étude de l`utilisation des quintes parallèles dans la musique

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SYLVIE NOREAU
ÉTUDE DE L’UTILISATION DES QUINTES
PARALLÈLES DANS LA MUSIQUE FRANÇAISE DE
PIANO ENTRE 1880 ET 1940
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en musique
pour l’obtention du grade de Maître en musique (M. Mus.)
FACULTÉ DE MUSIQUE
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2012
© Sylvie Noreau, 2012
i
Résumé
L’interdiction des quintes parallèles fait figure de loi immuable dans les études d’harmonie
et de contrepoint, souvent imputée au fait qu’elles créent de l’ambiguïté tonale. Cependant,
les cas de transgression de cette règle dans la musique de piano en France sont nombreux
entre 1880 et 1940, période de foisonnement de styles et d’évolution tonale. Ce mémoire
s’intéresse à l’utilisation de cet élément dans la musique pour piano à cette époque. Après
une brève définition et un bref historique de la problématique, il expose les différents
aspects de la règle telle qu’elle est énoncée dans plusieurs traités et dresse un portrait de la
musique de piano et de l’évolution de la tonalité en France entre 1880 et 1940. Il propose
ensuite un classement des types de quintes parallèles, puis l’applique au répertoire étudié.
En conclusion, le mémoire aborde le rôle et l’impact des quintes parallèles sur le langage
pianistique.
ii
Abstract
The prohibition of parallel fifths seems to be an unassailable law in the study of harmony
and counterpoint, often attributed to the fact that they create tonal ambiguity. However,
there are many instances of this rule being transgressed in piano music in France between
1880 and 1940, a period marked by the proliferation of styles and tonal evolution. This
dissertation focusses on the use of this element in the piano music at the time. Following a
brief status quaestionis and historical survey, it presents the different aspects of the rule as
stated in several treatises and draws a picture of piano music and the evolution of tonality
in France between 1880 and 1940. It then proposes a typology of parallel fifths and applies
it to the repertoire in question. In conclusion, the role of parallel fifths and their impact on
the pianistic language are discussed.
iii
Remerciements
Lorsque j’ai discuté pour la première fois d’un sujet de mémoire sur les quintes parallèles
avec mon directeur de recherche, je m’attendais bien honnêtement à ce qu’il tente de me
dissuader, qu’il me dise que je ne pourrais rien faire avec un sujet pareil. Je le proposais
uniquement pour m’enlever cette obsession de la tête, pour pouvoir passer à autre chose.
Quelle ne fut pas ma surprise de le voir me répondre avec enthousiasme que c’était un sujet
envisageable et approprié pour un mémoire de maîtrise! J’allais enfin pouvoir étudier cette
règle qui a fait rager plusieurs de mes condisciples et qui moi, me fascinait depuis le cégep!
J’ai rapidement découvert que ce sujet que je croyais circonscrit était au contraire
étonnamment vaste et riche. Cinq ans plus tard, plusieurs questions ont trouvé des réponses,
qui sont consignées dans ce mémoire, mais plusieurs des réponses ont soulevé de
nombreuses autres questions qui alimenteront certainement mes réflexions dans les
prochaines années.
Je ne peux passer sous silence la contribution de nombreuses personnes sans qui je
n’aurais jamais pu mener à bien cette entreprise. Tout d’abord, Monsieur Paul Cadrin, mon
directeur de recherche, qui a su me faire évoluer comme musicologue, parfois même
malgré moi, en me donnant des conseils judicieux qui, parce qu’ils ne m’apportaient pas
toujours exactement la réponse comme je l’attendais, m’obligeaient constamment à
chercher plus loin par moi-même. Que dire de son savoir, qui a été pour moi une source
considérable d’enrichissement! Merci également pour la disponibilité malgré un horaire
ultrachargé! Ensuite, mes condisciples et mes professeurs qui, par leur air ébahi et leurs
nombreuses questions à l’énoncé de mon sujet de recherche, m’ont obligé à constamment
me remettre en question et m’ont aidée à clarifier mes idées. Une pensée également pour les
iv
membres du comité d’évaluation de mon projet de mémoire qui, par leurs questions et leurs
suggestions, m’ont permis de clarifier le sujet de mon mémoire.
Ma famille a également été une source constante de soutien et d’encouragement.
Merci à mes parents, Jean et Nicole, qui ont su trouver les mots pour m’encourager dans les
moments difficiles, m’écouter et m’aider à clarifier mes idées, même si le sujet de mon
mémoire n’entre pas dans leur champ de compétences. Merci également pour le soutien
technique! De même, mes beaux-parents, Dominic et Francine, qui bien qu’eux non plus ne
soient pas musiciens, se sont toujours intéressés à ce que je faisais et m’ont soutenu. Merci
aussi à Michelle, François, Véronique et Sébastien pour les encouragements! Et merci aux
amis pour leur compréhension et leur sollicitude. Et le dernier, mais non le moindre,
l’homme qui partage ma vie, mon amoureux, Éric, pour sa formidable compréhension et
son soutien dans ce très long et difficile périple qu’est la rédaction d’un mémoire de
maîtrise. Merci d’avoir enduré sans plaintes les longues heures de travail, les nombreux
contretemps et mon désintéressement prolongé pour tout ce qui ne se déplace pas en
quintes! Merci d’avoir pris soin de moi durant tout ce temps et d’avoir toujours gardé
confiance en mes capacités.
v
Table des matières
Résumé.....................................................................................................................................i
Abstract .................................................................................................................................. ii
Remerciements...................................................................................................................... iii
Table des matières .................................................................................................................. v
Liste des tableaux................................................................................................................. vii
Liste des exemples .................................................................................................................ix
Introduction ............................................................................................................................. 1
Problématique ..................................................................................................................... 2
Objectifs .............................................................................................................................. 5
Méthodologie ...................................................................................................................... 5
Chapitre 1 : Les quintes parallèles du Xe au XIXe siècle ...................................................... 12
1.1 Définition .................................................................................................................... 12
1.2 Historique.................................................................................................................... 13
Chapitre 2 : Les quintes parallèles dans les traités d’harmonie, de contrepoint et de
composition aux Xe et XIXe siècles en France ..................................................................... 21
2.1 Énoncés de la règle générale ....................................................................................... 24
2.2 Conditions particulières d’application de la règle ...................................................... 27
2.3 Exceptions possibles à la règle ................................................................................... 34
2.4 Explications et justifications de la règle ..................................................................... 58
Chapitre 3 : La musique de piano au tournant du XXe siècle :
esthétiques et état du langage tonal....................................................................................... 65
3.1 La musique de piano en France entre 1880 et 1940 ................................................... 66
3.2 Évolution de la tonalité du XIXe au XXe siècle en France ......................................... 72
3.2.1 Définition de la tonalité ....................................................................................... 73
3.2.2 Tonalité classique ................................................................................................ 75
3.2.3 Tonalité romantique ............................................................................................. 76
3.2.4 Debussy, l’impressionnisme et la tonalité ........................................................... 77
3.2.5 La tonalité au XXe siècle ..................................................................................... 82
Chapitre 4 : Les types de quintes parallèles dans le répertoire ............................................. 87
4.1 Quintes parallèles en cas isolés ................................................................................... 88
4.1.1 Quintes parallèles « apparentes » ou « réelles » .................................................. 88
4.1.2 Quintes parallèles « cachées » ou « ambigües » .................................................. 90
4.2 Quintes parallèles en cas multiples (séries) ................................................................ 92
Chapitre 5 : Les quintes parallèles dans la musique française de piano
entre 1880 et 1940................................................................................................................. 96
vi
5.1 Principaux types de quintes parallèles dans la musique française de piano entre 1880
et 1940............................................................................................................................. 103
Quintes parallèles cadentielles .................................................................................... 104
Quintes parallèles dans la résolution d’accords dissonants ........................................ 108
Quintes parallèles causées par une erreur dans la conduite des voix.......................... 114
Quintes parallèles par croisement ............................................................................... 116
Quintes avec notes ornementales ................................................................................ 119
Quintes parallèles créant un enrichissement de la texture .......................................... 134
Quintes parallèles structurelles ................................................................................... 158
Quintes parallèles créant des effets particuliers .......................................................... 163
Quintes en notes ornementales ................................................................................... 166
Conclusion .......................................................................................................................... 170
Annexe 1 : Traités d’harmonie, de contrepoint et de composition
étudiés dans la recherche .................................................................................................... 177
Annexe 2 : Liste des œuvres consultées contenant des quintes parallèles .......................... 179
Annexe 3 : Liste des œuvres consultées ne contenant pas de quintes parallèles ................ 209
Annexe 4 : Proportion d’exemples de chaque type de quintes parallèles
par compositeur (pourcentage) ........................................................................................... 221
Bibliographie ...................................................................................................................... 223
vii
Liste des tableaux
Tableau 2.1 – Interdiction des quintes parallèles dans les traités ........................................ 25
Tableau 2.2 – Tolérance des quintes parallèles concernant les retards ............................... 43
Tableau 2.3 – Tolérance de quintes parallèles dans la résolution de
l’accord de sixte augmentée avec quinte (sixte allemande) .......................................... 53
Tableau 2.4 – Tolérance de quintes parallèles dans la résolution
des accords de neuvième............................................................................................... 55
Tableau 2.5 – Tolérance de quintes parallèles dans la résolution de
divers accords dissonants .............................................................................................. 56
Tableau 2.6 – Traités justifiant l’interdiction des quintes parallèles
par leur mauvais effet sonore ........................................................................................ 59
Tableau 2.7 – Traités justifiant l’interdiction des quintes parallèles
par l’ambiguïté tonale ................................................................................................... 62
Tableau 3.1 – Principaux courants esthétiques présents dans la musique
de piano en France entre 1880 et 1940 ......................................................................... 66
Tableau 4.1 – Types de quintes parallèles dans le répertoire .............................................. 87
Tableau 5.1 – Nombre d’œuvres analysées par compositeur
et nombre d’œuvres contenant des quintes parallèles ................................................... 97
Tableau 5.2 – Nombre d’œuvres analysées selon la décennie de composition ................. 100
Tableau 5.3 – Nombre d’œuvres analysées selon la forme ............................................... 101
Tableau 5.4 – Proportion de chacun des types de quintes parallèles
dans les œuvres étudiées ............................................................................................. 103
Tableau 5.5 – Œuvres contenant des quintes parallèles simples sur les cadences ............ 106
Tableau 5.6 – Œuvres contenant plus d’une paire de quintes parallèles
sur les cadences ........................................................................................................... 108
Tableau 5.7 – Œuvres comportant des séries d’accords de septièmes
avec des quintes parallèles .......................................................................................... 112
Tableau 5.8 – Œuvres comportant des séries d’accords de neuvièmes
avec des quintes parallèles .......................................................................................... 112
Tableau 5.9 – Œuvres comportant des séries d’accords de onzième ou
de treizième avec des quintes parallèles ..................................................................... 113
Tableau 5.10 – Œuvres où les compositeurs utilisent le croisement
créant des quintes parallèles ....................................................................................... 118
Tableau 5.11 – Œuvres présentant des quintes sur temps forts successifs,
séparées par des notes intermédiaires ......................................................................... 121
Tableau 5.12 – Œuvres présentant des quintes acceptables sur temps
forts successifs, car séparées par des notes intermédiaires
formant une harmonie distincte (changement d’accord) ............................................ 122
Tableau 5.13 – Œuvres contenant des quintes parallèles créées
par des notes de passage ............................................................................................. 124
Tableau 5.14 – Œuvres contenant des quintes parallèles séparées
par des notes de passage ............................................................................................. 124
Tableau 5.15 – Œuvres contenant des quintes successives séparées par des broderies .... 128
Tableau 5.16 – Œuvres contenant des quintes parallèles créées
par une ou des broderie(s) ........................................................................................... 129
Tableau 5.17 – Œuvres contenant des quintes parallèles créées par des appoggiatures.... 130
viii
Tableau 5.18 – Œuvres contenant des quintes parallèles séparées
par des appoggiatures.................................................................................................. 130
Tableau 5.19 – Œuvres contenant des quintes successives avec retard ............................. 132
Tableau 5.20 – Œuvres contenant des quintes successives avec syncope ......................... 133
Tableau 5.21 – Œuvres contenant des quintes parallèles avec anticipation ...................... 134
Tableau 5.22 – Œuvres contenant des quintes à la basse .................................................. 136
Tableau 5.23 – Œuvres contenant des quintes à la basse accompagnées d’une octave ..... 140
Tableau 5.24 – Œuvres contenant des quintes à la basse accompagnées de la dixième.... 141
Tableau 5.25 – Œuvres contenant des quintes à la basse accompagnées de la septième .. 141
Tableau 5.26 – Œuvres contenant des quintes à la basse accompagnées
d’une neuvième (deux quintes superposées) .............................................................. 141
Tableau 5.27 – Œuvres contenant des accords parallèles à la basse ................................. 144
Tableau 5.28 – Œuvres contenant une doublure de la mélodie en quintes parallèles ....... 146
Tableau 5.29 – Œuvres contenant une doublure de la mélodie à la quinte et à l’octave ... 147
Tableau 5.30 – Œuvres contenant une doublure de la mélodie à la quinte
et à la neuvième (deux quintes superposées) .............................................................. 147
Tableau 5.31 – Œuvres contenant une doublure de la mélodie à la quinte
et à la septième ............................................................................................................ 147
Tableau 5.32 – Œuvres contenant une mélodie harmonisée en accords
parfaits parallèles ........................................................................................................ 148
Tableau 5.33 – Œuvres contenant des quintes parallèles
enrichissant la texture dans les voix intérieures .......................................................... 152
Tableau 5.34 – Œuvres contenant des accords parfaits parallèles
enrichissant la texture dans les voix intérieures .......................................................... 153
Tableau 5.35 – Doublure de la basse et de la mélodie à la quinte
pour créer une texture de masse .................................................................................. 155
Tableau 5.36 – Combinaison de séries d’accords pour enrichir la texture ........................ 155
Tableau 5.37 – Combinaison de quintes à vide et d’accords pour enrichir la texture ....... 155
Tableau 5.38 – Œuvres comportant des quintes parallèles
avec ajout ou retrait de voix ........................................................................................ 157
Tableau 5.39 – Œuvres comportant des quintes structurelles
par doublure de la mélodie à la quinte (2 voix) .......................................................... 159
Tableau 5.40 – Œuvres de Debussy contenant des quintes
structurelles en accords parfaits .................................................................................. 160
Tableau 5.41 – Œuvres comportant des quintes structurelles en accords.......................... 163
Tableau 5.42 – Œuvres présentant des quintes parallèles créant un effet de cloches ........ 164
Tableau 5.43 – Œuvres présentant des quintes sur temps faibles ..................................... 168
ix
Liste des exemples
Exemple 1.1 – Organum parallèle à la quinte, Musica enchiriadis. ................................... 13
Exemple 1.2 – Organum avec des intervalles variés :
Alleluia – Justus ut palma, mes. 8-11. .......................................................................... 15
Exemple 1.3 – Debussy, Estampes, n° 2 : « Soirée dans Grenade », mes. 33-36. ............... 18
Exemple 2.1 – Quintes parallèles fautives avec notes intermédiaires, Savard (60). ............ 27
Exemple 2.2 – Changement de position ne permettant pas
de sauver les quintes parallèles, Dubois (26, 27). ......................................................... 28
Exemple 2.3 – Accord de septième de dominante ne permettant pas
de corriger l’effet des quintes parallèles, Caussade (132). ........................................... 28
Exemple 2.4 – Quintes parallèles fautives créées par des notes de passage,
Richter (120). ................................................................................................................ 29
Exemple 2.5 – Notes de passage ne permettant pas de sauver les quintes parallèles,
Rimski-Korsakov (56). ................................................................................................. 29
Exemple 2.6 – Quintes parallèles fautives créées par des broderies, Reber (190). .............. 30
Exemple 2.7 – Broderie ornant la suspension et formant une quinte retardée,
Reber (188). .................................................................................................................. 30
Exemple 2.8 – Appoggiature ne permettant pas de sauver les quintes, Reber (183). .......... 31
Exemple 2.9 – Retard ne permettant pas de sauver les quintes, Reicha (136). .................... 31
Exemple 2.10 – Retard amenant des quintes parallèles fautives, Caussade (178). .............. 32
Exemple 2.11 – Croisement des voix n’annulant pas l’effet
des quintes parallèles, Reber (26). ................................................................................ 33
Exemple 2.12 – Quintes parallèles sauvées par un nombre suffisant de notes
intermédiaires, Émile Durand (77). .............................................................................. 35
Exemple 2.13 – Quintes parallèles acceptables amenées par des notes ornementales,
Caussade (250). ............................................................................................................. 35
Exemple 2.14 – Quintes parallèles acceptables, car séparées par un
changement de position dans plusieurs parties, Barbereau (72). .................................. 36
Exemple 2.15 – Quintes parallèles acceptables, car séparées
par un changement d’accord, Lavignac (43). ............................................................... 36
Exemple 2.16 – Quintes parallèles acceptables créées par une note de passage,
Reicha (135). ................................................................................................................. 37
Exemple 2.17 – Quintes parallèles acceptables créées par une série
de notes de passage simultanées doublées à l’octave, Reber (204). ............................. 37
Exemple 2.18 – Quintes parallèles acceptables créées
par la broderie d’un retard, Dubois (222). .................................................................... 38
Exemple 2.19 – Quintes parallèles acceptables créées
par une broderie en trille, Émile Durand (197). ............................................................ 38
Exemple 2.20 – Quintes parallèles acceptables formées
par une broderie et une note réelle, Reber (189)........................................................... 39
Exemple 2.21 – Quintes consécutives par demi-tons (broderie),
Reber (190, tiré de Gluck, Armide)............................................................................... 39
Exemple 2.22 – Quintes parallèles séparées par une appoggiature,
Gilson (vol. 1 : 187). ..................................................................................................... 40
Exemple 2.23 – Quintes parallèles créées par une appoggiature, Gilson (vol. 1 : 188). ..... 40
x
Exemple 2.24 – Appoggiature permettant de sauver les quintes
(broderie sans la première fraction de la note principale), Reber (193). ...................... 41
Exemple 2.25 – Appoggiature expressive longue permettant de corriger
l’effet des quintes, Émile Durand (490)........................................................................ 41
Exemple 2.26 – Quintes parallèles acceptables par mouvement de syncope,
Bazin (30). .................................................................................................................... 42
Exemple 2.27 – Quintes retardées acceptables, Dubois (138). ............................................ 42
Exemple 2.28 – Quintes acceptables par mouvement oblique, Caussade (46). ................... 45
Exemple 2.29 – Quintes anticipées acceptables, car la suppression
de la syncope les feraient disparaître, Savard (62). ...................................................... 45
Exemple 2.30 – Quintes formées en tout ou en partie par les parties intermédiaires. ......... 46
Exemple 2.31 – Quintes parallèles atténuées par la relation de tierce
entre soprano et basse, Gilson (vol. 1 : 215). ................................................................ 47
Exemple 2.32 – Quintes parallèles acceptables dans les voix graves
d’une harmonie espacée, Vinée (93). ............................................................................ 47
Exemple 2.33 – Quintes parallèles dans les positions intermédiaires
d’accords brisés, Émile Durand (80). ........................................................................... 48
Exemple 2.34 – Harmonie par mouvements chromatiques contraires contenant
des quintes parallèles acceptables, Vivier (131). .......................................................... 48
Exemple 2.35 – Quintes parallèles disjointes, Reber (69). .................................................. 49
Exemple 2.36 – Quintes parallèles disjointes acceptables par la bonne
disposition des voix et la présence de notes communes, Émile Durand (509). ............ 49
Exemple 2.37 – Quintes parallèles disjointes acceptables par le
mouvement contraire ou oblique des notes intermédiaires ou
un saut de seconde dans la partie la plus haute, Barbereau (73) ................................... 50
Exemple 2.38 – Quintes parallèles dans une cadence conclusive vers l’accord
de tonique complet, Rimski-Korsakov (82). ................................................................. 51
Exemple 2.39 – Quintes parallèles en répétant la même phrase avec
une autre distribution de voix, Reicha (139)................................................................. 51
Exemple 2.40 – Quintes acceptables sur temps faibles successifs,
Rimski-Korsakov (66). ................................................................................................. 52
Exemple 2.41 – Quintes parallèles dans l’harmonie figurée, Riemann (31). ...................... 52
Exemple 2.42 – Quintes au grave imitant le son des cloches, Gilson (vol. 1 : 21,
tiré de Sibelius, Karélia, Suite II, op. 11 : « Ballade », mes. 93-100). ......................... 57
Exemple 4.1 – Quintes parallèles cadentielles. .................................................................... 88
Exemple 4.2 – Quintes parallèles apparaissant lors de la résolution de dissonances. ......... 89
Exemple 4.3 – Quintes parallèles résultant d’une erreur dans la conduite des voix. ........... 90
Exemple 4.4 – Johann Sebastian Bach, Choral, n° 34 : « Erbarm’ dich mein,
o Herre, Gott », mes. 10-12. ......................................................................................... 91
Exemple 4.5 – Quintes parallèles avec notes ornementales. ................................................ 92
Exemple 4.6 – Quintes parallèles utilisées comme enrichissement de la texture. ............... 93
Exemple 4.7 – Quintes parallèles structurelles. ................................................................... 93
Exemple 4.8 – Quintes parallèles créant un effet de cloche : Vincent D’Indy,
Tableaux de voyage, op. 33, n° 5 : « Le Glas », mes. 1-4. ........................................... 94
Exemple 4.9 – Quintes parallèles en notes ornementales .................................................... 95
Exemple 5.1 – Séverac (1908), Baigneuses au soleil
(Souvenir de Banyuls-sur-mer), mes. 60-61 ............................................................... 105
xi
Exemple 5.2 – Alain (1932), Mythologies japonaises AWV 28 :
« Variation n° 5 », mes. 4 ........................................................................................... 107
Exemple 5.3 – Honegger (1919-1920), Sept pièces brèves, n° 3 :
« Très lent », mes. 3-4................................................................................................. 109
Exemple 5.4 – Debussy (1914), Berceuse héroïque, mes. 51-53 ...................................... 109
Exemple 5.5 – Satie (1914), Sports et divertissements :
« Le bain de mer », dernière ligne .............................................................................. 110
Exemple 5.6 – Satie (1887, rév. 1911), Trois sarabandes, n° 3, mes. 50-53..................... 111
Exemple 5.7 – Milhaud (1920-1921), Saudades do Brasil, livre 2, n° 8 :
« Tijuca », mes 33-35 ................................................................................................. 111
Exemple 5.8 – Kœchlin (1915-1916), Paysages et marines, op. 63, n° 4 :
« Le chant du Chevrier », mes. 8-9 ............................................................................. 112
Exemple 5.9 – Debussy (1911-1913), Préludes, livre 2, n° 2 :
« Feuilles mortes », mes. 8-11 .................................................................................... 113
Exemple 5.10 – Durey (1924-1928), Dix inventions, op. 41a, n° 10 :
« Très animé », mes. 35-38 ......................................................................................... 113
Exemple 5.11 – Ibert (1924), Les rencontres, n° 4 : « Les bergères », mes. 41-42 ........... 114
Exemple 5.12 – Poulenc (1922, rév. 1939), Cinq impromptus, FP 21, n° 5 :
« Andante », mes. 25-28 (Chester Music) .................................................................. 115
Exemple 5.13 – Poulenc (1921), Cinq impromptus, FP 21, n° 5 :
« Andante », mes. 25-28 (La revue musicale) ............................................................ 115
Exemple 5.14 – Poulenc (1921), Cinq impromptus, FP 21, n° 5 :
« Andante », mes. 34-36 (La revue musicale) ............................................................ 116
Exemple 5.15 – Poulenc (1922, rév. 1939), Cinq impromptus, FP 21, n° 5 :
« Andante », mes. 34-36 (Chester Music) .................................................................. 116
Exemple 5.16 – Roussel (1904-1906), Rustiques, op. 5, n° 2 :
« Promenade sentimentale en forêt », mes. 45-46 ...................................................... 117
Exemple 5.17 – Milhaud (1920-1921), Saudades do Brasil, livre 2, n° 8 :
« Tijuca », mes. 24-28 ................................................................................................ 118
Exemple 5.18 – Ibert (1916), Pièce romantique, mes. 85-87 ............................................ 118
Exemple 5.19 – Auric (1940), Trois impromptus, n° 3 :
« Impromptu en ré majeur », mes. 29-33 ................................................................... 120
Exemple 5.20 – Franck (1884), Prélude, choral et fugue, op. 21, mes. 212-213 .............. 120
Exemple 5.21 – Hahn (1894), Portraits de peintres, n° 3 :
« Anton van Dyck », mes. 16-18 ................................................................................ 122
Exemple 5.22 – Franck (1887), Prélude, aria et finale, op. 23 : « Aria », mes. 39-42 ..... 123
Exemple 5.23 – Poulenc (1935), Suite française d’après Claude Gervaise, ..................... 123
FP 80, n° 3, mes. 52-57 ....................................................................................................... 123
Exemple 5.24 – Chaminade (1914), Caprice-impromptu, op. 153, mes. 147-150 ............ 124
Exemple 5.25 – Satie (1897-1919), Carnet d’esquisses et de croquis,
n° 3 : « Notes », mes. 2 ............................................................................................... 126
Exemple 5.26 – Poulenc (1935), Suite française d’après Claude Gervaise,
FP 80, n° 3, mes. 52-57 ............................................................................................... 127
Exemple 5.27 – Chabrier (1880-1881), Dix pièces pittoresques,
n° 5 : « Mauresque », mes. 23-24 ............................................................................... 129
Exemple 5.28 – Roger-Ducasse (1919), Arabesque, no 2, mes. 34-35 .............................. 129
Exemple 5.29 – Roger-Ducasse (1917), Esquisses, n° 1, mes. 8-11.................................. 131
xii
Exemple 5.30 – Ibert (1916), Pièce romantique, mes. 94-96 ............................................ 131
Exemple 5.31 – Satie (1907), Nouvelles pièces froides, n° 3 :
« Sur un pont », mes. 11-14 ........................................................................................ 132
Exemple 5.32 – Debussy (1890, rév. 1905), Suite bergamasque,
n° 1 : « Prélude », mes. 4-6 ......................................................................................... 133
Exemple 5.33 – Aubert (1903), Lutins, op. 11, mes. 62-73 ............................................... 135
Exemple 5.34 – Decaux (1907), Clair de lune, n° 3 : « Le cimetière », mes. 53-56 ......... 139
Exemple 5.35 – Milhaud (1923), Rag-caprice, n° 2 : « Romance », mes. 30-34 .............. 139
Exemple 5.36 – Auric (1941), Neuf pièces brèves, n° 6 : « Sicilienne », mes. 16-19 ....... 142
Exemple 5.37 – Séverac (1908), Baigneuses au soleil
(Souvenir de Banyuls-sur-mer), mes. 4-6 ................................................................... 142
Exemple 5.38 – Kœchlin (1915-1916), Paysages et marines, op. 63, n° 4, mes. 4-6 ....... 143
Exemple 5.39 – Casadesus (1924), Prélude, op. 5, n° 24 :
« Doux et tranquille », mes. 1-7.................................................................................. 145
Exemple 5.40 – Milhaud (1922), Rag-caprice, no 1, mes. 14-18 ...................................... 148
Exemple 5.41 – Ravel (1911), Valses nobles et sentimentales, n° 7, mes. 51-54 .............. 150
Exemple 5.42 – Kœchlin (1913-1919), Les heures persanes, op. 65, n° 1 :
« Sieste avant le départ », mes. 1 ................................................................................ 150
Exemple 5.43 – Ibert (1924), Les rencontres, n° 4 : « Les bergères », mes. 21-24 ........... 151
Exemple 5.44 – Debussy (1909-1910), Préludes, livre 1, n° 1 :
« Danseuses de Delphes », mes. 11-14 ....................................................................... 152
Exemple 5.45 – Poulenc (1920, rév. 1939), Cinq impromptus, FP 21,
n° 5 : « Andante », mes 19-22 .................................................................................... 154
Exemple 5.46 – Milhaud (1920-1921), Saudades do Brasil, livre 1,
n° 5 : « Ipanema », mes. 9-14 ..................................................................................... 154
Exemple 5.47 – Chausson (1896), Quelques danses, op. 26,
n° 4 : « Forlane », mes. 129-130 ................................................................................. 156
Exemple 5.48 – Poulenc (1920, rév. 1926), Suite FP 19 : 1er mouvement, mes. 1-3 ......... 159
Exemple 5.49 – Vierne (1918), Solitude, op. 44, n° 1 : « Hantise », mes. 1-7 .................. 160
Exemple 5.50 – Debussy (1911-1913), Préludes, livre 2,
n° 10 : « Canope », mes. 1-4 ....................................................................................... 160
Exemple 5.51 – Debussy (1909-1910), Préludes, livre 1,
n° 10 : « La cathédrale engloutie », mes. 31-35 ........................................................ 161
Exemple 5.52 – Debussy (1911-1913), Préludes, livre 2,
n° 7 : « La terrasse des audiences du clair de lune », mes. 31-32 .............................. 162
Exemple 5.53 – Debussy (1903-1904), Masques, mes. 360-367 ....................................... 162
Exemple 5.54 – Ravel (1904-1905), Miroirs, n° 5 :
« La vallée des cloches », mes. 26-28......................................................................... 164
Exemple 5.55 – Debussy (1911-1913), Préludes, livre 2,
n° 7 : « La terrasse des audiences du clair de lune », mes. 42-45 .............................. 165
Exemple 5.56 – Satie (1917), Sonatine bureaucratique, mes. 113-116 ............................ 165
Exemple 5.57 – Roger-Ducasse (1914-1915), Variations sur un choral :
« 8e variation », mes. 150-152 .................................................................................... 166
Exemple 5.58 – Roussel (1904-1906), Rustiques, op. 5,
n° 2 : « Promenade sentimentale », mes. 45-46 .......................................................... 167
Exemple 5.59 – Schmitt (1907), Pupazzi, op. 36, n° 6 : « Atys », mes. 25-27 .................. 168
Introduction
On croit souvent que l’interdiction des quintes parallèles ne préoccupe réellement que les
auteurs de traités et les professeurs d’écriture, pour embêter les pauvres étudiants. Quelle ne
fut pas ma surprise de constater que plusieurs musicologues ont discuté de cette question
dans leurs travaux ou ont même analysé leur sujet à travers cette problématique! Francis
Edward Gladstone (1845-1928) en a fait l’objet d’une communication, publiée par la suite
dans le Journal of the Royal Musical Association en 1882. Il y donne quelques explications
sur les raisons qui, selon lui, justifient l’interdiction, discute de certains cas particuliers,
expose et critique des exemples du répertoire1. Maud Gilchrist Sewall (1871-1960) recense
les propos de plusieurs auteurs à propos de la dimension historique, de la pertinence et de la
justification de l’interdiction des quintes parallèles dans un article publié en 1926 2. Paul
Gilson (1904-1963) en fait une étude assez détaillée dans Quintes, octaves, secondes et
polytonie : étude documentaire sur l’art musical en 19223. Il y fait une mise en contexte
historique de l’interdiction, recense les propos de plusieurs auteurs de traités, présente des
exemples du répertoire et explique des situations admissibles et non admissibles. Wanda
Therese Farah aborde la question des quintes parallèles dans sa thèse en 1985 pour décrire
l’expression du contrepoint dans la musique 4 . Après un résumé de la problématique
particulière des quintes parallèles (historique, justifications, principaux auteurs), elle la
situe dans la question du parallélisme prise dans son ensemble, qui, bien qu’engendrant
dans certains cas une dissolution du contrepoint, peut servir un but compositionnel.
1
Francis Edward Gladstone, « Consecutive Fifths », Journal of the Royal Musical Association 8 (6 mars
1882) : 99-121.
2
Maud Gilchrist Sewall, « Hucbald, Schoenberg and Others on Parallel Octaves and Fifths », Musical
Quarterly 12 (1926) : 248–65.
3
Paul Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie : étude documentaire sur l’art musical (Bruxelles :
Schott, 1922).
4
Wanda Therese Farah, « Microcounterpoint », dans « The Principle of Counterpoint and its Expression in
Music, Dance and Cinema », 65-139 (thèse de doctorat, University of Texas at Austin, 1985).
2
Geoffrey Chew (1989) étudie le rôle des structures en quintes parallèles sur la cohérence
tonale dans l’œuvre de Claudio Monteverdi (1567-1643)5. Matthew Shirlaw (1873-1961)
aborde même, dans un article de 1949, la controversée question de l’aspect esthétique des
quintes parallèles, le fait qu’elles « sonnent bien ou mal » 6 . Après avoir exposé divers
exemples, il ne peut conclure qu’à l’absence de raison scientifique assez solide pour
justifier une interdiction ou une permission sur la seule base des qualités esthétiques.
Johannes Brahms (1833-1897) en a fait un recueil, Oktaven und Quinten, qui a aussi été
l’objet d’études par Robert T. Laudon, Paul Mast et Heinrich Schenker (1868-1935) 7 .
Brahms regroupe dans cette anthologie plusieurs exemples de quintes parallèles qu’il a
recensés dans le répertoire de ses prédécesseurs comme de ses contemporains, auxquels il
appose à l’occasion un jugement (correct, bon, mauvais, erreur), cherchant à différencier la
nature des types de progression en se basant surtout sur des critères esthétiques (l’écoute
plutôt que l’observation).
Problématique
La raison évoquée le plus souvent par les théoriciens pour expliquer l’interdiction des
quintes parallèles est l’ambiguïté tonale, en d’autres mots le fait que, en se déplaçant à
distance de quinte, deux voix semblent évoluer dans deux tonalités distinctes. Au tournant
du XXe siècle, transgresser l’interdit des quintes parallèles a certainement eu un rôle à jouer
dans l’évolution du système tonal. En effet, bien que cette règle ait été tenue pour
immuable jusqu’à récemment dans l’histoire, et ce, même en composition libre, les
5
Geoffrey Chew, « The Perfections of Modern Music : Consecutive Fifths and Tonal Coherence in
Monteverdi », Music Analysis 8, 3 (octobre 1989) : 247-273.
6
Matthew Shirlaw, « Aesthetic – and Consecutive Fifths », Music Review 10 (1949) : 89–96.
7
Johannes Brahms, Oktaven und Quinten u.a., facsimile commenté par Heinrich Schenker (Vienne, 1933);
Robert T. Laudon, « The Debate about Consecutive Fifths : A Context for Brahms’s Manuscript ‘Oktaven
und Quinten’ », Music & Letters 73, 1 (Février 1992) : 48-61; Paul Mast, « Brahms’s Study, Octaven u.
Quinten u. a., with Schenker’s Commentary Translated », dans Music Forum 5 (1980) : 1-196.
3
compositeurs des XIXe et XXe siècles ont utilisé des quintes parallèles dans leurs œuvres.
Sur cette infraction aux règles, les opinions des musicologues divergent : Charles Kœchlin
(1867-1950) affirme que les enchaînements de quintes ne sont pas illogiques au point de
vue tonal et que les harmonies ne sont jamais rudes (et considère notamment les quintes
parallèles comme de précieuses ressources pour l’écriture de la fugue libre) 8 , alors que
Reginald Owen Morris (1886-1948) affirme qu’elles nuisent à l’indépendance des voix (ce
qui les rendraient donc inutilisables dans l’écriture de la fugue) et que cette tradition est
trop bien ancrée pour que les compositeurs osent y déroger9. Si Chew, dans l’article cité
précédemment, aborde bel et bien la question de la cohérence tonale, il limite cependant sa
réflexion à la musique de l’époque de Monteverdi, laquelle précède l’apparition de la
tonalité moderne. Qu’en est-il trois siècles plus tard? Est-ce que les compositeurs se servent
des quintes parallèles pour faire évoluer le langage tonal, et, si oui, comment? Ce sont les
questions auxquelles je tenterai de répondre.
