le shofar revue mensuelle de la communauté israélite libérale de belgique N° d’agréation P401058 SEPTEMBRE 2010 — n°317 / Tichri - Hechvan 5771 synagogue beth hillel bruxelles CHANA TOVA ! n°317 septembre 2010/ Tichri/Hechvan 5771 N° d’agréation P401058 re v ue mensuelle de l a communauté isr aélite libér ale de belgique EDITEUR RESPONSABLE : Philippe Lewkowicz REDACTRICE EN CHEF : Monique Ebstein COMITÉ DE RÉDACTION : Rabbi Abraham Dahan, Monique Ebstein, Ralph Bisschops, Gilbert Lederman, Philippe Lewkowicz, Serge Weinber, Emmanuel Wolf Ont participé à ce numéro du Shofar : Laure Jordant-Sajet, Ernest Moskovic. Secrétaire de Rédaction : Giny Susswein Mise en page : www.inextremis.be Crédits photos : Serge Weinber Le Shofar est édité par la COMMUNAUTÉ ISRAÉLITE LIBÉRALE DE BELGIQUE A.S.B.L. N° d’entreprise : 408.710.191 Synagogue Beth Hillel 80, rue des Primeurs, B-1190 Bruxelles Tél. 02 332 25 28 Fax 02 376 72 19 www.beth-hillel.org [email protected] CBC 192-5133742-59 IBAN : BE84 1925 1337 4259 BIC : CREGBEBB RABBIN : Abraham Dahan président exécutif : Philippe Lewkowicz CONSEIL D’ADMINISTRATION : Président : Gilbert Lederman Avishaï Ben David, Ralph Bisschops, Anne De Potter, Monique Ebstein, Patrick Ebstein, Paul-Gérard Ebstein, Ephraïm Fischgrund, Josiane Goldschmidt, Gilbert Lederman, Willy Pomeranc, Elie Vulfs, Serge Weinber, Jacqueline Wiener, Emmanuel Wolf. Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs. Sommaire 05 LE MOT DU PRESIDENT EXECUTIF 07 LE MOT DE NOTRE RABBIN Eloul, Tichri par Rabbi Abraham Dahan 09 Lettre de la rentrée par Monique Ebstein 11 Voeux JUDAÏSME 12 Qu’en pense Rashi ? 12 Par Gilbert Lederman 14 Par Monique Ebstein Moses Mendelssohn (1729-1786) VIE COMMUNAUTAIRE 18Une petite-fille écrit à son grand-père Henri Lindner, par Laure Jordant, née Sajet 20 Interview de Josiane Goldschmidt par Monique Ebstein 24 Agenda 28 Les fêtes de Tichri à Beth Hillel 31Raconte-moi Paul-Gerard… Par Ernest Moskovic 20 32 Carnet 33 Rubrique gourmande Recettes recueillies par Giny ACTUALITé 34Prix de la paix des libraires décerné à David Grossman (source AFP) 35Un philanthrope bien connu s’engage en faveur des mariages mixtes (source : Janice Arnold, Canadian Jewish News) 37Ces jeunes Palestiniens qui vont pour la première fois à la mer, grâce à trois Israéliennes (source : Laurent Zecchini « Le Monde ») 31 Lu pour vous 39 J’avais 20 ans. J’avais connu l’enfer. Mémoires d’un rescapé des camps nazis. de Benjamin Silberberg. Par Rabbi Abraham Dahan 40 L’Herne Scholem, Cahier dirigé par Maurice Kriegel par Monique Ebstein 41 Chère Mademoiselle, Patrice Cabanel, Alice Ferrières par Monique Ebstein D’ICI ET D’AI LLEURS 44 Le Roi d’Espagne et le Shofar 44 48HUMOuR Juif L e m ot du pr és i d ent TALMIDI Le Talmud Tora de Beth Hillel Tous les mercredis de 14h00 à 16h45 le shofar L E M OT D U PRÉSI D EN T é x ec ut i f Une année de défis Philippe Lewkowicz, Président Executif Très chers amis, Après les bilans en fin d’année, la rentrée est le moment d’exposer les projets pour le futur proche. Vous recevrez ce Shofar à la veille des fêtes de Tishri. L’organisation de ces moments si importants de notre vie communautaire est le premier défi de la rentrée. Bien sûr nous en avons déjà l’expérience, mais elle ne suffit pas car Rosh Hashanah et Yom Kippour sont des moments où il est essentiel, chaque année, de recréer cette unité communautaire, cette communion qui permet à chacun et à chacune d’entre nous de s’immerger dans une atmosphère qui lui permette de vivre à son propre rythme, des moments de prière, de réflexion personnelle et de partage. Cela ne se commande pas, mais je suis confiant, car les fidèles de Beth Hillel viennent justement parce qu’ils veulent partager cette « nechama », cette « nechoumeh » comme mon père disait en yiddish, cet esprit qui, excusez-moi l’expression un peu triviale, nous fait sentir dans nos tripes notre identité avec toutes ses composantes historiques et actuelles. C’est aussi elle qui nous porte pour l’accomplissement de nos projets et nous fait sentir combien tout est plus facile quand nous sommes ensemble. Nous aurons le plaisir d’accueillir M. Marc Neiger qui effectuera dans notre communauté le stage de dernière année de ses études de rabbinat au Leo Baeck College. Marc Neiger a déjà une expérience de la vie professionnelle et une nouvelle vocation l’a poussé vers le rabbinat. Il sera présent à Tishri et, de concert avec notre hazzan Samuel Lison, il assistera rabbi Dahan. Avec l’accueil de rabbins stagiaires, Beth Hillel ne poursuit pas seulement le processus de recherche d’un nouveau rabbin, mais contribue également au développement du mouvement juif libéral. Puis il y aura la rentrée du Talmud Torah, vous lirez plus loin l’interview de Josiane Goldschmidt, la directrice de notre école. Elle a préparé pour l’année à venir une nouvelle grille pédagogique. Ce défi, récurent, est fondamental car il concerne ce que nous avons de plus précieux, nos enfants, leur avenir et donc aussi l’avenir de notre communauté. En novembre nous aurons, pour la troisième fois, la visite de l’atelier théâtral de l’internat Levovitch de Natanya. Ce projet est lourd, tant en ce qui concerne le financement que l’organisation, mais les expériences passées ont montré tellement de résultats positifs sur tous les points que nous ne pouvions pas ne pas le faire. J’y reviendrai en détail dans le prochain numéro du Shofar. Tout cela n’est que la partie la plus visible, il faut aussi aller de l’avant dans la refonte de notre site web, dont la première mouture a montré ses limites, ainsi que dans la finalisation du catalogue informatique de la Bibliothèque qui entretemps s’est enrichie de nombreux livres. 5 L E M OT D U PRÉSI D EN T é x ec ut i f Et nous continuons bien sûr les autres activités cultuelles, culturelles, festives et sociales et sans oublier bien sur la parution régulière du Shofar. Pour faire tout cela, nous avons deux outils aussi indispensables l’un que l’autre. Le premier, qui fait toute la qualité de notre communauté, ce sont les bénévoles, femmes et hommes, qui se donnent sans compter et qui ont besoin plus que jamais de renforts. Le second, tout aussi important est l’argent, qui en ces temps de crise est plus difficile à obtenir, là aussi nous comptons sur chacun de vous. 6 Le dernier défi relève de toutes les communautés libérales dans le monde et concerne le dépôt d’un projet de loi à la Knesset qui, pour la première fois dans l’histoire, soumettrait légalement les conversions à l’autorité du grand rabbinat et par cela interdirait toute conversion non orthodoxe en Israël. Ce projet va à l’encontre de l’évolution de la société israélienne et fait peser une menace sur la reconnaissance des conversions non orthodoxes effectuées en diaspora, il va à l’encontre aussi des jugements de la Cour Suprême d’Israël qui de plus en plus entend donner sa place à tous les mouvements religieux. Il va à l’encontre aussi de la politique déclarée du gouvernement israélien qui entend faire d’Israël le foyer national de tout le peuple juif. Espérons que ce projet n’aboutira pas. Beth Hillel comme beaucoup de communautés libérales a écrit en ce sens au Premier Ministre de l’Etat d’Israël et la réponse reçue de son cabinet confirme la décision du gouvernement de favoriser la négociation et de ne pas briser l’unité du peuple juif. Par cette liste de défis et par le rappel de nos missions, je voulais évoquer la vitalité de notre communauté et vous inviter à partager la fierté de faire d’en faire partie. Je souhaite à toutes et à tous, une belle année 5771 dans la santé, la paix et la prospérité. Chana tova et cordial shalom 30 véhicules de remplacement boîte manuelle 5 véhicules de remplacement boîte automatique 2 camionnettes Disponibles et gratuits Dépannage gratuit sur Bruxelles Prise et remise à domicile gratuite Nous sommes »conventionnés » par la totalité des compagnies d’assurances Rue de Boetendael, 132 - 1180 UCCLE Tel 02.345.60.88 - Fax 02.343.55.66 www.fadanlongchamp.be ■ L E M OT D E N OT RE RABBI N le shofar Eloul, Tichri Par Rabbi Abraham Dahan Déjà la fin de l’été. Aux jours torrides et à l’éblouissante lumière de juillet et août succèdent les douces clartés de septembre. C’est aussi la fin des vacances, la fin de l’intervalle d’insouciance; le retour au travail, chacun reprend son ouvrage. La vie et ses exigences reprennent leur course. C’est encore à ce moment que notre calendrier millénaire nous ouvre sur un temps singulier, comme si nous entrions dans une chambre d’écho un peu magique qui nous renverrait non seulement notre voix, mais aussi le poids de nos actes. Un temps plus dense, un appel qui vient du fond des âges, silencieux et puissant. Eloul sera cette année le 11 août. Il précède et prépare Tichri. Il est déjà, le temps de la conscience et de la mémoire; quel sens, quelle direction donnons-nous à nos vies? Je me souviens, j’étais encore enfant, quand arrivait Eloul j’étais interpellé, étonné par ces transformations, cette incroyable coïncidence: la fin des vacances, l’arrivée de l’automne et, dans la communauté, un changement de rythme marqué paradoxalement par une certaine nervosité, car il fallait être prêt pour les jours de Tichri et, en même temps, un apaisement dans les paroles entre les gens – plus fraternelles – le rapport au travail moins acharné, comme ralenti, pour ouvrir un espace à plus d’intériorité, à la prière, à la réflexion et à l’étude. Sans le savoir d’une façon précise, toute notre communauté rejoignait les demandes et les enseignements du ShoulHan ArouH: « Les 40 jours qui vont du 1er Eloul jusqu’au 10 Tichri sont Yemé ratzon, des jours de bonne volonté. Bien que tous les jours de l’année, le Saint béni soit-Il agrée la repentance, la tchouva de ceux qui font un effort sincère, ces jours-là sont particulièrement propices. Ce sont des jours de miséricorde où le Saint béni soit-Il change son trône de rigueur en trône de compassion. Car c’est le 1er Eloul que Moshe monta au Sinaï et il en revint le 10 Tichri, 40 jours plus tard, avec les Tables de la Loi et le pardon entier pour son peuple. C’est pourquoi le 1er Eloul doit résonner en nous comme un petit Yom Kippour. Beaucoup de versets de la Bible sont interprétés dans ce sens par nos rabbis: Exode 21.13 « A celui qui aura mal agi sans le faire exprès, je réserverai une fenêtre de pardon… » Les initiales des mots de ce verset donnent le mot ELOUL. Deut. 36 « L’Eternel circoncira ton cœur et le cœur de ta postérité » Les initiales des mots de ce verset forment ELOUL. Ces deux versets feraient allusion à la tchouva, la repentance. Cantique des cantiques 6.3 « « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à 7 L E M OT D E N OT RE RABBI N moi » Les initiales donnent encore ELOUL et nos Sages enseignent que ce verset fait allusion à la prière qui est comme le chant des amoureux. lesquels nous lisons lors de la prière du matin des textes magnifiques du prophète Isaïe. Textes de réconfort, de confiance et de consolation. Esther 9.22 « Chacun vers son prochain et des dons aux pauvres… » Il s’agit là de la tsedaka. La tradition prescrit de se recueillir durant ces jours, surtout la veille de Roch Hachana et de Yom Kippour, au cimetière, non pour invoquer les saints et les justes qui y sont enterrés – car cela est interdit (voir Deut 18.11) – mais pour penser aux bons et aux justes qui sont là et que, par leurs mérites, le pardon nous soit accordé. Ce recueillement nous rappelle aussi notre finitude, le temps qui passe et nous presse d’ouvrir nos vies au Bien. Nous retrouvons là les trois exigences de Roch Hachana et de Yom Kippour, qui reviennent tout au long du service religieux, comme un leitmotiv: Tchouva, tfila, tsedaka ma’avirim et roa hagzera. La repentance, la prière et l’action bonne font passer le mal, la souffrance du décret. 