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le shofar
revue mensuelle de la communauté israélite libérale de belgique
N° d’agréation P401059
Décembre 2007 — n°289 / Kislev/Tevet 5768
synagogue
beth hillel
bruxelles
Hanouka, trois origines,
trois enseignements.
Rabbi Dahan a 70 ans.
EDITEUR RESPONSABLE : 
Rabbin Abraham Dahan
Le Shofar est édité par la
COMMUNAUTÉ ISRAÉLITE LIBÉRALE
DE BELGIQUE A.S.B.L.
N° d’entreprise : 408.710.191
Synagogue Beth Hillel
80, rue des Primeurs,
B-1190 Bruxelles
Tél. 02 332 25 28
Fax 02 376 72 19
www.beth-hillel.org
[email protected]
CBC 192-5133742-59
Rédactrice en chef :  
Jacqueline Wiener
RABBINS : Abraham Dahan
et Floriane Chinsky
COMITÉ DE RÉDACTION : 
Rabbi Abraham Dahan, Rabbi
Floriane Chinsky, Ralph Bisschops,
Serge Boruchowitch, Gilbert
Lederman, Philippe Lewkowicz,
Jacqueline Wiener, Emmanuel Wolf
CONSEIL D’ADMINISTRATION : 
Avishaï Ben David, Ralph Bisschops,
Patrick Ebstein, Paul-Gérard Ebstein,
Ephraïm Fischgrund, Josiane
Goldschmidt, Gilbert Lederman,
Philippe Lewkowicz, Willy Pomeranc,
Elie Vulfs, Serge Weinber, Jacqueline
Wiener, Emmanuel Wolf.
n°289
Décembre 2007 /
Kislev/Tevet 5768
N° d’agréation P401059
re vue mensuelle de l a
communauté isr aélite
libér ale de belgique
ONT EGALEMENT COLLABORÉ a
cette livraison : 
Naomi Aguilera, David Cepolowicz,
Monique Ebstein, Josiane Goldschmidt,
Shmuel Lison, Zahava Seewald, Anne
Simon, Nathan Selik, Samuel Vlodaver
et Serge Weinber
Mise en page : 
www.inextremis.be
Les textes publiés n’engagent que
leurs auteurs.
Photo de couverture :
Ralph Bisschops
Photos :
Ralph Bisschops et Serge Weinber
Sommaire
05
EDITORIAL
L’union fit la force
par Jacqueline Wiener
07
Le mot du président
La lumière de Hanouccah hier et aujourd’hui
par Philippe Lewkowicz
08
JUDAÏSME
Hanouka, trois origines, trois enseignements
par Rabbi Floriane Chinsky
10
Etre un bon technicien ou un bon créatif?
Petites suggestions pour un allumage pas
comme les autres
par Rabbi Floriane Chinsky
16
34
13
A la mémoire de Geoffrey King z"l, extraits de
textes
16
Rabbi Dahan a septante ans!
19
Nos Bné Mitsva, Naomie Aguilera, Daniel
Cepolowicz, Nathan Selik et Samuel Vlodaver
24
Morale contemporaine et éthique juive
28
Agenda
30
COMMUNAUTÉ
Carnet
32
Par Ralph Bisschops, Dr. phil.
Par le Rabbin Rayner
A propos du dialogue judéo-chrétien
par Jacqueline Wiener
34
De notre Talmud Tora
35
Pour aimer la vie au présent, au passé et demain
37
Résonance théologique de la musique juive
cantoriale
par Josiane Goldschmidt
par Anne Simon
par Shmuel Lison
45
40
Hazanut à Beth Hillel: Zahava Seewald
41
Myriam Fuks rencontre son temps
43
André Chouraqui z"l
45
Saul Friedländer
47
Lu pour vous
50
Quelques nouvelles d’Israël et d’ailleurs
52
Au Musée Juif de Belgique: Sarah et ses frères
53
Un peu d’humour
55
Informations utiles
par Serge Weinber
par Monique Ebstein
par Monique Ebstein
par Monique Ebstein
par Jacqueline Wiener
Pour l’organisation de vos Simhot
Un nom: Solange!
Un numéro: 0497.57.47.27!
le shofar
L’Union fit la force
Par Jacqueline Wiener
Est-ce incongru de se demander si la vision en
direct sur le petit écran des mains votantes
flamandes tendues de concert avec celles au
geste peu étrangement éloigné du signe nazi,
le mercredi 7 novembre 2007, pourrait, d’une
certaine façon, être mise en perspective avec
le choc psychologique que dut être, pour les
Juifs non hellénisés de la Judée grecque antique, l’annonce de l’introduction d’une statue
de Zeus au visage similaire à celui d’Antiochus
IV dans le Temple de Jérusalem, voici quelque
deux mille cent septante quatre ans ?
Certainement.
Sauf à comprendre, à partir des cheminements intellectuels par lesquels nos Sages
ont muté les évènements politiques d’alors en
célébration d’un « petit » « miracle » très discret mais tellement chargé de sens, combien
même pour nos jours, la mise en exergue du
retour de la Lumière revêt une importance
fondamentale, aussi bien dans la conduite
des affaires publiques que dans la relation
individuelle à autrui.
Le Temple purifié, la Ménora rallumée
n’auraient aucune signification sans la
conscience, sans l’exigence que la pensée humaine doit refuser son asservissement.
A Hanoukka, la lueur scintillante derrière la
vitre des maisons juives qu’aperçoivent les
passants, et qui est là pour montrer la persévérance de ceux qui pensent autrement face
à ceux qui imposent leurs propres conceptions, a une portée universelle.
Aujourd’hui, lorsqu’en Belgique, nous disposons nos hanoukkiot devant nos fenêtres
pour rappeler que l’huile pure découverte
dans le Sanctuaire permettant la lumière de
la Menora qu’un seul jour brûla finalement
huit fois plus longtemps, c’est donc aussi
pour dire que la norme, la croyance, l’opinion, la sensibilité, la culture ou la langue de
l’un ne doit jamais, ne peut jamais faire fi du
respect infini de l’autre ; c’est pour dire que
la différence, la particularité, l’altérité englobées fondamentalement en un souci commun
de bien-vivre ensemble à la fois collectif et
individuel est le meilleur rempart contre
l’obscurantisme, le dogmatisme et l’idéologie fanatiques qui débouchent immanquablement sur une uniformisation si chère aux
dictatures.
Or donc, que l’on soit partisan des flamingants, des fransquillons, des brusselaires ou
des Belges-à-la-Papa ; que l’on soit centriste,
de gauche, de droite ou de nulle part ; que l’on
découvre les propos de Jules Destrée comme
parole de prophétie ou non ; que l’on se sente
peu ou prou concerné par la vie politique de
notre pays, il ne peut, il ne doit échapper à
personne que les coups de buttoir de l’extrême droite flamande portent hélas actuellement efficacement leurs fruits.
Le résultat d’un sondage paru le mois dernier
dans le quotidien flamand « De Standaard »
est édifiant, à cet égard. En effet, à la question de savoir s’ils approuvaient les déclarations du président du N-Va Bart De Wever,
un des grands argentiers des mains votantes
dont question ci-dessus, qualifiant de « gratuites » les excuses sur la participation de
la ville d’Anvers à la Shoa exprimées par le
Bourgmestre Patrick Janssen, 63,86% des
sondés répondirent par l’affirmative…
Voilà donc démasqué, en un rapprochement
rapidement construit, l’homme-Babel au
sentiment nationaliste exacerbé, discours
populiste et dessein éhontément destructeur
réunis, perché au sommet de cette toute petite chose si peu enfouie et tellement révélatrice de tout le reste: la haine du Juif.
Aux premiers temps de l’indépendance de la
Belgique, le 8 septembre 1831, Léopold Ier,
5
ÉD I TO RI A L
6
à l’occasion de son discours au Sénat et à la
Chambre réunis en séance plénière, exhorta
le pouvoir législatif à voter des projets de loi
qui, développant les principes posés dans la
Constitution, feraient jouir les Belges « d’une
plus grande somme de liberté qu’aucun autre
peuple d’Europe ».
La Belgique d’alors fut le pays du modernisme par excellence
Les Belges, enfin libérés du joug séculaire
des grandes puissances, s’ébrouaient en un
joyeux épanouissement économique et social.
Et parmi eux, les Juifs n’étaient pas en reste
d’ailleurs, eux qui se voyaient rejoindre par
des coreligionnaires des pays limitrophes à
qui ce vent de liberté offrait la perspective unique d’une réelle intégration et où participation
à la vie scientifique, artistique ou politique nationale ne procédait guère de vains rêves.
L’Union fit la force de ce petit Etat indépendant sans mémoire propre de nature à lui
conférer une fierté nationale particulière.
Par la suite, la cohésion nationale où l’affrontement entre catholiques et libéraux, puis
entre Flamands et francophones vint régulièrement s’échouer en un compromis « à la
belge » suscita la confiante curiosité des Nations.
La guerre scolaire, la question royale, le déménagement forcé vers Louvain-la-Neuve ou
les Fourons furent autant de houleux défis
auxquels les démocrates du Royaume surent
toujours trouver une apaisante parade.
L’Union fit la force et sa consécration ultime
fut d’ériger Bruxelles au rang de capitale de
l’Europe.
Les actuels drapeaux belges brûlés,
conseillers communaux malmenés, menaces
à l’encontre de personnes s’exprimant dans
leur langue maternelle sont autant de symptômes d’une gravité sans précédent, dès lors
que le cordon sanitaire autour de l’extrême
droite belge de Flandre a été dénoué, le 7 novembre dernier.
En cette fête de Hanoucca 5768, les points
lumineux à huit branches éparpillés entre
Anvers, Bruxelles, Liège, Gand ou Charleroi
orneront particulièrement fort à propos les
contours multi-culturels de notre pays… ■
Le site de Beth Hillel est ouvert
Découvrez le sur :
www.beth-hillel.org
Vous y trouverez e.a. l’agenda, les parashot, des infos, des photos
et plein d’autres choses utiles.
Le site n’est bien sûr pas parfait, nous voulons l’améliorer,
n’hésitez pas à nous faire part de vos suggestions et critiques
en écrivant à
[email protected]
Bonnes visites
L e m ot d u pr és i d ent
le shofar
La lumière de Hanouccah
hier et aujourd’hui
par Philippe Lewkowicz
Hanouccah célèbre le double miracle d’une
victoire militaire et de l’huile qui dura huit
jours.
Le premier miracle a eu une large portée, tant
du point de vue espace, la région de Jérusalem, que du point de vue des personnes impliquées, toute la nation.
Le second miracle a eu lieu dans un espace défini et confiné - un espace réservé dans le temple - et a eu peu de spectateurs, les Cohanim,
qui assuraient le service dans le sanctuaire.
Si disparates que soient ces deux éléments, il
existe entre eux un lien fort.
La révolte des Hasmonéens sur les Grecs
était un acte de résistance, une résistance à
l’assimilation, une revendication à conserver
son identité. Le peuple juif ne refusait pas la
civilisation grecque en tant que telle, bien au
contraire, le plus souvent, cette civilisation
inspirée par les plus grands savants était fondée sur une démarche scientifique et poursuivait un but «honnête».
Le problème s’est posé quand l’occupant a
voulu instaurer ses lois et, en même temps,
refuser toute autre approche, culture ou religion. La spécificité existentielle - et par voie
de conséquence spirituelle - d’Israël menaçait
d’être anéantie par l’hégémonie culturelle que
les Séleucides voulaient imposer sur tous les
territoires qu’ils contrôlaient déjà politiquement et militairement, dont la Judée.
Le message de la Grèce dont il est question
à Hanouccah, c’est le message de la science
comme objectif suprême. C’est le message
d’un monde fondé sur des lois, un monde existant pour des lois, un monde de choix techniques, un monde de rentabilité.
La lumière juive représente une autre voie :
celle d’un monde qui n’est pas uniquement dirigé par des lois scientifiques, mais également
par la morale et l’éthique. Et là où il y a de
l’éthique, il y a la possibilité d’un choix : faire
ou ne pas faire une action ! Dire à quelqu’un ce
que l’on pense ou pas ? Punir ou pas ? Pardonner ou pas ?
Dans le monde antique, le monde juif et le
monde grec sont tous deux arrivés à des sommets dans la pensée humaine. Cela n’a pas empêché la confrontation entre ces deux entités
naturellement antagonistes.
Et le temple, à l’époque, était d’une certaine
manière le centre de la nation, il l’inspirait.
Du temple émanait « la lumière », symbole de
l’étude, de la conscience, du questionnement.
En permettant la victoire militaire, D’ieu a
permis le maintien de cette conscience.
La fiole d’huile est le symbole d’une petite lumière, d’un petit espoir qui subsiste. Un espoir
de paix au milieu des guerres.
C’est pourquoi la tradition juive se souvient
de Hanouccah, non pas comme la fête d’une
victoire politique, mais comme celle d’une
victoire de l’esprit.
Aujourd’hui, à Beth Hillel, comme dans toutes les communautés juives, on se souvient
de l’importance de cette petite lumière. Et
aujourd’hui il faut se rappeler que cette flamme est toujours nécessaire. En Belgique, comme au Tibet ou partout dans le monde où les
politiques oublient trop souvent l’importance
de ces valeurs fondamentales que sont la liberté, la démocratie, la tolérance, le respect
de l’autre.
Cet enseignement ancien est tellement actuel que nous ne pouvons pas l’ignorer, nous
le disons à nos élèves du Talmud Torah, nos
rabbins le disent dans leurs sermons. Cet
enseignement guide nos actions dans nos relations avec les autres communautés. Cet enseignement est un des engagements de Beth
Hillel dans la société.
Hag sameah
■
7
J U DA Ï SME
Hanouka, trois origines, trois
enseignements
Par Rabbi Floriane Chinsky
8
Hanouka, entre toutes les fêtes, illustre l’attachement du peuple juif à sa tradition, une
tradition de vie, porteuse de vie, adaptée à
nos vies.
Absente de la Bible, à peine évoquée dans la
michna, Hanouka nous apparaît pour la première fois dans le Talmud. Une braïta (source
tanaïtique), citée dans le traité chabat du Talmud babylonien (21b) présente le lien entre la
célébration et l’allumage de bougies.
Hanouka est, selon le Talmud lui-même, qui
trouve son origine dans un phénomène naturel impressionnant : le raccourcissement
des jours. Il est essentiel de se mettre dans la
peau des générations précédentes. L’amoindrissement de la luminosité et du temps d’exposition au soleil nous influence tous, parfois
de façon imperceptible ou subliminale. Il
nous est facile aujourd’hui, pour peu que
nous en prenions conscience, d’allumer une
lampe ou une bougie. La situation était toute
autre dans le passé. L’absence de l’électricité
rendait l’éclairage très difficile, très fragile et
très peu confortable. La lumière vacillante
des bougies elle-même constituait un luxe. Le
Talmud va jusqu’à poser la question du choix
à opérer si on ne dispose pas de l’argent nécessaire pour se procurer à la fois les bougies
de Hanouka et le vin du kidouch du chabat !
Ne pas laisser nos jours se raccourcir
Lorsque petit à petit, dans notre univers physique, dans notre univers familial, dans notre
univers personnel, la lumière diminue, il est
important d’en prendre conscience. C’est le
premier message de Hanouka.
Cette prise de conscience, pourtant, peut
faire peur. Le Talmud fait remonter cette pre-
mière angoisse à Adam Harichon, le premier
humain. Voyant les jours raccourcir, torturé
de culpabilité face à la faute qui l’avait chassé du jardin d’Eden, Adam vit sa fin venir.
Il s’imagina disparaître dans l’obscurité,
poursuivi par la faute de la consommation
du fruit de l’arbre de la connaissance. Il entreprit alors, nous dit le Talmud, de jeûner
et de prier. Quand vint l’époque du mois de
tévèt, il observa le rallongement des jours, il
se dit qu’il s’agissait du fonctionnement normal du monde, et se consacra à huit jours de
fête (avoda zara 8a). C’est avec la renaissance
des jours qu’Adam pu reprendre sa vie. C’est
ainsi que naquit la fête. La première origine
de la fête serait liée à la nature, et à son influence sur nos sentiments et comportement.
Allumer les lumières de Hanouka permet de
nous situer en harmonie avec la nature, sans
nous laisser dominer par elle, de ne pas laisser nos jours se raccourcir et notre univers
se réduire comme une peau de chagrin.
Ne pas laisser nos fêtes disparaître
Hanouka a également une raison historique,
souvent ignorée. Les livres des Machabées,
livre apocryphe qui ne nous est parvenu qu’à
travers la traduction des Septante retrace
l’épopée des makabim, de Matatiahou et de
ses fils, leaders de la révolte. Il y est relaté
qu’une fois le temple reconquis et remis en
état, chacun a regretté de n’avoir pu y célébrer la fête de soukot. Le deuxième livre des
makabim raconte :
« Ils ont célébré dans la joie, huit jours comme
la fête de soukot, se souvenant que quelques
temps auparavant ils avaient passé les jours
de soukot dans les montagnes et les cavernes
le shofar
comme des animaux. Pour cette raison ils
ont décoré avec des bâtons et des branches
qu’on pouvait trouver à cette saison et avec
des palmiers dattiers ils ont loué Dieu qui
avait soutenu leur action dans la purification
de son sanctuaire. » (makabim II, 10 :6-7)
La deuxième origine de la fête est donc historique. La situation de Sion comme terre
conquise et les conditions de la révolte
avaient empêché la célébration de soukot.
Notre peuple, qui ne renonce jamais, a su recréer cette fête avec les moyens du bord, hors
saison. Notons au passage que ce « soukot
chéni » n’a pas pu obéir aux règles habituelles de la fête. Cela n’a pas empêché le peuple de la célébrer et de témoigner ainsi son
amour pour la tradition. C’est une deuxième
leçon de la fête : ne jamais renoncer, ne pas
se laisser démoraliser par l’impossibilité de
célébrer nos fêtes, tenter de « reconquérir le
sanctuaire » en réunissant les conditions qui
nous permettront de poursuivre notre tradition, et, lorsque le sanctuaire est reconquis,
ne pas l’ériger en vérité pétrifiée et idolâtre,
mais témoigner de notre amour pour la tradition de façon créative.
Nous rappeler que notre réussite ne dépend pas de nos moyens
Hanouka, et cette partie de l’histoire est
la plus connue, possède également un
fondement légendaire, psychologique et
symbolique. Il s’agit du miracle de la fiole
d’huile, qui a permis à la ménora (lampe
à sept branches utilisée au temple) de brûler pendant huit jours avec une toute petite
quantité d’huile. Ainsi, une sorte de ménora à huit branches (comme les huit jours de
hanouka) plus chamach, que l’on nomme
« Hanoukia », a fait son apparition au quatrième siècle. Encore une fois, il s’agit de ne
pas se laisser décourager par la petitesse
de nos moyens.
