le shofar revue mensuelle de la communauté israélite libérale de belgique N° d’agréation P401059 septembre/octobre 2008— n°297 / Eloul 5768/Tichri 5769 synagogue beth hillel bruxelles Un Temps qui parle Racismes La CILB en Israël n°297 septembre/octobre 2008/ Eloul 5768/Tichri 5769 N° d’agréation P401059 re vue mensuelle de l a communauté isr aélite libér ale de belgique EDITEUR RESPONSABLE : Rabbin Floriane Chinsky Rédactrice en chef : Jacqueline Wiener COMITÉ DE RÉDACTION : Rabbi Abraham Dahan, Rabbi Floriane Chinsky, Ralph Bisschops, Gilbert Lederman, Philippe Lewkowicz, Jacqueline Wiener, Emmanuel Wolf ONT EGALEMENT COLLABORÉ a cette livraison : Rabbin Daniel Fahri, Elie Bok, Monique Ebstein, Rachel Namias, Deborah Peruch et Gaëlle Szyffer Mise en page : www.inextremis.be Le Shofar est édité par la COMMUNAUTÉ ISRAÉLITE LIBÉRALE DE BELGIQUE A.S.B.L. N° d’entreprise : 408.710.191 Synagogue Beth Hillel 80, rue des Primeurs, B-1190 Bruxelles Tél. 02 332 25 28 Fax 02 376 72 19 www.beth-hillel.org [email protected] CBC 192-5133742-59 RABBINS : Abraham Dahan et Floriane Chinsky président exécutif : Philippe Lewkowicz CONSEIL D’ADMINISTRATION : Président : Gilbert Lederman Avishaï Ben David, Ralph Bisschops, Patrick Ebstein, Paul-Gérard Ebstein, Ephraïm Fischgrund, Josiane Goldschmidt, Gilbert Lederman, Willy Pomeranc, Elie Vulfs, Serge Weinber, Jacqueline Wiener, Emmanuel Wolf. Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs. Photo de couverture : Jacques Noach - mai 2008 Sommaire 05 EDITORIAL 06 Le mot du président Vérité, Droit et Justice par Jacqueline Wiener par Philippe Lewkowicz 08 JUDAÏSME De profondes racines pour des branches florissantes Roch Hachana et Kipour 5769, quelques outils pour un nouveau départ par Rabbi Floriane Chinsky 13 Un temps qui parle par Rabbi Abraham Dahan 07 16 Racismes par Jacqueline Wiener 20 Le judaïsme libéral, c’est d’abord le judaïsme 23 La pensée de Leo Baeck (1873-1956) - suite par le Rabbin Daniel Fahri par Monique Ebstein 23 27 Les fêtes de Tichri à Beth Hillel 28 AGENDA 30 Carnet 32 Nos Bné Mitsva 36 VIE COMMUNAUTAIRE Beth Hillel en Israël ou Le voyage des émotions par Rachel Namias 36 42 Un jeune pianiste à «l’Heureux Séjour» 48 Nouvelles d’Israël et d’ailleurs 52 Limoud revient 54 Un peu d’humour 55 Informations utiles par Monique Ebstein par Gaëlle Szyffer Pour l’organisation de vos Simhot Un nom: Solange! Un numéro: 0497.57.47.27! le shofar Editorial Par Jacqueline Wiener Cette livraison constitue le premier « gros » numéro du Shofar édité par la CILB depuis la publication, en mai dernier, du livre « Le Judaïsme Libéral en Belgique - Petite Anthologie du Shofar »1. Le travail bénévole pour mener à bien la rédaction et la parution régulière de la revue, encouragé ces dernières semaines par les nombreuses manifestations d’enthousiasme exprimées à l’occasion de la sortie de cette « petite anthologie », est, entre autres, inspiré par notre conscience du rôle fondamental que joue aujourd’hui la tendance libérale du Judaïsme dans la transmission de celui-ci à un peuple auquel les règles de vie du Shulhan Arouh d’avant l’émancipation napoléonienne, les progrès de la science, l’égalité des sexes ou la Shoah ne peuvent raisonnablement plus s’appliquer sans modifications et adaptations appropriées. Face aux nombreux défis d’aujourd’hui auxquels le Judaïsme dans son ensemble a à faire face, plutôt que de nouer un dialogue constructif qu’appellent de leurs vœux « les libéraux », à l’instar de notre président exécutif dans son billet du mois, certains, en Israël comme en diaspora, s’évertuent encore et toujours à jeter l’anathème sur le Judaïsme réformé. Ainsi en va-t-il du nouveau Grand Rabbin consistorial de France évoqué dans ce Shofar et à propos duquel nous reproduisons, comme en écho à son propos, un article précédemment écrit par le rabbin Daniel Fahri et dans lequel celui-ci rappelle pourquoi nous n’avons pas fondé une religion nouvelle ni opéré un schisme. Les fêtes de Tichri arrivent à grands pas. Nos rabbins se sont penchés sur ce Temps qui construit l’Homme, sur ce moment de l’année juive de remise en question de soi, occasion, par ailleurs, pour nous de nous attarder sur quelques uns de ces racismes dont nous sommes tous chaque jour tantôt témoins, tantôt victimes, parfois coupables. Et pour terminer sur une note plus légère ce Shofar de la rentrée, le voyage en mai dernier de Beth Hillel en Israël n’a guère été oublié, avec la narration d’un joyeux périple chargé d’émotions, de Jérusalem à Safed en passant par Beth Daniel, les enfants de l’internat Levovitch ou le moshav Yonathan. Bonne lecture, donc, à tous et chaleureux vœux de chana tova ! ■ 1 « Le Judaïsme Libéral en Belgique -Petite Anthologie du Shofar », Le Shofar hors série, mai 2008/Yiar 5768, 102 pages 5 Le m ot d u pr és i dent Vérité, Droit et Justice par Philippe Lewkowicz « La vérité germera de la terre et des cieux se penchera la justice » (ps 85 :12) Lors du voyage de Beth Hillel en Israël en mai dernier, nous avons visité le magnifique bâtiment abritant la Cour Suprême à Jérusalem. 6 Parfaitement intégrée dans la cité administrative et le parc de l’Indépendance, cette maison de justice tout de blanc vêtue est une suite ininterrompue de symboles inspirés par la Torah, la tradition et l’histoire juive. Ces symboles sont souvent directement reliés à des notions de justice mais aussi à l’idée de l’ordon n a nce ment du monde temporel et spirituel. », sa vérité, car, bien sûr, il y en a plus d’une. Ce concret, c’est le bâtiment lui-même et la ville de Jérusalem qu’on voit par les fenêtres. Ces nombreuses et hautes baies vitrées, les ouvertures vers le ciel, représentent l’aspiration à la « Justice », divine peut être, inspirée à l’homme sûrement. Pour que ces vérités, parfois en conflit, aboutissent à la justice, intervient le droit qui est le lien entre les deux. Le « Droit » est représenté par les salles d’audience et la bibliothèque abritant la jurisprudence. Ces espaces sont au premier étage, qu’on atteint par un escalier majestueux et au bas duquel on n’aperçoit que le ciel. Ainsi le Droit est entre la terre la Vérité - et le ciel - la Justice. Pour nous indiquer ces symboles et Cette démarche, pour nous les belle et simple a ex pl iquer, priori, pourrait nous avons être universelle; eu la chance je crois en tout d’avoir un cas qu’elle corguide d’une respond bien à qualité rare. Plaque d'inauguration du bosquet de la CILB Je ne peux que vivement conseiller à chaque la tradition juive et certainement à celle de visiteur à Jérusalem de s’inscrire à une telle Beth Hillel, puisque nos rabbins nous enseignent que la pensée ne suffit pas et qu’il faut visite. agir en sachant que toute action a des conséNotre guide nous a cité le psaume ci-dessus quences sur le prochain et qu’il convient donc qui avait guidé les architectes du bâtiment d’être responsable de nos actes. De même, et qui est celui du concept de justice dans la l’action non réfléchie peut être dangereuse. tradition juive. Les pieds sur terre, dans le On retrouve ici toute la symbolique des teficoncret, l’homme doit rechercher la « Vérité lin qu’on pose sur la tête et le bras. le shofar Mais si plusieurs vérités existent, ou coexistent plus exactement, cela ne devrait pas entraîner nécessairement un conflit car la justice peut aussi reconnaître cette coexistence; dans les relations humaines, c’est même un a priori de bonne justice. On peut extrapoler en affirmant que la coexistence d’idées, même opposées, peut être une source de richesse au lieu de conflit. Telle devrait être la situation au sein de la communauté juive où les différentes tendances s’opposent au lieu de travailler ensemble au bien commun. Sur un certain nombre de points, la «Vérité» des orthodoxes est différente de la «Vérité» des libéraux. Mais qui a déjà rencontré D’ieu pour lui demander de trancher ? La loi de la Bible est parfois différente de la loi rabbinique; citons à titre d’exemple la problématique de la transmission de la judéité: à la patrilinéarité reconnue dans la Torah s’oppose la matrilinéarité instaurée par les rabbins. Devons-nous affirmer que si l’un a raison, l’autre a tort ? Il y a tant de domaines où nous nous rejoignons et qui sont bien plus importants que les points où nous divergeons. Les plus obtus parmi les orthodoxes nous considèrent comme leurs adversaires, ils ne sont pas les nôtres. Ils cherchent une justice absolue, manichéenne, celle du « Gott mit uns ». Le scandale récent de l’annulation de milliers de conversions (pourtant orthodoxes) en Israël et la détresse d’autant de familles montre les excès d’une telle philosophie. Ce n’est pas et cela ne sera pas la nôtre. En cette veille de fêtes où la balance divine pèsera les actes et les pensées de chacun, ce qui nous tient le plus à cœur est de travailler à l’épanouissement et à l’unité du peuple juif dans sa riche diversité. Pour cela, nous devons continuer tous ensemble à militer, à soutenir, à être présents à Beth Hillel pour montrer à la fois notre attachement à notre riche et ancienne tradition ancrée dans la vie actuelle et notre détermination à promouvoir un judaïsme de fidélité et d’ouverture pour des jeunes d’aujourd’hui et de demain qui, sans cela, trop souvent, rompent définitivement cette chaîne fondamentale de la transmission. Si nous sommes suffisamment nombreux pour dire à nos frères orthodoxes que nos routes sont complémentaires, peut-être nous entendront-ils. Je vous souhaite une belle année 5769 dans la santé, la paix et la prospérité. ■ 7 J U DA Ï SM E De profondes racines pour des branches florissantes Roch Hachana et Kipour 5769, quelques outils pour un nouveau départ Par Rabbi Floriane Chinsky 8 Le changement est une chose qui inquiète. Notre instinct nous met sur nos gardes lorsque nous sommes confrontés à de nouvelles situations ou à des personnes étrangères. Il s’agit au départ de l’instinct de survie, qui nous pousse à examiner les dangers éventuels et à nous préparer à y faire face. Au contraire, ce qui est familier est rassurant, il suscite en nous un doux sentiment de sécurité et de chaleur. Ce sentiment est parfois totalement artificiel et trompeur. Ainsi fonctionne la publicité, qui par la répétition de ses messages, nous donne un sentiment de familiarité avec les produits qu’elle promeut. Les études comparatives prouvent que les produits les mieux vantés sont loin d’être les meilleurs, voire les plus inoffensifs. Sommes-nous prêts à renoncer à la sécurité au bénéfice du sentiment de la sécurité ? Nous sommes alors prisonniers de l’illusion. Nous enfreignons alors à mon sens le commandement « vélo tatourou aHaré lévavéHem véaHaré einéHem »1. Et pourtant, n’est-il pas naturel et normal de rechercher le bien-être ? La question devient alors de concilier notre esprit d’initiative et notre curiosité du monde qui nous entoure avec le sentiment de familiarité de bien-être auquel nous aspirons. Cette question est d’actualité à notre époque où chacun voyage et doit recréer ses repères. Elle a été d’actualité pour notre peuple depuis avant même sa création, à travers la quête d’Avraham et de Sarah, et leur courage pour partir en exploration de terres géographiques et spirituelles inconnues. De ce voyage périlleux, ils ont su nous ramener des trésors. Au cours de nos exodes et de nos exils, nous avons traversé bien des difficultés et bien des dangers. Pourtant, nous ne nous sommes pas laissés happer par le tourbillon de l’insécurité. Depuis le couple abrahamique, nos capacités de recréer notre maison dans les lieux et les conditions les plus invraisemblables se sont développées, affinées, rôdées et renforcées, jusqu’à ce que certains d’entrenous soient capable de célébrer PessaH dans les camps de concentration, d’y composer de la musique, de la poésie, de l’humanité. Comment avons-nous développé ces ressources ? Sont-elles encore nôtres aujourd’hui ? 1 N b. Chap. 15, repris dans le troisième paragraphe du Chéma Israël. le shofar Qu’est-ce qui nous donne le courage d’envisager l’avenir, ses imprévus et ses évolutions avec sérénité malgré toutes les difficultés que nous avons rencontrées ? Cette question se pose autant pour nous en tant que peuple qu’en tant qu’individus. J’invite chacun d’entre nous à chercher des réponses à cette question. Pour ma part, il me semble que trois éléments sont à l’origine de notre grande liberté de penser, de notre capacité de repousser les frontières du possible et de défier l’histoire, sans jamais nous laisser dicter notre destinée, trois éléments d’une importance égale, et qui sont restés au cœur de notre identité à travers les âges : L’étude, la mémoire, la solidarité et la chaleur familiale. Les pirké avot (chapitres des pères, recueil de michna) diraient, al hatorah, al haavoda véal guémilout Hassadim2, sur ces trois choses repose le monde, notre monde, celui dont nous disons que sa valeur est jugée à Roch Hachana et scellée à Yom Kipour, celui qui est scruté et décrété soit viable soit irrécupérable une fois par an, au jour anniversaire de sa création. L’étude, la Tora Lorsque la sociologie étudie les personnes xénophobes, racistes ou réactionnaires, elle constate que ces attitudes sont souvent liées à un sentiment d’insécurité matérielle et à un manque d’éducation. L’ignorance du monde nous laisse imaginer qu’il n’existe qu’une façon de penser ou d’agir, nous poussant à nous méfier de tout ceux qui pensent ou agissent différemment ainsi que des sociétés et des climats qui fonctionnent sur des modèles autres que ceux que nous connaissons. L’ignorance se combat par l’étude. Dans notre tradition, l’étude joue un rôle central. Etudier est un commandement. Il n’est pas exigé de nous que nous soyons intelligents ou savants, mais avant tout que nous nous penchions sur les textes et que nous étudions leurs significations possibles. La multitude d’interprétations, toutes légitimes3 nous invite à changer de perspectives pour comprendre des opinions différentes, à la manière dont les sociologues s’obligent à considérer toute vérité comme d’une valeur égale pour celui qui l’énonce. Avec l’étude, le caractère complexe de la vérité4 n’est plus un danger mais un monde familier, lieu de partage humain. Avec l’étude, le partage des opinions concernant certaines interprétations de la Torah ou de la HalaHa5, ce sont aussi des modes de vies et des sentiments humains qui sont comparés, réévalués, qui permettent un nouveau départ, une reprise en main. De cette façon, il nous est donné de renouer avec celui ou celle que nous sommes vraiment, lorsque nous nous perdons parfois dans les méandres de la vie, de faire Téchouva6. L’amour du savoir et de la réflexion, une insoumission vis-à-vis de la réalité, voilà qui caractérise bien, à mon avis, notre judaïsme belge et bruxellois. La mémoire réactivée - la Tefila Nous savons instinctivement que l’amplitude de notre présence dans l’avenir dépend de la profondeur des racines que nous plongeons dans le terreau fertile de notre passé. Pour prendre une image sylvestre, les branches de l’arbre poussent d’autant plus haut que ses racines sont profondes. Cette intuition a été récemment confirmée par des recherches7 qui corrèlent la capacité d’envisager l’avenir à la mémoire du passé. C’est le sens que revêt pour moi le magnifique texte de Yaalé 2 Ces trois principes sont énoncés par Rabbi Chimon Hatsadik dans la michna avot 1 :2 voir également le mot de Rabban Chimon ben Gamliel : « al hadin véal haémet véal hachalom » (michna avot 1 :18). 3 Selon le principe énoncé par le Talmud, Élou véélou divré élohim Haim (méguila 13b). 4 C hivim panim latorah, la Tora a 70 facettes. 5 L oi juive, chemin juif, mode de vie forgé par les rabbins et développé au fil des générations. 6 Un retour sur soi, traduit généralement par repentance et thème principal des fêtes de Tichri. 7 Cf. Science et Vie n°1089, juin 2008, « Notre passé invente notre futur », pp. 62-66. 9 J U DA Ï SM E Véyavo, que nous ajoutons à la Amida ainsi qu’au Birkat Hamazon les jours de fête : « Que monte et que vienne, et qu’arrive et que soit souhaitable, et que soit agréé et rappelé, que soit recompté notre souvenir et le souvenir de nos ancêtres et le souvenir du Messie fils de David ton serviteur et le souvenir de Jérusalem ta ville sainte, et le souvenir de tout ton peuple Israël, devant toi. » 10 Il semble naturel que nous voulions rappeler notre souvenir, ainsi que le souvenir des patriarches et de nos ancêtres, qui appartiennent au passé. Mais le Machiah ben David, le messie qui doit permettre cette ère nouvelle de fraternité sur la terre, comment son souvenir pourrait-il être rappelé, alors qu’il appartient à l’avenir ? La pensée occidentale, et la mienne avec elle, a du mal à envisager le temps autrement que divisé par le moment présent, d’un côté en un passé qui s’enrichit et de l’autre en un avenir qui fuit. Pourtant, l’hébreu ancien fonctionne différemment. Le parfait, l’achevé, le définitif d’une part et l’imparfait, l’inachevé, le « en voie »8 de l’autre sont les catégories dans lesquelles le verbe, c’est-à-dire l’action humaine, se catégorise. L’imparfait, ce qui est en voie de création, peut inclure à la fois le passé inaccompli et le futur. Alors, le souvenir du futur peut exister. Alors, nous rappelons nos actes passés, au même titre que nos projets futurs. C’est ce qu’on appelle la émouna, injustement traduite par « foi » et qui signifie la fidélité. La réalité à venir n’est pas moins certaine que celle du passé. Notre fidélité à nos principes, et la fidélité des deux partenaires de la Brit, de l’alliance entre Dieu et le peuple juif, font de nos promesses des réalités tangibles. La certitude du but que nous nous fixons nous aide à tracer le chemin jusqu’au présent et à réaliser nos projets. Plutôt que de chercher, comme l’eau, le chemin de moindre dénivelé et de suivre une voie tracée à l’avance qui nous mènera à un océan impersonnel et subi, nous envisageons notre destination et choisissons au fur et à mesure les embranchements du chemin qui nous en rapprochent. Le Avoda, le « service », les « offices », la « prière », le Avoda chébalev, le « service du cœur » ainsi que nous nommons la prière, est à l’image de ce magnifique texte de Yaalé véyavo. Nous y rappelons nos principes, nous nous les rappelons les uns aux autres, ensemble pour qu’ils nous entrent au cœur au plus profond, et que l’accomplissement du bien nous réchauffe sans jamais nous accabler. Ce lieu est également un lieu de sécurisation, qui nous permet de nous remettre en phase avec nous-mêmes et d’aborder l’inconnu de l’année à venir avec sérénité. Je suis consciente que nous ne voyons pas tous dans « les prières » ce rééquilibrage et cette culture d’une mémoire mise au service de l’avenir. Pourtant, il me semble que c’est bien ainsi que la Tefila9, aux côtés de la Téchouva que nous venons d’évoquer, « fait passer le mauvais décret »10 , nous délivre des conséquences de nos erreurs. Cette dimension s’incarne à travers la participation aux offices des grandes fêtes ainsi qu’aux SeliHot11. La solidarité, la Tsédaka Le troisième élément qui a caractérisé les sociétés juives à travers l’histoire est la chaleur du milieu social et familial, la solidarité qui s’y exprime. La michna reprend les obli- 8 De façon intéressante, le mot « voie » en araméen OraH reprend à la fois le sens de « mode de vie » (oraH Haïm) et de EreH, qui signifie le principe moral. Ceci rejoint le sens du mot halaHa qui désigne le système juridique juif et vient de la racine h-l-H, qui renvoie à l’idée de mouvement. 9 Le développement de notre capacité à nous juger nous-mêmes (palal) et à nous remettre en prise avec les aspects beaux de la vie (pala). 10 « Maavir et roa hagézéra » ainsi qu’exprimé dans la prière ountané tokef, spécifique aux fêtes de Tichri. 11 Offices du matin agrémentés de poésies incitant à la Téchouva, qui précèdent Yom Kipour. le shofar gations de la Tora et rappelle les « devarim chéein lahem chiour »12, toutes ces lois dont la quantité est laissée à l’appréciation de chacun et qui permettent aux personnes dans le besoin de se servir dans les surplus de production des autres13. Elle rappelle également les « devarim chéaadam oHel pérotéhem baolam hazé véhakéren kayémet lo laolam haba »14, le respect des parents, faire le bien autour de soi, accueillir des hôtes de passage, la visite des malades, la dotation des fiancées, le respect de la dignité humaine dans la mort, favoriser la paix entre les gens15. Ces textes sont répétés de façon quotidienne dans la Tefila (prière), sont intégrés dans la HalaHa, et se sont incarnés socialement pour développer la famille juive au sens intime comme au sens large. Ces éléments peuvent être rassemblés comme le font les pirké avot sous l’appellation de « guemilout Hassadim », ou comme le fait ountané tokef sous le nom de « Tsédaka ». Cette Tsédaka, ce rétablissement de la justice sociale, s’incarne de la façon la plus directe avant les fêtes par des dons à la communauté. Ainsi, les trois piliers sur lesquels repose le monde, l’étude, la reviviscence de la mémoire, les actes d’entraide généreuse sont également les piliers de notre sentiment de sécurité et de confiance16, sentiments qui sont le fondement de notre sérénité lorsque nous devons faire face aux défis de l’avenir. Des outils destinés à nous permettre d’aller de l’avant Ce sont ces outils que nous devons mettre dans nos bagages pour garder confiance et bonheur au cours de notre voyage vers l’avenir. Ce sont ces défis que nous devons relever pour l’année à venir et pour les années suivantes, pour notre génération et pour les générations futures. Ce défi, c’est celui de faire vivre ce verset17 que nous rappelons chaque fois que nous remettons le Sefer Torah dans l’arche : Hachivénou hachem éléHa vénachouva Hadech yaménou kékédem : renouvelle nos jours comme aux temps jadis. Il est remarquable que cette phrase était déjà vraie du temps de la rédaction du livre des lamentations, elle l’est encore aujourd’hui. Ainsi, notre tradition est une tradition de la fidélité dans l’évolution, ainsi que des auteurs contemporains le développent18. Plus que jamais, l’avenir de notre tradition dépend de notre capacité à prendre confiance dans sa force et dans la profondeur de ses racines, de façon à oser lui faire pousser des branches jusqu’ici inexplorées, magnifiques de créativité et de profondeur. Ce défi, c’est celui qu’on relevé nos ancêtres depuis le premier couple fondateur d’Avraham et Sarah. Ils ont exploré l’inconnu théologique, en refusant les faux dieux rassurants de leurs pères. Ils ont accepté le vide théologique avant de découvrir ce qui deviendra par la suite le Dieu d’Israël. Ils ont accepté l’inconnu géographique, en partant vers une terre indéterminée, non pas encore la terre de Canaan ou la terre où ruisselle le lait et le miel, mais bien la terre « que je t’indiquerai »19. Il a accepté l’inconnu émotionnel en conduisant son fils sur le mont Moria20, sans savoir encore ce qu’il y adviendrait exactement. C’est ce dernier courage que nous 12 Michna Péa 1 :1 13 Ajoutant également la générosité et l’étude de la Tora. 14 Guémara chabbat 127 15 Encore une fois, s’intéresser à la tefila et l’étude de la torah sont mis en valeur ici également. 16 Ces notions se rattachent également à mon sens à notre première et magnifique phrase du Chéma Israël : « Tu aimeras l’éternel ton dieu de tout ton cœur- béHol lévavéHa, de toute ton âme – ouvéHol nafchéHa – et de tout ton pouvoir – ouvéHol méodéHa. » (Extrait de Deut. Chap.6). Le travail du cœur (avoda, avoda chébalev, tefila), le travail de l’âme (torah, téchouva), le travail social (guémilout Hassadim, tsédaka), sont ce qui nous renforce dans notre amour de Dieu et notre sentiment de bien-être dans le monde. 17 L amentations, chap. 5. 18 Cf. par exemple Mordecai Waxman et son livre, Tradition and Change: the Development of Conservative Judaism. 19 El haaretz acher aréKa, Gen. 12 :1. 20 Gen. Chap.22. 11 J U DA Ï SM E rappelle le son du Chofar 21. Cet appel plein d’émotion, le cri du chofar, ses espoirs, ses pleurs, expriment nos sentiments lorsque nous nous rappelons que notre avenir est dans nos mains. Nous savons l’importance de nos défis personnels, nous sentons la chaleur que procure le fait de partager nos challenges avec les enfants de notre peuple. Certes les risques pris par nos ancêtres en créant un monothéisme antisocial et contestataire étaient énormes. Mais quel risque bien plus grand encore que de passer à côté de sa vie sans s’en rendre compte, par simple paresse, par crainte ou par manque d’outillage. L’artiste énonçait cela d’une façon magnifique22 lorsqu’il affirmait que le plus grand risque est de ne pas en prendre. Avec des racines solides, avec des perspectives nettes, il est possible d’envisager le chemin avec souplesse et faire vivre avec sérénité l’aphorisme de Rabbi NaHman de Bratslav : « Ne demande pas ton chemin à celui qui le connaîtrait, tu risquerais de ne pas te perdre. » Chacun à notre façon nous sommes en chemin vers l’inconnu, vers « la terre qui nous sera indiquée ». Je souhaite que nous embarquions à nouveau ensemble dans cette nouvelle épopée qui s’appelle 5769. Nous y développerons les outils de notre sérénité et de notre souplesse, l’étude, la mémoire vive dans la prière, les actes de bonté, pour nous inscrire dans le bon côté des décrets parfois durs de la vie, et pour nous projeter ensemble vers un avenir plein de fruits et de fleurs encore inconnus. Chana tova ■ 12 Dans la continuité de cet article, vous êtes invités à vous joindre à nos différentes activités et à vous tenir informés à travers notre newsletter électronique hebdomadaire ([email protected]). Dans l’ordre de l’étude : étude « Judaïsme Pensée et Pratique » le lundi soir, enseignement aux Facultés Universitaires Saint Louis, étude sur le thème des fêtes de Tichri 5769 autour de la havdala, Talmidi pour les jeunes de 5 à 13 ans. Dans l’ordre de la Avoda : havdala, nigounim de kipour, seliHot, offices des fêtes de Tichri. Dans l’ordre de la solidarité : visite des malades, tahara, dons pour la communauté et son développement, pour les pauvres, pour le talmud torah. 21 L e chofar, la corne de bélier dont on sonne à Roch Hachana et à la fin de Kipour, rappelle l’animal qui a remplacé Isaac sur l’autel. 22 L éonard de Vinci. le shofar Un temps qui parle Par Rabbi Abraham Dahan «Pendant six jours tu travailleras et feras tout ton ouvrage et le septième, shabbat, cessation, en l’honneur de l’Eternel…» (Exode 20) «Béni sois-tu Eternel qui change le moment et remplace le temps, qui fais passer le jour et apporte la nuit «(Liturgie quotidienne). La Tora s’ouvre sur les jours de la Création, avec chacun d’eux sa spécificité. Il y a, dans la Tora et le Judaïsme dont elle est la source, comme une obsession du temps et, en tout cas, la conscience aigue qu’il est une dimension du réel et de nos vies que nous ne pouvons pas ignorer. Il y a, en hébreu, deux termes pour dire le temps: Ett et Zman. Ett désigne la succession des instants, les temps qui filent, qui défilent et nous emportent. Dans la prière du soir, nous disons «mechané ittim oumaHalif et hazmanim»que l’on pourrait traduire par «qui fait défiler le temps et donne un contenu à des moments». Ett, c’est le temps apparemment incolore, ordinaire. Mais même ce temps n’est pas neutre, ni vide «Ett laledet ve’ett lamout», «il est un temps pour naître et un temps pour mourir, un temps pour planter et un temps pour déraciner, un temps pour démolir et un temps pour bâtir…» (Eccl. Ch. 3) Zman, par contre, désigne le temps qui a sa couleur particulière, le temps sanctifié en ce qu’il rappelle, révèle et ouvre un horizon: vous connaissez la bénédiction pour les moments heureux, rehaussés de nos vies: «che’heHeyanou vekyimanou, vehigyanou lazman hazé», qui nous a fait vivre, réellement exister et nous a fait atteindre ce moment. Pessach, c’est zman Hérouténou, temps de notre libération; sept semaines après Chavouot, c’est zman natan toraténou, le temps du don de la Loi; Roch Hachana, c’est yom hazikaron, le temps du souvenir ve hadin et du jugement; Kippour, le temps du pardon possible: «ki bayom hazé yeHaper aléHem», ce jour-là il sera fait expiation pour vous (Liturgie de Kippour); Souccot enfin, zman simHaténou, le temps de la joie. Le temps juif est donc comme sculpté par le sens qui le remplit, l’éclaire et déborde l’ordinaire. C’est cela le temps sanctifié. Mais cette sanctification, cette couleur n’est pas la même pour toutes les fêtes. Chaque moment a comme sa vibration particulière. Nous disons dans la prière «hamavdil ben kodech leHol» béni sois-tu Eternel qui différencie entre le temps ordinaire et le temps de sanctification. Mais aussi, quand Yom Kippour tombe le shabbat par exemple, nous disons «hamavdil ben kodech lekodech». Pour nous apprendre à comprendre et à distinguer que, même dans l’ordre de la sanctification, il faut savoir discerner. Il y a aussi, dans notre tradition, le souci de désenchanter le temps, de lui arracher sa dimension de temps subi, de destin, le fatum, en le remplissant par la mitsva, l’acte qui donne sens et direction. Quand je dis désenchantement, je pense à la volonté d’arracher au temps les peurs et les superstitions, les magies qui l’enveloppent. La peur de la nuit, par exemple. C’est pour cela que nos fêtes commencent toujours le soir. Faire que la nuit ne soit pas le temps 13 J U DA Ï SM E de la peur et des djinns, mais le temps de la célébration, de la réunion et de la joie. Le calendrier juif est luni-solaire. Il y a certes là une raison technique, faire en sorte que les fêtes correspondent au temps de la moisson: Pessach, moisson de l’orge; Chavouot, le blé; Souccot, les vendanges… Mais il y a une autre raison. Le peuple juif, dit le Talmud, n’est pas soumis aux astres. Ce n’est pas l’astre - le soleil ou la lune - qui me dictera mon temps comme cela se passe pour les autres cultures. J’utilise les deux astres et mes calculs pour fixer mes temps. Comment exprimer de manière plus claire que le temps, au lieu d’être subi, peut et doit être dominé, utilisé, rempli de ce qui positive et construit. 14 Le temps juif n’est jamais un temps vide, ni non plus un temps cyclique, celui de l’éternel recommencement comme dans le mythe de Sisyphe qui roule sa pierre jusqu’en haut de la colline, elle dégringole, il redescend et la roule à nouveau, à l’infini. Ce n’est pas un temps passif, le temps de l’Attente, c’est un temps en tension, nerveux, rempli, agi. La tradition dit «yotsim mimitsva veniHnassim le mitsva»A peine est on sorti de l’accomplissement d’une mitsva, d’un devoir humain, que nous devons aller vers la prochaine mitsva. Le temps juif est donc travaillé, comme sculpté par les actes. Abraham Heschel a même parlé d’une architecture du temps. Le premier repère de cette architecture, c’est le shabbat, la cessation qui rythme et enveloppe tous les autres moments. Temps d’arrêt, de respiration humaine, de recul, comme le peintre qui peint sa toile et lève son pinceau… temps de retrait et de conscience de mes limites: je ne suis pas le maître, je ne peux pas tout ni tout le temps. Le shabbat qui fait de notre temps autre chose que celui de l’horloge, de la fuite en avant, du divertissement et des mondanités. Le shabbat, c’est le septième jour. Pour les semaines, il y a les sept semaines entre Pessach et Chavouot, sept shabbatot entre le temps de la Libération et celui de la Loi, pour symboliser et indiquer le long, long chemin entre la liberté et l’intégration de ce qui lui donne sens et direction, la Loi. Le septième mois, Tichri, est plein, chargé comme un œuf: le premier, c’est Roch Hachana, comme nous l’avons déjà indiqué temps de responsabilité et de jugement; le 10, c’est Kippour, temps de grâce et de pardon possible quand, dans nos vies, se réinscrit la Loi, les Dix Paroles, comme les dix jours qui séparent Roch Hachana de Kippour, le Jugement du Pardon; le 15, c’est Souccot, la fête qui en même temps clôture et ouvre la nouvelle année, temps de sagesse et d’espérance. Cette succession dessine d’une façon forte et bouleversante comme une image de notre vie. Pessach, la libération, c’est le printemps, la liberté, c’est le temps de la jeunesse. C’est peut-être pourquoi le shabbat de Pessach, nous lisons dans nos synagogues Chir Hachirim, chant d’amour et de jeunesse; Chavouot, la Loi, l’étude, c’est l’été de nos vies, le temps de la maturité. Bien plus tard, en automne, Tichri, comme à l’automne de nos vies, c’est Roch Hachana, le Jugement. Avec l’âge, nous sommes plus aptes à comprendre que nous sommes responsables de nos choix et que nos actes nous jugent. Yom Kippour vient tempérer par la grâce du pardon possible le côté implacable de notre responsabilité. Je peux tomber, certes, mais je peux me relever, je peux recommencer. Je ne peux pas effacer l’ardoise, mais cela n’empêche pas l’effort de renouveler mon chemin. Enfin, Souccot, tout au bout de l’automne, à l’entrée de l’hiver, comme l’hiver de nos vies, est un magnifique condensé de tout ce qui précède et qui ouvre à une forme de sagesse. La cabane de Souccot, c’est nos vies éphémères et fragiles. Nos vies qui doivent rester ouvertes sur le monde comme la Soucca est dehors. Nos vies, qui ne doivent pas laisser s’éteindre le miracle qui nous porte, comme à travers le toit de la Soucca on voit le ciel et les étoiles. le shofar Tout au bout du parcours, la Soucca nous appelle aussi à la simplicité, au dépouillement, à l’humilité, mais aussi à la beauté des choses de nos vies. La Soucca, c’est aussi la conscience que nous sommes toujours en chemin; quand les Hébreux sortent d’Egypte et sont dans le désert, tout au bout du long parcours, la cabane c’est encore la cabane du désert. La Soucca, c’est la fête qui clôture le cycle et, soudain, le commandement, la mitsva qui me porte et que je porte n’est pas seulement un acte, un geste, un rite. Elle est comme la Soucca, ma maison. La Loi de Dieu, sa mitsva, c’est ma maison, mon toit et mon mur. Souccot, c’est Hag ha’assif, la moisson des derniers fruits d’automne et des vendanges. De quels fruits s’agit-il? Peut-être aussi les fruits de la tête, ceux d’une vie pleine qui peut ouvrir, avec l’âge, à une forme de sagesse. C’est peut-être pourquoi le shabbat de Souccot, nous lisons l’Ecclésiaste, ce livre en même temps sceptique, sans illusions, lucide, mais qui ouvre à une foi profonde dont la source est la compréhension des choses de nos vies. Dans Souccot, enfin, il y a l’expression du rêve messianique millénaire d’Israël: les 70 offrandes au nom des 70 nations de la terre. La liturgie qui exprime le rêve d’unité, d’une humanité réconciliée et la fin des violences. Le loulav, c’est le rite qui traduit ce rêve. Nous avons parcouru le temps juif et constaté que le rythme dont il bat, c’est le 7, septième jour, septième semaine, septième mois. Il y a la septième année, l’année shabbatique, le repos de la terre, la libération des esclaves, l’annulation des dettes et 7 x 7, la cinquantième année, c’est le yovel, le jubilé, qui inclut toutes les lois de la septième année, plus la libération de la terre, c’està-dire comme une réforme agraire permanente pour éviter les disparités indécentes de richesse. Il y a là comme une prodigieuse utopie. Un temps qui raconte une histoire et pose des repères puissants et concrets d’un chemin long mais possible d’espérance et de libération pour l’humanité entière. C’est peut-être celui là le chemin du messie. ■ 15 J U DA Ï SM E Racismes Par Jacqueline Wiener mètre dans le choix précis d’une stratégie internationale et d’une politique économique et sociale intérieure que devra opérer En son nom, on massacre, déporte, assas- l’électeur américain en novembre prochain. sine, humilie, méprise, ghettoise, exclu, Celui-ci se retrouvera confronté au refus ou discrimine. Lorsque plus simplement, on non du brassage culturel, de l’altérité incarné n’édicte pas des normes juridiques, reli- par un prétendant « coloré » au titre de chef suprême de la plus gieuses, politiques, puissante démocratie sociales ; ou qu’on ne « Le racisme constitue un du monde, reléguant formule pas d’autres triste paramètre dans le par là-même au second expressions pseudo choix précis d’une stratégie plan les effets sur la légitimes de singularivie de millions de gens, sation qui annihilent politique, économique et aux Etats-Unis comme l’unicité fondamentale sociale que devra opérer ailleurs, de l’élection de l’être humain. d’une politique plutôt l’électeur américain en qu’une autre. Le racisme nuit à novembre prochain » l’Homme. A sa proie. La seconde fait réféMais aussi à celui qui rence aux bambins de Belgique ne s’exle génère. primant pas en flamand qui sont devenus L’actualité de ces derniers temps nous en interdits de loisirs dans certaines plaines démontre sa vertigineuse fertilité, dont nous de jeux de Flandre ou à la délation des comne retiendrons que trois manifestations aux merçants s’exprimant autrement que dans la langue de Vondel légalement organisée conséquences encore incertaines. depuis peu dans des communes proches de La première nous vient d’Outre Atlantique, Bruxelles. Sur fond justificatif de supposée où le candidat préféré de nombre d’Euro- paresse wallone ou en mémoire aux soldats péens à la Maison Blanche est devenu flamands massacrés en quatorze sur le front « noir » et parfois même « musulman », sous de l’Yser pour cause d’inintelligibilité linjustification d’ascendance paternelle afri- guistique. caine et islamique. Si les autres étiquetages racistes les plus communément utilisés dans Or voilà que la Belgique se meurt malgré notre partie du globe auront été épargnés, elle, spectatrice impuissante des graves au cours de la campagne présidentielle, au remous institutionnels pour cause de revenbrillant orateur Barak Obama, c’est grâce à dications nationalistes flamandes qui la sa possession d’un conjoint du sexe opposé rongent depuis une quinzaine de mois déjà, et d’une génitrice non juive. Son épiderme et qui font aujourd’hui magistralement fi noirâtre au référent talibanesque constitue, non seulement de la crise financière monlui par contre, un triste mais bien réel para- diale actuelle, de l’effondrement des indices Le racisme frappe à toutes les portes de l’esprit humain. 16 le shofar boursiers, de l’augmentation des prix de d’une frange minoritaire de la population l’énergie, mais aussi, sur le plan national, sensible à un discours populiste d’un parti politique originaid’un taux d’inflarement marginal, tion en progrespeut éclore d’une sion constante manière exquiséinquiétante ment démocratiparmi les plus que, se disséminer élevés d’Europe dans l’ensemble occidentale, d’un d’un région, d’un ra lentissement Etat ou d’une préoccupant de Nation et finir par la croissance, d’une accélération démesurée de la pau- donner libre cours à un racisme légitimé, périsation des plus démunis du pays. Sans dont plus personne n’ose se distancier et même parler des retards apportés à l’ajuste- aux funestes conséquences. ment adéquat des dépenses publiques sociales et autres ou des conséquences à terme La troisième touche au Judaïsme, avec des dizaines de milliers de l’image de marque d’habitants d’Israël qui à l’étranger d’une Bel« Toute idée de ségrégation se voient actuellement gique déliquescente pour cause de rejet de générée au sein d’une frange de facto rétroactiveretirer leur statut l’Autre… minoritaire de la population ment de Juifs au motif que si une personne d’origine L’opposition omnipopeut éclore d’une manière juive n’observe pas tente d’aujourd’hui, exquisément démocratique et non le shabbat, sa converdans le microcosme politique des Flandres finir par donner libre cours à sion peut être annulée (alors qu’un Juif « de belges, entre cultures un racisme légitimé » souche » ne pourra flamande et française, jamais voir sa judéité a oublié de se tourner vers l’Histoire ; elle a omis de comprendre contestée de ce fait-là). Cette situation, au que toute idée de ségrégation culturelle, contour de lutte de pouvoirs entre religieux religieuse ou ethnique générée au sein ultras et monde politique israélien1, résulte 1 Face aux questions de statut personnel soulevées par l’immigration significative en Israël de non Juifs et de personnes d’ascendance juive notamment en provenance de l’ex-URSS et afin de favoriser leur intégration, les responsables politiques israéliens préconisèrent l’allègement des procédures de conversion, ce qui augmenterait la proportion de Juifs au sein de la population israélienne, enjeu démographique fondamental pour les dirigeants du pays. A cette fin, l’Etat dissocia le Beth Din chargé des conversions des autres tribunaux rabbiniques. Le rabbin Haïm Drukman, nommé à la tête de cette juridiction, suivit les souhaits du gouvernement et organisa l’assouplissement des règles en application qui impliquaient que toute conversion officielle (donnant accès à la nationalité israélienne en qualité de Juif à part entière) se fasse selon les règles de l’orthodoxie. Les changements qu’il appliqua portaient, par exemple, sur la suppression des témoins devant confirmer l’engagement des candidats à la conversion d’observer les mitsvot ou sur l’abolition de l’obligation d’un parent converti d’envoyer ses enfants à l’école religieuse. Décidant ainsi, le rabbin Haïm Drukman rejoignit l’approche libérale consistant à considérer que l’essentiel de la conversion devait résider davantage dans la volonté sincère de s’engager dans une véritable vie juive plutôt que de se focaliser sur le respect scrupuleux des 613 mitsvot. 2 Suite à cette affaire, le Rabbin Haim Drukman s’est vu signifié par le gouvernement sa mise à la retraite à dater du 30 juin dernier. 17 J U DA Ï SM E 18 d’une décision sans précédent de la Haute Le Judaïsme se dénature de son éthique fondamentale lorsque les Cour Rabbinique d’Issupposés gardiens de raël, laquelle a annulé « Le Talmud nous rappelle la Torah manifestent, en mai dernier toutes les conversions inter- que les positions intolérantes à travers de telles décisions, la tentation de venues depuis 1999 et sont susceptibles de donner transformer son peuconduites sous la houple, celui du Livre, en lette du Rabbin Haim naissance à l’horreur » une race imaginaire. Drukman, responsable en chef du Département de la Conversion2 mise en place par le gouvernement israé- Car il y a là, bien sur, un mépris des filles spirituelles de Ruth qui ne dit son nom lien3 . et qui oblige, selon un goût douteux ou Cette juridiction avait à connaître, en dernier nécessaire, des chercheurs israéliens à rappeler, à l’occasion, ressort, d’une demande que la génétique ne en délivrance d’un guet « Des dizaines de milliers reconnaît point de au profit d’une femme différence entre les convertie des années d’habitants d’Israël se humains, auparavant. Or, il était voient actuellement de facto groupes qu’il n’existe aucune de notoriété publique rétroactivement retirer leur commune mesure que cette mère de quaentre les 700 milliards tre enfants nés après la statut de Juifs au motif que de génomes inhérents houppa n’avait jamais si une personne d’origine à chaque individu adhéré à l’observance et le nombre réduit telle que préconisée non juive n’observe pas le de séquences d’ADN par les religieux orthoshabbat, sa conversion peut propres à étudier les doxes. Il n’en avait pas populations du globe, fallu de plus à la Haute être annulée » leurs flux migratoiCour pour considérer res, la mixité résulque puisqu’il en était ainsi, la conversion de cette dame devait tant de leurs rencontres et que celle-ci, être annulée ; que partant, son mariage était s’agissant de l’histoire des Juifs, procède automatiquement frappé de nullité –et le de l’exemple par excellence d’un magistral guet devenu sans objet- ; qu’il y avait, au vu mélange des genres 4. de tout ceci, une suspicion sur l’honnêteté des juges –dont le Rabbin Drukman- ayant Mais il y a là, surtout, une méconnaissance accueilli la conversion ; et qu’en consé- absolue de cet impératif de base selon quence, tous les Beth Din où avaient siégé lequel le racisme est hors la Loi juive, une les rabbins concernés n’étaient pas casher ! ignorance de l’insécurité juridique produite 3 « Le processus de conversion consiste à suivre un cours de 500 heures de préparation dont le programme a pour but d’enrichir les connaissances du candidat en matière de pratique religieuse et d’histoire du peuple juif et à l’issue duquel les tribunaux rabbiniques complètent cet enseignement en vue de l’obtention du certificat de conversion » - extrait du fascicule « Informations sur la conversion » édité par le Bureau du Premier Ministre de l’Etat d’Israël, section des conversions. 4 Selon un midrash, alors que pour frapper monnaie, un moule unique suffit à fabriquer une multitude de pièces identiques et de valeur égale, le Créateur, lui, a utilisé un moule unique pour donner vie à une multitude d’êtres humains tous différents mais aussi précieux les uns que les autres. le shofar sur le statut personnel d’enfants présents voulant devenir juive et après avoir été ou futurs, une incurie à mesurer le risque rejetée par Abraham, Isaac et Jacob, devint la concubine du fils de comportements d’Esau et enfanta déviants ou situations « Le racisme est hors la Loi Amalec : les positions incongrues où brachot intolérantes sont susdevenues caduques juive » ceptibles de donner s’ent r e cho q uer a ie nt aux délations pour cause de débarras aisé naissance à l’horreur. d’une encombrante épouse. Mais qui est Amalec, le mal absolu ? Un Voilà donc un noir, quelques franstallige et inconnu, indéfinissable, sans visage prédes shikse pour quel monde de paix, quelle défini, afin de ne pas donner légitimaBelgique ou quelle démographie juive proje- tion au bouc émissaire, à la stigmatisatés ? Quelles conséquences demain pour ces tion. Comme pour mieux nous rappeler, à la veille des fêtes austères, temps de la trois péripéties de racismes d’aujourd’hui ? remise en question de soi, cette parole du Comme nous le rappelle cet étonnant pas- Sage selon laquelle est seul respectable ■ sage du Talmud, à propos d’un verset de la l’homme qui respecte les autres... Genèse5 sur Timna, la sœur de Latan, qui, 5 Gen.36 :22 19 Construction de la Soucca Le dimanche 12 octobre, dès 11h00 Apportez feuillages, fruits et légumes pour décorer la Soucca. Si vous avez des instruments de musique, apportez-les pour préparer Simhat Tora. Erev Souccot Le lundi 13 octobre office à 19h00 Souccot 1. Le mardi 14 octobre office à 10h00 J U DA Ï SM E Le judaïsme libéral, c’est d’abord le judaïsme Par le Rabbin Daniel Fahri 1 20 Le judaïsme libéral, c’est d’abord le judaïsme. Cette évidence, nous nous devons de la rappeler sans cesse. Aujourd’hui comme hier, c’est sur la tradition écrite et morale que nous nous basons, sur les écrits de tous les grands penseurs de l’histoire juive, sur ceux de ses décisionnaires même si, sur de nombreux points, nous divergeons de leurs opinions. Nous n’avons pas fondé une religion nouvelle, nous n’avons pas opéré un schisme au sein du peuple juif, nous ne sommes pas une secte comme il s’en est trouvé au cours des siècles. Nous sommes une tendance du judaïsme contemporain. On peut nous juger sur nos positions, mais sûrement pas nous jeter un quelconque anathème. Nous sommes toujours prêts à discuter sereinement de nos options et à les confronter à d’autres tendances actuelles du judaïsme. Nous avons conscience de l’unité qui doit s’opérer au sein de la grande communauté juive et nous voulons agir de manière à ne pas la compromettre, surtout à notre époque où notre peuple est menacé, attaqué de toutes parts. Si nous jetons un coup d’œil à l’évolution de la pensée juive à travers les siècles, nous nous apercevons qu’il a toujours existé et même co-existé de multiples courants, ce qui n’a pas compromis sa continuité ni son unité. C’est même sans doute la multipli- cité de ces courants de pensée qui a permis au judaïsme de se maintenir vivant, de se régénérer et de rayonner. C’est donc sans inquiétude que nous devons aborder la tendance qu’est le judaïsme libéral, conscients non seulement de ne pas mettre en danger l’existence de notre religion, mais encore de l’enrichir et de lui permettre de rester fidèle à son idéal de justice, d’amour et d’universalité. Sans s’étendre trop longtemps sur l’Histoire, il est bon de rappeler que le judaïsme libéral, ou réformé, est né d’une situation tout à fait exceptionnelle. En effet, après la Révolution française, l’Emancipation a posé aux Juifs le problème de leur intégration dans une société qui, jusqu’ici, leur avait refusé droit de cité et dont ils ignoraient à peu près la culture. Mis soudainement en contact avec elle, beaucoup d’entre eux furent éblouis et tentés de la rejoindre totalement en abandonnant une religion qui ne savait plus les retenir en son sein. Ce courant d’assimilation fut considérable, aussi bien dans les milieux très traditionalistes que dans des milieux plus laïcisés. C’est en grande partie à ce phénomène que tenta de répondre la réforme naissante. Elle s’attacha à donner au judaïsme traditionnel des formes et une formulation plus actuelles, à réfléchir aux problèmes juridiques à la lumière des 1 Ce texte est extrait de l’Anthologie du Judaïsme libéral paru à l’occasion du trentenaire du MJLF et dont le rabbin Fahri préside aux fonctions rabbiniques depuis sa fondation, en juin 1977. le shofar conditions nouvelles, à mettre en relief l’universalité d’une religion