.
Secrétaire de Rédaction :
Giny Susswein
Mise en page  : 
www.inextremis.be
Crédits photos :
Serge Weinber
Le Shofar est édité par la
COMMUNAUTÉ ISRAÉLITE LIBÉRALE
DE BELGIQUE A.S.B.L.
N° d’entreprise  : 408.710.191
Synagogue Beth Hillel
80, rue des Primeurs,
B-1190 Bruxelles
Tél. 02 332 25 28
Fax 02 376 72 19
www.beth-hillel.org
[email protected]
CBC 192-5133742-59
IBAN  : BE84 1925 1337 4259
BIC  : CREGBEBB
RABBIN  : Abraham Dahan
président exécutif  : 
Philippe Lewkowicz
CONSEIL D’ADMINISTRATION  : 
Président : Gilbert Lederman
Avishaï Ben David, Ralph Bisschops,
Anne De Potter, Monique Ebstein,
Patrick Ebstein, Paul-Gérard Ebstein,
Ephraïm Fischgrund, Josiane
Goldschmidt, Gilbert Lederman,
Willy Pomeranc, Elie Vulfs,
Serge Weinber, Jacqueline Wiener,
Emmanuel Wolf.
Les textes publiés n’engagent que
leurs auteurs.
Sommaire
05 LE MOT DU PRESIDENT EXECUTIF
07 LE MOT DE NOTRE RABBIN
Eloul, Tichri
par Rabbi Abraham Dahan
09 Lettre de la rentrée
par Monique Ebstein
11
Voeux
JUDAÏSME
12 Qu’en pense Rashi ?
12
Par Gilbert Lederman
14
Par Monique Ebstein
Moses Mendelssohn (1729-1786)
VIE COMMUNAUTAIRE
18Une petite-fille écrit à son grand-père
Henri Lindner, par Laure Jordant, née Sajet
20 Interview de Josiane Goldschmidt
par Monique Ebstein
24 Agenda
28 Les fêtes de Tichri à Beth Hillel
31Raconte-moi Paul-Gerard…
Par Ernest Moskovic
20
32 Carnet
33 Rubrique gourmande
Recettes recueillies par Giny
ACTUALITé
34Prix de la paix des libraires
décerné à David Grossman (source AFP)
35Un philanthrope bien connu s’engage
en faveur des mariages mixtes
(source : Janice Arnold, Canadian Jewish News)
37Ces jeunes Palestiniens qui vont pour la
première fois à la mer, grâce à trois Israéliennes
(source : Laurent Zecchini « Le Monde »)
31
Lu pour vous
39 J’avais 20 ans. J’avais connu l’enfer.
Mémoires d’un rescapé des camps nazis.
de Benjamin Silberberg.
Par Rabbi Abraham Dahan
40 L’Herne Scholem, Cahier dirigé
par Maurice Kriegel
par Monique Ebstein
41 Chère Mademoiselle,
Patrice Cabanel, Alice Ferrières
par Monique Ebstein
D’ICI ET D’AI LLEURS
44 Le Roi d’Espagne et le Shofar
44
48HUMOuR Juif
L e m ot du pr és i d ent
TALMIDI
Le Talmud Tora de Beth Hillel
Tous les mercredis de 14h00 à 16h45
le shofar
L E M OT D U PRÉSI D EN T é x ec ut i f
Une année de défis
Philippe Lewkowicz, Président Executif
Très chers amis,
Après les bilans en fin d’année, la rentrée
est le moment d’exposer les projets pour le
futur proche.
Vous recevrez ce Shofar à la veille des fêtes
de Tishri. L’organisation de ces moments
si importants de notre vie communautaire
est le premier défi de la rentrée. Bien sûr
nous en avons déjà l’expérience, mais elle
ne suffit pas car Rosh Hashanah et Yom
Kippour sont des moments où il est essentiel, chaque année, de recréer cette unité
communautaire, cette communion qui permet à chacun et à chacune d’entre nous de
s’immerger dans une atmosphère qui lui
permette de vivre à son propre rythme, des
moments de prière, de réflexion personnelle et de partage.
Cela ne se commande pas, mais je suis
confiant, car les fidèles de Beth Hillel viennent justement parce qu’ils veulent partager cette « nechama », cette « nechoumeh »
comme mon père disait en yiddish, cet esprit
qui, excusez-moi l’expression un peu triviale, nous fait sentir dans nos tripes notre
identité avec toutes ses composantes historiques et actuelles. C’est aussi elle qui nous
porte pour l’accomplissement de nos projets et nous fait sentir combien tout est plus
facile quand nous sommes ensemble.
Nous aurons le plaisir d’accueillir M. Marc
Neiger qui effectuera dans notre communauté le stage de dernière année de ses
études de rabbinat au Leo Baeck College.
Marc Neiger a déjà une expérience de la vie
professionnelle et une nouvelle vocation
l’a poussé vers le rabbinat. Il sera présent
à Tishri et, de concert avec notre hazzan
Samuel Lison, il assistera rabbi Dahan.
Avec l’accueil de rabbins stagiaires, Beth
Hillel ne poursuit pas seulement le processus de recherche d’un nouveau rabbin, mais
contribue également au développement du
mouvement juif libéral.
Puis il y aura la rentrée du Talmud Torah,
vous lirez plus loin l’interview de Josiane
Goldschmidt, la directrice de notre école. Elle
a préparé pour l’année à venir une nouvelle
grille pédagogique. Ce défi, récurent, est fondamental car il concerne ce que nous avons
de plus précieux, nos enfants, leur avenir et
donc aussi l’avenir de notre communauté.
En novembre nous aurons, pour la troisième
fois, la visite de l’atelier théâtral de l’internat
Levovitch de Natanya. Ce projet est lourd,
tant en ce qui concerne le financement que
l’organisation, mais les expériences passées
ont montré tellement de résultats positifs
sur tous les points que nous ne pouvions pas
ne pas le faire. J’y reviendrai en détail dans
le prochain numéro du Shofar.
Tout cela n’est que la partie la plus visible, il faut
aussi aller de l’avant dans la refonte de notre
site web, dont la première mouture a montré
ses limites, ainsi que dans la finalisation du
catalogue informatique de la Bibliothèque qui
entretemps s’est enrichie de nombreux livres.
5
L E M OT D U PRÉSI D EN T é x ec ut i f
Et nous continuons bien sûr les autres
activités cultuelles, culturelles, festives et
sociales et sans oublier bien sur la parution
régulière du Shofar.
Pour faire tout cela, nous avons deux outils
aussi indispensables l’un que l’autre. Le premier, qui fait toute la qualité de notre communauté, ce sont les bénévoles, femmes et
hommes, qui se donnent sans compter et qui
ont besoin plus que jamais de renforts. Le
second, tout aussi important est l’argent, qui en
ces temps de crise est plus difficile à obtenir, là
aussi nous comptons sur chacun de vous.
6
Le dernier défi relève de toutes les communautés libérales dans le monde et concerne
le dépôt d’un projet de loi à la Knesset qui,
pour la première fois dans l’histoire, soumettrait légalement les conversions à l’autorité du grand rabbinat et par cela interdirait toute conversion non orthodoxe en
Israël. Ce projet va à l’encontre de l’évolution de la société israélienne et fait peser
une menace sur la reconnaissance des
conversions non orthodoxes effectuées en
diaspora, il va à l’encontre aussi des jugements de la Cour Suprême d’Israël qui de
plus en plus entend donner sa place à tous
les mouvements religieux. Il va à l’encontre
aussi de la politique déclarée du gouvernement israélien qui entend faire d’Israël le
foyer national de tout le peuple juif.
Espérons que ce projet n’aboutira pas. Beth
Hillel comme beaucoup de communautés libérales a écrit en ce sens au Premier
Ministre de l’Etat d’Israël et la réponse
reçue de son cabinet confirme la décision du
gouvernement de favoriser la négociation et
de ne pas briser l’unité du peuple juif.
Par cette liste de défis et par le rappel de
nos missions, je voulais évoquer la vitalité
de notre communauté et vous inviter à partager la fierté de faire d’en faire partie.
Je souhaite à toutes et à tous, une belle année
5771 dans la santé, la paix et la prospérité.
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■
L E M OT D E N OT RE RABBI N
le shofar
Eloul, Tichri
Par Rabbi Abraham Dahan
Déjà la fin de l’été. Aux jours torrides et à
l’éblouissante lumière de juillet et août succèdent les douces clartés de septembre.
C’est aussi la fin des vacances, la fin de l’intervalle d’insouciance; le retour au travail,
chacun reprend son ouvrage. La vie et ses
exigences reprennent leur course.
C’est encore à ce moment que notre calendrier millénaire nous ouvre sur un temps
singulier, comme si nous entrions dans une
chambre d’écho un peu magique qui nous
renverrait non seulement notre voix, mais
aussi le poids de nos actes.
Un temps plus dense, un appel qui vient du
fond des âges, silencieux et puissant.
Eloul sera cette année le 11 août. Il précède
et prépare Tichri. Il est déjà, le temps de
la conscience et de la mémoire; quel sens,
quelle direction donnons-nous à nos vies?
Je me souviens, j’étais encore enfant, quand
arrivait Eloul j’étais interpellé, étonné
par ces transformations, cette incroyable
coïncidence: la fin des vacances, l’arrivée
de l’automne et, dans la communauté, un
changement de rythme marqué paradoxalement par une certaine nervosité, car
il fallait être prêt pour les jours de Tichri
et, en même temps, un apaisement dans les
paroles entre les gens – plus fraternelles –
le rapport au travail moins acharné, comme
ralenti, pour ouvrir un espace à plus d’intériorité, à la prière, à la réflexion et à l’étude.
Sans le savoir d’une façon précise, toute
notre communauté rejoignait les demandes
et les enseignements du ShoulHan ArouH:
« Les 40 jours qui vont du 1er Eloul jusqu’au 10
Tichri sont Yemé ratzon, des jours de bonne
volonté. Bien que tous les jours de l’année,
le Saint béni soit-Il agrée la repentance, la
tchouva de ceux qui font un effort sincère,
ces jours-là sont particulièrement propices.
Ce sont des jours de miséricorde où le Saint
béni soit-Il change son trône de rigueur en
trône de compassion. Car c’est le 1er Eloul
que Moshe monta au Sinaï et il en revint le
10 Tichri, 40 jours plus tard, avec les Tables
de la Loi et le pardon entier pour son peuple.
C’est pourquoi le 1er Eloul doit résonner en
nous comme un petit Yom Kippour.
Beaucoup de versets de la Bible sont interprétés dans ce sens par nos rabbis:
Exode 21.13 « A celui qui aura mal agi sans
le faire exprès, je réserverai une fenêtre de
pardon… » Les initiales des mots de ce verset donnent le mot ELOUL.
Deut. 36 « L’Eternel circoncira ton cœur et
le cœur de ta postérité » Les initiales des
mots de ce verset forment ELOUL.
Ces deux versets feraient allusion à la
tchouva, la repentance.
Cantique des cantiques 6.3 « « Je suis
à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à
7
L E M OT D E N OT RE RABBI N
moi » Les initiales donnent encore ELOUL
et nos Sages enseignent que ce verset fait
allusion à la prière qui est comme le chant
des amoureux.
lesquels nous lisons lors de la prière du
matin des textes magnifiques du prophète
Isaïe. Textes de réconfort, de confiance et
de consolation.
Esther 9.22 « Chacun vers son prochain
et des dons aux pauvres… » Il s’agit là
de la tsedaka.
La tradition prescrit de se recueillir durant
ces jours, surtout la veille de Roch Hachana
et de Yom Kippour, au cimetière, non pour
invoquer les saints et les justes qui y sont
enterrés – car cela est interdit (voir Deut
18.11) – mais pour penser aux bons et aux
justes qui sont là et que, par leurs mérites,
le pardon nous soit accordé. Ce recueillement nous rappelle aussi notre finitude, le
temps qui passe et nous presse d’ouvrir nos
vies au Bien.
Nous retrouvons là les trois exigences
de Roch Hachana et de Yom Kippour, qui
reviennent tout au long du service religieux, comme un leitmotiv: Tchouva, tfila,
tsedaka ma’avirim et roa hagzera. La
repentance, la prière et l’action bonne font
passer le mal, la souffrance du décret.