Pour les besoins de cette étude, il est nécessaire de restreindre l’étendue de la
recherche. J’ai donc décidé de me pencher sur les compositeurs français actifs entre 1880 et
1940, et particulièrement sur la musique de piano. Ce dernier choix s’explique par le fait
que, à toutes les époques depuis la fin du XVIIe siècle, ce répertoire a été un témoin
privilégié de l’évolution stylistique des compositeurs. Il est donc raisonnable de penser que
l’utilisation de quintes parallèles s’inscrira bien dans cette recherche stylistique 10 . La
fourchette de dates correspond à une période particulièrement mouvementée de l’histoire de
8
Charles Kœchlin, « Les tendances de la musique moderne française », dans Encyclopédie de la musique et
dictionnaire du Conservatoire, vol. 2, Technique, Esthétique et Pédagogie, sous la direction d’Albert
Lavignac et de Lionel de La Laurencie (Paris : Delagrave, 1922), 77.
9
Reginald Owen Morris, Foundations of Practical Harmony & Counterpoint (Westport, Conn. : Greenwood
Press, 1980), 146-147.
10
Voir Susan Bradshaw, « Keyboard Music. III. Piano Music from c1750. 6. The Growth of Pianism », dans
Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/
article/grove/music/14945> (consulté le 17 juin 2010).
4
la musique et, en particulier, de l’évolution de la tonalité, des débuts de l’impressionnisme
(1880) au déclin du néoclassicisme (1940). Ces deux courants importants représentent bien
les extrêmes entre lesquels l’époque est partagée : d’un côté, l’expression de l’atmosphère,
la sensation procurée par un objet ou une situation; de l’autre, une réappropriation des
règles anciennes tout en conservant les acquis du siècle présent. Cette période est également
traversée par d’autres courants tels que le romantisme, le symbolisme, l’expressionnisme,
l’exotisme et le sonorisme, autant de tendances qui manifestent bien le foisonnement
d’idées qui l’anime. Cependant, ce foisonnement est également traversé par une constante :
la rébellion contre l’enseignement des traités, notamment contre l’interdiction des quintes
parallèles. Le choix de la France comme objet d’étude s’explique principalement par
l’importance que prend ce pays dans la vie musicale de l'époque. De nouveaux courants
musicaux émergent de France, comme l’impressionnisme, qui est particulièrement
intéressant pour notre sujet d’étude, notamment par son représentant le plus connu, Claude
Debussy (1862-1918). Selon Robert Winter, Debussy a eu une influence majeure dans le
développement du jeu pianistique au XXe siècle, en particulier avec la Suite pour le piano
(1901), dans laquelle il mélange habilement trois siècles de tradit
ions11. Debussy est également connu pour son mépris des règles, spécifiquement de
l’interdiction des quintes parallèles dont sa musique pour piano fourmille d’exemples. Il
apparaissait donc tout indiqué comme point de départ de la recherche, et étendre l’étude à
ses compatriotes en était la suite logique, tout en permettant de le situer dans son contexte.
De plus, selon Michel Fleury, l’écriture ou la composition au clavier suggère de nouvelles
11
Robert Winter, « Pianoforte [piano]. II. Piano Playing. 3. 20th Century », dans Grove Music Online. Oxford
Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/21631>
(consulté le 17 juin 2010).
5
manières de formuler ou d’enchaîner les accords, notamment en mouvements parallèles 12.
Est-il nécessaire d’ajouter que mon choix a été marqué par une attirance personnelle
particulière pour le répertoire français de cette époque, attirance qui s’est avérée largement
justifiée par les données objectives de l’histoire de la musique, comme nous venons de le
voir?
Objectifs
Cette recherche vise principalement à définir le rôle des quintes parallèles dans le langage
tonal français au XXe siècle en étudiant les types d’utilisation de cet élément dans la
musique de piano. Cette étude nous permettra de dresser un portrait de la pratique des
compositeurs français dans ce domaine et d’en déterminer l’importance dans le style
d’écriture pianistique de l’époque. La définition du rôle des quintes parallèles dans le
langage permettra d’évaluer l’impact sur la musique française de piano de l’application ou
de la transgression de la règle les interdisant.
Méthodologie
La méthodologie utilisée pour cette recherche s’articule autour de deux grands axes, soit
l’enseignement des traités à propos des quintes parallèles, d’une part, et, d’autre part,
l’étude des caractéristiques de leur emploi dans le répertoire choisi. Je donnerai d’abord une
définition de ce qu’il faut entendre par quintes parallèles, puis je dresserai, au chapitre 1, un
bref survol des façons d’en expliquer l’interdiction, à l’aide notamment des travaux de
François-Joseph Fétis, Francis Edward Gladstone, Charles Kœchlin, Maud Gilchrist
12
Michel Fleury, L’impressionnisme et la musique (Paris : Fayard, 1996), 128.
6
Sewall, Matthew Shirlaw, Richard S. Parks, William Drabkin et Wanda Therese Farah 13.
J’exposerai ensuite dans le chapitre 2 le contexte théorique entourant la question en
étudiant des traités d’harmonie, de contrepoint et de composition français des XIXe et XXe
siècles, afin de déterminer la place qu’elle y occupe et les principaux aspects qui la
composent (le lecteur trouvera la liste des traités étudiés à l’annexe 1). Je considérerai
également dans mon étude certains traités d’auteurs non français, mais qui ont été traduits
et utilisés en France à cette époque. Le choix des traités à l’étude est basé en partie sur le
contenu de l’article sur les théories harmoniques de Lucien Chevaillier (1883-1932) dans
l’Encyclopédie de la musique et dictionnaire du Conservatoire dans lequel il recense et
commente les principaux traités qui ont marqué l’éducation des compositeurs français 14.
Les traité cités dans cette étude sont ceux dont il est raisonnable de croire qu’ils ont exercé
une influence sur les compositeurs à l’époque, parce qu’ils sont l’œuvre d’auteurs français
antérieurs ou contemporains, ou d’auteurs étrangers traduits et publiés en France. Selon
toute vraisemblance, ce sont les traités qui ont servi à la formation des compositeurs dont
nous étudierons les œuvres. Sur les 31 traités examinés, huit sont d’origine étrangère à la
France : cinq sont belges, trois sont allemands et le dernier est russe. Les dates de parution
s’étendent de 1802 à 1938, la première année étant celle de la première édition du traité de
13
François-Joseph Fétis, Traité complet de la théorie et de la pratique de l’harmonie, contenant la doctrine
de la science et de l’art, 9e éd. (Paris : Brandus et Dufour, 1867); Gladstone, « Consecutive Fifths »; Kœchlin,
« Les tendances de la musique moderne française »; Sewall, « Hucbald, Schoenberg and Others on Parallel
Octaves and Fifths »; Shirlaw, « Aesthetic – and Consecutive Fifths »; Richard S. Parks, Eighteenth-Century
Counterpoint and Tonal Structure (Englewood Cliffs, N. J. : Prentice-Hall, 1984); William Drabkin,
« Consecutive Fifths, Consecutive Octaves [Parallel Fifths, Parallel Octaves] », dans Grove Music Online.
Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com/subscriber/article/grove/music/06308> (consulté
le 19 novembre 2008); Farah, « Microcounterpoint ».
14
Lucien Chevaillier, « Les théories harmoniques », dans Encyclopédie de la musique et dictionnaire du
Conservatoire, vol. 2, Technique, Esthétique et Pédagogie, sous la direction d’Albert Lavignac et de Lionel
de La Laurencie, 519-590 (Paris : Delagrave, 1922). Cet ouvrage, contemporain de la période étudiée,
possède un caractère exhaustif qui en fait un témoin privilégié pour l’étude en cours. Le contenu de la
recherche a été limité par la disponibilité de certains documents. Cependant, compte tenu de l’importance et
de l’influence des ouvrages consultés, il est raisonnable de penser que l’absence de certains documents
n’affecte pas la validité des conclusions auxquelles je parviens.
7
Charles-Simon Catel (1773-1830), qui est resté longtemps en usage au Conservatoire et,
par conséquent, a nourri la formation d’un grand nombre de musiciens. On peut présumer
que les ouvrages antérieurs à ce traité n’étaient plus usités entre 1880 et 1940. À l’autre
extrémité de l’échelle temporelle, les traités les plus récents (1927, 1930, 1931 et 1938) ont
sans doute eu une influence plus réduite, mais ils témoignent de la persistance des règles,
malgré l’évolution tant de la pensée que de la pratique. Pour terminer l’étude de la pratique
des quintes parallèles, je définirai au chapitre 4 les différents types de quintes parallèles
qu’on retrouve dans la musique en me basant sur des informations recueillies dans les
traités étudiés et aussi en me référant, entre autres, aux travaux de Gladstone, Morris,
Gilson, Parks, Chew et Laudon15. Les caractéristiques des différents types s’appuieront en
général sur des éléments objectifs et des critères techniques présents dans les œuvres.
Cependant, il faudra tenir compte, dans certains cas, de critères plus subjectifs, de l’ordre
de l’esthétique (expression) ou des intentions du compositeur, puisqu’ils influencent la
classification des exemples et qu’il aurait été insensé de les mettre de côté sous prétexte
d’objectivité.
En ce qui concerne l’étude des caractéristiques du répertoire choisi, présentée au
chapitre 3, je dresserai d’abord un portrait sommaire de la musique de piano en France
entre 1880 et 1940 en décrivant brièvement les tendances, les caractéristiques, les courants
esthétiques, les influences et le contexte socioculturel de cette époque. Je traiterai ensuite
de l’évolution de la tonalité de l’époque classique jusqu’au XXe siècle en France afin de
rendre compte de l’utilisation et de la perception du matériel tonal à l’époque qui nous
occupe. Ceci sera réalisé entre autres à l’aide des travaux de Charles Kœchlin, Carl
15
Gladstone, « Consecutive Fifths »; Morris, Foundations of Practical Harmony & Counterpoint; Gilson,
Quintes, octaves, secondes et polytonie; Parks, Eighteenth-Century Counterpoint and Tonal Structure; Chew,
« The Perfections of Modern Music »; Laudon, « The Debate about Consecutive Fifths ».
8
Dalhlaus, Arnold Whittall, Jacques Viret, Nicolas Meeùs, Danièle Pistone, Françoise
Gervais, Michelle Biget, Michel Faure, Yves Defrance, Michel Fleury, Henri Gonnard et
Bryan Hyer16.
Le lecteur pourra s’étonner que nous ne tentions pas de retracer la progression dans
l’usage des quintes parallèles au sein de la période étudiée, et d’en examiner les liens avec
l’évolution du langage tonal. Bien que la chose ait été tentante, le contexte historique
foisonnant dans lequel nous avons placé la recherche nous contraint à y renoncer. En effet,
la multiplication des courants, qui se chevauchent et se superposent, rend le concept
d’évolution difficile à appliquer dans le cadre qui est le nôtre, puisque cette évolution n’est
en aucun cas linéaire. L’évolution de la pratique des compositeurs pris individuellement
aurait pu aussi être abordée, mais comme le choix des œuvres n’a pas été fait en fonction
d’une représentativité chronologique, fût-elle partielle, pour chaque compositeur, les
16
Kœchlin, « Les tendances de la musique moderne française »; Carl Dahlhaus, et al., « Harmony », dans
Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com:80/subscriber/article/grove/
music/50818> (consulté le 23 novembre 2009); Arnold Whittall, « Harmony », dans The Oxford Companion
to Music, sous la direction de Alison Latham, Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com:80/
subscriber/article/opr/t114/e3144> (consulté le 23 novembre 2009); Jacques Viret, « Les langages musicaux
du XXe siècle », dans Maurice Emmanuel, L’histoire de la langue musicale, (Paris : Laurens, 1981), 2 : 641660; Nicolas Meeùs, « Polyphonie, harmonie, tonalité », dans Musiques, une encyclopédie pour le XXIe siècle,
vol. 2, Les savoirs musicaux, sous la direction de Jean-Jacques Nattiez (Arles : Actes sud; Paris : Cité de la
musique, 2003), 116-133; Danièle Pistone, « Les conditions historiques de l’exotisme musical français »,
Revue internationale de musique française 6 (novembre 1981) : 11-22; idem, La musique en France de la
Révolution à 1900 (Paris : H. Champion, 1979); idem, « Le symbolisme et la musique française à la fin du
XIXe siècle », Revue internationale de musique française 32 (1995) : 9-51; idem, « L’impressionnisme
musical et l’esprit de fin-de-siècle », Revue internationale de musique française 5 (juin 1981) : 13-19;
Françoise Gervais, « Qu’est-ce que l’impressionnisme musical », Revue internationale de musique française 5
(juin 1981) : 9-19; idem, « Debussy et la tonalité », dans Actes du Colloque Debussy et l’évolution de la
musique au XXe siècle (Paris : Éditions du Centre National de Recherche Scientifique, 1965), 95-107;
Michelle Biget, « Les réminiscences romantiques dans la musique française de piano au début du XXe
siècle », Revue internationale de musique française 15 (novembre 1984) : 67-75; Michel Faure, Musique et
société, du Second Empire aux années vingt. Autour de Saint-Saëns, Fauré, Debussy et Ravel (Paris :
Flammarion, 1985); Yves Defrance, « Exotisme et esthétique musicale en France. Approche sociohistorique », Cahier de musiques traditionnelles 7 (1994) : 191-210; Fleury, L’impressionnisme et la musique;
Henri Gonnard, La musique modale en France de Berlioz à Debussy (Paris : H. Champion, 2000); Brian
Hyer, « Tonality », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com:80/
subscriber/article/grove/music/28102> (consulté le 23 novembre 2009).
9
conclusions que nous pourrions en tirer ne seraient pas suffisamment appuyées pour
prétendre à une validité scientifique.
La dernière partie du mémoire, soit le chapitre 5, sera consacrée à une étude critique
des deux grands axes. Je ferai d’abord état des principaux types de quintes parallèles
présents dans la musique de piano entre 1880 et 1940. Pour ce faire, j’ai examiné quelque
900 œuvres composées pendant cette période par de près de 60 compositeurs français (on
trouvera la liste des œuvres contenant des quintes parallèles à l’annexe 2, et la liste des
œuvres n’en contenant pas à l’annexe 3 17 ). La consultation d’articles d’encyclopédie
consacrés à des compositeurs français (et comportant une liste de leurs principales œuvres)
a d’abord orienté mes choix. Une recherche méticuleuse à travers l’International Music
Score Library Project [en ligne] m’a permis de découvrir certains compositeurs et œuvres
moins connus. Enfin, des guides spécialisés, tels que ceux de Maurice Hinson, Guy Sacre et
François-René Tranchefort, se sont avérés utiles pour compléter la recherche18. Le choix
des compositeurs et des œuvres étudiés s’est effectué dans un souci de couvrir un large
éventail de diversité, autant des œuvres marquantes que des œuvres moins connues, sans
toutefois prétendre à une exhaustivité inaccessible. J’ai volontairement mis de côté les
transcriptions pour piano et les œuvres à quatre mains, dont les particularités d’écriture
auraient pu interférer dans l’analyse et la complexifier. J’ai tenté de consulter au moins une
œuvre de chaque compositeur que je sélectionnais, souvent davantage pour valider si la
présence ou non de quintes parallèles était répandue dans sa pratique. Lorsque c’était
possible, je consultais en priorité la ou les œuvres les plus significatives du compositeur
17
Les dates biographiques des compositeurs étudiés ne seront mentionnées que dans ces annexes pour éviter
de surcharger le texte.
18
Maurice Hinson, Guide to the Pianist’s Repertoire, 3e éd. (Bloomington: Indiana University Press, 2001);
Guy Sacre, La Musique de piano, 2 vol. (Paris : Robert Laffont, 1998) ; François-René Tranchefort, Guide de
la musique de piano et de clavecin (Paris : Fayard, 1987).
10
selon des articles d’encyclopédie ou des monographies spécifiques que j’ai pu consulter.
J’ai aussi pris soin d’examiner certains recueils marquants de l’époque comme l’Album des
Six et À l’exposition. Je dois souligner ici la richesse documentaire rendue accessible à la
fois par les collections de musique de la Bibliothèque de l’Université Laval et par
l’International Music Score Library Project [en ligne]. Certains compositeurs qui ont
commencé à être actifs à la fin de la période concernée ont été volontairement mis de côté,
comme Olivier Messiaen (1908-1992), Georges Migot (1891-1976) et André Jolivet (19051974), considérant que les œuvres qu’ils ont écrites à cette époque reflètent davantage
l’influence de leurs prédécesseurs que leur véritable style personnel qui se développera en
dehors de notre période d’étude. Chaque occurrence de quinte découverte dans une œuvre a
fait l’objet d’une analyse selon les critères définissant chacun des types de quintes. Des
exemples marquants ou particuliers serviront d’illustration et de support au propos, et des
tableaux montreront l’importance de chaque type. Le lecteur pourra s’étonner à l’occasion
de voir certains exemples représenter un type de quintes plutôt qu’un autre. Il faut être
conscient que les catégories que nous avons établies ne sont pas étanches, certains critères
laissant place à l’interprétation, et que les œuvres sont parfois très complexes. L’expérience
acquise par l’observation d’un grand nombre d’exemples nous donne une certaine
assurance dans l’identification, mais plusieurs cas resteront toujours discutables. Dans mon
étude de l’importance de chaque type, on ne trouvera malheureusement pas de statistiques
précises sur la fréquence ou l’importance de tel ou tel usage. En effet, les œuvres sont de
longueur, de notoriété et d’influence très variables, d’une part, et, d’autre part, l’échantillon
n’est pas également représentatif pour tous les compositeurs. La définition même de l’objet
de recherche, soit les différentes catégories de quintes parallèles, rend impossible une
comparaison systématique basée sur des données quantitatives. Il est en effet difficile de
11
comparer entre eux, par exemple, des compositeurs qui utilisent des quintes parallèles en
série (sur plusieurs mesures) avec des compositeurs qui les utilisent en paires, parfois à une
seule reprise, parfois à plusieurs reprises. La comparaison des différents tableaux entre eux
donnera une idée de l’importance de chaque type par rapport aux autres, et nous établirons
un rapport de proportion d’exemples trouvés dans chacune des catégories, mais
l’interprétation statistique de cette donnée sera très limitée. Suite à cette analyse, je tenterai
en conclusion de définir le rôle des quintes parallèles en me basant sur les types les plus
utilisés par les compositeurs ou ceux ayant eu l’impact le plus significatif. Ces observations
me permettront également d’évaluer l’importance du phénomène au sein du style d’écriture
de l’époque et son incidence sur l’évolution de la musique française de piano.
Armé tous ces outils, nous sommes maintenant en mesure de nous attaquer à cette
recherche, en commençant par l’origine de cette problématique
Chapitre 1
Les quintes parallèles du Xe au XIXe siècle
Pour amorcer notre étude, nous allons nous pencher sur la question des quintes parallèles en
général, établissant la définition qui nous suivra tout au long de notre parcours et dressant
un bref historique de cette interdiction.
1.1 Définition
William Drabkin, dans le Grove Music Online, définit les quintes parallèles comme le
redoublement de la ligne mélodique d’une partie par une autre à un intervalle de quinte
juste1. On trouve déjà dans cette définition des éléments qui, nous le verrons, permettront
de comprendre en partie pourquoi les quintes parallèles sont frappées d’interdiction. De son
côté, Richard S. Parks définit plus simplement les quintes parallèles comme deux voix
allant dans la même direction, en partant d’une quinte vers une autre quinte2.
Dans les différents traités et ouvrages consultés, les auteurs utilisent diverses
expressions pour désigner les quintes parallèles : « quintes consécutives », « quintes
directes », « quintes successives », ou plus simplement « des quintes ». Le présent mémoire
utilisera ces divers synonymes, qui se rapporteront tous à la définition qui précède, à
l’exception du terme « quintes directes », qui sera évité, sauf dans le cas de citations
textuelles, afin ne pas créer de référence ambiguë aux quintes uniques atteintes par
mouvement semblable, appelées aussi « quintes directes ».
1
William Drabkin, « Consecutive Fifths, Consecutive Octaves [Parallel Fifths, Parallel Octaves] », dans
Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com/subscriber/article/grove/
music/06308> (consulté le 19 novembre 2008).
2
Richard S. Parks, Eighteenth-Century Counterpoint and Tonal Structure (Englewood Cliffs, N.J. : PrenticeHall, 1984), 22.
13
1.2 Historique
Les quintes parallèles n’ont pas toujours été interdites dans l’écriture musicale. Les
musiciens du Moyen Âge, qui ne reconnaissaient que l’octave, la quarte et la quinte juste
comme consonances, n’ont pu qu’envisager ces intervalles pour l’accompagnement des
mélodies, même si cela entraînait l’accompagnement d’un mode par un autre. Les premiers
essais d’harmonie étaient donc composés d’une mélodie doublée entièrement à la quinte
juste (ou à la quarte juste). C’est ce que les auteurs nomment généralement « organum »
(exemple 1.1). Arnold Schoenberg (1874-1951) fait remarquer que le chant par quartes ou
quintes correspond exactement aux exigences des registres de la voix humaine, chacun des
registres se trouvant à environ une quinte de distance de ceux qui lui sont adjacents 3.
Exemple 1.1 – Organum parallèle à la quinte, Musica enchiriadis4.
Dans son traité, le moine Hucbald de Saint-Amand (v. 840 ou 850-930) suggère qu’un
redoublement à la quinte enrichit la couleur de la ligne musicale en amplifiant la sonorité
du chant 5 . Selon Wanda Therese Farah, pour juger de l’opinion d’Hucbald, il faut se
replacer dans son contexte musical où l’harmonie n’était pas aussi développée que de nos
jours
3
6
. Il ne faut donc pas, comme Willy Pastor (1867-1933), croire Hucbald
Arnold Schoenberg, Traité d’harmonie, traduit de l’allemand et présenté par Gérard Gubisch (Paris: J.-C.
Lattès, 1983), 97.
4
David Fenwick Wilson, dir., Music of the Middle Ages : An Anthology for Performance and Study (New
York : Schirmer Books, 1990), 38.
5
Hucbald de Saint-Amand, « De Institutione », dans Hucbald, Guido and John on Music, sous la direction de
Claude Palisca (New Haven : Yale University Press, 1979), cité dans Wanda Therese Farah,
« Microcounterpoint », dans « The Principle of Counterpoint and its Expression in Music, Dance and
Cinema » (thèse de doctorat, University of Texas at Austin, 1985), 78.
6
Farah, « Microcounterpoint », 87.
14
« extrêmement mauvais musicien »7, mais comprendre qu’il ne trouve pas nécessairement
les quintes parallèles « belles », mais bien « meilleures » que la monodie stricte 8 . Des
auteurs tels que August Wilhelm Ambros (1816-1876) et Raphael Georg Kiesewetter
(1773-1850) sont tellement convaincus de l’inefficacité des quintes parallèles et de leur
pauvre valeur esthétique qu’ils vont même jusqu’à douter que des œuvres complètement
doublées à la quinte aient été jouées ou même aient existé en dehors d’essais cachés dans
les monastères 9 . Ils remettent en cause les écrits d’Hucbald, lesquels assurent que les
quintes consécutives sonnent « douces et plaisantes à l’oreille »10.
Cependant, d’autres auteurs comme Lucien Chevaillier (1883-1932) et FrançoisJoseph Fétis (1784-1871) affirment qu’il existe plusieurs types d’organa qui utilisent des
intervalles plus variés et des mouvements autres que parallèles11. En effet, dès la fin du
IXe siècle, un système d’organum s’est développé, « où l’unisson, la tierce majeure, la
quarte et la quinte étaient tour à tour employés dans l’harmonisation du chant, par des
successions de mouvements parallèles ou contraire des voix »12 (exemple 1.2).
7
Willy Pastor, « The Music of Primitive Peoples and the Beginnings of European Music », Annual Report of
the Smithsonian Institution (1912), 694, cité dans Farah, « Microcounterpoint », 87. « extremely bad
musicians ». Les traductions sont de l’auteur.
8
Farah, « Microcounterpoint », 81.
9
Maud Gilchrist Sewall, « Hucbald, Schoenberg and Others on Parallel Octaves and Fifths », Musical
Quarterly 12 (1926) : 249; René Lenormand, Étude sur l’harmonie moderne (Paris : Le monde musical,
1912), 12.
10
Matthew Shirlaw, « Aesthetic – and Consecutive Fifths », Music Review 10 (1949) : 91. « sweet and
pleasant to the ear ».
11
Lucien Chevaillier, « Les théories harmoniques », dans Encyclopédie de la musique et dictionnaire du
Conservatoire, vol. 2, Technique, Esthétique et Pédagogie, sous la direction d’Albert Lavignac et de Lionel
de La Laurencie (Paris : Delagrave, 1922), 521; François-Joseph Fétis, Traité complet de la théorie et de la
pratique de l’harmonie, contenant la doctrine de la science et de l’art, 9e éd. (Paris : Brandus et Dufour,
1867), xxxiij-xxxiv.
12
Hucbald de Saint-Amand, « Musica enchiriadis, c. XVIIIi », dans Gerbert, Script. Eccles. de Musica, tome
I, 170, cité dans Fétis, Traité complet de la théorie et de la pratique de l’harmonie, xxxiv.
15
Exemple 1.2 – Organum avec des intervalles variés :
Alleluia – Justus ut palma, mes. 8-1113.
Les théoriciens ne s’entendent pas sur l’origine de la règle. Selon Serge Gut, la première
interdiction, sans grande application pratique toutefois, vient du Tractatus de Discantu de
l’Anonyme XIII (XIIIe siècle), qui invoque leur perfection pour les interdire (Gut rappelle
que c’est grâce à cette même perfection que le parallélisme a d’abord été accepté)14. Selon
William Drabkin, le premier théoricien à interdire les quintes parallèles est plutôt Johannes
de Garlandia (fl. v. 1270-1320) dans Optima introductio in contrapunctum (autour de
1300) 15 . Et William Hayman Cummings (1831-1915), lors de la conférence de Francis
Edward Gladstone (1845-1928) le 6 mars 1882, affirme que c’est John Dunstable (v. 13901453) qui les aurait interdites parce qu’elles sont trop jolies, « de sorte que les anciens
auraient été comblés par la douceur de la quinte 16 ». Selon Dunstable, les anciens les
trouvaient particulièrement douces, trop parfaites, et comme l’harmonie ne contenait que
des quintes et des octaves, ils ont cru préférable de devoir trouver autre chose pour éviter
que tant de perfection et de douceur ne distraient les auditeurs de la fonction liturgique de la
musique. René Lenormand (1846-1932), de son côté, mentionne que Johannes de Muris
(v. 1290-v. 1355) est très explicite sur le sujet au début du XIVe siècle17. Gioseffo Zarlino
13
Wilson, dir., Music of the Middle Ages, 47.
Serge Gut, « La notion de consonance chez les Théoriciens du Moyen-Âge », Acta Musicologica 48, 1
(janvier-juin 1976) : 27; Anonyme XIII, Tractatus de Discantu, dans Charles-Edmond-Henri de
Coussemaker, Scriptorum de musica medii aevi, tome III (Paris, 1869; réimpression, Hildesheim : Georg
Olms, 1963), 497.
15
Johannis de Garlandia, Optima introduction in contrapunctum pro rudibus, dans Coussemaker, Scriptorum
de musica medii aevi, tome III, 12; Drabkin, « Consecutive Fifths, Consecutive Octaves ».
16
Francis Edward Gladstone, « Consecutive Fifths », Journal of the Royal Musical Association 8 (6 mars
1882) : 114. « so that the ancients could be really cloyed with the sweetness of the fifth ».
17
Lenormand, Étude sur l’harmonie moderne, 12.
14
16
(1517-1590) s’est également préoccupé de l’origine de cette règle, sans grande précision
toutefois, ayant écrit dans ses Instituzioni harmoniche en 1558 que les anciens
compositeurs interdisent deux quintes consécutives (de même que les octaves et les
unissons), car ils considèrent que l’harmonie doit provenir de choses diverses, discordantes
et contraires les unes des autres plutôt que de choses semblables18. Les auteurs commencent
déjà à cette époque à introduire la notion de variété dans l’harmonie, élément sur lequel se
basent plusieurs arguments justifiant l’interdiction des quintes parallèles.
Selon
Charles
Kœchlin
(1867-1950),
compositeur
et
théoricien
français,
l’introduction de la tierce amenant des sonorités nouvelles et le développement de l’art
contrapuntique, notamment l’écriture en imitation, pourraient expliquer en partie pourquoi
les compositeurs se sont détournés des mouvements parallèles, alors considérés comme
massifs et monotones19 :
Lorsqu’on eut l’idée, au Moyen-Âge, d’ajouter la tierce aux accords de quintes, peut-être priton goût davantage à la tierce et moins à la quinte. Et, lorsque dans le même temps l’on
commença de concevoir des parties chantantes où, d’une voix à l’autre, des thèmes s’imitaient
en se répondant (ébauche de la fugue), il fut assez naturel, il fut même nécessaire de procéder
autrement que par les anciens mouvements parallèles […] Les quintes successives se firent
plus rares; comme elles ne furent plus à la mode, les théoriciens s’empressèrent de les juger
mauvaises20.
Kœchlin évoque donc aussi la notion de variété, laquelle se trouvait déjà dans certains types
d’organa mentionnés précédemment, et qui prit de plus en plus d’ampleur avec le temps.
Philippe de Vitry (1291-1361) a, quant à lui, énoncé la règle suivante : « Deux consonances
18
« Vietavano di poi gli antichi compositori il porre due consonanze perfette di uno istesso genere, o specie,
contenute ne i loro estremi da una proportione istessa, l’una dopo l’altra; movendosi le modulationi per uno, o
per più gradi; come il porre due, o più unisoni, o ver due, o più ottave, o ver am enter due, o più quinte, &
altre simili; me ne i sotto spot i es sempi si vede. Conciosiache molto ben sapeunao, che l’harmoni a non può
nascere, se non da cose tra loro diverse, discordanti & contrarie; & non da quelle, che in ogni cosa si
convengono. » Gioseffo Zarlino, Le instituzioni harmoniche (Venise, 1558, réimpression New York : Broude,
1965), 176; Gioseffo Zarlino, The Art of Counterpoint; part three of « Le istitutioni harmoniche », traduit de
l’italien par Gui A. Marco et Claude V. Palisca (New Haven : Yale University Press, 1968), 59.
19
Charles Kœchlin, « Les tendances de la musique moderne française », dans Encyclopédie de la Musique et
Dictionnaire du Conservatoire. Technique, Esthétique et Pédagogie, sous la direction d’Albert Lavignac et de
Lionel de La Laurencie (Paris : Delagrave), 73.
20
Kœchlin, Traité de l’harmonie, vol. 1 (Paris : Eschig, 1927-1930), 14.
17
parfaites ne peuvent se suivre; plusieurs consonances imparfaites ne doivent se suivre qu’en
cas de nécessité21 ». Ce n’était donc pas qu’une question de quintes (ou de consonances
parfaites), mais bien de parallélisme en général, de variété dans les mouvements des parties.
L’avènement du mouvement contraire a donc contribué, avec l’élégance et la variété qu’il
apportait, à diminuer l’intérêt envers les mouvements parallèles. Toutes ces nouveautés ont
donc forcé le développement de règles d’écriture qui ont de moins en moins permis de faire
des quintes parallèles. Schoenberg résume le tout en attribuant l’origine de cette règle à
l’évolution de l’harmonie22.
Par ailleurs, la présence d’une « quinte imparfaite » parmi les sept quintes contenues
dans une gamme diatonique est un autre élément qui a certainement contribué à diminuer
l’intérêt des compositeurs pour l’harmonisation à la quinte. En effet, les compositeurs
devaient toujours garder à l’esprit cette précaution d’éviter le triton, le « diable en
musique », ce qui pouvait se traduire par l’évitement, dans la mélodie, de la note pouvant
créer le triton, ou par un arrêt momentané du parallélisme. La variété ainsi obtenue a pu
devenir de plus en plus prisée, et les compositeurs ont délaissé peu à peu les mouvements
parallèles, qui devaient paraître plus monotones.
Dans la théorie et la pratique « d’école », l’interdiction stricte des quintes parallèles
perdure jusqu’à nos jours. Par contre, dans la pratique « libre », on dénote de nombreux
écarts à toutes les époques. Toutefois, vers la fin du XIXe siècle, le mouvement prend un
peu plus d’importance. À l’époque impressionniste, les compositeurs Debussy et Ravel font
du parallélisme un de leurs éléments de langage. Ils insèrent des mouvements parallèles en
21
« Debemus etiam binas consonantias perfectus seriatim conjunctas ascendendo vel descendendo, prout
possumus, evitare ». Chevaillier, « Les théories harmoniques », 522. Traduction de la source.
22
Schoenberg, Traité d’harmonie, 95-99.
18
grande quantité dans leurs œuvres, souvent plusieurs suites d’accords contenant à
l’occasion l’intervalle de quinte (exemple 1.3).
Exemple 1.3 – Debussy, Estampes, n° 2 : « Soirée dans Grenade », mes. 33-36.
Françoise Gervais parle même chez Debussy de « mélodies d’accords », lorsqu’il délaisse
l’harmonie fonctionnelle pour densifier et colorer une mélodie à l’aide d’accords dont
toutes les voix se déplacent en mouvements parallèles23. Plusieurs autres compositeurs ont
aussi utilisé le parallélisme d’accords, de façon plus ou moins importante selon le cas,
comme Ibert, Kœchlin, Poulenc et Séverac. Le parallélisme devient ainsi un élément
caractéristique du langage musical de cette époque. Cet élément d’écriture convient bien à
la philosophie de l’impressionnisme, qui recherche une façon subtile de dire les choses. En
effet, selon une opinion répandue, l’utilisation de quintes parallèles rend la perception
tonale difficile, ce qui pourrait contribuer à créer dans l’imaginaire des compositeurs et des
auditeurs le « flou » typique aux œuvres impressionnistes. Dorel Handman affirme :
Il n'y aura plus d'articulations nettes; des auditeurs à l'esprit peu délié auront le sentiment que
l'œuvre commence n'importe où et finit n'importe comment; de tels reproches furent faits
également aux tableaux impressionnistes qui ne respectaient plus le cadrage traditionnel. Qu'on
ne se méprenne point. Ce n'est pas pour imiter la peinture de son temps que Debussy évite tout
ce qui pourrait paraître « géométrique », brouille les traces, adopte une écriture vaporeuse,
splendidement sensorielle. La raison est ailleurs : un ouvrage ne doit pas « avoir l'air écrit ».
Imprécision gardienne du mystère, « voile volontaire » [...]24
23
Françoise Gervais, « La notion d’arabesque chez Debussy », Revue musicale 241 (1958), 14-15, cité dans
Michel Fleury, L’impressionnisme et la musique (Paris : Fayard, 1996), 79.
24
Dorel Handman, « Impressionnisme », dans Encyclopédie de la musique, sous la direction de François
Michel (Paris : Fasquelle, 1958-1961), 2 : 526.