8 Depuis le 1er Eloul jusqu’à Yom Kippour il ne faut pas oublier d’ajouter aux lettres que l’on s’écrit la formule ktiva veHatima tova, puissiez vous être inscrits et scellés pour une année bonne. C’est aussi le temps de la prière pour tous ceux que nous aimons, nos familles, nos connaissances et surtout pour ceux que frappe la maladie. » Depuis le chabbat qui suit Ticha Be’Av jusqu’à celui qui précède Roch Hachana, il y a sept semaines. Sept chabbatot, pendant Le veille de Roch Hachana, il faut se raser soigneusement, se laver, s’habiller en vêtements de fête, car si ces jours sont graves, ils sont aussi heureux parce que marqués par la confiance en le pardon de Dieu. Il faut participer à la prière par la présence, la lecture de textes ou la montée à la Tora, mais surtout apaiser les tensions et demander pardon à ceux que l’on a pu offenser et délier les engagements et promesses que l’on n’aura pas pu tenir. ■ Le Shofar de Roch Hachana ? C’est l’appel à la prière, le rappel de l’importance de ces jours de Roch Hachana et de Yom Kippour, le cri quand les mots ne suffisent plus à dire le cœur de l’homme. La mémoire, enfin, la corne du Shofar, c’est celle du bélier du sacrifice d’Abraham. Aller jusqu’au bout de l’amour, mais ne jamais tuer au nom de Dieu. C’est le signal de la répulsion des sacrifices humains, le refus du culte du martyre et de la croyance si commune que le sang rachète. Croyance, hélas, encore profondément inscrite dans tant de cultures et de religions. Yom Kippour C’es le jeûne absolu, le retrait total de tout ce qui marque le quotidien. Un jour par an, c’est comme si chaque Juif se faisait moine. Tourner son cœur et ses yeux vers l’intérieur, regarder en soi sans complaisance, comme devant un miroir de vérité, et décider de changer et de poser des actes qui construisent et éclairent plus encore le rayon de l’humain. L e tt r e d e l a r ent r ée le shofar Chers lecteurs, Lorsque ce nouveau n° du Shofar paraîtra, nous serons presqu’en 5771, et comme notre rabbin, nos présidents et tout le CA, je voudrais souhaiter que cette nouvelle année soit bonne et heureuse pour vous et tous ceux qui vous sont chers. Ces vœux, nous les exprimons très sincèrement chaque année, et pourtant nous savons que chaque année qui commence apportera des joies, mais aussi des peines et des difficultés. Nous ne pouvons pas nous cacher que le monde dans lequel nous vivons est dur et angoissant. Regardons autour de nous : les dangers de conflits armés, une économie mondiale que les hommes politiques ont du mal à réguler, des inégalités toujours plus criantes, la pauvreté, la violence en constante augmentation, mais aussi les catastrophes naturelles, imprévisibles et indomptables. ment de l’âme juive, apporter une petite pierre à l’édifice du Judaïsme que nous construisons, jour après jour, pour nousmêmes, pour nos enfants, pour notre communauté. Il voudrait, dans ce monde qui fait parfois peur, montrer que le Bien n’en est pas absent, et qu’il suffit de le chercher pour le trouver et s’en émerveiller. Le Shofar qui retentira pendant nos prochains offices est une voix dont la sonorité nous fait frémir jusqu’au plus profond de nous-mêmes. Il nous rappelle dans un même retentissement l’âpreté, mais aussi la beauté et la grandeur de la vie juive. Dans ce numéro, nous nous réjouissons particulièrement du Prix de la Paix que les libraires allemands décerneront au mois d’octobre à l’écrivain israélien, David Grossman, atteint dans ce qu’il avait de plus cher par la mort de son fils tué en 2006, la veille de la cessation des combats, qui pourtant « dans ses romans, ses essais et ses récits, tente de comprendre et de décrire non seulement sa position, mais aussi celle de ceux qui pensent autrement ». Nous sommes heureux de vous présenter Alice Ferrières, cette « Juste des Nations » dont toute la vie a été guidée par un idéal exigeant de justice. Et c’est aussi avec émotion que nous vous rapportons cette belle initiative de trois Israéliennes qui permet à des enfants palestiniens de voir la mer, ne serait-ce qu’une fois dans leur enfance. Le Shofar, votre journal, à chaque nouvelle parution, voudrait prolonger ce frémisse- Pour reprendre la métaphore d’A.Y. Heschel, ce que les Juifs « bâtissent dans le temps» Envie de nous écrire ? de participer à la rédaction du Shofar ? N’hésitez pas et contactez nous ! 9 L e tt r e d e l a r ent r ée 11, Place G. Brugmann 1050 Bruxelles est tellement immense qu’une vie humaine année l’étude de la Haskala qui culmine n’y suffit pas ; ce qu’ils construisent est avec Mendelssohn et permettra TélMoses : 02/346.33.55 l’œuvre de chaque génération succédant ensuite que se développe le courant du à la génération précédente. Votre Shofar Judaïsme libéral. Tél : 02/343.94.82 voudrait, avec la modestie de ses moyens, ouvrir des portes pour que ses lecteurs s’y Shana tova ■ www.lecobel.be engouffrent et partent à la découverte de trésors qui ne font qu’attendre d’être découverts. C’est pourquoi nous entamons cette Monique Ebstein, Rédactrice en chef 10 Désirez-vous recevoir notre lettre electronique hebdomadaire ? Abonnez-vous gratuitement au E-shofar ! Faites-nous connaître votre adresse e-mail à l’adresse suivante : [email protected] ou via notre site www.beth-hillel.org Vœux le shofar Vœux La Rédaction du Shofar présente à ses lecteurs et à ses amis ses meilleurs vœux de Shana Tova pour une nouvelle année remplie de toutes les lumières qui permettent à l’homme de s’épanouir matériellement et culturellement. Elle les remercie de leur fidélité et espère qu’ils trouveront au cours de l’année à venir le même plaisir à lire le Shofar qu’elle a eu d’intérêt à l’écrire Shana Tova ou Metouka Le Conseil d’Administration, Rabbi A. Dahan et le Staff de la CILB- Synagogue Beth Hillel souhaitent une belle année 5771 aux membres de la communauté ainsi qu’à tout le Yishouv. Nous vous souhaitons une année de santé, de succès et d’harmonie entourés de ceux qui vous sont chers. Shana Tova ou Metouka Toute la Communauté Israélite Libérale de Belgique - Synagogue Beth Hillel présente ses meilleurs vœux de Rosh Hachana à S.E. Madame Tamar Samash, ambassadeur de l’Etat d’Israël en Belgique. Que le peuple israélien puisse respirer cette année le doux parfum de l’espoir de paix et qu’il trouve en lui les ressources pour continuer, malgré toutes les difficultés, à insuffler à ses enfants la joie de la vie et de l’étude. Que Guilad Shalit soit enfin libéré et puisse avec les siens entendre le son du shofar Shana Tova ou Metouka Le Conseil d’Administration de Gan Hashalom et les bénévoles de la Hevra Kaddisha présentent aux membres de la communauté leurs vœux de bonne santé pour 5771. Shana Tova ou Metouka 11 J U DAï s m e Qu’en pense Rashi ? Par Gilbert Lederman 12 Source inépuisable d’intelligence et d’écrits lumineux, Rashi est fréquemment évoqué lors des commentaires de nos offices. Moment de délectation : lorsque le rabbin à la teva pose la question : « Qu’en pense Rashi ? ». Cette intervention porte en soi toute la saveur du judaïsme : le questionnement permanent, l’appel à une référence ou une tradition, la recherche du sens et le regard vers l’autre. Né à Troyes en 1040 et décédé en 1105, Rashi vient de l’acronyme Rabbi Shlomo Izhaki. Issu d’une noble lignée, le jeune champenois hérite d’une solide tradition, qu’il complète ensuite dans les académies juives rhénanes de Worms et de Mayence. Dès l’âge de 20 ans, il s’impose comme un maître du commentaire de la Torah. Il fonde une école talmudique et, refusant de tirer profit de son activité spirituelle, mène une vie professionnelle active. Il devient viticulteur et marchand de vin cacher à l’instar de son père. Alors que le judaïsme de Babylone est en déclin, les communautés du monde entier le consultent. Il répond aux questions des visiteurs, marchands et lettres. Il rédige plus de trois cent cinquante responsa, un commentaire complet de la Bible et la quasi-totalité du Talmud. Ses responsa sont révélateurs de son approche libérale sur les questions du rituel. Doué d’une mémoire et d’une connaissance encyclopédiques, il parvient à reconstituer par sa seule intuition la disposition du Tabernacle. L’inspiration de ses commentaires lui vient lorsqu’il entend un père se tromper lors de l’explication d’un verset à son fils. Rashi tache alors de réunir dans un commentaire les réponses aux questions qu’un enfant de cinq ans pourrait se poser. Rashi ne se lance pas dans des discussions savantes mais, restitue tous les moyens de compréhension des textes antiques. Pour ce faire, il retranscrit l’opinion des maîtres de la tradition, en sélectionnant celle qui correspond le mieux au sens premier du texte. Il recherche avant tout la clarté de la pensée et la limpidité du style. Il arrive que Rachi conclue avec une humilité étourdissante : ’Je ne sais pas’. Aucun sage ne l’a répété avant lui avec autant de franchise. Dans ce cas, le sage rapporte les différentes explications possibles en soulignant que les opinions sont partagées ou qu’elles correspondent à d’autres niveaux de lectures. le shofar Rashi nous étourdit par sa recherche insatiable du sens. Rien ne l’arrête. Enfoncer des portes closes, marcher hors des sentiers battus, s’opposer à des interprétations courantes, casser l’écorce d’une pensée et en déceler enfin le sens profond avec des mots simples et concis, voilà l’objet ultime de sa démarche. Prenons un exemple, avec le verset : « Et tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Selon Rashi, cette loi est universelle. Elle s’applique à tous les hommes. Pas seulement aux juifs. La Loi n’est pas déshumanisée. Elle engage toujours l’être humain. C’est donc à son niveau qu’il faut la considérer. Ce rabbin médiéval français reste célèbre jusqu’à aujourd’hui pour son exégèse juive de la Bible et du Talmud. Si un vrai maître se définit par la qualité de ses disciples, alors Rashi émerge parmi les figures les plus influentes de la pensée juive. Que l’on continue donc à évoquer ses commentaires dans nos offices avec cette prometteuse introduction : Qu’en pense Rashi ?... ■ Aphorismes de Rashi L’ensemble des six cents treize commandements est inclus dans le Décalogue. Tout plan formulé dans la précipitation est insensé. Les maîtres apprennent des discussions des élèves. Celui qui étudie les lois et ne comprend pas leur sens ou ne peut expliquer leurs contradictions n’est qu’un panier plein de livres. Ne blâme pas un compagnon de manière à lui faire honte en public. Obéir par amour est mieux que d’obéir sous l’effet de la peur. Par sympathie Famille Hirschfeld-Gradom 13 J U DA Ï SME Moses Mendelssohn (1729-1786) Aufklärung, Lumières, Enlightment, Haskala La naissance de la modernité (1650-1800) Par Monique Ebstein 14 Au 17ème siècle, la philosophie de Descartes (1596-1650) basée sur la raison, bouleversa l’Europe, la plongeant dans un questionnement intellectuel et spirituel sans précédent. C’est pourquoi, après la mort de ce philosophe, on assista à un processus général de rationalisation et de sécularisation qui mina l’autorité de la théologie en tant que savoir incontestable. La croyance dans le surnaturel et les pratiques magiques furent l’objet d’un rejet sceptique. Une grande partie de la population se mit à contester Dans de précédents numéros du Shofar, nous avons On peut considérer ouvertement tout l’héritage