8
Depuis le 1er Eloul jusqu’à Yom Kippour il
ne faut pas oublier d’ajouter aux lettres que
l’on s’écrit la formule ktiva veHatima tova,
puissiez vous être inscrits et scellés pour
une année bonne. C’est aussi le temps de
la prière pour tous ceux que nous aimons,
nos familles, nos connaissances et surtout
pour ceux que frappe la maladie. »
Depuis le chabbat qui suit Ticha Be’Av
jusqu’à celui qui précède Roch Hachana, il
y a sept semaines. Sept chabbatot, pendant
Le veille de Roch Hachana, il faut se raser
soigneusement, se laver, s’habiller en vêtements de fête, car si ces jours sont graves,
ils sont aussi heureux parce que marqués
par la confiance en le pardon de Dieu.
Il faut participer à la prière par la présence,
la lecture de textes ou la montée à la Tora,
mais surtout apaiser les tensions et demander pardon à ceux que l’on a pu offenser et
délier les engagements et promesses que
l’on n’aura pas pu tenir.
■
Le Shofar de Roch Hachana ?
C’est l’appel à la prière, le rappel de l’importance de ces jours de Roch Hachana et de Yom
Kippour, le cri quand les mots ne suffisent plus à dire le cœur de l’homme. La mémoire,
enfin, la corne du Shofar, c’est celle du bélier du sacrifice d’Abraham. Aller jusqu’au bout de
l’amour, mais ne jamais tuer au nom de Dieu. C’est le signal de la répulsion des sacrifices
humains, le refus du culte du martyre et de la croyance si commune que le sang rachète.
Croyance, hélas, encore profondément inscrite dans tant de cultures et de religions.
Yom Kippour
C’es le jeûne absolu, le retrait total de tout ce qui marque le quotidien. Un jour par an, c’est
comme si chaque Juif se faisait moine. Tourner son cœur et ses yeux vers l’intérieur, regarder en soi sans complaisance, comme devant un miroir de vérité, et décider de changer et
de poser des actes qui construisent et éclairent plus encore le rayon de l’humain.
L e tt r e d e l a r ent r ée
le shofar
Chers lecteurs,
Lorsque ce nouveau n° du Shofar paraîtra, nous serons presqu’en 5771, et comme
notre rabbin, nos présidents et tout le CA,
je voudrais souhaiter que cette nouvelle
année soit bonne et heureuse pour vous et
tous ceux qui vous sont chers.
Ces vœux, nous les exprimons très sincèrement chaque année, et pourtant
nous savons que chaque année qui commence apportera des joies, mais aussi
des peines et des difficultés. Nous ne
pouvons pas nous cacher que le monde
dans lequel nous vivons est dur et angoissant. Regardons autour de nous : les dangers de conflits armés, une économie
mondiale que les hommes politiques ont
du mal à réguler, des inégalités toujours
plus criantes, la pauvreté, la violence en
constante augmentation, mais aussi les
catastrophes naturelles, imprévisibles et
indomptables.
ment de l’âme juive, apporter une petite
pierre à l’édifice du Judaïsme que nous
construisons, jour après jour, pour nousmêmes, pour nos enfants, pour notre communauté. Il voudrait, dans ce monde qui
fait parfois peur, montrer que le Bien n’en
est pas absent, et qu’il suffit de le chercher
pour le trouver et s’en émerveiller.
Le Shofar qui retentira pendant nos prochains offices est une voix dont la sonorité nous fait frémir jusqu’au plus profond
de nous-mêmes. Il nous rappelle dans un
même retentissement l’âpreté, mais aussi
la beauté et la grandeur de la vie juive.
Dans ce numéro, nous nous réjouissons
particulièrement du Prix de la Paix que
les libraires allemands décerneront au
mois d’octobre à l’écrivain israélien, David
Grossman, atteint dans ce qu’il avait de
plus cher par la mort de son fils tué en
2006, la veille de la cessation des combats, qui pourtant « dans ses romans, ses
essais et ses récits, tente de comprendre
et de décrire non seulement sa position,
mais aussi celle de ceux qui pensent autrement ». Nous sommes heureux de vous
présenter Alice Ferrières, cette « Juste
des Nations » dont toute la vie a été guidée
par un idéal exigeant de justice. Et c’est
aussi avec émotion que nous vous rapportons cette belle initiative de trois Israéliennes qui permet à des enfants palestiniens de voir la mer, ne serait-ce qu’une
fois dans leur enfance.
Le Shofar, votre journal, à chaque nouvelle
parution, voudrait prolonger ce frémisse-
Pour reprendre la métaphore d’A.Y. Heschel,
ce que les Juifs « bâtissent dans le temps»
Envie de nous écrire ?
de participer à la rédaction du Shofar ?
N’hésitez pas et contactez nous !
9
L e tt r e d e l a r ent r ée
11, Place G. Brugmann
1050 Bruxelles
est tellement immense qu’une vie humaine année l’étude de la Haskala qui culmine
n’y suffit pas ; ce qu’ils construisent est avec
Mendelssohn et permettra
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l’œuvre de chaque génération succédant ensuite que se développe le courant du
à la génération précédente. Votre Shofar Judaïsme libéral.
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voudrait, avec la modestie de ses moyens, ouvrir des portes pour que ses lecteurs s’y Shana tova ■
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engouffrent et partent à la découverte de
trésors qui ne font qu’attendre d’être découverts. C’est pourquoi nous entamons cette
Monique Ebstein,
Rédactrice en chef
10
Désirez-vous recevoir notre lettre electronique hebdomadaire ?
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Faites-nous connaître votre adresse e-mail à l’adresse suivante :
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Vœux
le shofar
Vœux
La Rédaction du Shofar présente à ses lecteurs et à ses amis ses meilleurs vœux de Shana
Tova pour une nouvelle année remplie de toutes les lumières qui permettent à l’homme de
s’épanouir matériellement et culturellement.
Elle les remercie de leur fidélité et espère qu’ils trouveront au cours de l’année à venir le
même plaisir à lire le Shofar qu’elle a eu d’intérêt à l’écrire
Shana Tova ou Metouka
Le Conseil d’Administration, Rabbi A. Dahan et le Staff de la CILB- Synagogue Beth Hillel
souhaitent une belle année 5771 aux membres de la communauté ainsi qu’à tout le Yishouv.
Nous vous souhaitons une année de santé, de succès et d’harmonie entourés de ceux qui
vous sont chers.
Shana Tova ou Metouka
Toute la Communauté Israélite Libérale de Belgique - Synagogue Beth Hillel présente ses
meilleurs vœux de Rosh Hachana à S.E. Madame Tamar Samash, ambassadeur de l’Etat
d’Israël en Belgique.
Que le peuple israélien puisse respirer cette année le doux parfum de l’espoir de paix et
qu’il trouve en lui les ressources pour continuer, malgré toutes les difficultés, à insuffler à
ses enfants la joie de la vie et de l’étude.
Que Guilad Shalit soit enfin libéré et puisse avec les siens entendre le son du shofar
Shana Tova ou Metouka
Le Conseil d’Administration de Gan Hashalom et les bénévoles de la Hevra Kaddisha présentent aux membres de la communauté leurs vœux de bonne santé pour 5771.
Shana Tova ou Metouka
11
J U DAï s m e
Qu’en pense Rashi ?
Par Gilbert Lederman
12
Source inépuisable d’intelligence
et
d’écrits
lumineux, Rashi est fréquemment évoqué lors
des commentaires de nos
offices. Moment de délectation : lorsque le rabbin
à la teva pose la question :
« Qu’en pense Rashi ? ».
Cette intervention porte
en soi toute la saveur du
judaïsme : le questionnement permanent, l’appel à
une référence ou une tradition, la recherche du sens
et le regard vers l’autre.
Né à Troyes en 1040 et décédé en 1105,
Rashi vient de l’acronyme Rabbi Shlomo
Izhaki. Issu d’une noble lignée, le jeune
champenois hérite d’une solide tradition,
qu’il complète ensuite dans les académies
juives rhénanes de Worms et de Mayence.
Dès l’âge de 20 ans, il s’impose comme
un maître du commentaire de la Torah. Il
fonde une école talmudique et, refusant de
tirer profit de son activité spirituelle, mène
une vie professionnelle active. Il devient
viticulteur et marchand de vin cacher à
l’instar de son père.
Alors que le judaïsme de Babylone est en
déclin, les communautés du monde entier
le consultent. Il répond aux questions des
visiteurs, marchands et lettres. Il rédige
plus de trois cent cinquante responsa,
un commentaire complet de
la Bible et la quasi-totalité du
Talmud. Ses responsa sont
révélateurs de son approche
libérale sur les questions du
rituel. Doué d’une mémoire
et d’une connaissance encyclopédiques,
il
parvient
à reconstituer par sa seule
intuition
la
disposition
du Tabernacle.
L’inspiration de ses commentaires lui vient lorsqu’il
entend un père se tromper
lors de l’explication d’un verset à son fils. Rashi tache alors de réunir
dans un commentaire les réponses aux
questions qu’un enfant de cinq ans pourrait se poser. Rashi ne se lance pas dans
des discussions savantes mais, restitue
tous les moyens de compréhension des
textes antiques. Pour ce faire, il retranscrit l’opinion des maîtres de la tradition,
en sélectionnant celle qui correspond
le mieux au sens premier du texte. Il
recherche avant tout la clarté de la pensée et la limpidité du style. Il arrive que
Rachi conclue avec une humilité étourdissante : ’Je ne sais pas’. Aucun sage ne l’a
répété avant lui avec autant de franchise.
Dans ce cas, le sage rapporte les différentes explications possibles en soulignant que les opinions sont partagées ou
qu’elles correspondent à d’autres niveaux
de lectures.
le shofar
Rashi nous étourdit par sa recherche insatiable du sens. Rien ne l’arrête. Enfoncer
des portes closes, marcher hors des sentiers battus, s’opposer à des interprétations
courantes, casser l’écorce d’une pensée et
en déceler enfin le sens profond avec des
mots simples et concis, voilà l’objet ultime
de sa démarche.
Prenons un exemple, avec le verset : « Et tu
aimeras ton prochain comme toi-même ».
Selon Rashi, cette loi est universelle. Elle
s’applique à tous les hommes. Pas seulement
aux juifs. La Loi n’est pas déshumanisée.
Elle engage toujours l’être humain. C’est
donc à son niveau qu’il faut la considérer.
Ce rabbin médiéval français reste célèbre
jusqu’à aujourd’hui pour son exégèse juive
de la Bible et du Talmud. Si un vrai maître
se définit par la qualité de ses disciples,
alors Rashi émerge parmi les figures les
plus influentes de la pensée juive. Que l’on
continue donc à évoquer ses commentaires
dans nos offices avec cette prometteuse
introduction : Qu’en pense Rashi ?...
■
Aphorismes de Rashi
L’ensemble des six cents treize commandements est inclus dans le Décalogue.
Tout plan formulé dans la précipitation est insensé.
Les maîtres apprennent des discussions des élèves.
Celui qui étudie les lois et ne comprend pas leur sens ou ne peut expliquer leurs
contradictions n’est qu’un panier plein de livres.
Ne blâme pas un compagnon de manière à lui faire honte en public.
Obéir par amour est mieux que d’obéir sous l’effet de la peur.
Par sympathie
Famille Hirschfeld-Gradom
13
J U DA Ï SME
Moses Mendelssohn
(1729-1786)
Aufklärung, Lumières, Enlightment, Haskala
La naissance de la modernité (1650-1800)
Par Monique Ebstein
14
Au 17ème siècle, la philosophie de Descartes
(1596-1650) basée sur la raison, bouleversa l’Europe, la plongeant dans un questionnement intellectuel et spirituel sans
précédent. C’est pourquoi, après la mort de
ce philosophe, on assista à un processus
général de rationalisation et de sécularisation qui mina l’autorité de la théologie en
tant que savoir incontestable. La croyance
dans le surnaturel et les pratiques magiques
furent l’objet d’un rejet sceptique. Une grande partie de la
population se mit à contester
Dans de précédents numéros du Shofar, nous avons On peut considérer ouvertement tout l’héritage
du passé : la véracité de la
vu, que le tournant des 15 ème
que le monde
Bible, la foi en un Dieu peret 16 ème siècles avait permis
intellectuel était
sonnel et transcendant, la
le passage du Moyen Age à
la Renaissance. Le pouvoir alors divisé en trois Providence, les miracles, les
absolu de l’Eglise avait été courants majeurs. esprits et les démons. Cet
esprit contestataire mit en
contesté par la Réforme,
question également le poucelui de l’Empereur par les
voir politique de droit divin,
Princes et les Rois, mais
jamais la foi en Dieu, la religion, le régime c’est à dire toute l’assise de la société. Il ne
monarchique n’avaient été mis en question. s’agissait plus d’une querelle entre cathoLa civilisation occidentale reposait sur un liques et réformés, comme au temps de la
Renaissance, mais d’une lutte entre la foi
bloc solide : la foi, la tradition et l’autorité.
et l’incrédulité. On voulait à présent savoir
Cependant une véritable révolution intel- si Dieu existait, si oui, quelle était sa nature
lectuelle se mit en marche, due en grande et s’il pouvait y avoir une forme valable
partie aux découvertes scientifiques de religion.
qui, de Copernic (1473-1543) à Newton
(1642-1727), en passant par Galilée (1564- En ce même 17ème siècle, Baruch Spinoza
1642) et Kepler (1571-1630), avaient fait (1632-1677), naquit à Amsterdam, dans une
avancer les sciences dans le domaine famille juive d’origine portugaise, et il se
des mathématiques, de la médecine détacha de l’orthodoxie juive. Redevable
et de l’astronomie.