Si nous n’avons qu’un peu d’huile, utilisonslà, partageons cette lumière, laissons là nous
éclairer, et elle ne viendra pas à s’éteindre.
Pour cette année, nous pouvons retenir de
cette fête si belle et si simple trois qualités
qui nous accompagneront pendant ces huit
jours, et espérons-le au delà : la lucidité et la
conscience, la créativité dans l’expression de
notre amour, l’espoir.
■
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9
J U DA Ï SME
Être un bon technicien ou un
bon créatif ?
Petites suggestions pour un allumage pas comme les autres
par Rabbi Floriane Chinsky
10
D’année en année, nous allumons les lumières de Hanouka. Au-delà de la simple habitude, de la perpétuation de nos souvenirs
d’enfance, de la mémoire de nos parents ou
grands parents, au-delà de la beauté de ces
petites bougies brillant au cœur de l’hiver,
comment pouvons-nous ranimer pour de
vrai la flamme de l’identité que ces bougies
symbolisent ?
Comment pouvons nous garder cette flamme
de la créativité des Makabim, flamme qui est
à l’origine de tant de bonheur familial au fil
des générations ?
Les questions techniques
Beaucoup d’entre nous se posent des questions à propos de la « technique d’allumage ».
Une maman m’a même demandé récemment,
avant d’allumer les bougies du chabbat, par
laquelle elle devait commencer ! C’est dire
si Hanouka approche ! C’est dire combien le
bon accomplissement des commandements
nous est cher !
C’est dire aussi combien nous craignons
parfois de commettre des erreurs ou des
impairs. Pourtant, cette crainte n’est ni justifiée, ni souhaitable. C’est au contraire la joie
d’être ensemble qui doit rester centrale dans
ces petits gestes pleins de sens que la tradition nous propose. Pour nous aider à développer l’aspect joyeux de nos coutumes, un peu
d’étude permet de s’assouplir, de se rassurer,
d’apprendre encore une fois que notre tradition est plurielle, et que quand on y met du
cœur, on ne peut pas faire de réel faux pas.
La « technique » porte la conscience
La question est une bonne question. En effet,
la « technique », la « procédure », la façon
dont nous agissons et non pas seulement ce
que nous faisons, illustrent notre approche
de la vie, notre philosophie, nos valeurs. La
tradition juive nous éduque à croire en notre pouvoir d’action sur le monde. Ce pouvoir
s’exprime dans chacun de nos gestes, de telle
sorte que chaque détail est susceptible de revêtir une grande importance. Cela ne signifie
pourtant pas qu’il n’y ait qu’une seule façon
de bien agir, au contraire. Cela signifie seulement que notre façon d’agir a un impact psychologique, symbolique et social. Cet impact,
nous préférons en avoir conscience, pour
l’utiliser pour le bien.
Pour éviter la peur de mal faire, les blocages,
le découragement, la routine, les disputes
concernant la meilleure façon d’allumer, vous
pouvez décider d’ouvrir l’horizon du chemin
juif et de vous intéresser aux différentes possibilités concernant cet allumage. Vous trouverez en encadré la procédure « classique »
que la plus part des juifs contemporains à
Bruxelles utilisent.
Ouvrir le champ des possibles et le chant
du sens
Pour l’instant, intéressons-nous à la braïta
talmudique concernant l’allumage :
« Le commandement de Hanouka, c’est une
bougie pour chacun et sa maisonnée. Pour
ceux qui embellissent le commandement
(méhadrin) c’est une bougie par personne.
le shofar
Les «embellisseurs des embellisseurs» :
l’école de Chamaï affirme : « Le premier jour
il en allume huit, à partir de là, on va en diminuant » ; l’école de Hillel affirme : « le premier jour il en allume une, à partir de là, on
va en rajoutant ». » (babli chabat 21b)
En nous penchant sur cette braïta, on constate que nous avons le choix entre différentes
possibilités :
• A llumer une seule bougie par maison, chaque jour, pendant huit jours.
C’est une façon de témoigner, à la suite des
makabim qui ont fêté Hanouka en remplacement de soukot, qu’il ne faut jamais renoncer. Vous affirmerez, à la suite de Adam
harichon, qu’il faut prendre soin de notre
qualité de vie et ne pas nous laisser contrôler par les changements naturels, tels le
raccourcissement des jours, qui pourraient
nous toucher et nous affaiblir. Vous affirmerez aussi l’importance de la famille en tant
qu’unité, puisque une bougie suffit pour
tous. Vous témoignerez également de la
simplicité des commandements et la compréhension des rabbins puisque une bougie
suffit, puisque chacun peut faire partie du
commandement et de la fête facilement,
quels que soient ses moyens (voir l’article
« trois origines, trois enseignements »).
• A llumer chaque jour une bougie par personne est une autre possibilité.
Vous affirmerez ainsi que cette lumière de
Hanouka vous est particulièrement chère,
non seulement en tant que groupe familial,
mais aussi pour chaque membre de la famille individuellement. Vous témoignerez
également l’importance pour chaque membre de la famille d’être reconnu dans la lumière qu’il apporte au groupe. Notons au
passage que selon la halaHa (fondée sur
Babli chabat 23a), les femmes sont tenues
d’allumer les bougies exactement au même
titre que les hommes, de telle sorte qu’elles
peuvent même exempter les hommes en allumant en leur nom. Il est donc tout a fait
possible de faire participer femmes et filles
à cette manière d’allumer qui souligne l’importance de la participation de chacun.
• Allumer comme l’école de Hillel, rajouter
toujours une bougie, comme l’espoir qui va
toujours en grandissant, développer l’âme.
• A llumer comme Chamaï, un nombre de
bougies égales aux jours qui restent jusqu’à
la fin de la fête, développer la conscience.
• A llumer en utilisant une Hanoukia, lampe
spéciale à 8 branches plus chamach, dont
la première est attestée au 4ème siècle et
dont l’usage se répand au Moyen-âge. Vous
vous associerez ainsi aux développements
postérieurs du chemin juif, vous contribuerez au développement culturel du judaïsme, soutiendrez les artistes de « judaica »,
qui travaillent à créer les beaux objets qui
accompagnent nos belles coutumes. En
créant vous-même votre Hanoukia, vous
serez de façon directe un artisan ou un
artiste de la culture juive. Veillez dans ce
cas à ce qu’on retrouve votre œuvre dans
quelques siècles…
Il existe de nombreuses coutumes liées à
Hanouka. Vous pouvez également les faire
entrer dans votre célébration et vous inscrire
à votre façon, dans la continuité de l’histoire
juive qui a poursuivi son chemin depuis cette
lointaine braïta du traité chabat :
Coutumes classiques :
• Chanter en hébreu ou en français des
chants traditionnels comme hanérot halalou et maoz tsour, des chants israéliens
(téléchargeable sur notre site, www.bethhillel.org)
• Manger des lévivot-latkes et des soufganiot.
• Organiser un festin de mets lactés à l’occasion d’un allumage entre amis comme le
font les sefardim.
• Jouer avec une sévivon-dreidel.
• A llumer des bougies de cire ou d’huile, colorées ou blanches, éléments qui sont venus s’ajouter postérieurement à la fête.
Nouvelles tendances :
• A llumer non pas avec des bougies de cire,
mais avec de petits récipients contenant de
l’huile, si possible d’olive.
• Utiliser de petites boites transparentes
qui protègent les bougies des intempéries,
lorsqu’on met la Hanoukia à l’extérieur.
11
J U DA Ï SME
• Lire le « livre de Judith » ou raconter son
histoire. Judith est une héroïne associée à
la fête de Hanouka, à la révolte des macchabées, une Ester de la fête des lumières.
• Créer soi-même une Hanoukia imprégnée
du symbolisme que vous-même attachez à
la fête.
• Inviter des amis pour un allumage des
bougies thématique.
• Participer ou vous impliquer dans l’allumage communautaire, contribuer à la
construction sociale d’un judaïsme vivant.
12
Permettre à chacun d’amener sa vision
propre à la construction de l’édifice juif
Comme le dit le Deutéronome (chap.30 v.14) :
« Cette chose est très proche de toi, elle est
dans ta bouche et dans ton cœur pour la réaliser. » Il nous appartient donc de conjuguer
ces différentes possibilités1. Nous pouvons en
discuter en famille, avec nos enfants et amis,
avec nos apikorsim, nos laïcs, nos réfractaires à la tradition ou nos réfractaires au pluralisme, et même avec ceux qui s’imaginent
que notre tradition est monolithique. Ne laissons personne affirmer que « c’est comme ça
et pas autrement ». Si les makabim avaient
agi de la sorte, cette fête si parlante et aimée
n’existerait pas. Pour nous rassurer, l’étude
est meilleure conseillère que l’enfermement
et la rigidité. La solidarité, la vie communautaire, la vie familiale, la beauté de nos coutumes, l’étude, nous portent et nous rendent
forts et authentiques, fidèles à notre tradition
dans l’amour, la volonté et la liberté. Il est
temps d’inviter nos amis à partager le plaisir
de cette façon traditionnelle de partager un
judaïsme vivant.
Le message de Hillel, notre message, comme
celui de Hanouka, est celui de la conscience,
de la confiance, de l’espoir, de la flamme vivante. Ranimer pour de vrai la flamme de
l’identité, c’est mettre sur le devant de la
scène la question du pluralisme et de la responsabilité.
Hag Ourim SaméaH.
1 Vous êtes invités à me faire part du résultat de ces discussions…
L’allumage « classique »
Pour mieux connaître le sens des fêtes de façon générale, il est conseillé de se référer à l’excellent « Dictionnaire Encyclopédique du Judaïsme » au éditions Cerf/
Robert Laffont.
On achète une Hanoukia, lampe à huit
branches plus une séparée, ainsi que de petites bougies qui brûlent environ une demi
heure.
On dispose le chamach à l’endroit réservé à
cet effet, et la bougie du premier jour tout à
droite. Le deuxième jour on rajoute la bougie du deuxième jour à sa gauche, etc…
À la tombée de la nuit, on place la Hanoukia
près de la fenêtre, chacun allume son chamach, on récite les bénédictions concernant
l’allumage :
- BarouH ata adonaï élohénou mélèH
haolam acher kidechanou bémitsvotav
vétsivanou léhadlik ner chel Hanouka.
(Bénis sois-tu Eternel notre Dieu, Roi du monde, qui
nous a sanctifiés par tes commandements et nous a
commandé d’allumer les bougies de Hanouka.)
- BarouH ata adonaï élohénou mélèch
haolam chéassa nissim laavoténou
bayamim haèm bazeman hazé. (Bénis
-
sois-tu Eternel notre Dieu, Roi du monde, qui a fait
des prodiges pour nos ancêtres à leur époque, en ce
temps là.)
(Premier soir : BarouH ata adonaï élohénou
mélèH haolam chéhéHéyanou vékiyémanou véhiguianou lazéman hazé. Bénis
sois-tu Eternel notre Dieu, Roi du monde, qui nous a
fait vivre, qui nous a maintenu et qui nous a fait atteindre ce moment.)
On allume les bougies en commençant par
celle du jour, c’est-à-dire celle située la plus
à gauche.
On chante (imprimez notre livret de chant
que vous trouverez en ligne sur notre site),
on mange des pâtisseries cuites à l’huile qui
rappellent l’histoire de la fiole d’huile ou des
mets lactés qui rappellent l’héroïsme de Judith, on joue à la toupie, on raconte des histoire, on reste en famille autour des bougies
de Hanouka.
■
le shofar
A la mémoire de Geoffrey
King z˝ l
Extraits de textes
Nous reproduisons ci-dessous quelques extraits de textes parus dans le Shofar
sous la plume du professeur Geoffrey King qui nous fit l’honneur d’en diriger
l’équipe de rédaction durant deux années, de juin 1996 à l’été 1998. Nous garderons de cette période le souvenir ému d’un homme à l’humour d’outre-Manche
décapant et qui exprimait ses convictions -aux accents souvent féministes- d’une
voix tonitruante qui restera longtemps gravée dans nos mémoires.
Puissent ses filles, à travers ces quelques lignes, trouver ici le témoignage de notre gratitude pour tout l’ouvrage accompli avec compétence et dévouement par
leur père au sein de la synagogue Beth Hillel durant de nombreuses années.
Jacqueline Wiener
Why I am a progressive Jew – Shofar n°177
février 1996 ...”I believe that our most important function
as human beings is tikkun olam, the repair
of the world. I should like to be able to say
that Jews do this better. However, I have no
evidence that the average Jew is any better
or any worse than the average Sikh, the average Christian, the average Moslem or the
average atheist. I do feel, perhaps subjectively, that Judaism leads more naturally to a
desire to improve the lot of our fellow human
beings…
My training requires me to make decisions
and to form an opinion based on the evidence and the experience which I have, rather
than to accept uncritically the views on what
in French is called a “maître à penser”. As a
university teacher I have always encouraged
students to believe that, failing proof to the
contrary, the professor is usually wrong. The
evidence on which I base my views and my
actions includes not only what I have heard,
what I have seen and what I have read but
also inspiration which I hope comes from
God…
I cannot accept that God gave his laws, in
the form of the Pentateuch, to Moses on Sinai and then switched off all communication
with human. There is a tendency in orthodox
Judaism to believe that the older an idea is,
the more important it is. Thus, the Pentateuch is more important than the prophets…
and modern thinkers have little or nothing
useful to say. I believe in progressive revelation. God speaks to each one of us if we are
only prepared to listen. While we must learn
from our predecessors and stand, as it were,
on their shoulders, each of us has a duty to
study, to listen to the word of God and to decide for herself/himself what is important for
being a good Jew…
I should like to quote here the late Rabbi Israel Mattuck who, when told that the Liberal
13
J U DA Ï SME
14
Judaism is a religion of convenience, said:
“Yes. “Convenience” comes from the Latin
con venire –to come with. Liberal Jews do
indeed try to come with God, to come with
the time”…
I believe in the importance of study. However,
if we study the works of the sages without
applying the results of this study to our lives
we might as well live as monks or nuns as
we would be taking from God without giving
anything in return… It seems to me that, if
we study only to improve our minds and not
with the aim of tikkun olam, we are guilty of
what the late rector of the Catholic University of Leuven described as intellectual masturbation…”
Il y a deux ans, j’étais en Allemagne pour
la semaine de fraternité entre juifs et chrétiens. Quelques jours plus tôt, des logements
de travailleurs immigrés avaient été incendiés par des néo-nazis. J’ai eu l’honneur de
pouvoir assister à une des manifestations
antiracistes qui ont eu lieu ce week-end là,
dans beaucoup de villes allemandes. Quand
j’ai demandé à une dame catholique si elle
allait participer à la manifestation, elle m’a
répondu : « Non, ce sont tous des gauchistes ». Elle faisait partie des « gens biens ».
C’était ces « gens biens » qui, plutôt que de
s’associer avec ceux qui luttaient contre les
nazis, avaient permis à ces derniers de venir
au pouvoir… »
Pessach : fête de la liberté ? – Shofar n° 179
avril 1996« Dans la Haggadah, on nous enjoint d’enseigner à nos enfants que nous étions des
étrangers au pays d’Egypte et qu’il faut accueillir l’étranger chez nous… Abram était
parti en Egypte parce qu’il y avait la famine à Canaan (Gen.12 :10) ; actuellement,
on l’appellerait un immigré économique.
Aujourd’hui, dans l’Union Européenne, on a
tendance, pour des raisons diverses, à refuser l’entrée à de tels immigrés et aux demandeurs d’asile. Dans plusieurs pays de l’U.E,
il existe des projets de loi qui, s’ils étaient
adoptés, augmenteraient encore les difficultés qu’ont les candidats immigrés à s’établir
dans les pays de l’U.E. En effet, si de telles
lois avaient été en vigueur il y a un siècle,
le grand-père du ministre de l’intérieur de
mon propre pays, lui-même juif, n’aurait pu
s’installer au Royaume-Uni. Est-ce que tout
cela nous regarde ? Après tout, ces réfugiés
ne sont pas des nôtres… La paix est indivisible. La liberté l’est aussi. Il faut que nous,
en tant que communauté, soutenions les
protestations contre l’ostracisme. J’entends
dire : « protester, c’est ce que font les gauchistes et les révolutionnaires ; nous sommes des gens bien et nous devons nous tenir
à l’écart ».
Juifs et chrétiens en Allemagne – Shofar
n° 200 juillet/août 1998« Chaque année, le « Deutsche Koordinierungsrat » DKR organise la « Semaine de la
Fraternité » en Allemagne. Il s’agit de la fraternité entre chrétiens et juifs. Cette pratique
a commencé en République Fédérale Allemande où les habitants sont, depuis bien des
années, sensibilisés aux atrocités nazies et à
l’acquiescement tacite d’une grande partie de
la population vis-à-vis de ces actes. La mentalité était autre en république Démocratique
Allemande et en Autriche où ce sentiment
de culpabilité collective n’existait pas. Dans
le premier cas, « parce que tous les nazis
avaient été éliminés par les Soviétiques et
il ne restait que des « innocents » », et dans
l’autre, parce que « tout ce qui s’y était passé
était la faute des envahisseurs nazis contre
le gré de la population ». Depuis la réunification de l’Allemagne, les « länder » orientaux
s’associent à la Semaine de la Fraternité et
organisent eux-mêmes des activités dans ce
cadre…
Nous avons assisté à l’ouverture de la Semaine à Marburg, au cours de laquelle le rabbin
Prof.Peter Levinson parla du libre choix :
chacun de nous doit choisir entre le bien et le
mal et personne d’autre ne peut faire ce choix
à notre place…
le shofar
Nous étions aussi présents à la consécration
de la synagogue restaurée de Roth, petit
village d’environ 600 habitants situé à une
dizaine de kilomètres de Marburg. Cette synagogue avait échappé aux feus de la Kristallnacht parce que cela aurait endommagé
les bâtiments contigus.
La question avait été posée : « à quoi pourrait servir une synagogue s’il n’y a plus de
Juifs ? » Un musée risque de donner l’impression de quelque chose d’éteint, comme les nazis souhaitaient le faire en créant un musée
de Judaïsme à Prague. Par contre, un lieu où
on pourrait expliquer, surtout aux enfants
des écoles, ce qui est arrivé aux copains de
classe de leurs grands-parents ou arrièregrands-parents, qui y priaient et qui habitaient les mêmes rues, semblait beaucoup
plus parlant que des chiffres…
Le fils américain d’un des survivants a offert dix kippot et dix siddourim allemand/
hébreu, afin que si dix adultes Juifs se trouvent à la synagogue, on puisse prévoir un
office. Des enfants de l’école communale
ont allumé 43 bougies en souvenir des quarante-trois membres de cette communauté,
mortes dans la Shoah… » ■
15
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J U DA Ï SME
Rabbi Dahan a septante ans !
Par Ralph Bisschops, Dr.phil.
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Aimer et faire aimer le
La fête d’anniversaire
judaïsme
La surprise fut totale.