du passé : la véracité de la vu, que le tournant des 15 ème que le monde Bible, la foi en un Dieu peret 16 ème siècles avait permis intellectuel était sonnel et transcendant, la le passage du Moyen Age à la Renaissance. Le pouvoir alors divisé en trois Providence, les miracles, les absolu de l’Eglise avait été courants majeurs. esprits et les démons. Cet esprit contestataire mit en contesté par la Réforme, question également le poucelui de l’Empereur par les voir politique de droit divin, Princes et les Rois, mais jamais la foi en Dieu, la religion, le régime c’est à dire toute l’assise de la société. Il ne monarchique n’avaient été mis en question. s’agissait plus d’une querelle entre cathoLa civilisation occidentale reposait sur un liques et réformés, comme au temps de la Renaissance, mais d’une lutte entre la foi bloc solide : la foi, la tradition et l’autorité. et l’incrédulité. On voulait à présent savoir Cependant une véritable révolution intel- si Dieu existait, si oui, quelle était sa nature lectuelle se mit en marche, due en grande et s’il pouvait y avoir une forme valable partie aux découvertes scientifiques de religion. qui, de Copernic (1473-1543) à Newton (1642-1727), en passant par Galilée (1564- En ce même 17ème siècle, Baruch Spinoza 1642) et Kepler (1571-1630), avaient fait (1632-1677), naquit à Amsterdam, dans une avancer les sciences dans le domaine famille juive d’origine portugaise, et il se des mathématiques, de la médecine détacha de l’orthodoxie juive. Redevable et de l’astronomie. à Descartes d’une partie de sa méthode de Dans l’histoire de la pensée, il n’y a pas de génération spontanée. Aucun philosophe n’apparaît sans qu’il y ait filiation avec les courants qui l’ont précédé, filiation dans la continuité ou dans l’opposition. Qu’est-ce qui, à la fin du 17ème siècle a bien pu provoquer cet immense bouillonnement intellectuel qui, pendant plus d’un siècle, a bouleversé les idées et abouti à la Révolution française de 1789, puis à toutes les autres révolutions européennes? le shofar construction logique, et aux philosophes de la Renaissance de l’idée de la Nature une et infinie, son influence sur les philosophes postérieurs fut immense, tant dans les domaines religieux que philosophique et politique. Les autorités rabbiniques prononcèrent contre lui le « hérem» (excommunication), et combattirent vivement ses idées, car pour Spinoza, Dieu n’est pas un Dieu proche de l’homme, un Dieu Providence, mais un Dieu infini, omniprésent et impersonnel, un Dieu qu’il identifie à la Nature créatrice. Ce bouleversement des idées atteignit même le peuple qui se mit à douter des Ecritures, de l’immortalité de l’âme, à rejeter le paradis et l’enfer. Jamais une autre période de l’histoire européenne n’avait connu un processus de rationalisation et de sécularisation aussi profond que celui qui bouleversa les dernières décennies du 17ème siècle et le début du 18ème. L’histoire des Lumières après 1750 est mieux connue, mais elle n’est au fond qu’une continuation et une consolidation des concepts révolutionnaires qui s’étaient lentement développés tout au long du 17ème siècle. La progression des philosophies et des connaissances scientifiques nouvelles posait aux autorités religieuses des problèmes beaucoup plus délicats que les hérésies et les schismes ne l’avaient fait autrefois, parce qu’il était difficile de distinguer dans ce foisonnement d’idées, ce qui était compatible avec la religion et ce qui ne l’était pas. On peut considérer que le monde intellectuel était alors divisé en trois courants majeurs. Les Traditionnalistes ou scolastiques qui enseignaient une théologie inspirée par la pensée aristotélicienne. Ils voulaient préserver l’enseignement traditionnel de la doctrine religieuse chrétienne, la structure d’une société gouvernée par un souverain et dominée par l’Eglise. Les Lumières modérées ou « Néo-cartésiens», dont certains parmi les plus illustres représentants, Malebranche, Newton, Leibnitz ou Wolff, cherchaient à accorder les récents progrès de la science et des mathématiques à la foi chrétienne et à l’autorité des Ecritures. Ils voulaient cependant éradiquer l’ignorance et la superstition et rejetaient la croyance en la magie, la divination, l’alchimie et la démonologie. Les Lumières radicales, par contre, étaient inspirées principalement par Spinoza et le « spinozisme». Elles se fondaient sur des bases déistes1, voire athées. Elles refusaient tout compromis avec le passé, voulant balayer entièrement les structures religieuses existantes et les croyances traditionnelles: la Création et la Révélation telles qu’elles étaient conçues par la tradition judéo-chrétienne, la Providence, les miracles, et la rétribution des bonnes actions dans l’au-delà. Les Lumières radicales furent républicaines, elles rejetèrent la monarchie de droit divin et manifestèrent des tendances démocratiques et anti- aristocratiques. Ce sont elles qui préparèrent le terreau où germèrent les idées qui engendrèrent la Révolution de 1789. La « Aufklärung» en Allemagne. Le terme allemand employé pour désigner la période qui correspond aux « Lumières» en France, est plus exact que le terme français. Celui-ci suggère en effet un état donné : on pourrait croire que tout d’un coup « la lumière fut». Par contre, Aufklärung, comme Enlightment, signifient un passage progressif vers plus de lumière, c’est à dire plus de raison, un abandon des croyances obscurantistes en la magie et la sorcellerie. Ce fut exactement le cas du cheminement des idées à la fin du 17ème et pendant tout le 18ème siècle. Cependant de très nombreux philosophes ne peuvent être classés sans nuance dans l’une des trois catégories. 1 déisme : Croyance en un Dieu créateur, identique à la Nature, ne s’étant pas révélé à l’homme. 15 J U DA Ï SME C’est le cas de Leibnitz (1647-1716) et de Wolff (1679-1754) qui, tous deux, exercèrent une grande influence sur la pensée de Mendelssohn. 16 qualité de citoyens, les communautés juives à travers toute l’Europe, vivaient quasi séparées du reste de la population, regroupées dans des quartiers qui leur étaient réservés, ou carrément dans des ghettos. De la naissance à la mort, la vie de chaque individu était exclusivement juive. Les jeunes garçons recevaient au héder (école primaire) et dans les yeshivot (écoles talmudiques) un enseignement traditionnel en hébreu, consistant essentiellement en commentaires des textes bibliques et rabbiniques. Pour Leibnitz, il fallait une nouvelle synthèse générale qui puisse ménager la rationalité scientifique et garantir une liberté totale dans la recherche philosophique, tout en établissant des principes fermes sur les questions morales et sociales, afin de défendre la foi, l’autorité et la tradition. Christian Wolff, un des plus éminents professeurs de l’université de Halle (Allemagne), élabora un système Mais à partir de la Révolution française, qui reprenait certains points de Leibnitz, la « Haskala» ou mouvement juif des tels « la raison suffisante», « l’harmonie Lumières se développa. Les Juifs, à présent préétablie», tout en insistant plus que lui admis à exercer les métiers les plus divers, sur la « rationalité mathématique et phi- furent attirés par l’étude des matières prolosophique». Wolff suscita en Allemagne fanes, tout particulièrement la philosophie de terribles controverses qui durèrent et les sciences. de 1723 à 1740. Chassé de Prusse et de Beaucoup de familles juives, l’université de Halle par le étaient très méfiantes à roi Frédéric-Guillaume qui à partir de la l’égard de l’ouverture vers était partisan des traditionRévolution le monde non-juif. Elles nalistes, il fut rappelé avec essayaient de dissuader tous les honneurs par Fréfrançaise, la leurs enfants qui souhaidéric II « le Roi philosophe», « Haskala» ou taient s’engager dans ces fils du précédent souverain. voies nouvelles, car elles En ces années, les Lumières mouvement juif craignaient, non sans raiofficielles dominantes en des Lumières se son, le danger de l’assimilaEurope apparaissaient prodéveloppa. tion. Le judaïsme allemand fondément divisées. Les fut beaucoup plus perméable forces de la tradition étaient à la Haskala que le judaïsme incapables de s’unir contre le déisme1 radical et le spinozisme. Ces polonais où le Baal Shem Tov (1698-1780) bouleversements philosophiques balayè- avait apporté un souffle nouveau au Hassirent les derniers vestiges de la domina- disme, ou que le judaïsme lituanien où les tion théologique en Europe, et firent place « mitnaggedim» pratiquaient une opposià la primauté de la philosophie séculière tion farouche au Hassidisme. et de la science. C’est au milieu de cette période très mouvementée du point de vue politique, spirituel Le monde juif où naquit et philosophique que Moses Mendelssohn Moses Mendelssohn naquit en 1729, à Dessau en Prusse. ■ Jusqu’en septembre 1791, lorsque l’Assem(A suivre) blée Constituante proclama la « naturalité» des Juifs français, c’est à dire leur le shofar Sources Jonathan I. Israël : « Les Lumières radicales» Ed. Amsterdam, Paris 2005. Zeev Sternhell : « Les anti-Lumières» Ed. Fayard, 2006. Paul Hazard : « La crise de la conscience européenne» Ed. Boivin, Paris 1935. David Sorkin : « Moses Mendelssohn, un penseur juif à l’ère des Lumières». (Coll. « Présence du Judaïsme») Ed. Albin Michel, Paris 1996. “Gedenkbuch für Moses Mendelssohn, 1729-1929 “ Ed. Poppelauer, Berlin 1929 Robert Badinter : “Libres et égaux” Ed. Fayard, 1989. Petite chronologie de la modernité 1473-1543 Copernic 1564-1642 Galilée 1571-1630 Kepler 1596-1650 René Descartes 1623-1662 Blaise Pascal 1632-1677 Baruch Spinoza 1642-1727 Newton 1647-1716 Leibnitz 1649Exécution de Charles Ier d’Angleterre - Cromwell 1679-1754 Christian Wolff * 1688-1691Glorieuse Révolution (Angleterre) 1694-1778 Voltaire 1698-1780Baal Shem Tov, dit le Besht 1712-1778 Jean-Jacques Rousseau 1724-1804 Immanuel Kant 1729-1786 Moses Mendelssohn * C hristian Wolff, philosophe allemand. Disciple de Leibnitz, auteur d’un système totalement rationaliste (Philosophie première 1729). Il eut une influence considérable sur la Aufklärung et particulièrement sur la pensée de Kant et Mendelssohn. 17 C O MM U N AU T É Une petite-fille écrit à son grand-père Henri Lindner Chère Laure, Henri Lindner, votre grand-père, nous l’apprécions et nous l’aimons tous ici à Beth Hillel. Henri, c’est une présence discrète et lumineuse en même temps. Chabbat après chabbat il éclaire notre prière par sa réflexion sur la paracha de la semaine. 