Actes du colloque « Nouvelles tendances en communication organisationnelle »,
77ème Congrès de l’ACFAS, Université d’Ottawa, 14-15 mai 2009.
« promouvoir une vision ambitieuse du métier de la communication interne » et « d’explorer les
possibles »5, il s’agit pour l’association d’être à la fois dans l’action et dans la réflexion, dans
l’empirie et la théorie.
La logique de ces trois éléments constitutifs de la singularité de l’AFCI est de faire « partager
une vision du métier de la communication interne » et d’en « porter les valeurs », d’en « explorer
les possibles » et d’en « repousser les frontières »6. Dans le même sens, la « vocation » de la
revue, en soutien de l’association, est bien « d’enrichir les connaissances, d’élargir la vision et
de stimuler l’action de ses lecteurs » (Labasse, 1997, p.3). Enrichir, élargir, stimuler, autant de
termes témoignant de l’ouverture de l’AFCI.
2- La communication d’entreprise, entre poids de l’image et montée du social
À la généalogie en trois temps de l’AFCI, aux trois éléments de sa singularité, répondent en
réalité trois moments de ce qu’a été le développement de la communication d’entreprise ces
dernières années. Trois moments qui scandent une évolution, une transformation et une tension
entre l’image et le social7.
Premier moment, l’éclosion. La communication d’entreprise se déploie dans les années 80 selon
nous pour deux raisons principales : la concurrence et la contestation socio-politique de l’après
68. Un nouveau paysage économique pousse à la libéralisation des marchés et à la concurrence.
Portant des enjeux d’image, de distinction, de différenciation, la concurrence concourt
puissamment à faire émerger la communication d’entreprise. La contestation vivace de
l’entreprise constitue un autre déclencheur. En effet, la critique de l’entreprise est sous-tendue à
la fois par une forte critique sociale, marquée par le refus de l’exploitation taylorienne, et par une
critique que certains ont appelée “artiste”8 autour du rejet de l’aliénation. Les entreprises
cherchent de nouvelles réponses et le développement organisé de la communication promet de
porter une nouvelle image tant à l’externe qu’à l’interne. À l’origine, c’est donc bien pour des
raisons à la fois économiques, sociales, voire culturelles, qu’il importe à ce moment-là pour
l’entreprise d’être distinguée et d’être ré-enchantée. Le parti pris de la communication
d’entreprise est alors de tout miser sur l’image. Il faut valoriser, revaloriser une image ancienne
mais le plus souvent négative. Sous l’égide des toutes nouvelles directions de la communication,
le déploiement s’opère sur deux fronts : à l’externe (la publicité décolle, singulièrement la
publicité institutionnelle qui joue sur l’image globale) et au sein même des entreprises. Dans ces
dernières, il s’agit de faire évoluer les représentations des salariés à partir de tout un arsenal de
supports et de dispositifs faussement participatifs. Les premiers pas de la communication
d’entreprise font la part belle aux opérations d’éclat, aux coups médiatiques, à la mise en forme.
Le primat est donné à l’image, la belle image, l’image valorisante, le discours mélioratif.
Deuxième moment, la professionnalisation. Après des débuts assez flamboyants, le contexte
change. Les opérations de séduction et d’enchantement font face à une nouvelle donne. La
5.. Voir le site de l’association (http://afci.asso.fr/): rubrique Publications puis Référentiel.
6.. Voir le site de l’association (http://afci.asso.fr/): rubrique L’Association puis Missions.
7.. Voir Jean-Marie Charpentier, « Communication d’entreprise, de l’image au social », COMMUNICATION ET LANGAGES, Paris, n°149
vol.3 septembre 2006, pp.113 à 121.
8.. Voir Luc Boltanski et Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, édition Gallimard, Paris, 1999.
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