19
Les impressionnistes accordent aussi de l’importance au son pour lui-même, à la beauté
intrinsèque du son, donc moins à la relation des sons entre eux, contrairement aux tenants
de l’harmonie tonale fonctionnelle, par exemple. Cette nouvelle optique dans la
composition a ouvert la porte à davantage de parallélisme, ce qui, selon Leon Dallin (19181993), a joué un rôle essentiel dans la libération de la conduite des voix et dans
l’émergence de nouveaux concepts d’organisation tonale. Bien qu’à première vue il puisse
sembler contradictoire qu’un phénomène liant les voix entre elles libère la conduite des
voix, il n’en est rien : les quintes parallèles, en liant les voix entre elles, se trouvent tout de
même à libérer la conduite des voix de certaines autres règles (résolution ou prédominance
du mouvement contraire, par exemple). Dallin explique ce phénomène par le fait que les
mouvements parallèles tendent à réduire la valeur fonctionnelle des accords et il met
l’accent
sur
l’aspect
« coloriste »
de
l’harmonie,
caractéristique
propre
à
l’impressionnisme25. Dans le cas de la quinte, la dimension « coloriste » est accentuée par
le fait que c’est une consonance parfaite; elle apporte donc toujours le même type de
couleur sonore, peu importe la tonalité ou le mode utilisé, par opposition aux consonances
imparfaites qui peuvent être majeures ou mineures selon les cas. Ce type d’harmonie peut
se comparer en partie aux premiers essais d’organums, quand les compositeurs cherchaient
un moyen d’enrichir la mélodie, mais n’utilisaient pas les règles d’harmonie des modernes.
Les compositeurs impressionnistes ont en quelque sorte rejeté ces règles, et en cherchant
autre chose, sont revenus au point de départ. On pourrait presque parler d’un mouvement
de retour à l’organum, qui bien que considéré par plusieurs comme un archaïsme, pourrait
être devenu un élément du style de cette époque, et que l’on doit en partie à l’influence de
25
Leon Dallin, Technique of Twentieth Century Composition : A Guide to the Materials of Modern Music
(Dubuque : W.C. Brown, 1974), 118.
20
la facture d’orgue, où, dans les jeux de mutation et de mixture de l’orgue romantique, la
quinte est très présente26.
Ainsi, l’énoncé de la définition et de l’historique des quintes parallèles nous a
permis de comprendre l’origine de cette problématique et servira de point de départ pour en
expliquer les effets sur le langage pianistique de l’époque étudiée.
26
Bengt Hambraeus, « Aristide Cavaillé-Coll, Charles-Marie Widor : the Organ and the Orchestra », dans
Donald Mackay, dir., L’orgue à notre époque: Papers and Proceedings of the Symposium held at McGill
University, May 26-28, 1981 (Montréal: McGill University, 1982), 185-192.
Chapitre 2
Les quintes parallèles dans les traités d’harmonie, de contrepoint et de
composition aux XIXe et XXe siècles en France
Après avoir décrit l’historique de l’interdiction des quintes parallèles au chapitre 1, il
importe maintenant d’étudier en détail cette règle présente dans la majorité des traités
d’harmonie, de contrepoint et de composition au XIXe et au moins jusqu’à la fin de la
première moitié du XXe siècle1. Pour ce faire, nous avons consulté 31 traités publiés à cette
époque (29 auteurs différents). On en trouvera la liste complète à l’annexe 1, de même que
les références bibliographiques des traités et les dates biographiques des auteurs2. À l’aide
d’exemples et de citations tirés de ces traités, nous illustrerons les similitudes et les
différences dans la présentation de cette règle.
La liste des traités étudiés se compose de 23 traités d’harmonie, six traités de
contrepoint, un traité de composition et un traité dont le titre évoque à la fois l’harmonie et
la composition. Les dates de publication s’échelonnent de manière à peu près égale tout au
long de l’intervalle 1802-1938, avec entre un et trois traités par décennie, à l’exception de
la décennie 1830 qui n’en contient pas, des décennies 1860 et 1900 qui en contiennent
quatre et de la décennie 1910 qui en contient cinq. Les auteurs sont majoritairement
français (dont un tchèque naturalisé français, Reicha, et un italien ayant obtenu la
citoyenneté française, Cherubini), mais on compte également quatre belges (Gevaert, Fétis,
Vivier et Gilson), trois allemands (Jadassohn, Riemann et Richter) et un russe (RimskiKorsakov), qui comptent parmi les théoriciens les plus importants de leur pays et de leurs
époques respectifs. La plupart des auteurs des traités étaient aussi compositeurs (23 sur 29)
1
Curieusement, un ouvrage inspiré de la méthode Gallin [Philippe-Marc-Antoine Geslin, Cours analytique de
musique ou méthode développée du Méloplaste (Paris : De Geslin, 1825)] ne fait pas mention de l’interdiction
des quintes parallèles. Tout porte à croire qu’il est le seul à suivre cette voie.
2
Les autres références à ces traités figurent entre parenthèses dans le texte. Dans le cas de deux ouvrages d’un
même auteur, une note sera ajoutée pour clarifier de quel ouvrage il s’agit.
22
et/ou professeurs (20 sur 29). Par leur enseignement, certains auteurs ont pu s’influencer les
uns les autres, notamment Reicha qui a enseigné à Barbereau et Reber; Bazin qui a eu pour
élèves Savard, Lavignac, Dubois et Émile Durand; Gevaert qui a enseigné à Gilson; Richter
qui a compté Jadassohn parmi ses élèves; et Dubois qui a enseigné à Jacques Durand.
L’influence sur les compositeurs que nous étudierons au chapitre 5 est aussi plausible de
par les relations professeur/élève que nous pouvons observer : Reicha a enseigné à Gounod
et Franck; Savard a enseigné à Chaminade; Émile Durand a eu pour élèves Debussy et
Pierné; Lavignac a compté dans ses classes Debussy, D’Indy, Pierné et Schmitt; Kœchlin a
enseigné à Poulenc, Tailleferre et Sauguet; et Caussade a eu pour élèves Alain, Auric et
Boulanger. Le Grove Music Online décrit cinq des auteurs de traités comme des
musicologues (Gevaert, Fétis, Riemann, Lavignac et Kœchlin) et six autres comme des
théoriciens (Catel, Cherubini, Jadassohn, Vinée, Richter et Reicha). Deux des auteurs
proviennent de milieux extérieurs à la musique : Derode est historien et Chevé est médecin.
Quatre agissent comme chefs d’orchestre (Bazin, Cherubini, Savard et Jadassohn), trois
comme éditeurs (Cherubini, Jacques Durand et Riemann), deux comme critiques musicaux
(Fétis et Riemann) et trois comme organistes (Wachs, Dubois et Dupré). Certains traités ont
été désignés comme manuel officiel dans les conservatoires, notamment ceux de Catel, de
Reicha, de Cherubini et de Richter. Le désir de renouveler la théorie anime plusieurs
auteurs; c’est le cas de Reicha (qui voulait enseigner l’usage contemporain, et selon qui la
théorie devait être justifiée par la pratique3), Gevaert (dont l’ouvrage a été précédé par une
3
Peter Eliot Stone, « Reicha, Antoine », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/23093> (consulté le 8 juin 2012).
23
réforme fondamentale en enseignement de la part de l’auteur4), Cherubini (qui définit son
approche comme celle du contrepoint strict moderne 5 ), Fétis (qui souhaitait résoudre
l’opposition entre les enseignements découlant de la tradition de Rameau et ceux découlant
du traité de Catel 6 ) et Gilson (qui bien qu’affichant du respect pour la rhétorique
conventionnelle et la syntaxe traditionnelle, prônait l’inexistence de règles absolues 7 ).
D’autres traités étaient plutôt animés par une volonté de mettre en valeur les traditions,
comme celui de Bazin qui a été écrit en réaction aux tendances modernes et libérales de
Franck8. Certains traités ont acquis une renommée intéressante : le traité de Reber a connu
plusieurs éditions, le traité de Catel a été populaire par ses traductions en Allemagne, en
Italie et en Angleterre et le traité de Richter a connu 36 éditions et a été traduit en neuf
langues. Les principes de Cherubini sont même devenus la théorie officielle du contrepoint
en France au XIXe siècle9. Richter et Catel ont conçu des traités s’adressant d’abord aux
débutants, conçus pour être simples et pratiques, alors que d’autres, comme Fétis, Riemann
et Gilson, par exemple, ont écrit des ouvrages dans lesquels s’insère une certaine
philosophie de la tonalité ou de la musique en général.
4
Anne-Marie Riessauw et Jean Hargot, « Gevaert, François-Auguste », dans Grove Music Online. Oxford
Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/11003>
(consulté le 8 juin 2012).
5
Michael Fend, « Cherubini, Luigi », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/53110> (consulté le 8 juin 2012).
6
Robert Wangermée et al. « Fétis », dnas Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/09564pg1> (consulté le 8 juin 2012).
7
Henri Vanhulst, « Gilson, Paul », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/11154> (consulté le 8 juin 2012).
8
Gérard Streletski, « Bazin, François-Emmanuel-Victor », dans Grove Music Online. Oxford Music Online,
<http://www.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/02396>
(consulté
le
8 juin2012).
9
Fend, « Cherubini, Luigi », dans Grove Music Online.
24
2.1 Énoncés de la règle générale
Tous les auteurs étudiés s’entendent pour interdire les quintes parallèles dans les exercices
de contrepoint de style rigoureux, de même que dans les études d’harmonie et dans les
premiers essais de composition. Ils interdisent les quintes strictement parallèles (lorsque les
deux voix vont dans la même direction), mais souvent aussi les quintes successives par
mouvement contraire (quinte suivie d’une douzième et inversement, aussi appelées
« quintes antiparallèles ») 10 . Certains auteurs étendent l’interdiction à la composition en
style libre, qui doit tout de même, selon eux, se rapprocher de la pureté du style rigoureux.
Afin de bien situer les auteurs les uns par rapport aux autres, nous présentons dans le
tableau 2.1 l’énoncé de la règle chez chacun d’eux. On pourra remarquer par la suite que,
pour certains, il s’agira de l’unique mention qu’ils auront dans ce chapitre.
Derode et Wachs ne figurent pas dans ce tableau. Wachs n’énonce simplement pas
la règle générale, mais l’affirme toutefois dans des cas plus précis auxquels nous
reviendrons plus loin. Le cas de Derode est un peu différent. Il refuse explicitement
d’énoncer une règle interdisant les quintes parallèles, puisqu’il devrait en établir ensuite
une liste d’exceptions et d’applications. Il compte plutôt sur le fait que l’élève sait qu’il ne
doit pas faire suivre des accords n’ayant pas de relations11, et que lorsque la convenance de
relation existe, la présence de quintes n’a plus d’importance (Derode : 218-219).
10
Par souci de concision nous ne traiterons pas de ce type de quintes dans le présent mémoire.
Selon Derode, deux tons ou deux accords sont relatifs lorsqu’ils ont une ou plusieurs notes communes
(Derode : 145).
11
25
Tableau 2.1 – Interdiction des quintes parallèles dans les traités12
Auteur
Catel
Citation
L’emploi du mouvement direct, pour les consonances parfaites[,] produirait des
quintes et des octaves de suite, soit directes, soit cachées, ce qu’il faut éviter avec
soin (p. 4).
Reicha
Il s’agit, dans l’emploi de ce mouvement [semblable], d’éviter avec adresse de faire
des Quintes […] de suite, tant réelles que cachées entre deux parties quelconques
(p. 29).
Barbereau
Deux quintes justes, […] consécutives, sont défendues entre deux Parties qui
marchent par mouvement direct (p. 26).
Chevé
Ainsi, par cette première variété de mouvement semblable [mouvement parallèle],
on devra renoncer à prendre […] les intervalles de deuxième qualité [quarte, quinte,
octave et leurs redoublements], toujours plus ou moins compromettant pour la
tonalité, quand on en met deux de même nom l’un à côté de l’autre; ce qui arrive
quand on les prend par la variété de mouvement semblable dont nous nous
occupons (p. 241).
Bazin
Dans le mouvement harmonique direct de deux parties, il ne faut pas faire entre
ces deux parties, la succession simultanée […] de plusieurs quintes (p. 27).
Gevaert
[succession des accords] Les successions […] de quintes ne peuvent pas s’employer
entre les mêmes parties par mouvement égal (p. 19).
Reber
L’effet de DEUX QUINTES JUSTES CONSÉCUTIVES, […], est plus mauvais
encore que celui [d’une seule quinte juste atteinte par mouvement direct]
Les infractions à la règle précédente produisent ce qu’on nomme généralement
quintes […] défendues. […]
Dans les cas de deux quintes justes […] consécutives on dit simplement qu’il y a
deux quintes […] (p. 15).
[de l’harmonie à plus de quatre parties réelles] §313 […] Deux quintes justes
consécutives […] sont toujours défendus lorsqu’[elles] ont lieu par mouvement
semblable (p. 120).
[contrepoint – style rigoureux] Deux quintes justes consécutives, […], sont
proscrites (p. 270).
Cherubini
On ne doit jamais faire succéder plusieurs consonnances [sic] parfaites de la mème
[sic] dénomination, à telle élévation que ce soit. Par conséquent deux quintes et
deux octaves de suite sont défendues. Cette défense est applicable à toute sorte de
composition rigoureuse, à deux parties, comme à plusieurs (p. 5).
Deux quintes de suite, par mouvement direct, sont toujours défendues entre toutes
les parties (p. 11).
Fétis
[contrepoint simple de première espèce] Deux quintes, soit en montant, soit en
descendant, annoncent deux tons différents; cette observation a suffi [pour] les faire
proscrire (Traité du contrepoint et de la fugue : p. 4).
Savard
On ne doit pas faire de suite, entre les mêmes parties, deux consonances parfaites
de même nature, c’est-à-dire : deux quintes ou deux octaves, surtout par mouvement
direct (p. 59).
12
Les auteurs cités dans les tableaux seront toujours présentés en ordre chronologique de parution des traités.
Les passages en italique, gras ou souligné dans les tableaux ou les citations du texte sont de la source.
26
Auteur
Émile
Durand
Citation
Il est défendu de faire de suite, deux ou plusieurs quintes justes […] par le
mouvement direct […]. Cela s’appelle faire des quintes […] consécuti[ves] (p. 12).
Jadassohn
[composition à 8 voix] L’élève remarquera qu’aucune voix n’est conduite avec une
autre […] en quintes parfaites parallèles (p. 116).
RimskiKorsakov
Les quintes […] parallèles […] sont strictement défendues à l’élève (p. 14).
Vivier
On ne peut faire entendre dans les mêmes parties deux quintes […] successives
(p. 46).
Rahn
l’oreille n’accepte pas deux repos différents, et repousse par conséquent une
succession de quintes justes différentes par mouvement direct (p. 35).
Les quintes justes par mouvement direct sont interdites, non seulement dans
l’harmonie serrée, mais aussi dans l’harmonie large, quelque soit le nombre de
parties que l’on écrive (p. 36).
Nous avons dit […] qu’une suite de deux ou de plusieurs quintes justes, par
mouvement direct, produisent [sic] un mauvais effet (p. 43).
Riemann
les quintes consécutives entre deux voix sont mauvaises (p. 29).
Ratez
Éviter les quintes […] consécutives entre les mêmes parties (p. 6).
Lavignac
Lorsque deux parties procèdent par mouvement harmonique direct, il est très
mauvais et absolument défendu qu’elles fassent entendre consécutivement deux
quintes justes (p. 41).
Vinée
Nous en venons à parler de la règle qui interdit à deux parties de se mouvoir
parallèlement en quintes justes. […]
À deux parties, l’emploi de deux quintes de suite sera bien rarement justifié (p. 92).
Richter
Lorsque, entre deux accords, il n’y a aucune note commune, les voix marchent
librement, de telle sorte pourtant, qu’elles ne puissent donner lieu à des quintes
[…] avec une autre voix (p. 13).
Le mouvement fautif des voix, indiqué ci-dessus, par les mots […] quintes
parallèles, ne peut résulter que du mouvement direct (p. 14).
Cette faute existe de même pour toutes les voix (p. 15).
Lenormand
Elles sont défendues, disent les traités d’harmonie actuellement en usage (p. 11).
Jacques
Durand
Les règles scolastiques interdisent la succession des accords comportant des
intervalles de quinte se suivant (p. 21).
Gilson
Mais il ne fut plus toléré que les accords se succédassent en produisant des quintes
[…] parallèles (vol. 1 : p. 13).
Dubois
Il est défendu de faire, entre deux parties quelconques, deux quintes […]
consécutives, […] par mouvement direct (p. 13).
Kœchlin
Même interdiction pour deux quintes justes consécutives, par mouvement direct
(Traité de l’harmonie, vol. 1 : p. 13).
Entre deux parties données, les quintes […] immédiatement consécutives sont
interdites, sans exception (Précis des règles du contrepoint : p. 2).
Caussade
Deux quintes justes […] sont proscrit[e]s entre deux mêmes parties (p. 22).
Dupré
[quintes consécutives] sont défendues, ainsi qu’en harmonie, par mouvement direct
(p. 3).
27
2.2 Conditions particulières d’application de la règle
Plusieurs auteurs énoncent des conditions particulières à surveiller dans l’application de la
règle. La première situation généralement évoquée est la présence de notes intermédiaires
ne permettant pas de corriger l’impression désagréable des quintes parallèles. Rahn (44)
l’évoque en ces termes :
Lorsque, entre 2 parties faisant entre elles des fautes de quintes […], il y a une ou plusieurs
notes intermédiaires, celles-ci n’empêchent pas du tout la faute d’exister […] Il en serait
absolument de même si, au lieu d’une seule note intermédiaire, il y en avait plusieurs (croches,
doubles croches, etc….) la faute ne disparaitrait pas.
Cherubini (14, 20) et Rimski-Korsakov (66) tiennent des propos similaires. Lavignac (92),
quant à lui, ajoute le principe suivant :
§216. Il en est de même, dans la composition instrumentale, à l’égard de traits d’un genre
quelconque, gammes diatoniques ou chromatiques, accords brisés ou arpégés, mélangés de
notes étrangères à l’harmonie et revêtant par là un caractère purement ornemental, même s’ils
ont une longue étendue. Ils sont impuissants à dissimuler la présence d’une harmonisation
défectueuse, parce qu’en supprimant les notes ayant [un] caractère purement mélodique, il
resterait des quintes […] consécutives.
Lorsque les notes intermédiaires ont un rôle purement mélodique et ornemental, ce sont
donc les notes qu’elles ornent, généralement et surtout celles sur les temps forts, qui
comptent dans l’examen des quintes parallèles, comme l’expriment Bazin (29),
Savard (60), Lavignac (92), Dupré (12-13), et tel qu’illustré par l’exemple 2.1.
Exemple 2.1 – Quintes parallèles fautives avec notes intermédiaires, Savard (60)13.
13
Les exemples contenus dans ce chapitre ont été numérisés et adaptés à partir des différents traités cités
(entre autres les numéros d’exemples originaux ont été enlevés à quelques endroits afin d’éviter de la
confusion, et certaines mises en page ont été modifiées pour une meilleure visibilité). Parfois seul un extrait
de l’exemple a été reproduit afin d’éviter toute surcharge dans la présentation.
28
Selon certains de ces auteurs, les notes intermédiaires doivent former une harmonie
distincte pour éliminer l’effet désagréable des quintes (nous y reviendrons). Ainsi, un
simple changement de position des notes de l’accord entre les deux quintes ne suffirait pas
à effacer l’effet des quintes selon Reber (26), Émile Durand (77), Dubois (26) et Caussade
(46), comme on peut le voir à l’exemple 2.2. Il pourrait même en créer dans certains cas,
selon Émile Durand (79) et Dubois (26-27).
Exemple 2.2 – Changement de position ne permettant pas
de sauver les quintes parallèles, Dubois (26, 27).
De même, l’ajout d’une septième à l’accord de dominante n’apporte pas assez de variété à
l’harmonie pour être acceptable selon Richter (16), Dubois (77) et Caussade (132), car il ne
constitue pas un accord à fondamentale différente (exemple 2.3).
Exemple 2.3 – Accord de septième de dominante ne permettant pas
de corriger l’effet des quintes parallèles, Caussade (132).
De même, plusieurs auteurs précisent que les notes ornementales peuvent aussi créer, entre
elles et avec des notes structurelles, des quintes parallèles fautives. Lavignac résume bien
29
cette pensée, que partagent également Reber (190), Dubois (186) et Caussade (249) : « il
est inadmissible que les notes d’ornement forment soit entre elles, soit par leur mélange
avec les notes essentielles, des groupements défectueux » (Lavignac : 93).
Certains auteurs font des distinctions entre les différents types de notes
ornementales et énoncent des règles particulières pour chacun d’eux. Tout d’abord, les
notes de passage, lesquelles doivent être soumises aux mêmes lois que les notes
structurelles selon Catel (19), Savard (246) et Richter (120), et ne doivent donc pas créer de
quintes parallèles. Richter (120) mentionne d’ailleurs que l’emploi de notes de passages
remplissant les intervalles disjoints entre deux accords peut transformer des quintes cachées
en véritables quintes parallèles, et donc rendre fautif un enchaînement correct au départ
(exemple 2.4).
Exemple 2.4 – Quintes parallèles fautives créées par des notes de passage, Richter (120).
Émile Durand (54) et Rimski-Korsakov (56) affirment, quant à eux, que les notes de
passage ou les accords de passage ne permettent pas de sauver les quintes (exemple 2.5).
Exemple 2.5 – Notes de passage ne permettant pas de sauver
les quintes parallèles, Rimski-Korsakov (56).
Ensuite, en ce qui concerne les broderies, Rimski-Korsakov (60) énonce dans ses
règles que, lors d’ajout de broderie, les quintes parallèles sont toujours à éviter;
30
Reber (190), lui, affirme que « dans ses rapports avec les notes accidentelles, la broderie
doit, en général, être soumise aux lois ordinaires qui concernent la pureté de réalisation
exigée pour les notes intégrantes de l’harmonie » (exemple 2.6).
Exemple 2.6 – Quintes parallèles fautives créées par des broderies, Reber (190).
Reber (188) évoque également, comme Émile Durand (507), la broderie ornant certaines
suspensions qui est considérée dans beaucoup d’écoles comme formant une quinte retardée,
et dont le mauvais effet est davantage ressenti dans les mouvements lents ou en valeurs
longues, ce qui ne s’applique plus en valeurs très courtes (exemple 2.7). Selon Reber (188),
« la faculté de se servir de la broderie, en pareil cas, est donc soumise à l’appréciation du
goût ».
Exemple 2.7 – Broderie ornant la suspension et formant une quinte retardée, Reber (188).
Reber (183) et Émile Durand (489) émettent aussi des restrictions concernant les
appoggiatures14. Émile Durand (489) énonce ses restrictions en ces termes :
14
Reber (177) définit l’appoggiature comme un ornement (consonant ou dissonant) qui précède sa note
principale, et dont on trouve deux sortes : « l’appoggiature expressive qui occupe momentanément la place de
la note principale et sur laquelle l’exécutant doit appuyer, et l’appoggiature faible qui n’est qu’une note non
31
En principe, une appoggiature ne peut sauver […] deux quintes […] consécutives formées par
les notes réelles de l’harmonie. Pour être correct, il faut pouvoir supprimer toute appoggiature
sans qu’il en résulte aucune faute de ce genre [exemple 2.8].
Exemple 2.8 – Appoggiature ne permettant pas de sauver les quintes, Reber (183).
Dans la catégorie des notes ornementales, le retard fait généralement l’objet d’une
étude à part, bien que nous le mentionnions précédemment en lien avec les broderies,
puisqu’il est davantage d’ordre rythmique que mélodique. Plusieurs auteurs comme
Reicha (136), Reber (117), Cherubini (23), Savard (62), Émile Durand (342), Richter (98),
Dupré (15) et Caussade (176), considèrent qu’un retard entre les quintes ne corrige pas leur
mauvais effet (exemple 2.9).
Exemple 2.9 – Retard ne permettant pas de sauver les quintes, Reicha (136).
Lavignac (76) l’explique en ces termes :
accentuée venant s’appuyer contre une autre note. » Émile Durand (190, 486) la décrit comme une note
étrangère à l’harmonie, à la seconde supérieure ou inférieure, majeure ou mineure, (consonante ou
dissonante), précédant sa note principale, ordinairement sur un temps fort ou la partie forte du temps, ou sur
un temps faible mais plus accentuée que la note principale (appoggiature expressive ou véritable
appoggiature). Elle peut également être sur un temps faible et être non accentuée (semblant s’appuyer sur sa
note principale), c’est alors une appoggiature faible (qu’on peut trouver par exemple sous la forme de petites
notes barrées).
32
il ne faut pas oublier que la note dite retard est par elle-même étrangère à l’accord, et n’a pas la
puissance voulue pour séparer […] deux quintes; on doit donc la supprimer par la pensée, et
examiner si, en son absence, l’enchaînement serait régulier; dans le cas contraire, on doit le
considérer comme tout aussi fautif avec le retard que sans lui.
Caussade (178) apporte de plus une précision selon laquelle les quintes consécutives
« provenant du retard lui-même sont toujours défendues. » Il faut noter toutefois que dans
l’exemple « mauvais » qu’il présente, le retard n’est pas résolu avant la venue de l’accord
suivant (exemple 2.10).
Exemple 2.10 – Retard amenant des quintes parallèles fautives, Caussade (178).
Les silences, au même titre que les notes ornementales, ne permettent pas non plus
d’éviter la faute, selon Reicha (141) et Reber (31). Ce dernier précise même que cela
s’applique quelle que soit la durée et la place qu’ils occupent dans la mesure.
Les auteurs s’attardent ensuite en général à certaines dispositions particulières des
voix qui n’effacent pas l’effet des quintes parallèles. Plusieurs auteurs laissent notamment
entendre que les quintes parallèles sont plus fautives lorsqu’elles sont placées dans les voix
extrêmes. C’est le cas entre autres de Chevé (249), de Reber (68), de Dubois (27), ainsi que
de Gilson dans une étude publiée en 1922 15 . Reicha (127) mentionne que la règle
interdisant les quintes parallèles s’applique également dans le cas d’accords brisés, que l’on
doit ramener en position d’accords plaqués pour vérifier cet aspect : « Pour traiter les
accords brisés convenablement, il faut se les représenter comme étant plaqués, si dans ce
15
Paul Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie; étude documentaire sur l’art musical (Bruxelles :
Schott, 1922), 18.
33
dernier cas, ils sont vicieux, ils le seront de même étant brisés. La même règle s’applique
aux accords brisés accompagnés d’une basse. » De même, certains auteurs comme Reber
(26) n’admettent pas le croisement des voix comme moyen d’éviter les quintes parallèles,
car l’oreille en ressent encore l’effet (exemple 2.11).
Exemple 2.11 – Croisement des voix n’annulant pas l’effet
des quintes parallèles, Reber (26).
Émile Durand (343), quant à lui, n’applique cette condition qu’aux notes aiguës des deux
parties qui se croisent, lesquelles ne doivent pas former de quintes parallèles avec une autre
partie.
Finalement, certains auteurs mentionnent que l’intervalle séparant les deux quintes
contribue également à en accentuer le mauvais effet. Riemann (30-31), entre autres,
énonce :
Il est d’autre part foncièrement inexact que des quintes se succédant par degrés disjoints soient
plus mauvaises que par degrés conjoints : au contraire, la similitude du mouvement mélodique
rend dans ce dernier cas l’impression de la confusion des deux voix encore plus sensible.
Dans le même ordre d’idée, Vinée (111) affirme que l’effet le plus dur est la succession
conjointe (surtout à trois parties en position serrée) et que la lourdeur des quintes « devient
encore plus formelle lorsqu’elles sont isolées de tout autre élément, à moins qu’en durée
brève elles ne constituent un arpège représentatif d’une tenue dissonante. » Riemann (3031) ajoute également que les quintes parallèles sont plus intolérables dans une suite
34
d’accords de même modalité, que si elles se produisent par degrés disjoints et entre accords
de modalités différentes.
2.3 Exceptions possibles à la règle
Les auteurs ont, pour la plupart, inséré dans leurs traités une ou plusieurs sections
présentant des situations où les quintes parallèles sont permises ou, à tout le moins, « plus
tolérables ». Certaines de ces situations variant d’un traité à l’autre, elles entrent parfois en
conflit avec des situations interdites par d’autres auteurs. La question des notes
ornementales est notamment un cas où les opinions divergent particulièrement. Nous avons
présenté plus tôt les cas où les auteurs considèrent les quintes parallèles comme fautives;
maintenant voici les cas où elles sont permises.
Plusieurs auteurs indiquent une quantité de notes ornementales devant séparer les
quintes pour permettre d’en atténuer le mauvais effet. Parfois la quantité est imprécise,
comme chez Lavignac (44), qui mentionne seulement qu’elles doivent être séparées par
plusieurs notes dans les deux parties. D’autres auteurs apportent davantage de précision :
Bazin (29) affirme qu’il faut au moins quatre notes intermédiaires, Émile Durand (77) et
Kœchlin (Précis de contrepoint : 3) permettent les quintes séparées par au moins
l’équivalent d’une mesure entière (exemple 2.12), et Dupré (11, 13) émet des règles
similaires en affirmant que les quintes sont sauvées par l’équivalent d’une ronde, par deux
blanches en deuxième espèce ou par quatre noires en troisième espèce.
35
Exemple 2.12 – Quintes parallèles sauvées par un nombre suffisant
de notes intermédiaires, Émile Durand (77).
Caussade (250) accepte des quintes si la deuxième comporte une note étrangère (ou
deux), mais limite cela à la durée d’un même accord et en exclut des quintes qui
apparaîtraient entre la basse et le ténor (exemple 2.13).
Exemple 2.13 – Quintes parallèles acceptables amenées
par des notes ornementales, Caussade (250).
Certains changements de position de l’accord entre les deux quintes, s’ils sont assez
importants, permettent, selon certains auteurs, de corriger les quintes parallèles ou de
rendre l’effet des quintes parallèles moins désagréable. Barbereau (72), notamment, accepte
les quintes parallèles si un changement de position intervient dans plusieurs parties
(exemple 2.14). Selon Savard (61), l’effet des quintes peut être atténué « par un
changement de position dans plusieurs parties pendant la durée des notes intermédiaires.
Dans ce dernier cas, l’une des deux parties entre lesquelles existent les quintes […] doit
faire un saut de quarte, au moins. » Dubois (27), comme nous l’avons déjà énoncé, affirme
36
que les quintes parallèles résultant d’un changement de position ou d’état de l’accord sont
fautives, mais il tempère sa position en ajoutant : « à moins que la place que telle position
occupe dans la mesure, ou la durée relative des diverses positions ne fasse disparaître le
mauvais effet des quintes. »
Exemple 2.14 – Quintes parallèles acceptables, car séparées par un
changement de position dans plusieurs parties, Barbereau (72).
Barbereau (72), Bazin (30), Savard (61), Émile Durand (77) et Lavignac (43)
acceptent les quintes, peu importe la distance ou leur importance, si les notes qui les
séparent impliquent un changement d’accord (exemple 2.15).
Exemple 2.15 – Quintes parallèles acceptables, car séparées
par un changement d’accord, Lavignac (43).
Encore une fois, les règles divergent selon les types de notes ornementales. Nous
avons vu précédemment que Catel (19), Savard (246) et Richter (120) n’admettaient pas les
quintes produites par une ou des notes de passage. Toutefois, Reicha (135) et Reber (201)
37
les tolèrent (exemple 2.16), de même que Dupré (12), ce dernier précisant cependant que
c’est la seconde quinte qui doit être produite par une note de passage.
Exemple 2.16 – Quintes parallèles acceptables créées
par une note de passage, Reicha (135) 16.
Reber (203) évoque aussi ce qu’il appelle une « licence » présente dans la musique
instrumentale :
En procédant par le mouvement direct, les notes de passage simultanées ayant simultanément
la même durée, qu’elles soient diatoniques ou chromatiques, ne peuvent être disposées qu’en
rapports de tierces […] ou de sixtes […] ou de quartes accompagnées par une partie inférieure
formant des sixtes avec la partie supérieure […]. Pourtant, dans une série de notes […], on
double quelquefois, à l’octave, chacune des trois parties […], et, quoique cela produise une
suite de quintes, l’effet n’en est pas dur lorsque le mouvement est rapide; cependant on ne voit
cette licence que dans la musique instrumentale [exemple 2.17].
Exemple 2.17 – Quintes parallèles acceptables créées par une série
de notes de passage simultanées doublées à l’octave, Reber (204).
Finalement, Richter (122), bien qu’interdisant a priori les quintes avec notes de passage,
mentionne qu’on en trouve dans « les ouvrages les mieux écrits », mais qu’il ne faut pas y
attacher trop d’importance, car elles ne sont pas considérées comme fautives.
16
Mentionnons toutefois que ce ut que Reicha désigne comme une note de passage est en réalité une broderie.
38
En ce qui concerne les broderies, nous avons évoqué plus tôt les auteurs considérant
que les broderies de retard forment des quintes retardées, mais Dubois (222) et
Caussade (229) les tolèrent aisément (exemple 2.18), et ce dernier l’explique ainsi :
Il en est de même pour deux quintes successives, lorsque la seconde quinte résulte de la
broderie d’un retard (ou d’une dissonance quelconque) avant sa résolution. En effet,
l’impression est alors très nette du véritable caractère, sans importance aucune au point de vue
harmonique, de la […] seconde quinte.
Exemple 2.18 – Quintes parallèles acceptables créées
par la broderie d’un retard, Dubois (222).
Émile Durand (197), qui n’accepte pas la broderie de retard, tolère toutefois une exception
en ce qui concerne les broderies en général :
Lorsqu’une note principale et l’une de ses broderies, ou toutes les deux, se succèdent
rapidement et plusieurs fois de suite, comme des battements de trille, l’attaque d’un nouvel
accord peut coïncider avec celle d’une broderie. Ces sortes de dessins permettent aussi de faire
des quintes consécutives, dont l’une est formée par une note essentielle et une broderie, et
l’autre par deux notes essentielles [exemple 2.19].
Exemple 2.19 – Quintes parallèles acceptables créées
par une broderie en trille, Émile Durand (197).
Reber (189), qui comme nous l’avons dit précédemment, soumet l’usage de la broderie à
l’appréciation du goût, sait tout de même être un peu plus explicite sur ce qui peut être
acceptable :
39
La réalisation des broderies, par rapport aux notes intégrantes de l’harmonie qui frappent
simultanément avec elles, est, en général, assez indépendante. Ainsi, dans le cas de deux
quintes justes consécutives, il suffit que l’une ou l’autre de ces deux quintes soit formée par
une broderie d’une part et par une note réelle d’autre part, pour qu’il n’y ait point de faute […]
car, ainsi qu’on l’a dit […], la note brodée est considérée comme si elle était tenue
[exemple 2.20].
Exemple 2.20 – Quintes parallèles acceptables formées
par une broderie et une note réelle, Reber (189).
Reber (190) mentionne une autre situation particulière :
les trois quintes consécutives par demi-tons, loin de produire mauvais effet, ont un charme tout
particulier; chacune des deux parties qui concourent à ces quintes renferme alternativement une
broderie et une note réelle de l’harmonie, de manière que l’une des deux notes de chaque
quinte est toujours une broderie; en d’autres termes, il n’y a pas ici de quintes réelles
[exemple 2.21].
Exemple 2.21 – Quintes consécutives par demi-tons (broderie),
Reber (190, tiré de Gluck, Armide).
Reber (190) fait remarquer que :
ces libertés de réalisation ne sont bonnes qu’avec des broderies d’une durée courte ou, au
moins, moyenne, et que dans un mouvement très lent, ou avec des valeurs longues, elles
produisent souvent des effets très mauvais; c’est pourquoi il est préférable de les interdire à
l’école, quelle que soit d’ailleurs la durée de la broderie.
Du côté des appoggiatures, Gilson (vol. 1 : 188, 293) accepte d’emblée les quintes
parallèles qui pourraient résulter de leur utilisation, que ce soit les quintes séparées par une
40
appoggiature (exemple 2.22), de même que celles créées par ce type d’ornement (exemple
2.23). Le type d’appoggiature utilisé par Gilson dans ses exemples est toujours consonant,
du moins pour cette partie de son traité (il mentionne toutefois qu’il existe une autre
catégorie d’appoggiatures qui engendre des dissonances)17.