18 Son commentaire est toujours clair, intelligent lucide et profond, mais surtout toujours en rapport avec la vie. Il a le don si rare de nous faire aimer la Tora en actualisant de façon bouleversante le texte millénaire. Henri ne réduit jamais la Tora à des interdits ou a de la religion moralisatrice. Cela vient peut-être d’une analyse fine que permet une vie riche et dense. La guerre et la barbarie nazie qu’il a connues et combattues n’ont éteint ni sa force intérieure, ni son amour pour notre Tora. Merci de nous avoir envoyé ce texte. Rabbi Abraham Dahan. (suite page 19) ion réduct 10% de ntation du se sur pré hofar S ■ le shofar à Bonpapa Laure Jordant, née Sajet Il était une fois un enfant insouciant Courant les ruelles avec tous ses amis Il se savait aimé, de sa sœur, ses parents Puis un jour tout changea quand le ciel s’obscurcit Un tyran étendit sa folie à l’Europe Désignant pour cause de tous les problèmes Le peuple du Livre, discret et philanthrope Hommes, femmes et enfants, jusqu’au six millionième. Les parents du jeune homme, clairvoyants, avisés, L’envoyèrent juste à temps loin des zones de combat. Pensant faire des études, son destin a changé Quand il reçut une lettre qui dit « Ne reviens pas » Sa famille tout entière décimée au ghetto, C’est alors l’arme au poing que la guerre il vécut De la grande Varsovie à Monte Cassino, Un gamin a grandi, ses illusions perdues. En Belgique, après guerre, quand il a rencontré Son âme sœur, sa moitié, celle qui devint sa femme Il put se reconstruire et fonder un foyer S’occuper de leurs filles fut leur nouveau programme Moi qui suis déjà de la génération suivante Je suis bien la preuve que la vie continue Le passé reste un drame, mais le futur enchante Avec mes propres enfants, ma fierté absolue Bonpapa, nous t’aimons, quel que soit le pays Où nos propres valises se sont un jour posées, Tes petits-enfants ont eux aussi une famille, Par eux ta succession est ainsi assurée. Ta petite-fille qui t’aime 19 C O MM U N AU T É Interview de Josiane Goldschmidt par Monique Ebstein Monique Ebstein Josiane - quand et comment as-tu connu Beth Hillel ? Josiane Goldschmidt - Ma future bellemère suivait des cours de Tanach avec Rabbi Dahan. Elle m’a présentée à lui, et c’est ainsi que je suis venue à Beth Hillel, et comme tu le vois, plus de 30 ans après, j’y suis encore ! Je m’y suis mariée, fin 76. La synagogue était alors située Avenue Albert avant d’être Avenue Kersbeek. Nos deux filles y ont fait leur Bat-Mitsvah. J’ai à présent un petit-fils qui viendra au Talmud Tora chez les « petits ». 20 Elle est membre du CA depuis de nombreuses années, plus précisément depuis la fin des années 80 Enseignante pendant 37 ans, elle est discrète et souriante, elle parle peu, mais agit énormément. Elle détient au sein de notre communauté un poste de première importance et de très grande responsabilité, puisqu’elle est la Directrice du Talmud Tora de Beth Hillel. C’est à elle que s’adressent les parents des futurs Bné/ Bnot Mitsvah lorsqu’ils inscrivent leurs enfants dont elle sera l’interlocutrice tout au long de leur formation, et chaque fois qu’ils auront un problème à résoudre. Dans ce Shofar de la rentrée, nous avons voulu l’interroger, la connaître un peu mieux, afin de la présenter à tous les lecteurs, mais tout spécialement à ceux qui ont l’intention d’inscrire, dans un avenir plus ou moins proche, leur enfant au Talmud Tora. M.E. -Qu’est-ce qui te plaisait, te convenait particulièrement ? J.G. - Je pense que c’est l’esprit ouvert qui y régnait. Je m’y suis sentie immédiatement accueillie. M.E. -Vois-tu une grande différence entre le Beth Hillel d’alors et celui d’aujourd’hui ? J.G. - Non, pas vraiment. Alors que nous avons eu différents rabbins au cours des dernières années, Rabbi Dahan, le fondateur est toujours là. Certes, il y a plus de membres, de nouvelles familles, mais l’âme de Beth Hillel est restée la même. Le CA non plus n’a pas tellement changé. Certains membres sont toujours à leur poste, comme Manu Wolf et Willy Pomeranc. Paul-Gérard Ebstein vient de se retirer après plus de 30 ans d’activité, mais il est à présent notre Président d’Honneur. Ils ont su établir un climat caractérisé par la grande estime le shofar qui existe entre le CA et le rabbin. Je pense que c’est l’esprit ouvert de Beth Hillel qui attire et retient ses membres. me reprochent parfois de n’être pas assez directive avec les professeurs, mais ce n’est pas dans mon caractère, je ne me sens pas une « âme de directrice ». J’aime que les choses fonctionnent bien et en général j’atteins mon but. J’obtiens ce que je veux sans être autoritaire. J’aime par exemple que l’atmosphère des réunions soit sympathique et conviviale, et j’espère y réussir. M.E. -Comment es-tu devenue directrice du Talmud Tora ? J.G. - C’était il y a environ 15 ans. Il y avait un comité du Talmud Tora composé du rabbin, d’un directeur et des professeurs. Le rabbin Berkowitz, qui était alors rabbin stagiaire, m’a introduite au Talmud Tora M.E. -Josiane, concrètement, en quoi comme enseignante, mais je ne savais pas consiste ton travail ? exactement quel devait y être mon rôle. J.G. - Tous les mercredis, je suis à la synagogue de 10h à 17h30. J’ai commencé en mai 1995, A mon arrivée je vérifie si le rabbin Meyer est venu en (…) l’âme toutes les classes sont prêtes septembre de la même année. à accueillir les enfants, j’ai Gaëlle et Mireille étaient de Beth Hillel souvent un entretien avec le alors professeurs. Moi, je Rabbin quant à l’organisapensais simplement les aider est restée tion de l’après-midi. Ensuite, et les assister pour l’organisavers 14h, j’accueille d’abord tion. Puis, l’ancien directeur la même les profs puis les enfants. Je s’est retiré, il a rejoint la synareçois des parents qui désigogue sépharade, et on avait absolument besoin de quelqu’un pour le rent me parler pour quelque problème que remplacer. Il est vrai qu’au début, Manu ce soit : fixer la date de la BM, organisam’a un peu forcé la main, mais j’ai finale- tion des derniers cours avant la fête,….. ment repris le bébé. Or lorsque je donne ma Puis vient le temps du goûter, pour lequel parole je la tiens. Si j’accepte de faire un jusqu’à présent, des bénévoles ont gentitravail, quel qu’il soit, on peut compter sur ment proposé leur aide. Il m’arrive parmoi. J’ai accepté, mais je n’avais aucune fois, lors d’inscriptions en cours d’année, expérience. C’est le rabbin Meyer qui de prendre un enfant pour un cours pars’occupait de tout : il recrutait les profes- ticulier afin de le mettre au même niveau seurs, établissait les programmes, fixait d’hébreu que les autres qui ont commencé l’agenda. A présent, j’ai repris le flambeau. plus tôt dans l’année. Il faut ajouter à ce Lorsque Beth Hillel était encore avenue travail du mercredi les diverses réunions de Kersbeek, c’est à dire jusqu’en 2005, le du CA et de l’équipe éducative. Talmud Tora comptait plus ou moins 70 enfants. Francophones, néerlandophones M.E. -En quoi tu es, de loin, le membre et anglophones étaient mélangés. Je m’oc- du CA le plus présent à Beth Hillel ! cupais surtout de l’organisation des fêtes J.G. - Cela me permet d’avoir des contacts comme Hanoucca et Pourim. Les anglo- réguliers avec le rabbin, le président exécuphones aimant particulièrement le côté tif et Giny, notre secrétaire qui est aussi le festif, nous organisions des spectacles, pilier de la communauté. Je supervise les classes pour être sûre que chacune d’elle faisions venir des magiciens… a le matériel nécessaire pour la bonne J’ai certes, à présent, la fonction de direc- marche des cours. Je suis à l’écoute des trice, cependant je n’ai pas l’habitude de professeurs et des enfants. me mettre en avant. Certaines personnes M.E. -Parle-nous à présent des enfants 21 C O MM U N AU T É 22 qui fréquentent le Talmud Tora de Beth La classe des « petits » est confiée à ChanHillel. As-tu l’impression que les futurs tal. Elle les garde environ 3 ans, plus ou Bné-Mitsva sont conscients de ce que moins de 5 à 8 ans. Elle leur donne quelques notions d’hébreu, l’alphabet à leur rythme. signifie le Judaïsme libéral ? J.G. - Cela dépend en grande partie de Ensuite elle les initie à la Tora en leur leur famille et de l’école qu’ils fréquentent. racontant des histoires, par exemple l’hisBien sûr, comme pour l’enseignement géné- toire de la création, l’histoire du déluge. ral, l’environnement familial est extrême- Elle accompagne ces récits d’une activité ment important. Les enfants viennent chez créatrice en rapport avec le sujet du jour. nous parfois par conviction, mais certains C’est l’occasion pour elle, pendant que n’ont pas d’autre choix. La majorité de nos « les petites mains » s’activent de discuter élèves ne vont pas dans des écoles juives, et encore du sens de la partie de Tora dont ils reçoivent l’essentiel de leur éducation juive viennent d’entendre le récit. à Beth Hillel. Or le nombre La classe intermédiaire d’heures de fréquentation Pourquoi je viens confiée à Martine concerne du Talmud Tora est insuffiles 8/9 à 11 ans, puis la dersant. Le temps manque pour à Beth Hillel ? nière classe où enseigne enseigner tout ce qui devrait Stella est celle de la BM qui être su. Les cours ont lieu de Pourquoi dure 1 ou deux ans, c’est à 14h15 à 16h45 et se répartisje veux faire ma dire jusqu’à la célébration sent en 1 heure d’apprentisBar-Mitsvah ? de la Bar/Bat Mitsvah. Les sage de l’hébreu, et 1 heure 3 ou 4 derniers mois, les d’enseignement du judaïsme Qu’est-ce que enfants vont chez le rabbin (Tora, vie juive, histoire d’Israël), à quoi s’ajoute un le Judaïsme libéral ? pour étudier et approfondir leur parasha. petit goûter, car il ne faut pas oublier que les enfants étudient le mercredi après-midi, alors que leurs M.E. -Es-tu contente du fonctionnement camarades non-juifs peuvent vaquer à leurs du Talmud Tora de Beth Hillel ? J.G. - Il est clair que tout peut, et doit, être loisirs ! constamment perfectionné. Evidemment, Pour que les enfants prennent conscience les enfants qui fréquentent les écoles juives de la spécificité du Judaïsme libéral, Rabbi se sentent supérieurs à leurs camarades Dahan a donné récemment un cours spé- qui viennent des autres écoles. Ils ont de cial aux professeurs. C’est pourquoi, après meilleures connaissances de l’hébreu, et les Fêtes de Tishri, les premiers thèmes que ils connaissent mieux les prières. Ils n’ont l’on abordera seront : Pourquoi je viens à qu’un seul intérêt : étudier leur parasha. Il Beth Hillel ? Pourquoi je veux faire ma Bar- m’est difficile d’arriver à les intéresser, vu Mitsvah ? Qu’est-ce que le Judaïsme libéral ? qu’ils se comportent parfois comme s’ils savaient déjà tout. M.E. - Combien y a-t-il d’élèves inscrits et comment les classes sont-elles réparties ? Je pensais que dans les classes de prépaJ.G. - Il y a 3 ans nous avions environ 50 ration à la BM, il serait bon de mélanger enfants inscrits, aujourd’hui nous en comp- les enfants, les uns faisant profiter les tons environ 30. Si un enfant le désire, ou autres de leurs connaissances. Mais, à mon plutôt si ses parents le désirent pour lui, il avis, il faudra changer cela dans l’avenir. peut suivre le cursus complet du Talmud Il faut trouver une solution pour arriver à créer suffisamment de groupes, dont chaTora et s’inscrire à partir de 5 ans : le shofar cun serait en quelque sorte « spécialisé » afin que chaque enfant puisse trouver ce qu’il cherche dans l’enseignement qui lui est donné. C’est un problème important qui comporte un volet financier et des problèmes de recrutement. Je dois le soumettre au CA afin qu’il prenne une décision. Il faut aussi bien se rendre compte que le CA ne veut pas que Beth Hillel soit considérée comme une « synagogue de service », c’est à dire que des familles peu ou pas du tout pratiquantes, viennent inscrire leur enfant juste le temps de faire une Bar Mitsvah réduite à son strict minimum, avant de disparaître après la célébration. Il est pourtant difficile de refuser l’inscription d’un enfant en arguant d’un tel soupçon ; Beth Hillel se veut avant tout une communauté ouverte, et sa vocation est d’accueillir tous ceux qui à un moment ou à un autre de leur existence, cherchent un endroit qui leur permette de revenir à la vie juive ou de pratiquer un judaïsme plus moderne que celui que leur ont enseigné leurs parents. M.E. -Josiane, comment vois-tu l’avenir ? Qu’attends-tu du nouveau rabbin en ce qui concerne le Talmud Tora ? J.G. - Je ne suis bien entendu pas Mme Soleil et je ne voudrais pas me hasarder à préjuger l’avenir du judaïsme ni celui de notre synagogue. Je suis toutefois très confiante. Quant au futur rabbin, j’espère qu’il insufflera une dynamique nouvelle au Talmud