à Descartes d’une partie de sa méthode de
Dans l’histoire de la pensée, il n’y a pas de
génération spontanée. Aucun philosophe
n’apparaît sans qu’il y ait filiation avec les
courants qui l’ont précédé, filiation dans la
continuité ou dans l’opposition. Qu’est-ce
qui, à la fin du 17ème siècle a bien pu provoquer cet immense bouillonnement intellectuel qui, pendant plus d’un siècle, a bouleversé les idées et abouti à la Révolution
française de 1789, puis à toutes les autres
révolutions européennes?
le shofar
construction logique, et aux philosophes
de la Renaissance de l’idée de la Nature
une et infinie, son influence sur les philosophes postérieurs fut immense, tant dans
les domaines religieux que philosophique
et politique. Les autorités rabbiniques prononcèrent contre lui le « hérem» (excommunication), et combattirent vivement ses
idées, car pour Spinoza, Dieu n’est pas un
Dieu proche de l’homme, un Dieu Providence, mais un Dieu infini, omniprésent
et impersonnel, un Dieu qu’il identifie à la
Nature créatrice. Ce bouleversement des
idées atteignit même le peuple qui se mit
à douter des Ecritures, de l’immortalité de
l’âme, à rejeter le paradis et l’enfer. Jamais
une autre période de l’histoire européenne
n’avait connu un processus de rationalisation et de sécularisation aussi profond que
celui qui bouleversa les dernières décennies du 17ème siècle et le début du 18ème.
L’histoire des Lumières après 1750 est
mieux connue, mais elle n’est au fond
qu’une continuation et une consolidation des concepts révolutionnaires qui s’étaient
lentement développés tout au long du 17ème
siècle. La progression des philosophies
et des connaissances scientifiques nouvelles posait aux autorités religieuses des
problèmes beaucoup plus délicats que les
hérésies et les schismes ne l’avaient fait
autrefois, parce qu’il était difficile de distinguer dans ce foisonnement d’idées, ce
qui était compatible avec la religion et ce
qui ne l’était pas.
On peut considérer que le monde intellectuel était alors divisé en trois courants
majeurs.
Les Traditionnalistes ou scolastiques
qui enseignaient une théologie inspirée
par la pensée aristotélicienne. Ils voulaient
préserver l’enseignement traditionnel de la
doctrine religieuse chrétienne, la structure
d’une société gouvernée par un souverain
et dominée par l’Eglise.
Les Lumières modérées ou « Néo-cartésiens», dont certains parmi les plus
illustres représentants, Malebranche, Newton, Leibnitz ou Wolff, cherchaient à accorder les récents progrès de la science et des
mathématiques à la foi chrétienne et à l’autorité des Ecritures. Ils voulaient cependant éradiquer l’ignorance et la superstition et rejetaient la croyance en la magie,
la divination, l’alchimie et la démonologie.
Les Lumières radicales, par contre, étaient
inspirées principalement par Spinoza et le
« spinozisme». Elles se fondaient sur des
bases déistes1, voire athées. Elles refusaient
tout compromis avec le passé, voulant
balayer entièrement les structures religieuses
existantes et les croyances traditionnelles:
la Création et la Révélation telles qu’elles
étaient conçues par la tradition judéo-chrétienne, la Providence, les miracles, et la rétribution des bonnes actions dans l’au-delà.
Les Lumières radicales furent républicaines,
elles rejetèrent la monarchie de droit divin et
manifestèrent des tendances démocratiques
et anti- aristocratiques. Ce sont elles qui préparèrent le terreau où germèrent les idées qui
engendrèrent la Révolution de 1789.
La « Aufklärung» en Allemagne.
Le terme allemand employé pour désigner la
période qui correspond aux « Lumières» en
France, est plus exact que le terme français.
Celui-ci suggère en effet un état donné :
on pourrait croire que tout d’un coup « la
lumière fut». Par contre, Aufklärung,
comme Enlightment, signifient un passage
progressif vers plus de lumière, c’est à dire
plus de raison, un abandon des croyances
obscurantistes en la magie et la sorcellerie. Ce fut exactement le cas du cheminement des idées à la fin du 17ème et pendant
tout le 18ème siècle. Cependant de très nombreux philosophes ne peuvent être classés
sans nuance dans l’une des trois catégories.
1
déisme : Croyance en un Dieu créateur, identique à la Nature,
ne s’étant pas révélé à l’homme.
15
J U DA Ï SME
C’est le cas de Leibnitz (1647-1716) et de
Wolff (1679-1754) qui, tous deux, exercèrent une grande influence sur la pensée
de Mendelssohn.
16
qualité de citoyens, les communautés
juives à travers toute l’Europe, vivaient
quasi séparées du reste de la population,
regroupées dans des quartiers qui leur
étaient réservés, ou carrément dans des
ghettos. De la naissance à la mort, la vie
de chaque individu était exclusivement
juive. Les jeunes garçons recevaient au
héder (école primaire) et dans les yeshivot (écoles talmudiques) un enseignement
traditionnel en hébreu, consistant essentiellement en commentaires des textes
bibliques et rabbiniques.
Pour Leibnitz, il fallait une nouvelle synthèse générale qui puisse ménager la
rationalité scientifique et garantir une
liberté totale dans la recherche philosophique, tout en établissant des principes fermes sur les questions morales et
sociales, afin de défendre la foi, l’autorité
et la tradition. Christian Wolff, un des
plus éminents professeurs de l’université
de Halle (Allemagne), élabora un système Mais à partir de la Révolution française,
qui reprenait certains points de Leibnitz, la « Haskala» ou mouvement juif des
tels « la raison suffisante», « l’harmonie Lumières se développa. Les Juifs, à présent
préétablie», tout en insistant plus que lui admis à exercer les métiers les plus divers,
sur la « rationalité mathématique et phi- furent attirés par l’étude des matières prolosophique». Wolff suscita en Allemagne fanes, tout particulièrement la philosophie
de terribles controverses qui durèrent et les sciences.
de 1723 à 1740. Chassé de Prusse et de
Beaucoup de familles juives,
l’université de Halle par le
étaient très méfiantes à
roi Frédéric-Guillaume qui
à partir de la
l’égard de l’ouverture vers
était partisan des traditionRévolution
le monde non-juif. Elles
nalistes, il fut rappelé avec
essayaient de dissuader
tous les honneurs par Fréfrançaise, la
leurs enfants qui souhaidéric II « le Roi philosophe»,
« Haskala» ou
taient s’engager dans ces
fils du précédent souverain.
voies nouvelles, car elles
En ces années, les Lumières
mouvement juif
craignaient, non sans raiofficielles dominantes en
des
Lumières
se
son, le danger de l’assimilaEurope apparaissaient prodéveloppa.
tion. Le judaïsme allemand
fondément divisées. Les
fut beaucoup plus perméable
forces de la tradition étaient
à la Haskala que le judaïsme
incapables de s’unir contre
le déisme1 radical et le spinozisme. Ces polonais où le Baal Shem Tov (1698-1780)
bouleversements philosophiques balayè- avait apporté un souffle nouveau au Hassirent les derniers vestiges de la domina- disme, ou que le judaïsme lituanien où les
tion théologique en Europe, et firent place « mitnaggedim» pratiquaient une opposià la primauté de la philosophie séculière tion farouche au Hassidisme.
et de la science.
C’est au milieu de cette période très mouvementée du point de vue politique, spirituel
Le monde juif où naquit
et philosophique que Moses Mendelssohn
Moses Mendelssohn
naquit en 1729, à Dessau en Prusse. ■
Jusqu’en septembre 1791, lorsque l’Assem(A suivre)
blée Constituante proclama la « naturalité» des Juifs français, c’est à dire leur
le shofar
Sources
Jonathan I. Israël : « Les Lumières radicales» Ed. Amsterdam, Paris 2005.
Zeev Sternhell : « Les anti-Lumières» Ed.
Fayard, 2006.
Paul Hazard : « La crise de la conscience
européenne» Ed. Boivin, Paris 1935.
David Sorkin : « Moses Mendelssohn, un
penseur juif à l’ère des Lumières».
(Coll. « Présence du Judaïsme») Ed. Albin
Michel, Paris 1996.
“Gedenkbuch für Moses Mendelssohn,
1729-1929 “ Ed. Poppelauer, Berlin 1929
Robert Badinter : “Libres et égaux” Ed.
Fayard, 1989.
Petite chronologie de la modernité
1473-1543 Copernic
1564-1642 Galilée
1571-1630 Kepler
1596-1650 René Descartes
1623-1662 Blaise Pascal
1632-1677 Baruch Spinoza
1642-1727 Newton
1647-1716 Leibnitz
1649Exécution de Charles Ier
d’Angleterre - Cromwell
1679-1754 Christian Wolff *
1688-1691Glorieuse Révolution
(Angleterre)
1694-1778 Voltaire
1698-1780Baal Shem Tov, dit le Besht
1712-1778 Jean-Jacques Rousseau
1724-1804 Immanuel Kant
1729-1786 Moses Mendelssohn
* C hristian Wolff, philosophe allemand. Disciple de
Leibnitz, auteur d’un système totalement rationaliste
(Philosophie première 1729). Il eut une influence
considérable sur la Aufklärung et particulièrement sur
la pensée de Kant et Mendelssohn.
17
C O MM U N AU T É
Une petite-fille
écrit à son grand-père
Henri Lindner
Chère Laure,
Henri Lindner, votre grand-père, nous
l’apprécions et nous l’aimons tous ici à
Beth Hillel.
Henri, c’est une présence discrète et lumineuse en même temps. Chabbat après
chabbat il éclaire notre prière par sa
réflexion sur la paracha de la semaine.
18
Son commentaire est toujours clair,
intelligent lucide et profond, mais surtout toujours en rapport avec la vie. Il a
le don si rare de nous faire aimer la Tora
en actualisant de façon bouleversante le
texte millénaire. Henri ne réduit jamais
la Tora à des interdits ou a de la religion
moralisatrice. Cela vient peut-être d’une
analyse fine que permet une vie riche
et dense. La guerre et la barbarie nazie
qu’il a connues et combattues n’ont éteint
ni sa force intérieure, ni son amour
pour notre Tora.
Merci de nous avoir envoyé ce texte.
Rabbi Abraham Dahan.
(suite page 19)
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10% de ntation du
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sur pré hofar
S
■
le shofar
à Bonpapa
Laure Jordant, née Sajet
Il était une fois un enfant insouciant
Courant les ruelles avec tous ses amis
Il se savait aimé, de sa sœur, ses parents
Puis un jour tout changea quand le ciel s’obscurcit
Un tyran étendit sa folie à l’Europe
Désignant pour cause de tous les problèmes
Le peuple du Livre, discret et philanthrope
Hommes, femmes et enfants, jusqu’au six millionième.
Les parents du jeune homme, clairvoyants, avisés,
L’envoyèrent juste à temps loin des zones de combat.
Pensant faire des études, son destin a changé
Quand il reçut une lettre qui dit « Ne reviens pas » Sa famille tout entière décimée au ghetto,
C’est alors l’arme au poing que la guerre il vécut
De la grande Varsovie à Monte Cassino,
Un gamin a grandi, ses illusions perdues.
