Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire - 2010 ; 14 : 29-34
Staging ganglionnaire médiastinal
C. Perigaud et Coll.
Chirurgie Thoracique
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résolution du Tep scan. Un patient comportait un site 2R
positif au Pet scan alors que l’atteinte métastatique mesurait
2mm de grand axe. Etant donné la limite de résolution du
Tep scan, nous nous serions plutôt attendus à un faux négatif
pour ce site 2R. Ce patient avait également une atteinte
métastatique supra centimétrique des ganglions des sites
4R et 7, ce qui a permis de le classer en vrai positif. Nous
pensons que le site 2R était également envahi massivement,
mais qu’en raison de notre technique de curage ganglionnaire,
cette atteinte n’a pas été reconnue correctement. En effet,
nous prélevons les sites 2R et 4R en bloc puis nous les
orientons par un fi l repère avant d’adresser les ganglions
au service d’anatomopathologie. En raison d’une erreur de
repérage, l’analyse histologique a dû porter sur une mauvaise
zone. Pour éviter de renouveler cette erreur, nous séparons
dorénavant les sites 2R et 4R au bloc opératoire avant de les
adresser au service d’anatomopathologie.
Nous avons choisi arbitrairement comme critère discriminant
un seuil de SUV max supérieur à 3. La SUV max est un
critère souvent utilisé dans les études qui analysent les
ganglions médiastinaux des patients atteints d’un cancer
bronchique non à petites cellules [13, 15, 16]. C’est un
critère quantitatif qui semble permettre une meilleure
reproductibilité, entre différents opérateurs, des mesures
de la fi xation tumorale du 18FDG [17]. Le seuil de SUV
max retenu comme étant signifi catif pour les ganglions
médiastinaux est généralement de 2,5 [6, 13, 15]. C’est un
seuil choisi arbitrairement: Bryant et al. [15] ont montré à
l’aide d’une analyse ROC (receiver operating characteristic)
qu’un seuil de 5,3 augmente la précision du Tep Scan alors
que Tournoy et al. [11] ont retenu un seuil de 2,9. Dans
notre étude, nous n’avons pas pu réalisé d’analyse ROC car
le nombre de patients était insuffi sant. Cependant, un seuil
de SUV max proche de 5 nous semble plus pertinent. Les
faux positifs disparaîtraient, sans diminuer le nombre de
vrais positifs. Ainsi la sensibilité resterait identique mais la
spécifi cité et la valeur prédictive positive atteindrait 100% et
la valeur prédictive négative augmenterait à 88%.
D’autres équipes utilisent une analyse qualitative en retenant
comme positif les sites ganglionnaires médiastinaux qui
fi xent plus le 18FDG que les structures avoisinantes [10, 18].
Tounoy et al. [11] a évalué trois critères quantitatifs ( SUV
max, SUV moyenne et rapport de la SUV max/ SUV foie)
pour l’analyse des ganglions intra-thoraciques médiastinaux
et pulmonaires. La précision du Tep scan est identique en
utilisant ces trois critères. Cette précision est supérieure à
celle du scanner thoracique mais n’est pas suffi sante selon
cette équipe pour déterminer avec exactitude le staging
ganglionnaire des patients atteints d’un cancer bronchique
non à petites cellules.
Dans notre étude, la taille moyenne des ganglions
médiastinaux prélevés au cours de la chirurgie et mesurés par
la tomodensitométrie thoracique était infra centimétrique.
Nous avons utilisé la tomodensitométrie thoracique non
injectée du Tep scan hybride pour l’analyse des dimensions
des ganglions médiastinaux. L’analyse d’un scanner non
injecté rend la distinction des ganglions des autres structures
médiastinales plus diffi cile, en particulier pour les stations
5 et 9. Certains ganglions n’étaient pas mesurables sur les
images du scanner alors qu’ils ont pu être prélevés au cours
de la chirurgie. Tous les patients avaient été adressés dans
notre centre avec un scanner thoracique injecté mais ces
scanners avaient été réalisés avec des appareils et selon des
protocoles différents. Il nous paraissait éthiquement diffi cile
de renouveler un scanner thoracique injecté, uniquement
pour obtenir une mesure plus précise des dimensions des
ganglions médiastinaux. La dimension de ces ganglions est
une donnée fondamentale pour l’analyse du Tep scan [19,
20] . De Langen et al. [20] a montré que si les ganglions
négatifs au Tep mesuraient plus de 16 mm, la probabilité
d’être N2 est de 21%. En revanche, si les ganglions négatifs
au PET mesuraient de 10 à 15 mm, la probabilité d’être N2
est de 5%. Les patients de notre étude avaient été sélectionnés
pour une prise en charge chirurgicale. Cette sélection a été
faite sur les possibilités de résection de la tumeur primitive
et sur l’absence d’extension médiastinale de la maladie au
scanner thoracique et au Tep scan. En cas de Tep scan positif
sur les ganglions médiastinaux homolatéraux et en l’absence
d’élargissement de ces ganglions, généralement nous
proposons une prise en charge chirurgicale des patients sans
staging invasif supplémentaire. En revanche, si le Tep scan est
positif sur les ganglions médiastinaux homolatéraux et que
ceux ci sont augmentés de taille, nous réalisons toujours un
staging ganglionnaire invasif. Nous avons donc sélectionné
et opéré essentiellement des patients dont les ganglions
médiastinaux étaient infra centimétriques. Nécessairement,
dans cette situation, si ces ganglions sont envahis, les
dimensions de l’atteinte métastatique sont proches du seuil de
résolution du Tep scan. Ceci explique donc le nombre élevé
de faux négatifs, et ainsi la faible sensibilité du Tep scan dans
notre étude. En revanche, les études [11, 15] qui évaluent
le staging ganglionnaire médiastinal par le Tep scan d’une
cohorte de patients opérables et non opérables obtiennent
des sensibilités et des spécifi cités de plus de 80%. Pour les
patients non opérables qui ont une maladie plus avancée, la
sensibilité du Tep scan est certainement bien meilleure. Ainsi,
la sensibilité dans ces études est nécessairement supérieure à
celle retrouvée grâce à une cohorte de patients opérés. Nous
pensons que ce point est l’élément clef de notre étude. La
précision du Tep scan dépend directement de la population
étudiée. Les résultats obtenus pour une cohorte de patients
opérés ne peuvent pas être comparés à ceux obtenus pour
une cohorte de patients traités médicalement.
Limitation de l’étude :
La principale limitation de cette étude est liée à la puissance
statistique de nos résultats, en particulier de la sensibilité et
de la valeur prédictive positive. L’intervalle de confi ance à
95% est de près de 60%. Les résultats de notre étude ne sont
que préliminaires. Nous poursuivons encore actuellement
cette étude afi n d’augmenter la puissance statistique de nos
résultats.
La sensibilité et la valeur prédictive positive du Tep scan
hybride au 18FDG pour le staging ganglionnaire médiastinal
des patients atteints d’un cancer bronchique non à petites
cellules opérables sont faibles lorsqu’un seuil de SUV max à
3 est retenu. En cas de ganglions médiastinaux positifs alors
un staging ganglionnaire médiastinal invasif doit être réalisé
afi n d’éliminer un faux positif du Tep scan. La spécifi cité et la
valeur prédictive négative sont élevées. En cas de ganglions
médiastinaux négatifs, alors les patients peuvent être opérés
sans staging ganglionnaire médiastinal invasif.
Un seuil de SUV max proche de 5 permettrait d’augmenter
la précision du Tep scan mais ces résultats sont à confi rmer.