qui pouvait sembler trop particulariste et à prouver aux Juifs la «compétitivité» de leur culture et de leur pensée face au monde qu’ils découvraient. Le judaïsme libéral a donc été, avant tout, un coup de frein au courant d’assimilation et non pas, comme le laissent entendre certains, un produit de ce courant. Sinon, comment expliquer que deux siècles plus tard il y ait encore, et de plus en plus nombreux, des Juifs libéraux? En fait, à travers son histoire, le judaïsme a souvent été amené à faire face à des situations aussi exceptionnelles que celles de l’Emancipation. Et à chaque fois, il a dû imaginer des réponses appropriées. Ce fut le cas, notamment, lors de la destruction des deux Temples de Jérusalem. A la suite de ces deux bouleversements majeurs pour le peuple juif et pour ses théologiens, des changements radicaux furent mis en œuvre, tant dans le domaine de la pratique que dans celui de la pensée pour s’adapter et ne pas disparaître. Il est vrai que les réformateurs firent toujours en sorte que ces changements n’apparaissent pas comme une rupture avec la Tradition, mais comme son prolongement par le jeu des interprétations de la Loi. Il n’en reste pas moins que le judaïsme ainsi remodelé ne fut jamais tout à fait semblable à ce qu’il avait été auparavant ni à ce qu’il a été depuis lors. Quant aux tendances diverses, on les retrouve présentes à presque toutes les époques, qu’il s’agisse de rigorisme ou de libéralisme, d’universalisme ou de particularisme, de mysticisme ou de rationalisme, de légalisme ou de symbolisme, etc. Notre judaïsme libéral actuel n’a donc rien de révolutionnaire a priori. Il est une des réponses à une situation donnée. Il se place dans la lignée de grands penseurs et décisionnaires. Il y fonde sa raison d’être et son autorité. Evidemment, on peut se poser la question de l’unité de la tradition juive face à l’existence de courants souvent opposés. A cette question, un grand penseur contemporain, Jacob Agus, répond de façon imagée: «L’unité d’une rivière, c’est son lit et ses rives, le mélange des affluents et la direction de son flot. Dans le judaïsme, l’unité de la source est la chaîne de la littérature sacrée, l’unité du lit est la structure sociale de la vie juive, et l’unité du flot est l’effort pour réaliser dans la personnalité humaine les qualités divines… Le flot s’écoule, et de l’eau s’évapore sous le vent ou le soleil; des ruisseaux amènent une eau nouvelle; des mares stagnantes se forment dans les bas-fonds et des chutes dans les défilés; mais le fleuve est Un.» (…) Parmi les nombreuses réformes initiées par le judaïsme libéral, il en est une, souvent méconnue, qui mérite d’être rappelée: ce sont les premiers rabbins libéraux qui introduisirent un sermon hebdomadaire dans la langue du pays le vendredi soir ou le samedi matin. Cette réforme était primordiale et sans précédent. Jusque là, en effet, le rabbin adressait deux sermons par an à sa communauté: à PessaH et à Kippour. Et encore était-ce pour rappeler les principales prescriptions relatives à ces deux fêtes! C’est surtout dans le domaine halakhique que la réforme a apporté des changements profonds. Elle tient d’abord compte de ce que la Halakha, la Loi juive, est évolutive. Preuves en sont les milliers d’interprétations que l’on trouve dans le Talmud sur les lois de la Tora. La Halakha, qui règle les problèmes de personnes, doit évidemment tenir compte des situations nouvelles. Elle ne doit pas déboucher sur des anachronismes ou des injustices. C’est pour éviter cela que les rabbins libéraux assouplissent la législation existante en matière d’état civil, de filiation, de mariage et de divorce notamment. Il est entendu que lorsque la législation traditionnelle peut s’appliquer sans anomalie et sans 21 J U DA Ï SM E drame humain, le judaïsme libéral la retient; mais dans les cas contraires, il cherche d’abord à résoudre le problème humain qui lui est présenté. Il veut éviter qu’une rigoureuse application de la Loi aboutisse à un drame et à un abandon du judaïsme. Enfin, et ce n’est pas le moins important, le judaïsme libéral s’est trouvé confronté au problème des rites et des pratiques. Le judaïsme libéral pense que, là aussi, il s’agit de lois d’origine humaine inspirées par la volonté de ne pas laisser les Juifs s’assimiler. Cependant, il reconnaît aussi qu’il s’y mêle d’autres considérations telles que la pureté et la discipline personnelle. 22 Une question reste posée: celle de savoir ce qu’est le judaïsme. Une religion de rites ou une religion de cœur? La réponse ne saurait être exclusive. Il faut accepter que le cœur et la pratique aient tous deux une place dans le judaïsme, mais il faut en contrôler la proportion. Sinon, il existe un grave danger de sclérose. D’où le dilemme: il n’y a pas de religion sans rite, mais les rites étouffent souvent la vie intérieure de la foi. Le judaïsme libéral s’efforce de ménager une place pré- pondérante dans la religion pour le cœur et l’intellect, sans pour autant sacrifier les pratiques indispensables à l’expression de la foi. Ce n’est pas la quadrature du cercle, mais cela demande beaucoup de réflexion et d’étude de la Tradition pour tenter de déterminer ce que la religion a voulu expliquer aux hommes. Dans la perspective de ce propos, nous devrions éviter, entre courants différents du judaïsme, de nous jeter l’anathème. Mieux vaut engager le dialogue: ce sera plus constructif pour l’avenir du peuple juif confronté quotidiennement à de graves problèmes, tant politiques que religieux, en Israël surtout. Dans le passé, et même aujourd’hui dans certains pays, des tendances très éloignées ont pu s’unir pour faire face à des situations dramatiques. Il faut que cela continue d’être. Si nous ne sommes pas des prophètes, nous sommes des fils de prophètes, chercheurs obstinés de la vérité. A nous donc, ensemble, même par des voies différentes, de continuer le judaïsme, de l’embellir, de le rendre sans cesse plus vivant et plus universel. ■ le shofar La pensée de Leo Baeck (1873-1956) - suite par Monique Ebstein Dans le précédent numéro du Shofar1, nous avons commencé à étudier la pensée de Leo Baeck. Nous voudrions maintenant nous pencher plus précisément sur le texte de son premier livre: L'Essence du Judaïsme2. Comme nous l'avons déjà dit, L'Essence du Judaïsme3 répond à L'Essence du Christianisme du théologien protestant Adolf von Harnack. Il y a donc dans l'ouvrage de Leo Baeck un côté polémique et comparatif, entre les deux religions, que nous ne prendrons pas en compte. Ce que nous voulons c'est mettre en lumière son enseignement, car il fut, rappelons-le, Président du Conseil international de la "World Union for Progressive Judaism" de 1939 jusqu'en 1955, année qui précéda celle de sa mort. Notre communauté se rattache ainsi fièrement à une filiation qui la lie à un héritage remontant à Hillel en passant par Maïmonide et Mendelssohn. Les caractéristiques du judaïsme. 1) Unité et évolution Dans leurs différences tous les Juifs "vivent au sein d'une même patrie religieuse". Cependant même si en certaines époques et dans certains pays, les Juifs ont été contraints à l'enfermement au sein de leur communauté, ils n'ont jamais cessé de tourner leur regard vers le monde extérieur auquel ils ont apporté ou transmis leur savoir. La doctrine de la foi juive est avant tout une "philosophie religieuse". Elle est, non pas affirmations ni credo, mais quête, recherche, réflexion et méditation infinies. A partir de l'époque où il n'y eut plus de Grande Assemblée, les Sages d'Israël furent avant tout des érudits de la foi, ils n'essayèrent jamais d'imposer leurs idées, mais les discutèrent entre eux dans des controverses sans fin. D'où l'abandon d'un édifice doctrinal aux règles indiscutables, ce qui peut parfois être ressenti comme une carence. Aucune autorité ne possédait plus les pleins pouvoirs nécessaires pour établir des vérités, des dogmes.... Aucune ne pouvait définir des limites valables pour tous. Aussi depuis lors n'y a-t-il plus d'orthodoxie. Cette infinie liberté de penser est un des éléments de l'essence du judaïsme. La conviction et la volonté d'appartenir au judaïsme en demeurent les éléments déterminants. Tout Israël est appelé à former "un royaume de prêtres et 1 Le Shofar, avril 2008 n°293, p.40 2 publié pour la 1ère fois en 1905, puis en 1922, 1924 et pour la 4ème fois en 1926. Léo Baeck avait alors 53 ans. 3 Leo Baeck, «L’essence du judaïsme» traduit de l’allemand par Maurice-Ruben Hayoun, ed. PUF, disponible à la bibliothèque 23 J U DA Ï SM E 24 à être un peuple saint". L'élément unificateur est l'acte juste et bon. Cet acte juste et bon, prescrit dans les commandements auquel chaque Juif est astreint, est plus important que la recherche de la connaissance de Dieu qui, elle, appartient à la sphère de l'inconnaissable. chaque Juif est-elle l'étude: chercher encore et toujours le sens du texte, examiner les différents points de vue, y compris celui des contradicteurs. Ce qui explique le sentiment d'être engagé dans une quête perpétuelle où l'importance de la question dépasse de loin celle de la réponse. Le judaïsme a apporté le monothéisme aux nations. Minoritaire au sein de grands empires, il n'a jamais transigé en ce qui concerne cette affirmation absolue. La révélation d'un Dieu unique s'est faite par l'intermédiaire de Moïse, elle renvoie au chemin parcouru depuis Abraham et se précisera par la bouche des prophètes. L'élément stable au travers des siècles et des générations reste le Livre saint des Ecritures qui contient le récit du temps des ancêtres, les paroles des hommes de Dieu et les oracles des Prophètes. Ce Livre, la Bible, représente ce qui est invariable alors que tout le reste change. Au long de trois millénaires, de grandes personnalités, les prophètes d'abord, les sages et les rabbins ensuite, puis les philosophes, ont jalonné l'évolution de la religion juive. L'enseignement des uns ne fut jamais considéré par leurs successeurs comme étant dépassé. En effet, les prophètes furent et demeurent les annonciateurs de vérités éternelles. 2) L a religion prophétique et la communauté religieuse Si nous voulons comprendre l'essence du judaïsme, nous devons faire connaissance avec les prophètes. La différence entre les prophètes d'Israël et les prophètes païens, leurs contemporains, réside dans le fait que ce ne sont pas eux qui choisissent leur voie. Une puissance supérieure décide de s'exprimer par leur bouche et leur enjoint de parler. Ils sont imprégnés par "la force et l'esprit de Dieu", et finissent par acquiescer. "Leur message jaillit de l'insondable profondeur de l'âme". Mais tout en acceptant l'ordre qui leur est donné, ils gardent leur moi personnel, leur volonté propre, ils poursuivent leur recherche et leur quête. Dieu exige qu'ils parlent et ils parlent, mais ils discutent aussi avec Lui. Ils participent à la décision qui est exigée d'eux, leur conscience livre des batailles. Devant eux se trouvent plusieurs chemins entre lesquels ils doivent choisir. Dans différents psaumes, dans le livre de Job, ils se plaignent des absurdités et des énigmes du destin humain, cependant il leur paraîtrait totalement impensable d'en faire un grief dirigé contre Dieu et l'ordre éthique qu'Il a établi dans l'univers. Jamais ils n'essaient de prouver Son existence, ce serait pour eux le signe de l'incroyance absolue, la manifestation de la perte de Dieu. Or, Il est pour eux une évidence, et eux sont les hommes de Dieu. Mais si la Bible est la plus haute autorité du judaïsme, elle n'en est pas la seule. Elle est suivie par la Loi orale, le Talmud, qui l'interprète afin de déterminer l'éthique qui guidera tous les évènements de la vie des hommes. Le caractère canonique de la Bible et l'autorité normative du Talmud sont absolument essentiels pour l'équilibre et la stabilité du judaïsme. "Si la Bible renferme la parole de Dieu qui doit être celle de tous les temps, chacun doit pouvoir y trouver son présent" car "C'est toi l'homme auquel Je m'adresse" (II Sam. 12, 7). Le judaïsme a bien compris que la vérité n'était pas gratuitement offerte dans les Ecritures, mais qu'il fallait des efforts infinis pour la conquérir. Aussi une des principales obligations qui incombe à Cette foi en Dieu donne aux prophètes la totale certitude d'être unis à Lui, de transmettre l'éthique invariable de Sa parole, d'où l'actualité de leur message. Il ne cherchent pas à analyser Sa nature, ils veulent expliquer Son rapport au monde, porter le shofar aux hommes le message de Sa volonté. La "connaissance divine" n'est pas pour eux une perception mystique de la nature de Dieu, mais bien plutôt la connaissance de Ses commandements, elle est la nécessité de mettre l'éthique en pratique par crainte révérencielle et par amour. C'est au nom de cette connaissance de l'éthique révélée qu'Abraham a pu s'écrier: "Le juge de la terre entière ne pratiquerait-il pas la justice ?" (Gen.18, 25). La religion se voit ainsi débarrassée de tout élément fantastique ou mystérieux. Car si les pensées de Dieu sont insondables, Ses commandements par contre "ne sont ni éloignés de toi ni dérobés à ton regard". (Deut, 30,11). Les prophètes n'ont pas élaboré une nouvelle conception de l'univers, ils ont orienté leur discours vers la vie des hommes, ils ont exigé la pratique de l'éthique des commandements. L'univers appartient à Dieu, mais Dieu est le Dieu des hommes. Pour le prophète, savoir comment Dieu a créé le monde a peu d'importance, aussi le judaïsme ne s'est-il jamais opposé à la science et put admettre sans difficulté le système astronomique moderne. Le prophète ne s'attarde pas non plus au problème de la vie après la mort, sa préoccupation première est d'indiquer le chemin éthique que l'homme doit suivre au cours de sa vie ici-bas. Il ne veut pas développer la nature des attributs divins, mais enseigner ce que ces attributs signifient dans notre vie, ainsi que l'a commenté le Talmud: "Tu dis que Dieu est miséricordieux et qu'Il dispense Sa grâce, alors sois toi aussi miséricordieux, fais du bien à chacun et de façon désintéressée. Tu dis que Dieu est juste, alors sois juste toi aussi. Tu dis que Dieu fait preuve d'amour dans toutes Ses actions, alors fais-en autant" (Sifré sur Deut, 11,22). La religion prophétique est sans classe ni hiérarchie, elle est la même pour chaque individu. A chacun elle fait la même promesse, elle présente la même exigence. Il y eut jadis une prêtrise, l'Histoire y a mis fin. Aujourd'hui la communauté juive est simplement formée d'enseignants et d'enseignés. Et si par moments un homme ressent le besoin de se retirer dans le silence de l'étude et de la méditation, il n'en demeure pas moins que ces moments doivent rester l'exception: ce peuvent être des moments de la vie, ce ne doit pas être toute la vie, car la voie qui mène à Dieu conduit en priorité vers l'homme. Le judaïsme n'a jamais accordé de valeur à celui que sa quête conduit à s'isoler, préoccupé uniquement par son âme. L'aspect essentiel de la religion juive est la doctrine de l'action et de l'engagement, telle qu'elle est enseignée par la Tora. L'essence du judaïsme s'enracine dans l'alliance de chaque homme avec Dieu. Le judaïsme exige aussi que l'homme ne se contente pas "d'éprouver" des sentiments religieux. Car manifester sa foi avec ferveur est plus facile que d'accomplir une bonne action. Seule l'action juste place l'homme constamment devant Dieu tout en le rattachant à son prochain. Ce qui compte le plus pour l'homme à la recherche de Dieu, c'est l'acte. Comme nos pères au Sinaï "Nous ferons (d'abord) et nous écouterons (ensuite) (Ex. 24,7). L'époque messianique sera celle où les hommes feront le bien et banniront le mal. La mission essentielle du judaïsme est d'arriver par l'action juste et bonne à "la sanctification du Nom de Dieu". 3) Révélation et religion universelle Le judaïsme ne résulte pas du développement d'une religion naturelle. Celles-ci divinisent les forces de la nature. Elles n'ont jamais abouti à une religion éthique où Dieu est radicalement Autre, transcendant. Le passage d'une religion naturelle au monothéisme peut se réaliser uniquement par l'intermédiaire d'une personnalité hors du commun, d'un "fondateur de religion". Or dans la mesure où le monothéisme constitue un principe tout à fait nouveau, on peut, au regard de l'Histoire, et indépendamment de tout évènement surnaturel, parler d'une révélation. 