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montré une lésion nodulaire bien limitée en périphérie
par une fine capsule constituée de vésicules de taille
variable, contenant une colloïde souvent homogène.
Les vésicules sont tapissées de cellules cubiques, dont
les noyaux présentaient quelques atypies. Cet aspect
histologique, était en faveur d’une métastase rénale
d’un carcinome vésiculaire bien différencié de la thy-
roïde (Figure 2). Les limites de l’exérèse étaient saines.
Avec un recul de 12 mois, l’évolution était favorable.
La tomodensitométrie abdominale et la scintigraphie
ne montraient pas de récidive.
DISCUSSION
Les métastases rénales d’un carcinome thyroïdien sont
extrêmement rares. Depuis la première observation
rapportée par TAKAYASU [10] en 1968, huit cas ont été
recensés dans la littérature dont 75% sont en rapport
avec un carcinome vésiculaire. Elles représentent 3%
des cancers secondaires du rein [4]. La répartition des
localisations du cancer primitif montre la prédominan-
ce du poumon et du sein, viennent ensuite par ordre
croissant: le testicule, la prostate, le mélanome, la thy-
roïde, la sphère ORL, le côlon, le col utérin, l’œsopha-
ge, le pancréas et l’estomac [4]. L’atteinte rénale se fait
essentiellement par voie hématogène, plus rarement
par voie lymphatique [7]. Par ailleurs , pour expliquer
cette localisation rénale, KY[9] rapporte la possibilité
de diffusion des cellules néoplasiques à travers des col-
latérales veineuses et lymphatiques entre le rein et la
thyroïde. La lésion est le plus souvent unique, mais
peut aussi se présenter sous forme de petits foyers
métastatiques multiples parsemant un ou les deux reins
[1]. L’existence concomitante de métastases dans
d’autres sites est diversement appréciée dans la littéra-
ture et varie de 50 à 100% des cas observés [2]. Les
localisations les plus fréquentes sont le poumon, le
médiastin et l’os.
La symptomatologie n’est pas spécifique. Il peut s’agir
de douleurs abdominales, d’une masse du flanc, d’une
hématurie ou d’une protéinurie. Mais dans la majorité
des cas, ces métastases sont découvertes de manière
fortuite au cours du bilan de surveillance (human thy-
roglobulin, échographie, scintigraphie) du cancer pri-
mitif
Ces métastases apparaissent à l’échographie, comme
des lésions hyperéchogènes homogènes, parfois hété-
rogènes en cas de nécrose ou d’hémorragie intra-tumo-
rale [3]. En tomodensitométrie, ces lésions apparais-
sent bien limitées hypodenses ou isodenses par rapport
au parenchyme rénal, se rehaussant faiblement après
injection du produit de contraste du fait de leur carac-
tère hypovasculaire. L’aspect hyperdense de la lésion
rénale (Figure 1) chez notre patient serait due au carac-
tère bien différencié du carcinome folliculaire de la
thyroïde qui optimise la fixation de l’iode au niveau de
la tumeur [7]. La sensibilité de la tomodensitométrie
varie de 94% à 100%. Par ailleurs, elle permet de
rechercher d’autres localisations métastatiques [8]. Sur
le plan thérapeutique, l’excision complète des lésions
métastatiques du carcinome folliculaire bien différen-
cié offre les meilleures chances pour prolonger la sur-
vie [5]. Cependant l’indication de la néphrectomie
n’est justifiée que si la tumeur primitive a pu ou peut
être supprimée. L’existence de métastases disséminées
dans tout l’organisme est péjorative sur le plan du pro-
nostic [5].
CONCLUSION
Les métastases rénales d’un cancer de la thyroïde sont
rares. L’utilisation de plus en plus courante de l’écho-
graphie et surtout de la tomodensitométrie dans le
bilan de surveillance d’un cancéreux a permis de
mettre en évidence plus fréquemment ce genre de
lésion.
S. Moudouni et coll., Progrès en Urologie (2001), 11, 670-672
Tableau I. Revue de la littérature des cas publiés.
Auteur Sexe/âge Présentation Délai (ans) Site/diamètreHistologie
(cm)
Takayasu [11] F/44 Masse abdominale 3Bilat., multiples nodules C. vésiculaire
Davis et Corson [4] F/49 Fortuite (UIV) 18 Bilatérale C. vésiculaire
Johnson [8] F/66 Hématurie 37 RG C. vésiculaire
Lam [9] F/91 Fortuite autopsie -RD/5 cm C. vésiculaire
Hee [7] F/47 Hématurie 7RD/1,2 x 1,0 C. vésiculaire
Tur [13] F/72 Lombalgie -RD C. papillaire
Taraglio [12] -HTG 26 RG C. vésiculaire
Benchekroun [1] H/56 Hématurie + AEG 3RG/4 cm C. papillaire
Notre cas H/62 Fortuite (scintig.) 7RG/1,2 cm C. vésiculaire