
le shofar
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L’histoire raconte que Franz Rosenzweig, le 
philosophe allemand, désirait se convertir 
au christianisme. Mais, avant de franchir le 
pas, il est entré une dernière fois dans une 
synagogue un soir de kippur, et a renoncé à 
son projet de conversion. Histoire curieuse 
d’un revirement, d’un retour, du renoncement 
à changer de cap à la dernière minute.
Parmi les philosophes du XXème siècle, 
Rosenzweig a été éclipsé par Heiddeger, 
Sartre et Lévinas. Cependant, il a développé 
une pensée qui a pavé le chemin de ses suc-
cesseurs. Par ailleurs, sa pensée s’est éga-
lement cristallisée dans la symbolique de 
l’étoile de David, reprise en couverture de 
ce numéro du Shofar.
Dans le triangle dont la pointe est dirigée vers 
le haut, il utilise chaque angle pour représen-
ter: au dessus, le divin, en bas à gauche, le 
monde, en bas à droite, l’individu. Chaque 
angle du triangle dont la pointe est dirigée 
vers le bas est prise entre deux angles du 
triangle dont le pointe est dirigée vers le haut:
-  La pointe inférieure représente le lien entre 
l’individu et le monde: la rédemption
-  La pointe de droite représente le lien entre 
Dieu et l’individu: la révélation
-  La pointe de gauche représente le lien entre 
Dieu et le monde: la création
Chaque année, les fêtes de Tishri et Sukhot 
nous ramènent dans ces triangles, dans 
l’humble position inférieure à droite. Fêtes 
de retour sur soi et sur ses actions, fêtes de 
retour vers les autres, ou l’Autre, quand nous 
nous efforçons de remettre les choses à plat 
pour un nouveau départ, rechargés de l’éner-
gie estivale.
Cette édition du Shofar s’inscrit pleinement 
dans les six éléments mis en place par Franz 
Rosenzweig.
Notre président exécutif, Philippe Lewkowicz 
dresse le bilan de l’année écoulée et des défis 
et des perspectives qui s’ouvrent pour nous 
en 5773. Comment Beth Hillel désire-t-elle 
se profiler pour sa communauté, pour le yis-
houv, et pour le monde qui nous entoure?
Gilbert Lederman, président du conseil d’ad-
ministration et notre Rabbin Marc Neiger 
abordent pour nous, de deux points de vues 
différents, les nouveaux siddourim que nous 
commencerons à utiliser après les fêtes aus-
tères. Une manière de chercher et retrouver 
notre place dans la prière et dans notre rap-
port au divin, que ce rapport soit individuel 
ou collectif/communautaire.
Le monde repose sur 36 Justes, dit la tradi-
tion. Mais d’où lui vient une telle affirma-
tion? Henri Lindner a décortiqué pour nous 
les textes à l’aide d’outils peu usuels: un défi 
à aborder la lecture de notre Torah comme 
nous ne sommes pas habitués à le faire. Une 
méthode (la Guematria) qui ne remplace pas 
les autres, mais qui nous laisse perplexes. 
Comme quoi le texte de la révélation demande 
à être perpétuellement revisité et réinterprété 
avec des méthodes toujours nouvelles.
Dans le même courant qui s’interroge sur 
notre rapport à la révélation, Ralph Bisschops 
nous invite à une relecture des vestiges 
Action et réflexion au cœur 
des interactions par Luc Bourgeois