224 É. Gaudron / Journal of Number Theory 127 (2007) 220–261
Soit G1,...,G
ndes groupes algébriques (connexes) commutatifs définis sur ket g1,...,g
n
leurs dimensions respectives. Soit Φi:Gi$→PNi
kun plongement de Gidans l’espace projec-
tif PNi
k. En particulier, les degrés et fonctions de Hilbert–Samuel géométriques considérés dans
la suite sont relatifs aux faisceaux OGi(1),1"i"n, induits par ces plongements. Notons Gle
groupe G1×···×Gn,g:= g1+···+gnsa dimension et Φle plongement de Gdans le pro-
duit des PNi
kinduit par les Φi. Soit Gi→Spec Ok[1/mi](mi∈N\{0}) un schéma en groupes
lisse et dont la fibre générique Gi×Spec(k) est (isomorphe à) Gi. Quitte à restreindre Giàun
ouvert plus petit, nous pouvons supposer d’une part que miest le même entier mpour tous les
iet d’autre part que l’anneau Ok[1/m]est principal.4Soit G→Spec Ok[1/m]le modèle lisse
de Ginduit par les Gi. Fixons vune place de ket i∈{1,...,n}.Considéronsexp
i,v une ap-
plication exponentielle du groupe de Lie v-adique Gi(Cv), définie sur un voisinage ouvert de
0 dans tGi(Cv).Lorsquevest une place archimédienne, il est bien connu que cette application
se prolonge en un morphisme analytique à tout l’espace tangent tGi(Cv)et définit ainsi une ap-
plication Cv-analytique expi,v :tGi(Cv)→Gi(Cv)surjective. Lorsque vest ultramétrique, ces
propriétés ne sont plus vraies en général. Notons alors dans ce cas Ti,v un sous-groupe ouvert de
tGi(Cv)tel que expi,v réalise un difféomorphisme analytique de Ti,v sur son image Ui,v (ouvert
de Gi(Cv)contenant l’élément neutre). Dans la suite, l’exponentielle expi,v sera l’application
restreinte Ti,v →Ui,v.Afind’uniformiserlesnotations,nousécrironsencoreTi,v =tGi(Cv)
(resp.Ui,v =Gi(Cv))danslecasarchimédien,bienquel’exponentielle«restreinte»nesoitplus
alors un difféomorphisme (en général). L’espace tangent à l’origine tGide Giest un Ok[1/m]-
module libre (car projectif, voir note de bas de page) de rang giet tGest également libre de
rang g. Soit e=(e1,...,e
g)une base sur Ok[1/m]de tGobtenue par concaténation de bases
des tGi,1"i"n. Quitte à multiplier chacun des eipar une puissance suffisamment grande de
m, nous pouvons supposer que, pour toute place ultramétrique v, le disque ouvert
D(0,r
p)=(z=z1e1+···+zgeg∈tG(Cv);max
1!j!g|zj|v<r
p),
où rp:= |p|1/(p−1)
v, est inclus dans Tv:= T1,v ×···×Tn,v .Eneffet,ilexisteunentiern0!1,
ne dépendant que de (G,m), pour lequel, en toute place v, le développement en série de l’expo-
nentielle de G(Cv)au voisinage de 0 s’écrit
"
n∈Ng
an,v
n!zn
avec an,v ∈Ov[1/m], polynôme en 1/m de degré "n0|n|. Aux places v!m,onaan,v ∈Ovet
l’on sait que le disque D(0,r
p)est contenu dans le domaine de convergence strict de cette série.
Si v|m, on se ramène au cas précédent en considérant les coordonnées de zdans la base mn0e
de tG(Cv).
L’exponentielle expv:= (exp1,v,...,expn,v )de G(Cv)munie de la base eest appelée dans la
littérature exponentielle normalisée (cela fixe un isomorphisme de Uv:= U1,v ×···×Un,v avec
un groupe standard selon la terminologie de Bourbaki [9], III, §7, no 3). La base econfère éga-
lement à tG(Cv)une structure d’espace vectoriel normé, par transport de la structure hermitienne
(varchimédienne) ou de la norme du sup (vultramétrique) fournie par la base canonique de Cg
v
4Si bien qu’un Ok[1/m]-module projectif (de type fini) est nécessairement libre.