L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Goitres et nodules thyroïdiens Goitres et nodules thyroïdiens 1 Définitions - - Éléments thyroïdien : mobiles avec la déglutition Goitre simple : augmentation isolée du volume de la thyroïde Définition clinique : OMS o Grade 0 : thyroïde de taille normale (lobe ≈ taille de la phalange du pouce) o Grade 1 : thyroïde visible avec attention ou en hyper-extension o Grade 2 – 3 : visible à l’inspection ou à distance o Grade 4 : volume majeur Définition échographique : o Volume thyroïdien > 18mL (femme) 25mL (homme) o L'échographie est le prolongement de la clinique, on ne parle jamais de pathologie thyroïdienne sans faire d'échographie. Les difficultés de palpation de finition font que l'échographie est indispensable. 2 Le goitre simple 2.1 Généralités - - - Bénin +++ (↑ homogène du volume de la thyroïde) o Peut-être endémique (+ de 10% des enfants ayant un goître) o Peut-être sporadique (ex : France) o Peut-être familial facteur génétique Facteurs de survenue principaux : o Environnement +++ (Carence en iode ++++) La thyroïde compense en essayant d’en capter plus : en ↑ le nombre de thyréocytes et en les faisant grossir = goitre Mais elle n’en capte quand même pas assez. Prévention : utiliser du sel iodé Application : Crétinisme dû à l’hypotyroïdie congénitale (crétins des alpes). o Goitre congénital de l’enfant Attention à bien les différencier Trouble de l’hormonogenèse avec hypothyroïdie dépistage oblgatoire à la naissance Facteurs de risque : o Touche beaucoup plus souvent la femme +++ o Carence iodée o Tabac (tyocyanate : compétiteurs du symporteur de l’iode canal qui permet à l’iode de rentrer dans le thyréocyte) o Certains aliments. 1 L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Goitres et nodules thyroïdiens - Remarque : Augmentation physiologique de taille de la thyroïde lors de la grossesse car augmentation des besoins en iode. Taille de la thyroïde = façon de dg la grossesse dans l’Égypte antique 2.2 Examen clinique - - Symptômes : o Asymptomatique le plus souvent (la personne s’habitue) o Gêne cervicale o Déviation puis compression de la trachée avec dyspnée inspiratoire o Dysphagie dans les goitres à développement postérieur o Syndrome cave (circulation collatérale) précédé du signe de Pemberton. Signe de Pemberton : apparaît avant le syndrome cave. Lorsqu'on lève les bras on augmente la compression des veines jugulaires, le patient rougit du visage à cause de la stase veineuse. Palpation : o Assis derrière le patient, Tête en positon intermédiaire (relaxé), Annulaire au-dessus de la clavicule o Debout devant le patient : avec les pouces o Allongé la tête en hyperextension (surtout pour les petits cou / gros cou) o Puis déglutition Si mobile à la déglutition, origine thyroïdienne 2.3 Évolution du goitre simple - - 1° Développement de nodule : goitre multinodulaire (/ !\, peut parfois devenir malin) 2° Extension intra thoracique : goitre plongeant homogène ou multinodulaire o Pôle inférieur des lobes dépasse de 2 cm sous la fourchette sternale o Non perception des pôles inférieurs à la déglutition o Indication de scanner pour déterminer l’extension (parfois jusqu’à la crosse aortique) o Risque d’évolution en goitres compressifs (cage thoracique non extensible) 3° Développement d’hyperthyroïdie par autonomisation o Échappent à la régulation de l’axe thyréotrope hypophysaire et sécrètion de manière excessive des hormones thyroïdiennes. o Découvert tard +++ chez des gens de plus en plus âgés 2.4 Exemples d’imagerie - - 2 Radiographie de thorax : retentissement exercé sur la trachée par un goitre plongeant, dévie la trachée sur la droite ≠ risque de compression et de dyspnée inspiratoire. Scanner : goitre qui descend en avant de la crosse aortique. Échographie +++ L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Goitres et nodules thyroïdiens 2.5 Thérapeutique - - Geste chirurgical o Pour goitre plongeant o Bénin : se retire facilement par voie cervicale Iode radioactif en gélule o Iode radioactif dans le thyréocyte et les irradient o Surtout chez la personne âgée qu’on ne veut pas opérer effet anti tumoral o Empêche l’↑ de volume, voire ↓ 2.6 Au final préciser : - Si structure diffuse ou nodulaire Si suspecte de caractère plongeant : non palpation du pôle inférieur lors de la déglutition scanner Si signes de compression locale (dysphagie, dyspnée, circulation