C’est peu dire que cette
Rabbi Dahan ne se doureconnaissance soit métait de rien lorsqu’il entra
ritée. Tout d’abord parce
dans la salle de prière le
que Rabbi Dahan est
dimanche 9 septembre à
rabbin pendant chaque
13 heures. La salle était
minute de sa vie. Il a toupleine à craquer. La comjours du temps à vous acmunauté entière de Beth
corder. Je lui ai souvent
Hillel s’y était réunie pour
demandé si sa disponifêter son septantième anbilité inconditionnelle
niversaire. L’émotion fut
au service de la commuforte, à certains moments,
même en overdose. Cela avait été un tour de nauté de Beth Hillel ne le fatiguait pas trop.
force de faire venir Rabbi Dahan à la synago- Il répond qu’il aime ce qu’il fait et que faire
gue ce dimanche midi là, où il n’avait aucu- aimer le judaïsme, c’est son bonheur. Un jour,
nement l’intention de se rendre. Le dimanche il m’a dit quelque chose de très émouvant qui
matin, il avait assisté à l’inauguration d’une me semble indiquer le fil conducteur de sa
pierre tombale à Anvers. Emmanuel (‘Manu’) vie: « Chaque fois que j’étudie, chaque fois
Wolf était venu le chercher pour le ramener que j’aime, chaque fois que je fais aimer, je
à la maison. Arrivés à Bruxelles, Manu dit re-signe le contrat avec Dieu, c’est comme
si j’étais au Sinaï.»1
soudainement,
invoquant une raison
le croirait volon« Chaque fois que j’étudie, chaque On
obscure, qu’il devait
tiers.
se rendre d’urgence fois que j’aime, chaque fois que je
à la synagogue mais
nous
fais aimer, je re-signe le contrat Sommes
qu’il avait oublié la
« dahanistes » ?
clef et il demanda à avec Dieu, c’est comme si j’étais au Il y a des gens qui
Rabbi Dahan de lui
disent que nous
Sinaï. » Rabbi A. Dahan
ouvrir la porte. Le
sommes une synaplan se déroula comme prévu. Pour couron- gogue « dahaniste ». Une telle affirmation est
ner les quarante ans de dévouement à notre saugrenue, car elle sous-entend que Rabbi
synagogue, la communauté de Beth Hillel Dahan aurait établi une doctrine. Il ne l’a
lui offrit un kos de kiddouche. Décidément, pas fait ; il n’a jamais eu l’ambition de faire
les membres de notre communauté aiment avaler aux autres des idées faites de toutes
Rabbi Dahan de tout cœur.
pièces. Un rabbin est un interprète – au sens
1T
outes les citations qui figurent dans cet article ont été prises des interviews déjà enregistrés en vue de la publication d’un
livre qui retracera le cheminement de la pensée de Rabbi Dahan.
le shofar
musical – de la tradition. Or
il existe d’innombrables façons de jouer la même partition, seuls les très grands
interprètes musicaux en
sont conscients. Le génie de
Rabbi Dahan consiste à percevoir une mélodie jamais
entendue auparavant à l’œuvre dans les récits de la Bible et de la Michna. Bien entendu,
beaucoup, même la plupart de ce qu’il dit se
retrouve également ailleurs, chez d’autres
commentateurs, chez d’autres rabbins. La
partition reste la même. Et néanmoins,
les commentaires de Rabbi Dahan sont en
même temps tellement différents, tellement
nouveaux qu’à les entendre, on croirait le ciel
s’ouvrir pour la première fois. Ce n’est pas
une question d’originalité. En enseignant,
Rabbi Dahan n’émet pas des idées nouvelles,
il dit tout simplement ce que son oreille intérieure entend quand il ouvre une page de la
Torah ou du Talmud. Ainsi travaillent les artistes. Et à en croire un philosophe allemand,
le vrai génie réside dans l’art de ne rien inventer et de s’éclipser dans l’écoute attentive
et soutenue.
sculpter. Ce sculptage, c’est
l’œuvre de la tradition orale.
Pour utiliser ses propres
mots: «Le midrash m’a appris qu’il faut construire le
texte, pour que le texte nous
construise.»
Un des thèmes qui illustrent
la spécificité de la lecture de Rabbi Dahan par
rapport à celle de l’orthodoxie courante est
l’interprétation de l’histoire de Ruth la Moabite. L’orthodoxie enseigne que Ruth aurait
pu rejoindre le peuple juif parce que le verset
(Dtn. 23, 4) : « L’Ammonite et le Moabite ne
seront pas admis dans l’assemblée du Seigneur » ne se réfèrerait qu’aux descendants
mâles de ces tribus. Comme cette restriction
est une donnée talmudique et non pas biblique, la tradition orale apparaît ici comme une
manière de préserver l’autorité de la Torah .
Pour Rabbi Dahan, par contre, l’insertion de
livre de Ruth dans le canon biblique fut une
acte de contestation contre la condamnation
en bloc d’un peuple entier et un signal sans
équivoque de la part des rabbis que nos vies,
«c’est nous qui la gérons.» Dans le même esprit, il dit : « Dieu, à la limite, c’est nous qui le
suscitons, qui le faisons naître par le chemin
que nous choisissons.»
La tradition orale selon Rabbi Dahan
Quelle est la mélodie
Témoin d’un passé
qu’il entend? On ne
peut pas résumer une « Dieu, à la limite, c’est nous qui le heureux
sont
manière de commensuscitons, qui le faisons naître par Nombreux
ceux qui ont perçu
ter les textes comme
Abraham
on résume une doc- le chemin que nous choisissons.» Rabbi
Dahan comme protrine. Mais il existe
Rabbi A. Dahan
vocateur de l’orthoquelques constantes.
doxie. Il a pourtant
Dans l’optique de
l’exégèse orthodoxe, la fonction primordiale toujours précisé qu’il ne visait qu’une certaide la tradition orale (Torah she-baal peh) ne orthodoxie. Ce n’est certainement pas l’orconsisterait à faire harmoniser les contradic- thodoxie oxygénée dans laquelle il a grandi
tions contenues dans la Torah. Celle-ci serait au Maroc. Comme beaucoup de grands perintrinsèquement parfaite et « descendue du sonnages, il n’est pas dans l’air du temps et
ciel ». Pour Rabbi Dahan aussi, la Torah est encore moins à l’avance de son temps. Rabbi
descendue du ciel, à cette différence près Dahan est le témoin d’un passé heureux où
qu’il la ressent comme un météorite brûlant la mouvance théocratique était inexistante
et angoissant. Une pierre brute qu’il s’agit de et où être juif signifiait, avant tout, avoir une
17
J U DA Ï SME
« tête claire. » Bien entendu, il est tributaire du
vocabulaire anti-autoritaire des années soixante,
dans la mesure où celui-ci
exprime la soif de la liberté. Alors que le traditionalisme guette surtout
la déviance de la norme,
Rabbi Dahan a reconnu très tôt que la tentation d’obéissance religieuse peut être aussi
forte et aussi destructrice que celle qui mène
à l’assimilation. La valorisation excessive de
la notion du « joug de la Torah » le met mal à
l’aise. « Évidemment » dit-il «dans toute loi,
il y a une restriction, mais quand ces limitations deviennent tellement exacerbées qu’elles deviennent caricaturales, elles détruisent
l’objet même de leur existence. L’éclat de la
lumière ne traverse plus. »
18
Libéral d’une telle manière.
Ici encore, le terme « dahanisme » sonne faux. « Dahanien » irait déjà mieux,
comme par exemple le
mot « fellinien » (pour le
cinéaste F. Fellini) : il désignerait un regard posé sur
les choses. Un regard, dont
on ne peut qu’espérer qu’il fasse école.
Le rite intériorisé
Le rite, c’est le solfège de la religion. Il n’y a
que les charlatans qui prétendent que l’homme peut devenir meilleur tout en brûlant les
étapes. Le mouvement libéral a parfois cédé
à la tentation d’abroger les directives de la
tradition. C’est un piège que, peut-être grâce
à sa très vaste connaissance talmudique,
Rabbi Dahan a contourné. Tout en se refusant à l’utilisation du terme « halakha » pour
désigner son approche, Rabbi Dahan tente
La pulsion vers l’humain
Par le terme « dahanisme » l’on désigne, bien avant tout de dégager le sens originel des lois
entendu, également sa manière de vivre et d’ qui consiste, à ses yeux, dans le « sculptage
enseigner le Judaïsme Libéral. Il aurait moins progressif de l’être humain ». C’est ce qui
dérangé s’il avait débité les déclarations so- donne à sa manière de vivre le judaïsme un
lennelles et exsangues de certaines autori- caractère « dépouillé », qui déroute certains.
tés du mouvement Reform. On ne sait quoi C’est un judaïsme intériorisé qui se passe des
penser d’un Rabbin soi-disant libéral qui n’a gestes et surtout de l’ostentation. « L’intériojamais caché à personne son enracinement risation » est un des maîtres-mots du Judaïsme Libéral, mais je
dans le judaïsme séme suis souvent defarade. Là encore,
mandé ce qu’il veut
son talent d’inter« Rabbi Dahan a conféré
dire concrètement.
prète surprend et
au judaïsme libéral un lyrisme Ce n’est que grâce
émerveille. Comme
certains pianistes qui ne lui semblait pas inhérent » à Rabbi Dahan que
cette notion d’intéqui savent révéler
riorisation, avec lale génie de sonates
que l’on croirait ternes, Rabbi Dahan a confé- quelle on jongle aisément mais qui en réalité
ré au Judaïsme Libéral un lyrisme qui ne lui est très difficile à saisir, a pris corps à mes
semblait pas inhérent. A l’écouter, on oublie yeux. Mais c’est aussi un idéal presque imle développement cahoteux de ce mouve- possible à atteindre, comme en témoignent
ment qui se fit dans des pays protestants, les mots suivants, où il semble laisser tout
sous des ciels nordiques et nuageux, pour ne derrière lui: « Qu’est-ce que c’est la tradition ?
retenir qu’une pensée qui coule de source et Ce sont les repères ; il n’y a pas de mots. Mais
qui est l’élan même de l’âme juive, sa « pul- rien n’est neutre. Il n’y pas un instant vide.
sion vers l’humain ». Elles sont rares, les per- L’instant le plus vide n’est pas vide. Dans cha■
sonnes qui savent vous expliquer le Judaïsme que chose, il y a un frémissement. »
le shofar
Nos Bné Mitsva
Dracha de Samuel Vlodaver
… « Ma paracha s’appelle émor, tirée du livre
du Lévitique, le troisième des 5 livres de la Torah. Elle parle de deux types de choses très
différentes: d’une part, elle détaille les règles
que les prêtres doivent suivre. D’autre part,
elle parle des différentes fêtes observées par
le peuple juif.
La première partie est assez surprenante.
C’est un peu compliqué, ces règles semblent
très strictes et étranges pour les hommes
d’aujourd’hui. Il m’a fallu pas mal de réflexion
pour comprendre le sens de certaines de ces
règles, et quelques unes me posent encore problème.
Le prêtre, par exemple, ne peut pas enterrer
son père ou sa mère. Comment dans ce cas
là, peut il rendre un dernier hommage à ses
parents? Est ce qu’on ne dit pas dans les dix
commandements, ou dans plutôt les dix paroles, «honore ton père et ta mère»? (Exode et
Deut). Le devoir d’honorer ses parents est un
commandement que l’on comprend bien et qui
est très important. Le rédacteur du Lévitique
aurait-il oublié ce qui est écrit dans l’Exode et
le Deutéronome?
C’est vrai, notre torah est pleine de contradictions, elle prend vraiment tout son sens quand
on l’étudie à la lumière de l’enseignement oral,
tout ce qui est transmis, sans être écrit, au
cours des générations. Je ne pense pas que
le rédacteur du Lévitique ait oublié le 5 ème
commandement. Je pense qu’il a voulu répondre à un principe plus important. Rappelons qu’il s’agit d’un cas particulier, celui des
Cohanim. Leur rôle est tellement important
que cela justifie cette exception. Le Cohen a
des responsabilités très importantes, on peut
avoir besoin de lui à tout moment, il est le garant et le protecteur de la dynamique de vie.
Aujourd’hui comme autrefois, il nous arrive
de ne plus savoir quoi faire de nos vie, on peut
être déprimé, on peut en avoir marre, perdre
espoir. Les problèmes nous font parfois tout
abandonner. Comment réussir à remonter la
pente? Comment redevenir ami avec ma vie?
Chacun a sa propre façon.
Une de ces façons est d’aller voir un psy et justement, les Cohanim sont un peu les psys de
l’époque. Je voudrais l’être plus tard. De toute
façon, cela ne peut pas se faire seul et dans
le temps, le Cohen était la personne toujours
disponible pour aider. C’est pour cela qu’il ne
peut pas être en contact avec la mort.
Le Cohen n’a pas qu’un rôle de psy, il a aussi
un rôle de professeur. Il doit faire en sorte que
les gens n’aient pas besoin de venir le voir trop
souvent pour résoudre des problèmes graves.
Mieux vaut prévenir que guérir. C’est aussi à
ça que servent les fêtes qui sont mentionnées
à la fin de ma paracha.
Chabbat, le 7eme jour de la semaine ,le jour
de repos, un jour qui est fait pour se détendre
et évacuer le stress accumulé pendant la semaine. Mais chabbat est aussi une marque de
notre liberté car quand on était esclaves en
Egypte, on n’avait pas le droit d’avoir des jours
de repos. Justement, la fête suivante est pessaH, la liberté, la sortie d’Egypte.
Rabbi Chinsky m’avait posé une question à ce
sujet là: est-ce plus important pour un peuple
d’être libre ou d’être créé? Je pense que c’est
les deux: cela ne sert à rien d’être créé si nous
ne sommes pas libres. La période du Omer, qui
est expliquée ensuite, est celle où on amenait
les prémices des récoltes au Temple, où on se
réjouissait du travail accompli et où on en faisait profiter les autres.
Chavouot, ensuite, rappelle le don de la Torah
sur le mont SinaÏ. C’est bien d’être créé, c’est
bien d’être libre; mais il faut aussi avoir quelque chose à faire, un but. Fixer ce but, c’est
quelque chose de progressif. Mon but à moi,
c’est de plus m’impliquer religieusement.
19
J U DA Ï SME
20
Roch Hachana et Yom Kipour, c’est un nouveau départ, c’est un moment où on essaye de
se faire pardonner et de se pardonner à soimême les fautes que l’on a commises. On le
fait en s’excusant auprès des personnes qu’on
a blessées, en comprenant son erreur et en la
réparant.
Avec ces fêtes, on essaye de se créer une vie
pleine de liberté, d’amitié et de sens. Les fêtes
appartiennent à tout le monde. Contrairement
au statut de Cohen, elles sont accessibles à
tous.
Pour conclure, je voudrais citer le midrach
de Rabbi Chimon bar YoHai. Il dit justement
qu’il y a trois couronnes qui ornent la tête des
enfants d’Israël: celle de la Torah, celle de la
prêtrise et celle de la royauté. Bien qu’il y ait
des rois, des prêtres et des sages, chacun doit
considérer qu’il a la dignité d’un roi, l’importance d’un prêtre et la capacité d’atteindre
la sagesse. D’après Rabbi Natan, de ces trois
couronnes, la plus importante est la ...quatrième: celle de la bonne renommée. C’est le fait
d’avoir une bonne réputation, d’être reconnu
comme quelqu’un de droit… »
Dracha de David Cepolowicz
…. « VAYERA signifie : il lui apparut. Dieu apparaît à Avraham le troisième jour suivant sa
circoncision dans les plaines de Mamré. Avraham voit trois hommes et leur offre l’hospitalité. L’un des voyageurs (qui sont en fait des
anges) lui annonce que dans un an, sa femme,
Sarah, donnera naissance à un fils. Sarah qui
avait entendu leur conversation rit, comme
Avraham dans la paracha précédente.
Dieu dit à Avraham qu’il a l’intention de détruire les villes de Sodome et Gomorrhe car elles
sont corrompues. Avraham plaide en faveur
des deux villes et s’accorde avec Dieu que si il
trouve dix justes, il ne détruirait pas les villes.
Seul Loth accueille avec hospitalité les deux
anges et les protègent de la foule hostile. Il lui
révèle que les villes vont être détruites et qu’il
doit fuir avec sa famille. Il lui dit également
que personne ne doit se retourner au cours de
leur fuite au risque de se transformer en statut
de sel.
La femme de Loth se retourna et fut transformée en statue. Loth et ses deux filles se réfugient à Tsoar, dans une caverne, croyant être
les seuls survivants de la terre ; elles partagent
la couche de leur père et mettent au monde
deux fils qui seront les pères des nations de
Moav et D’amon. Avraham s’en va à Guerah
où règne Avimeleh et fait passer Sarah pour
sa sœur qui se fait enlevée par Avimeleh. Dieu
avertit ce dernier qu’il doit rendre Sarah à son
époux sans quoi il mourra. Dieu se souvient
de sa promesse et donne un fils à Sarah : Isaac
(qui signifie rira, en Hébreux : yitshak ).
Isaac est circoncis à huit jours ; Avraham a,
alors, cent ans et Sarah nonante ans. Avraham chasse Agar et Ismaël à la demande de
Sarah. Dieu avait dit à Avraham : « Tout ce que
dira Sarah, écoute sa voix ». Il avait également
promis qu’Ismaël serait le père d’une nation.
Dieu vient donc au secours d’Ismaël et d’Agar
et les sauve du désert en leur montrant un
puit. Dieu veut mettre Avraham à l’épreuve
en lui demandant de sacrifier son propre fils
Isaac sur le Mont Moriah.
Isaac est liée sur l’autel et au moment où il va
le sacrifier, une voix lui commande de s’arrêter et lui dit : « Maintenant, je sais que tu
crains Dieu ! ».
Avraham apprend alors la naissance de Rebecca, fille de son neveu Bethouel. Rebecca
deviendra l’épouse de Isaac, la chaîne de la
tradition est nouée.
Je vais maintenant vous parler d’un sujet qui
m’a surpris et un peu choqué : la lutte d’Avraham en faveur de Sodome et Gomorrhe.
Je me suis demandé pourquoi et comment
Dieu peut-il faire une telle chose ? Pourquoi le
dit il à Avraham, pourquoi la bible nous le dit,
pourquoi nous le dit il ?
Je pense que c’était pour tester Avraham, pour
voir si il le laisserait faire ou si il dirait quelque
chose. Pour voir donc si Avraham s’oppose à
lui, c’est important car dans les villes il y a des
vies humaines.
Nous avons trouvé comme réponse que justement, pour préserver des vies humaines, on
DOIT transgresser tous les autres commandements. Il y a d’autres exemples de villes me-
le shofar
nacées de destruction : Jonnas qui annonce la
destruction de Ninive et finalement les habitants prennent consciences du problème et le
corrigent. On lit ça à Kippour.
C’est vrai, j’ai été choqué de la destruction des
villes, mais Avraham aussi a été choqué.