25 J U DA Ï SM E 26 C'est au sein d'Israël que le monothéisme éthique a été révélé: d'où son "élection". Ce terme traduit le simple constat d'une spécificité essentielle. L'élection est une obligation supérieure à laquelle le peuple et l'individu doivent rester fidèles, elle est la conscience que possède une communauté religieuse de son alliance avec Dieu, et cette alliance lui donne la force d'assumer sa différence face au grand nombre. Certes, un certain exclusivisme s'attache à l'idée d'élection, car reconnaître une vérité signifie se tenir loin de l'erreur, comme il est écrit: "Ce peuple, il vit solitaire, il ne se confondra point avec les nations" (Nb.23,9). L'exclusivisme est, comme on l'a souligné avec raison, "l'aspect négatif du devoir de préserver son appartenance religieuse". Le commandement: "Tu n'auras pas d'autre Dieu que moi" (Ex.20,3) exige la "sainteté" tant pour l'individu que pour la communauté qui, "séparés" de ceux qui appartiennent aux nations, sont engagés au service du Dieu Un. Israël a été choisi par Dieu, Il est son juge. Cette idée traverse les discours prophétiques. Israël a pour vocation de respecter le droit, et ce n'est que lorsque il l'a respecté qu'il peut et doit exister en qualité de peuple élu: "Moi l'Eternel je t'ai appelé dans la justice, j'ai pris ta main, je te préserve et t'institue comme une alliance parmi les peuples, une lumière pour les nations afin d'ouvrir les yeux qui sont fermés et de tirer du cachot ceux qui croupissent dans les ténèbres" (Is. 42, 6). Ainsi conçue, l'élection a comme corollaire absolu l'idée d'universalisme. Israël est appelé "le fils aîné de Dieu", cela signifie que tous les peuples sont les enfants de Dieu. L'universalisme est le fondement ainsi que la conséquence du monothéisme éthique, car au Dieu unique correspond une religion unique à laquelle sont appelés tous les hommes. Le message des prophètes et de leurs successeurs a donc une double orientation: l'espoir pour Israël et l'espoir pour l'humanité. Un "craignant Dieu" est un homme, juif ou non-juif, qui croit au Dieu Un et pratique la justice. On alla jusqu'à attribuer les désignations de "hassid" et de "tsaddiq" à des non-Juifs qui pratiquaient ces vertus. Rien de l'enfer de Dante où croupissent même les meilleurs d'entre les païens ! L'expression "un bon Juif" est totalement étrangère à l'Ecriture et au Talmud. On y parle uniquement de "l'homme bon" car "Un païen qui pratique la justice est aussi important qu'un grand prêtre en Israël". Toutefois, bien que faisant partie dès l'origine de l'essence de la religion juive, ce caractère universel n'est pas apparu d'un seul coup. Comme tant d'autres choses, il s'est développé progressivement pour parvenir clairement à la conscience. Il ne faut pas confondre religion universelle et religion de tout le monde, car l'universalisme authentique est celui de l'idée et non pas celui du nombre. Il existe dans le judaïsme le commandement de la mission: il n'est pas dicté par des impératifs de domination et d'expansion, mais il naît du besoin religieux très intime d'instruire les hommes: "A travers toi seront bénies toutes les familles de la terre" (Gen. 12,3). Même la dispersion d'Israël dans le monde peut être comprise comme une semence universelle d'où germera la parole divine. Par l'élargissement de la communauté religieuse, le terme national de "peuple d'Israël" devrait pouvoir être remplacé par "peuple de Dieu". C'est pourquoi Maïmonide recommande au prosélyte de considérer les patriarches comme les siens, et l'élection d'Israël comme une dignité qui l'englobe lui aussi: "Toi aussi Dieu t'a élu et choisi....Abraham est ton père tout comme il est le nôtre; il est le père de tous les hommes pieux et justes". ■ (à suivre) le shofar Les fêtes de tichri a beth Hillel ROSH HASHANA Lundi 29 septembre office à 19h00 Mardi 30 septembre office à 10h00 Office des enfants à 11h00 Office du soir à 19h00 Mercredi 1er octobre office à 10h00 PELERINAGE À GAN HASHALOM : Dimanche 5 octobre à 11h00 YOM KIPPOUR Mercredi 8 octobre à 19h00 KOL NIDRE Jeudi 9 octobre office à 10h00 Office des enfants à 11h00 Mousaf-minha 13h45 Yiskor à 17h45 Fin du jeûne à 19h52 SOUCCOT – SIMHAT TORA Construction de la Soucca le dimanche 12 octobre à 11h00 Apportez feuillages, fruits, légumes pour la décorer ! Erev Souccot le lundi 13 octobre – office à 19h00 Souccot I. le mardi 14 octobre – office à 10h00 Chmini Atseret/Simhat Tora le lundi 20 octobre - office à 19h00 le mardi 21 octobre office (+Yiskor) à 10h00 27 AG EN DA Septembre/Octobre 2008 Lundi 1er septembre 2008 Roch Hodech Eloul Mercredi 3 septembre 2008 19h30: Réunion d’information de Talmidi Vendredi 5 septembre 2008 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 6 septembre 2008 – 6 Eloul 5768 CHOFTIM 10h30: Office Mercredi 10 septembre 2008 14h15 à 16h15: Rentrée des classes à Talmidi 28 Jeudi 11 septembre 2008 20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi Abraham Dahan Vendredi 12 septembre 2008 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 13 septembre 2008 – 13 Eloul 5768 KI TETSE 10h30: Office - Chabbat des nouveaux membres Suivi d’un kiddouch communautaire Mercredi 17 septembre 2008 14h15 à 16h15: Talmidi Jeudi 18 septembre 2008 9h00: Pose des Tefilin de Nathan Azizollahoff Vendredi 19 septembre 2008 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Oneg Chabbat offert par la famille Azizollahoff Samedi 20 septembre 2008 – 20 Eloul 5768 KI TAVO 10h30: Office Bar Mitsva de Nathan Azizollahoff Mercredi 24 septembre 2008 14h15 à 16h15: Talmidi Jeudi 25 septembre 2008 20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi Abraham Dahan Vendredi 26 septembre 2008 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 27 septembre 2008 – 27 Eloul 5768 NITZAVIM 10h30: Office Lundi 29 septembre 2008 EREV ROCH HACHANA 5769 19h00: Office Mardi 30 septembre 2008 ROCH HACHANA I. 10H00: Office du matin 11h00: Office des enfants 19h00: Office du soir le shofar Eloul 5768/Tichri 5769 Mercredi 1er octobre 2008 ROCH HACHANA II. 10H00: Office du matin Vendredi 3 octobre 2008 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 4 octobre 2008 – 5 Tichré 5769 VAYELEH– Chabbat Chouva 10h30: Office Jeudi 16 octobre 2008 SOUCCOT III. 20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi Abraham Dahan Vendredi 17 octobre 2008 SOUCCOT IV. 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Dimanche 5 octobre 2008 11h00: Pèlerinage à Gan Hashalom Samedi 18 octobre 2008 – 19 Tichré 5769 SOUCCOT V. 10h30: Office de Chabbat Souccot Mercredi 8 octobre 2008 EREV YOM KIPPOUR 19h00: Office de KOL NIDRE Lundi 20 octobre 2008 SOUCCOT VII. 19h00: Office de Chmini Atzeret Jeudi 9 octobre 2008 YOM KIPPOUR 10h00: Début de l’office 11h00: Office des enfants 17h45: Yiskor Fin du jeûne: 19h52 Mardi 21 octobre 2008 Chmini Atzeret – SIMHAT TORA 10h00: Office de Simhat Tora (et Yiskor) (voir annonce) Vendredi 10 octobre 2008 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 11 octobre 2008 – 12 Tichré 5769 HA’AZINOU 10h30: Office Dimanche 12 octobre 2008 A partir de 11h00: construction de la Soucca (voir annonce) Mercredi 22 octobre 2008 14h15 à 16h15: Talmidi Vendredi 24 octobre 2008 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Samedi 25 octobre 2008 – 26 Tichré 5769 BERECHIT 10h30: Office Mercredi 29 octobre 2008 Pas de Talmidi Lundi 13 octobre 2008 EREV SOUCCOT 19h00 : Office Jeudi 30 octobre 2008 20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi Abraham Dahan Mardi 14 octobre 2008 SOUCCOT I. 10h00: Office de Souccot Vendredi 31 octobre 2008 20h00: Office de Kabbalat Chabbat Mercredi 15 octobre 2008 SOUCCOT II. 14h15 à 16h15: Talmidi 29 COMMU N AU T É CARNET BAR MITSVA Le samedi 20 septembre 2008, chabbat Ki Tavo: Nathan AZIZOLLAHOFF DECES z»l Nous avons appris avec tristesse le décès le 27 juillet 2008 de Raymonde Lefevre, maman de notre amie Véronique (Noisette) Ebstein. A Noisette, ses enfants et la famille, nous tenons à exprimer ici toute notre affection et notre sympathie. C’est avec tristesse que nous avons appris le décès, le 2 août 2008 (1 Av 5768), de Hadassa Goldberg, la grand-mère d’Elie et Isabelle Gold­berg. A Elie et Isabelle, ainsi qu’à la famille, nous voulons exprimer ici toute notre affection et notre sympathie. Puisse la chaleur des amitiés et des proches qui vous entourent vous apporter réconfort et sérénité. C’est avec beaucoup d’émotion que nous venons d’apprendre le décès à Bonn (Allemagne), le 10 août 2008 (Tisha be-Av), d’Anneliese Baurose, docteur en sciences, la maman de notre ami et membre du Conseil d’Administration Ralph Bisschops. A Ralph, Heidi et à leur fils Tobias, ainsi qu’à leur famille, nous voulons dire ici tout notre attachement et les assurer de notre chaleureuse amitié. ■ 30 Envie de nous écrire ? de participer à la rédaction du Shofar ? N’hésitez pas et contactez nous ! le shofar 31 J U DA Ï SM E Nos Bné Mitsva 32 Dracha d’Elie Bok … « Ma paracha s’appelle « Bamidbar » ce qui signifie « dans le désert ». (…) Nous sommes le premier jour du deuxième mois de la deuxième année de la sortie d’Egypte. (…) L’Eternel demande de faire un relevé de toute la communauté des enfants d’Israël par un recensement nominal de touts les mâles de 20 ans. Moïse se fait aider d’un homme de chaque tribu. Les noms des tribus sont : Ruben, Siméon, Gad, Juda, Isachar, Zébulon, Joseph, Menashè, Benjamin, Dan, Asher et Naftali. Or la tribu des Lévi n’est pas recensée ici parmi les tribus. Elle est chargée de s’occuper du Tabernacle, afin, dit le texte, « que la colère divine ne sévisse point sur la communauté des enfants d’Israël ». Dans ma Paracha, l’Éternel dit aussi à Moïse et à Aaron que toutes les tribus doivent s’assembler et camper autour de leur Tente D’assignation. La tribu des Lévi sera chargée de servir l’Éternel lui-même. En effet, l’Eternel avait initialement choisi les premiers-nés des enfants d’Israël pour le servir mais, comme le pense le commentateur Rachi, suite à l’épisode du Veau d’Or, ceux-ci ont été déchus au profit de la tribu des Lévites. Comme le nombre des premiers-nés était plus important que les hommes de la tribu des Lévites, la différence sera payée : c’est ce qu’on appelle le rachat des premiers-nés. Chers amis, cher Rabbi, j’ai eu il y a quelques jours une grande frayeur. Un rabbin réputé est venu nous rendre visite et nous a dit que ma Paracha n’était pas BAmidbar !! J’ai pensé, tout est à refaire, réétudier !!…Oui, cher Rabbi : je le cite ….et vous rassure : c’était plutôt BEmidbar, BEmidbar Sinaï !! Dans un désert nommé, avec ses repères géographiques, pas juste le désert ! Par ailleurs, ces noms cités que notre tradition et notre communauté entretiennent par le texte m’ont fait penser à la notion même de nom. A mes huit jours de vie après ma naissance, j’ai reçu un nom, Elie. Bien qu’il soit agréable à mes oreilles, je ne l’ai pas choisi. Je sens maintenant qu’il m’incombe d’en faire un nom, c’est-à-dire un renom et là réside ma tâche à partir de ce moment où je fais ma Bar-Mitsva. Le texte de ma Paracha décrit le résultat du recensement, c’est-à-dire des nombres, des quantités et pourtant, avec le choix des Lévites, l’on voit que c’est les qualités qui priment aux yeux de l’Eternel, et que les seconds nés ont désormais toute la place qui leur revient !! En relisant ma Paracha, j’ai décelé des leçons à tirer de la même façon qu’on peut en tirer de la lecture des contes pour enfants comme « Le Petit Chaperon Rouge » ou « Les Trois Petits Cochons »… Rabbi Chinsky m’avait parlé de Bruno Bettelheim, rescapé des camps, connaisseur du midrash, qui a écrit un livre « The Use of Enchantments » ou « psychanalyse des comptes de fées » où il explique le message symbolique des contes classiques. De la même façon, il y a dans les récits bibliques des enseignements qu’il faut dévoiler et révéler par l’étude. Cependant, dans la tradition juive, on ne fait pas la morale : « tu es libre de croire ce que tu veux, mais on te raconte des histoires pour te faire réfléchir ». Etre juif qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce qu’il faut dire le mot « juif » à voix basse dans les transports en commun pour éviter les réactions d’autres jeunes ? Comment puis-je leur expliquer la richesse des textes, des commentaires, des réponses aux commentaires, des synthèses, des contes de nos Sages et de nos guides ? Comment puis-je leur dire que notre histoire éprouvée nous a forgé une le shofar résistance, une résilience propre à affronter les courants et contre courants de la vie ? Oui, en tant que Juif masculin, j’ai un petit quelque chose en moins, mais je crois qu’en tant que membre de notre communauté, j’ai un petit quelque chose en plus… » Dracha de Deborah Peruch … « La parasha d’aujourd’hui, Behoukotai, clôt le livre de Vayikra (…), le Lévitique en français. Vaykra veut dire « il appela » : ces lois servent à nous interpeller, à nous faire réagir. C’est le troisième livre de la Torah et il conte l’exposé à Moïse des lois et des coutumes qui vont réguler la vie religieuse, morale et sociale en Israël. (…) Behoukotai est le 27ème et dernier chapitre du Lévitique. Behoukotai signifie « dans mes lois » La racine de ce mot est Hok, décrets divins, lois qui sont ordonnées par Dieu, que l’homme ne comprend pas toujours dans l’immédiat mais qui influencent le moyen et le long terme. Après avoir défini une majeure partie des mitsvot, Dieu tient à avertir son peuple de l’existence d’un système de récompense pour le motiver. Si le peuple juif suit les commandements, tout se passera bien ; Dieu promet de (le) bénir (…) pour l’étude et l’accomplissement de la Torah, par l’abondance, la paix, le bonheur familial. En revanche, on découvre aussi les conséquences encourues si l’homme abandonne Dieu et Ses commandements. La pluie n’abreuvera plus la terre et le sol asséché ne produira plus ; ce sera la famine. La Torah va jusqu’à dire: « Mais si vous ne m’écoutez point, et que vous cessiez d’exécuter tous ces commandements, je dirigerai ma face contre vous, et vous serez abattus devant vos ennemis. Ceux qui vous haïssent vous domineront et vous fuirez sans qu’on vous poursuive. » (…) Ces paroles peuvent sembler dures. Il faut les adoucir en rappelant qu’il est toujours possible de changer de comportement. De plus, Dieu finit par avouer que jamais, Il ne rompra l’alliance conclue avec son peuple. Cette promesse mille fois vérifiée au cours de l’Histoire a toujours cours pour nous. Plutôt que de punitions, je pense qu’il s’agit de nous alerter sur les conséquences de nos actes. (Dieu ne se détourne pas de nous, mais on peut avoir honte de ne pas avoir bien fait les choses et cette honte nous fait tout rater). La fin de cette parasha nous détaille à quel prix on peut consacrer un être humain ou un animal au sanctuaire. Dieu dit à Moïse : « Parle aux enfants d’Israël et dis leur : si quelqu’un promet expressément par un vœu la valeur estimative d’une personne à l’Eternel appliqué à un homme de l’âge de 20 à 60 ans, cette valeur sera de 50 sicles d’argent au poids du sanctuaire, et si il s’agit d’une femme le taux sera de 30 sicles. » (…) La Torah continue en détaillant des prix pour chaque âge de la vie. Quand j’ai lu ce texte pour la première fois, je ne comprenais rien. Je me demandais pourquoi la valeur d’un homme était-elle supérieure à celle d’une femme ? Est-ce du sexisme ? Non. La preuve, c’est qu’il a aussi une différence entre vieux, adultes et enfants ! Mais cela ne nous rassure pas ! La Torah dévaloriserait non seulement les femmes mais aussi les jeunes et les vieux ?! Les femmes valent-elles moins que les hommes ?!? Les enfants moins que les parents ?!? Voilà ce dont il s’agit en réalité : Parfois, dans la vie, on veut faire un don au Temple. Or, il n’est pas normal de donner un humain au Temple ! De plus, on est sorti d’esclavage (…). Pour ne pas réduire des personnes en esclavage, la Torah propose qu’on donne de l’argent en remplacement, et c’est déjà beaucoup mieux. 33 COMMU N AU T É Mais comment estimer le montant de l’argent à donner ? où les femmes sont considérées comme de moindre valeur. Si chacun décide comme il veut, il risque d’y avoir des jalousies car c’est un système subjectif. Ce que je voudrais, c’est que chacun soit reconnu comme ayant la même valeur ; d’ailleurs, c’est ce que nous enseigne cette même Torah ! L’être humain, homme comme femme a été créé à l’image de Dieu, betselem élohim, c’est-à-dire avec une valeur infinie et égale. Par exemple, si je promettais de donner à la synagogue un don du montant de la valeur de mon petit frère, ça ne lui ferait peut-être pas plaisir que je propose un euro 50 ! (…) Mais alors, comment estimer la valeur de quelqu’un de façon objective ? On pourrait regarder le Quotient Intellectuel par exemple. Mais pour moi, le QI ne représente pas la valeur d’une personne. Le QI ne mesure que l’intelligence, mais il y a aussi la gentillesse, la force, la culture, l’ouverture d’esprit et plein d’autres choses qui ont aussi beaucoup de valeur ! 