En Belgique, après guerre, quand il a rencontré
Son âme sœur, sa moitié, celle qui devint sa femme
Il put se reconstruire et fonder un foyer
S’occuper de leurs filles fut leur nouveau programme
Moi qui suis déjà de la génération suivante
Je suis bien la preuve que la vie continue
Le passé reste un drame, mais le futur enchante Avec mes propres enfants, ma fierté absolue
Bonpapa, nous t’aimons, quel que soit le pays
Où nos propres valises se sont un jour posées,
Tes petits-enfants ont eux aussi une famille,
Par eux ta succession est ainsi assurée.
Ta petite-fille qui t’aime
19
C O MM U N AU T É
Interview de Josiane
Goldschmidt
par Monique Ebstein
Monique Ebstein Josiane - quand et comment as-tu connu Beth Hillel ?
Josiane Goldschmidt - Ma future bellemère suivait des cours de Tanach avec
Rabbi Dahan. Elle m’a présentée à lui, et
c’est ainsi que je suis venue à Beth Hillel,
et comme tu le vois, plus de 30 ans après,
j’y suis encore ! Je m’y suis mariée, fin 76.
La synagogue était alors située Avenue
Albert avant d’être Avenue Kersbeek. Nos
deux filles y ont fait leur Bat-Mitsvah. J’ai à
présent un petit-fils qui viendra au Talmud
Tora chez les « petits ».
20
Elle est membre du CA depuis de nombreuses années, plus précisément depuis la
fin des années 80 Enseignante pendant 37
ans, elle est discrète et souriante, elle parle
peu, mais agit énormément. Elle détient
au sein de notre communauté un poste
de première importance et de très grande
responsabilité, puisqu’elle est la Directrice
du Talmud Tora de Beth Hillel. C’est à elle
que s’adressent les parents des futurs Bné/
Bnot Mitsvah lorsqu’ils inscrivent leurs
enfants dont elle sera l’interlocutrice tout
au long de leur formation, et chaque fois
qu’ils auront un problème à résoudre. Dans
ce Shofar de la rentrée, nous avons voulu
l’interroger, la connaître un peu mieux, afin
de la présenter à tous les lecteurs, mais
tout spécialement à ceux qui ont l’intention
d’inscrire, dans un avenir plus ou moins
proche, leur enfant au Talmud Tora.
M.E. -Qu’est-ce qui te plaisait, te convenait particulièrement ?
J.G. - Je pense que c’est l’esprit ouvert qui
y régnait. Je m’y suis sentie immédiatement
accueillie.
M.E. -Vois-tu une grande différence
entre le Beth Hillel d’alors et celui
d’aujourd’hui ?
J.G. - Non, pas vraiment. Alors que nous
avons eu différents rabbins au cours des
dernières années, Rabbi Dahan, le fondateur est toujours là. Certes, il y a plus de
membres, de nouvelles familles, mais l’âme
de Beth Hillel est restée la même. Le CA
non plus n’a pas tellement changé. Certains
membres sont toujours à leur poste, comme
Manu Wolf et Willy Pomeranc. Paul-Gérard
Ebstein vient de se retirer après plus de 30
ans d’activité, mais il est à présent notre
Président d’Honneur. Ils ont su établir un
climat caractérisé par la grande estime
le shofar
qui existe entre le CA et le rabbin. Je pense
que c’est l’esprit ouvert de Beth Hillel qui
attire et retient ses membres.
me reprochent parfois de n’être pas assez
directive avec les professeurs, mais ce
n’est pas dans mon caractère, je ne me sens
pas une « âme de directrice ». J’aime que
les choses fonctionnent bien et en général
j’atteins mon but. J’obtiens ce que je veux
sans être autoritaire. J’aime par exemple
que l’atmosphère des réunions soit sympathique et conviviale, et j’espère y réussir.
M.E. -Comment es-tu devenue directrice du Talmud Tora ?
J.G. - C’était il y a environ 15 ans. Il y avait
un comité du Talmud Tora composé du
rabbin, d’un directeur et des professeurs.
Le rabbin Berkowitz, qui était alors rabbin
stagiaire, m’a introduite au Talmud Tora M.E. -Josiane, concrètement, en quoi
comme enseignante, mais je ne savais pas consiste ton travail ?
exactement quel devait y être mon rôle. J.G. - Tous les mercredis, je suis à la
synagogue de 10h à 17h30.
J’ai commencé en mai 1995,
A mon arrivée je vérifie si
le rabbin Meyer est venu en
(…) l’âme
toutes les classes sont prêtes
septembre de la même année.
à accueillir les enfants, j’ai
Gaëlle et Mireille étaient
de Beth Hillel
souvent un entretien avec le
alors professeurs. Moi, je
Rabbin quant à l’organisapensais simplement les aider
est restée
tion de l’après-midi. Ensuite,
et les assister pour l’organisavers 14h, j’accueille d’abord
tion. Puis, l’ancien directeur
la même
les profs puis les enfants. Je
s’est retiré, il a rejoint la synareçois des parents qui désigogue sépharade, et on avait
absolument besoin de quelqu’un pour le rent me parler pour quelque problème que
remplacer. Il est vrai qu’au début, Manu ce soit : fixer la date de la BM, organisam’a un peu forcé la main, mais j’ai finale- tion des derniers cours avant la fête,…..
ment repris le bébé. Or lorsque je donne ma Puis vient le temps du goûter, pour lequel
parole je la tiens. Si j’accepte de faire un jusqu’à présent, des bénévoles ont gentitravail, quel qu’il soit, on peut compter sur ment proposé leur aide. Il m’arrive parmoi. J’ai accepté, mais je n’avais aucune fois, lors d’inscriptions en cours d’année,
expérience. C’est le rabbin Meyer qui de prendre un enfant pour un cours pars’occupait de tout : il recrutait les profes- ticulier afin de le mettre au même niveau
seurs, établissait les programmes, fixait d’hébreu que les autres qui ont commencé
l’agenda. A présent, j’ai repris le flambeau. plus tôt dans l’année. Il faut ajouter à ce
Lorsque Beth Hillel était encore avenue travail du mercredi les diverses réunions
de Kersbeek, c’est à dire jusqu’en 2005, le du CA et de l’équipe éducative.
Talmud Tora comptait plus ou moins 70
enfants. Francophones, néerlandophones M.E. -En quoi tu es, de loin, le membre
et anglophones étaient mélangés. Je m’oc- du CA le plus présent à Beth Hillel !
cupais surtout de l’organisation des fêtes J.G. - Cela me permet d’avoir des contacts
comme Hanoucca et Pourim. Les anglo- réguliers avec le rabbin, le président exécuphones aimant particulièrement le côté tif et Giny, notre secrétaire qui est aussi le
festif, nous organisions des spectacles, pilier de la communauté. Je supervise les
classes pour être sûre que chacune d’elle
faisions venir des magiciens…
a le matériel nécessaire pour la bonne
J’ai certes, à présent, la fonction de direc- marche des cours. Je suis à l’écoute des
trice, cependant je n’ai pas l’habitude de professeurs et des enfants.
me mettre en avant. Certaines personnes
M.E. -Parle-nous à présent des enfants
21
C O MM U N AU T É
22
qui fréquentent le Talmud Tora de Beth La classe des « petits » est confiée à ChanHillel. As-tu l’impression que les futurs tal. Elle les garde environ 3 ans, plus ou
Bné-Mitsva sont conscients de ce que moins de 5 à 8 ans. Elle leur donne quelques
notions d’hébreu, l’alphabet à leur rythme.
signifie le Judaïsme libéral ?
J.G. - Cela dépend en grande partie de Ensuite elle les initie à la Tora en leur
leur famille et de l’école qu’ils fréquentent. racontant des histoires, par exemple l’hisBien sûr, comme pour l’enseignement géné- toire de la création, l’histoire du déluge.
ral, l’environnement familial est extrême- Elle accompagne ces récits d’une activité
ment important. Les enfants viennent chez créatrice en rapport avec le sujet du jour.
nous parfois par conviction, mais certains C’est l’occasion pour elle, pendant que
n’ont pas d’autre choix. La majorité de nos « les petites mains » s’activent de discuter
élèves ne vont pas dans des écoles juives, et encore du sens de la partie de Tora dont ils
reçoivent l’essentiel de leur éducation juive viennent d’entendre le récit.
à Beth Hillel. Or le nombre
La classe intermédiaire
d’heures de fréquentation
Pourquoi je viens confiée à Martine concerne
du Talmud Tora est insuffiles 8/9 à 11 ans, puis la dersant. Le temps manque pour
à Beth Hillel ?
nière classe où enseigne
enseigner tout ce qui devrait
Stella est celle de la BM qui
être su. Les cours ont lieu de
Pourquoi
dure 1 ou deux ans, c’est à
14h15 à 16h45 et se répartisje veux faire ma
dire jusqu’à la célébration
sent en 1 heure d’apprentisBar-Mitsvah ?
de la Bar/Bat Mitsvah. Les
sage de l’hébreu, et 1 heure
3 ou 4 derniers mois, les
d’enseignement du judaïsme
Qu’est-ce que
enfants vont chez le rabbin
(Tora, vie juive, histoire
d’Israël), à quoi s’ajoute un le Judaïsme libéral ? pour étudier et approfondir
leur parasha.
petit goûter, car il ne faut pas
oublier que les enfants étudient le mercredi après-midi, alors que leurs M.E. -Es-tu contente du fonctionnement
camarades non-juifs peuvent vaquer à leurs du Talmud Tora de Beth Hillel ?
J.G. - Il est clair que tout peut, et doit, être
loisirs !
constamment perfectionné. Evidemment,
Pour que les enfants prennent conscience les enfants qui fréquentent les écoles juives
de la spécificité du Judaïsme libéral, Rabbi se sentent supérieurs à leurs camarades
Dahan a donné récemment un cours spé- qui viennent des autres écoles. Ils ont de
cial aux professeurs. C’est pourquoi, après meilleures connaissances de l’hébreu, et
les Fêtes de Tishri, les premiers thèmes que ils connaissent mieux les prières. Ils n’ont
l’on abordera seront : Pourquoi je viens à qu’un seul intérêt : étudier leur parasha. Il
Beth Hillel ? Pourquoi je veux faire ma Bar- m’est difficile d’arriver à les intéresser, vu
Mitsvah ? Qu’est-ce que le Judaïsme libéral ? qu’ils se comportent parfois comme s’ils
savaient déjà tout.
M.E. - Combien y a-t-il d’élèves inscrits et
comment les classes sont-elles réparties ? Je pensais que dans les classes de prépaJ.G. - Il y a 3 ans nous avions environ 50 ration à la BM, il serait bon de mélanger
enfants inscrits, aujourd’hui nous en comp- les enfants, les uns faisant profiter les
tons environ 30. Si un enfant le désire, ou autres de leurs connaissances. Mais, à mon
plutôt si ses parents le désirent pour lui, il avis, il faudra changer cela dans l’avenir.
peut suivre le cursus complet du Talmud Il faut trouver une solution pour arriver à
créer suffisamment de groupes, dont chaTora et s’inscrire à partir de 5 ans :
le shofar
cun serait en quelque sorte « spécialisé »
afin que chaque enfant puisse trouver ce
qu’il cherche dans l’enseignement qui lui
est donné. C’est un problème important
qui comporte un volet financier et des
problèmes de recrutement. Je dois le soumettre au CA afin qu’il prenne une décision.
Il faut aussi bien se rendre compte que le CA
ne veut pas que Beth Hillel soit considérée
comme une « synagogue de service », c’est
à dire que des familles peu ou pas du tout
pratiquantes, viennent inscrire leur enfant
juste le temps de faire une Bar Mitsvah
réduite à son strict minimum, avant de disparaître après la célébration. Il est pourtant difficile de refuser l’inscription d’un
enfant en arguant d’un tel soupçon ; Beth
Hillel se veut avant tout une communauté
ouverte, et sa vocation est d’accueillir tous
ceux qui à un moment ou à un autre de leur
existence, cherchent un endroit qui leur
permette de revenir à la vie juive ou de pratiquer un judaïsme plus moderne que celui
que leur ont enseigné leurs parents.
M.E. -Josiane, comment vois-tu l’avenir ? Qu’attends-tu du nouveau rabbin en
ce qui concerne le Talmud Tora ?
J.G. - Je ne suis bien entendu pas Mme
Soleil et je ne voudrais pas me hasarder à
préjuger l’avenir du judaïsme ni celui de notre
synagogue. Je suis toutefois très confiante.