Mais alors pourquoi on nous raconte cette
histoire ?
C’est parce que c’est important d’être choqué
par ça, sinon cela veut dire qu’on ne chérit pas
la vie humaine. Pour moi, la vie humaine est le
plus important . Je pense qu’à la fin, Avraham
comprend qu’il n’ a pas le choix, parce que les
gens sont trop méchants.
Je me suis demandé pourquoi Avraham ne dit
rien quand il s’agit de son fils, d’un innocent ?
Il se fatigue plus pour des étrangers que pour
son fils, plus pour des criminels que pour un
innocent ? Je pense que pour son fils, il se sent
plus obligé, il a confiance en Dieu car il sait
que Dieu veut qu’il ait une descendance et que
Dieu veut le tester et non la mort de son fils.
Il se sent obligé également parce que c’est
une affaire personnelle. C’est parfois plus facile de défendre les autres que de se défendre
soi-même. Par exemple, pour faire partie d’un
groupe, on essaye de trouver des points communs. Dans certains groupes, il faut prouver
son courage en faisant comme les autres des
choses terribles, comme en frappant d’autres
personnes, voler, … en faisant des choses
contre la loi.
Dans un groupe comme ça, ce qui est courageux c’est de dire NON.
Mais comment Avraham peut-il s’intégrer au
groupe des nations ? En acceptant leur règle
qui consiste a sacrifier son enfant à Dieu ?
Mais Avraham doit-il le faire ? Dieu lui dit de
le sacrifier ; Avraham prouve ainsi qu’il en est
capable tout comme les autres. Mais il a surtout le courage de s’arrêter au bon moment et
d’ouvrir un autre chemin pour les nations. Il
faut savoir s’arrêter et refuser les comportements destructeurs, la vie passe avant tout.
Ma conclusion est que si Avraham ne proteste
pas pour son fils alors qu’il parle avec Dieu à
propos de Sodome et Gomorrhe, c’est parce
qu’il comprend que son épreuve est nécessaire
pour imposer l’interdit de sacrifier son enfant
à un Dieu.
Donc encore une fois, la vie humaine est le
plus important.
Je vais maintenant vous parler du rire. Pour
moi, le rire intérieur d’Abraham n’est pas celui
de l’étonnement. Son rire est un rire de joie à
l’annonce d’une descendance.
Néanmoins, il avait un doute…
Le rire de Sarah était un rire de joie et de félicité, celui d’une guérison d’une stérilité, un
rire de plénitude. En revanche, le rire de ses
voisins est peut-être un rire de jalousie, et celui d’Ismaël est un rire amer : il doit maintenant partager l’affection de son père avec son
nouveau demi-frère.
En conclusion, pour moi, le rire c’est important : il permet d’avoir du recul sur soi et dans
la vie, il aide à avancer ».
Dracha de Naomi Aguilera
… « Ma Paracha se nomme Toledoth. Toledot
signifie génération, enfantement, transmission de l’identité juive.
Elle raconte une partie de la vie d’Isaac et de
sa femme Rebecca lorsqu’ils vivaient chez les
Philistins.
Isaac avait 2 fils : Esaü et Jacob. Jacob, le
jumeau cadet était un homme bon qui vivait
dans les tentes. L’enseignement oral nous dit
qu’il aimait l’étude. Esaü, était un chasseur, un
homme des champs. Il n’avait pas le goût pour
les études. Il avait deux femmes qui n’avaient
pas la sympathie d’Isaac et de Rebecca.
Ma Paracha raconte comment Isaac voulut
donner, à la fin de sa vie, sa bénédiction à son
fils. Pour lui, elle revenait à son fils Esaü.
Isaac pensait qu’Esaü, fils aîné, était digne de
recevoir cette Bénédiction.
Esaü était un homme qui obéissait à son père
et donnait tous les signes d’être un bon fils et
semblait donc digne de recevoir cette bénédiction. Or, sa mère Rebecca, en pensait tout
autrement.
Elle estimait que le plus jeune frère jumeau,
Jacob, devait recevoir cet hommage car il en
était plus digne. Il était plus proche de l’enseignement d’Abraham.
21
J U DA Ï SME
22
Jacob aimait les valeurs morales, spirituelles.
Esaü aimait tout ce qui se rapportait aux choses matérielles.
Peut être qu’en tant que femme et maman, elle
savait mieux lire dans le cœur de ses fils ?
Je crois que les papas peuvent avoir ce don
aussi ; mais ce qui me fait plaisir dans ce passage ; c’est de voir combien la femme joue un
rôle important…. Et que son avis ne compte
pas pour…des prunes !!
Rebecca, réussit donc à changer le cours de
l’histoire. Elle prépara un repas délicieux et
déguisa Jacob pour que celui-ci ressemble
à son frère. Isaac était très vieux et aveugle. Et Isaac, tout grand homme qu’il fut, se
trompa.
C’est en effet à Jacob que reviendra la bénédiction paternelle. Son frère Esaü réussit,
après, à recevoir une bénédiction matérielle.
Avoir des biens, c’est en fait très agréable,
et on recherche tous cela, moi y compris. La
volonté d’Esaü est bien compréhensible. Seulement, elle devient négative si on passe tout
son temps à vouloir récolter des choses et
des richesses. C’est justement cela, l’idolâtrie,
quand les choses comptent plus que les gens.
Notre tradition nous enseigne que le respect
de la personne est le plus important.
Isaac a reçu une bénédiction qui demande un
effort moral pour pouvoir la conserver. Mais
en réfléchissant, elle est bien plus intéressante. Il s’agit de conserver et de transmettre nos
valeurs et notre histoire.
Il semble étrange que Rébecca ait agi de façon
différente de ce que prône la tradition, selon
laquelle le fils aîné reçoit la bénédiction. Il
semble étrange que ce soit une femme qui ait
pris la décision. Si j’avais été à la place de Rébecca, ce n’est pas sûr que je l’aurais fait, je n’y
aurais peut-être pas pensé, je ne l’aurais peutêtre pas osé.
Les femmes de la Bible sont vraiment des
pionnières !
Rebecca prend vraiment ses responsabilités,
elle oblige presque Jacob à agir. Elle veut que
l’héritage juif passe par Jacob. Cet héritage
est-il vraiment une bénédiction ? A travers
l’histoire, le peuple juif a vécu des moments
terribles.
Rebecca pense que c’est malgré tout une bénédiction, mais pour le cas où ce serait une
malédiction, elle est prête à assumer. Lorsque
Jacob craint que la mise en scène tourne mal,
Rebecca lui répond : « Je prends sur moi ta
malédiction, mon fils, obéis seulement à ma
voix et va me chercher ce que je te dis. » (Gen.
27 : 13) Elle est prête à porter la bonne partie
de l’histoire et à supporter les difficultés. Pendant 21 ans, son fils sera loin d’elle. Pendant 21
ans, elle se demandera si elle a eu raison et si
la bénédiction a porté ses fruits.
21 ans plus tard Jacob reviendra, il aura pris
le nom d’Israël, et Rebecca saura enfin qu’elle
a eu raison et que la bénédiction s’est accomplie.
C’est un peu comme la BM : il faut prendre ses
responsabilités. On devient adulte, on n’est
plus vraiment le « chouchou à sa maman ».
Moi personnellement, en faisant ma BM, j’ai
fait un peu comme Rébecca en osant faire
quelque chose d’un peu novateur. L’avenir du
peuple juif repose sur les jeunes, autant les
filles que les garçons, et je suis contente de
compter désormais dans la communauté… »
Dracha de Nathan Sélik
… « Ma paracha se trouve dans la Genèse chapitre 14. Elle s’appelle « leH leHa ». LeH leHa
veut dire : pars pour toi, cela ressemble à oleH
qui veut dire aller. Elle raconte l’histoire des
Patriarches, depuis le départ d’Abram jusqu’à
sa circoncision et son changement de nom d’
« Abram » en « Avraham ». La tradition nous
enseigne que quand on change de nom ou de
lieu, on change de vie, on a une nouvelle chance, on commence quelque chose de nouveau.
Ce n’est pas pour rien qu’Avraham sera le fondateur des trois monothéismes. Ca veut dire
que quand on part, comme Abram, d’un endroit
qu’on connaît pour un endroit inconnu, on doit
aller quelque part mais on ne sait pas où, ça peut
faire peur car on ne sait pas où on va s’arrêter.
Voici les différentes étapes du voyage d’Abraham : Premier étape : Abram, Saraï et Lot
le shofar
quittent Haran et partent pour une destination inconnue qui sera la terre de Canaan
Deuxième aventure d’Abram : Abram arrive en Canaan, il descend en Egypte. Là,
il se rend compte que Saraï, sa femme, est
d’une grande beauté. Il a peur que Pharaon
veuille épouser Saraï et le fasse assassiner.
Il demande alors à Saraï de dire qu’elle est sa
sœur. Quand ils entrent en Egypte, Pharaon
veut prendre Saraï pour femme mais Dieu
envoie des plaies sur la maison du pharaon.
Ce dernier comprend alors que Saraï était la
femme d’Abram et leur demande de partir.
Troisième voyage : Abram remonte vers Canaan. Des disputes commencent entre les
bergers d’Abram et ceux de Lot. Pour éviter cela, Abram dit à Lot : « Séparons-nous ;
si tu vas à droite, j’irai à gauche ; si tu vas à
gauche, j’irai à droite ». Lot s’installe à Sodome et Gomorrhe, sur les rives du Jourdain.
Quatrième voyage : Lot est fait prisonnier de
guerre. Abram va délivrer Lot. Le roi de Jérusalem, Melkitsédek, va à sa rencontre et le bénit, en
disant « Béni soit Abram par le Dieu Suprême ».
Cinquième voyage : Ce voyage n’est plus un
voyage dans l’espace mais dans l’identité.
Abram avait 99 ans quand Dieu lui annonce
qu’il doit changer son nom de « Abram »
en « Avraham » et que « Saraï » ne doit
pas être appelée « Saraï » mais « Sarah ».
Dieu lui dit qu’il doit également se circoncire, lui et tous les hommes de sa famille,
comme signe de l’alliance qui l’unit à Dieu.
Dieu dit à Abraham que Sarah aura un fils
l’année suivante, et qu’il s’appellera ItsHak.
Abraham (comme Sarah dans la paracha
Vayéra) rit à l’annonce de cette nouvelle.
Les voyages, le changement de nom, la circoncision, sont des signes de la possibilité
de changer, de créer quelque chose de nouveau, d’avoir une nouvelle descendance :
ItsHak, le deuxième de nos Patriarches.
L’Alliance, c’est exactement ça : être comme
Dieu capable de créer le monde. Même quand
on ne croit pas en Dieu, on peut comprendre
que l’homme a une capacité merveilleuse de
création. Nous construisons des ordina-
teurs, des téléphones, la chirurgie, etc…
Pour ma part, je ne suis pas certain de croire en Dieu. Pour dire « je crois en Dieu »,
il faudrait déjà savoir ce que ça veut dire
« Dieu » ; or on ne connaît pas son nom, que
seul le grand prêtre prononçait ! De plus, il
est interdit de se faire des images de Dieu,
interdit de le définir ! D’ailleurs, je veux
vous lire le verset 7 du chapitre 17 de notre
paracha : « Vehakimoti èt briti béyni oubeyneHA … liyot léHa lélohim…»
La traduction du rabbinat français dit : « Cette alliance établie entre moi et entre toi et ta
postérité dernière, je l’érigerai en alliance perpétuelle étant pour toi un Dieu comme pour
ta postérité après toi ». Qu’est-ce que cela signifie, « étant pour toi un dieu » ; cela veutil dire que notre dieu n’est pas « THE » dieu,
mais qu’il joue le rôle d’un dieu ? En hébreu on
dit « liyot léHa lélohim », et on peut aller plus
loin encore que le rabbinat et traduire « étant
pour toi ‘comme’ un dieu ». Comme un dieu,
mais pas vraiment un dieu. Car notre « dieu »
est différent de celui des autres nations. Ce
en quoi je crois est aussi différent de ce qu’on
imagine quand on dit le mot « dieu ». Ce en
quoi je suis certain de croire, c’est en la liberté
humaine. Justement, le premier des Dix Commandements est celui là : « Je suis l’Eternel
ton dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de
la maison des esclaves ». Justement, Abraham
est un symbole extraordinaire de la liberté.
On l’appelle Abraham haivri, fils de ever, celui
qui traverse. Justement, je suis un Hébreu. Le
troisième patriarche est Jacob qui change lui
aussi de nom et devient « Israël ». Justement, je
suis un enfant d’Israël. Le peuple juif a traversé le temps, l’espace, les épreuves, en n’étant
non pas des Juifs errants mais des Juifs voyageurs. De même, la halaHa, « loi juive » est sur
la même racine que le mot haliHa « cheminement ». En devenant « fils du commandement »,
bar mitsva, je deviens « enfant du voyage » !
En chemin, on avance pour aller à une destination. Quand on fait sa bar mitsva, on passe de
l’enfance à une plus grande maturité, et c’est
aussi un cheminement très important… » ■
23
J U DA Ï SME
Morale contemporaine et
éthique juive
Par le Rabbin John Rayner1
comme l’éthique, partie intégrante de la réponse à la question: qu’est-ce que Dieu attend
de nous? Tous les Prophètes ont fustigé le peuple parce qu’il se préoccupait trop des sacrifices et d’autres rites, et ont ensuite proclamé
ce qui compte vraiment pour Dieu: «Que la
justice coule comme l’eau et la vertu comme
Primauté de l’éthique
Selon l’opinion des Prophètes, que le judaïsme un courant ininterrompu» (Amos 5.24); «Je
libéral a réaffirmée à l’époque moderne, le Dieu désire l’amour et non le sacrifice, et la connaisd’Israël, qui est aussi le Dieu de l’humanité, est sance de Dieu plutôt que l’holocauste» (Osée
essentiellement un Dieu moral. Comme le dit 6:6); «Cessez de faire le mal, apprenez à faire
Abraham: «Celui qui juge toute la Terre ne fe- le bien, recherchez la justice, corrigez l’oppresseur, défendez
rait-Il point justice?»
l’orphelin, prenez le
(Genèse 18:25). Donc,
« Le Dieu d’Israël, qui est aussi parti de la veuve»
c’est une conduite
(Isaïe 1:16-17); «On
juste qu’Il exige avant
le Dieu de l’humanité, est
t’a fait connaître, ô
tout de ceux qui Le seressentiellement un Dieu moral » homme, ce qui est
viraient. Comme l’a dit
bien; et que te dele psalmiste: «L’Eternel est juste et Il aime ce qui est juste» (Psaumes mande le Seigneur, si ce n’est d’agir selon la
11:17). Et comme l’a dit Jérémie: «Que le sage ne justice, d’aimer la bonté et de marcher humtire pas gloire de sa sagesse, que le puissant ne blement avec ton Dieu? (Michée 6:8).
tire pas gloire de sa puissance, que le riche ne
tire pas gloire de sa richesse; mais que celui qui Voilà pour la conception des Prophètes, qui
se glorifie tire gloire du fait qu’il Me connaît et peut être résumée de la façon suivante: bien
Me comprend, que Je suis le Seigneur qui exerce que d’autres facteurs tels que le rituel puisla bienveillance, la justice et la vertu sur terre» sent être importants comme moyens d’atteindre le but, les seules valeurs fondamentales
(Jérémie 9: 22-23).
sont d’ordre éthique.
Selon cette conception, tout le reste est secondaire. Le rituel, par exemple, peut avoir L’autre conception est pharisienne et rabbiune certaine importance, mais il ne s’agit pas nique; c’est donc, à l’époque moderne, celle
d’une importance du même ordre. Il n’est pas, du judaïsme orthodoxe. Ici, la position n’est
Commençons par nous demander quelle est,
au juste, l’importance de l’éthique dans le judaïsme. Il y a deux opinions à ce sujet, celle
des Prophètes, d’une part, celle des Pharisiens et des rabbins, d’autre part.
24
1C
e texte, écrit en 1986 par John Rayner, rabbin de la Liberal Jewish Synagogue de Saint-John’s Wood à Londres, est extrait
de l’Anthologie du judaïsme libéral, paru à l’occasion du trentenaire du MJLF
le shofar
portance pour notre sujet. D’un point de vue
orthodoxe, toutes les questions concernant
le bien et le mal trouvent leur réponse dans
la Halakha, la législation; réciproquement,
tout ce que la Halakha a à dire sur de tels sujets est ipso facto la plus haute expression
de l’éthique juive. Puisque la Tora est divine
et que la Halakha est l’interprétation qui fait
autorité, comment pourrait-il en être autrement? Dans le judaïsme orthodoxe, donc, la
Loi et l’éthique vont de paire. Il ne reconnaît
pas une éthique indépendante de la Halakha
qui puisse, à l’occasion, être en désaccord
avec la Halakha. Celle-ci est elle-même l’ultime arbitre; il n’y a pas d’autorité supérieure à
elle, et si votre conscience n’est pas d’accord
Néanmoins, les rabbins se sont montrés en avec elle, alors c’est votre conscience qui est
plusieurs occasions conscients de la primau- dans l’erreur. La Halakha ne doit pas être déterminée en fonction
té de l’éthique. Il est
de nos jugements
important de noter,
« A la question: «Qu’est-ce que
moraux; c’est la
par exemple, que
le Seigneur attend de vous?», les Halakha qui déterchaque fois qu’ils
ont tenté de donner Prophètes ont répondu: «Sois juste mine ce que doivent
être nos jugements
la quintessence de
la Tora, ils l’ont fait et miséricordieux», et les rabbins moraux. Par conséquence, quand les
invariablement en
ont répondu: «Obéis aux 613
rabbins traitent de
termes d’éthique. Ils
mitsvoth!»
problèmes éthiques,
ont dit qu’il s’agisNéanmoins, les rabbins se sont ils le font presque
sait d’aimer son
prochain
comme
montrés en plusieurs occasions toujours en termes
halakhiques.
Sousoi-même et de faire
conscients de la primauté de
vent, malheureusela paix dans le monment, ils prêtent plus
de, et d’autres gél’éthique »
d’attention au rituel
néralisations de cet
ordre. Il convient également de noter que les qu’aux problèmes éthiques.
péchés énumérés dans les différentes confessions de la liturgie de Yom Kippour sont pres- Selon nous, la Tora est le fruit d’une interacque exclusivement des péchés contre la loi tion dynamique entre la Révélation divine et
morale plutôt que contre la loi rituelle. On ne l’interprétation humaine. Par conséquent,
doit donc pas pousser le contraste trop loin. la Tora – et la tradition qui en découle – est
Je souhaite simplement mettre en évidence un ensemble d’enseignements qui croît, se
le fait que la prééminence donnée à l’éthique développe, qui a fait beaucoup de progrès
sur le rite est plus marquée dans le judaïsme significatifs au cours de l’Histoire, mais qui
n’est jamais éthique ; il est évident que nous
libéral que dans le judaïsme orthodoxe.
scrutons d’abord notre tradition juive, car elle
renferme une grande sagesse; elle est – et sera
Ethique et Loi
Mais il existe une autre différence entre les toujours – notre principale source et notre
deux approches qui est de plus grande im- principal guide. Mais nous ne l’abordons pas
pas simple. Car, selon cette conception, nous
avons une Tora révélée par Dieu qui comprend 613 commandements. Beaucoup de
ces derniers, bien sûr, sont de nature éthique, mais certes pas la totalité; cependant,
ils sont tous obligatoires au même titre, et,
bien que les rabbins parlent de «mitsvoth hamourot» de «mitsvoth kaloth», c’est-à-dire
de commandements plus ou moins importants, il n’existe pas de principe clairement
défini qui permette de les différencier. A la
question: «Qu’est-ce que le Seigneur attend
de vous?», les Prophètes ont répondu: «Sois
juste et miséricordieux», et les rabbins ont
répondu: «Obéis aux 613 mitsvoth!»
