Afin d’adapter le traitement, le praticien doit procéder à un interrogatoire
minutieux de la famille pour une évaluation des symptômes (mode de survenue, type,
intensité, évolution dans le temps, association à d’autres symptômes, retentissement sur
la vie quotidienne du patient et sur les aidants et degré de dangerosité) et du terrain du
patient (sa personnalité, ses antécédents médico-psychiatriques, les déficits sensoriels,
les traitements, le type de la démence et son stade).
Il peut avoir recours à des outils psychométriques tels que l’inventaire
neuropsychiatrique (NPI), évaluant douze symptômes parmi les plus fréquents au cours
de la démence ou le Geriatric Depression Scale (GDS), évaluant la dépression chez le
sujet âgé.
Suite à cette première étape, le praticien doit essayer de donner un sens aux
symptômes par la recherche des facteurs étiologiques et notamment de ceux qui peuvent
être corrigés (douleur, rétention vésicale chez l’homme, constipation récente, troubles
hydro-électrolytiques ou métaboliques, infection, dysthyroïdie, anémie sévère, causes
toxiques, iatrogénie, décompensation d’un trouble psychiatrique préexistant, facteur de
stress psychologique ou tout simplement changement d’environnement).
Un examen clinique est nécessaire. Un bilan biologique peut être demandé en
fonction des signes d’appel.
Le recours à l’hospitalisation est à éviter. Il est indiqué dans un service de
médecine s’il existe un engagement du pronostic vital ou fonctionnel ou devant des signes
confusionnels. L’hospitalisation en milieu psychiatrique reste aussi un dernier recours en
cas de situations de dangerosité difficilement contrôlables. Le recours à la contention
physique doit rester aussi exceptionnel, indiqué en cas d’échec des mesures
thérapeutiques et présence d’un danger majeur à court terme.
La prise en charge proprement dite s’appuie sur les approches non
pharmacologiques, à privilégier en première intention, et sur les traitements
pharmacologiques instaurés en deuxième intention.
1. Les stratégies non pharmacologiques
Ce sont des approches globales qui visent à traiter mais surtout à prévenir les
troubles psycho-comportementaux. Elles impliquent plusieurs intervenants : médecin
traitant, psychiatres ou psychologues, orthophoniste, membres de la famille, et ce dans
des structures diverses : les consultations de mémoire, les hôpitaux de jour, les unités de
soin Alzheimer ainsi que les structures d’hébergement. Elles ont plusieurs cibles :
- Cibles affectives et émotionnelles : il faut instaurer une thérapie de soutien au
patient notamment au cours des stades précoces de la maladie avec écoute empathique,
conseils rationnels et réassurance. L’éducation des aidants naturels est aussi nécessaire,
leur permettant de mieux comprendre les symptômes de la maladie et à mieux
communiquer avec le patient. Parfois des moments de répits sont à favoriser pour éviter
les situations de crise.
- Cibles environnementales : il s’agit d’adapter le lieu de vie des patients en
assurant un environnement sécurisé, des repères familiers, un éclairage adapté, des
signalétiques et en évitant la sur-stimulation sensorielle et la promiscuité.
- Cibles comportementales et cognitives en ayant recours à des thérapies
occupationnelles. Ces dernières visent à maintenir le patient dans la réalité et l’aident à
développer ou maintenir les habilités nécessaires pour participer à la vie quotidienne :
maintenir une certaine routine, prévenir les attitudes régressives en renforçant les
comportements et les automatismes adéquats, préserver le lien social, mettre en place
des activités de stimulation (sorties à la lumière du jour, musicothérapie, bains chauds,
etc.)
2. Les approches pharmacologiques
a) Les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase