Actes du colloque « Nouvelles tendances en communication organisationnelle »,
77ème Congrès de l’ACFAS, Université d’Ottawa, 14-15 mai 2009.
Aborder les recherches en communication des organisations depuis quinze ans nous invite donc à
noter deux tendances importantes, qui se répondent en quelque sorte :
- les orientations de recherche sont centrées sur une critique du pouvoir dans l’organisation, aussi
bien que sur
- les interactions de manière générale.
Il nous reste un autre aspect à mentionner concernant ces évolutions en matière de recherche : la
progressive et réelle construction épistémologique des objets de recherche en communication des
organisations.
. Affirmation d’une construction épistémologique de l’objet de recherche
Quelle valeur heuristique accorder aux objets professionnels dans les organisations ?
A mesure qu’elles se sont développées, les recherches situées en communication des organisations
ont fait passer insensiblement l’objet concret, objet donné, hétéroclite, objet réel défini comme tel,
vers un objet construit, exprimable non plus de façon simplement thématique, mais sur le mode
d’un concept opératoire. Le passage de l’objet pratique à l’objet de recherche pose la question de la
problématique de recherche pour le chercheur. Il s’interroge alors non plus sur l’objet brut, mais :
- sur la manière dont sont construits les supports de communication,
- à quelles fins,
- avec quels modes de coordination sous tendus,
- sur les manières dont ils sont mobilisés,
- sur le rôle joué par les individus et les collectifs dans leur création,
- sur les choix opérés par les personnes, autour de ces objets, pour définir des principes communs
d’action.
Ainsi, l’objet technique, empirique, existe, et recoupe plusieurs formes pour exister : trace écrite,
trace électronique, etc. Or c’est l’objet qui représente dans le champ des SIC et de la
communication des organisations le « point inducteur », nous explique Jean Davallon (Davallon,
2001). Il est en effet d’abord « objet concret », en tant que celui-ci est issu de la mise en oeuvre
de techniques, de réseaux électroniques, et qu’il possède un usage social. Soit donc un objet
empirique simple : ie. le livre, l’annonce publicitaire, le journal d’entreprise, un événement, une
organisation, des systèmes d’information, des chartes éthiques, etc. Ces objets sont vus comme
ayant une visée informationnelle ou communicationnelle. Le propos du chercheur consiste à les
aborder sous l’angle de la production d’interfaces, ou de leur lisibilité (quel écrit, quelle mise en
page, quelle diffusion, quels usages, etc.). La perspective retenue dans les recherches sur les
organisations, là encore, n’est pas seulement technique, et si l’on va vers la technologie
proprement dite des machines, ou celle de la fabrication de ces supports, nous sortons des SIC.
Pour terminer sur la spécificité de ce qui nous semble constituer l’approche SIC pour construire
des objets de recherche en organisations, voici ce qu’il peut en être de la compréhension de
l’organisation. Si nous allons vers l’analyse organisationnelle du fonctionnement de ces
constructions d’organisation, nous irons vers la sociologie. Si nous focalisons vers les acteurs de
l’organisation, ce sera de la psychologie. Mais si nous utilisons ces outils pour comprendre
comment ces organisations se matérialisent dans des dispositifs (l’organisation de la gestion de
l’information dans une entreprise, l’impact des discours sur les acteurs, l’analyse des
comportements des agents), nous allons en revanche vers les SIC. Ainsi, nous nous éloignons
4