25
J U DA Ï SME
en présupposant que ce qu’elle a à dire doive,
dans chaque cas et en tous cas, être exact.
Nous l’abordons d’une manière particulière,
avec respect, mais non sans esprit critique.
26
thodoxe. Il en est ainsi parce que le problème
de la volonté de Dieu, en tout sujet, est toujours en principe une question ouverte et non
fermée; et, bien que dans la recherche d’une réponse, nous attachions une grande importance
Nous sommes intéressés par la Halakha, qui au verdict de la tradition juive, telle qu’elle est
représente une magnifique tentative de tra- cristallisée dans la Halakha, nous nous senduire les valeurs du judaïsme en préceptes tons dans l’obligation de faire entrer dans le
capables de régler en détail la conduite de débat également d’autres considérations. Pour
tous les jours. Mais
nous, les questions
nous sommes encore
«qu’est-ce qui est
« Nous sommes intéressés
plus intéressés par
conforme à la Tradipar ce qui se cache derrière la
ce qui se cache dertion?» et «qu’est-ce
rière la Halakha: ce
Halakha: ce qu’étaient les modes qui est juste?» sont
qu’étaient les modes
intimement liées,
de raisonnement, les de raisonnement, les motivations mais non, en fin de
motivations éthiques
compte, identiques.
éthiques et les circonstances
et les circonstances
Il arrive parfois
historiques qui ont historiques qui ont incité les rabbins que les conclusions
incité les rabbins à
auxquelles
nous
à légiférer comme ils l’ont fait »
légiférer comme ils
parvenons soient
l’ont fait. […]
en désaccord avec la Halakha rabbinique traUne quête permanente
ditionnelle. Alors, si nous les formulons avec
la précision qui s’impose, elles peuvent devenir
Le processus tout entier est donc beaucoup partie intégrante d’une nouvelle Halakha libéplus compliqué pour nous qu’il ne l’est pour l’or- rale.
■
le shofar
27
AGEN DA
DECEMBRE 2007/JANVIER
Samedi 1er décembre 2007 – 21 Kislev 5768 – VAYECHEV
10h30: Office
Lundi 3 décembre 2007
20h00 à 21h30: Cours Adultes: Notre Judaïsme, pensée et pratiques
avec Rabbi Chinsky
Mardi 4 décembre 2007 : EREV HANOUCCA
Allumage de la première bougie de Hanoucca
28
Mercredi 5 décembre 2007: HANOUCCA I.
14h15 à 16h45: TALMIDI
17H00: Fête de HANOUCCA
18H30: allumage de la 2ème bougie
Voir annonce séparée page 54
Jeudi 6 décembre 2007
20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi
Abraham Dahan
Vendredi 7 décembre 2007: HANOUCCA III.
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Suivi d’un Dîner Chabbatique après l’office
Samedi 8 décembre 2007 – 28 Kislev
5768 – MIKETS – HANOUCCA IV.
10h30: Office
Lundi 10 décembre 2007: ROCH HODECH TEVET – HANOUCCA VI.
20h00 à 21h30: Cours Adultes: Notre Judaïsme, pensée et pratiques
avec Rabbi Chinsky
Mercredi 12 décembre 2007
14h15 à 16h45: TALMIDI
Vendredi 14 décembre 2007
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Oneg Chabbat offert par Renée Zinque
Samedi 15 décembre 2007 – 6 Tevet
5768 - VAYIGASH
10h30: Office
Lundi 17 décembre 2007
20h00 à 21h30: Cours Adultes: Notre Judaïsme, pensée et pratiques
avec Rabbi Chinsky
Mercredi 19 décembre 2007
14h15 à 16h45: TALMIDI
Jeudi 20 décembre 2007
20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi
Abraham Dahan
Vendredi 21 décembre 2007
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 22 décembre 2007 – 13 Tevet
5768 - VAYEHI
10h30: Office
Bar Mitsva Ruben SIMONART
le shofar
2008 / KISLEV/TEVET 5768
Lundi 24 décembre 2007
PAS DE COURS ADULTES avec Rabbi
Chinsky
Mercredi 26 décembre 2007
PAS DE TALMIDI
Samedi 29 décembre 2007 – 20 Tevet
5768 – CHEMOT
10h30: Office
Lundi 31 décembre 2007
PAS DE COURS ADULTES avec Rabbi
Chinsky
Vendredi 28 décembre 2007
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
29
Mercredi 2 janvier 2008
PAS DE TALMIDI
Mardi 8 janvier 2008 : ROCH HODECH
CHEVAT
Vendredi 4 janvier 2008
20h00: Office de Kabbalat Chabbat
Samedi 5 janvier 2008 – 27 Tevet
5768 - VAERA
10h30: Office
Mercredi 9 décembre 2007
14h15 à 16h45: TALMIDI
Lundi 7 janvier 2008
20h00 à 21h30: Cours Adultes: Notre Judaïsme, pensée et pratiques
avec Rabbi Chinsky
Jeudi 10 janvier 2008
20h00: Midrach dans le texte avec Rabbi
Abraham Dahan
C O MMU N AU T É
Carnet
Naissance:
Le petit Ilan Sezer est né le 25 octobre 2007. A ses parents, Angélique et Turgay Sezer
Dziersgowski MAZAL TOV!
Bné Mitsva:
Le 22 décembre 2007 – Paracha Vayehi: Ruben Simonart
Mariage:
Le 28 octobre 2007 a été célébré le mariage de Laurence Brenig et Serge Cohen y Escaloni.
Aux jeunes mariés nous adressons notre plus chaleureux Mazal Tov.
30
Décès z"l
Nous avons appris avec beaucoup de tristesse le décès, le 8 novembre dernier, de Rina
Angel-Levy, maman de notre amie Gisèle Toledo. A Gisèle et Erol, à leurs enfants et à la
famille, nous tenons à dire ici toute notre sympathie.
Nous venons d’apprendre le décès le 13 novembre dernier de Suzanne Creusen, maman de
notre ami Luc Bourgeois. A Luc et à la famille, nous voulons exprimer notre plus profonde
sympathie.
Envie de nous écrire ?
de participer à la rédaction du Shofar ?
N’hésitez pas et contactez nous !
le shofar
31
C O MMU N AU T É
A propos du dialogue
judéo-chrétien
Par Jacqueline Wiener
32
Ainsi que nous l’avons déjà à plusieurs reprises souligné dans le Shofar, le monde chrétien manifeste de plus en plus fréquemment
des liens fraternels à l’égard du judaïsme et
ce avec, souvent, une curiosité et une empathie marquées.
La Shoah, cet « évènement le plus important
du XXème siècle », pour reprendre les termes
papaux, n’est certainement pas étrangère à
ce phénomène.
Le dernier acte marquant, dans le sens de
l’intérêt de plus en plus significatif de l’Eglise
pour sa religion mère est intervenu récemment.
Cela se passa au début du mois de septembre dernier, à l’occasion d’une cérémonie organisée à la Judenplatz, dans le centre de la
capitale autrichienne, devant le monument
de béton érigé à la mémoire des 65 000 Juifs
d’Autriche exterminés par les Nazis.
Il pleuvait. Le pape Benoît XVI se recueillait,
priait. Ce silence dura une dizaine de minutes. En présence des dirigeants de la petite
communauté juive locale.
Dans l’avion qui le conduisit de Rome à Vienne quelques heures auparavant, en présence
de journalistes, Benoît XVI exprima le fait
que sa visite à ce mémorial marquait « la
tristesse, la repentance et l’amitié » des catholiques envers leurs « frères juifs » en ces
termes1:
« Mon voyage n’est pas un voyage politique,
c’est un pèlerinage, comme je l’ai dit. Ce
sont seulement deux jours ; seul le pèlerinage à Mariazell était prévu initialement ;
maintenant, nous avons, non sans raison,
le temps pour aller aussi à Vienne pour rencontrer différents composants de la société
autrichienne. Des rencontres avec les autres
confessions et religions ne sont pas prévues
immédiatement, dans ce si bref séjour ; seul
un moment devant le monument de la Shoah
pour montrer - disons-le - notre tristesse, notre repentir et aussi notre amitié envers les
frères juifs, pour avancer dans cette grande
union que Dieu a créée avec son peuple. Dans
l’immédiat, donc, de tels messages ne sont
pas prévus. C’est seulement au début, lors de
la rencontre avec le monde politique, que je
voudrais parler un peu de cette réalité qu’est
l’Europe, des racines chrétiennes de l’Europe,
du chemin à prendre. Mais il est évident que
nous faisons toujours tout en nous appuyant
sur le dialogue, soit avec les autres chrétiens
soit également avec les musulmans et avec
les autres religions; le dialogue est toujours
présent : c’est une dimension de notre action,
même si en cette circonstance, il ne va pas
être tellement exprimé à cause du caractère
spécifique de ce pèlerinage… »
Déjà lors d’une visite à Auschwitz en mai
2006, le pape avait qualifié la Shoah de «crime sans équivalent dans l’Histoire».
En accueillant le pape en cette matinée là
de septembre 2007, le président autrichien,
Heinz Fischer, affirma quant à lui que l’Autriche devait « reconnaître les heures sombres »
de son histoire et le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, non seulement souligna,
quant à lui, les racines juives du christia-
1 Conversation avec les journalistes de Benoît XVI du vendredi 7 septembre 2007 sur le site officiel du Vatican, source de la
traduction : http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=0809076_interview
le shofar
nisme (« Pierre était juif. Les apôtres étaient
juifs, Marie est juive et Jésus, son fils notre
Seigneur, l’est aussi à travers elle»), mais rappela également la participation d’une partie
de ses compatriotes aux exactions nazies.
Coïncidence ou conséquence, que ces propos ? s’est aussitôt interrogé Moise Rahmani. Car son dernier ouvrage, la «Lettre
à un frère»2, sorti de presse le 25 août, fut
expédié au Vatican le jour même. Or ce livre implore Benoît XVI d’exprimer un réel
amendement à l’enseignement du mépris et
à l’accusation de peuple déicide car le pape
« est le seul qui ait autorité pour (l’) imposer, du Vatican jusqu’à la plus petite église
du plus petit village, en tout pays du globe »
et que ce faisant, l’antisémitisme –et son corollaire, l’antisionisme-, seraient ainsi réel-
lement battus en brèche, même au-delà du
monde chrétien.
Nul ne peut répondre dans un sens ou l’autre
à cette question brûlante pour l’auteur. Quoi
qu’il en soit, il est troublant, comme le relève
assez judicieusement Moïse Rahmani lui-même, de savoir qu’a été rétabli par Benoît XVI un
missel datant de 1962 au contenu anti judaïque prononcé ; qu’une messe dite tridentine,
dont le texte latin rédigé en 1570 et mentionnant que « les Juifs vivent dans l’aveuglement
et les ténèbres », peut dorénavant être redite ;
que la perspective de la béatification du Pape
Pie XII, personnage aux zones d’ombre réelles, n’est guère réjouissante.
Mais à l’égard de ces actes là, des voix s’élèvent dans le monde chrétien également, pour
les contester…
■
2 Lettre à un frère, Moïse Rahmani, Ed. de l’Institut Sépharade Européen, 2007, 127 pages.
33
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C O MMU N AU T É
De notre Talmud Tora
Par Josiane Goldschmidt
34
Chers amis,
La rentrée du Talmud
Torah nous a amené 55
enfants, ce qui est un succès !
Ce nombre pourrait encore augmenter car chaque
semaine, nous avons de
nouvelles inscriptions.
Contrairement à l’année
précédente, beaucoup de
parents accompagnent
leurs enfants jusqu’à la
synagogue
elle-même,
au lieu de les déposer à
l’entrée, ce qui est encore
un succès. Il est fondamental pour nous en tant
que synagogue de les
accueillir. Pour cela, nous remercions notre
président Philippe Lewkowicz pour la grande
bouilloire électrique qu’il a mise à notre disposition et qui nous permet d’offrir des boissons chaudes. Certains parents ont proposé
qu’on installe un canapé pour le Hall, ce qui
serait plus « gemütlich » que de boire du café
debout ! Voilà qui est fait grâce à la magnifique générosité d’un de nos membres! C’est
important pour nous d’avoir les parents avec
nous, de parler avec eux de leurs enfants,
qu’ils apprennent à connaître Beth Hillel et
puissent nous rejoindre en tant que membres
sur le long terme.
Voici quelques semaines,
nous avons eu notre première formation. Tous
les enseignants étaient
présents, ainsi que Samuel Lison, notre hazan
à Kippour, qui fait dorénavant aussi partie du
Talmud Tora, ce qui est
magnifique car il a toutes
les qualités requises d’un
bon professeur. Nathalie
Narcisz a aussi rejoint
l’équipe en début d’année
et constitue une recrue
enthousiaste et positive.
La formation a permis à
tous de voir plus clairement la notion de « tefila »
que les professeurs doivent transmettre à
leurs élèves, et l’importance de l’accord entre
la parole et les actes dans notre tradition. Elle
a permis de souder et de dynamiser l’équipe.
Merci à tous !
Notre projet entre dans cette même dynamique d’intégrer les parents et les enseignants
à la communauté. C’est ainsi que nous avons
organisé un premier dîner chabbatique de
Talmidi le 16 novembre dernier.
Nous investissons une grande énergie dans ces
projets ; moi en tant que Directrice et Rabbi
Chinsky en tant que Rabbin, nous espérons
qu’ils seront toujours de plus en plus fructueux
et nous nous réjouissons de votre aide.
■
le shofar
Pour aimer la vie au présent,
au passé et demain
Par Anne Simon
VENEZ DECOUVRIR L’HISTOIRE, NOTRE HISTOIRE, EN TERRE D’ISRAEL
Du 8 au 18 Mai 2008
« Je dédicace ce voyage à notre, Rabbi
Abraham Dahan, qui a toujours élevé l’âme
de chaque membre de notre Communauté.
Il m’a confié l’organisation de notre voyage, en
souvenir du voyage dans les Communautés
Juives Rhénanes- voir le Shofar n°240 et 243
Quelques années et évènements se sont
écoulés…
Vous êtes venu vers moi, Cher Rabbi, vous
m’avez honorée d’autres mitsvot, pour notre Communauté, dont ce voyage en Israël
et Yom HaShoah, transmises par notre Président, Philippe Lewkowicz.
J’ai peint, jours et nuits, pour sublimer la
douleur de la perte d’un être cher,
J’ai exposé, pour faire un don aux enfants
du Nord d’Israël, vous étiez là, toujours à
mes côtés, à vous, je ne pourrai rien refuser,
ma reconnaissance sera infinie…
Vous avez créé et conduit notre belle communauté de toute votre âme, de toute votre
énergie, de toute votre science, de tout votre
cœur.
Et, de tout mon cœur, maintenant, j’espère
que ce beau voyage, nous allons avec vous,
Rabbi, le partager »
« Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve… »
Théodore Herzel
Nous aurons le bonheur d’être ensemble, le 8
mai 2008, pour célébrer le 60ème anniversaire
de la création de l’Etat d’Israël.
De l’aéroport international Ben Gourion, nous
allons directement,
- à Jérusalem, à l’hôtel Dan Panorama
Au programme :
L’arrivée à Tel Aviv, le jeudi 8 mai à 14h30, nous
permet de nous rendre au
- Kotel, et, de visiter les Tunnels en soirée et
fin d’après midi.
- Cette visite est « envoûtante et mystique »,
des rabbins se relaient jour et nuit, pour prier,
dans ce lieu proche du Saint des Saints.
Vendredi 9 mai,
- Nous visiterons le nouveau Yad Vachem et les
musées de la ville nouvelle.
Nous vivrons Kabbalat Shabbat dans une communauté libérale, et le Shabbat au Kotel, selon
le souhait manifesté par nos Rabbins.
Au coucher du soleil, à ne pas rater, prières et
chants du Shabbat, au Kotel
Samedi 10 mai,
- Promenades dans les quartiers de la vieille
ville, où ont eu lieu d’importantes fouilles archéologiques,
- le cardo : visite de la partie à ciel ouvert et de
l’autre, qui se trouve sous des bâtiments modernes ; il était l’ancien axe nord-sud de l’époque romaine.
Pour les personnes qui souhaitent retourner
au Kotel, le jour de Shabbat vous invite à y vivre des moments exceptionnels, le Kidouch
y est célébré avec une émouvante ferveur et
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C O MMU N AU T É
chaleureuse générosité : distribution de vin et
gâteaux à tous et à toutes !
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Dimanche 11 mai,
- Nous prendrons la route vers le désert de
Judée, en passant par Jéricho, lieu de scènes
bibliques, Qumran, où furent découverts les
manuscrits de la mer Morte abrités au Sanctuaire du Livre, du Musée d’Israël, que nous
aurons visité, selon votre choix, le vendredi
ou samedi à Jérusalem.
Nous longerons la mer Morte vers Massada,
site impressionnant, entre les déserts de Judée et du Néguev.
Nous lirons l’extraordinaire récit de l’historien Flavius Josèphe et d’autres théories faisant suite aux fouilles, quant à l’origine de son
aménagement en forteresse. L’importance de
Massada est dans son histoire : lieu de la révolte juive et de sa défense désespérée, c’est
comme une mitsva de monter à son sommet,
de marcher de long en large, sur ce plateau
chargé de symboles, de regarder au loin et
tout autour le fabuleux paysage qui entoure
une inoubliable et tragique histoire.
Après une halte-repos-déjeuner, nous continuons notre route vers le Neguev.
Sa capitale, Beer Sheva, ou sept puits, ou Beer
Shava, « Puits, du Serment » ( Gn 21 : 22-34)
A 40 km au sud de Beersheva, nous arrivons à
Sde Boker, devant l’université qui porte le nom
de David Ben Gourion.
Ici est le but de notre voyage dans le Neguev, et
nous approchons de la date anniversaire, le 14
mai 1948, de la déclaration de l’indépendance
de l’Etat d’Israël, prononcée par David Ben
Gourion à Tel Aviv. Il est élu Premier ministre
et ministre de la Défense. En novembre 1953,
il démissionne et avec son épouse, s’installe
dans le kibboutz de Sdé Boker dans le désert
du Néguev. Il fut un des pères fondateurs de
l’Etat d’Israël ; il revient à la politique et continue de vivre dans son kibboutz.