Quant au futur rabbin, j’espère qu’il insufflera une dynamique nouvelle au Talmud
Tora, qu’il saura gagner la confiance et l’affection des enfants, et que dans le cadre
de notre structure actuelle, il soutienne et
aide les professeurs dans leur engagement,
qu’il élargisse et modernise le programme,
qu’il nous enrichisse en apportant en plus
de ses connaissances, des idées nouvelles
et qu’il sache créer des activités nouvelles.
M.E. -Une dernière question, Josiane,
mais qui me semble importante. Qu’advient-il des « Post Bné-Mitsvah », c’est à
dire de ces jeunes après leur BM ?
J.G. - C’est effectivement un très gros problème auquel Beth Hillel réfléchit depuis
longtemps, mais auquel il n’a pas encore
été apporté de solution. Nous avons à
présent des idées, mais ce n’est pas moi
qui me chargerai de leur réalisation. J’espère que d’autres membres du CA assistés
de bénévoles pourront aider le nouveau
rabbin à empêcher que ces jeunes qui
sont notre avenir ne disparaissent et ne
reviennent à la synagogue qu’au moment
de leur mariage !
■
********************************
M.E. - Merci Josiane pour ce long entretien très instructif et bravo pour ton travail ! Merci aux professeurs du Talmud Tora qui semaine après semaine, année après
année, prennent nos enfants pas la main pour les conduire à la Teva et en faire des
membres à part entière de notre communauté.
TALMIDI
Le Talmud Tora de Beth Hillel
Tous les mercredis de 14h00 à 16h45
23
AG EN DA
Septembre 2010
Vendredi 3 septembre 2010
18h30: Dîner Chabbatique des étudiants du
cours Judaïsme, pensée et pratiques
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 4 septembre 2010
25 Eloul 5770 – Nitzavim VayeleH
9h15: Etude de Rachi sur la paracha
10h30: Office
24
Lundi 6 septembre 2010
19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan
20h00: Judaïsme, pensée et pratiques avec
Rabbi Dahan
Mercredi 8 septembre 2010
EREV ROCH HACHANA
19h00: Office
Jeudi 9 septembre 2010
ROCH HACHANA 1
10h00: Office du matin
11h00: Office des enfants
19h00: Office du soir
Vendredi 10 septembre 2010
ROCH HACHANA 2
10h00: Office du matin
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 11 septembre 2010
3 Tichri 5771 – Ha’azinou
Chabbat chouva
9h15: Etude de Rachi sur la paracha
10h30: Office
Dimanche 12 septembre 2010
11h00: Pèlerinage à Gan Hashalom
Lundi 13 septembre 2010
19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan
20h00: Judaïsme, pensée et pratiques avec
Rabbi Dahan
Mardi 14 septembre 2010
15h00 à 17h00: « Café Klatsch» avec les
Seniors
Mercredi 15 septembre 2010
Dès 14h00 : TALMIDI: séance d’accueil et
inscriptions
Jeudi 16 septembre 2010
20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi
Dahan
le shofar
Tichri 5771
Vendredi 17 septembre 2010
EREV YOM KIPPOUR
19h30 précises: Kol Nidré
Vendredi 24 septembre 2010
Souccot 2
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 18 septembre 2010
10 Tichri 5771 – YOM KIPPOUR
10h00: Office
11h00: Office des enfants
15h00: Moussaf-Minhah
18h30: Yiskor
20h40: Fin du jeûne
Samedi 25 septembre 2010
17 Tichri 5771 – Souccot 3
10h30: Office
Lundi 20 septembre 2010
19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan
20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec
Rabbi Dahan
20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques)
Mercredi 22 septembre 2010
Erev Souccot
14h00: TALMIDI
17h00: Construction de la Soucca
19h00: Office de Souccot
Jeudi 23 septembre 2010
Souccot 1
10h00: Office
Lundi 27 septembre 2010
Souccot 5
19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan
20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec
Rabbi Dahan
20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques)
Mardi 28 septembre 2010
Souccot 6
19h00: Office de Souccot (dernier soir)
Mercredi 29 septembre 2010
Souccot 7
14h00 à 16h45: TALMIDI
17h00 à 18h00: Buffet pour les enfants
de Talmidi
18h30: Office de Simhat Tora
Jeudi 30 septembre 2010
Shmini Atseret – Simhat Tora
10h00: Office du matin de Simhat Tora
(Yiskor)
25
AG EN DA
Octobre 2010
Vendredi 1er octobre 2010
19h00: Ivrit beyaHad
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 2 octobre 2010
24 Tichri 5771 – Berechit
9h15: Etude de Rachi sur la paracha
10h30: Office
26
Lundi 4 octobre 2010
19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan
20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec
Rabbi Dahan
20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques)
Mercredi 6 octobre 2010
14h00 à 16h45: TALMIDI
Jeudi 7 octobre 2010
20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi
Dahan
Vendredi 8 octobre 2010
19h00: Ivrit beyaHad
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 9 octobre 2010
ROCH HODECH HECHVAN – Noach
9h15: Etude de Rachi sur la paracha
10h30: Office
Lundi 11 octobre 2010
19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan
20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec
Rabbi Dahan
20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques)
Mercredi 13 octobre 2010
14h00 à 16h45: TALMIDI
Vendredi 15 octobre 2010
19h00: Ivrit beyaHad
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 16 octobre 2010
8 Hechvan 5771 – LeH LeHa
9h15: Etude de Rachi sur la paracha
10h30: Office – Bar Mitsva Joachim
Decoster
le shofar
Hechvan 5771
Lundi 18 octobre 2010
19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan
20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec
Rabbi Dahan
20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques)
Dimanche 24 octobre 2010
17h00: Concert Dahan-Largo
à l’Eglise du Béginage
Place du Béguinage,
1000 Bxl (organisé par Axcent)
Mercredi 20 octobre 2010
14h00 à 16h45: TALMIDI
Lundi 25 octobre 2010
19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan
20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec
Rabbi Dahan
20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques)
Jeudi 21 octobre 2010
20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi
Dahan
Vendredi 22 octobre 2010
19h00: Ivrit beyaHad
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 23 octobre 2010
15 Hechvan 5771- Vayera
9h15: Etude de Rachi sur la paracha
10h30: Office
Mercredi 27 octobre 2010
14h00 à 16h45: TALMIDI
Vendredi 29 octobre 2010
19h00: Ivrit beyaHad
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 30 octobre 2010
22 Hechvan 5771 – Hayé Sara
9h15: Etude de Rachi sur la paracha
10h30: Office
27
C O MM U N AU T É
Les fêtes de Tichri
à Beth Hillel
Les offices seront dirigés par le rabbin Abraham Dahan
avec la collaboration du hazzan Samuel Lison
et de Marc Neiger, étudiant rabbin au Leo Baeck College (London)
et stagiaire à la Communauté Israélite Libérale de Belgique
Rosh Hashana
28
Mercredi 8 septembre :
office à Jeudi 9 septembre :
office à Office des enfants à
Office du soir à
Vendredi 10 septembre :
office à
19h00
10h00
11h00
19h00
Construction de la Soucca :
le mercredi 22 septembre à
17h00
10h00
Pelerinage à
Gan Hashalom
Dimanche 12 septembre à Souccot –
Simhat Tora
Apportez feuillages, fruits,
légumes pour la décorer
Erev Souccot :
le mercredi 22 septembre
office à 19h00
Souccot I. :
le jeudi 23 septembre
office à 10h00
Dernier jour de Souccot :
le mardi 28 septembre
office à
19h00
11h00
Yom Kippour
Vendredi 17 septembre
à 19h30 - KOL NIDRE
Samedi 18 septembre
office à
10h00
Office des enfants à
11h00
Moussaf-minha
15h00
Yiskor à 18h30
Fin du jeûne à
20h40
Chmini Atseret/Simhat Tora :
le mercredi 29 septembre
office à jeudi 30 septembre
office (+ Yiskor) à 18h30
10h00
le shofar
SOUCCOT
Le mercredi 22 septembre 2010
Erev Souccot
à 17h00 : Construction de la Soucca
(après Talmidi)
N'oubliez pas d'apporter
feuillages, fruits et légumes
pour la décoration de la Soucca
à 19h00 : Office de Erev Souccot
Le jeudi 23 septembre 2010
Souccot 1
à 10h00 : Office
29
SIMHAT TORA
Le mercredi 29 septembre 2010
De 17h00 à 18h00 :
(après le Talmidi)
Buffet pour les enfants
**
A 18h30 :
Office de Simhat Tora
Soyez tous présents pour célébrer dans la joie la Tora!
Nous danserons et chanterons ensemble avec les Sfarim.
Venez avec vos enfants et vos amis.
***
Jeudi 30 septembre à 10h00 :
Office du matin
de Simhat Tora (Yiskor)
le shofar
C O MM U N AU T É
Raconte-moi
Paul-Gerard…
Par Ernest Moskovic
Il y a quelques mois, notre ami Paul-Gérard Ebstein a émis le souhait de se retirer du
Conseil d’Administration de notre communauté auquel il avait participé pendant près de
quarante ans et dont il avait assuré la présidence.
C’est déjà un événement extraordinaire dans une vie quand un homme peut construire
une synagogue. Paul-Gérard a participé activement à la rénovation de la synagogue de
l’avenue Kersbeek et à la construction de celle de la rue des Primeurs.
Pour le remercier de ses très nombreuses années de fidélité et d’implication, le Conseil
d’Administration a décidé à l’unanimité de le nommer Président Honoraire de notre communauté. Le 27 août dernier, à l’issue de l’office de Kabbalat Chabbat le Conseil d’Administration a offert un Oneg Chabbat en l’honneur de Paul-Gérard.
Ad mé’a ve’essrim et Mazal Tov au nouveau Président honoraire de Beth Hillel! !
Comment peut-on parler de ce « personnage »
en quelques mots ?
– Si c’était une forme géométrique,
je dirais… « Un carré »!
– Si c’était un diplomate,
je dirais… « Molotov – Mr Niet »!
– Si c’était un animal,
je dirais… « L’ours Babar »!
– Si c’était un outil,
je dirais… « Un marteau »!
– Si c’était une partie du corps,
je dirais… « Un gros cœur »!
Voici en quelques phrases, résumé à ma
façon, celui qui consacre depuis tant d’années, et avec toute l’énergie qu’on lui connaît,
à notre communauté!
P.L.
A titre personnel, je garderai toujours à l’esprit sa compétence, sa volonté et la collaboration amicale qui nous a unis lors de la
construction de ce qui restera pour toujours
notre « première synagogue »!
Sa rectitude et son esprit de modération ont
été très utiles dans les prises de position
au sein du Conseil d’Administration durant
toutes ces années.
Je suis sûr que vous serez d’accord d’unir
votre voix à la mienne pour lui dire simplement et de tout cœur…
« Merci Paul-Gérard » !!! ■
31
C O MM U N AU T É
Carnet
Naissance
Nous avons appris la naissance le 28 avril
dernier de la petite Eva, fille de Cynthia et
David Benveniste.
Bné Mitsva
Le 15 octobre 2010 Bar Mitsva de Joachim
Decoster
Décès z’’l
C’est avec beaucoup de tristesse que nous
avons appris le décès le 18 juin dernier de
Johan Bisschops, papa de Ralph. A Ralph et
Heidi, ainsi qu’à son petit-fils Tobias, nous
tenons à exprimer ici toute notre sympathie et notre affection. ■
Des nouvelles de nos jeunes
Nous félicitons vivement Daniel Bataller, un jeune de Beth Hillel qui vient de réaliser un exploit remarquable : la traversée des Etats Unis à vélo. Que son courage
soit un gage de réussite dans sa vie. Nous lui présentons tous nos vœux pour la
poursuite de ses projets.
32
After a gruelling 7 weeks, Daniel Bataller, the son of the Elaine and Paco Bataller,
all long-time members of Bet Hillel, finished in early July his bike ride across the US.
He started at the Statue of Liberty in New York and ended his solo adventure at Malibu
Beach near Los Angeles, after defying torrential rains, unhelpful winds, chasing dogs
and closed roads. After a well-deserved recovery period, Daniel will start working
in early September at DHL in the UK, as part of a graduate management programme.
Avis de l’Union des Déportés Juifs de Belgique
Filles et fils de la Déportation
JOURNEE DU MARTYR JUIF
54ème PELERINAGE NATIONAL
A LA CASERNE DOSSIN A MALINES
DIMANCHE 12 SEPTEMBRE 2010
Réunion devant la Caserne Dossin dès 10h30
Rue G. de Stassart 153, 2800 Malines
Des cars partiront à 9h30 précises
Bruxelles: Place Rouppe - Anvers: Loosplaats
le shofar
Rubrique gourmande
Recettes recueillies par Giny
Cake au miel
(Roch Hachana)
8 pers.
