Résumé KeyLIME Responsable : Jonathan Sherbino Date de diffusion : Do Learners Really Know Best? Urban Legends in Education Référence : Kirschner PA1, van Merriënboer J.J.G2. Do Learners Really Know Best? Urban Legends in Education. Educational Psychologist 2013 48(3):169-83. Établissements auteurs : 1 Centre for Learning Sciences and Technologies, Open University of the Netherlands, Heerlen, Pays-Bas 2 Department of Educational Development & Research and Graduate School of Health Professions Education, Maastricht University, Maastricht, Pays-Bas Marqueurs Domaine clinique Général Domaine éducatif Formation et apprentissage Formation pré (post) doctorale Contexte À l’instar de la psychologie sociale, la théorie de l’éducation semble intuitive, si l’observateur se limite à la surface, sans aller plus loin. La littérature dans ce domaine peut refléter des opinions « basées sur le bon sens » et non sur des faits, ou n’ayant même aucun « sens ». La théorie de l’apprentissage chez l’adulte de Knowles en est un bon exemple. De prime abord, elle semble cohérente (les adultes se fixent des buts à atteindre, sont motivés, ont une approche pratique, etc.). Ces affirmations ne reposent sur aucune preuve concluante et font partie de plusieurs mythes tenaces qui nuisent aux politiques et aux pratiques d’enseignement. Objectif Cette revue narrative vise à casser trois mythes dans le domaine de l’éducation : • Les membres de la génération numérique n’utilisent que les nouveaux médias et font fi des médias traditionnels; • Chaque apprenant possède son propre style d’apprentissage; • L’autoapprentissage devrait être favorisé. Type de document S.O. Principales caractéristiques de la méthodologie Cette « revue narrative » est plus vraisemblablement un éditorial, qui fait état de publications servant les prétentions des auteurs. Même si la preuve à l’appui de ces prétentions est de nature générale et de grande qualité, l’absence de revue systématique de l’ensemble de la preuve fait que cet article risque d’être très biaisé. (Comme je suis d'accord malgré tout avec les affirmations des auteurs, veuillez ignorer la phrase précédente. Qu’entend-on encore par biais de confirmation?) Principaux résultats Les membres de la génération numérique (ou « homo-zappiens » ou génération Internet) savent utiliser les nouveaux médias • Ce groupe sociologique peut ne pas exister. En dépit de la facilité d’accès à la technologie, dans de nombreuses études, le recours à la technologie se limite aux fonctionnalités de base. On a rarement recours aux fonctionnalités poussées des nouveaux médias pour accroître l'efficacité de l'apprentissage. • La plupart du temps, la technologie sert à télécharger passivement de l’information (c.-à-d. accès à Wikipédia, télécharger des notes de lecture en format PDF). • Ce groupe semble toutefois présenter un défaut : « passer d’une information à l’autre à l’écran, utiliser ou non des éléments d’information (hyperliens), aller rapidement au prochain élément d’information, sans but et sans être conscient de la valeur de cet élément ». • La supposée capacité de multitâche de cette génération est incompatible avec la neuroscience. Exécuter plusieurs tâches à la fois ne permet d’accomplir qu’une seule tâche, les autres étant exécutées de manière automatique (inconsciemment). Ce qui est plus vraisemblable, c'est le passage rapide d’une tâche à l'autre, qui, semble-t-il, nuit à l’apprentissage lorsqu’on le compare à l'apprentissage sériel. Styles d’apprentissage • Les gens supposent à tort que leur style d'apprentissage est visuel/auditif, holiste/analytique, impulsif/réflectif, etc. Les méthodes d’enseignement devraient donc être adaptées en fonction du style d’apprentissage. • Classer un apprenant dans une catégorie précise et non dans un spectre est sans fondement : o Les différences dans les modèles cognitifs sont graduelles et non nominales; o Les données pour apparier un apprenant à un style d’apprentissage sont en général superficielles (c.-à-d. autoévaluation); o Le grand nombre de styles d’apprentissage donne lieu à plusieurs recoupements sans objet clair (71 styles dans une revue). • Il n’existe aucun fort élément de preuve de corrélation entre le style que préfère l'apprenant et les résultats de l’apprentissage. Autoapprentissage • La googlification de l’apprentissage indique que tout le savoir est à la disposition de l’apprenant et que les enseignants n’ont qu’à leur montrer à y avoir accès. De plus, comme la durée du savoir est réduite, le contenu d’apprentissage a peu de valeur. Cependant, l’obsolescence du savoir ne va pas de pair avec l’acquisition du savoir. La culture informationnelle (trouver, • • • évaluer, organiser et utiliser l’information) n’est pas innée. Le savoir antérieur exerce une grande influence sur la sélection et l’interprétation du savoir futur. Sans de solides connaissances de base, l’autodidacte sera indûment influencé par le nouveau savoir. Un nombre considérable de recherches portent à croire que permettre l’autodidactisme (c.-à-d. l’heutagogie) peut mener à un dérèglement et rendre l'apprentissage inefficace. Trop de choix peut nuire à l’apprentissage. Principales conclusions Selon les auteurs… « La popularité des légendes urbaines dépeint les sciences de l’éducation comme un charabia scientifique, qui complique la mise en application d’importantes innovations dans le domaine de l’éducation…. La très grande complexité de ce domaine doit se refléter dans ses théories (…) en fonction des recherches programmées et des travaux de nombreux chercheurs et praticiens, à l’aide de diverses méthodes de recherche, allant des études qualitatives ou exploratrices aux essais aléatoires contrôlés et à grande échelle. Passer de modèles éducatifs fondés sur des légendes urbaines et la pseudoscience à des modèles fondés sur des faits et la science exige de faire preuve d’avant-garde. » Commentaires supplémentaires à l’intention des cliniciens enseignants Cet article rappelle aux cliniciens enseignants la psychologie cognitive et de l’enseignement qui appuie la formation médicale. Sans fondement théorique, nos innovations sont carrément inefficaces.