Nous allons dîner et passer la nuit dans un kibboutz, dans le désert du Néguev, dans une partie de notre histoire ; pour une nuit, nous allons
rêver, y vivre et peut-être, espérer y retourner.
Il y a maintenant bientôt 4 ans que j’ai vécu
cette belle aventure là-bas même ; je regardais
le ciel, une étoile filait et comme une enfant, un
vœux j’ai fait… j’espère de tout cœur avec vous
partager cet indéfinissable bonheur.
Lundi 12 mai,
- Visite de la maison de Ben Gourion, et plus
au sud, nous verrons, faisant face à une vue
extraordinaire, sur les sommets du Neguev,
les tombes du couple, sur lesquelles deux dates sont gravées, dont celle de leur arrivée en
Israël.
Le rêve de Ben Gourion était de transformer le
désert en verger…
- Reprise de la route vers Tel Aviv (peut- être
en train !)
Mardi 13 mai
- Musée de l’indépendance :
- écouter le discours émouvant de la déclaration d’indépendance d’Israël, proclamée par
David Ben Gourion, le 14 mai 1948.
- Promenades dans la rue Bialik et visite du
musée Reuven Rubin, peintre israélien et de
la Maison du grand poète Bialik ; ensuite, le
boulevard Ben Gourion vers la mer et la maison de David Ben Gourion.
- Visite du musée de la Diaspora.
Mercredi 14 mai,
- Nous prendrons la route vers le Nord, nous
logerons au Kibbutz Kfar Blum
Au programme: du mercredi 14 mai, du jeudi
15 mai, du vendredi et samedi 17 mai :
- Safed, Tibériade: Tombeaux de Maïmonide
et de Rabbi Meir Baal Hanes
- le Golan: site archéologique du village de
Katzrim et de sa Synagogue construite au
IVème siècle.
- Journée nature en collaboration avec avec
le KKL et l’inauguration du bosquet Beth
Hillel
- Kabbalat Shabbat et Shabbat dans un Moshav
Dimanche 18 mai, retour à Tel Aviv,
- Temps libre avant le départ de 16h et arrivée
à Bruxelles à 21h30 ■
le shofar
Résonance théologique de
la musique juive cantoriale
Par Shmuel Lison
Les lignes suivantes constituent un essai, une Certains musiciens s’essayèrent même à
concilier les traditions juives et chrétiennes,
quête de sens dans l’univers musical.
La musique religieuse juive utilise des textes tel Salomone Rossi (de son vrai nom Saloissus le plus souvent du Tanakh (Torah-Né- mone Me-ha-Adumin), qui écrivit une série
viim-Kétouviim) ou de la littérature mystico de psaumes polyphoniques (dans la tradition
poétique comme, par exemple, le Lekha Dodi occidentale) pour l’usage de la synagogue (Ha
ShirimAsher Li Sh’lomo - 1623).
que nous chantons tous les Erev Shabbath.
La musique, et particulièrement la musique re- Un mouvement se constitua avec l’aide de
ligieuse, se doit de se fondre dans le texte afin quelques rabbins éclairés (celui de Modène,
d’épouser pleinement son sens et son impact celui de Venise). Il ne dura pas longtemps.
émotionnel. Il est important de tenir compte Sachez que c’est grâce au baron de Rothschild
de la prosodie afférente à la langue utilisée. que la musique de Rossi nous est parvenue car
On reproche par exemple à Mozart une utili- il acheta, 200 ans plus tard, au hasard de ses
sation perfectible de l’italien dans ses opéras. voyages, les manuscrits enfin retrouvés de ce
Pensons à la prosodie magnétique et enivran- compositeur. La première édition moderne
te de notre Rabbi Dahan dont la voix apaise aura lieu en 1876, et le doux rossignol des synagogues, depuis, se fait à nouveau entendre.
l’âme et réjouit le cœur.
Étrange va-et-vient
Si nous prenons le
fil de l’histoire et La musique, et particulièrement de la musique. Les
chants
religieux
des générations, un
des premiers grands la musique religieuse, se doit de se chrétiens primitifs
directement
compositeurs juifs fondre dans le texte afin d’épouser sont
issus des chants héqui nous soit parvenu depuis le légen- pleinement son sens et son impact braïques primitifs, et
les nouvelles musidaire roi David fut le
émotionnel
ques judéo baroques
violoniste Salomone
proviennent directement de Monteverdi.
Rossi.
Il était à l’apogée d’un courant réformateur qui La musique de Rossi souleva bien des indignaavait commencé dès le début du XVe siècle, vi- tions dans la communauté juive, et des opposant à offrir une musique d’art attractive sants venaient manifester en interrompant les
au judaïsme. Et cette idée circulait dans cer- offices bruyamment et violemment. Car cette
taines communautés d’Europe occidentale musique était jouée et chantée dans les offices
et ce, contre la résistance des communautés juifs. Elle ne l’est plus dans un monde synagojuives qui ne voulaient pas entendre parler du gal fermé à la musique de son époque.
La bataille faisait donc rage dans sa commumonde extérieur.
Je parle bien du XVIe siècle et toute coïn- nauté entre conservateurs et modernes. Cercidence serait fortuite, bien sûr, avec taines congrégations avaient utilisé un orgue,
un orchestre, des chorales. Les conservateurs
aujourd’hui...
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venaient hurler lors de ses offices pour les ar- Je me souviendrai toujours du conseil reçu
dans l’avion qui me menait en Israël : Souverêter.
Salomone Rossi était au centre de ces contro- nez-vous que la musique et la religion ne
verses pour avoir utilisé et édité des musiques font pas toujours bon ménage…Restez libre,
en se conformant à l’harmonie occidentale de restez vous même !
Ou encore le message d’adieu reçu avant de
la toute nouvelle musique de la Renaissance.
Dans la préface à ses oeuvres, il disait quitter le Kibboutz Tzuba : Shmulik, n’oublie
que chanter la gloire de Dieu était déjà jamais que ta voix est ton meilleur passeport…
annoncé dans la
Les notions d’esthébible avec harpes,
La musique de Rossi souleva
tique musicale, comcymbales,
trombien des indignations dans
me les conceptions
pettes dès le Roi
du Beau et du Bon,
David.
la communauté juive, et des
sont totalement subProtégé par le rabopposants venaient manifester jectives; elles sont le
bin de Venise il put
fruit d’un consensus
continuer. Et puis, la
en interrompant les offices
social, culturel et
gloire de Monteverdi,
bruyamment
et
violemment
cultuel. La Hazzason ami et son maître, rendit sa musique évidente et reconnue. nut Askhénaze et italienne permettent de déMais la plupart des synagogues refusèrent sa ployer le geste vocal dans toute son amplitude
et dans tous les registres de l’émotion.
musique comme impie, car trop italienne.
Au XIXe siècle sous l’influence de l’opéra La problématique qui s’offre au compositeur
romantique, des compositeurs comme Le- de musique sacrée s’articule autour de trois
vandowsky, Alman, Sulzer, Birnbaum, Naum- éléments parfois antinomiques : d’une part, la
bourg, Barkan etc… offrirent aux grands liberté d’expression de l’impulsion artistique ;
hazzanim une littérature musicale suscepti- d’autre part, le souci d’écrire une œuvre muble de donner la pleine mesure de leurs talents sicale dont la portée transcende le réel ; par
musicaux et vocaux. Ana Tavo, que Zahava ailleurs, le souci d’immédiateté, d’accessibiSeewald et moi-même, nous avons partagé lité de l’œuvre. Levandowsky et Naumbourg
avec vous lors de l’office de Kippour, est l’une au XIXe siècle ont bien intégré ces trois diffide ces œuvres musicales qui incarnent le cultés. Des lignes mélodiques agréables, utilimieux cette puissance dramatique empreinte sant des motifs typiques de la musique juive de pathos et d’émotions.
chromatismes, secondes diminuées etc….
L’artiste lyrique est généralement en symbiose Ces lignes mélodiques se voient augmentées
avec son instrument, il se départit rarement d’une harmonisation tonale non fuguée. Le
de son armure sonore, construite avec patien- choral protestant aura une influence certaine
ce pendant de nombreuses années, à la suite sur les œuvres chorales des compositeurs de
de remises en question mentales, psychologi- la réforme musicale juive en Allemagne au
ques et physiologiques. On ne chante pas dans XIXe siècle. C’est pourquoi la littérature juive
le même esprit lorsque l’on va à la rencontre du XIXe siècle requiert l’accompagnement d’un
de sa voix comme ténor ou comme baryton… instrument comme un orgue ou un piano.
La problématique se développe davantage en- Les recherches archéologiques du XIXe siècle
core lorsque la couleur vocale, le timbre, la ont mis en évidence la présence de l’ancêtre de
tessiture, les passages, les climax d’intensité l’orgue dans le Temple de Jérusalem. De cette
se positionnent à mi-chemin entre le ténor et découverte à la réalité musicale, le pas allait
le baryton. L’équilibre entre le chant lyrique et être franchi. Dès lors, toutes les grandes synales exigences de la Hazzanut est parfois ins- gogues européennes se dotent au XIXe siècle
table.
d’un orgue à tuyaux. La synagogue de la rue
le shofar
de la Régence en est un bel exemple. Malheu- chantez juste, dans une chorale, dans une académie, que vous savez tenir une ligne mélodireusement, l’orthodoxie est passée par là …
Seules les communautés libérales ou mas- que, alors : manifestez-vous après du Rabbin
sorti qui ont une certaine liberté hallakhique Chinsky ou de Catherine.
peuvent encore utiliser le trésor musical de Il est nécessaire de pouvoir fédérer le
temps et les énergies d’au moins une pel’époque romantique.
Au terme de l’office de Kippour, un ami a épin- tite vingtaine de personnes pour comglé avec pertinence le mélange d’influences mencer un chœur : sopranos, altos, ténors,
dont je témoigne : ashkénaze, sépharade et baryton-basses. Les voix d’hommes sont
italienne. Comme l’a dit le Grand Rabbin Si- généralement les plus difficiles à trouver. Un
truk lorsqu’on lui posa la question s’il était as- traitement de faveur sera dès lors accordé à
hkénaze ou sépharade, celui-ci répondit : « Je tous les hommes qui pourront mettre à dissuis juif… » Cette affirmation me convient position quelques heures de leur temps…Ce
sera l’occasion de vider quelques bières (sauf
parfaitement, n’en déplaise à certains.
J’ai tenté de rester fidèle à certains aspects à Pessah où l’on passe à la Vodka) à la suite de
de Hazzanut italienne que j’ai connu lors des la répétition hebdomadaire et, surtout, de se
deux années passées dans la petite commu- retrouver à l’occasion des offices. Par ailleurs,
nauté israélite de Ferrara. J’habitais au 101 via un projet de Makela d’enfants est en gestation
Mazzini, la synagogue était trois maisons plus avec Ganenou de la 5ème primaire jusque la
loin. Le rabbino capo Luciano Caro avait une Rhéto.
voix claire et bien impostata comme seuls les Le mouvement libéral belge, fondé par notre
Italiens peuvent l’avoir. La lecture de la Torah Rabbi Dahan, s’est doté d’une Shoule imporétait merveilleusement limpide. L’articulation tante, d’un Talmud Torah actif et dynamique,
de la langue de l’opéra était au service de la d’une femme rabbin moderne et dévouée ;
plus vieille tradition du monde. J’attire l’at- offrons-lui une identité musicale de qualité,
tention de nos lecteurs qu’un disque vient de fruit de la tradition musicale of Reform juparaître qui apporte des témoignages sonores daïsm dont nous sommes les héritiers.
de la tradition cantoriale de la communauté de Seul on ne peut rien, ensemble on peut
Torino d’où est issu le Rabino Luciano Caro.
tout…
Je voudrais remercier le Rabbi Dahan pour Je vous souhaite à tous et à toutes haag sason immense patience. Je voudrais remercier meach. ■
le Rabbi Chinsky pour son enthousiasme et sa
S.L
gentillesse et, enfin, je souhaite
remercier tout particulièrement
Quelques mots encore pour attirer votre attention sur la puet du plus profond du cœur Dablication d’un double CD réalisé en hommage au grand canvid Baltuch qui m’a permis cette
tor Ben Barouk (Jacques Chalude) né Yitshak Zaludkowski
Téshouva spirituelle et musi(1914-1997) Cette magnifique initiative fut réalisée grâce à la
cale - revenant parmi vous. La
bienveillance du Musée Juif de Belgique et en particulier de
présence vocale, musicale et
sa conservatrice Zahava Seewald.
Les merveilleuses qualités vocales et musicales d’Yitshak
humaine de ma collègue ZahaZaludkowsky témoignent d’un monde qui disparut petit à
va Seewald me fut particulièrepetit des synagogues à la fin des années septante à la suite
ment précieuse et agréable.
de la radicalisation des mentalités religieuses consistoriales.
J’espère de tout cœur
Ben Barouch fut collègue et ami de Léon Algazi (1890-1971),
pouvoir continuer cette
directeur des temples consistoriaux en France et professeur
merveilleuse
expérience
au séminaire de Paris.
communautaire, spirituelle
A côté de sa carrière de Hazzan, Jacques Chalude fut un
et musicale mais pour cela
chanteur d’opéra possédant une voix de basse chantante
nous avons besoin de vous !
particulièrement appréciée, en France notamment. Si vous savez chanter, si vous
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Hazanut à Beth Hillel :
Zahava Seewald
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Les fidèles de Beth Hillel ont découvert le magnifique timbre de voix de Zahava Seewald,
à l’occasion des fêtes de Tichri. Beaucoup la
connaissent surtout pour son travail au sein du
Musée Juif de Belgique; moins nombreux savent
ses compétences musicales.
Mais qui se cache donc derrière cette sonorité
féminine ?
Zahava Seewald est née à Anvers dans un milieu
où le yiddish est la langue véhiculaire et où le
chant ashkénaze religieux en hébreu est omniprésent. Après des études d’histoire de l’art, elle
étudie le chant classique et commence simultanément une recherche sur le chant traditionnel
juif. En 1990, elle crée le groupe « Mosaic » et
sort un premier disque. Deux années plus tard,
elle crée un second groupe, « Psamim », avec le
désir de retracer le chant ashkénaze peu connu.
Un deuxième album sort : « Ashkenaz songs ».
Le new-yorkais John Zorn commande au groupe
un CD qui sort en 1999 , « Abi Gezint », composé
de chansons orientales en hébreu, en judéo espagnol et des chants en yiddish.
Peu après, Zahava Seewald sort un troisième
album : « Ashkenaz songs II Work and Revolution » présentant des chansons yiddish abordant la thématique du travail.
Elle collabore avec l’écrivain flamand Eriek Verpale et participe aussi à plusieurs concerts avec
l’ensemble de musique contemporaine QO2.
En 2002, le Beursschouwburg lui commande un
concert de musique juive religieuse du 13e siècle
et en 2003, elle prépare un nouveau répertoire,
« Musique juive d’Orient » et collabore avec, entre autres, avec Michaël Grébil, joueur d’oud.
Un nouvel enregistrement sort en mars 2003:
« Koved, a tribute to Martin Weinberg » rassemblant des chants en yiddish, en hébreu et en
judéo-espagnol. Elle reçoit, par ailleurs, deux
commandes de John Zorn pour collaborer à des
CD de compilation dont l’un est un hommage au
compositeur Sasha Argov (2003) et l’autre, la re-
prise de compositions de John Zorn lui-même,
« The Unknown Massada ».
Fin 2004, un nouveau CD intitulé « Scorched
lips » voit le jour par l’ensemble « Zohara » créé
par la chanteuse et Michaël Grébil.
Ce dernier ouvrage se veut plus personnel, laissant une part plus importante à la création de
mélodies nouvelles autour de la poésie en hébreu ancienne et contemporaine où l’élément
traditionnel passe à l’arrière plan.
C’est grâce à notre ami David Baltuch, ami de longue date de Zahava Seewald, que Beth Hillel a pu
décider de faire appel à cette dernière pour les offices de Roch Hashana et Kippour, cette année.
A-t-elle eu des hésitations, avant d’accepter cette
tâche ? « J’ai été enthousiaste dès le début, assure-t-elle, même si j’ai éprouvé quelques peurs sur
la réaction d’un public juif, qui est toujours plus
difficile qu’un public non juif sur le patrimoine
musical qu’il connaît. On a un peu l’impression
de jouer devant sa famille… »
Cette première expérience de hazan, comment
l’a-t-elle vécue ? « J’ai fréquenté la synagogue
orthodoxe pendant toute mon enfance jusqu’à
l’âge de 20 ans tous les shabbatot ainsi que les
jours de fête. Le hazzan de la synagogue s’appelait Malik, c’était une très belle voix et sa présence était fondamentale pour moi car il incarnait
pour moi la fonction essentielle d’intercesseur et
de celui qui permet d’entrer dans la prière, dans
la dévotion et dans l’émotion. J’étais donc très
émue de retrouver ce monde-là, de plus en étant
à la place du hazzan ! »
Même si Zahava Seewald regrette quelques
« cassures », à savoir qu’il serait préférable que
le hazzan puisse aussi dire plusieurs prières, elle
recommencerait volontiers l’expérience l’année
prochaine, à condition de pouvoir chanter plus
car pour elle, chanter c’est d’abord entrer en relation avec l’Absolu. Voilà qui nous ravirait ! ■
JWH.
le shofar
Myriam Fuks rencontre son
temps
Par Serge Weinber
Nombre d’entre vous ont déjà entendu parler
de Myriam Fuks: Myriam c’est cette chanteuse
Yiddish de Bruxelles, de la place du jeu de Balle. Chacun d’entre nous l’a croisée au détours
de l’un ou l’autre concert communautaire au
cours desquels reviennent à nos cœurs ces
mélodies que nos parents et grands-parents
aimaient à fredonner ou lors de l’un de ses récitals où elle nous fait revivre les scènes des
Shtetl de Pologne, de Bessarabie ou d’Amerika! Des émotions qu’elle recrée devant nous
– et nous transmet - avec une conviction intacte et une proximité digne des récits d’Isaac
Bashevis Singer ou de l’éternel Violon sur le
Toit de Jerry Bock et Sheldon Harnick.
Myriam, ce sont aussi des Shabbats ‘portes
ouvertes’ où ‘vient qui veut’: du jeune étudiant voulant remplir son estomac en période d’examen à Madame l’ambassadeur du
Maroc…
Nous avons l’impression que Myriam fait partie de nos vies depuis si longtemps et comme
à propos d’une amie d’enfance, nous ne nous
questionnons plus sur sa trajectoire tant elle
nous semble familière
Et pourtant, force est d’admettre que le monde change de plus en plus vite, nous vivons à
l’ère de la mondialisation et alors que la musique klezmer jouit d’un regain extraordinaire,
aucune relève ne se fait jour pour la chanson
traditionnelle yiddish.