34 Donc de toute façon on ne trouvera pas de bon critère pour estimer la valeur d’une personne, et ça créera toujours des problèmes, des disputes, de la jalousie. Comment faire ? A l’époque où existe l’esclavage, la Torah choisit de se référer à la valeur des gens au marché aux esclaves. Le problème, c’est qu’à l’époque, la valeur d’un esclave dépend de sa force physique. Donc l’homme adulte vaut le plus cher en moyenne ! Plus qu’une femme ou qu’une personne âgée ou qu’un enfant… La Torah respecte la psychologie des gens de cette époque, où l’esclavage existe et Le midrach raconte que Dieu n’a crée qu’un être humain initial pour une raison importante : Que personne ne dise « mes ancêtres étaient supérieurs aux tiens ». En effet, nous sommes tous des « fils et filles d’Adam ». On peut ajouter que l’homme et la femme descendent tous deux de l’humain initial, adam harichon, et ont autant de valeur l’un que l’autre. Notre tradition prend en compte les mentalités, et je suis fière et heureuse de vivre à une époque où les mentalités sont enfin prêtes à laisser une jeune fille faire sa bat mitsva. C’est ainsi que pourra peut-être se réaliser la promesse divine du début du chapitre 26 : « Si vous vous conduisez selon mes lois, si vous gardez mes préceptes et les exécutez, je ferai régner la paix dans ce pays et nul n’y troublera votre repos. Je ferai disparaître du pays les animaux nuisibles et le glaive ne traversera point votre territoire. » ■ le shofar 35 COMMU N AU T É Beth Hillel en Israël ou Le voyage des émotions Par Rachel Namias 1 Le voyage que nous avons fait débuta le 8 mai 2008, 60 ans après la naissance d’Israël. Les participants purent faire plus ample connaissance lors d’un dîner préalable à la bonne franquette chez Luc où chacun avait amené une préparation culinaire de son choix. Autour de quelques bonnes bouteilles et de délicieux plats, une certaine empathie commença à naître dans le groupe. 36 Pour ce périple , nous étions bien encadrés: d’abord par Anne Simon qui effectua un travail de Titan pour organiser ce voyage, ensuite par Philippe Lewkowicz , notre bienaimé président qui, par sa profonde connaissance d’Israël et ses nombreux amis dans le pays, nous concocta quelques visites hors des sentiers battus. Rabbi Dahan s’occupa, de son côté, du volet spirituel du voyage. Il vivait « ses interventions, explications, histoires, anecdotes avec le rire de bonheur et de bonté ou avec les larmes de l’émotion ». Le groupe était riche au point d’avoir une mascotte en la personne de la petite Lili, une adorable petite fille de trois ans venue avec sa maman, Virginie, d’origine camerounaise. Après un vol sans histoire, nous avons posé le pied sur la terre de nos pères en début de l’après-midi de ce 8 mai. Deux des membres du groupe se rendaient pour la première fois dans le pays, Virginie et Chantal, et, lors du tour de ville de Jérusalem en car, eurent un choc, celui « d’être enfin arrivées chez elles et de pouvoir déposer leur valise ». Ce fut la première émotion ressentie en Israël. Jérusalem, ville aux multiples facettes, nous offrit le lendemain, à la Cité de David, un de ses nombreux visages. Nous avons eu l’occasion de mettre les pieds dans l’eau du tunnel d’Ezéchias, qui constituait l’unique source d’eau pour les habitants de la ville à son époque. Ce tunnel, long de 533 mètres et dont le niveau d’eau peut atteindre 70 centimètres, est unique en son genre. Beth Hillel au Kotel Après cette promenade rafraîchissante, nous nous sommes dirigés -toujours en compagnie 1 Merci à mon mari qui m’a aidé à rédiger ce texte et à mon fils Fabrice qui l’a relu. Merci à Luc, Gilda, Hélène, Dahlia, Chantal, Virginie, Jacques et Annie qui m’ont communiqué leurs impressions sur le voyage. le shofar de Liliane notre guide- vers le sanctuaire des manuscrits de la Mer Morte. Depuis leur découverte fortuite en 1947, les manuscrits de Qumram ne cessent de susciter l’intérêt des chercheurs à cause des détails fournis sur l’histoire de la période du Deuxième Temple. Du Mont des Oliviers, Jérusalem nous apparut dans toute sa splendeur. Le cimetière juif, le plus grand et le plus vieux du monde, où les places sont si rares et si chères, nous laissa rêveurs: tant de personnes ont sacrifié une grosse partie de leurs biens matériels pour être enterrés là et nulle part ailleurs. Cette journée nous permit de vivre un premier shabbat à Jérusalem. C’est la synagogue Kol haNeshama qui nous accueillit pour kabbalat shabbat. L’office, très différent de ce que nous connaissons à Beth Hillel, suscita dans le groupe des réactions en sens divers. Certains ont apprécié son rythme « jazzy » tandis que d’autres l’estimèrent « folklorique ». Samedi matin, un vieux rêve de Rabbi Dahan se réalisa : célébrer shabbat au Kotel avec sa communauté. La majesté de cet endroit chargé de tant d’histoire nous a tous pris à la gorge. Chez les uns, les larmes coulaient, chez les autres l’émotion du lieu brisait toute réaction extérieure. Je voudrais citer un témoignage fort et vrai, celui de Virginie, la maman de Lili. « Pour nous, Camerounais, Israël reste un pays hors du commun. Nous avions tous le rêve de voir ce pays cité tant et tant de fois dans nos prières. Moi, j’ai la chance d’être en Europe, à Beth Hillel. Quand j’ai annoncé à mes proches que je me rendais en Israël, ils étaient tous fous de joie. Je culpabilisais un peu : pourquoi moi ? J’étais émue, j’avais l’impression d’être choisie et me disais que je devais y aller, voir, toucher, marcher, prier pour moi et pour eux. En Israël, je fus saisie d’une grande émotion, c’était comme dans un rêve … La beauté du pays se révèle à chaque pierre, chaque montagne te parle et te raconte une histoire. A Jérusalem, j’ai ressenti une étonnante sérénité. J’avais tellement prononcé son nom dans les Psaumes. Mes mains touchaient, mes pieds foulaient cette terre. J’étais bouleversée jusqu’aux tréfonds de mon âme. Quel privilège d’être là! Au moment où j’ai effleuré le Kotel, ce fut le summum. Je devais glisser dans le mur des petits mots que les uns et les autres m’avaient confiés. Il fallait que je touche pour eux, ceux qui ne pouvaient être là. Une responsabilité terrible s’est emparée de moi. Avoir fait shabbat à cet endroit restera gravé dans ma mémoire à tout jamais. » Très fatigués, certains restèrent à l’hôtel et d’autres, accompagnés de Philippe, se rendirent au quartier Ben Yehuda. C’est un endroit plein de vie, où tout le monde se promène, prend un verre, où les jeunes font la fête, sans aucune tension, sous la surveillance d’une police décontractée. Sur le pont dès 7 h du matin, dimanche, le groupe de Beth Hillel visita les minarot haKotel, les tunnels du Kotel . Impressionnants, ils permettent de revivre le Temple et son histoire. C’est aussi un des seuls endroits où les femmes peuvent venir prier jusqu’à plus soif, à la limite de la transe. L’émotion du matin ne fut pas la seule de la journée. Yad Vashem a été très éprouvant pour nous tous. Qui n’a pas au moins un membre de sa famille happé par la tornade nazie? Les larmes coulaient encore au moment de la signature du livre d’or, lorsque nous nous adressâmes à ceux qui ne sont plus là. Au retour, nous nous sommes promenés dans le cimetière du Mont Herzl, qui symbolise la continuité puisque s’y trouvent les tombes des principaux leaders israéliens, Golda Meir, Yitzhak Rabin et bien sûr Théodore Herzl . Heureusement, tout le groupe a pu se sentir un peu plus détendu en soirée au dîner du KKL, donné pour l’anniversaire des 60 ans de l’Etat d’Israël. Le Premier Ministre Ehud 37 COMMU N AU T É Olmert rehaussa la soirée de sa présence! Dans l’assistance, Beth Hillel mettait de l’ambiance avec quelques danses bien rythmées et un de nos membres qui confondit huile et vin blanc! On lui signala qu’il avait une tête de chandelier et qu’il n’y avait plus qu’une mèche à lui donner pour l’allumer !!! C’est sur cette note légère et …digestive que notre séjour à Jérusalem toucha à sa fin. 38 Le lendemain commençait, en effet, notre voyage vers le Nord d’Israël. Avant de partir, nous avons visité la Cour Suprême, qui est la plus haute instance judiciaire de l’Etat. C’est un superbe bâtiment moderne, sobre et doté par ses architectes Ram Karmi et sa sœur Ada d’une lumière naturelle intense. De par son style, le bâtiment est parfaitement intégré dans le paysage de Jérusalem. Il exprime la splendeur majestueuse sans être trop monumental. La particularité des sites les plus impressionnants de la ville n’est pas liée à la force mais plutôt à l’esprit. L’architecture de la Cour Suprême s’inspire des métaphores bibliques ainsi que des valeurs telles que la justice, la vérité, la loi, la bonté et la miséricorde. La ligne droite est l’expression formelle et visuelle des concepts de loi, de droiture et de droit chemin. Le cercle exprime, par sa forme, l’idéal de justice. La journée se poursuivit avec une visite à Meggido, symbole de la guerre dans l’Apocalypse. Cette place forte, qui domine la riche plaine d’Yiréel, occupait une position stratégique capitale sur la route de la mer. Sur une surface de 5 hectares, les fouilles ont permis de retrouver les restes de 20 villes superposées. Le déjeuner qui suivit au lac de Tibériade nous donna l’occasion de déguster un délicieux poisson. Ce jour-là, nous atteignîmes l’extrême nord d’Israël : Metula. Stéphane Juffa, rédacteur en chef de la Metula News Agency, nous dressa un panorama général de la situation géostratégique de la région avant de nous amener le long de la frontière. Croiser des militaires druzes de Tsahal, une patrouille de l’ONU et quelques Libanais peu amènes a permis à Beth Hillel de frissonner sans trop de danger! Après une nuit de repos, le voyage se poursuivit vers Safed et ses synagogues, notamment Abu Hav, magnifique dans son ton bleu prédominant, bleu du Talmud, bleu céleste. La synagogue sépharade de Joseph Carro tout en sobriété nous offrit un moment de calme et de repos. Nous étions tous assis en rond, comme au Maroc, pratiquement en « méditation », profitant de la fraîcheur offerte par deux fenêtres ouvertes sur la vallée. Un autre moment fort nous attendit lors de cette journée: l’inauguration du second bosquet de Beth Hillel (constitué de mille arbres, symbole de vie) à Shrumit, près de Kyriat Shmonah. Le responsable du KKL, David Duhane, nous expliqua qu’il avait fallu prévoir un budget de restauration de 8 millions de shekels (1.520.000 euros) pour un travail de reboisement sur 1.200 hectares de terres brûlées par des incendies en 1989 et 1995, puis lors de la seconde guerre du Liban en août 2006. Notre petite Lili dévoila la plaque commémorative sous le crépitement de nombreux flashs. A la fin de la journée, une promenade originale et relaxante nous attendait : la visite de la vallée du Houlah en tribune roulante, ouverte d’un seul côté pour moins perturber les animaux. Tiré par un tracteur, cet engin, en nous emmenant tout près des différents oiseaux, nous permit, après une journée harassante, de goûter au calme et à la sérénité d’une réserve naturelle. Le silence est un luxe dont nous appréciâme la qualité en admirant dans le soleil couchant de superbes oiseaux et le plateau du Golan tout proche. Nous vivions au cours de ce voyage des moments intenses mais ils étaient toujours entrecoupés de rires et de joie, soit pendant les trajets parfois longs, soit autour d’énormes tablées en savourant des plats « tous meilleurs les uns que les autres » et en dégustant quelques bonnes bouteilles. Le Golan est un sujet de controverse assez brûlant en Europe. Certains disent que les le shofar Israéliens doivent faire un effort pour la paix en rendant ce territoire. C’est un peu facile… En étant sur place, nous avons pu nous rendre compte de la position tout à fait stratégique du lieu. De nombreux jeunes soldats ont donné leur vie pour se rendre maîtres du Golan, afin de protéger les populations en contrebas, attaquées par les Syriens. Laissons aux Israéliens et à eux seuls la décision sur l’avenir de la région. En 40 ans, ils ont réussi à faire de ce territoire, auparavant aride, une terre verte à perte de vue. Notre guide nous amena voir une position syrienne avec bunkers et champs « non déminés » prise par Tsahal en 1967. Beaucoup d’entre nous ressentirent une vive émotion en pensant à toutes ces vies fauchées lors de la conquête de cet endroit. L’agriculture sur le Golan est particulièrement développée. Nous eûmes l’occasion de visiter le moshav Yonathan et de parler au responsable de sa sécurité, Jojo, et à son épouse Ginette, d’origines belge. Cette dernière est professeur de cinéma à l’école du moshav. Si nous n’avions eu l’oc- casion de discuter avec elle de son travail, nous aurions pu nous étonner de la présence, là-bas, d’un professeur de cinéma. C’est absolument étonnant : elle a, parmi ses élèves, 80 jeunes Israéliennes et 80 jeunes Ethiopiennes montées en Israël dans le cadre de l’opération Moïse. Celles-ci arrivèrent dans le pays comme si elles tombaient sur la planète Mars ! Rien ne ressemblait à ce qu’elles avaient connu, leur culture étant totalement différente. Au dîner de shabbat, par exemple, elles ne voulaient pas manger. Car au pays, c’étaient les parents qui mangaient d’abord, puis les enfants. Le cinéma leur montre une autre vie, pose un autre regard sur les choses. Elles réalisent elles-mêmes des films, ce qui leur procure une énorme satisfaction. Malheureusement, beaucoup d’Israéliennes les rejettent et cela prendra sûrement une génération pour que ces filles courageuses et travailleuses soient totalement intégrées. Ce n’est pas facile pour elles car elles sont déchirées entre leurs familles et le pays qui les accueille. Enfin, à la coopérative vinicole du Golan, nous eûmes l’occasion de faire une étape très agréable, faite de Laissez-vous séduire par le fait d’être chouchouté ! Concierge PRIVÉ pour particulier Arnaud 0477 90 24 18 Thomas 0472 97 76 40 www.privateconcierge.be 39 COMMU N AU T É projection d’un film sur la fabrication du vin et d’un grand moment de dégustation. Le lendemain, nous prîmes la route de TelAviv, avec un arrêt marquant à Netanya où nous fûmes accueillis à l’internat Levovitch. Encore un moment fort! La Tsedaka doit d’abord concerner sa propre communauté, puis un projet en Israël, et enfin autre chose au choix. C’est sur cette base que Beth Hillel soutient depuis 2003 un atelier psychopédagogique formé par l’internat (une troupe de théâtre venue à Bruxelles en 2004 et 2006). La plupart des élèves d’aujourd’hui fait partie du programme Naale insérant des jeunes de l’Est venus avant leurs parents. Il y a aussi de jeunes Israéliens de familles à problèmes. Après les discours de remerciement traduits au fur et à mesure, un montage de photos nous fut présenté découvrant ces jeunes dans leurs activités quotidiennes. La joie pouvait se lire sur leur visage. Beth Hillel aide à construire leur avenir. Nous pouvons être fiers de notre communauté. Après avoir jeté un coup d’œil aux logements des jeunes, nous avons chanté tous ensemble. Et là, plus besoin de traducteur : il y avait une telle communion, une telle symbiose entre tous que mes larmes et celles de mon mari commencèrent à couler, sans trop savoir pourquoi … A Tel Aviv, Beit Hatfutsot, le Musée de la Diaspora, créé en 1978, intéressa beaucoup d’entre nous. A l’aide de techniques audiovisuelles modernes, il conte l’histoire des communautés juives de la Diaspora à travers les âges et les continents. Un vaste panneau photographique présente les faciès juifs existant en Israël : blancs, noirs, jaunes ou bruns. Cela nous montre qu’il n’y a pas de définition physique d’une ethnie. L’unité d’Israël est ailleurs. La guide nous fit connaître la structure des communautés et les principaux 40 Brochures Rapports annuels Identités visuelles +32 2 663 85 85 www.inextremis.be le shofar pays d’accueil : Afrique du Nord, Allemagne, Espagne, France, Italie, Lituanie, Pologne, Russie,Turquie… Nous pouvions nous apercevoir à travers les maquettes des synagogues combien leur style s’intégrait parfaitement à chaque pays. Il y a