Prép. : 15 min
Cuisson : 30 min
Ingrédients : 125 g de sucre
225 g de beurre
10 cl d’huile
1 verre de miel
4 œufs entiers
1 paquet de levure chimique
Préparation :
Mélanger 125 g de sucre, 225 g de farine,
10 cl d’huile, 1 verre de miel, 4 œufs et
les trois quarts d’un paquet de levure
chimique dans un saladier. Mettre
dans un grand moule à cake. Préchauffer le four à 200° C (th. 6-7) et cuire 30
à 35 minutes.
********************************
Poisson
sauce rouge
Ingrédients :
1kg de d’alose, de loup, de dorade ou de
pageot coupé en tranches moyennes, un
doigt d’épaisseur. Vous pouvez utiliser du
thon ou du saumon
citron
2 poivrons rouges
1 tête d’ail
1/2 verre d’huile
1 cuillère a café de sel, poivre, safran
1 bouquet de kazbour (coriandre)
2 cuillère a café de paprika doux
Préparation:
Lavez bien le poisson et trempez- le dans
du citron ou dans le vinaigre pendant au
moins 6 h. Après 6 h lavez bien et préparez la sauce rouge dans une marmite.
Coupez les 2 poivrons rouges en 10 dans
le sens de la longueur, épluchez la tête
d’ail. Ajouter l’huile, le sel, le poivre, le
safran, 2 cuillères de paprika doux, en
poudre. Si vous avez de la sauce tomate
ajoutez à la sauce 1 grande cuillère, pour
rendre la sauce plus épaisse. Coupez fin
un petit bouquet de kazbour (coriandre). Ajoutez 4 verres d’eau, remuez bien le
tout et ajoutez le poisson bien rincé et
égoutté. Laissez cuire une heure environ à
feu moyen. 33
ACT UA L I T é
Prix de la paix des libraires
décerné à David Grossman
(source AFP)
tiniens. Les livres de David Grossman
démontrent que seuls l’écoute et le pouvoir des mots aideront à mettre un terme
au cycle de violence et de haine au MoyenOrient... Dans ses romans, ses essais et ses
récits, il tente de comprendre et de décrire
non seulement sa position mais aussi celle
de ceux qui pensent autrement ».
David Grossman, 56 ans, s’est fait connaître
en 1988 avec son roman « Voir ci-dessous :
Amour », qui évoque les enfants de rescapés de la Shoah et la difficulté de vivre avec
les souffrances vécues par leurs parents.
Ce récit, ainsi que son recueil de reportages « Le Vent jaune », sur la relation entre
Israéliens et Palestiniens, lui ont permis
d’acquérir une renommée internationale.
34
L’écrivain israélien David Grossman a été
distingué, il y a quelques jours, par les
libraires allemands qui lui ont décerné le
Prix de la paix des libraires pour l’année
2010. C’est la 2 ème fois en trois ans que ce
prix, le plus prestigieux en Allemagne,
est accordé à un écrivain israélien. En
effet, en 2007, il avait été décerné à
Saul Friedländer.
Le prix, doté de 25.000 €, sera remis à
David Grosmman lors de la Foire du livre
de Francfort, le 10 octobre prochain. Il
est décerné chaque année depuis 1950
à une personnalité qui, par son activité
littéraire, scientifique ou artistique, « a
servi de manière significative la progression des idées pacifistes ». La cérémonie sera retransmise en direct à la
télévision allemande.
Dans un communiqué, le conseil d’administration des libraires allemands, étaye ainsi
son choix : « L’association et ses membres
ont décidé d’honorer l’un des plus grands
auteurs israéliens et un homme qui œuvre
à la réconciliation entre Israéliens et Pales-
Engagé depuis toujours en faveur du rapprochement entre Israéliens et Palestiniens, David Grossman a perdu son fils lors
de la guerre du Liban, en 2006. Personne en
Israël n’a oublié qu’il a été tué la veille du
cessez-le feu.
■
le shofar
Un philanthrope bien connu
s’engage en faveur des
mariages mixtes
(source janice Arnold, Canadian Jewish News)
Jeudi 10 juin 2010
Les mariages mixtes ne
sont pas nécessairement
une si mauvaise chose,
d’après le milliardaire philanthrope Edgar Bronfman Sr. Il croit qu’ils peuvent avoir, et même qu’ils
ont, un effet positif sur la
vie juive moderne.
« Je ne prêche pas en faveur
des mariages mixtes. Je
veux simplement dire que le
mariage mixte est une réalité et que cela ne changera
pas. Agissons de manière à
ce qu’il ait un effet positif et
non négatif pour nous », a déclaré l’ancien
président du Congrès Juif Mondial lors
d’une récente intervention à l’université
McGill à Montréal.
M. Bronfman, 78 ans, né à Montréal, a suggéré que la communauté devrait aider les
couples mixtes à créer des foyers juifs,
même si le conjoint non-juif ne se convertit
pas officiellement.
Lorsque j’avais 18 ou 19 ans, dit Bronfman,
on m’a dit que mon père déchirerait ses
vêtements et porterait le deuil (la shiva)
si je me mariais avec une non-juive. J’ai
répondu que j’étais d’accord, si toutefois il
gardait confiance en moi.
Je pense que les temps
ont changé. Etre juif
aujourd’hui relève d’un
choix, non d’une condition... Le problème n’est
pas que des Juifs tombent
amoureux de non-Juives,
mais plutôt que les Juifs
ne tombent pas amoureux
du judaïsme.
Il dit que les Juifs doivent
« être prêts à des compromis » en ce qui concerne
les mariages mixtes. Ceci
signifie qu’ils soient prêts
à changer la loi juive afin
que l’on reconnaisse la
patrilinéarité de la même
manière que la matrilinéarité. Il ajouta
que la patrilinéarité était la norme chez
les Juifs jusqu’au 12ème siècle, au temps
de Maïmonide.
« De nos jours, nous ne devons pas nous
préoccuper de maintenir la pureté du sang.
Nous avons l’ADN. »
Il raconta l’histoire d’un de ses neveux
qui a épousé une femme d’origine francoasiatique. Elle s’est convertie, et « avec
leurs trois enfants ils vivent une vie juive
harmonieuse ». Un de ses fils a épousé une
catholique qui ne s’est convertie que 20 ans
plus tard, et cependant ils ont un foyer et
une famille juifs.
35
ACT UA L I T é
Un de ses fils, Edgar Bronfman Jr. s’était
marié avec une actrice noire, Sherry Brewer, il y a 12 ans. Au début, Bronfman
Sr. était opposé au mariage, mais finalement il accepta et paya même les frais de
la cérémonie.
A présent, le petit-fils de Bronfman Sr, le
rocker Benjamin Brewer, est fiancé à une
artiste hip-hop d’origine sri lankaise, et ils
ont un fils Ikhyd Edgar Arular Bronfman,
né en février 2009.
Bronfman a fait une de ses rares apparitions en public à l’université McGill pour
lancer son livre “L’espoir, pas la crainte:
une voie vers la Renaissance juive”. Il est
président de Hillel, la Fondation pour la
vie juive sur le Campus. Il a également
créé le site MyJewishLearning.com afin
de répondre aux questions concernant
le Judaïsme.
Pendant son intervention, Bronfman s’est
dit agacé par les différents courants du
judaïsme. Il croit que ces divisions créent
de la confusion chez les jeunes. Il n’a pas
une grande estime pour les harédis. « Ils ne
travaillent pas, leurs femmes deviennent
des fabriques à bébés, eux ne font qu’étudier le Talmud. Je ne sais pas comment
ils gagnent leur vie. Ils doivent s’adapter
à la vie moderne. »
■
36
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le shofar
Ces jeunes Palestiniens
qui vont pour la première fois
à la mer, grâce à trois
Israéliennes
(source : « Le Monde » 1er juillet 2010
Laurent Zecchini envoyé spécial - Bat Yam, sud de Tel-Aviv)
Ils sont descendus d’un bus vert les yeux
écarquillés, en poussant des cris de joie,
certains serrant la main de leur mère voilée de noir. Devant eux, il y avait la plage,
des parasols, des Israéliens dénudés luisant de crème solaire, et cette « chose »
bleue incroyable dont ils avaient rêvé :
la mer !
Il était 9h45, ce jour de juin. Il avait fait
chaud durant le trajet, surtout au checkpoint d’Eyal, près de Qalqilya, lorsqu’il a
fallu quitter le bus palestinien pour monter
dans un autre, israélien, et patienter environ trois quarts d’heure, le temps que les
soldats de Tsahal contrôlent les permis.
Ils étaient partis tôt de Burin, ce village
palestinien situé au sud de Naplouse. A leur
arrivée, les mères palestiniennes ont rencontré une vingtaine de volontaires israéliennes de l’opération Sea and Fun Days
(« Jours de fête à la mer ».)
« Ils ne me dérangent pas »
C’est en 2007 que trois Israéliennes – Tziva
Shapira, Rachel Afek et Amira Ityel – soucieuses de modifier les rapports de cœxistence entre Israéliens et Palestiniens,
ont lancé le projet de donner aux enfants
palestiniens l’occasion, ne serait-ce qu’une
fois dans leur vie, d’ « aller à la mer ». Avec
le début de l’été, un bus emmène 30 ou 40
enfants, chaque semaine, au bord de l’eau.
Cette fois-ci tout s’est bien déroulé : les 30
enfants palestiniens, âgés de 5 à 14 ans,
accompagnés d’une douzaine d’adultes,
sont tous passés, de Cisjordanie en Israël.
En mai, l’attente, qui s’était prolongée
trois heures et demie, fut éprouvante. Une
dizaine de passagers, enfants et parents,
furent refoulés par le Shabak (ex-Shin Bet,
le service de renseignement israélien.
La journée se passe en baignades, suivies d’un
déjeuner, souvent d’un spectacle. En 2009, 450
enfants ont fait le voyage de Bat Yam. Ceux
de Burin vivent à un peu plus de 40 km à vol
d’oiseau, mais en Cisjordanie occupée, c’est
une distance infranchissable. Chaque voyage
coûte environ 4000 shekels (846 euros), une
somme financée par des dons.
En arrivant sur la plage, les gamins ont
enfilé des bouées, et, comme s’ils en avaient
l’habitude, ont avancé vers les vagues.
C’était la première fois qu’ils voyaient la
mer, qu’ils la touchaient.
Pour obtenir la permission de Tsahal, les
organisatrices ont bénéficié du parrainage de
l’organisation humanitaire israélienne « Combattants for Peace », qui regroupe d’anciens
soldats israéliens et combattants palestiniens.
37
ACT UA L I T é
Tziva Shapira reconnaît que cette journée est
« une joie éphémère », une « goutte d’eau »,
puisque les enfants ne peuvent espérer faire
deux fois le voyage. « L’idée est de faire profiter le plus grand nombre de jeunes Palestiniens, c’est pourquoi nous changeons de
village ou de ville à chaque sortie ».
Sur la plage, les estivants israéliens jettent
un regard indifférent au spectacle insolite
des femmes en noir qui surveillent une
foule d’enfants parlant arabe. Allongée sur
le sable Tzipi déclare : « Ils ne me dérangent pas », reconnaissant que les noms de
Burin et de Naplouse ne lui disent rien.
La jeune femme est représentative des
Israéliens de la côte qui ne sont jamais
confrontés aux Palestiniens, qui n’auraient pas l’idée de voyager en Cisjordanie et dont la vie se situe aux antipodes
de celle des colons juifs armés, installés
dans des enclaves protégées en Cisjordanie. A Bat Yam, le plan d’eau est entouré
d’une ligne artificielle de rochers, et l’un
d’eux est surmonté d’un drapeau israélien. Tziva Shapira assure qu’un des
enfants l’a montré du doigt, en demandant :
« Et là, c’est une colonie israélienne ? »
■
38
LU P O U R VO U S
J’avais 20 ans.
J’avais connu l’enfer.
Mémoires d’un rescapé
des camps nazis.
Benjamin Silberberg.