collatérale) L’examen clinique sera toujours suivi par une échographie 2.7 Diagnostic différentiel du goitre simple - - Goitre malin : rare +++ (99.9% des goitres sont bénins) o Cancer anaplasique de la thyroïde : Souvent la complication d’un vieux goitre, patient de + de 60 ans, avec ou sans goitre simple Très mauvais pronostic, pas de thérapie médicale efficace Évolution rapide +++ o Lymphomes thyroïdiens Traité comme les lymphomes Chimiothérapies accessibles Orientation vers malignité : o Évolutivité +++ (↑ volume rapide) o Perte de la mobilité à la déglutition (= envahissement local) o Dureté à la palpation, voire pierreux o Signes de compression dont compression du nerf récurent (passe derrière la thyroïde) avec dysphonie ou voix bitonale (parfois existe dans les goitres plongeants bénins d’extension inférieure) o Adénopathies palper les aires ganglionnaires 3 L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Goitres et nodules thyroïdiens 3 Nodule thyroïdien 3.1 Généralités - - - Définition : o Nodule : augmentation focale du parenchyme thyroïdien o Le nodule peut être isolé o La thyroïde peut être multi nodulaire mais de taille et volume normale (donc pas de goitre) Grande diversité de diagnostics étiologiques : o Un nodule ce n’est pas un diagnostic mais un terme générique. o Bénins +++ (les plus fréquents) Adénome (tumeur bénigne ± sécrétante), Kyste (rénitent à la palpation), Adénome colloïde (rempli de colloïde : aspect particuliers à l’échographie), … Après autopsies : + 50% des gens ont des nodules thyroïdiens o Nodules de thyroïdites Auto-immune : infiltra lymphocytaire dans le parenchyme Transitoires, souvent non palpables mais décrit à l’échographie o Lésion malignes : < 10% des nodules mais ne pas passer à côté cancers différenciés thyroïdiens (carcinome papillaire vésiculaires développé à partir des thyréocytes, cancers médullaire à partir des cellules C), métastases d’autres cancers… Facteurs de risque : o Plus fréquent chez la femme, o L’incidence ↑ avec l’âge, la carence iodée, le tabac, le terrain familial Plus une glande vieillie, plus elle a tendance à proliférer (vrai pour toutes les glandes) o Seuls facteurs favorisant le carcinome thyroïdien : Radiothérapie cervicale dans l’enfance Exposition radioactive dans l’enfance 3.2 Examen clinique - - 4 Chercher des arguments pour la nature maligne (plus rare mais à éliminer) o Dureté du nodule à la palpation +++ o Augmentation rapide de son volume o Présence d’adénopathie satellites seront en faveur de la malignité Au final, préciser : o La taille o La localisation o L’absence de gg cervicaux o Le caractère douloureux (rare) : fait évoquer un saignement d’un nodule bénin : hématocèle L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Goitres et nodules thyroïdiens o L’existence de signes de dysthyroïdie (= nodule toxique) o L’examen clinique sera toujours complété par une échographie. 3.3 Carcinome médullaire thyroïdien (CMT) 3.3.1 Généralités - Cancer développé à partir des cellules C (cellules para folliculaire sécrétant de la calcitonine) Se manifeste sous forme nodulaire, mais peut se développer sur une thyroïde goitreuse Signes cliniques = Sd d’hypercalcitoninémie (meilleur pronostic si absent) o Flush : bouffée de chaleur sans sueur accompagnée d’une rougeur de visage, ± rougeur du décolleté = sec (≠ bouffées vasomotrices avec sueurs de la ménopause, phéochromocytome, tumeur neuroendocrines pulmonaire, intestinale, pancréatique). o Diarrhées (dg ≠ nodule toxique : aussi des diarrhées) En rapport avec l’hypersécrétion de calcitonine 3.3.2 Diagnostic - Biologique par dosage de la calcitonine (CMT si > 150 ng/L), parfois de la procalcitonine (élevée dans les infections bactériennes) Peut-être génétique (mutation gène RET : K à prédisposition familiale) ou sporadique Peut être associé à 2 autres pathologies : CMT + phéochromocytome + hyperparathyroïdie primaire = néoplasie endocrinienne multiple de type II (NEM II) Néoplasie endocrinienne multiple de type I = hyperparathyroïdie primaire + adénome hypophysaire + tumeur neuroendocrine en particulier du pancréas ± adénomes surrénaliens. 3.3.3 Traitement - Peu de traitement efficace : il faut que la chirurgie soit complète NB : On ne dose pas la calcitonine chez tous les patients qui ont un nodule. On le fait si échographie suspecte. On dose la calcitonine toujours avant chirurgie cervicale. 5