Exemple 2.22 – Quintes parallèles séparées par une appoggiature, Gilson (vol. 1 : 187).
Exemple 2.23 – Quintes parallèles créées par une appoggiature, Gilson (vol. 1 : 188).
Caussade (217) tolère quant à lui des quintes consécutives si la deuxième comporte une
appoggiature, mais recommande toutefois d’éviter de le faire à découvert. Si, a priori,
Reber (183) et Émile Durand (489) ne considèrent pas l’appoggiature comme suffisante en
soi pour sauver le mauvais effet des quintes parallèles, ils reconnaissent toutefois certaines
occasions où l’utilisation de cet ornement pourrait rendre les quintes plus acceptables.
Reber (193) mentionne une situation dans laquelle l’appoggiature « peut être considérée
17
Les caractéristiques générales de l’appoggiature énoncées par Gilson dans son traité (vol. 1 : 186-187) sont
en lien avec les définitions de Reber et d’Émile Durand que nous évoquions précédemment.
41
comme une broderie où la première fraction de la note principale […] a été supprimée;
c’est pourquoi les deux quintes […] ne sont pas dures » (exemple 2.24).
Exemple 2.24 – Appoggiature permettant de sauver les quintes (broderie sans la première
fraction de la note principale), Reber (193).
Émile Durand (490) adoucit quant à lui la règle « à l’égard de certaines quintes
consécutives qui, peu dures par elles-mêmes, sont rendues meilleures par l’adaptation d’une
appoggiature expressive longue à la seconde quinte » (exemple 2.25).
Exemple 2.25 – Appoggiature expressive longue permettant de corriger
l’effet des quintes, Émile Durand (490).
Du côté des retards et des syncopes, les avis sont partagés. Certains auteurs y voient
une situation exceptionnellement tolérable, avec des conditions précises à respecter, alors
que d’autres considèrent le retard ou la syncope comme des moyens efficaces de « sauver »
les quintes. Bazin (30) et Vinée (93-94) font partie de cette seconde catégorie, car ils
considèrent les quintes parallèles acceptables sans aucune condition lorsqu’elles sont faites
42
par un mouvement de syncope (exemple 2.26). Lavignac (44) est aussi du même avis, bien
qu’il ait énoncé clairement qu’il n’admettait pas le retard.
Exemple 2.26 – Quintes parallèles acceptables par mouvement de syncope, Bazin (30).
Barbereau (73), Riemann (205-206), Gilson (vol. 1 : 280, 287-288, 351) et Dubois (138)
acceptent quant à eux les quintes retardées (Riemann et Gilson les permettent aussi en
suite), les trouvant même généralement harmonieuses (exemple 2.27).
Exemple 2.27 – Quintes retardées acceptables, Dubois (138).
Certains des auteurs au sujet desquels nous avons dit qu’ils ne reconnaissent pas
l’utilisation du retard pour sauver les quintes présentent cependant des exceptions que nous
avons consignées dans le tableau 2.2.
43
Tableau 2.2 – Tolérance des quintes parallèles concernant les retards
Auteur
Citation
Reicha La note prolongée […] est ici note
réelle de l’accord de septième
dominante dans son premier
renversement; il ne représente donc
pas [celle] qui lui succède; c’est par
cette raison que les exemples suivants
sont bons, quoiqu’il y ait en
apparence une suite de Quintes
retardées (p. 136).
Reber
Cependant, les quintes sousentendues sont tolérées lorsqu’elles
sont formées par une partie
intermédiaire et par la partie
supérieure, et que la suspension est
placée dans la partie intermédiaire ou
bien encore, lorsqu’elles sont formées
par deux parties intermédiaires, et la
Basse en atténue la dureté (p. 132).
Savard Dans le style libre les quintes
retardées sont quelquefois tolérées
sous cette face, c’est-à-dire entre la
première et la deuxième partie (vol. 1,
p. 190).
Exemple(s)
44
Auteur
Citation
Émile Cependant, il est bon d’éviter des
Durand quintes […] qui ne sont que
RETARDÉES par la basse; à moins
qu’elles ne soient faites en valeurs
longues ou dans un mouvement lent.
Les quintes retardées par l’une des
parties supérieures sont plus
acceptables (p. 78)
Exemple(s)
On a vu que deux quintes sont
tolérées entre les parties supérieures,
lorsque la deuxième de ces quintes est
retardée. Cette règle autoriserait une
suite de quintes retardées […]
Cependant, il est bien préférable de
disposer ces accords […] de manière
à avoir une suite de quartes retardées
au lieu d’une suite de quintes.
NOTA – Lorsqu’un retard a été
résolu, il peut être considéré comme
n’ayant pas existé; son effet est nul au
point de vue des enchaînements
d’accords qui succèdent à sa
résolution (p. 353).
–
Richter il ne faut pourtant pas rejeter d’une
manière absolue les suites de deux
quintes […] résultant d’un retard. Le
goût et l’expérience peuvent, seuls,
fournir des données positives en cette
matière (p. 98).
On peut remarquer que Reber (132) présente exactement le même exemple que
Reicha dans la section précédente (136; exemple 2.9), le premier pour illustrer une situation
qu’il juge acceptable, et le second pour illustrer une situation où les quintes parallèles sont
fautives. Cela démontre bien le clivage qui pouvait exister entre les différents points de vue
des auteurs à cette époque, lesquels pouvaient être diamétralement opposés.
Caussade (46), de son côté, parle de mouvement oblique comme préparation de la
seconde quinte, sans employer les mots « retard » ou « anticipation » : « Deux quintes
successives peuvent être suffisamment atténuées par un mouvement oblique de l’une des
45
deux parties qui les forment. Mais ce mouvement oblique doit s’effectuer assez tôt pour
pouvoir constituer une sorte de préparation suffisante de la seconde quinte »
(exemple 2.28).
Exemple 2.28 – Quintes acceptables par mouvement oblique, Caussade (46).
Émile Durand tient un propos similaire en utilisant les mots « syncope » et « anticipée »18,
et Savard (62) tolère des quintes anticipées (dont il trouve fréquemment des exemples chez
les auteurs les plus classiques), car selon lui la suppression de la syncope les ferait
disparaître (exemple 2.29).
Exemple 2.29 – Quintes anticipées acceptables, car la suppression
de la syncope les feraient disparaître, Savard (62).
Barbereau mentionne que les quintes anticipées sont tolérées dans l’harmonie non
concertante, mais que les syncopes de la basse appartiennent au style concertant
(Barbereau : 73). Il n’admet toutefois pas, lorsqu’il y a suspension dans les voix
supérieures, que deux quintes soient séparées par une sixte (Barbereau : 290).
18
« Deux quintes sont permises, lorsque la seconde quinte est amenée par un mouvement oblique formant
syncope, parce qu’alors cette seconde quinte se trouve préparée ou anticipée. Mais encore faut-il que la
préparation en soit suffisante. » Émile Durand, 79.
46
Pour quelques auteurs, une certaine disposition des voix peut aussi atténuer l’effet des
quintes parallèles. En effet, selon Richter (98), « il faut faire observer que l’effet
désagréable qu’elles produisent, peut être, en partie, atténué par la disposition des voix. »
Reber (68) est plus précis :
Le mauvais effet des quintes […] défendues est plus ou moins atténué lorsque ces intervalles
sont formés par les parties intermédiaires, ou même par l’une des parties extrêmes et une partie
intermédiaire; mais on doit toujours éviter d’y faire concourir les deux parties extrêmes à la
fois.
Ce point de vue est partagé par Lenormand (20) et par Gilson (vol. 1 : 100-101), ce dernier
mentionnant toutefois dans son étude ultérieure que les quintes sont très apparentes lorsque
le soprano est impliqué19 (exemple 2.30).
Exemple 2.30 – Quintes formées en tout ou en partie par les parties intermédiaires20.
Les relations des parties entre elles créent également des situations où les quintes
parallèles sont acceptables selon certains traités. Gilson (vol. 1 : 215), par exemple, évoque
des situations où la relation de tierce entre le soprano et la basse atténue l’effet des quintes
parallèles (exemple 2.31).
19
20
Voir aussi Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 17-18.
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 17.
47
Exemple 2.31 – Quintes parallèles atténuées par la relation de tierce
entre soprano et basse, Gilson (vol. 1 : 215).
Vivier (130-131) remarque également « qu’elles peuvent quelquefois avoir lieu dans une
suite d’accords liés par une ou plusieurs notes communes ou lorsque l’une des notes de la
deuxième quinte a été entendue dans l’accord précédent. » Et Riemann (30) mentionne
quant à lui :
On est également moins intransigeant sur la question des quintes consécutives, que l’on admet
sans aucune objection lorsqu’elles sont dissimulées par une dissonance ou par le mouvement
contraire, c’est-à-dire lorsque le manque de richesse de la disposition vocale (car un tel
parallélisme produit, tant qu’il dure, l’impression qu’une des voix manque) est compensé pour
l’auditeur par d’autres moyens d’intérêt. Pourtant il subsistera toujours une faute de style dans
la succession de deux quintes justes entre parties réelles; aussi l’élève doit-il s’interdire cette
pratique d’une façon formelle dans ses travaux d’école.
Vinée (92-93) va dans le même sens en affirmant :
À quatre parties et plus, la plus grande facilité pour le mouvement contraire dans les autres
parties rend admissible bien des successions qu’on eût proscrites autrefois. […] Et même une
suite de quintes conjointes au grave, leur place harmonique naturelle, dans une harmonie
espacée telle que la suivante, nous paraîtrait d’un excellent effet de plénitude, grâce au seul
mouvement contraire de la partie supérieure [exemple 2.32].
Exemple 2.32 – Quintes parallèles acceptables dans les voix graves
d’une harmonie espacée, Vinée (93).
48
Vinée est appuyé en ce sens par Lenormand (19) qui prétend que les quintes parallèles se
pratiquent plus facilement dans les parties les plus graves, sous certaines conditions
toutefois. Émile Durand (80) mentionne aussi que
Les positions intermédiaires d’un accord brisé ont d’autant moins d’importance, au point de
vue d’une réalisation correcte, qu’elles tombent sur une partie plus faible de la mesure ou du
temps. C’est pourquoi, deux quintes […] peuvent être tolérées, la première n’occupant qu’une
position intermédiaire sans importance [exemple 2.33].
Exemple 2.33 – Quintes parallèles dans les positions intermédiaires
d’accords brisés, Émile Durand (80).
Quant à l’intervalle séparant les quintes, on peut constater que les avis sont partagés.
Certains auteurs considèrent que des quintes parallèles procédant par demi-tons
chromatiques sont acceptables : Vivier (131), Rahn (137, 160), Lenormand (20) et Gilson21
sont du nombre, et le premier l’énonce en ces termes :
Il est à remarquer que les quintes procédant par demi-tons chromatiques sont d’un effet plus
agréable que celles qui franchissent l’intervalle du ton. […] Lorsqu’on écrit l’harmonie à plus
de quatre parties réelles marchant par mouvements chromatiques contraires, le mauvais effet
des quintes successives disparaît ou se fait moins sentir que dans l’harmonie à trois ou quatre
parties [Vivier : 131; exemple 2.34].
Exemple 2.34 – Harmonie par mouvements chromatiques contraires contenant
des quintes parallèles acceptables, Vivier (131).
21
Ibid., 20.
49
D’autres prétendent plutôt que, plus elles sont disjointes, plus elles sont acceptables.
Reber (69) est notamment de cet avis : « Deux quintes justes sont d’autant moins
défectueuses qu’elles sont plus disjointes » (exemple 2.35).
Exemple 2.35 – Quintes parallèles disjointes, Reber (69).
Émile Durand (509) adopte le même point de vue et en reconnaît l’utilisation dans le style
libre lorsqu’elle est accompagnée d’une bonne disposition des voix. À cet égard, il fait
remarquer que dans les exemples qu’il présente, l’une des notes formant les quintes est
toujours commune aux deux accords qui s’enchaînent (exemple 2.36). Lenormand (20) va
dans le même sens en acceptant des quintes par mouvement disjoint avec des notes
communes.
Exemple 2.36 – Quintes parallèles disjointes acceptables par la bonne disposition des voix
et la présence de notes communes, Émile Durand (509).
Barbereau (73) accepte les quintes qui procèdent mélodiquement par quarte ou par quinte
« si les notes intermédiaires amènent les mouvements contraire ou oblique ou un saut de
50
seconde dans la Partie la plus haute, au moment de l’émission du deuxième accord. »
(exemple 2.37)
Exemple 2.37 – Quintes parallèles disjointes acceptables par le
mouvement contraire ou oblique des notes intermédiaires ou
un saut de seconde dans la partie la plus haute, Barbereau (73)
Émile Durand (510) mentionne aussi que dans le style libre se pratiquent des quintes
parallèles par degrés conjoints, mais que ces « licences » nécessitent une grande expérience
et sont donc interdites à l’école. Et selon Gilson, « les effets de quintes parallèles sont
seulement désagréables dans les successions en secondes et […] ils sont très acceptables
dans les successions en tierces et en quartes ou quintes22 ».
La disposition des quintes entre les phrases est aussi un élément qui amène des
exceptions. Reber (69) et Reicha (139) acceptent tous deux l’enchaînement entre le dernier
accord d’une phrase ou d’une section et le premier accord de la phrase ou de la section
suivante. Reber (69-70) mentionne même que ces « licences sont quelquefois d’un effet
saisissant, surtout lorsqu’on attaque, dans un ton différent, chaque phrase, ou même chaque
membre de phrase, quelque court qu’il puisse être », en prenant toutefois bien soin de
mentionner que ces licences ne peuvent être tolérées à l’école. Rimski-Korsakov (82)
amène un point de vue similaire en acceptant deux quintes justes consécutives « dont la
deuxième se trouve immédiatement après un point d’orgue. » Il ajoute que les quintes
22
Ibid., 18.
51
parallèles sont aussi possibles dans les cadences conclusives ayant pour but l’accord de
tonique complet (exemple 2.38).
Exemple 2.38 – Quintes parallèles dans une cadence conclusive vers l’accord
de tonique complet, Rimski-Korsakov (82).
Reicha (139), quant à lui, spécifie qu’on peut faire deux quintes de suite « en répétant la
même phrase soit dans une autre octave, soit avec une autre distribution de parties ou dans
un autre ton » (exemple 2.39).
Exemple 2.39 – Quintes parallèles en répétant la même phrase avec
une autre distribution de voix, Reicha (139).
Certains auteurs considèrent que la disposition métrique des quintes à l’intérieur
d’une mesure peut les rendre acceptables, notamment l’importance de l’emplacement des
quintes, si elles sont placées sur des temps forts ou des temps faibles par exemple.
Bazin (30), Rimski-Korsakov (66) et Lavignac (43) acceptent les quintes sur les temps
faibles successifs, le dernier mentionnant toutefois que les puristes savent les éviter
(exemple 2.40).
52
Exemple 2.40 – Quintes acceptables sur temps faibles successifs, Rimski-Korsakov (66).
D’autres considérations rythmiques amènent les compositeurs à accepter les quintes
parallèles. Riemann (31), par exemple, leur trouve un bon effet dans l’harmonie figurée, car
« dans des cas pareils il faut bien se dire que l’oreille n’a pas l’impression d’une
succession, mais bien celle d’une disposition rythmique intéressante des éléments d’un seul
et même accord » (exemple 2.41).
Exemple 2.41 – Quintes parallèles dans l’harmonie figurée, Riemann (31).
Le croisement est considéré par quelques auteurs comme un moyen d’éviter les
quintes parallèles, Reicha (123) affirmant même qu’on y est quelquefois forcé. En réalité,
elles sont ainsi évitées pour l’œil, mais pas nécessairement pour l’oreille, à moins d’avoir
affaire à deux timbres très distincts permettant de distinguer la marche de chaque voix, soit
par des voix contrastantes ou des instruments de timbres différents, comme le mentionnent
Reber (116) et Kœchlin (Précis de contrepoint : 2). Reber rappelle que, sur les instruments
à clavier, cela produit deux quintes consécutives fautives23.
23
Nous ne présentons pas ici d’exemple, car dans les deux cas les auteurs présentent des exemples
comportant des octaves parallèles, ce qui ne s’applique pas à notre étude.
53
Les quintes parallèles les plus largement admises sont celles qui apparaissent lors de
résolutions naturelles d’accords dissonants. Les auteurs considèrent que l’effet bénéfique de
repos amené par la résolution compense l’effet désagréable des quintes (on perd la sonorité
rude des quintes dans la sonorité de la dissonance). Les accords le plus souvent cités sont la
sixte augmentée avec quinte, c’est-à-dire la sixte allemande (tableau 2.3) et la neuvième de
dominante (tableau 2.4). Les auteurs mentionnent également à l’occasion d’autres types
d’accords dissonants (tableau 2.5).
Tableau 2.3 – Tolérance de quintes parallèles dans la résolution de
l’accord de sixte augmentée avec quinte (sixte allemande)
Auteur
Citation
Barbereau [accord de neuvième mineure avec quinte
diminuée produisant l’agrégation de sixte
augmentée avec quinte] Les deux quintes
successives […] produites par la résolution
des fonctions de quinte et de neuvième sont
[…]
(b) tolérées dans le deuxième renversement,
entre la Basse et une Partie intermédiaire
seulement [k]; on a plus souvent recours, dans
ce cas au retranchement de la neuvième à la
fin de la durée de l’accord; on double alors la
septième [a, b]
(c) permises dans le troisième renversement
entre les deux Parties médiaires [l, m]; plus
rarement entre une de celle-ci et la supérieure
(p. 253).
Savard
Quelques auteurs tolèrent même les deux
quintes provenant de la résolution immédiate
de cette dernière agrégation F sur l’accord de
dominante (p. 227).
RimskiKorsakov
[dérogations à la règle rigoureuse du
mouvement des parties] e) Deux quintes
justes formées par la résolution de l’accord de
quinte et sixte augmentée (p. 82).
Exemple
54
Auteur
Rahn
Citation
En résolvant l’accord de sixte augmentée
avec quinte sur l’accord de dominante, on ne
peut éviter la faute de deux quintes justes
consécutives défendues. D’ailleurs, la
succession de ces deux accords, l’un de sixte
augmentée avec quinte, et l’autre, l’accord
parfait majeur sur la dominante, offrant 4
attractions [4 attractions : 4 parties différentes
qui franchissent chacune la petite distance de
demi-ton diatonique] [, elle] produit
l’harmonie la plus riche, la plus puissante
qu’il soit possible d’obtenir malgré les deux
quintes justes qui s’y trouvent; aussi ces deux
quintes sont-elles tolérées par la tradition,
admises par tous les théoriciens et surtout
pratiquées par tous les compositeurs (p. 160).
Richter
La résolution naturelle se fait sur la
dominante, mais elle produit toujours une
suite de deux quintes parallèles.
Ces deux quintes qui, d’ailleurs, ne sont pas
très dures, peuvent être évitées, soit par la
résolution anticipée de la quinte […] ou par
un mouvement de la quinte sur la tierce d’où
résulte un accord de sixte augmentée simple.
Plus souvent encore, la suite de quintes est
évitée par le retard simultané de la quinte et
de la tierce, pendant que la sixte augmentée et
la basse suivent leur marche ordinaire ce qui
produit un accord de sixte et quarte qui
précède la résolution définitive (p. 86).
Dubois
[suppression de la fondamentale] Ces deux
quintes, très douces, sont généralement
usitées, en évitant toutefois d’y faire
participer la partie supérieure. […]
N.B. A propos des deux quintes signalées
plus haut; répétons qu’elles sont généralement
tolérées, même à l’école, et que la meilleure
manière de les employer est de les placer,
comme ici, dans les deux parties graves
(p. 126).
Exemple
55
Tableau 2.4 – Tolérance de quintes parallèles dans la résolution des accords de neuvième
Auteur
Citation
Barbereau [neuvième de dominante] Ces deux
quintes peuvent être admises sans
inconvénient dans la réalisation au
piano du troisième renversement et de
sa résolution (t).
N.B. Dans les exemples t et q de la
figure précédente, les quintes
consécutives ne sont point amenées
[…] par la reproduction des mêmes
fonctions; cette circonstance, jointe à la
prépondérance de la tierce mi placée
dans la Basse, peut contribuer à
expliquer la tolérance de l’oreille dans
l’exemple t (p. 181).
[accord de neuvième majeure sur le
deuxième degré] La quinte de cet
accord peut descendre et former deux
quintes consécutives avec la résolution
de la note neuvième, lorsque l’accord
de neuvième est suivi d’un accord de
septième à la quinte inférieure (p. 186187).
Gilson
[1er renversement de l’accord de
neuvième de deuxième dominante sans
fondamentale] Les exemples l) et z)
contiennent des quintes parallèles
rejetées des classiques (vol. 2 : p. 8485).
[2e renversement de l’accord de
neuvième de deuxième dominante sans
fondamentale] N.B. L’exemple n) (avec
quintes parallèles) est rejeté par les
classiques (vol. 2 : p. 86).
[3e renversement de l’accord de
neuvième de deuxième dominante sans
fondamentale] En bb) et cc) il y a 2
quintes parallèles assez apparentes (cc
moins que bb) (vol. 2 : p. 87).
Il va de soi que le procédé employé
pour résoudre chromatiquement les 7mes
et 9mes s’applique également à l’accord
V9 privé de fondamentale = 7me de
sensible V93s, ou au 1er renversement de
la VV9 = 7me du 4me degré VV93s, ou au
1er renversement de la IV9+R = 6me degré
mélodique du mode mineur IV9+3+RS
(vol. 2 : p. 94-95).
Exemple
56
Auteur
Dubois
Citation
[9 mineure] On remarquera que les
quintes produites ici par le deuxième
renversement ne sont pas dures. On
peut les pratiquer avec prudence.
(p. 126).
Exemple
e
Tableau 2.5 – Tolérance de quintes parallèles dans
la résolution de divers accords dissonants
Auteur
Citation
Vivier Deux quintes successives peuvent être
tolérées dans les parties intermédiaires,
même sans liaison, lorsque la seconde quinte
a lieu dans l’accord de quarte et sixte de la
dominante (p. 131).
Vinée
En d et en g les successions de quintes
seraient tolérables, le mouvement de
résolution des composantes de l’intervalle
dissonant {la si} prédominant par sa nature
(p. 150).
À vrai dire, ce cas est un de ceux où les
successions de quintes seraient le mieux
tolérées [suites de septièmes ou neuvièmes
par quinte descendante à la basse] (p. 185).
Gilson
La succession IV5+-V amène forcément des
quintes parallèles, esquivables (vol. 1 :
p. 333).
Exemple
Certains auteurs tiennent à rappeler les vertus artistiques des quintes parallèles pour
créer des effets expressifs. Kœchlin (Traité de l’harmonie, vol. 2 : 230-233) a notamment
relevé dans son traité plusieurs exemples pris dans les œuvres de compositeurs tels que
Gounod, Lalo, Franck et Bizet, qui se sont servis des quintes parallèles dans ce but.
Lenormand (13-18) présente aussi des exemples entre autres de Debussy, Kœchlin, SaintSaëns, Fauré, Séverac, Beethoven et Schumann, et mentionne que les quintes peuvent se
pratiquer quand le compositeur a un but déterminé, mais il les défend dans les cas de
maladresse d’écriture (Lenormand : 20). Gilson (vol. 3 : 128-134) a fait de même dans son
57
traité, où il donne des exemples tirés des œuvres de Glazounov, MacDowell, Strauss,
Bruneau, Delmas et Puccini. Gilson (vol. 1 : 21) évoque aussi des effets plus précis pour
lesquels peuvent servir les quintes parallèles, notamment les successions constantes de
quintes au grave que les modernes utilisent pour imiter les sons des cloches (exemple 2.42).
Exemple 2.42 – Quintes au grave imitant le son des cloches, Gilson (vol. 1 : 21, tiré de
Sibelius, Karélia, Suite II, op. 11 : « Ballade », mes. 93-100).
Riemann (31-32), de son côté, évoque le renforcement des sons par des quintes ou
des douzièmes consécutives, fréquent dans la musique de piano ou d’orchestre, mais
rappelle que de tels redoublements ne doivent pas être considérés comme des parties
réelles. Il cite d’ailleurs l’effet très bon des jeux auxiliaires de l’orgue qui renforcent toute
une série de sons au moyen d’octaves et de douzièmes24.
Finalement, Vivier (130-131), Lavignac (93) et Jacques Durand (21) mentionnent,
sans être précis, qu’il existe des situations où les quintes peuvent être possibles et de bon
goût. Ils en appellent alors à l’expérience et à l’instinct artistique du compositeur et
recommandent la prudence ou l’abstention à l’école, ou si on recherche la pureté du style.
24
Rieman ne donne ici aucun exemple que nous pourrions reproduire pour appuyer ses dires.
58
2.4 Explications et justifications de la règle
Certains auteurs s’appliquent à énoncer dans leurs traités une justification possible à la
règle interdisant les quintes parallèles. Parfois cette justification est courte et peu appuyée,
mais certains s’efforcent tout de même d’étayer leur point de vue d’explications auxquelles
ils espèrent donner un caractère scientifique plausible. Comme il existe parfois de petites
subtilités dans les différents propos, nous reproduirons les explications de tous les auteurs
sous forme de tableau pour permettre au lecteur d’en avoir une vue d’ensemble.
La plupart des auteurs justifient l’interdiction par le fait que les quintes parallèles
sonnent mal, que cet enchaînement n’est pas agréable à entendre, qu’elles sonnent dur,
creux, affreux. Cela ressemble parfois à un jugement de valeur, à une affirmation sans
véritable fondement, mais certains avancent des explications un peu plus étoffées. S’il est
vrai que tous mentionnent, à un endroit ou à un autre de leur traité, et plus ou moins
directement selon le cas, le « mauvais effet » des quintes, dans la plupart de ces cas,
l’expression « mauvais effet » revêt pour ces auteurs le sens de fautif, un concept qui n’a
pas lieu d’être ici et qui peut être en lien avec des justifications différentes. Par exemple, un
auteur pourrait dire que les quintes produisent un mauvais effet parce qu’elles causent de
l’ambiguïté tonale, ce qui n’est pas à proprement parler un problème de son désagréable.
Seront notés ici uniquement les « mauvais effets » en lien avec une sonorité désagréable
justifiant l’interdiction, dans un contexte général (tableau 2.6).
59
Tableau 2.6 – Traités justifiant l’interdiction des
quintes parallèles par leur mauvais effet sonore
Auteur
Reicha
Citation
On ne sait pas encore pourquoi des quintes de suite par mouvement semblable
produisent un mauvais effet; il faudrait, pour se l’expliquer, connaître au juste
l’influence physique qu’exerce la succession des Sons, des Intervalles, des Accords et
des gammes sur l’oreille; mais cette influence n’étant pas connue, et ce qu’on pourrait
dire sur cette matière ne présentant que des hypothèses, nous nous abstiendrons d’en
parler. […] En proscrivant dans les traités les quintes […] par mouvement semblable,
on n’a dû avoir d’autre but que d’en éviter le mauvais effet; ainsi donc, quand elles
cessent d’être désagréables à l’oreille, la défense n’a plus de cause légitime (p. 132).
Chevé
Nous dirons même, de manière plus générale, que les élèves qui commencent l’étude
de l’harmonie doivent suivre, dans toute leur rigueur, la règle que nous venons
d’établir, relativement au mouvement semblable; c’est le meilleur moyen d’éviter de
faire de l’harmonie plate, sans couleur, à tonalité perpétuellement douteuse et pleine
d’accords de mauvais choix. Plus tard, quand la pratique les aura rendus plus forts, ils
arriveront à reconnaître que deux quintes consécutives ne blessent pas toujours
l’oreille […] et ils sauront quand il convient de ne plus suivre la règle avec tant de
vigueur (p. 245).
Reber
En général, la quinte défendue est une dureté, elle est incohérente (p. 16).
Savard
Les quintes produisent un effet dur et désagréable (p. 59).
Rahn
l’oreille n’accepte pas deux repos différents […]
La succession de ces deux accords […] qui se trouvent à côté l’un de l’autre dans la
gamme, et entre lesquels il n’y a point de note commune produit une harmonie dure,
désagréable à entendre, et que la tradition interdit (p. 35).
Ratez
Cette succession est prohibée en raison de sa dureté (p. 4).
Lavignac Deux quintes de suite produisent une grande dureté. Deux octaves donnent un
sentiment de pauvreté harmonique, ce qui est facile à comprendre, puisque par leur fait
le nombre des parties se trouve réduit, deux voix se doublant mutuellement. La dureté
des quintes est moins aisée à expliquer. Mais elle existe, c’est un fait indéniable, et il
faut absolument les éviter (p. 42).
Gilson
Les successions constantes de quintes au grave communiquent au passage suivant une
saveur un peu rude et primitive, se rapprochant du barbare organum (vol. 1 : p. 21).
Dubois
La raison est que les quintes produisent un effet de dureté (p. 13).
Le mauvais effet sonore est parfois le seul argument d’un auteur pour justifier la règle.
Cependant, aucune propriété physique ne le justifie, ce qui fait que Kœchlin (Traité de
l’harmonie, vol. 1 : 14) ose tout de même affirmer qu’il en trouve le son charmant, ou à
tout le moins d’un effet propice à certaines situations:
les quintes successives sont rarement dures et « creuses » (surtout aux voix); leur sonorité est
souvent excellente. Les artistes modernes en ont usé de la façon la plus heureuse; et fussent-
60
elles creuses ou dures, il pourrait se rencontrer des cas exigeant ces sortes de sonorité plus
âpres.
Ceci a pu conduire à en permettre occasionnellement l’utilisation. Souvent perçues comme
une question de goût, ces affirmations sont parfois dues à une recherche de pureté ou de
variété dans l’écriture. L’utilisation du style sévère, qui passe par l’observation la plus
stricte des règles, est considérée par certains comme le seul moyen d’obtenir la pureté dans
la réalisation de l’harmonie. Et même le style libre ne semble pas y échapper, car selon
Richter (12), les licences qu’on y amène doivent être justifiables comme des exceptions à la
règle et non comme des infractions.
Le manque de variété dans les successions de quintes parallèles peut également
s’expliquer par le fait que la quinte est un intervalle juste (consonance parfaite),
contrairement aux tierces et aux sixtes qui sont majeures ou mineures (plus grandes ou plus
petites) selon le cas (à l’intérieur d’une même suite non modulante). Les consonances
parfaites sont aussi considérées généralement comme des points de repos et de stabilité, et
comme la musique se doit d’être en mouvement, il ne faudrait pas en faire trop de suite
pour ne pas arrêter le mouvement. La tradition et l’éducation ont également pu créer ces
opinions négatives face au son des quintes parallèles, comme l’exprime Vinée (92) :
C’est la forteresse traditionnelle des harmonistes d’école, à laquelle on serait presque tenté de
garder un certain respect d’antiquaire, en présence des assauts furieux portés par tant de jeunes,
prompts à se tailler un facile renom de hardiesse en violant ses vieux remparts, souvent, il faut
bien le dire, avec aussi peu de nécessité que de vergogne.
Une autre raison souvent évoquée pour expliquer l’interdiction des quintes parallèles
est le fait que deux voix se déplaçant à intervalle de quinte évoluent dans deux tonalités
différentes. Dans un contexte où la clarté du sens tonal était très importante, une telle
perception entraînait évidemment l’évitement des quintes parallèles, et l’émission d’une
règle aussi stricte pour l’étude de l’harmonie (tableau 2.7). Chevaillier cite à ce propos
61
Toussaint-René
Poisson
(1797-1861),
dans
l’Harmonie
dans
ses
plus
grands
développements, qui interdit les deux quintes consécutives comme donnant l’impression de
deux tons différents25.
D’autre part, Kœchlin (Traité de l’harmonie, vol. 1 : 14) réfute complètement cette
explication. Pour justifier sa position, il analyse l’enchaînement d’un accord de ré mineur et
d’un accord de do majeur tous deux en position fondamentale :
On dit : la ré donnent l’impression du ton de sol, sol do celui du ton de do. Mais c’est bien tiré
par les cheveux; on dirait aussi bien, en ne considérant que des tierces : ré fa donne
l’impression de Ré mineur, do mi celle de Do majeur. D’ailleurs ré fa la est en do et non en sol!
Riemann (29-30), quant à lui, affirme que l’interdiction des quintes parallèles vient
du fait que ces dernières détruisent l’indépendance des voix :
Les octaves consécutives, c’est-à-dire la marche parallèle de deux parties en octaves,
doivent être évitées comme contraires à l’existence propre et à l’indépendance de
chacune des voix. Pour la même raison les quintes consécutives entre deux voix sont
mauvaises. Cette interdiction se justifie entièrement par l’examen de la nature même
de l’harmonie à quatre parties et en général de l’écriture à voix réelles […]. L’identité
de sons en rapport d’octave ressortira tout d’abord; une voix donnant d’une façon
continue l’octave d’une autre renforcera la sonorité de celle-ci, mais n’existera pas en
tant que partie réelle. De même une voix marchant à la quinte ou à la douzième d’une
autre se confondra d’assez près avec cette dernière pour n’avoir plus une existence
propre bien marquée.
25
Toussaint-René Poisson, Harmonie dans ses plus grands développements (Paris : l’auteur, 1838) cité dans
Lucien Chevaillier, « Les théories harmoniques », dans Encyclopédie de la musique et dictionnaire du
Conservatoire, vol. 2, Technique, Esthétique et Pédagogie, sous la direction d’Albert Lavignac et de Lionel
de La Laurencie (Paris : Delagrave, 1922), 569.
62
Tableau 2.7 – Traités justifiant l’interdiction des quintes parallèles par l’ambiguïté tonale
Auteur
Chevé
Citation
Enfin, quant aux intervalles de deuxième qualité, quinte, quarte, octave, quinzième,
nous avons vu, à l’analyse des accords, que ce sont surtout ces intervalles qui
compromettent le ton et le mode, particulièrement les octaves, les quintes et les
quartes. C’est donc par crainte de compromettre la tonalité, et non pour ne pas blesser
l’oreille, que l’on ne prendra pas ces intervalles par mouvement semblable et conjoint
tout à la fois. On évitera dès-lors ces intervalles toutes les fois que le ton ou le mode
seraient compromis par leur emploi (p. 245).
Fétis
Lorsqu’un ton est établi, l’oreille s’y accoutume et l’on ne peut en sortir brusquement
sans la blesser. Or, de tous les intervalles, celui qui prononce le ton avec le plus de
vigueur est la quinte juste. Deux quintes, soit en montant, soit en descendant,
annoncent deux tons différents; cette observation a suffi pour les faire proscrire
(Traité du contrepoint et de la fugue : p. 4).
Cherubini
Une suite de quintes forme discordance, parce que la partie supérieure marche dans
un ton, en même tems [sic] que la partie inférieure marche dans un autre (p. 5).
Vinée
Historiquement, les suites de quintes et de quartes justes à découvert furent pourtant
au Moyen-Âge le procédé fruste des premiers et barbares essais de successions
harmoniques. Or, on ne saurait nier que, même dissimulées au milieu d’une harmonie
à parties nombreuses, les successions de quintes produisent un effet de lourdeur
incontestable. La raison en est simple. Le déplacement direct de l’élément essentiel
de stabilité dans une tonalité vers un élément semblable susceptible de servir au
besoin de support à une tonalité différente doit nécessairement produire une sensation
d’effort, de résistance. Réciproquement, l’observation ordinaire de la règle peut
donner au discours harmonique un tour aisé et élégant non à dédaigner. Quant à lui
reconnaître un caractère absolu, personne n’oserait plus le soutenir (p. 92).
