Ecole Normale Supérieure de Lyon Université de Lyon Licence de Physique, Parcours Sciences de la Matière, A. A. 2011-2012 Première exploration du monde quantique TD6: Principe d’incertitude, opérateur de translation, et molécule d’ammoniac 1 Le principe d’incertitude position-impulsion et ses conséquences L’inégalité d’Heisenberg liant les incertitudes sur la position et sur l’impulsion pour tout état quantique, ~ ∆x∆p ≥ (1) 2 induit typiquement à faire la considération suivante: si une particule est confinée sur une échelle de longueur caractéristique ∆x, elle aura nécessairement une énergie cinétique finie, associée à une “agitation quantique” qui persiste même dans l’état fondamental, et qu’on appelle le “mouvement de point zéro”. On estime cette énergie cinétique comme E0 ≈ (∆p)2 2m (2) avec ∆p ≈ ~/(∆x). On verra dans la suite des cours et des TDs que cette estimation est quantitativement correcte. Ici on en explore certaines conséquences. 1.1 On considére une particule à une dimension, piégée dans un potentiel extérieur parabolique, V (x) = (1/2)mω 2 x2 . Calculer l’incertitude ∆x qui minimise son énergie totale (le résultat donne une longueur caractéristique, qu’on appelle la longueur de l’oscillateur harmonique). 1.2 Une des plus étonnantes conséquences de cette inégalité est la stabilité de la matière. En effet, l’un des problèmes du début du XX siècle était qu’un électron en rotation autour de son noyau (image classique de l’époque) devait perdre de l’énergie par rayonnement (Bremsstrahlung) et donc s’écrouler très rapidement sur celui-ci. En considérant l’énergie totale de l’électron E= p2 q2 − 2me 4π0 r (3) en déduire son énergie minimum, ainsi que la position correspondante, puis faites l’application numérique dans le cas de l’atome d’hydrogène : est-ce-que ça vous rappelle quelque chose (mettre l’énergie en eV et la position en Å, si ça peut vous aider)? Et d’où vient la stabilité de la matière ? 1 2 Commutateur position-impulsion généralisé En utilisant la propriété du commutateur [ÂB̂, Ĉ] = Â [B̂, Ĉ] + [Â, Ĉ] B̂ (4) calculer [x̂n , p̂] (Suggestion: par récurrence). Montrer donc que, pour toute fonction f (x̂) [f (x̂), p̂] = i~ f 0 (x̂) . 3 (5) Opérateur de translation des fonctions Démontrer que d f (x − ∆x) = e−∆x dx f (x) . 4 (6) Polarisabilité de la molécule d’ammoniac Dans la molécule d’ammoniac NH3 les hydrogènes forment un triangle équilatéral, et l’azote occupe une position au dessus ou en dessous du centre du triangle. Si la molécule a une faible énergie d’excitation, on peut modéliser l’espace d’Hilbert associé aux mouvements de vibration comme restreint à deux seuls états, “up” |U i et “down” |Di, comme montré en figure. Même si une barrière d’énergie separe les deux états, l’atome d’azote peut “tunneler” entre U et D, comme on apprendra dans la suite du cours et des TDs. Le Hamiltonien du système peut être donc decrit dans la forme suivante (à justifier): Ĥ0 = −η (|U ihD| + |DihU |) + E0 (|U ihU | + |DihD|) (7) N d� H H d� |U � H |D� Figure 1: Deux états de la molécule d’ammoniac NH3 - la flèche indique le moment dipolaire associé. 4.1 Diagonaliser le Hamiltonien et calculer ses vecteurs propres. Ecrire le Hamiltonien en terme de matrices de Pauli et de l’identité. Est-ce que ce Hamiltonien vous est familier? Quelle serait l’évolution du système si au temps t = 0 on prépare la molécule dans l’état |U i? 4.2 On considère l’opérateur moment de dipole électrique: dˆ = d0 (|DihD| − |U ihU |) ˆ = 0 pour les deux états propres de Ĥ0 . Montrer que hdi 2 (8) 4.3 Si on applique un champ électrique E à la molécule, son Hamiltonien se transforme en Ĥ = Ĥ0 − E dˆ . (9) Diagonaliser le Hamiltonien et calculer les valeurs propres. (Suggestion: exprimer le nouveau Hamiltonien via des matrices de Pauli). Tracer les énergies des deux états propres en fonctions de E. Pourquoi est-ce que, à votre avis, on parle d’un “croisement de niveaux évité”? 4.4 Montrer que, pour un état |ψi quelconque ˆψ =− hdi ∂hĤiψ . ∂E (10) En déduire le moment de dipole associé aux deux états propres. Dans la limite des faibles champs d0 E η, calculer la polarisabilité de la molécule, χ = ˆ (∂hdi/∂E) E=0 pour les deux états propres. Discuter sa dépendence en η. 3