Tora, qu’il saura gagner la confiance et l’affection des enfants, et que dans le cadre de notre structure actuelle, il soutienne et aide les professeurs dans leur engagement, qu’il élargisse et modernise le programme, qu’il nous enrichisse en apportant en plus de ses connaissances, des idées nouvelles et qu’il sache créer des activités nouvelles. M.E. -Une dernière question, Josiane, mais qui me semble importante. Qu’advient-il des « Post Bné-Mitsvah », c’est à dire de ces jeunes après leur BM ? J.G. - C’est effectivement un très gros problème auquel Beth Hillel réfléchit depuis longtemps, mais auquel il n’a pas encore été apporté de solution. Nous avons à présent des idées, mais ce n’est pas moi qui me chargerai de leur réalisation. J’espère que d’autres membres du CA assistés de bénévoles pourront aider le nouveau rabbin à empêcher que ces jeunes qui sont notre avenir ne disparaissent et ne reviennent à la synagogue qu’au moment de leur mariage ! ■ ******************************** M.E. - Merci Josiane pour ce long entretien très instructif et bravo pour ton travail ! Merci aux professeurs du Talmud Tora qui semaine après semaine, année après année, prennent nos enfants pas la main pour les conduire à la Teva et en faire des membres à part entière de notre communauté. TALMIDI Le Talmud Tora de Beth Hillel Tous les mercredis de 14h00 à 16h45 23 AG EN DA Septembre 2010 Vendredi 3 septembre 2010 18h30: Dîner Chabbatique des étudiants du cours Judaïsme, pensée et pratiques 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 4 septembre 2010 25 Eloul 5770 – Nitzavim VayeleH 9h15: Etude de Rachi sur la paracha 10h30: Office 24 Lundi 6 septembre 2010 19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan 20h00: Judaïsme, pensée et pratiques avec Rabbi Dahan Mercredi 8 septembre 2010 EREV ROCH HACHANA 19h00: Office Jeudi 9 septembre 2010 ROCH HACHANA 1 10h00: Office du matin 11h00: Office des enfants 19h00: Office du soir Vendredi 10 septembre 2010 ROCH HACHANA 2 10h00: Office du matin 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 11 septembre 2010 3 Tichri 5771 – Ha’azinou Chabbat chouva 9h15: Etude de Rachi sur la paracha 10h30: Office Dimanche 12 septembre 2010 11h00: Pèlerinage à Gan Hashalom Lundi 13 septembre 2010 19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan 20h00: Judaïsme, pensée et pratiques avec Rabbi Dahan Mardi 14 septembre 2010 15h00 à 17h00: « Café Klatsch» avec les Seniors Mercredi 15 septembre 2010 Dès 14h00 : TALMIDI: séance d’accueil et inscriptions Jeudi 16 septembre 2010 20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi Dahan le shofar Tichri 5771 Vendredi 17 septembre 2010 EREV YOM KIPPOUR 19h30 précises: Kol Nidré Vendredi 24 septembre 2010 Souccot 2 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 18 septembre 2010 10 Tichri 5771 – YOM KIPPOUR 10h00: Office 11h00: Office des enfants 15h00: Moussaf-Minhah 18h30: Yiskor 20h40: Fin du jeûne Samedi 25 septembre 2010 17 Tichri 5771 – Souccot 3 10h30: Office Lundi 20 septembre 2010 19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan 20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec Rabbi Dahan 20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques) Mercredi 22 septembre 2010 Erev Souccot 14h00: TALMIDI 17h00: Construction de la Soucca 19h00: Office de Souccot Jeudi 23 septembre 2010 Souccot 1 10h00: Office Lundi 27 septembre 2010 Souccot 5 19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan 20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec Rabbi Dahan 20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques) Mardi 28 septembre 2010 Souccot 6 19h00: Office de Souccot (dernier soir) Mercredi 29 septembre 2010 Souccot 7 14h00 à 16h45: TALMIDI 17h00 à 18h00: Buffet pour les enfants de Talmidi 18h30: Office de Simhat Tora Jeudi 30 septembre 2010 Shmini Atseret – Simhat Tora 10h00: Office du matin de Simhat Tora (Yiskor) 25 AG EN DA Octobre 2010 Vendredi 1er octobre 2010 19h00: Ivrit beyaHad 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 2 octobre 2010 24 Tichri 5771 – Berechit 9h15: Etude de Rachi sur la paracha 10h30: Office 26 Lundi 4 octobre 2010 19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan 20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec Rabbi Dahan 20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques) Mercredi 6 octobre 2010 14h00 à 16h45: TALMIDI Jeudi 7 octobre 2010 20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi Dahan Vendredi 8 octobre 2010 19h00: Ivrit beyaHad 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 9 octobre 2010 ROCH HODECH HECHVAN – Noach 9h15: Etude de Rachi sur la paracha 10h30: Office Lundi 11 octobre 2010 19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan 20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec Rabbi Dahan 20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques) Mercredi 13 octobre 2010 14h00 à 16h45: TALMIDI Vendredi 15 octobre 2010 19h00: Ivrit beyaHad 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 16 octobre 2010 8 Hechvan 5771 – LeH LeHa 9h15: Etude de Rachi sur la paracha 10h30: Office – Bar Mitsva Joachim Decoster le shofar Hechvan 5771 Lundi 18 octobre 2010 19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan 20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec Rabbi Dahan 20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques) Dimanche 24 octobre 2010 17h00: Concert Dahan-Largo à l’Eglise du Béginage Place du Béguinage, 1000 Bxl (organisé par Axcent) Mercredi 20 octobre 2010 14h00 à 16h45: TALMIDI Lundi 25 octobre 2010 19h00: Hébreu avec Rabbi Dahan 20h00: Judaïsme, Pensée et Pratiques avec Rabbi Dahan 20h00: Rikoudei Am (danses folkloriques) Jeudi 21 octobre 2010 20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi Dahan Vendredi 22 octobre 2010 19h00: Ivrit beyaHad 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 23 octobre 2010 15 Hechvan 5771- Vayera 9h15: Etude de Rachi sur la paracha 10h30: Office Mercredi 27 octobre 2010 14h00 à 16h45: TALMIDI Vendredi 29 octobre 2010 19h00: Ivrit beyaHad 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 30 octobre 2010 22 Hechvan 5771 – Hayé Sara 9h15: Etude de Rachi sur la paracha 10h30: Office 27 C O MM U N AU T É Les fêtes de Tichri à Beth Hillel Les offices seront dirigés par le rabbin Abraham Dahan avec la collaboration du hazzan Samuel Lison et de Marc Neiger, étudiant rabbin au Leo Baeck College (London) et stagiaire à la Communauté Israélite Libérale de Belgique Rosh Hashana 28 Mercredi 8 septembre : office à Jeudi 9 septembre : office à Office des enfants à Office du soir à Vendredi 10 septembre : office à 19h00 10h00 11h00 19h00 Construction de la Soucca : le mercredi 22 septembre à 17h00 10h00 Pelerinage à Gan Hashalom Dimanche 12 septembre à Souccot – Simhat Tora Apportez feuillages, fruits, légumes pour la décorer Erev Souccot : le mercredi 22 septembre office à 19h00 Souccot I. : le jeudi 23 septembre office à 10h00 Dernier jour de Souccot : le mardi 28 septembre office à 19h00 11h00 Yom Kippour Vendredi 17 septembre à 19h30 - KOL NIDRE Samedi 18 septembre office à 10h00 Office des enfants à 11h00 Moussaf-minha 15h00 Yiskor à 18h30 Fin du jeûne à 20h40 Chmini Atseret/Simhat Tora : le mercredi 29 septembre office à jeudi 30 septembre office (+ Yiskor) à 18h30 10h00 le shofar SOUCCOT Le mercredi 22 septembre 2010 Erev Souccot à 17h00 : Construction de la Soucca (après Talmidi) N'oubliez pas d'apporter feuillages, fruits et légumes pour la décoration de la Soucca à 19h00 : Office de Erev Souccot Le jeudi 23 septembre 2010 Souccot 1 à 10h00 : Office 29 SIMHAT TORA Le mercredi 29 septembre 2010 De 17h00 à 18h00 : (après le Talmidi) Buffet pour les enfants ** A 18h30 : Office de Simhat Tora Soyez tous présents pour célébrer dans la joie la Tora! Nous danserons et chanterons ensemble avec les Sfarim. Venez avec vos enfants et vos amis. *** Jeudi 30 septembre à 10h00 : Office du matin de Simhat Tora (Yiskor) le shofar C O MM U N AU T É Raconte-moi Paul-Gerard… Par Ernest Moskovic Il y a quelques mois, notre ami Paul-Gérard Ebstein a émis le souhait de se retirer du Conseil d’Administration de notre communauté auquel il avait participé pendant près de quarante ans et dont il avait assuré la présidence. C’est déjà un événement extraordinaire dans une vie quand un homme peut construire une synagogue. Paul-Gérard a participé activement à la rénovation de la synagogue de l’avenue Kersbeek et à la construction de celle de la rue des Primeurs. Pour le remercier de ses très nombreuses années de fidélité et d’implication, le Conseil d’Administration a décidé à l’unanimité de le nommer Président Honoraire de notre communauté. Le 27 août dernier, à l’issue de l’office de Kabbalat Chabbat le Conseil d’Administration a offert un Oneg Chabbat en l’honneur de Paul-Gérard. Ad mé’a ve’essrim et Mazal Tov au nouveau Président honoraire de Beth Hillel! ! Comment peut-on parler de ce « personnage » en quelques mots ? – Si c’était une forme géométrique, je dirais… « Un carré »! – Si c’était un diplomate, je dirais… « Molotov – Mr Niet »! – Si c’était un animal, je dirais… « L’ours Babar »! – Si c’était un outil, je dirais… « Un marteau »! – Si c’était une partie du corps, je dirais… « Un gros cœur »! Voici en quelques phrases, résumé à ma façon, celui qui consacre depuis tant d’années, et avec toute l’énergie qu’on lui connaît, à notre communauté! P.L. A titre personnel, je garderai toujours à l’esprit sa compétence, sa volonté et la collaboration amicale qui nous a unis lors de la construction de ce qui restera pour toujours notre « première synagogue »! Sa rectitude et son esprit de modération ont été très utiles dans les prises de position au sein du Conseil d’Administration durant toutes ces années. Je suis sûr que vous serez d’accord d’unir votre voix à la mienne pour lui dire simplement et de tout cœur… « Merci Paul-Gérard » !!! ■ 31 C O MM U N AU T É Carnet Naissance Nous avons appris la naissance le 28 avril dernier de la petite Eva, fille de Cynthia et David Benveniste. Bné Mitsva Le 15 octobre 2010 Bar Mitsva de Joachim Decoster Décès z’’l C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès le 18 juin dernier de Johan Bisschops, papa de Ralph. A Ralph et Heidi, ainsi qu’à son petit-fils Tobias, nous tenons à exprimer ici toute notre sympathie et notre affection. ■ Des nouvelles de nos jeunes Nous félicitons vivement Daniel Bataller, un jeune de Beth Hillel qui vient de réaliser un exploit remarquable : la traversée des Etats Unis à vélo. Que son courage soit un gage de réussite dans sa vie. Nous lui présentons tous nos vœux pour la poursuite de ses projets. 