Richter
Il est plus difficile d’expliquer pourquoi les quintes sont défendues, quoiqu’on soit
bien convaincu de la nécessité de les défendre. Voici quelques observations à ce
sujet.
Chaque accord est par lui-même un tout complet. De quelque manière qu’il soit
formé, il est circonscrit entre la fondamentale et la quinte comme en un cercle.
(L’addition d’une septième ne peut rien changer à ce principe). Or, les enchaînements
harmoniques n’existant que par la marche d’un accord sur un autre; il est certain que
deux accords enfermés dans leurs limites, quinte contre quinte, ne peuvent être attirés
l’un vers l’autre, et qu’ils se trouveront, au contraire, n’avoir aucun rapport (p. 1516).
Dubois
Il est également indéniable que les quintes consécutives proscrites comme donnant la
sensation de deux tonalités différentes superposées s’accommodent fort bien de la
conception de la polytonie (p. 242).
Il est intéressant de sortir brièvement du cadre de la période étudiée pour observer
les arguments invoqués par des auteurs plus récents pour justifier l’interdiction des quintes
parallèles. Parmi eux, Heinrich Schenker, Reginald Owen Morris et Wanda Therese Farah
63
ont repris l’explication sur la conduite des voix26. Harold Owen justifie cette explication en
décrivant les consonances parfaites comme passives, stables, sans tension (par opposition
aux dissonances qui sont actives, moins stables et fortes en tension) 27 . L’ambiguïté du
parallélisme en général, et des quintes en particulier, provient du fait que l’oreille a du mal
à distinguer la note de référence entre les deux voix parallèles. Comme la quinte est un
élément de stabilité et de repos et, qui plus est, un élément caractéristique d’une tonalité
donnée, le fait de se déplacer en mouvement parallèle de quinte demande un effort
particulier de l’auditeur pour en suivre le cheminement. Le parallélisme en général fait
paraître une voix plus importante que l’autre, étant donné que son mouvement dépend
exactement de la première. L’assimilation du rapport de quinte au rapport d’octave (donc
au redoublement de la note principale) serait dû en partie au phénomène acoustique des
harmoniques (qui adjoint à chaque son l’octave et la douzième supérieure) rendant la
distinction des deux sons plus difficiles. Et lorsque ce rapport se produit deux ou plusieurs
fois de suite, la deuxième voix devenant indiscernable, on a l’impression d’une perte de la
polyphonie ou d’une dissolution du contrepoint. Comme dans le cas de l’ajout de mixtures
à l’orgue, où bien qu’elles soient souvent présentes, on ne prend pas toujours conscience
des quintes parallèles (certains auditeurs peuvent les confondre dans la masse sonore); les
théoriciens affirment que des quintes parallèles font confondre la deuxième voix avec
l’unisson. Arnold Schoenberg soutient toutefois que dans le cas des mixtures de l’orgue, on
entend toujours les quintes parallèles, puisque même si selon certains elles ne sont pas
26
Heinrich Schenker, Counterpoint: A Translation of Kontrapunkt, traduit de l’allemand par John Rothgeb et
Jürgen Thym (New York: Schirmer Books, 1987), 1 : 135; Reginald Owen Morris, Foundations of Practical
Harmony & Counterpoint (Westport, Conn. : Greenwood Press, 1980), 146; Wanda Therese Farah,
« Microcounterpoint », dans « The Principle of Counterpoint and its Expression in Music, Dance and
Cinema » (thèse de doctorat, University of Texas at Austin, 1985), 72.
27
Harold Owen, Modal and Tonal Counterpoint : From Josquin to Stravinsky (New York : Schirmer Books,
1992), 22.
64
perçues comme telles, elles sont tout de même perçues « comme une plénitude sonore, un
renforcement de l’acuité du son, de son intensité », ce qui constitue selon lui l’effet d’une
modification sonore, qui ne peut être perçue que par cette modification sonore elle-même28.
Ce survol de la présence de la règle dans les traités nous a permis de mettre en
évidence plusieurs aspects qui seront nécessaires à notre étude. En effet, les nombreux cas
d’exception que nous venons de présenter ouvrent la voie à une utilisation consciente par
les compositeurs. Il en va de même pour les raisons justifiant l’interdiction, qui, selon le
contexte que nous étudierons au chapitre suivant, pourraient inciter les compositeurs à
transgresser la règle.
28
Arnold Schoenberg, Traité d’harmonie, traduit de l’allemand et présenté par Gérard Gubisch (Paris : J. C.
Lattès, 1983), 92-93.
Chapitre 3
La musique de piano au tournant du XXe siècle :
esthétiques et état du langage tonal
Pour définir le rôle des quintes parallèles dans la musique de piano entre 1880 et 1940, il
faut en comprendre le contexte historique et stylistique. Bien que cette période soit difficile
à synthétiser, nous tenterons tout de même de la décrire en termes généraux, puis nous en
expliquerons les principaux courants stylistiques et nous tracerons finalement les grands
traits de la tonalité en France au XXe siècle.
La musique française entre 1880 et 1940 est en pleine effervescence. Selon Norbert
Dufourcq (1904-1990), c’est vers une révolution que l’on va, que l’on court. L’école
française prend son essor et se libère de ses chaînes entre 1880 et 1910, puis se renouvelle
pour régner sur l’art européen de 1910 à 1940 1 . Dufourcq décrit la musique française
comme un art mesuré, recherchant l’équilibre, s’épanouissant dans l’ordre, un art classique,
intellectualiste, épris de clarté et fait de fine sensibilité. La musique française est aussi un
art humain, avide de liberté et de couleur. Fantaisiste, sans doute, mais elle recherche le
vrai dans l’émotion. C’est une musique objective, mais qui laisse la place à l’imagination;
elle ouvre la porte à un monde de rêves2. En particulier, selon Jean Gallois, « on constate
un véritable foisonnement des œuvres et des tendances et un éclatement des esthétiques »3
de l’orée du XXe siècle à la Première Guerre mondiale. D’après Richard Taruskin, le
modernisme français des alentours de 1880 tend à minimiser, voire à éliminer tout ce que
les Allemands tentaient d’exagérer, soit le contenu émotionnel et psychologique 4 . Ces
1
Norbert Dufourcq, La musique française (Paris : Picard, 1970), 287.
Ibid., 397-398.
3
Jean Gallois, « La musique française au début du XXe siècle », dans 150 ans de musique française, 17891939, Actes du Colloque organisé par François Lesure (Arles : Actes Sud, 1991), 141.
4
Richard Taruskin, « Getting Rid of Glue. Satie, Debussy, Fauré, Ravel, Lili Boulanger », dans The Oxford
History of Western Music (New York : Oxford University Press, 2005), 4 : 60.
2
66
descriptions, quoiqu’un peu sommaires, donnent quand même une idée de la perception de
la musique de cette époque, qui est très diversifiée. Cette perception peut s’expliquer par
l’étude des différents courants et influences qui l’ont traversée.
3.1 La musique de piano en France entre 1880 et 1940
Plusieurs courants esthétiques se sont succédés, côtoyés ou chevauchés entre 1880 et 1940
en France. Le tableau 3.1 présente une définition et une chronologie des principaux
courants qui ont exercé une influence sur la musique de piano.
Tableau 3.1 – Principaux courants esthétiques présents
dans la musique de piano en France entre 1880 et 1940
5
Courant
Romantisme
Période
1830-19005
Définition
Le romantisme met l’accent sur l’individualité. L’artiste est
invité à s’exprimer lui-même pour révéler le monde. On
considère les œuvres musicales comme des entités
indépendantes, avec leur sens propre, sans être nécessairement
caractéristiques d’un genre ou d’un style. Le romantisme se
caractérise par l’importance accordée à la virtuosité et par une
prédilection marquée pour des thèmes tels que le héros,
l’identité nationale, un retour au passé, l’évocation de
paysages lointains et la mise en valeur de la sensibilité, de la
subjectivité, de l’amplification et de l’exagération de
l’émotion6.
Symbolisme
Fin du XIXe
siècle et
début du
XXe siècle7
Le symbolisme désigne « les manières selon lesquelles des
éléments musicaux peuvent d’une certaine façon être reliés à
des phénomènes extramusicaux : les mots d’un poème, un
objet de la nature ou une personne ou un état émotionnel8.».
Par contre, il ne suffit pas qu’une œuvre soit inspirée d’un
poème ou d’un tableau symboliste pour qu’elle soit étiquetée
comme telle, il faut que les caractéristiques stylistiques (attrait
pour la nouveauté, les demi-teintes, l’irisation et le statisme, la
liberté, la nuance, la suggestion, l’ésotérisme, entre autres)
s’allient à la présence de symboles extramusicaux9.
« Romantic(ism) », dans The Oxford Dictionary of Music, 2e éd. rév., sous la direction de Michael Kennedy.
Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/opr/t237/e8648>
(consulté le 28 mai 2010).
6
Jim Samson, « Romantiscism », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/23751> (consulté le 28 mai 2010).
7
Richard Langham Smith, « Symbolism », dans The Oxford Companion to Music, sous la direction de Alison
Latham. Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com:80/subscriber/article/opr/t114/e6586>
(consulté le 28 mai 2010).
67
Courant
Période
Définition
Impressionnisme 1880 à 1920 L’impressionnisme est l’art de mettre en lumière la sensation
environ10
que procure à l’artiste un objet ou une situation. L’artiste doit
évoquer l’atmosphère, l’ambiance qui entoure l’objet
davantage que l’objet lui-même11. L’impressionnisme est un
art de perception, de sensation. Il est aussi un art de la mobilité
(du mouvement) et un art de la lumière12.
Expressionnisme 1908-192013 Paul Griffiths le définit ainsi : « Un mouvement artistique
préoccupé par l’impitoyable expression des émotions
troublantes et déplaisantes, souvent avec une violence
stylistique qui peut impliquer de pousser des idées jusqu’à
l’extrême ou d’aborder le sujet avec une parodie incisive14. »
8
Ibid. « the ways in which musical elements may in some way be connected to extra-musical phenomena: the
words of a poem, a natural object, or a person or emotional state. » Toutes les traductions sont de l’auteur.
9
Danièle Pistone, « Le symbolisme et la musique française à la fin du XIXe siècle », Revue internationale de
musique française 32 (1995) : 20-27.
10
Plusieurs auteurs font remonter le premier emploi du terme dans le domaine musical à une critique du
secrétaire de l’Académie des Beaux-Arts au sujet de l’envoi de Rome Printemps de Debussy en 1887 [Stefan
Jarocinsky, Debussy. Impressionnisme et symbolisme (Paris : Le Seuil, 1970), cité dans Pistone,
« L’impressionnisme musical et l’esprit de fin-de-siècle », Revue internationale de musique française 5 (juin
1981) : 13; Taruskin, « Getting Rid of the Glue », 76; Christopher Palmer, Impressionism in Music (Londres :
Hutchinson, 1973), 25]. Par contre, Jann Pasler mentionne que Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) parle à
Richard Wagner (1813-1883) dès 1882 des « Impressionnistes en musique » en référant peut-être aux Pièces
pittoresques (1880-81) de Chabrier. Pasler affirme également que la popularité de ce courant commence à
s’estomper après 1904-1905, lorsque le style de Debussy change et que les critiques réclament un retour à
l’ordre classique [Jann Pasler, « Impressionnism », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http:
//www.oxfordmusiconline.com:80/subscriber/article/grove/music/50026> (consulté le 23 novembre 2009)].
Danièle Pistone, quant à elle, situe l’amorce du déclin de l’impressionnisme à la Première Guerre mondiale,
lorsque Jean Cocteau (1889-1963) fustige, dans Le Coq et l’arlequin (1918), le « climat flou propice aux
oreilles myopes (…), la grâce féminine et le léger brouillard neigeux taché du soleil impressionniste », mais
elle mentionne également que Camille Mauclair (1872-1945) annonce la fin de l’impressionnisme en 1905
[Jean Cocteau, Le Coq et l’arlequin, rééd. (Paris : Stock, 1979), 56; Camille Mauclair, La revue bleue 3
(1905) : 49-53 et 82-84; cités dans Pistone, « L’impressionnisme musical et l’esprit fin-de-siècle », 13].
11
Arthur Eaglefield Hull, Modern Harmony (Augener, 1920), 114, cité dans Michel Fleury,
L’impressionnisme et la musique (Paris : Fayard, 1996), 30.
12
Sabine Bérard, Musique, langage vivant. 3. Analyses d’œuvres musicales du XXe siècle (Paris : Zurfluh,
1998), 158; Françoise Gervais, « Qu’est-ce que l’impressionnisme musical », Revue internationale de
musique française 5 (juin 1981) : 11; Pistone, « L’impressionnisme musical et l’esprit fin-de-siècle », 18.
13
Paul Griffiths, « Expressionism », dans The Oxford Companion to Music, sous la direction de Alison
Latham, Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/opr/
t114/e2378> (consulté le 28 mai 2010).
14
Ibid. « An artistic movement concerned with the ruthless expression of disturbing or distasteful emotions,
often with a stylistic violence that may involve pushing ideas to their extremes or treating the subject matter
with incisive parody. »
68
Courant
Néoclassicisme
Période
Définition
15
1920-1940
Arnold Whittall le définit comme un mouvement stylistique
dans lequel les compositeurs « ramènent les formes équilibrées
et les procédés thématiques clairement perceptibles des styles
anciens pour remplacer ce qu’était, pour eux, les gestes de plus
en plus exagérés et l’absence de forme définie du romantisme
tardif16. » Le néoclassicisme diffère d’un retour aux styles
anciens par le fait que les compositeurs ne cherchent pas à
« imiter » le style classique ou à le parodier, mais
s’approprient certaines techniques et certains traits stylistiques
du classicisme qu’ils réinterprètent dans une perspective
résolument moderniste.
Exotisme
1830-193017 Ralph P. Locke le décrit comme l’« évocation d’un lieu, d’un
peuple ou d’un milieu social qui est (ou est perçu)
profondément différent des normes locales acceptables dans
ses attitudes, coutumes et valeurs18. » L’exotisme s’inscrit
dans la recherche d’une liberté nouvelle pour les compositeurs
et répond à une volonté de dépaysement sonore momentané,
lequel doit s’appuyer sur des traits stylistiques intégrés
profondément dans la musique19. L’exotisme se distingue ainsi
de simples influences étrangères qui ne font que rappeler le
pays d’origine par l’utilisation de formules connues plaquées
dans une œuvre20.
15
Arnold Whittall, « Neoclassicism », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/19723> (consulté le 5 mai 2010).
Michel Faure, quant à lui, situe la naissance du néoclassicisme en 1917, année de composition du Tombeau de
Couperin de Ravel et de la Symphonie classique de Serge Prokofiev (1891-1953), mais ne semble pas pouvoir
attribuer une véritable période de déclin à ce courant [Michel Faure, « Du néo-classicisme musical en France
entre les deux armistices de Rethondes », dans XXe Siècle – Images de la musique française, textes et
entretiens réunis par Jean-Pierre Derrien (Paris : G.I.E. Musique et Promotions (SACEM – S.D.R.M.) &
Éditions Papiers, 1986), 32].
16
Whittall, « Neoclassicism ». « A movement of style in the works of certain 20 th-century composers, who,
particularly during the period between the two world wars, revived the balanced forms and clearly perceptible
thematic processes of earlier styles to replace what were, to them, the increasingly exaggerated gestures and
formlessness of late Romanticism. »
17
Yves Defrance et Pistone distinguent plusieurs vagues d’exotisme entre 1830 et 1930 : l’Orient (culminant
vers 1880 pour s’éteindre dans les années 1920), le Maghreb (1830 à environ 1900), l’Espagne (débute à
l’époque de l’impératrice Eugénie Montijo et de l’expédition d’Espagne (1823) pour culminer dans les années
1872-1892), la Russie et le monde slave en général (à partir de 1890, et surtout durant la période des Ballets
Russes, 1909-1929), l’Extrême-Orient (après la victoire japonaise de 1905), dans une moindre mesure,
l’Afrique et l’Océanie, et une petite vague d’intérêt pour l’Amérique (après la Première Guerre mondiale,
laquelle prendra la forme, plus tard, de l’influence du jazz) [Yves Defrance, « Exotisme et esthétique musicale
en France. Approche socio-historique », Cahier de musiques traditionnelles 7 (1994) : 198-201; Pistone,
« Les conditions historiques de l’exotisme musical français », Revue internationale de musique française 6
(novembre 1981) : 22].
18
Ralph P. Locke, « Exoticism », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/45644> (consulté le 28 mai 2010).
« The evocation of a place, people or social milieu that is (or is perceived to be) profoundly different from
accepted local norms in its attitudes, customs and morals. »
19
Pistone, « Les conditions historiques de l’exotisme musical français », 12.
69
Courant
Sonorisme
Période
Tournant du
XXe siècle21
Définition
Le terme sonorisme est lié à la musique « qui explore les
contrastes d’instrumentation, de texture, de timbre,
d’articulation, de dynamiques, de mouvement et d’expression
comme des éléments de base dans la construction de la
forme22 ». Il est généralement associé à la musique polonaise
des années 1960-70, mais il peut également être utilisé pour
englober une conception large de la notion de sonorité
(nouvelles qualités de son du XXe siècle, par exemple).
Retour aux
styles anciens
Non
définie, en
continu
Le retour aux styles anciens est un mouvement de retour à
l’Antiquité, au baroque, au classicisme, au style galant. Les
compositeurs écrivent de la musique dans le style de ces
époques ou des instruments de ces époques, souvent sous
forme de pastiches des grands maîtres. On assiste à un retour
des genres classiques (forme sonate, menuet, concerto), et à un
retour à la tonalité telle qu’employée à l’époque baroque et à
l’époque classique. Il faut préciser qu’ici le retour est littéral,
contrairement au néoclassicisme qui réinvente les genres
anciens.
Au cours de l’époque 1880-1940, la musique française a subi plusieurs influences
tant extérieures qu’intérieures selon Kœchlin et Dufourcq23. Tout d’abord, Richard Wagner
(1813-1883) a eu une influence considérable sur la musique française des environs de 1880
à 1910, tant du fait de ses partisans que de ses opposants. Pratiquement élevé au rang de
demi-dieu ou profondément détesté, il ne laisse personne indifférent. On l’associe
principalement au développement du symbolisme et de l’impressionnisme en France
20
Defrance, « Exotisme et esthétique musicale en France », 192; Martin Kaltenecker, « L’exotisme dans la
musique française depuis Debussy », dans XXe Siècle – Images de la musique française, textes et entretiens
réunis par Jean-Pierre Derrien, 12.
21
Le sonorisme connaît ses premiers balbutiements vers la fin de la période qui nous occupe. Nous
considérons cependant pertinent de mentionner ce courant, puisque faire des variations de timbre est une
caractéristique importante de la littérature de piano au tournant du XXe siècle, en quelque sorte une
anticipation de ce courant. De même, le colorisme, avec l’utilisation d’anciens accords, de tons inédits et de
diaphonie en quarte ou en quintes, est considéré par certains auteurs comme une forme de sonorisme. Voir
Faure, Musique et société, du Second Empire aux années vingt. Autour de Saint-Saëns, Fauré, Debussy et
Ravel (Paris : Flammarion, 1985), 264-265.
22
Zbigniew Granat, « Sonoristics, sonorism », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com:80/subscriber/article/grove/music/2061689> (consulté le 23 novembre 2009). « that
explored contrasts of instrumentation, texture, timbre, articulation, dynamics, movement, and expression as
primary form-building elements. »
23
Charles Kœchlin, « Les tendances de la musique moderne française », dans Encyclopédie de la musique et
dictionnaire du Conservatoire, sous la direction d’Albert Lavignac et Lionel de La Laurencie (Paris :
Delagrave, 1925), 2.1 : 70; Dufourcq, La musique française, 288.
70
(l’impressionnisme s’étant surtout développé en réaction consciente et systématique contre
l’immense popularité de Wagner)24, et ses particularités de langage (harmonie chromatique,
leitmotive, dissonances non résolues, séquences) ont influencé le style des compositeurs
français 25 . Le culte de Wagner a amené les musiciens français à se détourner de
l’enseignement établi : le Conservatoire subit maintenant la concurrence de l’École
Niedermeyer et de la Schola Cantorum qui attirent les musiciens recherchant un
enseignement différent26. On note ensuite l’influence de Franck, de 1890 à 1900, qui est
présente surtout à travers l’œuvre de ses nombreux élèves et disciples (notamment D’Indy,
Lekeu, Ropartz, Dukas, Pierné et Magnard), à qui il a transmis son idéalisme beethovénien
additionné des innovations harmoniques du romantisme tardif. Se rapprochant de la
tradition viennoise d’un côté, et de Franz Liszt (1811-1886) et Richard Wagner de l’autre,
les œuvres franckistes sont souvent décrites comme massives et imposantes, comme le
remarque Martin Cooper à propos de la Sonate pour piano de Lekeu27. À la même époque,
la musique de Chabrier influence plusieurs compositeurs, notamment Debussy, Ravel,
Messager et Charles Lecocq (1832-1918), de même que ceux du groupe des Six qui se
réclament une filiation marquée avec lui. Selon Robert Winter, ses pièces de piano ont
contribué à l’émancipation de la dissonance et au développement de l’intérêt pour les
24
Scott Messing, Neoclassicism in Music. From the Genesis of the Concept through the
Schoenberg/Stravinsky Polemic (Ann Arbor, Michigan : UMI Research Press, 1988), 6.
25
Barry Millington et al., « Wagner », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/29769-2001-10-31pg1> (consulté le 23
novembre 2009).
26
Denis Arnold et Richard Langham Smith, « France », dans The Oxford Companion to Music, sous la
direction de Alison Latham. Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/
subscriber/article/opr/t114/e2658> (consulté le 23 novembre 2009).
27
Martin Cooper, French Music from the Death of Berlioz to the Death of Fauré (Londres : Oxford
University Press, 1951) cité dans John Trevitt et Joël-Marie Fauquet, « Franck », dans Grove Music Online.
Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/opr/t114/e2658>
(consulté le 23 novembre 2009).
71
mélodies modales en France28. Poulenc, Milhaud et Auric privilégiaient son côté humoriste,
parodiste et son talent de transposition de l’art populaire en grand art29. Fauré, quant à lui, a
pu étendre son influence à de nombreux élèves, particulièrement entre 1900 et 1915, ayant
d’abord été professeur et ensuite directeur du Conservatoire de Paris à partir de 1905. Il a
également été critique musical au Figaro et membre de l’Institut. Selon Kœchlin,
l’influence de Debussy a entraîné, entre 1900 et 1920 environ, l’avènement d’un courant
appelé « debussysme », qui se caractérise par un retour à une conception très française de la
musique (entre autres, des sonorités moins grandioses et des périodes plus concises) et par
une confiance dans les conseils de hardiesse à l’égard des règles, soit en quelque sorte un
culte de la beauté pour elle-même, sans égard aux règles à suivre30. Entre 1912 et 1922,
l’influence d’Arnold Schoenberg (1874-1951) est présente surtout dans la musique
expressionniste : ses pièces pour piano de l’opus 11 fascinaient, entre autres, Milhaud.
Finalement, entre 1910 et 1930, Igor Stravinski (1882-1971) a lui aussi influencé la vie
musicale française, en premier lieu par ses ballets et, en second lieu, par le rôle important
qu’il a joué dans l’essor du courant néoclassique après son installation en France en 1920 31.
Selon Susan Bradshaw, il est aussi reconnu pour la qualité de ses transcriptions au piano de
ses œuvres orchestrales, qui démontrent un sens inné de l’utilisation des sonorités
caractéristiques de cet instrument32.
28
Robert Winter, « 19th Century National Trends », dans Philip R. Belt et al., The New Grove Musical
Instruments Series - The Piano (New York : W. W. Norton & Company, 1988), 135.
29
Steven Huebner, « Chabrier, Emmanuel », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/05351> (consulté le 23 novembre
2009).
30
Kœchlin, « Les tendances de la musique moderne française », 70.
31
Stephen Walsh, « Stravinsky, Igor », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/52818pg5> (consulté le 1er septembre
2010)
32
Susan Bradshaw, « The Growth of Pianism, 1900-1940 », dans Belt et al., The New Grove Musical
Instruments Series - The Piano, 139.
72
Le tournant du XXe siècle s’accompagne de plusieurs changements socioculturels :
évolution des structures du milieu musical, notamment par un engagement grandissant de
l’artiste dans la société, apparition des techniques d’enregistrement et de diffusion de la
musique, et accélération de l’évolution des connaissances et des technologies. Le
développement d’une « économie » de la musique a également une influence sur le
répertoire, qui, pour plaire à la petite et moyenne bourgeoisie, de plus en plus nombreuse,
doit souvent faire preuve de conservatisme 33 . La production artistique est intense : elle
bouleverse et provoque plusieurs scandales et ruptures, citons par exemple Le Sacre du
printemps (1913) de Stravinski, Parade (1916-1917) de Jean Cocteau (1889-1963) et Satie,
les Concerts salade (1921-1925) de Wiéner, les Chansons madécasses (1925-1926) de
Ravel, et la création de la Société musicale indépendante (1909), entre autres. L’évolution
du langage et des esthétiques est exceptionnelle, les courants se multiplient34.
3.2 Évolution de la tonalité du XIXe au XXe siècle en France
Afin de déterminer le rôle des quintes parallèles dans le langage tonal, il convient d’en
connaître les principes et les caractéristiques. Pour ce faire, nous allons d’abord définir le
concept de tonalité et ensuite en tracer l’évolution jusqu’au seuil de la période étudiée. Le
lecteur pourra s’étonner de ce que nous remontions jusqu’à l’époque classique pour
expliquer une période postérieure bien définie dans le temps, mais les auteurs que nous
aborderons dans ce chapitre ont certainement eu une influence sur les auteurs de traités que
nous avons étudié au chapitre 2. Il nous apparaît donc important qu’ils figurent dans cette
section afin d’apporter un éclairage sur l’origine de certains aspects de la règle. Citons par
33
Sylvain Caron, François de Médicis et Michel Duchesneau, Musique et modernité en France, 1900-1945
(Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal, 2006), 11-12.
34
Ibid., 8-9.
73
exemple Jean-Philippe Rameau (1683-1764), dont le traité et les enseignements ont
influencé Fétis, car ce dernier a entrepris des études plus poussées de l’harmonie pour
comprendre l’incompatibilité qu’il avait remarquée entre les enseignements qu’il a reçu de
Jean-Baptiste Rey (1734-1810), un disciple de Rameau, et le Traité d’harmonie de Catel35.
3.2.1 Définition de la tonalité
Utilisé par Alexandre-Étienne Choron (1771-1834) en 1810 pour décrire l’arrangement de
la dominante et de la sous-dominante au-dessus et en-dessous de la tonique, et ainsi
marquer la différence entre l’organisation moderne et l’organisation ancienne de la
musique36, le terme tonalité a été sujet à interprétation par plusieurs auteurs jusqu’à ce jour,
notamment Jean Le Rond d’Alembert (1717-1783), Jérôme-Joseph Momigny (1762-1842)
et François-Joseph Fétis (1784-1871)37. L’auteur Brian Hyer le définit ainsi dans le Grove
Music Online :
Une des principales catégories conceptuelles dans la pensée musicale occidentale, le terme
réfère le plus souvent à l’orientation des mélodies et harmonies à travers une classe de hauteur
de référence (ou tonique). Dans le sens le plus large possible, cependant, il réfère aux
arrangements systématiques des phénomènes des hauteurs et des relations entre elles 38.
35
Robert Wangermée et al., « Fétis », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/09564pg1> (consulté le 8 juin 2012).
36
Brian Hyer, « Tonality », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline
.com:80/subscriber/article/grove/music/28102> (consulté le 23 novembre 2009).
37
Jean Le Rond D’Alembert, en 1752, « suggère que la tonalité se construit par la résonance des trois degrés
principaux du “mode” (c’est-à-dire de la tonalité), les premier, quatrième et cinquième degrés de la gamme du
ton ». Selon Nicolas Meeùs, ce point de vue est l’un des premiers de ceux qui situent entièrement les
fonctions tonales dans les accords, plutôt que dans leur enchaînement, et qui font de la tonalité une structure
statique. Jérôme-Joseph de Momigny, quant à lui, cherche, en 1803-1806, « à affirmer l’unité tonale en
soutenant que toutes les notes de la gamme du ton peuvent se trouver dans une seule série harmonique. »
Cette conception, qualifiée de naturalisme excessif, ne donne pas la tonique comme fondamentale de la série,
mais bien la dominante. [Nicolas Meeùs, « Polyphonie, harmonie, tonalité », dans Musiques, une
encyclopédie pour le XXIe siècle, sous la direction de Jean-Jacques Nattiez (Arles : Actes sud; Paris : Cité de
la musique, 2003), 2 : 130-131]. François-Joseph Fétis a défini la tonalité en 1844 comme « l’essence des
rapports nécessaires, successifs ou simultanés, des sons de la gamme » [Carl Dahlhaus et al., « Harmony »,
dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com:80/subscriber/article/
grove/music/50818> (consulté le 23 novembre 2009)].
38
Hyer, « Tonality ». « One of the main conceptual categories in Western musical thought, the term most
often refers to the orientation of melodies and harmonies towards a referential (or tonic) pitch class. In the
broadest possible sense, however, it refers to systematic arrangements of pitch phenomena and relations
between them. »
74
Hyer ajoute également que certains voient la tonalité comme un terme générique pouvant
désigner à la fois la musique basée sur les huit modes dits « ecclésiastiques », et les
complexes majeur-mineur de la « common practice », mais il note toutefois que l’utilisation
la plus commune du terme est certainement pour « désigner l’arrangement des phénomènes
musicaux autour d’une tonique de référence dans la musique européenne des alentours de
1600 à 191039. » Roger Scruton, Jacques Viret et Françoise Gervais développent des points
de vue similaires40.
Pour les besoins de cette recherche, nous proposons une définition personnelle : la
tonalité englobe l’ensemble des relations des notes entre elles, tant au point de vue
harmonique que mélodique, de même que dans leurs liens à un degré de référence appelé
tonique. Dans un sens plus large, la tonalité s’applique à la structure d’une œuvre dans son
ensemble, dans le choix des cadences et des modulations, par exemple, pour assurer l’unité
de l’œuvre.
39
Hyer, « Tonality ». « is to designate the arrangement of musical phenomena around a referential tonic in
European music from about 1600 to about 1910. »
40
Roger Scruton définit la tonalité (avec le terme anglais « key ») comme une organisation particulière autour
de la tonique, selon laquelle les autres notes sont en relation avec elle, et tout le système est organisé en
fonction d’autres tonalités possibles. La tonalité a ainsi pour effet de garder la mélodie et l’harmonie en
relation étroite et constante [Roger Scruton, The Aesthetics of Music (New York: Oxford University Press,
1997), 248]. Jacques Viret, quant à lui, présente une définition élargie du concept de tonalité : « Mode de
perception musicale selon lequel tous les sons sont compris, à une échelle d’observation donnée, par rapport à
une finale conclusive unique, réelle ou virtuelle. » [Jacques Viret, « Les langages musicaux du XXe siècle »,
dans Maurice Emmanuel, L’histoire de la langue musicale, (Paris : Laurens, 1981), 2 : 642.] Françoise
Gervais va encore un peu plus loin : « La tonalité n’est pas constituée seulement par une note principale
placée à la base d’une gamme diatonique. Son principe essentiel réside dans le rapport de chaque
fondamentale harmonique (exprimée ou sous-entendue) avec l’accord construit sur la tonique, et, quel que
soit le trajet de ces fondamentales, dans la direction de leur marche vers la tonique, même dans le cas où ce
but ne serait pas atteint. Le discours musical s’assimile ainsi à un vaste “acte de cadence”. » [Gervais,
« Debussy et la tonalité », dans Actes du Colloque Debussy et l’évolution de la musique au XX e siècle (Paris :
Éditions du Centre National de Recherche Scientifique, 1965), 97.]
75
3.2.2 Tonalité classique
L’utilisation de la tonalité à l’époque classique est synonyme de clarté; il ne doit pas y
avoir d’ambiguïté dans la référence à la tonique. Des conventions sont établies, dérivant de
la perception que tous les accords sont différents et que combiner différentes sélections de
notes de la gamme crée différents degrés de stabilité et d’instabilité, de consonance et de
dissonance41. Jean-Philippe Rameau, entre autres, a contribué à bâtir les codes qui ont régi
l’harmonie à cette époque. Ses règles décrivaient surtout la distinction entre consonance et
dissonance, comment passer de l’une à l’autre, les cadences, la construction des phrases
musicales et leur agencement dans la forme des œuvres. L’une des règles les plus connues
est l’interdiction des quintes parallèles, ce qui favorise l’indépendance des voix dans le
contrepoint, et dont l’application en harmonie montre l’interdépendance de ces deux
éléments42. Hyer rapporte que, d’après Fichte et Hegel, l’organisation harmonique de la
musique classique peut être comprise comme une relation dialectique dans laquelle la
dominante s’oppose à la tonique. De ce fait, la relation entre la dominante et la tonique
entrerait dans une logique de contraste semblable à l’opposition entre dissonance et
consonance, tension et résolution ou thèse et antithèse, appelant une synthèse. La forme
sonate, particulièrement répandue à l’époque classique, en est un bon exemple lorsqu’elle
est écrite dans une tonalité majeure, par sa modulation à la dominante et sa reprise à la
tonalité d’origine (qui en représente ainsi la synthèse)43. Les modulations à cette époque
étaient régies par des codes connus de tous, dont le but était de leur donner un sens 44. Hyer
résume bien l’esprit de cette époque : « À cause de cette logique musicale quasi objective,
41
Whittall, « Harmony », dans The Oxford Companion to Music, sous la direction de Alison Latham, Oxford
Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com:80/subscriber/article/opr/t114/e3144> (consulté le 23
novembre 2009).
42
Ibid.
43
Hyer, « Tonality ».
44
Faure, Musique et société, du Second Empire aux années vingt, 261.
76
la musique classique donne l’apparence de pouvoir être universellement intelligible à tous
les auditeurs au sein de son aire culturelle45. »
3.2.3 Tonalité romantique
Au XIXe siècle, les notions d’originalité et d’individualité étaient au cœur des
préoccupations des compositeurs, et cela avait des répercussions jusque dans leur
conception de la tonalité et de l’harmonie. L’application de ces deux concepts était donc en
constante évolution. Les compositeurs se mettent à utiliser des accords pour leur « effet de
surprise » (là où on ne les attendait pas, d’une nouvelle façon ou avec certaines
modifications), mais utilisent des accords qui demeurent tout de même « intelligibles »
dans le système tonal, par exemple un accord de septième de dominante dont la quinte est
augmentée, ou la transposition de la neuvième une octave plus bas. Le souci d’originalité
amène également les compositeurs à chercher de nouveaux moyens de complexifier les
accords sur les différents degrés de la gamme, de nouveaux types de chromatismes et de
nouvelles façons d’utiliser les dissonances, tout en demeurant dans un contexte tonal46. En
fait, les romantiques n’innovent pas réellement sur le plan du matériel musical, mais plutôt
dans l’utilisation qu’ils font des ressources de l’harmonie classique. On remarque
également des modulations plus nombreuses et dans des tonalités plus éloignées qu’à
l’époque classique. Hyer mentionne que l’intérêt dans la musique romantique est sur le
particulier, le concret, le sensuel et le dépendant :
En portant attention à ces harmonies inhabituelles, la musique s’attarde sur le moment présent
et distrait l’auditeur des relations tonales plus larges. En même temps, le chromatisme
motivique déstabilise la précieuse coordination entre les dimensions mélodiques et
45
Hyer, « Tonality ». « Because of this quasi-objective musical logic, Classical music gives the appearance of
being universally intelligible to all listeners within its cultural reach. »
46
Dahlhaus et al., « Harmony ».