Myriam est l’une des toute dernière grande
chanteuse qui préserve par sa voix merveilleusement grave et expressive un héritage musical des plus essentiels: celui du
monde juif ashkénaze des derniers siècles
en Europe Centrale et de l’Est et (quasi) totalement détruit par l’une des grande tragédies du XXème siècle, la Shoa.
La connaissance de ce monde est en train
de disparaître complètement à tout jamais.
Nous connaissons les évènements tragiques qui ont frappé les différentes communautés juives du monde au cours de ces
siècles, mais connaissons-nous vraiment la
vie de tous les jours de ces communautés,
leur humour, leurs soucis, leurs espoirs,
leurs traditions ? Tout ce monde, Myriam
Fuks parvient à nous le rendre presque palpable, elle nous donne l’impression de pouvoir encore le toucher, le caresser…
Au début des années 1950, plus de dix
quotidiens imprimaient encore en Yiddish
rien qu’à New York, aujourd’hui à peine la
moitié d’un seul subsiste (le reste des textes étant en anglais et en hébreu). Le reste
de cette culture détruite1 a été pour son
malheur partiellement abandonnée après
la Deuxième Guerre Mondiale : les Juifs se
sont ensuite tournés vers l’hébreu, le Yiddish représentant implicitement la langue
des ‘victimes’.
1d
’où proviennent pourtant certains de nos plus grandes figures.
41
C O MMU N AU T É
Si chaque Juif a un devoir de mémoire, il aura
à cœur de découvrir ce qu’a été la vie des générations qui l’ont précédé. Notre immense
chance, c’est qu’une femme au sein de notre
communauté maintient vivant, pratiquement
seule, leur répertoire musical populaire. Une
vie entière consacrée à la défense de cette
part de notre culture.
De part le monde, il ne reste vraiment que
quelques grands chanteurs et chanteuses à
pouvoir défendre et restituer avec talent le
répertoire Yiddish. Pas plus d’une poignée.
42
A l’aube du 21ème siècle, Myriam nous restitue
un véritable trésor. Non seulement elle possède cette capacité unique à nous faire revivre
ces chansons, ces ambiances, ces joies et ces
malheurs, cet humour ! Mais son talent, reconnu même aux quatre coins du monde, doit
enfin être apprécié à sa juste valeur: Myriam
est tout simplement une immense chanteuse.
La nouvelle Anthologie2 qui lui est dédiée,
permet de se rendre compte de l’immense
artiste qu’elle est. La translittération et la traduction rendent cette anthologie accessible
à tous ceux qui voudraient (re)découvrir les
saveurs et les thèmes des grandes chansons
du répertoire yiddish. La voix et le talent de
Myriam permettent d’en recevoir pleinement
l’impact émotionnel.
Myriam est comédienne et le réalisateur français Claude Miller a fait appel à ses talents
pour jouer dans son dernier film « Un Secret » - qui reprend une de ses interprétations
- au côté de Patrick Bruel, Cécile de France,
Ludivine Sagnier et Julie Depardieu.
Myriam, c’est également une trajectoire de
femme juive relaté dans son nouveau livre :
‘Un Jour Je Me Suis Rencontrée’3. Beaucoup,
surtout ceux de la « deuxième génération »
se retrouveront dans ce portrait, parfois
impudique, de cette femme à la recherche
de son identité, de celle de sa sœur et de la
véritable histoire de sa mère adorée. Ce livre
nous fait partager les réponses d’une femme,
d’une fille, d’une mère, d’une artiste à certaines questions actuelles et même essentielles :
quels fardeaux émotionnels nos parents – de
la génération de la guerre - n’ont pu éviter
de nous transmettre ? Comment ne pas reproduire ces comportements ? Myriam nous
apporte son parcours personnel comme une
thérapie partagée et réussie. ■
2A
nthology of a Yiddishe Mama, Editions Avanticlassic (www.avanticlassic.com), ref : 5414 706 1028-2
3 Editions N.V. Wuesenberg & Diestfeld : ISBN : 978-2-9600700
Shofar est heureux de permettre à ses lecteurs,
aux membres de Beth Hillel, de se procurer le
cd de Myriam Fuks avec une réduction de
40% soit au prix de 12 € au lieu de 20 €.
Une partie de cette somme sera reversée à Beth-Hillel
Faites-vous ce plaisir et offrez le autour de vous .. Sis a mehaye..
Versement sur le compte de Beth Hillel n° 192-5133742-59
avec la mention « cd – Myriam Fuks »
le shofar
André Chouraqui z˝ l.
Par Monique Ebstein
Il est mort le 9 juillet 2007 à Jérusalem,
un mois avant d’atteindre 9O ans. Sa disparition a été relativement discrète et n’a
pas fait les grands titres des journaux. Et
pourtant cet homme a accompagné durant
toute sa vie le cheminement du peuple juif.
La faible médiatisation de sa disparition
met en évidence l’importance toute relative
qu’il faut accorder aux louanges funéraires
décernées par la presse, car elle oublie souvent de remarquables personnalités pour en
encenser d’autres dont la notoriété est parfois davantage sujette à caution.
Secrétaire
général
adjoint de l’Alliance
Israélite Universelle
de 1947 à 1953, il en
deviendra le Délégué
permanent sous la
présidence de René
Cassin et le restera
jusqu’en 1982. Il sera
également le Président de l’Alliance Française à Jérusalem.
En 1958, il s’installe en Israël, et sera, de
1959 à 1963, le conseiller du Président du
Conseil, David Ben-Gourion. Elu en 1965
Vice-Maire de Jérusalem, il assistera Teddy
Kollek
jusqu’en
1973.
André Chouraqui naquit le 11 août 1917 à
Aïn Témouchent en Algérie. Sa première
langue maternelle fut
l’arabe, la deuxième
le français et sa langue «paternelle» fut
l’hébreu. Bâtisseur de
ponts entre les trois
cultures qui l’avaient
nourri dès son enfance, il oeuvra sa vie
durant pour le rapprochement de tous
les hommes qui se
réclamaient de l’une
André Chouraqui avec le Dalaï Lama au couvent San
d’elles.
Miniato (Florence)
Il eut une vie bien remplie. Après des études de droit à Paris et une thèse de doctorat
sur la Création de l’Etat d’Israël, il exerça
de 1945 à 1947 les fonctions d’avocat puis de
juge à la Cour d’appel d’Alger. En 1948 il obtint le titre de docteur en droit international
public de l’Université de Paris.
A un certain moment, on songea
à lui pour être
le Président de
l’Etat, mais ce fut
Navone que l’on
choisit parmi les
personnes pressenties.
Cependant, plus
que par ses fonctions publiques, André Chouraqui est avant
tout connu pour avoir été un homme de
paix et de réconciliation. C’est ce dont il
était venu parler au Palais des Congrès de
Bruxelles où j’ai eu la chance de l’entendre,
il y a plus de trente ans. Petit et assez trapu,
ses yeux vifs et brillants brûlaient comme
43
C O MMU N AU T É
un feu dans son visage, et attestaient par
leur flamme la sincérité de son discours.
44
sée et de ce que représentait pour lui le fait
d’être Juif: «Ce que je crois» (1979), «Retour
aux racines» (1981), et son livre à grand succès: «L’Amour plus fort que la mort» (1990).
Il laisse une oeuvre qui témoigne de sa profonde spiritualité. Son traTrès malade depuis de
vail le plus important est
longs mois, il avait présans conteste la traducparé son discours fution intégrale, à partir de
néraire dans lequel il a
leur langue originale, de
tenu à célébrer «la joie
la Bible, du Nouveau Tesde vivre, mais aussi la
tament et du Coran, sans
joie de mourir lorsque
oublier celle des «Devoirs
l’on a eu une vie accomdu coeur» de Bahya Ibn
plie».
Paqûda à partir de l’arabe.
Cette oeuvre monumentaPourquoi André Chourale n’a pu se faire sans l’aide
d’une équipe de collabora- André Chouraqui avec Pierre Mendès-France qui est-il tombé dans un
(Jérusalem)
relatif oubli ? peut-on se
teurs qu’il dirigeait, véridemander à juste titre.
fiant lui-même page après
page, et en plusieurs étapes, le résultat de leur N’est-ce pas un signe manifeste et attristant
travail. Grâce à lui, nous avons aujourd’hui du fait que de nos jours la voix des hommes
une traduction directe de nos textes saints de paix fait moins recette que les discours
■
de l’hébreu en français; elle cherche à garder de violence, de discorde et de haine ?
dans notre langue latine tout le génie et les
particularismes de l’hébreu sémitique. En
***
toute connaissance de cause André Chouraqui a fabriqué des néologismes qui au début
parurent contestables, mais qui à présent
sont reconnus et même devenus célèbres. Je Parmi les nombreux livres d’André Chouravoudrais seulement citer deux exemples: l’ad- qui, notre bibliothèque ne possède actuellejectif «rahamim» traduit normalement par ment que:
«miséricordieux» qui devient chez lui «matriciel», puisque «rehem» signifie «matrice» en - «Les dix commandements aujourd’hui»
hébreu, et sa traduction très poétique de «Ha - «Théodore Herzl»
ma’ariv aravim» «t» que nous pouvons lire - «Vivre pour Jérusalem».
dans notre sidour à tous nos offices.
Si vous pouvez nous aider à l’enrichir, nous
André Chouraqui nous laisse également des vous en serions reconnaissants, car la plulivres qui sont des témoignages de sa pen- part des titres sont épuisés.
le shofar
Saul Friedländer
Prix de la Paix, décerné en 2007 par les Libraires allemands
Par Monique Ebstein
Pavel Friedlaänder naquit à
Prague le 11 octobre 1932. Ses
parents voulurent se réfugier en
Suisse, mais craignant d’être arrêtés avec leur fils, ils décidèrent
de le cacher dans un internat catholique, en France, non loin de
la frontière. Comme en 1942, les douaniers
suisses ne laissaient entrer que les femmes
enceintes et les familles accompagnées d’enfants, les Friedländer ne correspondaient
plus aux critères d’admission. Ils furent refoulés en France et déportés.
Dans son internat, Pavel devenu Paul fut
baptisé et reçut une instruction chrétienne.
Mais lorsqu’en 1946, il apprit que ses parents
avaient été assassinés à Auschwitz, il revint
au judaïsme et Paul devint Saul. (Changement de nom hautement symbolique !)
En 1948, Saul quitta la France pour se rendre
en Israël, où il s’engagea activement dans les
combats du mouvement sioniste. Après avoir
obtenu un doctorat en Histoire, il alla aux
Etats-Unis. Dans les années 1980, il devint un
militant de la cause pacifiste et depuis lors
il soutient le mouvement «La Paix maintenant». Il est actuellement professeur d’histoire à l’Université de Californie à Los Angeles
(UCLA), ainsi qu’à l’université de Tel-Aviv.
Friedländer est réputé être l’un
des principaux historiens de la
Shoah et du nazisme. Son ouvrage
récent, mais aussi le plus connu,
est «L’Allemagne nazie et les
Juifs» (Das Dritte Reich und die
Juden), dont le 1er volume «Les
années de persécution» (1933-1939), avait déjà
paru en 1997. Il a publié, en octobre 2006, un
2ème tome consacré aux «Années de l’extermination» (1939-1945). Ce volume n’est pas
encore traduit en français. C’est à l’occasion
de sa présentation à la «Foire du Livre» de
Francfort que le «Prix de la Paix des Libraires
Allemands», a été attribué à son auteur.
Ce prix prestigieux, la plus haute récompense
qu’un écrivain puisse recevoir en Allemagne,
est décerné depuis 1950. En 2005, il avait honoré l’écrivain turc Orhan Pamuk, qui obtint
un an plus tard le Prix Nobel de littérature.
Saul Friedländer reçut ce prix, le 1er octobre
dernier à Francfort, dans l’Eglise St-Paul,
illuminée de soleil pour l’occasion, et en
présence du Président de la République Fédérale, Horst Köhler. Les applaudissements
qui saluèrent le discours prononcé par l’historien furent tout d’abord réservés, puis devinrent de plus en plus chaleureux pour se
terminer en «standing ovation».
45
C O MMU N AU T É
Dans son discours Friedländer lut des passages extraits des dernières lettres écrites
en 1942 par ses parents et par des membres
de sa famille avant d’être assassinés dans les
camps. «Il est clair pour moi que ce prix m’est
accordé en grande partie en raison de la thématique de mon travail. C’est pourquoi j’accepte avec une grande humilité cet honneur,
dont la signification va bien au-delà de toute
prestation individuelle», a-t-il déclaré.
Le jury de ce prix a voulu saluer «le conteur
épique de l’histoire de la Shoah, de la persécution et de la destruction des Juifs à l’époque de la terreur nazie en Europe»
■
Bibliographie:
• Hitler et les États-Unis, Genève,éd. Droz, 1963
• Pie XII et le Troisième Reich, éd. du Seuil, 1964 (postface dAlfred Grosser
• Kurt Gerstein ou l’ambiguïté du bien, Castermann, Paris, 1967
• Réflexions sur l’avenir d’Israël, éd. du Seuil, 1969
46
• L’Antisémitisme nazi : histoire d’une psychose collective, Seuil, Paris, 1971
• Histoire et psychanalyse, éd. du Seuil, 1975
• Reflets du nazisme, éd. du Seuil, 1982
• Visions of apocalypse: end or rebirth ?, Londres-New York, Holmes et Meier, 1985
• P robing the limits of representation: nazism and the final solution, CambridgLondres, Harvard University Press,
1992 (direction)
• Q uand vient le souvenir, Seuil-Point, Paris, 1998, L’Allemagne nazie et les juifs, t.1, Ed.: Seuil, 1997, ; le tome 2 est
sorti en anglais (Nazi Germany and the Jews, 1939-1945: The Years of Extermination) en 2007.
•L
es Juifs et XXe siècle : dictionnaire critique, Calmann-Lévy, Paris, 2000,
le shofar
Lu pour vous
ces livres qui sont disponibles à la Bibliothèque de Beth Hillel
Par Monique Ebstein
Isha, Dictionnaire des femmes et du judaïsme.
Pauline Bebe
Ed. Calmann-Lévy
Une des caractéristiques du judaïsme libéral est sa position vis-à-vis de la femme
qu’il considère en tout comme l’égale de
l’homme. Seul le judaïsme libéral ordonne
des femmes rabbins. Pauline Bebe, rabbin
d’une des communautés juives de Paris, a
été ordonnée en 1990. Elle est l’auteur d’un
livre récent, déjà commenté dans ces pages
«Qu’est-ce que le judaïsme libéral?»
Auparavant, elle avait déjà écrit Isha (la
femme) pour évoquer le regard que la tradition juive porte sur les «femmes». Ce livre se présente comme un dictionnaire qui,
en des chapitres très courts, dépeint des
figures féminines de la Bible allant des matriarches jusqu’à Abigaïl, Jezabel ou Tamar.
Il étudie aussi de nombreux sujets pouvant intéresser spécialement les femmes,
comme par exemple: les commandements
positif, la bat-mitswa, l’état de femme célibataire, mariée ou divorcée, la procréation
et la contraception.
Dans son introduction, Pauline Bebe dit
bien que son livre, loin d’être exhaustif se
veut plutôt «une palette représentative de
la tradition à la fois biblique, aggadique et
halakhique». Elle affirme qu’il ne veut en
rien être une apologie de la femme, car ce
serait une autre façon de lui faire une place
à part. Elle essaie de porter un regard à la
fois compréhensif et critique sur la place de
la femme dans la tradition juive. Or notre
tradition doit certes être comprise et étudiée telle qu’elle était à l’origine car elle est
notre héritage, mais c’est à nous de la faire
évoluer et de l’adapter à l’époque où nous
vivons. «C’est grâce à cette évolution que
le judaïsme a pu survivre.» Et de conclure
ainsi son introduction: «J’aimerais que ce
livre soit une source d’inspiration pour ces
hommes et ces femmes qui veulent voir
évoluer le judaïsme parce qu’ils l’aiment.»
***
La Grande Fauchaison,Trilogie romanesque, traduite du Yiddish
Oser Warszawski
Ed. Denoël
«La Grande Fauchaison» rassemble pour
la première fois cette trilogie d’Oser Warszawski qui jusqu’à présent n’avait pas
été publiée en français. L’auteur retrace
les avatars de la Grande Guerre et l’écho
qu’elle eut dans les monde juif et allemand
de l’époque. Au fil des pages, il dissèque le
quotidien des uns et des autres. Il décrit la
société jusqu’au moment où elle bascule
dans l’absurde et l’horreur, et où elle se dissout pour laisser place à un désordre tantôt
sombre, tantôt burlesque. L’auteur dépeint
avec tendresse et lucidité la vie des shtetls
de Pologne et des quartiers juifs de Varsovie, mais aussi la bourgeoisie nationaliste
et raciste, adulant le Kaiser et participant
à une guerre dénuée de sens. Son style très
47
C O MMU N AU T É
personnel fait de «La Grande Fauchaison»
un monument de la littérature yiddish.
Oser Warszawski, né en 1898 près de Varsovie, quitta la Pologne dans les années 20
pour Berlin, Londres puis Paris. Il participa
activement à la vie littéraire et artistique
de la capitale. En 1942, passant alternativement de résidence forcée en résidence
surveillée, il se réfugia à Rome où il fut
arrêté en 1944 par la police fasciste. Livré
aux Allemands, il fut déporté et assassiné à
Auschwitz le 10 octobre de la même année.
Il est une des figures centrales de la culture
yiddish du siècle dernier.
***
Explorations Talmudiques
Georges Hansel
Ed. Odile Jacob
48
Georges Hansel est mathématicien et professeur émérite à l’université de Rouen.
Gendre d’Emmanuel Lévinas, il a, parallèlement à ses travaux scientifiques, mené de
longues recherches sur l’exégèse juive.
Dans un livre clair, Georges Hansel veut
présenter le Talmud, son inspiration et ses
principes de base. En effet mal connue, cette oeuvre collective a été engendrée par la
réflexion de générations entières de nos Sages. L’auteur essaie de nous faire prendre
conscience que le Talmud est le résultat
de la tentative difficile de traduire un idéal
spirituel élevé dans notre comportement
quotidien.
Je ne résisterai pas au plaisir de vous citer
la dernière phrase de la conclusion: «Rabbi
Haïm de Volozin comptait ses livres parmi
ses «amis». L’un de ces amis a une place privilégiée. Ami fidèle d’entre les fidèles, il est
certes un peu secret, il a tendance à cacher
son jeu et il est de tempérament bourru. Mais
à ceux qui l’interrogent avec détermination,
il s’ouvre affectueusement, généreusement,
et il a tant à leur dire ! Voulez-vous vraiment
savoir son nom ? Je vais vous le dire. C’est
un nom commun devenu nom propre. En
français, on l’appellerait Etude, mais il préfère son nom hébreu : Talmud.»