32 After a gruelling 7 weeks, Daniel Bataller, the son of the Elaine and Paco Bataller, all long-time members of Bet Hillel, finished in early July his bike ride across the US. He started at the Statue of Liberty in New York and ended his solo adventure at Malibu Beach near Los Angeles, after defying torrential rains, unhelpful winds, chasing dogs and closed roads. After a well-deserved recovery period, Daniel will start working in early September at DHL in the UK, as part of a graduate management programme. Avis de l’Union des Déportés Juifs de Belgique Filles et fils de la Déportation JOURNEE DU MARTYR JUIF 54ème PELERINAGE NATIONAL A LA CASERNE DOSSIN A MALINES DIMANCHE 12 SEPTEMBRE 2010 Réunion devant la Caserne Dossin dès 10h30 Rue G. de Stassart 153, 2800 Malines Des cars partiront à 9h30 précises Bruxelles: Place Rouppe - Anvers: Loosplaats le shofar Rubrique gourmande Recettes recueillies par Giny Cake au miel (Roch Hachana) 8 pers. Prép. : 15 min Cuisson : 30 min Ingrédients : 125 g de sucre 225 g de beurre 10 cl d’huile 1 verre de miel 4 œufs entiers 1 paquet de levure chimique Préparation : Mélanger 125 g de sucre, 225 g de farine, 10 cl d’huile, 1 verre de miel, 4 œufs et les trois quarts d’un paquet de levure chimique dans un saladier. Mettre dans un grand moule à cake. Préchauffer le four à 200° C (th. 6-7) et cuire 30 à 35 minutes. ******************************** Poisson sauce rouge Ingrédients : 1kg de d’alose, de loup, de dorade ou de pageot coupé en tranches moyennes, un doigt d’épaisseur. Vous pouvez utiliser du thon ou du saumon citron 2 poivrons rouges 1 tête d’ail 1/2 verre d’huile 1 cuillère a café de sel, poivre, safran 1 bouquet de kazbour (coriandre) 2 cuillère a café de paprika doux Préparation: Lavez bien le poisson et trempez- le dans du citron ou dans le vinaigre pendant au moins 6 h. Après 6 h lavez bien et préparez la sauce rouge dans une marmite. Coupez les 2 poivrons rouges en 10 dans le sens de la longueur, épluchez la tête d’ail. Ajouter l’huile, le sel, le poivre, le safran, 2 cuillères de paprika doux, en poudre. Si vous avez de la sauce tomate ajoutez à la sauce 1 grande cuillère, pour rendre la sauce plus épaisse. Coupez fin un petit bouquet de kazbour (coriandre). Ajoutez 4 verres d’eau, remuez bien le tout et ajoutez le poisson bien rincé et égoutté. Laissez cuire une heure environ à feu moyen. 33 ACT UA L I T é Prix de la paix des libraires décerné à David Grossman (source AFP) tiniens. Les livres de David Grossman démontrent que seuls l’écoute et le pouvoir des mots aideront à mettre un terme au cycle de violence et de haine au MoyenOrient... Dans ses romans, ses essais et ses récits, il tente de comprendre et de décrire non seulement sa position mais aussi celle de ceux qui pensent autrement ». David Grossman, 56 ans, s’est fait connaître en 1988 avec son roman « Voir ci-dessous : Amour », qui évoque les enfants de rescapés de la Shoah et la difficulté de vivre avec les souffrances vécues par leurs parents. Ce récit, ainsi que son recueil de reportages « Le Vent jaune », sur la relation entre Israéliens et Palestiniens, lui ont permis d’acquérir une renommée internationale. 34 L’écrivain israélien David Grossman a été distingué, il y a quelques jours, par les libraires allemands qui lui ont décerné le Prix de la paix des libraires pour l’année 2010. C’est la 2 ème fois en trois ans que ce prix, le plus prestigieux en Allemagne, est accordé à un écrivain israélien. En effet, en 2007, il avait été décerné à Saul Friedländer. Le prix, doté de 25.000 €, sera remis à David Grosmman lors de la Foire du livre de Francfort, le 10 octobre prochain. Il est décerné chaque année depuis 1950 à une personnalité qui, par son activité littéraire, scientifique ou artistique, « a servi de manière significative la progression des idées pacifistes ». La cérémonie sera retransmise en direct à la télévision allemande. Dans un communiqué, le conseil d’administration des libraires allemands, étaye ainsi son choix : « L’association et ses membres ont décidé d’honorer l’un des plus grands auteurs israéliens et un homme qui œuvre à la réconciliation entre Israéliens et Pales- Engagé depuis toujours en faveur du rapprochement entre Israéliens et Palestiniens, David Grossman a perdu son fils lors de la guerre du Liban, en 2006. Personne en Israël n’a oublié qu’il a été tué la veille du cessez-le feu. ■ le shofar Un philanthrope bien connu s’engage en faveur des mariages mixtes (source janice Arnold, Canadian Jewish News) Jeudi 10 juin 2010 Les mariages mixtes ne sont pas nécessairement une si mauvaise chose, d’après le milliardaire philanthrope Edgar Bronfman Sr. Il croit qu’ils peuvent avoir, et même qu’ils ont, un effet positif sur la vie juive moderne. « Je ne prêche pas en faveur des mariages mixtes. Je veux simplement dire que le mariage mixte est une réalité et que cela ne changera pas. Agissons de manière à ce qu’il ait un effet positif et non négatif pour nous », a déclaré l’ancien président du Congrès Juif Mondial lors d’une récente intervention à l’université McGill à Montréal. M. Bronfman, 78 ans, né à Montréal, a suggéré que la communauté devrait aider les couples mixtes à créer des foyers juifs, même si le conjoint non-juif ne se convertit pas officiellement. Lorsque j’avais 18 ou 19 ans, dit Bronfman, on m’a dit que mon père déchirerait ses vêtements et porterait le deuil (la shiva) si je me mariais avec une non-juive. J’ai répondu que j’étais d’accord, si toutefois il gardait confiance en moi. Je pense que les temps ont changé. Etre juif aujourd’hui relève d’un choix, non d’une condition... Le problème n’est pas que des Juifs tombent amoureux de non-Juives, mais plutôt que les Juifs ne tombent pas amoureux du judaïsme. Il dit que les Juifs doivent « être prêts à des compromis » en ce qui concerne les mariages mixtes. Ceci signifie qu’ils soient prêts à changer la loi juive afin que l’on reconnaisse la patrilinéarité de la même manière que la matrilinéarité. Il ajouta que la patrilinéarité était la norme chez les Juifs jusqu’au 12ème siècle, au temps de Maïmonide. « De nos jours, nous ne devons pas nous préoccuper de maintenir la pureté du sang. Nous avons l’ADN. » Il raconta l’histoire d’un de ses neveux qui a épousé une femme d’origine francoasiatique. Elle s’est convertie, et « avec leurs trois enfants ils vivent une vie juive harmonieuse ». Un de ses fils a épousé une catholique qui ne s’est convertie que 20 ans plus tard, et cependant ils ont un foyer et une famille juifs. 35 ACT UA L I T é Un de ses fils, Edgar Bronfman Jr. s’était marié avec une actrice noire, Sherry Brewer, il y a 12 ans. Au début, Bronfman Sr. était opposé au mariage, mais finalement il accepta et paya même les frais de la cérémonie. A présent, le petit-fils de Bronfman Sr, le rocker Benjamin Brewer, est fiancé à une artiste hip-hop d’origine sri lankaise, et ils ont un fils Ikhyd Edgar Arular Bronfman, né en février 2009. Bronfman a fait une de ses rares apparitions en public à l’université McGill pour lancer son livre “L’espoir, pas la crainte: une voie vers la Renaissance juive”. Il est président de Hillel, la Fondation pour la vie juive sur le Campus. Il a également créé le site MyJewishLearning.com afin de répondre aux questions concernant le Judaïsme. Pendant son intervention, Bronfman s’est dit agacé par les différents courants du judaïsme. Il croit que ces divisions créent de la confusion chez les jeunes. Il n’a pas une grande estime pour les harédis. « Ils ne travaillent pas, leurs femmes deviennent des fabriques à bébés, eux ne font qu’étudier le Talmud. Je ne sais pas comment ils gagnent leur vie. Ils doivent s’adapter à la vie moderne. » ■ 36 Désirez-vous recevoir notre lettre electronique hebdomadaire ? Abonnez-vous gratuitement au E-shofar ! Faites-nous connaître votre adresse e-mail à l’adresse suivante : [email protected] ou via notre site www.beth-hillel.org le shofar Ces jeunes Palestiniens qui vont pour la première fois à la mer, grâce à trois Israéliennes (source : « Le Monde » 1er juillet 2010 Laurent Zecchini envoyé spécial - Bat Yam, sud de Tel-Aviv) Ils sont descendus d’un bus vert les yeux écarquillés, en poussant des cris de joie, certains serrant la main de leur mère voilée de noir. Devant eux, il y avait la plage, des parasols, des Israéliens dénudés luisant de crème solaire, et cette « chose » bleue incroyable dont ils avaient rêvé : la mer ! Il était 9h45, ce jour de juin. Il avait fait chaud durant le trajet, surtout au checkpoint d’Eyal, près de Qalqilya, lorsqu’il a fallu quitter le bus palestinien pour monter dans un autre, israélien, et patienter environ trois quarts d’heure, le temps que les soldats de Tsahal contrôlent les permis. Ils étaient partis tôt de Burin, ce village palestinien situé au sud de Naplouse. A leur arrivée, les mères palestiniennes ont rencontré une vingtaine de volontaires israéliennes de l’opération Sea and Fun Days (« Jours de fête à la mer ».) « Ils ne me dérangent pas » C’est en 2007 que trois Israéliennes – Tziva Shapira, Rachel Afek et Amira Ityel – soucieuses de modifier les rapports de cœxistence entre Israéliens et Palestiniens, ont lancé le projet de donner aux enfants palestiniens l’occasion, ne serait-ce qu’une fois dans leur vie, d’ « aller à la mer ». Avec le début de l’été, un bus emmène 30 ou 40 enfants, chaque semaine, au bord de l’eau. Cette fois-ci tout s’est bien déroulé : les 30 enfants palestiniens, âgés de 5 à 14 ans, accompagnés d’une douzaine d’adultes, sont tous passés, de Cisjordanie en Israël. En mai, l’attente, qui s’était prolongée trois heures et demie, fut éprouvante. Une dizaine de passagers, enfants et parents, furent refoulés par le Shabak (ex-Shin Bet, le service de renseignement israélien. La journée se passe en baignades, suivies d’un déjeuner, souvent d’un spectacle. En 2009, 450 enfants ont fait le voyage de Bat Yam. Ceux de Burin vivent à un peu plus de 40 km à vol d’oiseau, mais en Cisjordanie occupée, c’est une distance infranchissable. Chaque voyage coûte environ 4000 shekels (846 euros), une somme financée par des dons. En arrivant sur la plage, les gamins ont enfilé des bouées, et, comme s’ils en avaient l’habitude, ont avancé vers les vagues. C’était la première fois qu’ils voyaient la mer, qu’ils la touchaient. Pour obtenir la permission de Tsahal, les organisatrices ont bénéficié du parrainage de l’organisation humanitaire israélienne « Combattants for Peace », qui regroupe d’anciens soldats israéliens et combattants palestiniens. 37 ACT UA L I T é Tziva Shapira reconnaît que cette journée est « une joie éphémère », une « goutte d’eau », puisque les enfants ne peuvent espérer faire deux fois le voyage. « L’idée est de faire profiter le plus grand nombre de jeunes Palestiniens, c’est pourquoi nous changeons de village ou de ville à chaque sortie ». Sur la plage, les estivants israéliens jettent un regard indifférent au spectacle insolite des femmes en noir qui surveillent une foule d’enfants parlant arabe. Allongée sur le sable Tzipi déclare : « Ils ne me dérangent pas », reconnaissant que les noms de Burin et de Naplouse ne lui disent rien. La jeune femme est représentative des Israéliens de la côte qui ne sont jamais confrontés aux Palestiniens, qui n’auraient pas l’idée de voyager en Cisjordanie et dont la vie se situe aux antipodes de celle des colons juifs armés, installés dans des enclaves protégées en Cisjordanie. A Bat Yam, le plan d’eau est entouré d’une ligne artificielle de rochers, et l’un d’eux est surmonté d’un drapeau israélien. Tziva Shapira assure qu’un des enfants l’a montré du doigt, en demandant : « Et là, c’est une colonie israélienne ? » ■ 38 LU P O U R VO U S J’avais 20 ans. J’avais connu l’enfer. Mémoires d’un rescapé des camps nazis. Benjamin Silberberg. Comme des dizaines de milliers d’autres familles juives, celle de Benjamin Silberberg fuit la Pologne pour l’Europe occidentale. La Pologne de l’époque, sa misère et son antisémitisme virulent. Le père de Benjamin, comme tant d’autres Juifs alors, porte le rêve fou d’une humanité plus juste. Ce rêve scande sa vie: spartakisme, les socialistes de Charleroi où il est dans les charbonnages, brigades internationales…. Puis c’est la guerre, l’horreur nazie, les fuites éperdues, les Juifs que l’on arrête, que l’on déporte, que l’on massacre dans l’indifférence des Etats, des grandes institutions et même des populations. C’est un univers de cauchemar indicible. Pour les nazis, le Juif n’est pas un être humain, mais une vie à écraser, à