77
harmoniques qui caractérisaient la musique classique, libérant la musique de l’obligation de
terminer sur la tonique d’origine 47.
Il cite également Ernst Kurth (1886-1946) à propos de la prédilection esthétique pour les
sonorités sensuelles et les progressions frappantes dans la musique du romantisme tardif.
Selon lui, cela a mené à ce qu’il appelle un « effet absolu », « où les harmonies
chromatiques se dressent comme des figures opposées à un terrain diatonique davantage
normatif48. » En général, les références à la tonique deviennent de plus en plus ambiguës et
occasionnelles. En effet, la combinaison de plusieurs types d’harmonies chromatiques tend
à occulter la référence à la tonique et oblitère la distinction entre une figure chromatique et
son « substrat diatonique » (« diatonic ground »)49. Bref, la tonalité romantique recherche
davantage l’émotion que la pureté de réalisation, ce que recherchait la tonalité classique.
3.2.4 Debussy, l’impressionnisme et la tonalité
Au tournant du XXe siècle, Debussy est une figure marquante de l’évolution de la tonalité.
Dans l’œuvre de ce compositeur, la mélodie retrouve une certaine indépendance face à
l’harmonie. Viret va même jusqu’à parler d’une prépondérance qui peut expliquer plusieurs
innovations dans l’ordre harmonique, comme le parallélisme qui est une façon d’envisager
l’harmonisation comme un enrichissement de la sonorité50. Gervais parle dans certains cas
47
Hyer, « Tonality ». « In drawing attention to these unusual harmonies, the music tarries over the present
moment and distracts the listener from large-scale tonal relations. At the same time, motivic chromaticism
destabilizes the careful coordination between the melodic and harmonic dimensions that characterized
Classical music, freeing music from the requirement to close on the original tonic. »
48
Ernst Kurth, Romantische Harmonik und ihre Krise in Wagners « Tristan » (Berne, 1920), cité dans Hyer,
« Tonality ». « where chromatic harmonies stand out as figures against a more normative diatonic ground ».
49
Kurth nomme trois types d’harmonies chromatiques (qui sont selon lui caractéristiques de « l’altération
style ») : altération de l’accord, où une note de l’accord est haussée ou abaissée d’un demi-ton; le déplacement
mélodique, où une note voisine dissonante remplace une note régulière de l’accord; et la progression
chromatique, où le chromatisme modifie l’intervalle de progression de la basse entre les harmonies. Kurth,
Romantische Harmonik und die Krise in Wagners « Tristan », cité dans Hyer, « Tonality ».
50
Viret, « Les langages musicaux du XXe siècle », 644.
78
de mélodies d’accords51. Debussy utilise des successions d’accords consonants (parfois des
triades en position fondamentale) et des accords dissonants (par exemple des accords de
septième ou de neuvième) auxquels il donne pratiquement le statut de consonances 52. Il
utilise ainsi des techniques qu’on en est venu à identifier avec l’harmonie impressionniste :
notamment, l’emploi de mouvement parallèle pour créer une atmosphère particulière (qui
échappe à la tyrannie du majeur-mineur); et la libération de l’obligation de préparer et
résoudre les accords de septième et de neuvième. À l’époque impressionniste, la mise en
œuvre d’harmoniques éloignées (jusqu’à la treizième harmonique) permet, selon Viret,
« l’intégration d’intervalles traditionnellement définis comme dissonants à une structure de
base tonalement simple et consonante53. » Debussy et les autres impressionnistes utilisent le
timbre et l’harmonie comme les peintres impressionnistes utilisent la couleur : par taches
juxtaposées 54 . On parle beaucoup de coloration pour la musique impressionniste dans
l’utilisation des sons, des accords, des timbres. Michel Fleury cite par exemple le cas de
l’accord de neuvième de dominante auquel les compositeurs de la deuxième moitié du
XIXe siècle ont accolé une vocation descriptive et suggestive, l’associant à certaines valeurs
affectives et atmosphériques (volupté amoureuse, calme de la nature non dépourvu d’une
note sensuelle, sérénité et mystère d’un autre monde)
55
. Le timbre à l’époque
impressionniste subit un affinement de ses métamorphoses romantiques, selon Michelle
Biget, par une surenchère dans la sollicitation des registres et des niveaux dynamiques
51
Gervais, « La notion d’arabesque chez Debussy », Revue musicale 241 (1958) : 14-15, cité dans Fleury,
L’impressionnisme et la musique, 79.
52
Fleury, L’impressionnisme et la musique, 88.
53
Viret, « Les langages musicaux du XXe siècle », 648.
54
Faure, Musique et société, du Second Empire aux années vingt, 265.
55
Fleury, L’impressionnisme et la musique, 75.
79
extrêmes, de même que par l’opulence sonore et la multiplication des agrégations
dissonantes56. Debussy cherche à s’émanciper des règles et des étiquettes.
Selon Donald N. Morrison et Robert Mueller, le concept de tonalité dans la musique
impressionniste est basé sur des « piliers tonaux » tels que : des centres pseudotraditionnels (progressions d’accords diatoniques et triades, réminiscence des modes
majeur-mineur), des sonorités et des progressions autres que majeures-mineures (motifs
modaux, modes mixtes, sonorités exotiques), des septièmes et des neuvièmes de différentes
sortes comme entités individuelles, et même des structures ambiguës (accords augmentés,
sonorités de la gamme par ton, structures dissonantes parallèles). Ces sonorités servent de
forces organisationnelles et aident à procurer la direction et l’unité tonale par leur variation
et leur réapparition. L’organisation tonale dépend alors de l’équilibre et de l’interaction
d’effets sonores indépendants plutôt que des relations tonales 57 . Debussy adopte une
approche semblable en utilisant, pour structurer ses œuvres, une conception personnelle des
principes de permanence et de différence, comme le souligne Gervais. Pour le principe de
permanence, elle mentionne entre autres les répétitions et les parallélismes internes, les
notes pivots, les notes pédales, les dessins pédales, les motifs constants, les harmonies
longues et les symétries mélodiques. Pour le principe de différence, selon elle, Debussy
utilise souvent les variations et les commentaires avec inventivité dans les domaines
mélodique, harmonique, spatial, dynamique, rythmique, phonétique, ainsi que les contrechants et les prolongations de thèmes qui sont des éléments nouveaux greffés sur des
56
Michelle Biget, « Les réminiscences romantiques dans la musique française de piano au début du XX e
siècle », Revue internationale de musique française 15 (novembre 1984) : 68.
57
Donald N. Morrison, « Influences of Impressionist Tonality on Selected Works of Delius, Griffes, Falla,
and Respighi. Based on the Concept Developed by Robert Mueller » (thèse de doctorat, Indiana University,
1960), f. 6-7.
80
éléments préexistants58. Dans sa recherche, Debussy a également commencé par « noyer »
la tonalité, c’est-à-dire juxtaposer un passage tonal avec un passage non tonal. D’autre part,
dans les œuvres où il affirme la tonalité, il met généralement en évidence la tonique et les
notes principales de l’échelle, à l’exception toutefois de la dominante. Par l’absence de son
opposée, la tonique perd un peu de sa prestance et se rapproche davantage d’une « finale »
ou même dans certains cas d’une « note principale momentanée ». Parfois cette note ne
s’apparente ni à un premier, ni à un cinquième degré, ou est totalement insoupçonnée avant
les dernières notes. Toutes ces affirmations amènent Gervais à conclure que « non
seulement le besoin de la présence d’une tonique n’est plus éprouvé, mais que l’existence
de cette tonique n’est pas nécessaire à la cohésion et à la continuité du discours 59 . »
Debussy a donc contribué par diverses techniques à affaiblir la rigidité du système tonal,
permettant ainsi à d’autres compositeurs de s’en libérer.
Debussy a également contribué à diminuer l’intérêt envers la tonalité classique par
son utilisation, dès les années 1880, des gammes anhémitonique, pentatonique et
octotonique, jusqu’à en faire des éléments à part entière de son langage60. En effet, selon
Yves Defrance, en utilisant des échelles non européennes, Debussy, comme d’autres
compositeurs de cette époque, ne souhaite plus uniquement un effet de dépaysement
sonore, mais s’inscrit dans un mouvement général de volonté d’universalité dans la
musique61. C’est notamment le cas d’Auguste Chapuis (1858-1933), qui utilise une échelle
orientale (l’échelle à double seconde augmentée 62 ) dans sa Suite pour le piano sur la
58
Gervais, « Debussy et la tonalité », 103.
Ibid., 98-100.
60
Kaltenecker, « L’exotisme dans la musique française depuis Debussy », 12
61
Defrance, « Exotisme et esthétique musicale en France », 202.
62
Serge Gut, « L’Échelle à double seconde augmentée : origines et utilisation dans la musique occidentale »,
Musurgia 7, 2 (2000) : 41-60.
59
81
gamme orientale, mais dont le style franckiste l’emporte sur l’allusion lointaine63. Chez
Debussy, c’est surtout l’influence russe qui s’est fait sentir, de laquelle il aurait développé
son goût pour les modes anciens et orientaux, pour les colorations vivantes, et un certain
dédain pour les règles académiques64. Et selon Ferdinand Brunetière (1849-1906), la mode
de l’Extrême-Orient a aidé l’Occident à évacuer l’éthique chrétienne, influençant ses rêves
de mystère, de luxe et de libido en liberté dès la fin du XVIIe siècle65. Michel Faure ajoute à
ce propos que « le pentatonisme est l’une des gammes les plus primitives et que ce
pentatonisme altère notre musique à l’instant même où notre bourgeoisie redécouvre le
paganisme66. » L’intérêt des compositeurs français pour leur folklore, de même que pour
celui des provinces françaises a aussi pu contribuer à modifier leur conception de la
tonalité67. Par contre, l’intégration dans le langage musical français de plusieurs formes
d’exotisme nécessitait d’abord l’évolution du système tonal pour refléter de façon optimale
ces nouvelles échelles 68 . L’ouverture sur ces diverses cultures étrangères aux traditions
savantes exercera donc une influence déterminante sur le vocabulaire, et même sur la
syntaxe tonale des compositeurs de l’époque. Le cadre de la tonalité classique ne peut plus
être pris pour acquis, bien qu’il reste toujours un arrière-plan sur lequel se dessinent les
nouvelles pratiques.
63
Pistone, « Les conditions historiques de l’exotisme musical français », 19.
François Lesure et Roy Howat, « Debussy, Claude », dans Grove Music Online. Oxford Music Online,
<http://www.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/07353> (consulté le 8
novembre 2009).
65
Ferdinand Brunetière, « L’Orient et la littérature française », dans Études critiques sur l’histoire de la
littérature française, 8e série, 6e éd. (Paris : Hachette, 1922; reprise d’un article du 1er octobre 1906), 183, cité
dans Faure, Musique et société, du Second Empire aux années vingt, 245.
66
Faure, Musique et société, du Second Empire aux années vingt, 245.
67
Voir Faure, Musique et société, du Second Empire aux années vingt, 250-253; Defrance, « Exotisme et
esthétique musicale en France », 195-198, 203-207.
68
Pistone, « Les conditions historiques de l’exotisme musical français », 15.
64
82
3.2.5 La tonalité au XXe siècle
Carl Dahlhaus situe la fin de la tonalité harmonique (classique et romantique) en 1910 69. Le
XXe siècle est le théâtre de changements importants. Le courant néoclassique, bien
qu’empruntant à la tonalité classique tantôt certains de ses matériaux, tantôt certains
éléments de sa syntaxe, fait évoluer les principes de consonance et de dissonance, ce qui
contribue au développement d’autres innovations harmoniques : modalité, polytonalité,
jazz. Comme le souligne Faure, « la consonance et le diatonisme ont beau demeurer
fondamentaux, on les oblitère de broderies, de notes de passage et de notes ajoutées, de
rencontres polyphoniques, de superposition de quintes ou de tonalités, afin de multiplier les
frottements de secondes70. » Il ajoute également que les compositeurs néoclassiques
remettent en honneur les procédés de l’écriture rigoureuse et [les] adaptent à une harmonie
dépassant l’horizon tonal. Grâce à eux, la fugue cesse d’être une forme d’école. Grâce à
Honegger, Kœchlin, Milhaud, Ravel, Roussel, Stravinsky, l’écriture polyphonique participe à
l’émancipation des dissonances. Parallèlement, elle permet à l’esthétique néo-classique [sic] de
gagner son pari, qui est de remettre à sa place la sensibilité 71.
L’utilisation croissante du chromatisme à la fin du XIXe siècle, bien qu’enrichissant le
système tonal, a aussi fini par contribuer à son éclatement.
Selon Dahlhaus, les trois principaux aspects de l’harmonie au XXe siècle sont : sa
perte d’importance comme un facteur dans la composition, l’émancipation de la dissonance
(reconnaissance de la dissonance pour ce qu’elle est, sans nécessité d’une consonance pour
la résoudre ou la justifier; un facteur qui menait directement à l’atonalité) et la construction
de systèmes individuels. Pour les compositeurs, la fonction structurelle de l’harmonie
n’étant plus assez solide pour établir une continuité musicale de longue durée, le rythme, le
69
Dahlhaus et al., « Harmony ».
Faure, « Le néo-classicisme musical en France entre les deux armistices de Rethondes », 34.
71
Faure, Du néoclassicisme musical dans la France du premier XXe siècle (Paris : Klincksieck, 1997), 299.
70
83
contrepoint et le timbre supplantent l’harmonie dans cette fonction72. La musique de piano
joue en ce sens un rôle particulier. Selon Biget, les œuvres pianistiques composées après
1880 contribuent à une remise en cause des schémas formels et des réflexes harmoniques :
le détail, l’élément individuel, la moindre dimension reçoivent des fonctions sémantiques73.
Le piano réinvente le contrepoint qui, de motivique à l’époque classique et romantique,
devient un contrepoint de plans sonores74. Biget ajoute : « En réalité, une polyphonie active
et parfois bitonale peut naître non des accords intrinsèques, mais des situations respectives
des mélismes sur le clavier, autrement dit par antagonisme des plans mélodiques75. » De
plus, l’aspect compartimenté (collage, parenthèse, individualisation de petits épisodes mis
bout à bout) que les compositeurs donnent aux pièces de piano, les variations de sonorités
systématiques, de même que la rédaction pianistique qui tend à réaliser une palette
orchestrale en miniature, sont, selon Biget, de moins en moins compatibles avec une
conception tonale de la forme (un trajet harmonique clair à court et à long terme) : « Les
modifications de la qualité sonore sont d’abord réservées aux modifications de l’état tonal,
puis affectées à des cellules trop brèves pour avoir le temps de se transformer en source
d’information harmonique : on aboutit là à une esthétique du moment musical76. »
Dans leur recherche d’extension de la tonalité, les compositeurs se sont également
tournés vers la modalité, influencés en partie par la restauration du chant grégorien par les
Bénédictins de Solesmes dans la seconde moitié du XIXe siècle et par leur éducation77.
72
Dahlhaus et al., « Harmony ».
Biget, « Les réminiscences romantiques dans la musique française de piano au début du XX e siècle », 67.
74
Ibid., 72.
75
Ibid., 71.
76
Ibid., 74-75.
77
L’École Niedermeyer enseigne le plain-chant depuis 1853 [y ont étudié, entre autres, Fauré, Eugène Gigout
(1844-1925) et André Messager (1853-1929)], la Schola cantorum enseigne les modes depuis 1896 et le
Conservatoire les introduit dans son programme en 1909. Henri Gonnard, La musique modale en France de
73
84
D’abord envisagée dans un intérêt pour le passé ou comme une façon d’intégrer des
éléments étrangers dans la musique tonale, la modalité aux XIXe et XXe siècles est
davantage une façon de modifier les fonctions harmoniques tonales pour obtenir un effet
particulier, plutôt qu’un véritable système d’harmonie. Henri Gonnard évoque trois
contextes particuliers d’utilisation de la modalité : le contexte religieux, l’aspect populaire
et l’évocation du passé, et l’exotisme 78 . Danièle Pistone considère que la montée de la
modalité est très significative sur le plan de l’évolution de la tonalité.
Employées pour créer une atmosphère dans la musique religieuse surtout, ces phrases modales
sont d’abord de simples placages, des citations mélodiques non suivies par l’harmonie; puis
elles envahiront le langage vertical, aux cadences d’abord, avant de baigner tout le tissu
polyphonique79.
La modalité des XIXe et XXe siècles diffère de celle du XVIe siècle parce qu’elle met
l’accent sur les relations entre les accords plutôt que sur les mouvements mélodiques. Les
modes sont vus comme des variantes du majeur-mineur, au lieu de former chacun un
système particulier. Dahlhaus en fait ainsi une innovation harmonique du XIXe siècle80.
Martin Kaltenecker affirme que le renouvellement du langage tonal par les modes est un
fait typiquement français, mais annoncé par plusieurs tendances de l’harmonie romantique,
comme les enchaînements d’accords contraires à la syntaxe tonale 81 . On en retrouve
plusieurs exemples dans le répertoire pour piano, tels que « Mauresque » des Dix pièces
pittoresques de Chabrier, le premier mouvement de la première Sonatine et le premier
mouvement de la deuxième Sonatine de Maurice Emmanuel (1862-1938), le « Menuet » de
la Petite suite, le « Prélude » de la Suite bergamasque, l’« Hommage à Rameau » de la
Berlioz à Debussy (Paris : H. Champion, 2000), 20-21; Faure, Musique et société, du Second Empire aux
années vingt, 24.
78
Gonnard, La musique modale en France de Berlioz à Debussy, 123-135, 137-150, 151-157.
79
Pistone, La musique en France de la Révolution à 1900 (Paris : H. Champion, 1979), 177.
80
Dahlhaus et al., « Harmony ».
81
Kaltenecker, « L’exotisme dans la musique française depuis Debussy », 21.
85
première série d’Images, et les préludes « La fille aux cheveux de lin » et « Canope » de
Debussy.
En terminant, mentionnons brièvement d’autres courants du langage tonal présents
au XXe siècle, qui bien que marginaux à cette époque, ont pu jouer un rôle dans
l’élaboration du langage des compositeurs étudiés. Nous avons effleuré précédemment la
polytonalité, qui consiste à faire évoluer les différentes voix dans plus d’une tonalité à la
fois (donc de superposer plusieurs tonalités). On parle aussi de bitonalité lorsqu’il n’y a que
deux tonalités en jeu82. Viret mentionne également la polymodalité, lorsqu’on combine des
modes différents83. Il y a aussi la polyharmonie qui « consiste dans la dissociation d’un
agrégat harmonique en deux ou plusieurs blocs superposés, articulés sur autant de
fondamentales distinctes84. » Viret partage le point de vue de Kœchlin qui, dès 1923, voit
dans la polytonalité et la polyharmonie l’évolution naturelle de la tonalité, qui peut
s’interpréter comme l’extension des classiques « notes étrangères à l’harmonie 85 . » Le
dodécaphonisme se développe également dans la deuxième décennie du XXe siècle. Sa
conception des douze sons égaux est une façon pour les compositeurs d’organiser de
manière rigoureuse l’atonalité, car lorsqu’elle est prise de façon systématique, elle consiste
« à abolir volontairement toute hiérarchie entre les sons musicaux et à leur assurer une
82
« Harmony », dans The Oxford Dictionary of Music, 2e éd. rév., sous la direction de Michael Kennedy.
Oxford Music Online, <http://www.oxfordmusiconline.com:80/subscriber/article/opr/t237/e4724> (consulté
le 23 novembre 2009).
83
Viret, « Les langages musicaux du XXe siècle », 644. Voir aussi Polytonalité / Polymodalité. Histoire et
actualité, textes réunis et édités par Michel Fischer et Danièle Pistone, Série Conférences et Séminaires, n° 21
(Paris : Observatoire musical français, Université de Paris-Sorbonne, 2005).
84
Viret, « Les langages musicaux du XXe siècle », 649.
85
Kœchlin, « Évolution de l’harmonie », dans Encyclopédie de la musique et dictionnaire du Conservatoire,
sous la direction d’Albert Lavignac et de Lionel de La Laurencie (Paris : Delagrave, 1925), 2.1 : 697-710;
Viret, « Les langages musicaux du XXe siècle », 649-650.
86
égalité structurelle aussi totale que possible 86. » C’est en quelque sorte l’aboutissement
ultime de l’évolution de la tonalité au XXe siècle : pouvoir en sortir, échapper à ses règles.
Par cette étude de la musique au tournant du XXe siècle, nous avons établi le
contexte dans lequel ont été composées les œuvres que nous étudierons au chapitre 5 :
l’étude des différents courants stylistiques nous a renseignés sur les intentions des
compositeurs et leur philosophie, et l’étude de l’évolution de la tonalité nous a permis de
comprendre comment le langage qu’ils utilisent est devenu ce qu’il est. Il ne reste plus
maintenant qu’à définir les types d’usage des quintes parallèles et à en analyser la présence
dans le répertoire pour être en mesure de définir le rôle des quintes parallèles dans le
langage musical.
86
Viret, « Les langages musicaux du XXe siècle », 642.
Chapitre 4
Les types de quintes parallèles dans le répertoire
Après analyse de l’historique des quintes parallèles, de leur présence dans les traités et du
contexte historique entourant l’époque choisi, et avant d’analyser des cas de quintes
parallèles dans la musique française de piano entre 1880 et 1940, nous allons définir les
principaux types de quintes parallèles susceptibles de se retrouver dans le répertoire en
général.
On peut retrouver des quintes parallèles un peu partout dans le répertoire, de façon
plus ou moins perceptible selon la situation. Certaines occurrences font partie des
exceptions admises à la règle par certains théoriciens, d’autres en sont par contre une
transgression intentionnelle. On peut les diviser en plusieurs catégories, selon les modalités
de leur présentation, leur position formelle et métrique, et leur valeur symbolique. Le
tableau 4.1 en énumère les différents types, qui seront systématiquement définis au cours
des paragraphes suivants.
Tableau 4.1 – Types de quintes parallèles dans le répertoire
Présentation
Cas isolés
Quintes parallèles
« apparentes » ou
« réelles »
Quintes parallèles
« cachées » ou
« ambigües »
Cas multiples (séries)
Types
Cadentielles
Résolution d’une dissonance
Erreur dans la conduite des voix (accidentelles)
Croisement des parties
Avec notes ornementales
Enrichissement de la texture
Structurelles
Création d’un effet particulier
Notes ornementales
88
4.1 Quintes parallèles en cas isolés
On nomme quintes parallèles en cas isolés les occurrences de quintes parallèles ne
présentant qu’une seule paire à la fois.
4.1.1 Quintes parallèles « apparentes » ou « réelles »
Les quintes parallèles « apparentes » ou « réelles » sont des quintes « à découvert » qui ne
sont pas dissimulées par un artifice quelconque. Elles répondent sans équivoque aux
définitions générales énoncées au chapitre 1 (p. 12).
Cadentielles
Robert T. Laudon et Rimsky-Korsakov (82) envisagent l’utilisation de quintes parallèles
pour mieux orienter la fin d’une progression harmonique, en ajoutant des notes pour
augmenter le sentiment de finalité. Laudon considère de même leur présence plus
acceptable lors de mouvements chromatiques que lors de mouvements diatoniques1. Les
compositeurs partagent son point de vue et utilisent donc des quintes parallèles pour
intensifier la texture de la cadence ou accentuer son caractère imposant et grandiose
(exemple 4.1).
Exemple 4.1 – Quintes parallèles cadentielles2.
1
Robert T. Laudon, « The Debate about Consecutive Fifths : A Context for Brahms’s Manuscript “Oktaven
und Quinten” ». Music & Letters 73, 1 (Février 1992) : 5.
2
Les exemples contenus dans ce chapitre ont été, sauf exception, composés par l’auteur à l’aide du logiciel
Print Music.
89
Résolution d’une dissonance
Les quintes parallèles sont aussi parfois le résultat de la conduite naturelle des voix. Selon
Richard S. Parks, on ne peut ici leur trouver une explication de l’ordre de la texture ou de
l’orchestration3. Généralement, on les retrouve lorsque la résolution naturelle d’un accord
le commande, par exemple pour un accord de neuvième de dominante ou de sixte
allemande. Les compositeurs les placent alors dans les voix intérieures, ce qui, combiné à
l’attrait de la dissonance, a pour effet d’en atténuer la perception (exemple 4.2).
Exemple 4.2 – Quintes parallèles apparaissant lors de la résolution de dissonances.
Erreur dans la conduite des voix (accidentelles)
Certaines occurrences de quintes parallèles doivent être envisagées comme la conséquence
d’une erreur dans la conduite des voix. On présume alors qu’il s’agit d’une maladresse ou
d’une distraction du compositeur ou du copiste, car aucun élément ne semble justifier leur
présence. En pareil cas, il peut également exister des variantes entre différentes versions,
éditions ou copies manuscrites, qui viendront mettre en doute l’intention réelle du
compositeur puisqu’il n’est pas toujours possible de savoir qui du compositeur, du copiste
ou de l’éditeur aura fait les changements (exemple 4.3).
3
Richard S. Parks, Eighteenth-Century Counterpoint and Tonal Structure (Englewood Cliffs, N. J. : Prentice
Hall, 1984), 182-183.
90
Exemple 4.3 – Quintes parallèles résultant d’une erreur dans la conduite des voix.
4.1.2 Quintes parallèles « cachées » ou « ambigües »
Les quintes parallèles « ambigües » sont celles qui ont été dissimulées par un artifice
quelconque du compositeur (elles ne sont pas à découvert). Elles sont aussi sujettes à
interprétation : selon l’analyse qu’ils en font, certains pourraient ne pas y voir de
parallélisme fautif, alors qu’à l’audition, elles sont perceptibles. L’inverse est aussi vrai :
l’analyse pourrait voir une faute là où l’oreille la perçoit difficilement.
Croisement des parties
Les quintes par croisement des parties surviennent surtout dans le contrepoint à plusieurs
voix, lorsqu’une voix grave passe momentanément au-dessus de la voix qui lui est
supérieure ou inversement. Les quintes parallèles sont alors théoriquement inexistantes au
sens des traités parce qu’elles ne surviennent plus dans les mêmes voix, mais l’oreille
pourrait les percevoir sur un instrument à clavier par exemple (où il n’y a pas de variantes
de timbre entre les voix). Pour éviter leur effet potentiellement désagréable, les
compositeurs les utilisent le plus souvent dans les voix intérieures et sur les temps faibles
(exemple 4.4, mes. 11), aussi dans des textures denses et très distinctes les unes des autres,
ou accompagnées de dissonances.
91
Exemple 4.4 – Johann Sebastian Bach, Choral, n° 34 :
« Erbarm’ dich mein, o Herre, Gott », mes. 10-124.
Avec notes ornementales
Les quintes parallèles sont souvent adoucies par l’ajout de notes ornementales comme la
note de passage, l’appoggiature, le retard et certains types de broderies. Les compositeurs
se permettent donc de les utiliser ainsi dans leurs œuvres. Le caractère de « transgression
d’une règle » est moins présent dans ce type de quinte vu les nombreuses exceptions dans
les traités et la distance qui sépare les deux quintes (et qui parfois suffit à un compositeur
ou à un auditeur pour « oublier » qu’il y aurait eu là matière à erreur). On peut considérer
comme faisant également partie de cette catégorie les paires formées par une quinte en
notes structurelles et une quinte en notes ornementales. Selon Gilson, « l’effet revêche des
quintes parallèles est atténué et même tout à fait effacé par l’adjonction d’une dissonance
dans le second accord5. » Cette affirmation porte à croire que l’ajout de notes étrangères à
l’harmonie permettrait de faire des quintes parallèles mieux acceptées par l’oreille, ce qui
devrait se refléter dans le répertoire (exemple 4.5).
4
5
Johann Sebastian Bach, Chorale Harmonisations, BWV 1-438 (Leipzig: Breitkopf und Härtel, n.d.[1878]).
Paul Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie; étude sur l’art musical (Bruxelles : Schott, 1922), 27.
92
Exemple 4.5 – Quintes parallèles avec notes ornementales.
4.2 Quintes parallèles en cas multiples (séries)
On nomme quintes parallèles en cas multiples (séries) les occurrences où on retrouve plus
de deux quintes successives.
Enrichissement de la texture
Selon Laudon, lorsque les quintes parallèles sont utilisées pour enrichir la texture, la
conduite des voix est alors peu liée aux quintes parallèles, en ce sens que l’on pourrait, dans
la majorité des cas, supprimer une des deux voix formant le parallélisme et conserver tout
de même une logique dans la conduite des voix. On peut retrouver ce type de quintes autant
dans une écriture pour orchestre complet que dans une écriture pianistique très texturée6.
C’est le même procédé que l’ajout de mixtures ou de jeu de mutation à l’orgue, mais qui,
appliqué à d’autres instruments ou à l’orchestre, doit être noté. Les quintes sont alors
utilisées comme doublure, comme renforcement de la première voix. Dans le grave, elles
produisent un effet acoustique analogue à une doublure à l’octave inférieure. Elles peuvent
aussi servir à créer des contrastes lors de répétition de segments ou de phrases
(exemple 4.6).
6
Laudon, « The Debate about Consecutive Fifths : A Context for Brahms’s Manuscript ‘Oktaven und
Quinten’ », 50.
93
Exemple 4.6 – Quintes parallèles utilisées comme enrichissement de la texture.
Structurelles
On considère des quintes parallèles en cas multiples comme « structurelles » lorsqu’elles
font partie d’une série d’accords parallèles. Elles s’apparentent aux quintes utilisées pour
enrichir la texture, mais elles sont particulières dans le sens que c’est l’ensemble de
l’harmonie qui est parallèle, cette dernière n’obéit plus aux règles habituelles de conduite
des voix. On parle parfois même de mélodie d’accords (exemple 4.7).
Exemple 4.7 – Quintes parallèles structurelles.
Création d’un effet particulier
Il arrive parfois que certaines occurrences de quintes échappent à une classification
rigoureuse selon des critères objectifs, mais que ce soit plutôt l’intention expressive qui
l’emporte. Les quintes parallèles en série sont ainsi utilisées par les compositeurs modernes
pour créer des effets particuliers, notamment pour créer de l’exotisme, donner l’impression
94
du folklore ou un effet archaïque (retour à l’organum)7. Elles peuvent donner de la couleur
ou un effet net et froid, par exemple8. Dans la musique de piano, on utilise fréquemment les
basses en quintes : « elles évoquent plus ou moins la résonance des cloches
9
»
(exemple 4.8). Les quintes parallèles sont également utiles dans la mise en valeur d’un
texte : Ebenezer Prout (1835-1909), par exemple, en a utilisé pour traduire musicalement le
texte « Stiffened hand yet grasping shield » (« La main raidie saisit encore le bouclier ») de
sa cantate Alfred (pour créer une impression de raideur)10. Les quintes parallèles peuvent
apporter une originalité ou une excentricité à la musique de certains compositeurs qui
sauraient bien les utiliser. Ce sont souvent les indications d’expression, le titre ou un texte
accompagnateur qui nous renseigneront sur l’effet recherché par le compositeur.
Exemple 4.8 – Quintes parallèles créant un effet de cloche : Vincent D’Indy,
Tableaux de voyage, op. 33, n° 5 : « Le Glas », mes. 1-4.
Notes ornementales
On retrouve parfois des séries de quintes parallèles en notes ornementales pour « remplir »
l’harmonie entre deux temps forts, par exemple en notes de passage ou en broderies. Ces
7
Les mêmes considérations pourraient s’appliquer, quoique plus rarement, à des cas isolés de quintes
parallèles.
8
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 23.
9
Ibid., 28.
10
Francis Edward Gladstone, « Consecutive fifths », Journal of the Royal Musical Association 8 (6 mars
1882) : 112.
95
quintes ne sont pas toujours considérées comme fautives, pensons à la licence permise par
Reber (203, exemple 2.16), puisqu’elles ne se composent pas de notes harmoniques et
qu’elles sont généralement sur des temps faibles (donc non accentuées). Elles sont un peu
moins bien acceptées lorsqu’on considère également dans ce type de quintes des séries qui
comprendraient à la fois des notes structurelles et des notes ornementales (exemple 4.9).
Exemple 4.9 – Quintes parallèles en notes ornementales
Nous avons ainsi défini les principaux types de quintes parallèles qu’on peut retrouver dans
le répertoire et qui nous serviront à classifier les exemples trouvés dans les œuvres étudiées.
Nous avons tenté d’être le plus précis et le plus simple possible dans l’énoncé des
caractéristiques, mais il est évident que la compréhension de la pratique des compositeurs
laisse parfois place à l’interprétation théorique. Au chapitre 5, l’analyse d’exemples du
répertoire français pour piano composés entre 1880 et 1940 contribuera à illustrer plus en
détail chacun de ces types de quintes dans un contexte réel et nous fournira les données
nécessaires pour définir le rôle des quintes parallèles dans le langage pianistique.
Chapitre 5
Les quintes parallèles dans la musique française de piano
entre 1880 et 1940
Dans le chapitre 4, nous avons énoncé différents types de quintes parallèles susceptibles de
se retrouver dans la musique de piano entre 1880 et 1940. Nous allons maintenant discuter
de la place que chacun de ces types occupe dans le répertoire étudié. Cette étude nous
permettra de donner un aperçu de l’importance de ce phénomène à l’époque choisie. Nous
allons tout d’abord présenter l’échantillon d’œuvres analysées et les tendances que nous
pouvons en dégager. Ensuite, nous reprendrons chacun des types de quintes exposés dans le
tableau 4.1 (p. 87) pour en illustrer l’importance dans le répertoire étudié.
Il est difficile de quantifier l’importance des quintes parallèles dans la musique de
piano entre 1880 et 1940. Cependant, l’envergure de la recherche réalisée dans le cadre de
cette étude (900 œuvres d’environ 60 compositeurs1) permet de dégager des conclusions
qui, sans prétendre à un caractère scientifique exhaustif, représentent certainement les
tendances les plus significatives. Tout d’abord, l’utilisation de quintes parallèles est un
élément d’écriture extrêmement répandu. En effet, nous en avons trouvé au moins un
exemple chez chacun des compositeurs étudiés, à l’exception de Gounod, Reger et
Stravinski, pour lesquels nous n’avons analysé qu’une seule œuvre, ce qui est peu
représentatif. Le tableau 5.1 donne la liste des compositeurs étudiés avec le nombre
d’œuvres analysées, de même que celles parmi lesquelles on trouve des quintes parallèles.
1
On trouvera en annexes les listes des œuvres étudiées, de même que leur date de composition et l’adresse
bibliographique des partitions consultées.