Comme des dizaines de
milliers d’autres familles
juives, celle de Benjamin
Silberberg fuit la Pologne
pour l’Europe occidentale. La Pologne de
l’époque, sa misère et son antisémitisme
virulent. Le père de Benjamin, comme
tant d’autres Juifs alors, porte le rêve fou
d’une humanité plus juste. Ce rêve scande
sa vie: spartakisme, les socialistes de
Charleroi où il est dans les charbonnages,
brigades internationales…. Puis c’est la
guerre, l’horreur nazie, les fuites éperdues, les Juifs que l’on arrête, que l’on
déporte, que l’on massacre dans l’indifférence des Etats, des grandes institutions
et même des populations.
C’est un univers de cauchemar indicible.
Pour les nazis, le Juif n’est pas un être
humain, mais une vie à écraser, à supprimer impitoyablement. Parfois il peut être
un outil à briser après l’avoir utilisé. J’ai
parcouru d’un trait le livre de Benjamin,
langage direct, simple; Benjamin écrit
comme il parle. Ce que cette génération
a vécu confine à l’impensable. On a beau
avoir beaucoup lu sur ces temps maudits,
avoir vu des films et des reportages, on
est chaque fois suffoqué, pris d’un intolérable malaise. Pour les rares survivants,
meurtris, anéantis dans leur corps et
dans leur âme, trouver le moyen de survivre dans ce monde à l’envers n’était rien
moins qu’évident. Le père de Benjamin ne
reviendra pas des camps, son frère cadet
mourra peu après la guerre des séquelles
de l’horreur…
le shofar
Les photos de la famille et des camps que
Benjamin réussira à garder sont bouleversantes et, aujourd’hui, il consacre ses
forces et son temps à témoigner partout
où il le peut, afin que l’on n’oublie jamais
la barbarie inouïe, l’abîme d’horreur dont
les hommes sont capables. La science ne
garantit rien, ni ce qu’on appelle souvent
bien pompeusement la culture, pas même
la religion dont les plus hauts représentants se sont tus quand il fallait hurler.
Seuls les yeux ouverts et lucides devant
le néant et la folie dont les hommes sont
capables, et l’éducation incessante à
la valeur ultime de la vie, l’éducation
à l’Humain, peuvent ouvrir une porte
d’espérance.
Comme des dizaines de milliers d’autres
familles juives, celle de Benjamin Silberberg fuit la Pologne pour l’Europe occidentale. La Pologne de l’époque, sa misère
et son antisémitisme virulent. Le père de
Benjamin, comme tant d’autres Juifs alors,
porte le rêve fou d’une humanité plus
juste. Ce rêve scande sa vie: spartakisme,
les socialistes de Charleroi où il est
dans les charbonnages, brigades internationales… Puis c’est la guerre, l’horreur nazie, les fuites éperdues, les Juifs
que l’on arrête, que l’on déporte, que
l’on massacre dans l’indifférence des
Etats, des grandes institutions et même
des populations.
C’est un univers de cauchemar indicible.
Pour les nazis, le Juif n’est pas un être
humain, mais une vie à écraser, à supprimer impitoyablement. Parfois il peut être
un outil à briser après l’avoir utilisé. J’ai
parcouru d’un trait le livre de Benjamin,
langage direct, simple; Benjamin écrit
comme il parle. Ce que cette génération
39
LU P O U R VO U S
40
a vécu confine à l’impensable. On a beau
avoir beaucoup lu sur ces temps maudits,
avoir vu des films et des reportages, on
est chaque fois suffoqué, pris d’un intolérable malaise. Pour les rares survivants,
meurtris, anéantis dans leur corps et
dans leur âme, trouver le moyen de survivre dans ce monde à l’envers n’était rien
moins qu’évident. Le père de Benjamin ne
reviendra pas des camps, son frère cadet
mourra peu après la guerre des séquelles
de l’horreur…
L’Herne Scholem
Cahier dirigé
par Maurice Kriegel
Les photos de la famille et des camps
que Benjamin réussira à garder sont bouleversantes et, aujourd’hui, il consacre
ses forces et son temps à témoigner partout où il le peut, afin que l’on n’oublie
jamais la barbarie inouïe, l’abîme d’horreur dont les hommes sont capables.
La science ne garantit rien, ni ce qu’on
appelle souvent bien pompeusement la
culture, pas même la religion dont les
plus hauts représentants se sont tus
quand il fallait hurler. Seuls les yeux
ouverts et lucides devant le néant et la
folie dont les hommes sont capables, et
l’éducation incessante à la valeur ultime
de la vie, l’éducation à l’Humain, peuvent
ouvrir une porte d’espérance.
(Par Rabbi Abraham Dahan)
Ce numéro est composé de trois parties :
La première consiste en sept entretiens de
G. Scholem avec différents interlocuteurs.
Il développe avec eux les grands thèmes qui
furent l’objet de ses travaux pendant plus
de 50 ans. Dans son style direct et vigoureux, il évoque des personnalités qui furent
importantes pour lui comme Agnon, et bien
sûr aussi des sujets, tels que la kabbale et
le messianisme, qui lui tinrent à cœur tout
au long de sa vie.
Un Cahier de l’Herne,
consacré à Gershom
Scholem, a été publié en
octobre 2009. Sa lecture
et son étude semblent
indispensables pour tous
ceux qui désirent approfondir la pensée de
Scholem et mieux connaître sa personnalité.
La deuxième partie présente des textes inédits de Gershom Scholem. Ils apportent des
éclairages nouveaux sur ses études, mais
aussi sur de grands problèmes politiques
tels que le bolchevisme et le sionisme. Nous
apprenons la qualité de ses rapports avec
Bialik auquel, tout jeune encore, en 1925, il n’avait alors que 28 ans, - il confie son projet, ce qu’il envisage déjà devenir le sujet
essentiel de ses recherches, l’étude de la
mystique juive. Nous qui lisons cette lettre
presque trente ans après sa mort, nous
constatons que toute sa carrière universitaire sera consacrée à la réalisation fidèle
de ce projet de jeunesse !
Dans un article court et tranchant sur
Proust, qu’il aime et qu’il a lu au cours
de toute son existence, il prend position
contre ceux qui vilipendent si fréquemment
une œuvre artistique trouvant à y dénoncer un soi-disant « antisémitisme » lorsque
l’auteur se permet une critique si légère
le shofar
soit-elle contre un de ses personnages, juif
ou d’origine juive, en l’occurrence Swann.
Dans la troisième et dernière partie, des
philosophes et penseurs contemporains,
tels Théodor Adorno, Moshé Idel, Stéphane
Moses, jettent une lumière nouvelle sur
des aspects de la vie et de l’œuvre de Gershom Scholem, le situant ainsi dans ce 20 ème
siècle où il gardera une place aussi singulière qu’éminente.
(par Monique Ebstein)
Nous donnons à présent un extrait de
la bibliographie en langue française des
œuvres de Gershom Scholem. Un grand
nombre d’entre elles sont disponibles à la
bibliothèque, les autres seront prochainement acquises.
Extrait de la bibliographie en français
de Gershom Scholem (1897-1982)
« Les grands courants de la mystique
juive », Payot, 1950
« Les origines de la Kabbale », Aubier-Montaigne, 1966
« La Kabbale et sa symbolique », coll. Petite
bibliothèque Payot, 1975
« Le Messianisme juif, essai sur la spiritualité juive », Calman-Lévy, 1974
« Fidélité et Utopie. Essai sur le judaïsme
contemporain », Calman-Lévy, 1974
« Le Zohar » extraits choisis et présentés
par G. Sholem, Seuil, 1980
« Histoire d’une amitié » Calman-Lévy, 1981
« Le Nom et les Symboles de Dieu dans la
Mystique juive », Cerf 1983
« Shabbataï Tsevi », Verdier, 1983
« De Berlin à Jérusalem. Souvenirs de jeunesse », Albin Michel, 1984
« La Mystique juive. Les thèmes fondamentaux. » Cerf, 1985
« Benjamin et son ange », Rivages Poche,
Petite bibliothèque, 1995
« Aux origines religieuses du judaïsme laïc.
De la mystique aux Lumières » CalmanLévy, 2000
« La Cabale. Une introduction. Origines,
thèmes et biographies », Cerf 1998
« Le Prix D’Israël, Ecrits politiques » Editions de l’éclat, 2003
« Cabale et Philosophie » correspondance avec
Leo Strauss, 1933-1973. Ed. de l’éclat, 2006
« Sur Jonas, la lamentation et le judaïsme »,
Bayard, 2007
Sur Gershom Scholem
“Gershom Sholem, Cabale
et contre-histoire” David Biale
« Un Juif allemand à Jérusalem »
Maurice-Ruben Hayoun
« L’Herne Scholem » dirigé par Maurice Kriegel, oct 2009
Chère Mademoiselle
Patrice Cabanel
Alice Ferrières
Ed. Calmann-Lévy
« Qui sauve un homme,
sauve le monde entier ».
Dans les montagnes du
Massif Central, de 1941 à
1943, Alice Ferrières, a aidé
des Juifs réfugiés d’Alsace,
d’Allemagne ou de Pologne. Puis à partir
de 1943, elle a caché, protégé, sauvé environ une centaine d’enfants juifs, mettant
au courant ses collègues et ses élèves qui
toutes voulurent participer à son action.
Alice exigeait de ses élèves, volontaires
pour collaborer avec elle, qu’elles aient
au préalable obtenu l’accord de leurs
parents. Etonnant manque de prudence,
cependant jamais, personne ne l’a trahie.
Son histoire a mis longtemps à nous parvenir : c’est en 2001 seulement que la correspondance et le Journal d’Alice, morte
en 1988, ont été déposés au Mémorial de
la Shoah. Patrick Cabanel, professeur
d’histoire contemporaine à l’université de
41
LU P O U R VO U S
Toulouse-Le Mirail et directeur de la revue
« Diasporas» a classé, recopié, trié la correspondance d’Alice, et il en a fait un livre
dont le titre, on l’aura compris, reprend le
« Chère Mademoiselle », qui figure en tête
de chaque lettre.
42
Il comprend que les Juifs traqués et poursuivis n’ont pas seulement besoin d’aide
matérielle, mais aussi de réconfort moral !
« Comme cela fait du bien de voir que
nous ne sommes pas seuls dans les terribles épreuves que nous traversons, que
d’autres se penchent sur nous, qui nous
comprennent et nous crient : courage ! » ,
écrira Mme Bloch.
Agée d’une trentaine d’année au début
des années 40, Alice enseigne les mathématiques aux élèves d’une Ecole primaire
supérieure, dans la bourgade de Murat,
située dans les montagnes du Cantal.
Quoi de plus banal ? Cependant un jour de
1941, après la proclamation du statut des
Juifs, elle est profondément révoltée par
l’injustice commise envers d’autres êtres
humains, avec lesquels pourtant elle n’avait
jusqu’à présent eu aucun lien. Elle écrit
aux rabbins de Clermont-Ferrand, Nîmes
et Montpellier et leur propose son aide. Ils
la mettent en contact avec les associations
juives d’assistance aux réfugiés. Aussi
dans la correspondance d’Alice trouvonsnous des lettres qui nous plongent dans la
vie quotidienne de ceux qui, ayant dû tout
abandonner, essayent de se réimplanter
dans un environnement nouveau.
Alice correspond également avec des intellectuels juifs frappés par le « statut », avec
le rabbin Jacob Bloch, le Grand-rabbin
Hirschler de Strasbourg, alors aumônier
général des camps, avec des Juifs étrangers, internés dans les camps de la zone
non occupée, dite « libre ». Elle apporte
toute l’aide qui lui est possible à des Juifs
étrangers et non (encore) internés. Puis de
1943 à 1944, elle recueille les enfants qu’on
lui envoie à Murat. Grâce à la porte arrière
de son appartement, elle peut les dissimuler en attendant de les « caser » dans des
fermes où ils se trouvent en relative sécurité. Parfois ils se transforment en petits
bergers qui gardent les troupeaux sur les
pentes des monts du Cantal.
De 1941 à 1944, elle correspond avec Mme
Vve Henri Bloch, du Comité d’aide aux réfugiés. Celle-ci la met en rapport avec des personnes seules, des couples ou des familles
ayant besoin d’une aide urgente : logement,
vêtements, travail. Alice remue ciel et terre
pour soulager ces détresses, et, miracle
de la « banalité du bien », tout un réseau,
sans lequel elle n’aurait rien pu faire, se
constitue autour d’elle. Elle inscrit avec
une minutie d’archiviste, le déroulement de
ses journées. Elle consigne aussi des renseignements obtenus sur les règles alimentaires et les fêtes juives, afin de respecter
au maximum la pratique religieuse de ses
protégés. Elle conserve – imprudence folle
– toutes les lettres de ses correspondants.