supprimer impitoyablement. Parfois il peut être un outil à briser après l’avoir utilisé. J’ai parcouru d’un trait le livre de Benjamin, langage direct, simple; Benjamin écrit comme il parle. Ce que cette génération a vécu confine à l’impensable. On a beau avoir beaucoup lu sur ces temps maudits, avoir vu des films et des reportages, on est chaque fois suffoqué, pris d’un intolérable malaise. Pour les rares survivants, meurtris, anéantis dans leur corps et dans leur âme, trouver le moyen de survivre dans ce monde à l’envers n’était rien moins qu’évident. Le père de Benjamin ne reviendra pas des camps, son frère cadet mourra peu après la guerre des séquelles de l’horreur… le shofar Les photos de la famille et des camps que Benjamin réussira à garder sont bouleversantes et, aujourd’hui, il consacre ses forces et son temps à témoigner partout où il le peut, afin que l’on n’oublie jamais la barbarie inouïe, l’abîme d’horreur dont les hommes sont capables. La science ne garantit rien, ni ce qu’on appelle souvent bien pompeusement la culture, pas même la religion dont les plus hauts représentants se sont tus quand il fallait hurler. Seuls les yeux ouverts et lucides devant le néant et la folie dont les hommes sont capables, et l’éducation incessante à la valeur ultime de la vie, l’éducation à l’Humain, peuvent ouvrir une porte d’espérance. Comme des dizaines de milliers d’autres familles juives, celle de Benjamin Silberberg fuit la Pologne pour l’Europe occidentale. La Pologne de l’époque, sa misère et son antisémitisme virulent. Le père de Benjamin, comme tant d’autres Juifs alors, porte le rêve fou d’une humanité plus juste. Ce rêve scande sa vie: spartakisme, les socialistes de Charleroi où il est dans les charbonnages, brigades internationales… Puis c’est la guerre, l’horreur nazie, les fuites éperdues, les Juifs que l’on arrête, que l’on déporte, que l’on massacre dans l’indifférence des Etats, des grandes institutions et même des populations. C’est un univers de cauchemar indicible. Pour les nazis, le Juif n’est pas un être humain, mais une vie à écraser, à supprimer impitoyablement. Parfois il peut être un outil à briser après l’avoir utilisé. J’ai parcouru d’un trait le livre de Benjamin, langage direct, simple; Benjamin écrit comme il parle. Ce que cette génération 39 LU P O U R VO U S 40 a vécu confine à l’impensable. On a beau avoir beaucoup lu sur ces temps maudits, avoir vu des films et des reportages, on est chaque fois suffoqué, pris d’un intolérable malaise. Pour les rares survivants, meurtris, anéantis dans leur corps et dans leur âme, trouver le moyen de survivre dans ce monde à l’envers n’était rien moins qu’évident. Le père de Benjamin ne reviendra pas des camps, son frère cadet mourra peu après la guerre des séquelles de l’horreur… L’Herne Scholem Cahier dirigé par Maurice Kriegel Les photos de la famille et des camps que Benjamin réussira à garder sont bouleversantes et, aujourd’hui, il consacre ses forces et son temps à témoigner partout où il le peut, afin que l’on n’oublie jamais la barbarie inouïe, l’abîme d’horreur dont les hommes sont capables. La science ne garantit rien, ni ce qu’on appelle souvent bien pompeusement la culture, pas même la religion dont les plus hauts représentants se sont tus quand il fallait hurler. Seuls les yeux ouverts et lucides devant le néant et la folie dont les hommes sont capables, et l’éducation incessante à la valeur ultime de la vie, l’éducation à l’Humain, peuvent ouvrir une porte d’espérance. (Par Rabbi Abraham Dahan) Ce numéro est composé de trois parties : La première consiste en sept entretiens de G. Scholem avec différents interlocuteurs. Il développe avec eux les grands thèmes qui furent l’objet de ses travaux pendant plus de 50 ans. Dans son style direct et vigoureux, il évoque des personnalités qui furent importantes pour lui comme Agnon, et bien sûr aussi des sujets, tels que la kabbale et le messianisme, qui lui tinrent à cœur tout au long de sa vie. Un Cahier de l’Herne, consacré à Gershom Scholem, a été publié en octobre 2009. Sa lecture et son étude semblent indispensables pour tous ceux qui désirent approfondir la pensée de Scholem et mieux connaître sa personnalité. La deuxième partie présente des textes inédits de Gershom Scholem. Ils apportent des éclairages nouveaux sur ses études, mais aussi sur de grands problèmes politiques tels que le bolchevisme et le sionisme. Nous apprenons la qualité de ses rapports avec Bialik auquel, tout jeune encore, en 1925, il n’avait alors que 28 ans, - il confie son projet, ce qu’il envisage déjà devenir le sujet essentiel de ses recherches, l’étude de la mystique juive. Nous qui lisons cette lettre presque trente ans après sa mort, nous constatons que toute sa carrière universitaire sera consacrée à la réalisation fidèle de ce projet de jeunesse ! Dans un article court et tranchant sur Proust, qu’il aime et qu’il a lu au cours de toute son existence, il prend position contre ceux qui vilipendent si fréquemment une œuvre artistique trouvant à y dénoncer un soi-disant « antisémitisme » lorsque l’auteur se permet une critique si légère le shofar soit-elle contre un de ses personnages, juif ou d’origine juive, en l’occurrence Swann. Dans la troisième et dernière partie, des philosophes et penseurs contemporains, tels Théodor Adorno, Moshé Idel, Stéphane Moses, jettent une lumière nouvelle sur des aspects de la vie et de l’œuvre de Gershom Scholem, le situant ainsi dans ce 20 ème siècle où il gardera une place aussi singulière qu’éminente. (par Monique Ebstein) Nous donnons à présent un extrait de la bibliographie en langue française des œuvres de Gershom Scholem. Un grand nombre d’entre elles sont disponibles à la bibliothèque, les autres seront prochainement acquises. Extrait de la bibliographie en français de Gershom Scholem (1897-1982) « Les grands courants de la mystique juive », Payot, 1950 « Les origines de la Kabbale », Aubier-Montaigne, 1966 « La Kabbale et sa symbolique », coll. Petite bibliothèque Payot, 1975 « Le Messianisme juif, essai sur la spiritualité juive », Calman-Lévy, 1974 « Fidélité et Utopie. Essai sur le judaïsme contemporain », Calman-Lévy, 1974 « Le Zohar » extraits choisis et présentés par G. Sholem, Seuil, 1980 « Histoire d’une amitié » Calman-Lévy, 1981 « Le Nom et les Symboles de Dieu dans la Mystique juive », Cerf 1983 « Shabbataï Tsevi », Verdier, 1983 « De Berlin à Jérusalem. Souvenirs de jeunesse », Albin Michel, 1984 « La Mystique juive. Les thèmes fondamentaux. » Cerf, 1985 « Benjamin et son ange », Rivages Poche, Petite bibliothèque, 1995 « Aux origines religieuses du judaïsme laïc. De la mystique aux Lumières » CalmanLévy, 2000 « La Cabale. Une introduction. Origines, thèmes et biographies », Cerf 1998 « Le Prix D’Israël, Ecrits politiques » Editions de l’éclat, 2003 « Cabale et Philosophie » correspondance avec Leo Strauss, 1933-1973. Ed. de l’éclat, 2006 « Sur Jonas, la lamentation et le judaïsme », Bayard, 2007 Sur Gershom Scholem “Gershom Sholem, Cabale et contre-histoire” David Biale « Un Juif allemand à Jérusalem » Maurice-Ruben Hayoun « L’Herne Scholem » dirigé par Maurice Kriegel, oct 2009 Chère Mademoiselle Patrice Cabanel Alice Ferrières Ed. Calmann-Lévy « Qui sauve un homme, sauve le monde entier ». Dans les montagnes du Massif Central, de 1941 à 1943, Alice Ferrières, a aidé des Juifs réfugiés d’Alsace, d’Allemagne ou de Pologne. Puis à partir de 1943, elle a caché, protégé, sauvé environ une centaine d’enfants juifs, mettant au courant ses collègues et ses élèves qui toutes voulurent participer à son action. Alice exigeait de ses élèves, volontaires pour collaborer avec elle, qu’elles aient au préalable obtenu l’accord de leurs parents. Etonnant manque de prudence, cependant jamais, personne ne l’a trahie. Son histoire a mis longtemps à nous parvenir : c’est en 2001 seulement que la correspondance et le Journal d’Alice, morte en 1988, ont été déposés au Mémorial de la Shoah. Patrick Cabanel, professeur d’histoire contemporaine à l’université de 41 LU P O U R VO U S Toulouse-Le Mirail et directeur de la revue « Diasporas» a classé, recopié, trié la correspondance d’Alice, et il en a fait un livre dont le titre, on l’aura compris, reprend le « Chère Mademoiselle », qui figure en tête de chaque lettre. 42 Il comprend que les Juifs traqués et poursuivis n’ont pas seulement besoin d’aide matérielle, mais aussi de réconfort moral ! « Comme cela fait du bien de voir que nous ne sommes pas seuls dans les terribles épreuves que nous traversons, que d’autres se penchent sur nous, qui nous comprennent et nous crient : courage ! » , écrira Mme Bloch. Agée d’une trentaine d’année au début des années 40, Alice enseigne les mathématiques aux élèves d’une Ecole primaire supérieure, dans la bourgade de Murat, située dans les montagnes du Cantal. Quoi de plus banal ? Cependant un jour de 1941, après la proclamation du statut des Juifs, elle est profondément révoltée par l’injustice commise envers d’autres êtres humains, avec lesquels pourtant elle n’avait jusqu’à présent eu aucun lien. Elle écrit aux rabbins de Clermont-Ferrand, Nîmes et Montpellier et leur propose son aide. Ils la mettent en contact avec les associations juives d’assistance aux réfugiés. Aussi dans la correspondance d’Alice trouvonsnous des lettres qui nous plongent dans la vie quotidienne de ceux qui, ayant dû tout abandonner, essayent de se réimplanter dans un environnement nouveau. Alice correspond également avec des intellectuels juifs frappés par le « statut », avec le rabbin Jacob Bloch, le Grand-rabbin Hirschler de Strasbourg, alors aumônier général des camps, avec des Juifs étrangers, internés dans les camps de la zone non occupée, dite « libre ». Elle apporte toute l’aide qui lui est possible à des Juifs étrangers et non (encore) internés. Puis de 1943 à 1944, elle recueille les enfants qu’on lui envoie à Murat. Grâce à la porte arrière de son appartement, elle peut les dissimuler en attendant de les « caser » dans des fermes où ils se trouvent en relative sécurité. Parfois ils se transforment en petits bergers qui gardent les troupeaux sur les pentes des monts du Cantal. De 1941 à 1944, elle correspond avec Mme Vve Henri Bloch, du Comité d’aide aux réfugiés. Celle-ci la met en rapport avec des personnes seules, des couples ou des familles ayant besoin d’une aide urgente : logement, vêtements, travail. Alice remue ciel et terre pour soulager ces détresses, et, miracle de la « banalité du bien », tout un réseau, sans lequel elle n’aurait rien pu faire, se constitue autour d’elle. Elle inscrit avec une minutie d’archiviste, le déroulement de ses journées. Elle consigne aussi des renseignements obtenus sur les règles alimentaires et les fêtes juives, afin de respecter au maximum la pratique religieuse de ses protégés. Elle conserve – imprudence folle – toutes les lettres de ses correspondants. Le ton de ces lettres devient de plus en plus amical, et elles sont si vivantes que le lecteur partage les aléas du quotidien évoqué. Qui était Alice ? Elle a grandi dans une famille de tradition protestante qui l’a élevée dans l’idéal de la devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité » . Elle se définit elle-même comme « protestante, enseignante et patriote », mais s’avoue non croyante. Avant qu’elle ne commence son activité militante en faveur des Juifs, son frère, sa belle-sœur et le frère de cette dernière qui n’était autre que le philosophe, mathématicien et résistant, Jean Cavaillès, condamné à mort et exécuté en février 44, avaient œuvré au sein de la Résistance. Ils ne pouvaient