97
Tableau 5.1 – Nombre d’œuvres analysées par compositeur
et nombre d’œuvres contenant des quintes parallèles2
Compositeur
Satie
Debussy
Poulenc
Kœchlin
Milhaud
Schmitt
D’Indy
Dupont
Pierné
Casadesus
Alain
Ravel
Roger-Ducasse
Auric
Chaminade
Fauré
Bonis
Chrétien
Saint-Saëns
Roussel
Chabrier
Hahn
Sauguet
Honegger
Séverac
Ropartz
Ibert
Vierne
Durey
Laparra
Aubert
Ferroud
2
Total d’œuvres
analysées
142
57
49
48
46
45
38
24
26
24
24
24
23
21
21
20
18
17
16
16
15
15
15
14
13
12
11
11
11
10
9
8
Œuvres avec quintes parallèles
Nombre
Proportion(%)
75
53
52
91
36
73
48
100
37
80
41
91
20
53
23
96
17
65
21
88
13
54
20
83
16
70
15
71
15
71
14
70
14
78
8
47
12
75
11
69
11
73
10
67
5
33
9
64
13
100
9
75
8
73
6
55
5
45
5
50
5
56
7
88
À des fins statistiques, pour ce tableau et les suivants, nous avons considéré comme une œuvre toute partie,
subdivision ou mouvement d’une œuvre ayant un caractère fermé sur lui-même (pouvant donc théoriquement
être joué séparément). Il était en effet surprenant de considérer Le Tombeau de Couperin de Ravel comme une
seule œuvre (6 mouvements) lorsqu’on considère de même Togo d’Alain (pièce d’à peine une page). Ce qui
nous amène tout de même à comparer individuellement les Douze petits chorals de Satie (quelques mesures à
peine chacun) au prélude Ce qu’a vu le vent d’ouest de Debussy (7 pages), mais les statistiques ont leurs
limites.
Les tableaux contenus dans ce chapitre présenteront uniquement les noms de famille des compositeurs. On
trouvera les noms complets, les années de naissance et de mort aux annexes 2 et 3.
Pour ce tableau et les suivants, la colonne « Proportion » représente le pourcentage d’œuvres contenant des
quintes parallèles dans le nombre d’œuvres analysées pour la catégorie en cours (dans ce cas-ci, le total
d’œuvres analysées pour un compositeur donné), toujours arrondie à l’unité près.
98
Compositeur
Total d’œuvres
analysées
8
7
6
5
5
4
4
3
3
3
2
2
2
2
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Lekeu
Magnard
Françaix
Grovlez
Chausson
Enesco
Decaux
Boulanger
Franck
Messager
Tailleferre
Tansman
Delannoy
Mihalovici
Casella
Dukas
Oswald
Hoérée
Hubeau
Huré
Ladmirault
Rosenthal
Martinu
Wiener
Gounod
Reger
Stravinski
Total
912
Œuvres avec quintes parallèles
Nombre
Proportion(%)
7
88
7
88
5
83
5
100
4
80
3
75
2
50
3
100
2
67
2
67
2
100
2
100
1
50
1
50
1
100
1
100
1
100
1
100
1
100
1
100
1
100
1
100
1
100
1
100
0
0
0
0
0
0
657
72
On remarquera à la lecture de ce tableau que pour un nombre assez important de
compositeurs (17 sur 59), nous n’avons analysé qu’une ou deux œuvres, ce qui ne nous
permet pas réellement de tirer des conclusions sur l’utilisation qu’ils peuvent faire des
quintes parallèles, outre le fait que nous avons peut-être eu de la chance de tomber dans
presque tous les cas sur des œuvres qui en contenaient. Par contre, pour d’autres
compositeurs, le nombre important d’œuvres que nous avons analysé nous permet de croire
qu’il pourrait s’agir d’un véritable élément de style, notamment chez Kœchlin, Debussy,
Schmitt, Poulenc et Milhaud pour qui nous avons analysé entre 46 et 57 œuvres chacun et
dont plus de soixante-dix pourcent des œuvres analysées contiennent des quintes parallèles
99
(même cent pourcent chez Kœchlin). Il faut mentionner dans ce groupe également Satie,
pour qui nous avons analysé un nombre impressionnant d’œuvres (142), et qui pendant
l’analyse nous laissait croire à une utilisation massive des quintes parallèles, mais qui,
lorsqu’on y regarde de près, ne les utilise que dans environ une œuvre sur deux. Deux
éléments peuvent expliquer ce fait : les dimensions parfois très courtes des œuvres de Satie,
qui font qu’on peut en analyser plusieurs sans quintes très rapidement, et le fait que dans
ses œuvres plus imposantes, Satie utilise souvent les quintes parallèles à profusion, ce qui
n’est pas représenté dans le présent tableau et qui nous a donné cette impression de départ.
La proportion d’œuvres contenant des quintes parallèles est aussi très élevée chez Séverac,
pour qui nous avons analysé treize œuvres qui contenaient toutes des quintes parallèles. Les
compositeurs étudiés, et les œuvres sélectionnées, sont pour la plupart répertoriés dans des
ouvrages de références sur le répertoire pianistique, soit ceux de Maurice Hinson, Guy
Sacre et François-René Tranchefort 3 (91% des œuvres et 86% des compositeurs ont au
moins une mention dans un de ces ouvrages). On peut donc dire que note étude s’appuie sur
des œuvres et des compositeurs dont la contribution au langage musical a été établie par des
spécialistes. Notre souci de couvrir un large éventail nous a aussi menés à certains
compositeurs moins connus et reconnus, tel que Chrétien, Hubeau, Huré, Laparra et
Messager, que nous avons intégré à l’étude dans l’espoir de les faire connaître ou de leur
découvrir un intérêt particulier. Nous avons également analysé certaines œuvres moins
connues de compositeurs mentionnés dans certains ouvrages, comme celles de Bonis, peu
mentionnées dans les ouvrages (quatre œuvres mentionnées dans un seul ouvrage de
référence sur dix-huit œuvres analysées au total).
3
Maurice Hinson, Guide to the Pianist’s Repertoire, 3e éd. (Bloomington : Indiana University Press 2001);
Guy Sacre, La musique de piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres (Paris : Robert Laffont, 1998);
François-René Tranchefort, Guide de la musique de piano et de clavecin (Paris : Fayard, 1987).
100
Les dates de compositions des œuvres étudiées reflètent assez bien l’ensemble de la
période étudiée, même si ce n’était pas une préoccupation de premier ordre dans leur
sélection. Le tableau 5.2 montre le total d’œuvres analysées selon leur décennie de
composition, auquel nous avons superposé les différents courants stylistiques en vigueur
lors de ces périodes.
Tableau 5.2 – Nombre d’œuvres analysées selon la décennie de composition4
80
75
1900-1909
173
138
80
1910-1919
262
181
69
1920-1929
146
111
76
1930-1939
111
72
65
1940-1944
15
9
60
1972 (rév.)
3
3
100
Inconnu
4
3
75
Retour aux styles anciens
106
Expressionnisme
1890-1899
Néoclassicisme
65
Exotisme
60
Symbolisme
Sonorisme
Proportion
Courants stylistiques
Œuvres avec quintes
Impressionnisme
Nombre
1880-1889
Total
d’œuvres
analysées
92
Romantisme
Décennie de
composition
On constate donc à la lecture de ce tableau que le nombre d’œuvres analysées selon la date
de composition suit une courbe ascendante jusque dans la décennie 1910 et ensuite une
courbe descendante. Le cœur de la période étudiée est ainsi bien représenté. Les dates de
composition des œuvres se trouvent également assez bien réparties entre les périodes
d’influences des principaux courants que nous avons étudiés au chapitre 3 (p. 66). Il est
4
À des fins de classement, lorsqu’une œuvre ou un groupe d’œuvres a été composé sur plusieurs années, ou
encore a fait l’objet d’une révision, nous avons considéré l’année la plus récente comme l’année de
composition.
101
intéressant de noter que pour chacune des années de composition prise individuellement,
nous avons presque toujours trouvé plus d’œuvres contenant des quintes parallèles que n’en
contenant pas, sauf pour les années 1882, 1915, 1923, 1934, 1938 et 1943 où la tendance
s’inverse. Les proportions d’œuvres contenant des quintes parallèles sont également assez
semblables d’une décennie à l’autre, bien que le nombre d’œuvres analysées varie. Notre
échantillon tend donc à confirmer que l’utilisation de quintes parallèles dans la composition
était bien présente tout au long de la période étudiée.
L’échantillon d’œuvres analysées comprend un grand nombre de formes diverses,
comme nous pouvons le constater dans le tableau 5.3. Cette variété illustre la richesse du
répertoire pianistique de cette époque, mais comme les exemples de quintes parallèles de
notre échantillon sont répartis dans les diverses formes de façon presqu’uniforme, il est
difficile de tirer des conclusions sur la présence des quintes en lien avec la forme des
œuvres, surtout que les proportions les plus petites de présence de quintes parallèles
correspondent dans tous les cas à des formes où nous n’avons analysé que peu d’œuvres.
On peut toutefois remarquer en consultant le tableau que la présence de quintes parallèles
n’est pas que l’apanage des formes libres ou nouvelles, mais que les compositeurs les
utilisent également dans les grandes formes classiques comme la suite ou la sonate.
Tableau 5.3 – Nombre d’œuvres analysées selon la forme
Forme de l’œuvre
Recueils de préludes
Suite
Sonatines
Valse
Esquisse
Danse
Sonate
Hommage à un compositeur
Total
d’œuvres
54
42
43
33
28
21
19
18
Recueils/
regroupements
5 (54 œuvres)
11 (41 œuvres)
12 (43 œuvres)
3 (22 œuvres)
4 (27 œuvres)
2 (13 œuvres)
5 (18 œuvres)
1 (6 œuvres)
Œuvres avec quintes
Nombre
Proportion
47
29
34
23
10
16
18
17
87
69
79
70
36
76
95
94
102
Forme de l’œuvre
Total
d’œuvres
Variations
Choral
Nocturne
Impromptu
Improvisation
Romance
Invention
Barcarolle
Pastorale
Prélude
Pièces romantiques
Études
Sarabande
Caprice
Gnossienne
Rêverie (rêve)
Arabesque
Clair de lune
Française
Fantaisie
Gymnopédies
Mazurka
Menuet
Souvenir
Bourrée
Mouvements perpétuels
Novelette
Berceuse
Pavane
Feuillet d’album
Ballade
Scherzo
Promenade
Habanera
Recueils de pièces variées
Non classées ou formes peu
présentes
15
14
12
11
10
10
10
9
8
7
7
7
6
6
6
5
4
4
4
3
3
3
3
3
3
3
2
2
2
2
2
2
2
2
380
82
Recueils/
regroupements
1 (11 œuvres)
1 (12 œuvres)
2 (6 œuvres)
1 (10 œuvres)
1 (6 œuvres)
1 (10 œuvres)
2 (6 œuvres)
1 (3 œuvres)
1 (3 œuvres)
1 (2 œuvres)
1 (3 œuvres)
1 (3 œuvres)
1 (3 œuvres)
1 (2 œuvres)
59 (380 œuvres)
Œuvres avec quintes
Nombre
Proportion
9
3
10
11
7
6
4
8
7
7
6
5
6
6
3
4
4
2
2
3
2
2
2
2
1
1
2
2
2
2
1
1
1
1
268
60
60
21
83
100
70
60
40
89
88
100
86
71
100
100
50
80
100
50
50
100
67
67
67
67
33
33
100
100
100
100
50
50
50
50
70
72
103
5.1 Principaux types de quintes parallèles dans la musique française de piano
entre 1880 et 1940
Les principaux types de quintes parallèles décrits au chapitre 4 (p. 87) ne se retrouvent pas
en quantités équivalentes dans la musique française de piano entre 1880 et 1940. Le
tableau 5.4 donne un aperçu des proportions dans lesquelles on retrouve chacun de ces
types.
Tableau 5.4 – Proportion de chacun des types
de quintes parallèles dans les œuvres étudiées
Types de quintes
Cadentielles
Résolution d’une dissonance
Erreur dans la conduite des voix
Croisement des parties
Avec notes ornementales
Enrichissement de la texture
Structurelles
Création d’un effet particulier
Notes ornementales
Pourcentage
8
3
0,10
1
23
55
4
3
4
On remarque ainsi une proportion marquée d’exemples de quintes créant un enrichissement
de la texture dans l’échantillon étudié, de même que pour les quintes parallèles avec notes
ornementales, dans une moindre mesure toutefois. On constate aussi que les quintes en cas
multiples sont présentes dans une proportion plus importante que les quintes en cas isolé. Il
faut mentionner ici que les proportions ont été établies à partir d’un nombre d’exemples
(occurrences différentes de cas de quintes parallèles) et non en fonction de la taille des
exemples (une paire de quintes séparées par une note de passage ou une série de quintes à
la basse sur vingt mesures compte chacun pour un exemple). Bien qu’imprécise, comme
toute tentative de statistiques dans ce contexte (tel que nous l’abordions dans l’introduction,
p. 10), cette façon de faire nous donne tout de même une idée globale de la situation. Dans
104
les sections subséquentes du présent chapitre, nous allons présenter des exemples de chacun
des types de quintes pour illustrer la place qu’ils occupent dans le répertoire. Nous
utiliserons pour ce faire des tableaux et des exemples qui ne pourront malheureusement ne
donner qu’un aperçu des résultats de la recherche, puisqu’avec plus de 2000 exemples
répertoriés, il est impossible de les consigner tous dans ce mémoire. Nous voulons donc
prévenir le lecteur que les tableaux qui suivent ne sont en aucun cas exhaustifs et présentent
ainsi les exemples les plus représentatifs que nous ayons pu trouver. La quantité
d’exemples présents dans les tableaux se voudra représentative des proportions énoncées
plus haut, mais le nombre d’exemples présentés pourra également varier selon la
complexité du type de quinte décrit et l’intérêt des exemples pour la recherche.
Chez la plupart des compositeurs, lorsqu’ils font usage de quintes parallèles dans une
œuvre, ce n’est généralement pas de manière isolée : on en retrouve à plusieurs reprises, et
parfois sur plus d’une mesure à la fois. On voit chez certains un mélange des types de
quintes parallèles dans une même œuvre, mais souvent le compositeur va plutôt utiliser le
même type à répétition. Dans plusieurs cas, on peut trouver une explication à la présence de
ces quintes parallèles qui n’a rien à voir avec les règles dictant la conduite des voix
énoncées dans les traités de contrepoint ou d’harmonie. On trouvera à l’annexe 4 un tableau
représentant les proportions d’exemples de chaque type retrouvés chez chacun des
compositeurs.
Quintes parallèles cadentielles
Les compositeurs de musique française de piano entre 1880 et 1940 utilisent assez
régulièrement des quintes parallèles (8% des exemples) pour mettre en relief leurs
cadences, comme le permet, dans le cas de cadences conclusives, le traité de Rimski-
105
Korsakov (82)5 étudié au chapitre 2 (p. 50). Les quintes parallèles cadentielles se présentent
généralement de manière isolée (en paires), quoiqu’un exemple puisse à l’occasion contenir
plus de deux occurrences ou être précédé d’une série ayant une autre fonction. Ce type de
quintes a une fonction intimement liée aux questions de structure et de texture. Séverac, par
exemple, en utilise dans Baigneuses au soleil, alors qu’au moment de la cadence, il double
la basse à la quinte (mes. 61) et fait précéder cette cadence d’une série de quintes parallèles
dans les mêmes voix (exemple 5.1).
Exemple 5.1 – Séverac (1908), Baigneuses au soleil
(Souvenir de Banyuls-sur-mer), mes. 60-616
Plusieurs compositeurs utilisent les quintes parallèles sur les cadences, comme en
témoignent les exemples contenus dans le tableau 5.5. Les mesures entre parenthèses
représentent des mesures reprises à l’identique.
5
Les références aux traités étudiés au chapitre 2 seront présentées de la même façon que dans le chapitre
correspondant (p. 20). Le lecteur en trouvera les notices complètes à l’annexe 1.
6
Les exemples présentés dans ce chapitre ont été numérisés et adaptés (mise en page, annotations) à partir des
partitions étudiées. Le lecteur en trouvera les références à l’annexe 2.
106
Tableau 5.5 – Œuvres contenant des quintes parallèles simples sur les cadences7
Compositeur
Aubert
Casadesus
Chabrier
Chabrier
Chabrier
Chaminade
Chrétien
Chrétien
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
Enesco
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Ladmirault
Lekeu
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Pierné
Poulenc
Œuvre
Poulenc
Ravel
Ravel
Ravel
Sillages, op. 27, n° 1
Prélude, op. 5, n° 5
Dix pièces pittoresques, n° 1
Dix pièces pittoresques, n° 7
Dix pièces pittoresques, n° 9
Callirhoë, op. 37, n° 3
Sonatine, n° 2 : 1er mouvement
Valse berceuse
Ballade slave
Children’s Corner, n° 4
Images, livre 1, n° 2
Préludes, livre 1, n° 4
Préludes, livre 1, n° 12
Préludes, livre 2, n° 6
Suite bergamasque, n° 2
Petite sonate dans la forme classique, op. 9, n° 1
Petite sonate dans la forme classique, op. 9, n° 2
Schumanniana, op. 30, n° 1
Tableaux de voyage, op. 33, n° 4
Tableaux de voyage, op. 33, n° 7
Sonata, op. 24, n° 3 : 1er mouvement
Les heures persanes, op. 65, n° 8
Les heures persanes, op. 65, n° 11
Les heures persanes, op. 65, n° 14
Paysages et marines, op. 63, n° 4
Paysages et marines, op. 63, n° 10
Hommage à Fauré
Sonate, n° 4
L’album de Madame Bovary, op. 128b, n° 5
L’album de Madame Bovary, op. 128b, n° 7
Mazurka
Printemps, livre 1, op. 25, n° 1
Suite, op. 8, n° 3
Album pour mes petits amis, op. 14, n° 3
Suite française d’après Claude Gervaise, FP 80,
n° 2
Les soirées de Nazelles, FP 84, n° 7
Gaspard de la nuit, n° 2
Le tombeau de Couperin, n° 3
Le tombeau de Couperin, n° 4
Ravel
Le tombeau de Couperin, n° 5
7
Mesure(s)
2, 28
16
143
81-82 (92-93)
33 (34, 139, 140), 37 (38)
71-72
41-42
73-74, 141-142
44
49
64
29-30
88-89
33
4-5
8 (132)
23
29-30
14
109-110
202
1
15
24
2
37-38
16
1-2
10
20-21
35-36
28-29, 54 (55)
30-31, 35-36
14 (42)
40-41
12-13
32-33
36-37, 53
2 (94), 15-16 (107-108), 20
(112), 22-23 (114-115)
61
Par souci de concision, les tableaux suivants dans ce chapitre ne contiendront que les titres abrégés des
œuvres mentionnées (on omettra les sous-titres et les titres de sections lorsqu’ils ne sont pas absolument
nécessaires). Le lecteur en trouvera les références complètes à l’annexe 2.
107
Compositeur
Ravel
Ravel
Ravel
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Ropartz
Saint-Saëns
Satie
Œuvre
Miroirs, n° 4
Pavane pour une infante défunte
Valses nobles et sentimentales, n° 6
Impromptu
Sonorités
Musiques au jardin, n° 3
Suite, op. 90, n° 4
Danses gothiques, n° 5
Satie
Satie
Satie
Satie
Danses gothiques, n° 6
Danses gothiques, n° 7
Douze petits chorals, n° 1
Prélude de la porte héroïque du Ciel
Satie
Satie
Satie
Trois nocturnes, n° 1
Trois sarabandes, n° 1
Trois sarabandes, n° 2
Satie
Trois sarabandes, n° 3
Sauguet
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Pièces poétiques pour enfants, livre 2, n° 11
La retardée, op. 90, n° 3
Ombres, op. 64, n° 1
Pupazzi, op. 36, n° 6
Mesure(s)
228
11-12
22, 28
130-131
19 (89), 21 (91)
5 (22)
72-73
1re ligne (2e ligne, 3e ligne,
7e ligne), 3e ligne
2e ligne, 3e ligne
1re ligne (2e ligne), 2e ligne
16-17 (23-24)
3e ligne, 5e ligne, 7e ligne,
9e ligne, 11e ligne
35-36
101-103
15 (37), 47, 71-72 (91-92),
95-96
44-45 (49-50, 69-70, 74-75),
92-93, 96, 98-100
14
2-3, 4-5, 44-45, 46-47
12-13
30-31, 70-71
Dans certains cas, les compositeurs utilisent deux paires de quintes pour enrichir la
texture aux cadences, comme Alain dans Mythologies japonaises AWV 28 : « Variation
n° 5 » (mes. 4, exemple 5.2).
Exemple 5.2 – Alain (1932), Mythologies japonaises AWV 28 : « Variation n° 5 », mes. 4
C’est un procédé utilisé aussi par d’autres compositeurs comme l’illustre le tableau 5.6.
108
Tableau 5.6 – Œuvres contenant plus d’une paire de quintes parallèles sur les cadences
Compositeur
Aubert
Decaux
Kœchlin
Satie
Schmitt
Œuvre
Sillages, op. 27, n° 1
Clair de lune, n° 3
Les heures persanes, op. 65, ° 7
Trois nocturnes, n° 1
La retardée, op. 90, n° 3
Mesure(s)
28-29
5-7, 13-14, 32-33
3
16
41-42
Quintes parallèles dans la résolution d’accords dissonants
L’apparition de quintes parallèles dans la résolution d’accords dissonants se présente assez
peu souvent dans le répertoire de piano entre 1880 et 1940 (3% dans notre échantillon).
Bien que les traités pour la plupart admettent cet usage (Savard : 227, RimskiKorsakov : 82, Dubois : 126, Richter : 86, Rahn : 160, Gilson, vol. 1 : 333, Gilson, vol. 2 :
84-87, 94-95, Vivier : 131, Vinée : 150, 185), les compositeurs ne semblent pas profiter
outre mesure de cette tolérance. On remarque bien quelques cas où l’apparition d’un accord
dissonant appelle une résolution qui entraînerait des quintes parallèles, mais cette résolution
n’est pas toujours conforme à l’enseignement des traités et même quelquefois
complètement absente. Honegger offre un exemple de ce type de quintes dans la troisième
de ses Sept pièces brèves (mes. 3-4, exemple 5.3). Il y utilise plusieurs accords de neuvième
qu’il enchaîne en mouvement chromatique. Les quintes parallèles se retrouvent dans les
voix les plus graves de ces accords, ce qui, comme nous l’avons vu au chapitre 2 (p. 92),
est suggéré notamment par Vinée (92-93) et Lenormand (43).
109
Exemple 5.3 – Honegger (1919-1920), Sept pièces brèves, n° 3 : « Très lent », mes. 3-4
D’autres œuvres présentent toutefois des enchaînements dont la disposition des voix se
rapproche davantage des résolutions régulières comportant des quintes parallèles. C’est le
cas de la Berceuse héroïque de Debussy qui nous donne un exemple d’enchaînement entre
un renversement d’accord de neuvième mineure et un accord parfait mineur (exemple 5.4).
Les quintes parallèles sont dissimulées dans les voix intérieures, ce qui est recommandé par
les traités étudiés au chapitre 2, p. 46 (Reber : 68, Lenormand : 20, Gilson, vol. 1 : 1001018).
Exemple 5.4 – Debussy (1914), Berceuse héroïque, mes. 51-53
Satie quant à lui résout un renversement d’accord de neuvième majeure sur un accord de
septième mineure dans « Le bain de mer » de Sports et divertissements (exemple 5.5). Les
8
Voir aussi Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie; étude documentaire sur l’art musical (Bruxelles :
Schott, 1922), 17-18.
110
quintes parallèles sont ici disposées dans les voix supérieures, ce qui est peu
recommandable selon les règles de certains traités (Dubois : 126, Vinée : 92-93, 185).
Exemple 5.5 – Satie (1914), Sports et divertissements : « Le bain de mer », dernière ligne
Le peu d’exemples de quintes parallèles résultant de la résolution d’accords
dissonants dans le répertoire étudié s’explique probablement par le fait que les
compositeurs de cette époque ne cherchent plus nécessairement à résoudre les dissonances
à tout prix (comme nous l’avons vu au chapitre 3, p. 78). On voit donc apparaître des suites
d’accords dissonants dans lesquelles sont camouflées des quintes parallèles. Riemann (30)
et Gilson mentionnent que l’ajout d’une dissonance peut atténuer l’effet des quintes
parallèles en distrayant l’oreille par une autre sonorité9 (chapitre 2, p. 47). Les compositeurs
poussent le procédé plus loin en amenant non pas une seule, mais souvent plusieurs
dissonances. Ce sont le plus souvent des suites de septièmes ou de neuvièmes, que Vinée
(185) considère comme les enchaînements les plus tolérables lorsqu’elles se déplacent par
quintes descendantes à la basse (chapitre 2, p. 56). Satie en donne un exemple dans la
troisième Sarabande, où il fait entendre une succession de deux accords de neuvième par
quinte descendante, où toutes les voix sont parallèles, avec les quintes à la basse (mes. 5253, exemple 5.6).
9
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 27.
111
Exemple 5.6 – Satie (1887, rév. 1911), Trois sarabandes, n° 3, mes. 50-53
Les compositeurs les utilisent aussi en successions espacées à d’autres intervalles. Milhaud
nous en donne un exemple dans « Tijuca » (mes. 34-35) du deuxième livre Saudades do
Brasil, où il enchaîne une série d’accords de septième sans résolution, en mouvements de
secondes ascendantes (exemple 5.7). Les quintes sont cette fois-ci dans l’aigu, plus
apparentes que lorsqu’elles sont dans d’autres voix.
Exemple 5.7 – Milhaud (1920-1921), Saudades do Brasil,
livre 2, n° 8 : « Tijuca », mes 33-35
Kœchlin utilise non seulement la septième et la neuvième, mais également la onzième,
toutes parallèles, se succédant principalement par tierces ascendantes, dans le no 4 (mes. 89) de Paysages et marines (exemple 5.8). Les tableaux 5.7, 5.8 et 5.9 présentent d’autres
exemples d’œuvres où les compositeurs utilisent des séries d’accords de septièmes, de
neuvièmes, de onzièmes et de treizièmes.
112
Exemple 5.8 – Kœchlin (1915-1916), Paysages et marines, op. 63, n° 4 :
« Le chant du Chevrier », mes. 8-9
Tableau 5.7 – Œuvres comportant des séries d’accords
de septièmes avec des quintes parallèles
Compositeur
Debussy
Debussy
Debussy
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Milhaud
Ravel
Satie
Séverac
Œuvre
Jeux
Pour le piano, n° 2
Préludes, livre 1, n° 4
Paysages et marines, op. 63, n° 5
Paysages et marines, op. 63, n° 6
Paysages et marines, op. 63, n° 7
Les heures persanes, op. 65, n° 2
Saudades do Brasil, livre 2, n° 8
Miroirs, n° 4
Trois sarabandes, n° 3
Baigneuses au soleil
Mesure(s)
588-589
39-41
40
22
5
1
27
3-4, 19-20
206-207
44 (49, 69, 74)
6 (19, 116, 129)
Tableau 5.8 – Œuvres comportant des séries d’accords
de neuvièmes avec des quintes parallèles
Compositeur
Debussy
Debussy
Kœchlin
Kœchlin
Magnard
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Poulenc
Œuvre
L’isle joyeuse
Pour le piano, n° 2
Paysages et marines, op. 63, n° 4
Les heures persanes, op. 65, n° 2
Promenade, op. 7, n° 7
Caramel mou
Saudades do Brasil, livre 2, n° 9
Saudades do Brasil, livre 2, n° 11
Trois pastorales, FP 5, n° 3
Mesure(s)
14
51-53
8
6
24
43-44
10-11, 11-12
3-11, 13-15, 17-24
14-17, 25
113
Tableau 5.9 – Œuvres comportant des séries d’accords de onzième ou
de treizième avec des quintes parallèles
Compositeur
Kœchlin
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Roger-Ducasse
Œuvre
Les heures persannes, op. 65, n° 5
Saudades do Brasil, livre 1, n° 3
Saudades do Brasil, livre 1, n° 3
Saudades do Brasil, livre 2, n° 7
Variations sur un choral (5e variation)
Mesure(s)
9
32
44-45
30-31
84
Accord
11e
11e
13e
13e
13e
Les compositeurs utilisent également d’autres dissonances pour camoufler la
sonorité des quintes parallèles, notamment des notes ajoutées. Debussy nous donne un
exemple où la note ajoutée, en plus de créer la dissonance, crée les quintes parallèles dans
le prélude Feuilles mortes (mes. 8-10, exemple 5.9).
Exemple 5.9 – Debussy (1911-1913), Préludes, livre 2, n° 2 :
« Feuilles mortes », mes. 8-11
Durey, de son côté, atténue la sonorité de quinte à vide en y introduisant lui aussi une note
dissonante dans la dixième de ses Dix inventions (mes. 36 et 38, exemple 5.10).
Exemple 5.10 – Durey (1924-1928), Dix inventions,
op. 41a, n° 10 : « Très animé », mes. 35-38
114
Certains compositeurs, comme Ibert, peuvent introduire une « dissonance visuelle »
dans l’enchaînement de deux quintes. En effet, celui-ci, dans le quatrième mouvement des
Rencontres, fait succéder un accord de sol+ majeur à une superposition mi – faX – si
(mes. 41). Le faX qui forme, visuellement, un intervalle de seconde augmentée avec la note
qui lui est inférieure, forme à l’audition un intervalle de tierce tout ce qu’il y a de plus
consonant, surtout sur un instrument à tempérament égal comme le piano (exemple 5.11).
Exemple 5.11 – Ibert (1924), Les rencontres, n° 4 : « Les bergères », mes. 41-42
Quintes parallèles causées par une erreur dans la conduite des voix
Les quintes parallèles résultant d’une erreur dans la conduite des voix sont les plus
difficiles à justifier, et par conséquent, les moins présentes dans notes étude (0,1%). Il n’est
pas aisé de juger des intentions réelles d’un compositeur, si on ne peut pas lui demander
directement. L’envergure de cette recherche ne nous a pas permis de trouver beaucoup de
cas, mais nous pouvons tout de même en mentionner un qui nous a paru douteux. Il s’agit
du Cinquième impromptu de Poulenc dont nous avons pu consulter deux éditions (La revue
musicale, 1921, et Chester Music, 1922, rév. 1939) qui présentent en deux endroits des
variantes au chapitre des quintes parallèles. Tout d’abord aux mesures 27-28, l’édition
Chester indique clairement trois quintes parallèles dans les voix intérieures (exemple 5.12)
115
alors que La revue musicale intercale une sixte entre les deux quintes, ce qui élimine le
parallélisme (exemple 5.13).
Exemple 5.12 – Poulenc (1922, rév. 1939), Cinq impromptus, FP 21, n° 5 :
« Andante », mes. 25-28 (Chester Music)
Exemple 5.13 – Poulenc (1921), Cinq impromptus, FP 21, n° 5 :
« Andante », mes. 25-28 (La revue musicale)
L’édition Chester étant postérieure à la publication de La revue musicale et qualifiée
d’« édition révisée », on peut donc déduire que le changement vient de là, mais comme il
n’est fait mention d’aucun correcteur ou réviseur, on ne sait pas si cette décision est le fait
du compositeur, de l’éditeur ou d’une tierce personne. L’inverse se produit à la mesure 34 :
La revue musicale note deux quintes parallèles dans les voix intérieures (exemple 5.14) et
l’édition Chester n’en contient pas (elle ne contient même pas le même contenu mélodicoharmonique, exemple 5.15). Il faut mentionner que l’édition Chester contient au total deux
mesures de moins que le supplément de La revue musicale.
116
Exemple 5.14 – Poulenc (1921), Cinq impromptus, FP 21, n° 5 :
« Andante », mes. 34-36 (La revue musicale)
Exemple 5.15 – Poulenc (1922, rév. 1939), Cinq impromptus, FP 21, n° 5 :
« Andante », mes. 34-36 (Chester Music)
Quintes parallèles par croisement
Les quintes parallèles par croisement se retrouvent à l’occasion dans la musique de piano
entre 1880 et 1940. Selon les auteurs Reicha (123), Reber (116) et Kœchlin (Précis des
règles du contrepoint : 2), étudiés au chapitre 2 (p. 52), le croisement est une technique
d’écriture permettant de rendre les quintes parallèles tolérables, car, d’un point de vue
visuel, les quintes ne sont pas dans les mêmes voix. Par contre, Reber (26) et
Émile Durand (343) émettent des réserves quant à l’efficacité de ce moyen (chapitre 2,
p. 33), surtout qu’à l’audition, sur un instrument comme le piano, la sonorité de quintes
parallèles est indéniable. Les avis sont donc partagés, et c’est peut-être ce qui explique
117
qu’on ne retrouve pas beaucoup de quintes parallèles par croisement dans la musique de
piano (les propriétés de l’instrument en sont probablement aussi responsables). Roussel en
donne un exemple dans le deuxième mouvement de Rustiques, où l’artifice du croisement
est cependant atténué par la présence de quintes parallèles « normales » (exemple 5.16).
Exemple 5.16 – Roussel (1904-1906), Rustiques, op. 5, n° 2 :
« Promenade sentimentale en forêt », mes. 45-46
Milhaud présente un cas particulier de l’utilisation du croisement dans la huitième pièce
(mes. 24-28) du deuxième livre Saudades do Brasil. Il place des quintes successives sur les
premiers temps de cinq mesures, mais comme il croise la voix de basse par-dessus la voix
de ténor tenue en blanche, il fait également entendre des quintes sur le deuxième temps de
chaque mesure (exemple 5.17). En réalité, il s’agit ici simplement de l’arpègement d’un
accord de neuvième qui fait entendre une superposition de deux quintes. Le croisement est
purement visuel, d’autant plus que la blanche au début de chacune des mesures ne peut être
véritablement tenue, puisqu’elle doit être réarticulée pour faire entendre la note de la voix
inférieure.
118
Exemple 5.17 – Milhaud (1920-1921), Saudades do Brasil,
livre 2, n° 8 : « Tijuca », mes. 24-28
Ibert nous présente aussi un exemple d’utilisation d’une forme de croisement, mais où les
quintes parallèles ne sont en aucun façon camouflées ou ambiguës (les deux quintes ont une
voix qui croise), dans les mesures 85 et 87 de la Pièce romantique (exemple 5.18).
Exemple 5.18 – Ibert (1916), Pièce romantique, mes. 85-87
D’autres compositeurs utilisent aussi le croisement pour camoufler des quintes parallèles,
comme en témoigne le tableau 5.10.
Tableau 5.10 – Œuvres où les compositeurs utilisent
le croisement créant des quintes parallèles
Compositeur
Alain
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Roussel
Schmitt
Séverac
Œuvre
Romance, AWV 34
Les heures persanes, op. 65, n° 3
Les heures persanes, op. 65, n° 14
Les heures persanes, op. 65, n° 15
Paysages et marines, op. 63, n° 12
Paysages et marines, op. 63, n° 3
V (Hommage à Fauré)
Arabesque, n° 2
Barcarolle, n° 2
Esquisse, n° 4
Variations sur un choral (10e variation)
Sonatine, op. 16, n° 1
Musiques intimes, livre 2, op. 29, n° 1
Le chant de la terre, n° 1
Mesure(s)
8-9
6
11
13
11
7
4
39 (40)
16 (133), 76
11-12
202-203
51-52
32
20-22
119
Quintes avec notes ornementales
Un moyen utilisé par les compositeurs pour contourner la règle interdisant les quintes
parallèles est de séparer les quintes par des notes ornementales ou de faire des paires de
quintes combinant notes ornementales et notes structurelles. Elles sont le plus souvent
présentées en paires, mais il n’est tout de même pas rare de les retrouver en série, parfois en
changeant de type de note ornementale entre les différentes paires. Et dépendant des
auteurs, ces quintes seront ou non acceptables dans le style rigoureux, selon la situation.
Dans notre échantillon, les quintes avec des notes ornementales sont les deuxièmes plus
nombreuses, dans une proportion de 23% du total des exemples.