***
Commentaire sur le Sefer Yetzira
Saadia Gaon
Ed. Verdier, Collection «Les Dix Paroles»
Le Sefer Yetzira est le plus ancien traité
hébraïque de cosmogonie où l’on traite exclusivement de la formation du monde. Attribué par la tradition à Abraham, puis par
les cabalistes médiévaux à Rabbi Aqiba, on
estime cependant qu’il fut composé entre le
3ème et le 6ème siècle. Sadia Gaon (882-942),
un des plus grands représentants du judaïsme gaonique, entreprit vers la fin de sa vie
de le paraphraser en arabe et de le commenter. Alors que le texte original est réputé
être un texte mystique, le commentaire de
Saadia Gaon fait appel à la philosophie et à
la raison. Sans doute a-t-il voulu commenter
le Sefer Yetzira, parce que ce livre était à son
époque le premier et le seul de la littérature
rabbinique qui traitait spécialement de la
création du monde, et c’était là un problème
brûlant et controversé, débattu très tôt par
Philon, les Pères de l’Eglise, et les péripatéticiens tant chrétiens que païens. Ces débats
se prolongèrent jusqu’à l’époque de Saadia
par la voix des philosophes musulmans, or
un esprit cultivé ne pouvait manquer d’apporter son tribut à la question. Le Commentaire de Saadia voulut défendre la doctrine
de la création ex nihilo contre ceux qui la
réfutaient. Il le fit par la voie de la raison
alors que les philosophes grecs l’avaient invoquée contre elle. La création demeure un
mystère. Faut-il tenter de l’élucider, ou fautil le voiler en adoptant une attitude résolument mystique ? Saadia Gaon fait toujours
appel à la raison, et jamais il ne cède à l’obscurité du texte.
***
le shofar
Ce peuple. L’existence juive.
Leo Baeck
Ed. Armand Colin
Le rabbin Leo Baeck (1873-1956) fut une figure emblématique de la communauté libérale
d’Allemagne, et par la suite des Etats-Unis
et du Royaume-Uni. Nous avons acheté ce
«livre-testament» parce qu’il vient de paraître en français, traduit par Maurice-Ruben
Hayoun. Mais nous présenterons une biographie plus détaillée de Leo Baeck et nous
commenterons plus amplement et de façon
plus chronologique son oeuvre dans un des
prochains numéros du Shofar.
Pour ceux qui cependant seraient impatients de lire ce dernier livre, qu’ils sachent
dans quelles circonstances il fut écrit. Le 27
janvier 1943, Leo Baeck alors âgé de 70 ans
fut déporté à Theresienstadt, il y demeura
jusqu’en mai 1945 lorsque le camp fut libéré
par l’armée rouge. Pendant toute la durée de
son internement, il fut le soutien moral de ses
co-détenus. Travaillant avec eux durant la
journée, il les réunissait souvent le soir pour
leur parler des sujets les plus divers, leur permettant ainsi de garder une vie intellectuelle
et de préserver leur dignité humaine.
La première partie de Ce peuple. L’existence
juive a été écrite dans le camp même de Théresienstadt, et doit être considérée comme
ayant été un moyen de combat constant pour
la survie de l’être humain dans un univers
cruel et barbare. La deuxième partie du livre
a été écrite en des temps différents, mais son
auteur nous dit que tout en étant un livre en
soi, il fait cependant partie du précédent car
lui aussi nous entretien de ce peuple, lui aussi nous parle de l’existence juive.
***
Eclipse d’Etoiles et Eli suivi de Lettres et
d’Enigmes en Feu
De Nelly Sachs, Traduction de Mireille
Gansel
Ed. Verdier
Ces poèmes ont été commentés dans un article paru dans le Shofar du mois de septembre
***
Lettre à un frère
Moïse Rahmani
Ed. de l’Institut Sépharade Européen
Ce petit livre d’environ 120 pages ne veut
sans doute rien ajouter de nouveau aux bibliothèques remplies de livres sur l’antisémitisme. Mais l’auteur a voulu, sous forme d’une
lettre au Pape Benoît XVI, exprimer avec ses
tripes son angoisse devant l’antisémitisme,
cette bête que l’on croit parfois morte et qui
toujours se réveille d’un sommeil que l’on
croyait définitif.
Cet ouvrage sera certainement très utile à
tous ceux qui, devant enseigner ou écrire,
voudront trouver rapidement les citations, tirées du Premier ou du Deuxième Testament,
qui fondent ou récusent l’antisémitisme religieux.
Moïse Rahmani, bien connu du Yishouv
bruxellois est né au Caire. Sa famille fut forcée au départ en 1956, et elle fait partie du
million de réfugiés des pays arabo-musulmans. Auteur de plusieurs ouvrages, il est
aussi le rédacteur en chef de la revue «Los
Muestros, la Voix des Sépharades» qui, depuis 1990, défend la langue et la tradition judéo-espagnoles.
■
***
49
C O MMU N AU T É
Quelques nouvelles d’Israël
et d’ailleurs
50
L’Etat d’Israël s’apprête à fêter ses 60 ans. Les
célébrations y seront placées sous le signe de
la jeunesse et les enfants seront au centre des
festivités. Plus que le passé, c’est ainsi l’avenir du pays qui sera mis en exergue.
En août 1897 se déroulait à Bâle le premier
congrès sioniste au cours duquel Herzl fut
élu président de l’Organisation sioniste mondiale dont l’objectif était de reconstruire un
foyer national sur la terre ancestrale d’Eretz
Israel. Dans son Journal, à la date du 3 septembre 1897, Herzl écrivit :
« A Bâle, j’ai fondé l’Etat des Juifs. Si je disais cela à voix haute aujourd’hui, un éclat
de rire universel me répondrait. Dans cinq
ans peut-être, dans cinquante ans sûrement, chacun pourra s’en rendre compte»
Cent dix ans plus tard, l’Etat d’Israël existe
et «est tellement dynamique et vivant que
personne ne peut prévoir la direction que
les choses vont prendre. Nous vivons dans
un pays qui se remet en question à chaque
instant, un pays qui n’est jamais satisfait
de lui-même».
Cette phrase est empruntée à un article sur
l’art contemporain israélien publié en août
dernier dans le magazine de Brussels Airlines, There, glissé dans les dossiers de fauteuils de sa flotte aérienne.
***
Le docteur Aribert Heim figurait encore en
deuxième position, sur la liste des dix criminels de guerre nazis les plus recherchés publiée en 2006 par le Centre SimonWiesenthal.
Le «boucher de Mauthausen» fut arrêté le 15
mars 1945 par les Américains, effectua deux
ans de travaux forcés dans une saline, puis fut
relâché en 1947, probablement en échange d’informations. Après avoir vécu quelques années
en bon père de famille et pratiqué la médecine
en qualité de gynécologue à Baden-Baden, Heim
disparu en 1962 lorsque la police allemande
s’apprêta à l’arrêter mais que prévenu de son
arrestation imminente, il parvint à lui échapper.
On l’aperçu ensuite en Egypte, travaillant pour
la police de Nasser, puis en Uruguay, dans un
sanctuaire d’anciens SS exfiltrés, en Amazonie,
à Ibiza. En 2005, Heim était encore donné résident au Chili. La police criminelle du Land de
Bade-Wurtemberg, suivie de l’Autriche la même
année, lança un nouvel avis de recherche assorti
d’une récompense pour sa capture. Cette traque
n’aurait plus de raison d’être : Heim serait mort
fin 1982, capturé au Canada, «jugé» et exécuté
à l’île de Santa Catalina au large de la côte californienne, par l’organisation clandestine « La
Chouette ». Celle-ci s’était donnée pour mission
de traquer et d’arrêter les derniers grands criminels nazis réfugiés clandestinement en Amérique du Nord et du Sud. Ses membres étaient tous
fils ou petits-fils de survivants de la Shoah.
Le mot d’ordre de La Chouette était «Souviens-toi, ne pardonne pas, poursuis-les pas
à pas». Ce qu’elle fera jusqu’à sa dissolution,
à la fin des années 1980, une fois son objectif
principal atteint.
Le dirigeant de « La Chouette », survivant
des camps, avait été victime du docteur Heim
qui, à Mauthausen, pratiquait la vivisection,
sans anesthésie, sur des détenus, leur retirant les organes l’un après l’autre, pour noter
leur temps de survie…
***
A propos de l’attentat de la rue Copernic, la probabilité de voir extradé vers la France pour y
le shofar
être traduit en justice le terroriste présumé en
être l’auteur est quasi nulle. Celui-ci, d’origine
libanaise, a obtenu la nationalité canadienne.
Or le Canada est connu pour sa réticence à extrader ses nationaux suspectés de crimes commis à l’étranger.
Aux difficultés procédurales s’ajoute le fait
que s’ils n’ont jamais baissé les bras, les policiers français savent qu’il leur faudrait produire
des éléments de preuve matériels (empreintes,
ADN...) qui, vingt-sept ans après l’attentat, sont
difficiles à obtenir. La famille du cinéaste israélien Micha Shagrir, qui a perdu sa femme Aliza,
alors âgée de 42 ans, dans l’explosion continue
de réclamer justice et à l’intention de saisir les
autorités israéliennes de cette affaire « pour en
savoir plus »
Le 3 octobre 1980, Micha Shagrir était en vacances à Paris avec son épouse et leur benjamin Haggai, 15 ans et demi. Ce soir-là, Aliza
avait voulu passer rue Copernic avec son fils
pour amener des friandises libanaises à une
amie. Elle fut tuée sur le coup ; son fils échappa
à la mort par miracle.
En 2001, le cinéaste israélien rencontra un policier français qui lui affirma que Paris ferait tout
pour retrouver les assassins ; on lui parla alors
de deux hommes vivant respectivement en Allemagne et… en Belgique.
Deux ans plus tard, Micha Shagrir s’entretint à
son contact français. Rien n’avait, depuis lors,
bougé, mais ce dernier lui répéta que l’enquête
ne serait jamais abandonnée.
***
Selon le quotidien français « Le Figaro », en
octobre dernier, le président polonais, Lech
Kaczynski, a décoré 53 personnes, la plupart
polonaises, pour avoir sauvé des Juifs durant la
Seconde Guerre Mondiale. Le journal précise,
par ailleurs, qu’un tiers des Roumains n’a jamais
entendu parler de la Shoa et que seul un tiers de
la population est conscient de ce que le génocide
des Juifs concerne également leur pays.
***
La plus grande synagogue d’Allemagne, bâtiment inauguré en 1904 puis incendié par les
Nazis et laissé à l’abandon sous la République
Démocratique Allemande, a rouvert ses portes
à Berlin. Situé dans le quartier de Prenzlauer
Berg, la synagogue, d’une capacité de 1.000
places assises, a fait l’objet d’une restauration
complète qui a duré sept ans. Comme nombre
d’autres édifices liés au judaïsme, elle avait été
incendiée le 9 novembre 1938, durant la « Nuit
de Cristal ».
Le ministre allemand de l’Intérieur, Wolfgang
Schäuble, a assisté à la cérémonie de réouverture de la synagogue berlinoise. Parmi les personnes présentes se trouvait une femme de 85
ans, Rita Rubinstein, qui refusait jusque-là de
remettre les pieds en Allemagne, après avoir
fui les persécutions nazies.
Ses parents s’étaient mariés dans cette synagogue en 1905 et elle s’y rendait régulièrement
elle-même dans son enfance.
***
L’Unesco vient de s’engager à garantir la pérennité de la mémoire de la Shoah et de lutter
contre le négationnisme. A l’origine, l’idée d’inscrire l’histoire et la mémoire de la Shoah ainsi
que la lutte contre le négationnisme parmi l’héritage mondial et les programmes d’éducation de
l’Unesco avait été proposé par Israël, l’Australie
et les Etats-Unis. Ensuite, de nombreux autres
pays ont apporté leur soutien à ce projet. Pour
l’ambassadeur d’Israël, il s’agit d’un tournant
historique qui va au delà du symbole : « Cela va
permettre de faire vérifier ce qui est écrit dans
certains manuels scolaires. (…) En prenant cette décision, l’Unesco prouve aussi qu’elle est une
organisation qui avance dans le bon sens. »
***
L’Union Libérale Israélite de France célèbre
son centenaire et organise, à cette occasion,
une semaine de festivités, en ce début du mois
de décembre, au cours desquelles des tables
rondes sont consacrées principalement au Judaïsme libéral en France. A noter la présence,
parmi les orateurs, de Jacques Attali, François
Zimeray ou encore Alexandre Adler.
■
JWH
51
C O MMU N AU T É
Au Musée Juif de Belgique :
Sarah et ses frères
Par Jacqueline Wiener
52
Ils sont trois Kaliski. Sarah, Chaïm et René.
Obsédés par la tragédie de l’Histoire. Hantés
par la Shoah.
Sarah, c’est la sœur. Elle est artiste peintre
et écrit. Ses tableaux racontent l’humain,
les Juifs, les morts. Ses textes dessinent
l’écrivain Marguerite Yourcenar, Rimbaud,
le sombre Céline. Et au détour de cet enchevêtrement de littérature et d’art pictural, une
porte ouverte sur une chambre et des lits vides. Ceux d’enfants disparus.
Chaïm, c’est l’aîné. Lui, il raconte la Shoah à
travers le prisme de Bruxelles. En sortes de
bandes dessinées et écritures à la Flupke. Et
pour mieux transmettre cette douloureuse
mémoire, il aligne aussi des scènes à l’encre
de chine en processions d’Ottomans, Khmers
Rouges, sbires de Milosevic, sans oublier les
Hutus, bien sûr.
René, c’est l’auteur dramatique de la fratrie.
Pièces de théâtre sur fond de fascisme, essais portant sur Israël sont au menu d’une
œuvre magistrale dont certains textes ont
été portés à l’écran.
Voilà donc tous les ingrédients artistiques de
cette extraordinaire famille créatrice servis
au plaisir des visiteurs qui découvrent la nouvelle exposition du Musée Juif de Belgique*.
« Sarah et ses frères » est mise en scène par
un excellent Christian Israël dont le talent
nous a été révélé à l’occasion de la précédente exposition, « Trajectoire et espaces
juifs », transformée pour l’heure en exposition permanente.
Le commissaire en est le professeur Jacques
Sojcher.
Ouverte au public depuis le 12 octobre dernier, l’exposition a été emménagée dans les
espaces récemment rénovés du deuxième
immeuble dont le musée a la jouissance, à
l’arrière de la bâtisse à front de la rue des Minimes.
« Sarah et ses frères » fermera ses portes, en
principe, le 25 février 2008.
Elle sera agrémentée d’activités muséales
ponctuelles, telles les excellentes conférences des « mardis du musée » dont nous vous
recommandons la lecture de la programmation sur le site www.museejuif.be.
Rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte : c’est une exposition magnifique ! ■
* 21 rue des Minimes à Bruxelles.
Heures d’ouverture de l’exposition et de la cafétéria : tous les jours, de 10 à 17 heures excepté Shabbat.
Entrée : 5 euros (seniors, étudiants et groupes : 3 euros/enfants en dessous de 12 ans : gratuit)
Visites guidées : 60 euros (dimanche : suppl. 10 euros)
le shofar
Un peu d’humour
Fatigués de porter le fardeau de la Loi, lassés
d’être le peuple élu et d’en payer le prix fort,
les Juifs décident de rompre l’Alliance et de
déposer tous leur livres au pied du Mont Sinaï.
Ils viennent de partout, les bouquins s’entassent et finissent par dépasser le sommet de la
montagne.
Dieu apparaît aux Juifs et, abasourdi, Il tonne et gronde: «Mais enfin, je ne vous ai jamais
donné tout ça !»
***
The Bus from Bnai Brak to Jerusalem, was
nearly full with all Hassidim. At the last Bnai
Brak stop, a pretty young girl in a skimpy outfit boards the bus. With no seat left she has to
sit next to a Hassid. He squirms a while, then
reaches into hisknapsack and hands her an
apple.
«What’s this?» she inquires.
«An apple.»
«Why did you give me an apple?» she persists.
«Because until Eve ate the apple, she didn’t
realize she was naked!»
The next morning, she again boards the same
bus making the same run to Jerusalem. She
is better attired, and sits next to the same
Hassid, and hands him an apple.
«What’s this?» he asks suspiciously.
«An apple,» she shoots back.
«Why an apple?» he inquires.
«Because until Adam ate the apple, he didn’t
know he had to work for a living.»
***
Salomon court tellement de tous côtés pour
son activité professionnelle que très fréquemment, il éprouve de réelles difficultés
à dénicher une synagogue dans le patelin où
il se trouve. Ce jour là, il éprouve un besoin
important d’arrêter un instant son ouvrage
et de s’en aller prier. Mais comme de synagogue, il n’y en a point, il décide qu’une église
fera l’affaire : près tout, l’omniprésence divine ne signifie-t-elle pas que Dieu est partout?
Il entre donc dans l’église du coin, arrime
fermement son yarmulke sur son crâne, s’enveloppe dans son talith et commence à prier.
Le curé entre à ce moment là par une porte
dérobée, de dirige vers le centre de l’estrade,
manifestement prêt à commencer l’office et
lève lentement les bras en signe de bienvenue
aux fidèles. Mais il interrompt son geste, au
son d’un murmure peu discret en provenance
de la zone où prie Salomon. Au bout de quelques instants d’attente appuyée, le prêtre
s’exclame : « Les non catholiques sont priés
de sortir s’il vous plaît ». Salomon continue
à psalmodier. « S’il vous plaît, les non catholiques pourraient-ils sortir ? » Personne ne
bouge et Salomon prie toujours. Finalement
excédé, l’officiant sort d’une voix tonitruante : « Est-ce que TOUS les Juifs pourraient
sortir, s’il vous plait ? ». Salomon se redresse
brusquement, ôte prestement talith et yarmulke. Puis d’un preste pas, se dirige vers
une niche, y attrape la statuette de Jésus
bébé qui était déposée entourée de bougies
odorantes, cale l’enfant de bois sous son bras
et lance à la cantonade : « Viens mon petit, ils
ne veulent plus de nous ici ! »
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In f o r m at i on s u t i l es
VIE COMMUNAUTAIRE
OFFICES DE CHABBAT
Vendredi à 20h et samedi à 10h30
■
Talmud tora et preparation a la bar/bat mitsva
Tous les mercredis après-midi. Voir calendrier.
■
Cours adultes et cercles d’etude
Contactez Rabbi Abraham Dahan ou Rabbi Floriane Chinsky
■
Yiskor
Si vous voulez être tenus au courant des dates de Yiskor
pour des membres de votre famille, contactez Giny ( 02.332.25.28
SOCIÉTÉ D’INHUMATION
A.S.B.L. GAN HASHALOM
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Le jour A Beth Hillel ( 02.332.25.28
Le soir Rabbi Floriane Chinsky ( 0485.428.490
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et ayant adhéré à la société d’Inhumation
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