donc qu’approuver et soutenir Alice. Des extraits de lettres de Jean Cavaillès à Alice prouvent combien elle était active et faisait bénéficier tous ceux qui en avaient besoin des denrées ou médicaments qu’elle pouvait se procurer et leur envoyer. Il écrit en nov. 42 : »Nous avons le shofar parlé de vous, de la vie active que vous menez. Je suis un peu confus de recevoir ainsi pour moi-même des preuves de cette activité. » Plus loin, en déc. 42 : « Je suis heureux de voir que vous travaillez si utilement et si activement ... » Enfin, en déc. 42, il remercie Alice pour son offre de plantes et de médicaments, dont il a parlé au médecin du camp : « Mais ici l’infirmerie est assez bien montée, il serait peutêtre mieux que vous aidiez Gurs ou tout autre endroit moins favorisé. » Après la guerre, Alice reprendra sa vie d’enseignante. Elle conservera avec plusieurs de ses correspondants et de ses anciens protégés de solides liens d’amitié et, à plusieurs reprises, elle rendra visite à certains d’entre eux installés en Israël. Alice Ferrières a été la 1ère femme en France, et la 83ème personne dans le monde, à se voir décerner par Yad Vashem le titre de « Juste des Nations ». Elle est morte en 1988. Petite note personnelle : entre l’âge de 4 à 9 ans, j’ai passé les années 40-45 dans le Massif Central, pas très loin de Murat, au Puy-en-Velay. En quittant la région, après la guerre, pour retourner dans mon Alsace natale, la petite fille que j’étais, habituée à l’extrême gentillesse naturelle des habitants parmi lesquels j’avais passé 5 ans de ma petite enfance, a eu beaucoup de mal à s’habituer à la rudesse alsacienne. Autre souvenir : ma mère qui, chaque semaine, « allait au ravitaillement » à vélo, m’a toujours dit combien les paysans pratiquaient des prix modérés sachant qu’elle était une réfugiée. Hommage soit rendu à cette France profonde, qu’il ne faut pas oublier. (par Monique Ebstein) ■ 43 D’ICI E T D’AI L L EU RS Le Roi d’Espagne et le Shofar rait la traduction en espagnol: « Cet objet vient-il d’Afrique?» demanda le roi.- « Non, Majesté, il vient de la terre d’Israël.» De plus en plus perplexe, le roi demanda si cet objet devait être utilisé dans les corridas mais Rav Metzger expliqua poliment que le judaïsme interdisait de faire souffrir les animaux inutilement. 44 Il y a quelques années, le Roi Juan Carlos d’Espagne invita le Grand Rabbin d’Israel Rav Yonah Metzger à la commémoration du 800 ème anniversaire du décès de Maïmonide, l’illustre Rabbi Moché Ben Maimone, dit Rambam, médecin, philosophe, talmudiste et surtout décisionnaire hors du commun; le Rambam est né à Cordoue. Durant la cérémonie, Rav Metzger offrit au roi un magnifique Shofar, très long et recourbé; le Shofar avait, de plus, été serti d’argent et la couronne royale était gravée sur la garniture argentée. Le roi Juan Carlos l’examina longuement et demanda quelle en était l’origine, Rav Metzger parlait en hébreu tandis que l’ambassadeur d’Israël en Espagne, M.Victor Harel, assu- « Alors quel est l’usage de cette corne d’animal ? » continua le roi. Rav Metzger profita de cette conversation pour rappeler au roi un chapitre douloureux de l’histoire des Juifs d’Espagne, le roi l’écouta attentivement : « Majesté! Ce cadeau unique en son genre, nous permet de clore définitivement la boucle de l’histoire. Il y a plus de cinq cents ans, l’Age d’Or du judaïsme espagnol prit fin brutalement quand votre ancêtre, le roi Ferdinand et son épouse Isabelle expulsèrent mes ancêtres, suite à l’incitation de l’Inquisiteur Torquemada. « Les Juifs qui avaient tant contribué au développement de leur pays durent s’enfuir en abandonnant tous leurs biens pour s’installer sur d’autres terres plus hospitalières, mais certains préférèrent rester en Espagne. Ils se convertirent tout en observant secrètement leurs lois et coutumes. Ils se conduisaient comme de dévots catholiques, mais respectaient les lois de la Torah clandestinement, allumant par exemple leurs bougies de Shabbat dans des placards afin que personne ne le remarquât. Les jours de fête, ces « Marranes » se rassemblaient secrètement dans des caves pour prier. D’ailleurs notre prière de Kol le shofar Nidré, au début de l’office de Yom Kippour, est attribuée à ces Marranes qui ainsi annulaient leurs déclarations d’appartenance au catholicisme. roi, la reine, les ministres et les courtisans s’assirent au premier rang; le reste des auditeurs prirent place à l’arrière. Parmi eux, se trouvaient de nombreux marranes. Ils priaient avec une ferveur rare, mais à voix très, très basse, de façon à n’être pas découverts par l’Inquisition qui torturait et brûlait « les hérétiques» en public sur des bûchers. Pour Roch Hachana, ils étaient confrontés à un dilemme: certes, la prière pouvait être chuchotée, sans attirer l’attention des voisins, mais le Shofar ? Les musiciens présentèrent différents instruments, de la flûte du berger à la trompette du soldat, mais, à un moment donné; le chef d’orchestre lui-même proposa de sonner dans une corne de bélier, qu’il présenta comme le plus ancien instrument à vent connu. Le roi et la reine s’intéressèrent à cette curiosité, ils contemplèrent l’instrument puis le maître la porta à sa bouche tandis qu’au fond de la salle, les marranes prononçaient à voix basse les deux bénédictions: la première: « Béni sois-Tu Eternel, notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous a sanctifiés par Tes Commandements et nous a ordonné d’écouter le son du Shofar» et la deuxième: « Béni sois-Tu Eternel, notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous Un chef d’orchestre, juif d’origine, trouva une solution originale. Il proposa au roi d’organiser un concert gratuit pour présenter divers instruments à vent, venus de tous les pays, de toutes les époques. Le roi qui adorait la musique en fut enchanté. Le chef d’orchestre proposa une certaine date qui de fait s’avérait être Roch Hachana. Le 45 D’ICI E T D’AI L L EU RS a fait vivre, nous a maintenus et nous a fait parvenir à ce temps présent». Le chef d’orchestre sonna du Shofar, comme l’exige la Halakha et tous les spectateurs se turent. A la fin de la prestation, on l’applaudit… « Aujourd’hui, Majesté, continua Rav Metzger, nous nous rencontrons cinq cents ans plus tard, dans des circonstances bien plus amicales. En tant que Grand Rabbin d’Israël, je suis heureux de revenir en Espagne. Je vous remercie au nom de notre peuple car maintenant les Juifs peuvent vivre librement dans votre pays, ils y jouissent d’une totale liberté de culte et à Roch Hachana, ils peuvent sonner du Shofar dans les synagogues restaurées. 46 Aujourd’hui je peux, Dieu en soit loué, vous offrir publiquement ce Shofar sans me cacher, car vous êtes un souverain soucieux de la démocratie. Maintenant en Espagne, tout le monde peut prier sans crainte à sa guise!! En acceptant le Shofar, le roi déclara: « Monsieur le Grand Rabbin ! j’ai reçu de nombreux cadeaux et trophées de nombreux chefs d’états des quatre coins du globe. Mais ce cadeau-là est porteur d’une signification historique et je vous suis extrêmement reconnaissant pour ce Shofar et pour ce récit!» Rav Metzger déclara alors au roi qu’il souhaitait le bénir, comme cela est recommandé par les Sages. Tous deux se levèrent, Rav Metzger ferma les yeux, leva ses mains vers la tête du roi et prononça la bénédiction avec une grande ferveur. Quand il eut terminé, Rav Metzger ouvrit les yeux et s’aperçut alors que le roi, saisi d’émotion, pleurait sans chercher à le cacher… Source : http://www.juif.org/le-mag/217,leshofar-du-roi-d-espagne-juan-carlos.php **************** Historiquement, la mère du roi Ferdinand Ier qui signa en 1492 l’expulsion des Juifs d’Espagne et laissa l’Inquisition s’installer pendant des siècles, s’appelait Jeanne Enriquez. Le grand-père paternel de Jeanne Enríquez est Alonso Enríquez, seigneur de Medina de Rioseco (1354-1429) dont le père est Fadrique de Castille et la mère, Paloma Bat Gedaliah (née juive), petitefille de Shlomo Ha-Zaken ben David, que la tradition fait descendre d’une branche issue du roi David par les exilarques de Babylone. C’est ainsi que son arrière-petitfils Charles Quint descendrait de ces Juifs de Babylone. Document : Publications des généalogistes H.R.Moser et Vajay, INRIA 2005 ■ le shofar Importation de vins fins de France Jackie et Maurice Vandiepenbeeck-Horn Rue de Jérusalem, 40 – 1030 Bruxelles tél. 02 215 37 75 – [email protected] – www.benevins.com 47 Identités visuelles Brochures Rapports annuels +32 2 663 85 85 www.inextremis.be T r i b un e d es L ect eu r s Humour juif Dieu a eu pitié de Job Une fête de famille On demanda à Kolev Letz pourquoi Dieu avait tout pris à Job, sauf sa femme. Et Kolev répondit : – Parce que Dieu savait qu’il rendrait tout à Job en double exemplaire. Et il a eu pitié de lui.... Kolev Letz était allé trouver un riche parent pour lui demander de l’argent. Au début, le riche voulut refuser, mais voyant que Kolev était prêt à s’installer chez lui et n’avait pas l’intention de s’en aller les mains vides, il lui donna un peu d’argent et lui dit d’un ton ferme de ne plus remettre les pieds chez lui, sauf pour les fêtes de famille. Kolev s’en alla et revint au bout de quelques heures. L’autre se mit en colère : – Je t’avais dit de ne plus mettre les pieds chez moi, sauf pour les fêtes de famille. – C ’est bien pour ça que je suis revenu ! dit Kolev. En chemin, je me suis représenté quelle fête cela devait être pour votre famille d’être débarrassé de moi. Alors j’ai suivi vos instructions et je suis revenu ! ************************ Du poisson frais 48 Kolev Letz entre dans une auberge. On lui sert du poisson. Kolev regarde le poisson et se penche dessus, comme s’il lui murmurait un secret. L’aubergiste s’approche et demande : – Q u’est-ce que vous chuchotez au poisson, reb Kolev ? – Oh, je bavarde avec lui. Je lui ai demandé d’où il venait, par exemple. Il m’a dit qu’il venait de la Dvina. Je lui ai demandé quelles étaient les dernières nouvelles de là-bas. Il a répondu qu’il ne savait pas, car cela fait au moins un mois qu’il est parti ! ************************ ************************ Kolev Letz vécut durant la 1ère moitié du 19ème siècle. Le surnom Letz, qui signifie "bouffon", indique peut-être qu’il était un bouffon professionnel, autrement dit un "badkhann". On raconte qu’il vivait à Drouïa et qu’il mourut noyé dans la Dvina. (Drouïa est un shtetl du gouvernement de Wilné sur les bords de la Dvina occidentale, aujourd'hui région de Vitebsk, en Biélorussie) On ne sait presque rien de lui, mais ce n’est manifestement pas un personnage imaginaire : d’après le folkloriste Drouïanov, il existe encore à Drouïa des descendants de Letz. ■ Extrait de "Contes populaire juifs d’Europe orientale" Ed. José Cortti, Paris 2004 Info r m at i on s ut i l es VIE COMMUNAUTAIRE OFFICES DE CHABBAT Vendredi à 20h et samedi à 10h30 ■ Talmud tora et preparation a la bar/bat mitsva Tous les mercredis après-midi. Voir calendrier. ■ Cours adultes et cercles d’etude Contactez Rabbi Abraham Dahan ■ Yiskor Si vous voulez être tenus au courant des dates de Yiskor pour des membres de votre famille, contactez Giny ( 02.332.25.28 SOCIÉTÉ D’INHUMATION A.S.B.L. GAN HASHALOM En cas de nécessité, téléphonez aux numéros suivants : Le jour A Beth Hillel ( 02.332.25.28 Le soir Rabbi Abraham Dahan ( 02.374.94.80 ou 0495.268.260 Si vous désirez souscrire à Gan Hashalom, téléphonez à Willy Pomeranc Le jour ( 02.522.10.24 • Le soir ( 02.374.13.76 Gan Hashalom est réservé aux membres de la CILB en règle de cotisation et ayant adhéré à la société d’Inhumation