Le ton de ces lettres devient de plus en plus
amical, et elles sont si vivantes que le lecteur partage les aléas du quotidien évoqué.
Qui était Alice ? Elle a grandi dans une
famille de tradition protestante qui l’a
élevée dans l’idéal de la devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité » . Elle
se définit elle-même comme « protestante,
enseignante et patriote », mais s’avoue non
croyante. Avant qu’elle ne commence son
activité militante en faveur des Juifs, son
frère, sa belle-sœur et le frère de cette dernière qui n’était autre que le philosophe,
mathématicien et résistant, Jean Cavaillès,
condamné à mort et exécuté en février 44,
avaient œuvré au sein de la Résistance. Ils
ne pouvaient donc qu’approuver et soutenir Alice. Des extraits de lettres de Jean
Cavaillès à Alice prouvent combien elle
était active et faisait bénéficier tous ceux
qui en avaient besoin des denrées ou médicaments qu’elle pouvait se procurer et leur
envoyer. Il écrit en nov. 42 : »Nous avons
le shofar
parlé de vous, de la vie active que vous
menez. Je suis un peu confus de recevoir
ainsi pour moi-même des preuves de cette
activité. » Plus loin, en déc. 42 : « Je suis
heureux de voir que vous travaillez si
utilement et si activement ... » Enfin, en
déc. 42, il remercie Alice pour son offre de
plantes et de médicaments, dont il a parlé
au médecin du camp : « Mais ici l’infirmerie est assez bien montée, il serait peutêtre mieux que vous aidiez Gurs ou tout
autre endroit moins favorisé. »
Après la guerre, Alice reprendra sa vie d’enseignante. Elle conservera avec plusieurs
de ses correspondants et de ses anciens
protégés de solides liens d’amitié et, à
plusieurs reprises, elle rendra visite à certains d’entre eux installés en Israël. Alice
Ferrières a été la 1ère femme en France, et
la 83ème personne dans le monde, à se voir
décerner par Yad Vashem le titre de « Juste
des Nations ». Elle est morte en 1988.
Petite note personnelle : entre l’âge de
4 à 9 ans, j’ai passé les années 40-45
dans le Massif Central, pas très loin de
Murat, au Puy-en-Velay. En quittant la
région, après la guerre, pour retourner
dans mon Alsace natale, la petite fille
que j’étais, habituée à l’extrême gentillesse naturelle des habitants parmi
lesquels j’avais passé 5 ans de ma petite
enfance, a eu beaucoup de mal à s’habituer à la rudesse alsacienne. Autre souvenir : ma mère qui, chaque semaine,
« allait au ravitaillement » à vélo, m’a
toujours dit combien les paysans pratiquaient des prix modérés sachant qu’elle
était une réfugiée. Hommage soit rendu
à cette France profonde, qu’il ne faut
pas oublier.
(par Monique Ebstein)
■
43
D’ICI E T D’AI L L EU RS
Le Roi d’Espagne
et le Shofar
rait la traduction en espagnol: « Cet objet
vient-il d’Afrique?» demanda le roi.- « Non,
Majesté, il vient de la terre d’Israël.» De
plus en plus perplexe, le roi demanda si cet
objet devait être utilisé dans les corridas
mais Rav Metzger expliqua poliment que
le judaïsme interdisait de faire souffrir les
animaux inutilement. 44
Il y a quelques années, le Roi Juan Carlos
d’Espagne invita le Grand Rabbin d’Israel
Rav Yonah Metzger à la commémoration
du 800 ème anniversaire du décès de Maïmonide, l’illustre Rabbi Moché Ben Maimone,
dit Rambam, médecin, philosophe, talmudiste et surtout décisionnaire hors du commun; le Rambam est né à Cordoue.
Durant la cérémonie, Rav Metzger offrit
au roi un magnifique Shofar, très long et
recourbé; le Shofar avait, de plus, été serti
d’argent et la couronne royale était gravée sur la garniture argentée. Le roi Juan
Carlos l’examina longuement et demanda
quelle en était l’origine, Rav Metzger parlait en hébreu tandis que l’ambassadeur
d’Israël en Espagne, M.Victor Harel, assu-
« Alors quel est l’usage de cette corne d’animal ? » continua le roi. Rav Metzger profita
de cette conversation pour rappeler au roi
un chapitre douloureux de l’histoire des
Juifs d’Espagne, le roi l’écouta attentivement : « Majesté! Ce cadeau unique en son
genre, nous permet de clore définitivement
la boucle de l’histoire. Il y a plus de cinq
cents ans, l’Age d’Or du judaïsme espagnol
prit fin brutalement quand votre ancêtre, le
roi Ferdinand et son épouse Isabelle expulsèrent mes ancêtres, suite à l’incitation de
l’Inquisiteur Torquemada. « Les Juifs qui
avaient tant contribué au développement
de leur pays durent s’enfuir en abandonnant tous leurs biens pour s’installer sur
d’autres terres plus hospitalières, mais
certains préférèrent rester en Espagne. Ils
se convertirent tout en observant secrètement leurs lois et coutumes.
Ils se conduisaient comme de dévots
catholiques, mais respectaient les lois de
la Torah clandestinement, allumant par
exemple leurs bougies de Shabbat dans des
placards afin que personne ne le remarquât. Les jours de fête, ces « Marranes » se
rassemblaient secrètement dans des caves
pour prier. D’ailleurs notre prière de Kol
le shofar
Nidré, au début de l’office de Yom Kippour,
est attribuée à ces Marranes qui ainsi annulaient leurs déclarations d’appartenance
au catholicisme.
roi, la reine, les ministres et les courtisans
s’assirent au premier rang; le reste des
auditeurs prirent place à l’arrière. Parmi
eux, se trouvaient de nombreux marranes.
Ils priaient avec une ferveur rare, mais à
voix très, très basse, de façon à n’être pas
découverts par l’Inquisition qui torturait et
brûlait « les hérétiques» en public sur des
bûchers. Pour Roch Hachana, ils étaient
confrontés à un dilemme: certes, la prière
pouvait être chuchotée, sans attirer l’attention des voisins, mais le Shofar ?
Les musiciens présentèrent différents instruments, de la flûte du berger à la trompette du soldat, mais, à un moment donné; le chef d’orchestre lui-même proposa de sonner dans une corne de bélier, qu’il présenta
comme le plus ancien instrument à vent
connu. Le roi et la reine s’intéressèrent à
cette curiosité, ils contemplèrent l’instrument puis le maître la porta à sa bouche
tandis qu’au fond de la salle, les marranes
prononçaient à voix basse les deux bénédictions: la première: « Béni sois-Tu Eternel, notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous
a sanctifiés par Tes Commandements et
nous a ordonné d’écouter le son du Shofar» et la deuxième: « Béni sois-Tu Eternel, notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous
Un chef d’orchestre, juif d’origine, trouva
une solution originale. Il proposa au roi
d’organiser un concert gratuit pour présenter divers instruments à vent, venus de tous
les pays, de toutes les époques. Le roi qui
adorait la musique en fut enchanté. Le chef
d’orchestre proposa une certaine date qui
de fait s’avérait être Roch Hachana. Le
45
D’ICI E T D’AI L L EU RS
a fait vivre, nous a maintenus et nous a fait
parvenir à ce temps présent».
Le chef d’orchestre sonna du Shofar, comme l’exige la Halakha et tous les
spectateurs se turent. A la fin de la prestation, on l’applaudit…
« Aujourd’hui, Majesté, continua Rav
Metzger, nous nous rencontrons cinq cents
ans plus tard, dans des circonstances bien
plus amicales. En tant que Grand Rabbin d’Israël, je suis heureux de revenir en
Espagne. Je vous remercie au nom de notre
peuple car maintenant les Juifs peuvent
vivre librement dans votre pays, ils y jouissent d’une totale liberté de culte et à Roch
Hachana, ils peuvent sonner du Shofar
dans les synagogues restaurées.
46
Aujourd’hui je peux, Dieu en soit loué,
vous offrir publiquement ce Shofar sans
me cacher, car vous êtes un souverain
soucieux de la démocratie. Maintenant en
Espagne, tout le monde peut prier sans
crainte à sa guise!! En acceptant le Shofar,
le roi déclara: « Monsieur le Grand Rabbin !
j’ai reçu de nombreux cadeaux et trophées
de nombreux chefs d’états des quatre coins
du globe. Mais ce cadeau-là est porteur
d’une signification historique et je vous
suis extrêmement reconnaissant pour ce
Shofar et pour ce récit!»
Rav Metzger déclara alors au roi qu’il souhaitait le bénir, comme cela est recommandé par les Sages. Tous deux se levèrent,
Rav Metzger ferma les yeux, leva ses mains
vers la tête du roi et prononça la bénédiction avec une grande ferveur. Quand il
eut terminé, Rav Metzger ouvrit les yeux
et s’aperçut alors que le roi, saisi d’émotion, pleurait sans chercher à le cacher…
Source : http://www.juif.org/le-mag/217,leshofar-du-roi-d-espagne-juan-carlos.php
****************
Historiquement, la mère du roi Ferdinand
Ier qui signa en 1492 l’expulsion des Juifs
d’Espagne et laissa l’Inquisition s’installer
pendant des siècles, s’appelait Jeanne Enriquez. Le grand-père paternel de Jeanne
Enríquez est Alonso Enríquez, seigneur
de Medina de Rioseco (1354-1429) dont le
père est Fadrique de Castille et la mère,
Paloma Bat Gedaliah (née juive), petitefille de Shlomo Ha-Zaken ben David, que
la tradition fait descendre d’une branche
issue du roi David par les exilarques de
Babylone. C’est ainsi que son arrière-petitfils Charles Quint descendrait de ces Juifs
de Babylone.
Document : Publications des généalogistes H.R.Moser et Vajay, INRIA 2005 ■
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Humour juif
Dieu a eu pitié de Job
Une fête de famille
On demanda à Kolev Letz pourquoi Dieu
avait tout pris à Job, sauf sa femme. Et
Kolev répondit :
– Parce que Dieu savait qu’il rendrait tout à
Job en double exemplaire. Et il a eu pitié
de lui....
Kolev Letz était allé trouver un riche parent
pour lui demander de l’argent. Au début, le
riche voulut refuser, mais voyant que Kolev
était prêt à s’installer chez lui et n’avait pas
l’intention de s’en aller les mains vides, il
lui donna un peu d’argent et lui dit d’un ton
ferme de ne plus remettre les pieds chez lui,
sauf pour les fêtes de famille. Kolev s’en
alla et revint au bout de quelques heures.
L’autre se mit en colère :
– Je t’avais dit de ne plus mettre les pieds
chez moi, sauf pour les fêtes de famille.
– C ’est bien pour ça que je suis revenu !
dit Kolev. En chemin, je me suis représenté quelle fête cela devait être pour
votre famille d’être débarrassé de
moi. Alors j’ai suivi vos instructions et
je suis revenu !
************************
Du poisson frais
48
Kolev Letz entre dans une auberge. On lui
sert du poisson. Kolev regarde le poisson
et se penche dessus, comme s’il lui murmurait un secret. L’aubergiste s’approche
et demande :
– Q u’est-ce que vous chuchotez au poisson,
reb Kolev ?
– Oh, je bavarde avec lui. Je lui ai demandé
d’où il venait, par exemple. Il m’a dit qu’il
venait de la Dvina. Je lui ai demandé
quelles étaient les dernières nouvelles de
là-bas. Il a répondu qu’il ne savait pas, car
cela fait au moins un mois qu’il est parti !
************************
************************
Kolev Letz vécut durant la 1ère moitié du
19ème siècle. Le surnom Letz, qui signifie
"bouffon", indique peut-être qu’il était un
bouffon professionnel, autrement dit un
"badkhann". On raconte qu’il vivait à Drouïa
et qu’il mourut noyé dans la Dvina. (Drouïa
est un shtetl du gouvernement de Wilné sur
les bords de la Dvina occidentale, aujourd'hui
région de Vitebsk, en Biélorussie) On ne sait
presque rien de lui, mais ce n’est manifestement pas un personnage imaginaire : d’après
le folkloriste Drouïanov, il existe encore à
Drouïa des descendants de Letz.
■
Extrait de "Contes populaire juifs
d’Europe orientale" Ed. José Cortti,
Paris 2004
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