également, au sein du Musée, une reconstitution historique, une filmothèque et un centre de recherche qui permet la reconstitution par ordinateur de l’arbre généalogique de familles. Le lendemain, la promenade à Nahal Binyamin et au Shouk HaCarmel permit à certains d’entre nous de faire leur dernier shopping et de plonger dans le bruit, la foule, les parfums, les couleurs et le marchandage. Kabbalat shabbat se déroula à la synagogue Beth Daniel2 avec laquelle le projet de jumelage avec notre communauté permettra l’accueil mutuel des jeunes. Nous fûmes invités après l’office dans quatre familles francophones. Pour la première fois, nous avons utilisé le chirout, minibus suivant la ligne des bus officiels – mais beaucoup plus fréquent – et s’arrêtant sur simple signe au chauffeur. Quel simple bonheur ai-je ressenti lors de ma descente, lorsque j’ai souhaité shabbat shalom au chauffeur ainsi qu’aux autres passagers! La famille qui nous accueillit nous reçut à bras ouverts, faisant preuve de beaucoup de générosité et d’un sens du partage très développé. D’origine belge, notre hôtesse avait immigré il y a quatre ans en Israël, avec ses deux enfants. Nous étions frappés par sa sérénité et son sourire. A notre avis, c’était là le résultat de son aliah. Le lendemain, nous visitâmes la maison de Ben Gourion, avec son impressionnante bibliothèque dont tous les livres ont été classés et étiquetés par ses soins (20.000 volumes couvrant différents domaines en plusieurs langues). L’ambiance à Tel-Aviv le week-end est absolument extraordinaire. Nous avons rencontré un orchestre sur la Tayellet avec un public de tous âges qui dansait. Le soir, la promenade à Neve Tsedek, le premier quartier de Tel-Aviv, frappa beaucoup Dalia. Elle aima la ballade dans ces anciennes petites rues et pu comparer aussi le Yaffo actuel à celui d’il y a 30 ans, absolument inouï ! Elle admirait cette action de construction, de reconstruction et d’implantation du peuple juif « Ba Aretz ». Le dernier jour, nous eûmes l’occasion de visiter le Musée de l’Indépendance. Après les explications intéressantes de notre guide, dix-sept membres de Beth Hillel écoutèrent la voix de David Ben Gourion proclamer l’indépendance de l’Etat d’Israël, suivi de la bénédiction du rabbin. Quand les premières mesures de l’Hatikva retentirent, tous, nous nous sommes levés par respect et amour pour le pays et pour ceux qui donné leur vie pour lui. A ce moment-là, je pensai à la phrase de Ben Gourion : «Je ne veux pas subir l’Histoire, je veux la créer ». Nous étions très émus. Notre voyage est terminé. Nous éprouvons déjà une certaine nostalgie d’Israël et des merveilleux moments passés ensemble. Comme l’a très bien résumé Luc : «Ce fut un voyage d’émotions: émotions des lieux, émotions des moments, émotions des rencontres programmées ou dues au hasard. Je me fais l’interprète de tout le groupe pour adresser un immense merci à Anne, à Philippe pour le long et dur travail, parfois ingrat, d’avoir tout organisé pour nous, d’avoir conservé au groupe tout son enthousiasme et sa cohésion. Le résultat était exceptionnel. Merci à Rabbi Dahan pour la communauté qu’il a créé». A quand le prochain voyage? Nous répondrons présents ! ■ 2 Ndlr : Beit Daniel - 62 B’nei Dan St. Tel Aviv 62305 The Center for Progressive Judaism in Tel Aviv - Yafo Phone: 03-5442740 ext. 113 Fax: 03-5444030 www.beit-daniel.org.il 41 COMMU N AU T É Un jeune pianiste à «l’Heureux Séjour» par Monique Ebstein 42 Mars 2008. Je l’ai rencontré, très blond, très mince, dans un couloir de la maison de retraite «Heureux Séjour» où avec un grand sourire il aidait une personne âgée à marcher. Un peu plus tard, je l’ai vu dans la grande salle où se tiennent les résidents l’après-midi. Toujours avec un grand sourire, il poussait la chaise roulante d’un vieux monsieur hémiplégique. Il l’a installé près du piano dont il a ouvert le couvercle. Il a commencé à jouer la «Pathétique» de Beethoven, d’abord avec quelque hésitation, puis il a pris de l’assurance et la salle a retenti de la musique de Beethoven d’abord, puis de Schumann, de Schubert, de Chopin.... La plupart de ses auditeurs étaient enchantés, ils l’ont manifesté par de chaleureux applaudissements. Il y a cependant eu l’incident de cette dame qui lui a méchamment enjoint de «faire moins de bruit». La raison de cet interview est l’intérêt que j’ai ressenti pour ce jeune Allemand qui a décidé de passer un an dans un pays étranger, d’y faire son service civil et de s’occuper de personnes âgées, souvent handicapées, dans une maison de repos juive. Comment un jeune Allemand voit-il les Juifs aujourd’hui ? Quel regard perçoit-il dans les yeux de ces seniors auxquels il apporte sa gentillesse, son aide et sa jeunesse ? Etes-vous toujours aussi souriant ? En souriant, c’est plus facile, et c’est positif pour les personnes âgées. Pouvez-vous vous présenter ? Je m’appelle Jakob Hohnerlein, j’ai 20 ans et je suis né à Munich, en Bavière. Ma famille a déménagé lorsque j’avais 2 ans pour aller habiter à Ulm, une ville d’environ 120.000 habitants qui se situe à la frontière du Bade- Wurtemberg et de la Bavière. Mon père est psychologue et ma mère est pédagogue. Elle s’occupe d’enfants et de jeunes ayant des problèmes. J’ai un frère de 18 ans et une petite soeur de 11 ans. J’ai fait mon «Abitur»1 l’année dernière et j’ai commencé mon service civil d’un an dans le cadre d’ASF2 au début du mois de septembre 2007. Je resterai donc en Belgique jusqu’à la fin du mois d’août prochain. 1 L’Abitur est en Allemagne l’examen qui, après l’enseignement secondaire, permet d’accéder à l’Université. 2 A SF: Aktion Sühnenzeichen Friedensdienste (Action pour la Réconciliation et la Paix). ASF est très active en Israël et y envoie de nombreux volontaires. le shofar Quels sont vos intérêts ? La musique bien sûr. Je joue du piano depuis que j’ai 5 ans. Je joue aussi de la clarinette, mais pas ici, car la clarinette est un instrument que l’on ne peut pas jouer en solo. J’aime aussi beaucoup l’histoire, c’est une matière que j’ai choisie comme cours intensif pendant les 2 dernières années de ma scolarité. Quelles études comptez-vous entreprendre après votre service civil ? Peut-être le droit ? Peut-être les sciences politiques ? En tout cas des études de sciences humaines, pas de sciences exactes. Peut-être aussi la musique. J’ai réussi un examen d’entrée pour être accepté dans une université dont les étudiants se destinent à l’enseignement de la musique, mais je sais bien que les débouchés des études de musique ne sont pas très prometteurs. Ne pourriez-vous pas combiner des études de droit par exemple avec des études de musique ? Je sais que c’est possible en Allemagne. Oui c’est vrai, mais c’est très rare. Il est vrai qu’un magistrat de la Cour Constitutionnelle allemande a étudié le droit, la philosophie et la musique ! Pourquoi avez-vous choisi de faire un service civil et non pas un service militaire ? Je n’ai jamais envisagé de faire un service militaire. Je ne veux pas servir dans l’armée. Je suis contre la discipline et l’obéissance au doigt et à l’oeil. Par contre, il y a des possibilités de faire son service civil en Allemagne dans le secteur social: p.ex dans des hôpitaux, des jardins d’enfants......J’ai choisi de le faire dans le cadre d’ASF. Cette association existe depuis 1958. C’est grâce à elle que mes parents se sont connus en France alors que mon père effectuait son service civil et ma mère un volontariat. Les jeunes filles, encore aujourd’hui, sont légèrement plus nombreuses que les garçons, elles effectuent toutes un service volontaire. Depuis quand date votre intérêt pour la période nazie ? Pendant ma scolarité, j’ai écrit un travail de 20 pages sur Reinhold Settele, un habitant d’Ulm, qui pendant la guerre a fait en solitaire de petites actions de résistance. Vers la fin de la guerre, la Wehrmacht a voulu l’arrêter, mais il a pu s’échapper et passer chez les Américains. Parlez-moi d’ASF ASF signifie «Aktion Sühnenzeichen Friedensdienste» (Action pour la Réconciliation et la Paix). Elle a été créée lors du Synode de l’Eglise Evangélique d’Allemagne réuni à Berlin en avril 1958. Lors du plénum qui eut lieu le dernier jour du congrès, le président Lothar Kreyssig déclara: «Nous, les Allemands, nous avons commencé la Deuxième Guerre Mondiale et nous nous sommes rendus responsables d’une souffrance humaine incommensurable. Les Allemands ont, dans un soulèvement impie contre Dieu, assassiné des millions de Juifs. Et même ceux qui n’étaient pas d’accord, n’ont pas suffisamment agi pour empêcher ces crimes». Les fondateurs et fondatrices de l’association ont voulu demander «aux peuples ayant souffert du national-socialisme qu’ils nous permettent de faire, avec nos mains et nos moyens, quelque chose de bien pour leur pays», un acte symbolique de demande de pardon et de paix. «Response-ability», la traduction anglaise de «responsabilité» exprime bien ce qui se cache derrière ce terme. La faculté de répondre est précédée par celle de poser des questions. Les questions que soulève le problème du national-socialisme ébranlent les fondements mêmes de la civilisation humaine. Comment tout cela fut-il possible ? Les crimes des nazis posent des questions concrètes sur les raisons qui ont poussé l’Allemagne à sombrer dans le national-socialisme. Il faut bien sûr aussi se demander 43 COMMU N AU T É quelles sont actuellement les répercussions du national-socialisme sur la jeune génération, sur la société d’aujourd’hui. ASF invite les jeunes à chercher leurs propres réponses à ces questions3 44 Comment devient-on volontaire à ASF ? Il y a dans l’association différents secteurs de travail: formation historique et politique, travail social: dans des jardins d’enfants, des hôpitaux, des maisons de repos pour personnes âgées. Or il y a plus de candidats que de places disponibles. Il faut donc participer à un séminaire de sélection, ce que j’ai fait en février 2007, en mars j’ai su que j’étais accepté. Un candidat ne peut pas décider du lieu où il sera envoyé, mais il peut, s’il désire se rendre à l’étranger, indiquer ses pays favoris. Pour ma part j’ai indiqué, la Belgique, (car je désirais perfectionner mes connaissances de français), mais aussi les Pays-Bas et la Pologne. Je n’ai pas indiqué la France, car j’aurais dû signer un contrat sans savoir où je serais envoyé, or je voulais aller dans une grande ville. Je n’ai pas indiqué Israël non plus, car je ne voulais pas avoir peur de monter dans un bus. Le financement du séjour de chaque volontaire se répartit de la façon suivante: la famille assure un quart des frais, à quoi s’ajoutent des aides du gouvernement allemand et de l’Union Européenne. De plus, 15 personnes s’engagent à payer pour un volontaire 10 € par mois pendant 1 an. En ce qui me concerne, la Fondation Auschwitz et l’Heureux Séjour me donnent aussi un peu d’argent de poche. Après avoir été accepté, le candidat doit faire un stage de 2 semaines dans une institution sociale ou effectuer la visite d’un Mémorial. J’ai choisi de visiter le Mémorial de Stutthoff en Pologne, J’avais déjà été à Dachau avec mon école. Mais il est aussi possible de se ren- dre à Dantzig, Auschwitz ou Maidanek. C’était triste, mais intéressant, nous avons beaucoup discuté, et j’ai eu dès ce moment une très bonne impression d’ASF. Nous avons visité les lieux et interrogé la mémoire, nous en avons discuté, nous avons analysé des textes, nous nous sommes posé la question «Comment un homme peut-il devenir un bourreau ?...... A l’Heureux Séjour, l’atmosphère est en général une atmosphère de sympathie à mon égard. Il y a juste une dame qui refuse que je rentre dans sa chambre, lorsque le mercredi, je fais la distribution d’eau minérale. Parlez-moi de votre séjour à Bruxelles. De septembre à octobre, j’ai travaillé uniquement à la Fondation Auschwitz, passant la plupart de mon temps devant l’ordinateur. Comme je désirais également faire un travail social, j’ai commencé à travailler à «l’Heureux Séjour» en décembre, grâce à Mme Renate Lange, responsable d’ASF pour Bruxelles qui a pu combiner ces 2 activités. Qu’est-ce que la Fondation Auschwitz et qu’y faites-vous ? La Fondation Auschwitz est une institution dont le but est de travailler sur l’Histoire. Elle est dirigée et gérée par des non-Juifs, le directeur actuel est grec. Elle est en contact avec des institutions allemandes. Je m’y occupe de la bibliothèque et du bulletin trimestriel pour lequel je fais la recension de livres allemands. Je traduis aussi le courrier électronique. La bibliothèque n’est pas vraiment une bibliothèque publique, mais tous ceux qui ont des raisons particulières ou des intérêts précis (étudiants, enseignants) peuvent y consulter des livres après en avoir demandé l’autorisation. La Fondation organise également des interviews de rescapés belges, mais à l’heure actuelle il n’y en a plus beaucoup. Nous analysons des cassettes de 3 Ce paragraphe est tiré de textes disponibles sur Internet que Jakob m’a donnés au début de l’interview. Pour plus de détails sur ASF, voir le site: www. asf-ev.de le shofar témoignages. J’ai écrit le résumé d’un témoignage, qui date des années 90, d’une femme qui a fait partie de l’orchestre des femmes à Birkenau. C’est dur, mais on s’habitue ! Une étudiante fait actuellement une thèse sur la musique composée dans les camps. La visite d’un Mémorial impressionne davantage que la lecture d’un témoignage. Tous les volontaires ASF qui se trouvent en Belgique sont allés visiter le camp d’internement de Breendonk. La bibliothèque possède des cassettes vidéo d’anciennes émissions de la RTBF. Les volontaires en écrivent des résumés. C’est très dur. En effet, il est plus dur de voir des images que d’entendre un témoignage. Aviez-vous connu des Juifs en Allemagne ? Que savez-vous du judaïsme ? Non, je n’ai pas connu de Juifs en Allemagne, il n’y en a pas, ou peu à Ulm. Ce que je connais du judaïsme ? Ce que l’on apprend à l’école où la religion est une matière scolaire, et où l’on enseigne des rudiments de toutes les religions. Personnellement je suis protestant. Je sais qu’avant Hitler, les Juifs allemands étaient très assimilés, souvent très instruits, et qu’ils ne se sentaient pas essentiellement différents des autres Allemands, car ils n’étaient plus très religieux. A mon avis, ce qui les caractérisait c’était, entre autre, l’emploi de mots hébreux lorsqu’ils parlaient l’allemand. Dans l’ensemble, les résidents belges de l’Heureux Séjour, m’ont dit que leur famille n’était pas très religieuse, que leur vie avant la période nazie n’avait pas été très différente de celle des autres Belges, que certes ils célébraient les fêtes juives, mais qu’ils se sentaient avant tout belges. Quel est votre rapport à la période de la 2ème Guerre Mondiale qui doit vous sembler extrêmement lointaine ? Je me sens concerné par ce qui s’est passé, mais pas coupable. Du reste, mes parents sont eux aussi nés après la guerre. L’idée qui guide l’action d’ASF est que la guerre donne une responsabilité aux Allemands d’aujourd’hui, afin qu’ils améliorent le monde auquel les Allemands de l’époque nazie avaient fait tant de mal. A votre avis, comment est- il possible que Hitler ait accédé au pouvoir ? Les Allemands avaient une tradition militaire et il y avait un courant nationaliste allemand. Il y avait aussi, depuis le Moyen Age, un courant antisémite. Beaucoup d’Allemands n’étaient pas en faveur de la République de Weimar, et la situation économique était très mauvaise. Hitler avait écrit tout son programme dans «Mein Kampf», il y avait exposé ses théories folles sur les différents types de races humaines, mais beaucoup de monde ne l’avaient pas lu et parmi ceux qui l’avaient lu, beaucoup n’y croyaient pas. Une partie de la population espérait surtout une amélioration de l’économie, jugeant que c’était plus important que tout le reste. Mon grand-père lui-même pensait que, vu la situation économique grave dans laquelle se trouvait l’Allemagne, il fallait que quelque chose change, donc pourquoi pas Hitler ? Cependant, mes parents, nés dans les années 50, parlent de cette période sans sentiment de culpabilité. Aujourd’hui en Allemagne, la plupart des villes moyennes votent CDU/CSU, (c’est à dire les partis conservateurs), Ulm fait exception, elle vote SPD (parti social-démocrate). Comment perçoit-on Israël en Allemagne ? La plupart des Allemands reconnaissent le droit absolu d’Israël à exister. Israël est considéré comme un pays ami, mais on critique la politique israélienne envers les Palestiniens. Les Allemands pensent en effet que l’on doit pouvoir critiquer ses amis. Ils disent la même chose des Américains en ce qui concerne la guerre d’Irak. Beaucoup de volontaires ASF effectuent leur année de service en Israël. Ils y reçoivent une formation historique et travaillent dans le secteur social (homes, jardins d’enfants, 45 COMMU N AU T É hôpitaux...), c’est le même travail que dans les autres pays. Ce travail et les projets qui existent en Israël m’auraient intéressé, mais la situation y est top peu sûre et je n’avais aucune envie d’être exposé à exploser dans un bus ! Comment percevez-vous les Juifs à présent ? Avant de venir, je ne connaissais pas de Juifs, ma perception était plutôt positive, mais théorique et abstraite. Maintenant que j’en connais personnellement, ils me sont plus proches. Non, je n’ai jamais été invité dans une famille juive (ni du reste dans une famille belge), je n’ai pas assisté non plus à un office religieux, ni été dans une synagogue. Les Juifs que je connais sont surtout les personnes âgées qui résident à l’Heureux Séjour. 46 Pendant mon temps libre, mes soirées et mes week-ends, je vois mes camarades qui sont volontaires à Bruxelles et avec qui j’ai de bons contacts, je rends aussi visite à des copains qui se trouvent dans d’autres villes (Amsterdam, Lyon...) Quelle a été votre motivation principale pour ce volontariat ? La réconciliation bien sûr, car les Allemands ont fait du mal aux Juifs, et il est bon qu’un jeune Allemand apporte de l’aide à de vieux Juifs. Mais il y a également le désir d’apprendre à mieux connaître un pays étranger, de montrer que les jeunes Allemands sont différents de leurs aînés, et qu’ils ne sont pas antisémites. C’est en 1968 que l’on a commencé à parler à plus large échelle du nazisme. C’est aussi l’époque où l’on a critiqué les Etats-Unis pour la guerre du Vietnam. A cette époque, il y avait encore beaucoup de fonctionnaires, de professeurs, de magistrats de l’époque nazie qui étaient restés en place. De cette époque date le slogan «Unter den Talaren, Muff von 1000 Jahren» (Sous les toges, stagne l’air confiné d’un millénaire) ! C’est aussi en 1968 que le gouvernement fédéral a changé la Constitution au moyen de lois d’exception. A ce moment, les jeunes ont eu des craintes pour l’avenir de la démocratie. Lorsque ASF fut créée en 1958, on critiqua ses membres qui furent qualifiés de traîtres à la patrie. Maintenant on en parle dans les écoles et dans les médias. La connaissance du passé s’est beaucoup améliorée. Dans l’exAllemagne de l’Est, il y a encore de la xénophobie, mais il n’y en a plus à l’Ouest, sauf bien sûr chez quelques extrémistes qui ne sont pas représentatifs de la population. Racontez-moi une expérience forte que vous avez vécue : Un jour une résidente de l’Heureux Séjour m’a demandé comment il était possible qu’en Allemagne, le pays de Goethe et de Schiller de tels événements aient pu se produire. Je lui ai répondu que, moi non plus, je n’arrivais pas à le comprendre. Elle m’a cru et j’en ai été très heureux. *** J’ai été très heureuse de rencontrer Jakob et de pouvoir l’interviewer. J’ai parlé à un jeune Allemand tout à fait à l’aise dans ses convictions et ses choix. Avec dignité il assume sa responsabilité sans ressentir de culpabilité vis à vis du peuple juif. Il considère Israël comme un Etat ami de son pays, mais il affirme également son droit à critiquer ses amis. Comme ses parents, eux aussi nés après la guerre, comme beaucoup d’autres jeunes Allemands, il choisit de passer un an de sa vie en mettant son sourire et son talent de musicien au service de vieilles personnes juives. Cette rencontre en Belgique de jeunes Allemands avec des Juifs, grâce à une Association qui oeuvre pour la réconciliation et la paix est un pas important dans la lutte contre l’antisémitisme, car elle permet une ouverture, une éducation de l’esprit et du coeur des jeunes générations. Ce sont justement ces jeunes qui nous permettent d’espérer que cela ne se passera PLUS JAMAIS ! ■ le shofar LECOBEL VOTRE AGENCE IMMOBILIÈRE 11, Place G. Brugmann 1050 Bruxelles Tél : 02/346.33.55 Tél : 02/343.94.82 www.lecobel.be 47 COMMU N AU T É Nouvelles d’Israël et d’ailleurs La France compte une troisième femme rabbin en la personne de Delphine Horvilleur, 30 ans. Diplômée de l’Université Hébraïque de Jérusalem et journaliste à France 2 avant de commencer ses études de rabbinat, elle a été ordonnée rabbin en mai dernier par l’Hebrew Union College à New York dont elle fait partie de la promotion 2008. Delphine Horvilleur rejoint l’équipe rabbinique du Mouvement Juif Libéral de France à Paris, composée des rabbins Daniel Fahri, Stephen Berkowitz et Célia Surget. *** 48 Le 22 juin dernier, le Consistoire central de France a élu son nouveau Grand Rabbin en la personne de Gilles Berheim, 56 ans, qui entrera en fonction le 1er janvier 2009 pour un mandat de 7 ans. Répondant aux questions posées par le mensuel juif français L’Arche1 sur la division du Judaïsme français en sous-communautés consistoriales, libérales, massorti, et sur l’opportunité d’une « concertation » entre celles-ci, le Grand Rabbin Gilles Bernheim conçoit le dialogue avec ses coreligionnaires ainsi : « (…) Ce qui fait beaucoup de ravages (…), depuis assez peu de temps, et ce qui peut en causer bien plus encore dans un proche avenir, c’est une tendance tardive à l’importation en France des vieux clivages, hérités de la Réforme du Judaïsme dans l’Allemagne du début du 19ème siècle, et qui divisent très profondément aujourd’hui les sociétés jui- 1 L’Arche, n°602-603, juillet-août 2008, p.40 ves nord-américaines et israéliennes, entre orthodoxes, conservateurs et libéraux. (…) La synagogue libérale, née vers 1905 à l’initiative du rabbin Louis-Germain Levy, fut très longtemps groupusculaire. La synagogue massorti (calque de l’américain conservative) n’est apparue qu’il y a peu de temps (…). Estil fatal que notre communauté (…) importe tardivement ces vieilles querelles dont nous voyons les ravages aux Etats-Unis, la conséquence la plus grave étant la non-reconnaissance des conversions et des mariages, donc la rupture, sur le fond, de l’unité du peuple juif ?... » Pour mémoire, le nouveau Grand Rabbin consistorial de France est Agrégé en Philosophie et responsable, entre autres, au sein du Consistoire de Paris, du département « Torah et société » centré sur les grands problèmes de société. Gilles Bernheim, auteur d’ « Un rabbin dans la cité » donne, par ailleurs, régulièrement son avis sur le sida, la pauvreté, les relations avec l’Islam, lorsqu’il ne dialogue pas avec le christianisme… *** Au moment des jeux de Pékin, il est intéressant de se rappeler qu’Israël et les jeux Olympiques, c’est l’histoire d’un long fleuve peu tranquille. Dès la proclamation de son indépendance en 1948, le nouvel Etat décida d’envoyer ses sportifs aux Jeux de Londres. Mais la Grande-Bretagne, qui venait de renoncer à son mandat sur la Palestine, s’y opposa, prétextant que la délégation israélienne n’avait le shofar pas encore été reconnue officiellement. Quatre ans plus tard, Israël expédia à Helsinki sa première délégation, composée de 13 athlètes ainsi que d’une équipe de basketball. Si les performances sportives de cette délégation ne resteront pas gravées dans la mémoire collective, le symbole politique, lui, fut fort car il marqua le début d’une reconnaissance internationale pour ce jeune pays qui venait de sortir d’un conflit armé avec ses voisins. La guerre de 1956 avec l’Egypte empêcha la plupart des sportifs israéliens de se rendre aux Jeux de Melbourne : seule, une délégation symbolique de trois athlètes y fut envoyée. En 1968, à l’occasion des Jeux de Mexico, la délégation israélienne remporta ses premiers succès, avec son équipe de football en quart de finale et un nageur à qui il manqua quatre centièmes de seconde pour accéder à la médaille de bronze. Puis vint la tragique prise d’otages des Jeux de Munich en 1972 et l’assassinat de onze sportifs israéliens. Les survivants de la délégation israélienne rentrèrent chez eux dans l’état de choc qu’on imagine. Aucune délégation nationale ne s’associa à la demande d’Israël d’interrompre les Jeux : ceux-ci reprirent leur cours normal dès le lendemain. Pire, il fallut attendre 1996 pour que le comité olympique décide enfin de commémorer officiellement ce drame ! Israël ne renonça pas à sa participation aux jeux suivant ceux de Munich et envoya une délégation à Montréal en 1976. En quatre-vingt, répondant à l’appel du président américain Jimmy Carter, Israël boycotta les Jeux de Moscou, en signe de protestation à l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS. Les années suivantes, les délégations se professionnalisèrent et les espoirs de médaille se multiplièrent : en 1992, à Barcelone, Israël décrocha ses premières médailles mais pour l’or, il fallut attendre Athènes, en 2004 et le véliplanchiste Gal Frydman… *** Le lieu de rendez-vous, à Anvers, des ultranationalistes flamands et de l’extrême droite se dénomme le «Leeuw van Vlaanderen» (le « Lion des Flandres »). C’est un bistrot situé au Jezuietenrui que les connaisseurs qualifient de «bruine kroeg» (« café brun », au sens propre et comme au figuré). Ce haut lieu du rejet de la Belgique et de ses valeurs démocratiques affiche sans complexes le sigle des SS, bien mis en valeur sur la façade. En effet, sur ladite devanture jaune dudit caberdouche récemment repeinte a été ajoutée «de beest» (« la bête »), une référence au lion des lieux, dont le S reproduit à l’identique les initiales de sinistre mémoire. Interrogé par « Joods Actueel » sur cet inadmissible symbole nazi affiché en toute impunité en plein cœur d’Anvers, le président de la NV-A Bart De Wever a condamné. *** Des adolescents suédois proches des milieux néonazis viennent de recevoir une formation sur la Shoah et se sont rendus à Yad Vashem. Ils ont suivi le parcours de 16 Juifs pendant 49 COMMU N AU T É la guerre, originaire de leur ville natale, Karlstad, et morts en déportation. Le projet, baptisé «lutte contre les troubles sociaux» et initiative d’un éducateur suédois, avait pour objectif de prendre dans la rue des jeunes en difficulté, de les confronter à leurs préjugés et leur ignorance et de les faire devenir euxmêmes formateurs sur la Shoah. concision par une équipe de l’organisation non gouvernementale israélienne Jerusalem Aids Project (JAIP). L’objectif est de lutter contre l’épidémie du sida qui ravage le pays, enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. L’augmentation du nombre de circoncisions va permettre non seulement de juguler l’épidémie du sida à travers le pays mais aussi d’améliorer le dépistage de la maladie. *** Les chercheurs estiment que la pratique de la circoncision dans l’Afrique subsaharienne pourrait éviter la contamination de deux millions de personnes et sauver la vie de 300 000 malades dans les dix prochaines années. ■ Une dizaine de médecins de l’Etat africain du Swaziland (Etat qui compte le plus grand nombre de séropositifs au monde avec 26 % de ses habitants âgés entre 15 et 49 ans atteints du virus HIV) a été récemment initié à la cir- (JWH) 50 Simhat Tora Le lundi 20 octobre 2008 à 19h00 Soyez tous présents pour célébrer dans la joie la Tora! Nous danserons et chanterons ensemble avec les Sfarim, comme tous les ans. Venez avec vos enfants et vos amis. Si vous avez des instruments de musique, venez nous régaler de vos talents. le shofar 51 COMMU N AU T É Limoud revient Par Gaëlle Szyffer Chers Amis, Il y a deux ans j’ai eu l’occasion de participer à Limoud, en France. Ce fut une de mes plus belles expériences de ces dernières années. Or, voilà que Limoud revient, du 21 au 23 novembre prochain, au Coudray-Monceau. 52 A cet évènement participent quelques centaines de personnes de tous les âges, depuis les enfants, même très jeunes jusqu’aux beaucoup moins jeunes de la troisième, quatrième, voire cinquième génération, en passant par des rabbins libéraux, massorti, orthodoxes, ... et aussi des gens comme ... nous! Si les participants sont en grande majorité juifs, des non-Juifs qui voudraient éventuellement se convertir ou qui, plus simplement, sont intéressés par l’interconvictionnel sont également présents. L’idée de base est que chacun peut apprendre de l’autre. Chacun peut proposer à l’autre ce qu’il sait : ainsi, tout juif bar ou bat mitsvah peut animer un séminaire (1 h) pour enfants, jeunes ou adultes. On y rencontre aussi bien de très jeunes animateurs que des conférenciers de renommée mondiale côtoyant des représentants des associations juives en tous genres, des libraires, des restaurateurs casher. Bref, Limoud, c’est tout ce qui a trait au judaïsme : cuisine, danse, chants, torah, talmud, havroutah, judaïsme historique, philosophique et autres iques, musique yiddish, israélienne, religieuse, klezmer, voyages, ... Et s’il vous vient à l’esprit qu’il manque quelque chose dans le programme, c’est que vous ne l’avez pas proposé ! Tout le monde est bénévole, tout le monde est responsable, tout le monde est ouvert à l’autre, personne ne reproche rien à personne, tout le monde est content. Vous l’aurez compris, il s’agit là d’une expérience qui vaut la peine d’être vécue. Amis de Beth Hillel, on pourrait peut-être s’y rendre ensemble, imaginer un départ de Belgique en groupe et qui sait, si comme moi, vous aurez trouvé Limoud fantastique, on pourra peut-être aussi, alors, imaginer d’organiser cela un jour chez nous ? Limoud existe déjà en Grande Bretagne, aux Etats-Unis, en Russie ainsi que dans bien d’autres pays. N’hésitez pas, contactez moi ! Amitiés, Gaëlle Szyffer [email protected] ■ le shofar 53 COMMU N AU T É Un peu d’humour Daniel, qui a beaucoup travaillé durant toute son existence, décède. Ses dernières volontés révèlent le souhait de magnifiques funérailles, dignes de l’énergie sans faille dont il a fait preuve tout au long de sa vie, et qu’à cet effet, un budget de 50.000 euros y soit consacré. Tout est rapidement réglé, le permis d’inhumer obtenu. Bref, à l’entrée du cimetière, les intimes attendent l’arrivée du cortège funèbre. Jess, la veuve de Daniel, arrive, accompagnée de Sam, le meilleur ami de son défunt époux. 54 Quelques moments plus tard, lorsque tout est fini, Jess, toujours au bras de Sam, lui dit : « Je crois que Daniel aurait été très content… » «Certainement, chère Jess, certai­ne­ment !» lui répond Sam, en lui tapotant gentiment la main. Puis, chuchotant, il poursuit à son oreille : « Mais dis-moi, tout ceci t’a-t-il coûté combien ?!? » versés à la shule pour les prestations du rabbin ; les en-cas, boissons comprises, pour la shiva, également 500 euros ; et le reste, je l’ai dépensé pour la pierre ! » Sam recompte rapidement : « Veux tu dire que tu as payé 42.500 euros pour la pierre en souvenir de Daniel?!? Oye ! Elle doit être phénoménale, pour ce prix-là! » « Oui: cinq carats et demi » *** A reform Rabbi was having an argument with an orthodox Rabbi. He asked him, “Why don’t you let the men and women of your congregation sit together as they do in my congregation ?” The orthodox Rabbi replied: « Tout compris ? Oh, cinquante mille » « Non ?!? Cinquante mille? Jess, c’était convenable, mais tout de même… cinquante mille ! N’exagère tu pas un petit peu ?» “If you want to know the truth, I don’t really mind them sitting together at all. The trouble is, however, that I give sermons and I can’t have them sleeping together.” Et Jess d’expliquer, l’index égrenant les doigts : « Mais oui, 50.000 ! Calcules : 6.500 euros pour les frais funéraires proprement dits ; 500 euros *** In f o r m at i o n s u t i l es VIE COMMUNAUTAIRE OFFICES DE CHABBAT Vendredi à 20h et samedi à 10h30 ■ Talmud tora et preparation a la bar/bat mitsva Tous les mercredis après-midi. Voir calendrier. ■ Cours adultes et cercles d’etude Contactez Rabbi Abraham Dahan ou Rabbi Floriane Chinsky ■ Yiskor Si vous voulez être tenus au courant des dates de Yiskor pour des membres de votre famille, contactez Giny ( 02.332.25.28 SOCIÉTÉ D’INHUMATION A.S.B.L. GAN HASHALOM En cas de nécessité, téléphonez aux numéros suivants: Le jour A Beth Hillel ( 02.332.25.28 Le soir Rabbi Floriane Chinsky ( 0485.428.490 Rabbi Abraham Dahan ( 02.374.94.80 ou 0495.268.260 Si vous désirez souscrire à Gan Hashalom, téléphonez à Willy Pomeranc Le jour ( 02.522.10.24 • Le soir ( 02.374.13.76 Gan Hashalom est réservé aux membres de la CILB en règle de cotisation et ayant adhéré à la société d’Inhumation