Discutons d’abord de l’ajout de notes intermédiaires en général. La plupart des
auteurs de traités étudiés au chapitre 2 (p. 34) s’entendent pour dire qu’il faut au moins
l’équivalent d’une mesure entière pour « sauver » des quintes parallèles, donc des notes
intermédiaires en nombre suffisant et/ou d’une durée assez longue pour « faire oublier » la
première quinte (Lavignac : 44, Bazin : 29, Émile Durand : 77, Kœchlin, Précis des règles
du contrepoint : 3, Dupré : 11, 13). Ceci sous-entend également (et est même clairement
énoncé par certains comme Émile Durand [77] et Kœchlin [Précis des règles du
contrepoint : 3]) qu’on ne peut pas faire entendre des quintes au même moment durant deux
ou plusieurs mesures successives, en particulier sur des temps forts, ce que, bien sûr, les
compositeurs de musique de piano entre 1880 et 1940 n’ont pas toujours respecté. En effet,
plusieurs compositeurs utilisent des quintes sur les premiers temps durant deux ou durant
plusieurs mesures successives. C’est le cas d’Auric dans le troisième Impromptu, où la
basse et le soprano forment un intervalle de quinte sur le premier temps durant quatre
mesures successives (mes. 29-32). Les quintes sont ici séparées par de simples
120
changements de position, en plus des notes ornementales, ce qui, selon Reber (26), Émile
Durand (77), Dubois (26) et Caussade (46), n’est pas suffisant pour en atténuer l’effet. Et
elles sont d’autant moins justifiables selon Reber (68), Dubois (27) et Gilson, car elles
surviennent entre les voix extrêmes10 (exemple 5.19).
Exemple 5.19 – Auric (1940), Trois impromptus, n° 3 :
« Impromptu en ré majeur », mes. 29-33
Les compositeurs utilisent aussi à l’occasion des quintes sur les temps fort et semi-fort
d’une même mesure. Franck, par exemple, les place sur le premier et le troisième temps de
la mesure 213 du Prélude, choral et fugue, op. 21 (exemple 5.20). De plus, il utilise ici des
notes étrangères dissonantes pour créer ses quintes, ce qui contribue à les rendre plus
acceptables selon Riemann (30; chapitre 2, p. 47)
Exemple 5.20 – Franck (1884), Prélude, choral et fugue, op. 21, mes. 212-213
Le tableau 5.11 nous offre d’autres exemples où les compositeurs placent des
quintes sur des temps forts successifs.
10
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 18.
121
Tableau 5.11 – Œuvres présentant des quintes sur temps forts successifs,
séparées par des notes intermédiaires
Compositeur
Aubert
Auric
Auric
Chaminade
Debussy
D’Indy
D’Indy
Enesco
Franck
Grovlez
Hahn
Honegger
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Satie
Sauguet
Schmitt
Tansman
Vierne
Œuvre
Lutins, op. 11
Gaspar et Zoé : « Zoé pleure tout bas »
Neuf pièces brèves, n° 1
Écossaise, op. 151
Suite bergamasque, n° 2
Tableaux de voyage, op. 33, n° 12
Petite sonate dans la forme classique, op. 9, n° 1
Sonata, op. 24, n° 3 : 1er mouvement
Prélude, choral et fugue, op. 21
Valse-caprice
Premières valses, n° 2
Sept pièces brèves, n° 7
Printemps, livre 1, op. 25, n° 1
Suite, op. 8, n° 2
Suite, op. 8, n° 3
Carnet d’esquisses et de croquis, n° 12
Nuit coloniale sur les bords de la Seine
Pièces romantiques, op. 42, n° 5
Berceuse
Solitude, op. 44, n° 2
Mesure(s)
137
5-8
66-67
139-140
4-5
77-78
153-154
201-202
213, 266-269
89-91
54-55
73-74
23-25
16
22
8
30-31, 46-47 (72-73)
15-16 (40-41)
16-22
132
Des auteurs de traités étudiés au chapitre 2 (p. 36), entre autres Barbereau (72), Bazin (30),
Savard (61), Émile Durand (77) et Lavignac (43), affirment toutefois qu’il serait possible
de faire deux quintes plus rapprochées, si elles sont séparées par une harmonie distincte, un
accord étranger. Les exemples précédents ne répondaient pas à cette condition, mais
certains compositeurs présentent, quant à eux, des exemples qui y répondent et qui seraient
donc tout à fait acceptables selon ces traités, comme Hahn dans son troisième Portrait de
peintres « Anton van Dyck » (mes. 16-17, exemple 5.21). On en retrouve d’autres
exemples dans le tableau 5.12.
122
Exemple 5.21 – Hahn (1894), Portraits de peintres, n° 3 :
« Anton van Dyck », mes. 16-18
Tableau 5.12 – Œuvres présentant des quintes acceptables sur temps
forts successifs, car séparées par des notes intermédiaires
formant une harmonie distincte (changement d’accord)
Compositeur
Chausson
Chausson
Debussy
D’Indy
Fauré
Franck
Poulenc
Satie
Schmitt
Œuvre
Paysage, op. 38
Quelques danses, op. 26, n° 4
Préludes, livre 1, n° 8
Schumanniana, op. 30, n° 1
Barcarolle, op.104/2, n° 10
Prélude, aria et finale, op. 23
Suite, FP 19, n° 1
Trois nocturnes, n° 1
Soirs, op. 5, n° 3
Mesure(s)
28-29
68
14-15
22-24
53-58
40 (187)
37 (39, 104, 106)
22
5, 9
Voyons maintenant des exemples d’utilisation propres à chaque type d’ornement.
Les notes de passage dans la musique de piano forment souvent avec des notes structurelles
des enchaînements de quintes parallèles, ce qui selon Reicha (135) et Reber (201) était très
admissible, mais était rejeté par Catel (19), Richter (120) et Savard (246), comme nous
l’avons vu au chapitre 2 (p. 36 et 29). Franck nous en donne un exemple dans l’aria du
Prélude, aria et finale, mesure 39, où une note de passage chromatique forme un intervalle
de quinte suivi d’un second intervalle de quinte sur la note structurelle subséquente à la
basse (exemple 5.22).
123
Exemple 5.22 – Franck (1887), Prélude, aria et finale, op. 23 : « Aria », mes. 39-42
Poulenc nous en fournit aussi plusieurs exemples dans sa Suite française d’après Claude
Gervaise, FP 80, entre autres dans le troisième mouvement, où c’est une quinte formée de
deux notes de passage qui suit une quinte formée de notes structurelles (mes. 53,
exemple 5.23). On trouve dans le tableau 5.13 d’autres exemples où les notes de passage
créent des quintes parallèles avec les notes structurelles.
Exemple 5.23 – Poulenc (1935), Suite française d’après Claude Gervaise,
FP 80, n° 3, mes. 52-57
Sur la question des notes de passage entre les quintes parallèles, bien que RimskiKorsakov (56) et Émile Durand (54) affirment que les notes de passage ne permettent pas
d’atténuer les quintes parallèles (chapitre 2, p. 29), les compositeurs se sont tout de même
permis d’en utiliser dans leurs œuvres. Chaminade en donne un exemple dans le CapriceImpromptu, op. 153 (mes. 149, exemple 5.24)
124
Tableau 5.13 – Œuvres contenant des quintes parallèles créées par des notes de passage
Compositeur
Alain
D’Indy
D’Indy
Dupont
Françaix
Françaix
Honegger
Kœchlin
Magnard
Poulenc
Poulenc
Ravel
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Schmitt
Œuvre
Mythologies japonaises, AWV 28 : « variation n° 1 »
Petite sonate dans la forme classique, op. 9, n° 2
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 1
La maison dans les dunes, n° 6
Cinq portraits de jeunes filles, n° 1
Scherzo
Sept pièces brèves, n° 5
Paysages et marines, op. 63, n° 3
Promenades, op. 7, n° 2
Suite française d’après Claude Gervaise, FP 80, n° 3
Suite française d’après Claude Gervaise, FP 80, n° 7
Jeux d’eau
Arabesque, n° 1
Arabesque, n° 2
Chant de l’aube
Musiques intimes, livre 2, op. 29, n° 1
Mesure(s)
3
12
57
19-23, 208-212
46, 67
48
11
2, 3
50-51
53
33-34, 109 (112)
29-30, 73-74
42-43
18-19, 36
1
21
Exemple 5.24 – Chaminade (1914), Caprice-impromptu, op. 153, mes. 147-150
L’utilisation des notes de passage entre les quintes parallèles est une situation assez
courante, comme le montre les nombreux exemples du tableau 5.14. C’est d’ailleurs un des
sous-types que nous avons répertorié le plus souvent dans les quintes avec notes
ornementales avec environ 15% des exemples.
Tableau 5.14 – Œuvres contenant des quintes parallèles séparées par des notes de passage
Compositeur
Alain
Alain
Aubert
Auric
Bonis
Bonis
Casadesus
Œuvre
Mythologies japonaises, AWV 28 : « choral »
Togo, AWV 3
Sillages, op. 27, n° 1
Neuf pièces brèves, n° 2
Prélude en la bémol majeur, op. 51
Viviane, op. 8
Prélude, op. 5, n° 5
Mesure(s)
2
2 premières rondes
46
5
29
137
5 (6)
125
Compositeur
Casadesus
Casadesus
Casella
Debussy
Delannoy
D’Indy
D’Indy
Dupont
Dupont
Fauré
Fauré
Hahn
Honegger
Ibert
Ibert
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Ladmirault
Magnard
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Poulenc
Poulenc
Ravel
Ravel
Ravel
Ravel
Ravel
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Satie
Œuvre
Prélude, op. 5, n° 10
Prélude, op. 5, n° 12
Ricercare sul nome B.A.C.H., op. 52
Préludes, livre 2, n° 9
Dîner sur l’eau
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 1
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 3
La maison dans les dunes, n° 5
La maison dans les dunes, n° 6
Huit pièces brèves, op. 84, n° 4
Nocturne, op. 119, n° 13
Premières valses, n° 1
Trois pièces, n° 2
Toccata sur le nom d'Albert Roussel
Pièce romantique
Les heures persanes, op. 65, n° 3
Les heures persanes, op. 65, n° 13
Paysages et marines, op. 63, n° 12
Hommage à Fauré
Promenades, op. 7, n° 2
Printemps, livre 1, op. 25, n° 3
Suite, op. 8, n° 2
Le tour de l’exposition
Saudades do Brasil, livre 2, n° 7
Suite française d’après Claude Gervaise, FP 80, n° 1
Suite française d’après Claude Gervaise, FP 80, n° 7
Miroirs, n° 3
Miroirs, n° 4
Jeux d’eau
Le tombeau de Couperin, n° 2
Gaspard de la nuit, n° 1
Arabesque, n° 2
Barcarolle, n° 2
Barcarolle, n° 3
Chant de l’aube
Esquisses, n° 1
Gnossienne, n° 3
Satie
Satie
Satie
Satie
Satie
Sauguet
Schmitt
Gnossienne, n° 4
Carnet d’esquisses et de croquis, n° 3
Trois gymnopédies, n° 3
Le piège de Méduse, n° 5
Passacaille
Nuit coloniale sur les bords de la Seine
Soirs, op. 5, n° 5
Mesure(s)
38-39, 45
29-30
19-20
31-34
35
267, 271
246-247, 260
30
131-132, 134-136
25 (27)
34, 152
38-39
1-2 (14-15, 48-49)
39-40
15
6 [noires 15 et 16]
5
7
21-24
35-36
17-18
33
23-24, 25-26
2-3 (6-7)
3-4 (7-8, 40-41, 44-45), 27
63-64 (119-120)
1-10, 14-20, 134-137
11
75-76
40, 41
61 (62)
16, 42 (43)
83, 85, 135
18
37-40, 71-72
15
1re ligne, 2e ligne, 3e
ligne, 4e ligne, 5e ligne,
10e ligne, 11e ligne
3e ligne, 4e ligne
2
6-7 (32-33)
Dernière ligne
20-22 (56-58, 109-111)
59-60
9-10, 67-68
126
Il en va de même pour les broderies qui, selon les mêmes auteurs (RimskiKorsakov : 60, Reber : 190, Émile Durand : 507), ne permettent pas de corriger l’effet des
quintes parallèles (chapitre 2, p. 29). Encore une fois, cela n’a pas empêché les
compositeurs de faire ce genre d’enchaînement, comme Satie, dans Carnet d’esquisse et de
croquis, n° 3 : « Notes », où à la mesure 2, il sépare deux quintes à la main gauche par une
broderie dissonante (exemple 5.25). Satie les accompagne de quintes à la main droite, elles
aussi séparées par des notes intermédiaires (arpègement des notes de l’accord).
Exemple 5.25 – Satie (1897-1919), Carnet d’esquisses et
de croquis, n° 3 : « Notes », mes. 2
On peut avoir une idée de l’ampleur de cette pratique dans le répertoire étudié en consultant
le tableau 5.15.
Tel que discuté au chapitre 2 (p. 29), les quintes parallèles créées par des broderies
suscitent des réactions mitigées chez théoriciens Dubois (222), Caussade (229), Reber (90,
188, 189), Émile Durand (197, 507) et Rimski-Korsakov (60). Les compositeurs, quant à
eux, se fient peu aux recommandations de ces auteurs et utilisent des broderies comme bon
leur semble pour créer des quintes parallèles. Poulenc nous en donne un exemple dans la
Suite française, FP 80, no 3, où il utilise une broderie à l’alto qui forme une quinte avec le
soprano (mes. 54, exemple 5.26).
127
Exemple 5.26 – Poulenc (1935), Suite française d’après Claude Gervaise,
FP 80, n° 3, mes. 52-57
Bien que nous n’ayons pas relevé une grande quantité de quintes parallèles créées par des
broderies dans la musique de piano étudiée, nous avons tout de même pu en relever
quelques autres exemples, qui sont énumérés dans le tableau 5.16.
On retrouve également dans le répertoire de musique de piano des quintes parallèles
séparées ou créées par des appoggiatures11. La participation de ce type de note ornementale
dans la formation de quintes parallèles fait également l’objet de divergences dans les traités
examinés au chapitre 2 (p. 39 et 30) : il est accepté (parfois sous certaines conditions) par
Gilson (vol. 1 : 188, 293) et Caussade (217), mais selon Reber (183) et Émile
Durand (489), les appoggiatures n’enlèvent pas le caractère fautif des quintes. Les
compositeurs, quant à eux, en utilisent à l’occasion. La notation de l’appoggiature peut se
présenter sous forme de petite note comme dans la cinquième des Dix pièces pittoresques,
« Mauresque », de Chabrier (mes. 23, 24, exemple 5.27) ou en note de taille normale
comme dans la deuxième Arabesque de Roger-Ducasse (mes. 34-35, exemple 5.28). Dans
le premier cas, l’appoggiature intervient entre les quintes pour les « séparer », et Chabrier
ajoute même des silences, qui comme nous l’avons vu, ne permettent pas non plus de
sauver les quintes (Reicha : 141, Reber : 31). Dans le deuxième exemple, on remarque que
11
Pour la définition de ce type de note ornementale, on se rapportera au chapitre 2, p. 27.
128
l’appoggiature crée une quinte avec la note inférieure de l’accord, mais que la note
structurelle en crée également une avec la note supérieure. Roger-Ducasse utilise également
ici le croisement.
Tableau 5.15 – Œuvres contenant des quintes successives séparées par des broderies
Compositeur
Alain
Alain
Auric
Auric
Auric
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
Dupont
Fauré
Fauré
Franck
Hubeau
Ibert
Ibert
Kœchlin
Kœchlin
Laparra
Lekeu
Magnard
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Poulenc
Ravel
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Roussel
Saint-Saëns
Saint-Saëns
Satie
Satie
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Œuvre
Étude sur un thème de quatre notes, AWV 6
Étude sur les doubles notes, AWV 15
Neuf pièces brèves, n° 6
Trois impromptus, n° 2
Gaspar et Zoé : « mes enfants »
Ballade slave
Suite bergamasque, n° 2
Préludes, livre 2, n° 5
Préludes, livre 2, n° 9
Schumanniana, op. 30, n° 1
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 2
Tableaux de voyage, op. 33, n° 5
La maison dans les dunes, n° 6
Huit pièces brèves, op. 84, n° 3
Barcarolle, op. 104/2, n° 10
Prélude, choral et fugue, op. 21
Variations pour piano
Histoires, n° 2
Pièce romantique
Les heures persanes, op. 65, n° 14
Paysages et marines, op. 63, n° 8
Rythmes espagnols, n° 3 : D.
Sonate, n° 1
Promenades, op. 7, n° 3
L’album de Madame Bovary, op. 128b, n° 12
L’album de Madame Bovary, op. 128b, n° 13
L’album de Madame Bovary, op. 128b, n° 8
Pièce brève sur le nom d’Albert Roussel, FP 50
Le tombeau de Couperin, n° 2
Barcarolle, n° 3
Variations sur un choral (8e variation)
Trois pièces, op. 49, n° 3
Allegro appassionato, op. 70
Les cloches du soir, op. 85
Sports et divertissements, n° 1
Passacaille
Musiques intimes, livre 2, op. 29, n° 1
Pupazzi, op. 36, n° 7
Soirs, op. 5, n° 4
Mesure(s)
7
26-32
11
106-107
5-6
39 (41, 42), 43, 44, 94-98
26 (28)
37-38
31-34
27-28
34
4 (28), 5 (29)
59-60, 63-64, 132-134
27
19 (20)
33, 34
267
7-8 (58-59)
85 (87)
12
5
35 (45)
15
11-12
15, 16
10
33-35
10
6
81-82
153-154
3
100, 116-117
51
1re ligne
96-97
25-26, 27-28
14
11 (32)
129
Tableau 5.16 – Œuvres contenant des quintes parallèles créées par une ou des broderie(s)
Compositeur
D’Indy
Fauré
Hahn
Milhaud
Poulenc
Ravel
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Saint-Saëns
Œuvre
Petite sonate dans la forme classique, op. 9, n° 2
Nocturne, op. 119, n° 13
Premières valses, n° 5
Suite, op. 8, n° 4
Suite française d’après Claude Gervaise, FP 80, n° 6
Jeux d’eau
Barcarolle, n° 2
Chant de l’aube
Album, op. 72, n° 6
Mesure(s)
11
148
44
29
7
29-30, 73-74
99, 100, 106
69-70
225-228
Exemple 5.27 – Chabrier (1880-1881), Dix pièces pittoresques,
n° 5 : « Mauresque », mes. 23-24
Exemple 5.28 – Roger-Ducasse (1919), Arabesque, no 2, mes. 34-35
D’autres exemples d’appoggiatures sont présentés dans les tableaux 5.17 et 5.18. La taille
des tableaux fera remarquer au lecteur que ce n’est pas un type de quintes très présent dans
l’échantillon étudié.
130
Tableau 5.17 – Œuvres contenant des quintes parallèles créées par des appoggiatures
Compositeur
Auric
Kœchlin
Milhaud
Ravel
Saint-Saëns
Œuvre
Trois pastorales, n° 1
Les heures persanes, op. 65, n° 13
Suite, op. 8, n° 5
Miroirs, n° 4
Allegro appassionato, op. 70
Mesure(s)
1
3
49 (50, 55, 56, 61), 62
58
96
Tableau 5.18 – Œuvres contenant des quintes parallèles séparées par des appoggiatures
Compositeur
Chabrier
Debussy
Debussy
Ibert
Ravel
Ravel
Œuvre
Dix pièces pittoresques, n° 5
Préludes, livre 2, n° 3
Images, livre 2, n° 3
Les rencontres, n° 3
Miroirs, n° 2
Miroirs, n° 3
Mesure(s)
19-20, 46, 47
52
81
27-28 (31-32)
14 (15)
11-12, 21-22
La question des retards en lien avec les quintes parallèles est longuement discutée
dans les traités d’harmonie que nous avons présentés au chapitre 2 (p. 31, 42, 42).
Reicha (136), Reber (117, 132), Savard (62, 190), Émile Durand (78, 342, 353),
Lavignac (44, 76) et Richter (98) énoncent à la fois des restrictions et des permissions
quant à leur utilisation. Caussade (176) et Dupré (15) les écartent d’emblée, Barbereau (73),
Dubois (138), Riemann (205-206) et Gilson (vol. 1 : 280, 287-288, 351), considèrent les
quintes retardées comme acceptables. Chez les compositeurs, il ne semble pas que le retard
soit une pratique très courante en lien avec les quintes parallèles. On en retrouve tout de
même quelques exemples dans le répertoire, mais les préparations et/ou les résolutions sont
souvent en valeurs courtes. Roger-Ducasse nous en donne un exemple dans sa première
Esquisse (mes. 10), où la préparation et la résolution du retard (à l’alto) forment des quintes
parallèles avec le soprano (exemple 5.29). Le retard est ici combiné à une autre dissonance
(septième) au soprano, traité en mouvement parallèle avec la basse, cet ajout contribue à
camoufler davantage la sonorité des quintes comme Riemann (30) suggère de le faire.
131
Exemple 5.29 – Roger-Ducasse (1917), Esquisses, n° 1, mes. 8-11
Dans le même ordre d’idée, Ibert utilise dans sa Pièce romantique (mes. 96) un retard au
soprano qui crée une quinte parallèle avec la quinte du temps précédent (les quintes sont
donc « séparées » par la préparation du retard), la première quinte étant, de plus, créée par
une appoggiature dissonante, ce qui peut contribuer à en atténuer l’effet comme dans
l’exemple précédent (exemple 5.30).
Exemple 5.30 – Ibert (1916), Pièce romantique, mes. 94-96
Le tableau 5.19 présente les autres exemples de quintes successives avec retard que nous
avons répertoriés.
132
Tableau 5.19 – Œuvres contenant des quintes successives avec retard
Compositeur
Aubert
Bonis
Debussy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
Dupont
Franck
Hahn
Lekeu
Magnard
Roger-Ducasse
Ropartz
Satie
Schmitt
Œuvre
Sillages, op. 27, n° 1
Viviane, op. 8
Deux arabesques, n° 1
Tableaux de voyage, op. 33, n° 3
Tableaux de voyage, op. 33, n° 11
Petite sonate dans la forme classique, op. 9, n° 2
La maison dans les dunes, n° 3
Prélude, aria et finale, op. 23
Portrait de peintres, n° 3
Sonate, n° 2
Promenade, op. 7, n° 6
Variations sur un choral (6e variation)
Choral varié
Douze chorals, n° 1
Soirs, op. 5, n° 9
Mesure(s)
39
35
90
95-96
19
1
20-22
19-20
7-8
98
82
96
66, 71
23-24
71-72
La syncope consonante en lien avec les quintes parallèles n’est pas tellement
présente dans les œuvres pour piano entre 1880 et 1940, mais elle est généralement mieux
acceptée dans les traités que les retards (Caussade : 46, Émile Durand : 79). Satie en donne
un exemple dans la troisième de ses Nouvelles pièces froides, dans les voix de basse, dans
un mouvement de quinte vers sixte vers quinte (mes. 12, exemple 5.31).
Exemple 5.31 – Satie (1907), Nouvelles pièces froides, n° 3 : « Sur un pont », mes. 11-14
Quelques autres œuvres du répertoire étudié contiennent des quintes parallèles avec
syncope comme en témoigne le tableau 5.20.
133
Tableau 5.20 – Œuvres contenant des quintes successives avec syncope
Compositeur
Chausson
Dupont
Franck
Ibert
Roger-Ducasse
Saint-Saëns
Satie
Schmitt
Œuvre
Quelques danses, op. 26, n° 2
Les heures dolentes, n° 2
Prélude, aria et finale, op. 23
Pièce romantique
Arabesque, n° 1
Album, op. 72, n° 6
Nouvelles pièces froides, n° 3
Soirs, op. 5, n° 4
Mesure(s)
15
26-27
99
40
8
221-224
20
3 (5, 24, 26)
L’anticipation est à peine plus répandue dans la musique de piano qu’elle n’est
mentionnée dans les traités d’harmonie en lien avec les quintes parallèles; en fait, seul
Savard (62) mentionne directement qu’il considère l’anticipation un peu comme une
syncope et Barbereau (73) mentionne que les quintes anticipées sont tolérées dans
l’harmonie non concertante. Debussy nous donne un exemple de quintes parallèles dont la
deuxième est anticipée dans le « Prélude » (mes. 5-6) de la Suite bergamasque
(exemple 5.32). On trouve d’autres exemples d’œuvres contenant des quintes parallèles
avec anticipation dans le tableau 5.21.
Exemple 5.32 – Debussy (1890, rév. 1905), Suite bergamasque,
n° 1 : « Prélude », mes. 4-6
134
Tableau 5.21 – Œuvres contenant des quintes parallèles avec anticipation
Compositeur
Debussy
D’Indy
Durey
Fauré
Franck
Ibert
Ravel
Œuvre
Suite bergamasque, n° 1
Petite sonate dans la forme classique, op. 9, n° 2
Romance sans paroles, op. 21
Nocturne, op. 119, n° 13
Prélude, aria et final, op. 23
Pièce romantique
Le tombeau de Couperin, n° 4
Mesure(s)
5-6 (70-71)
19, 21
24
133
9, 43 (47)
95
29-30 (121-122)
Quintes parallèles créant un enrichissement de la texture
Selon le tableau 5.4 (p. 103), le principal type de quintes parallèles utilisé par les
compositeurs français de musique de piano entre 1880 et 1940 est sans contredit celui
servant à enrichir la texture (55% des cas). C’est le plus souvent la basse qui est doublée à
la quinte sur plusieurs mesures, sur une phrase complète, ou même sur plusieurs phrases
consécutives (près de 40% des cas de quintes créant un enrichissement de la texture).
Aubert nous donne un bon exemple de l’utilisation des quintes pour enrichir la texture dans
ses Lutins, op. 11, où il double la basse en quinte sur 20 mesures (mes. 59-79). Ces quintes
dans le grave produisent, comme nous l’avons vu au chapitre 4 (p. 92), un phénomène
acoustique semblable à la doublure à l’octave inférieure. Lenormand (20) affirme même
que, lorsqu’il se présente une longue succession de quintes aux parties graves, comme c’est
le cas ici, « elles cessent de jouer un rôle dans le tissu harmonique. » Comme dans ce cas
précis elles s’accompagnent aussi à l’occasion de quintes dans le registre moyen, leur effet
sur la texture s’en trouve renforcé. On remarque aussi que les voix graves sont parfois
enrichies d’une troisième voix qui ne se déplace pas en mouvement parallèle
(exemple 5.33).
135
Exemple 5.33 – Aubert (1903), Lutins, op. 11, mes. 62-73
Il est intéressant de noter que les degrés sur lesquels reposent les quintes sont pour la
plupart séparées par de grands intervalles mélodiques (quarte ou quinte), ce qui les rend
acceptables selon les traités de Barbereau (73), de Riemann (30-31) et de Reber (69), de
même que dans l’étude de Gilson étudiés au chapitre 2 (p. 49) 12. On remarque donc que cet
exemple peut trouver une certaine forme de justification dans les exceptions énoncées par
quelques traités.
On peut avoir une idée de l’ampleur de l’utilisation des quintes parallèles à la basse
dans le répertoire en consultant le tableau 5.22.
12
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 18.
136
Tableau 5.22 – Œuvres contenant des quintes à la basse
Compositeur
Alain
Alain
Alain
Auric
Bonis
Bonis
Boulanger
Casadesus
Casella
Chaminade
Chausson
Chrétien
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
Dupont
Dupont
Dupont
Durey
Enesco
Grovlez
Œuvre
Togo, AWV 3
Histoire d’un homme qui jouait de la
trompette dans la forêt vierge, AWV 69
Tarass boulba, AWV 90
Trois pastorales, n° 1
La cathédrale blessée, op. 107
Mélisande, op. 109
Trois morceaux pour piano, n° 1
Prélude, op. 5, n° 8
Ricercare sul nome B.A.C.H., op. 52
Interlude, op. 152
Paysage, op. 38
Les lutins
Berceuse héroïque
D’un cahier d’esquisses
Deux arabesques, n° 2
Images, livre 1, n° 3
Images, livre 2, n° 1
Images, livre 2, n° 3
Préludes, livre 1, n° 3
Préludes, livre 1, n° 8
Suite bergamasque, n° 2
Petite sonate dans la forme classique,
op. 9, n° 4
Honegger
Hubeau
Ibert
Ibert
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 2
Tableaux de voyage, op. 33, n° 7
La maison dans les dunes, n° 2
Les heures dolentes, n° 1
Les heures dolentes, n° 2
Romance sans paroles, op. 21
Sonata, op. 24, n° 3 : 3e mouvement
Deux études d’exécution trancendante,
n° 1
Sarabande
Variations pour piano
Pièce romantique
Toccate sur le nom d’Albert Roussel
Les heures persanes, op. 65, n° 1
Les heures persanes, op. 65, n° 2
Les heures persanes, op. 65, n° 4
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Les heures persanes, op. 65, n° 5
Les heures persanes, op. 65, n° 6
Les heures persanes, op. 65, n° 7
Mesure(s)
Toute la pièce (non divisée)
26-27
21-44
43-46, 51-53, 94 (95, 96), 109-111
3, 7
51-52
1-4
4-7
27
1-4, 9-13 (33-37, 146-150), 139-141
25-26
83-85, 95-96, 302-305
57-58
13-14 (15, 38, 40, 41)
5-6 (10-11, 62-62, 66-67)
32-33 (40-41, 142-143, 150-151)
30-33
43
9-10 (11-12)
24-27
74-75
31-34, 39-42, 97-98, 101-102, 105-108,
134-135, 138-139, 142-146, 221, 224225
34-36
39-40 (84-85), 94-98
5-11, 13, 20-21, 34-39, 55-56, 59
1-3
6-7, 26-28, 47-48, 56-57
19-21
30-31, 291
87-88
14-17, 19-21
83
28-29
5-7 (9-11)
5, 7-8, 9-10, 11
9-10, 21
1, 11, 14-15
1, 5, 9-10
5, 7-13, 15-18, 20-22, 24-26
1-5
137
Compositeur
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Magnard
Magnard
Milhaud
Œuvre
Les heures persanes, op. 65, n° 10
Les heures persanes, op. 65, n° 11
Les heures persanes, op. 65, n° 12
Les heures persanes, op. 65, n° 13
Les heures persanes, op. 65, n° 14
Les heures persanes, op. 65, n° 16
Paysages et marines, op. 63, n° 1
Paysages et marines, op. 63, n° 2
Paysages et marines, op. 63, n° 3
Paysages et marines, op. 63, n° 4
Paysages et marines, op. 63, n° 5
Paysages et marines, op. 63, n° 7
Paysages et marines, op. 63, n° 8
Paysages et marines, op. 63, n° 9
Paysages et marines, op. 63, n° 10
Paysages et marines, op. 63, n° 11
Paysages et marines, op. 63, n° 12
Promenades, op. 7, n° 1
Promenades, op. 7, n° 7
L’album de Madame Bovary, op. 128b,
n° 3
Milhaud
L’album de Madame Bovary, op. 128b,
n° 10
Milhaud
Printemps, livre 1, op. 25, n° 1
Milhaud
Saudades do Brasil, livre 1, n° 3
Milhaud
Saudades do Brasil, livre 1, n° 5
Milhaud
Saudades do Brasil, livre 2, n° 7
Milhaud
Saudades do Brasil, livre 2, n° 9
Milhaud
Suite, op. 8, n° 1
Milhaud
Suite, op. 8, n° 3
Milhaud
Suite, op. 8, n° 4
Milhaud
Suite, op. 8, n° 5
Poulenc
Valse en ut, FP 17
Poulenc
Cinq impromptus, FP 21, n° 1
Ravel
Gaspard de la nuit, n° 2
Ravel
Jeux d’eau
Ravel
Le tombeau de Couperin, n° 1
Ravel
Le tombeau de Couperin, n° 4
Ravel
Le tombeau de Couperin, n° 6
Ravel
Miroirs, n° 2
Ravel
Miroirs, n° 4
Ravel
Pavane pour une infante défunte
Ravel
Valses nobles et sentimentales, n° 1
Roger-Ducasse Barcarolle, n° 3
Roger-Ducasse Chant de l’aube
Ropartz
Musiques au jardin, n° 5
Mesure(s)
4-5
8-10, 19-20
13
3, 5-8
1, 6, 11, 13, 23
2-3, 4, 7-8, 17, 18, 22
5-14
6-7
6
1-4
3-5, 7-15
1-3
9-10
2-3
22-24
1-19
1, 3-6, 9-11
36-38
146-148
7-8 (17-18)
1-15, 31-36
16-18
21-22 (73-74), 64-66
50-53
35-39
21-26
32-33, 39-40, 46-50, 56-57, 59, 61-65
8-10, 68-71
73-84
32-34, 37-39
33-36 (37-40)
12
15-17
1-2, 11-14
64, 69
34-36, 126-128
6-9, 23-34, 38-42
8-9, 22-25, 27-32
11-17
18-19, 25-27
75-76
18
3-4 (82-83)
16-18
138
Compositeur
Ropartz
Roussel
Roussel
Satie
Satie
Satie
Satie
Satie
Satie
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Séverac
Séverac
Séverac
Tansman
Œuvre
Musiques au jardin, n° 6
Mesure(s)
19 (104), 22 (107), 36 (121), 40 (125),
61-67, 75, 77, 135, 136-138
Sonatine, op. 16, n° 1
68-70
Rustiques, n° 2
15-17
Caresse
13-14 (31-32), 15-17
Carnet d’esquisses et de croquis, n° 2
11
Douze petits chorals, n° 1
4-5
Douze chorals, n° 10
1re ligne
Trois sarabandes, n° 1
7 (28), 10-13 (23-25, 31-34), 15-17,
43-53 (59-69), 76-78, 80-85, 88-94
Trois sarabandes, n° 3
56-59 (81-84), 67-68
Musiques intimes, livre 2, op. 29, n° 6
68-70, 83-87
Nuits romaines, op. 23, n° 1
36-38
Ombres, op. 64, n° 1
72-74
Pupazzi, op. 36, n° 4
47-50
Pupazzi, op. 36, n° 6
7-8
Pupazzi, op. 36, n° 8
29-30, 60-63
Baigneuses au soleil
56-58, 60
Deuxième impromptu, dans le caractère 90-91 (92-95, 96)
romantique
Le chant de la terre, « Prologue »
35-38
Burlesque
12-13, 22-26, 56-69
Afin d’enrichir davantage la texture, ces quintes parallèles s’accompagnent souvent
de doublures parallèles à l’octave supérieure ou inférieure d’une des deux voix formant la
quinte ou des voix l’accompagnant le cas échéant, ou s’accompagnent d’une ou plusieurs
voix supplémentaires comme la septième, la neuvième ou la dixième de l’accord. Dans le
cas de l’octave et de la dixième, l’harmonie n’est pas altérée, la texture acquiert simplement
plus de puissance comme dans l’exemple 5.34, où Decaux double la voix de basse de la
quinte dans les mesures 53 à 60 de Clair de lune, n° 3 : « Le cimetière ». Dans le cas de
l’ajout de la septième ou de la neuvième, l’harmonie se complexifie. Milhaud en donne un
exemple dans le deuxième Rag-caprice « Romance », où il présente aux mesures 31 à 33
une série de quintes et de neuvièmes superposées à la basse, donc deux séries de quintes
parallèles (exemple 5.35).
139
Exemple 5.34 – Decaux (1907), Clair de lune, n° 3 : « Le cimetière », mes. 53-56
Exemple 5.35 – Milhaud (1923), Rag-caprice, n° 2 : « Romance », mes. 30-34
Les tableaux 5.23, 5.24, 5.25 et 5.26 présentent d’autres exemples où on retrouve des
quintes à la basse accompagnées d’une autre voix parallèle.
140
Tableau 5.23 – Œuvres contenant des quintes à la basse accompagnées d’une octave
Compositeur
Bonis
Bonis
Chabrier
Chabrier
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
D’Indy
Ibert
Kœchlin
Kœchlin
Lekeu
Lekeu
Lekeu
Milhaud
Milhaud
Ravel
Roussel
Roussel
Œuvre
Barcarolle-Étude, op. 43
La cathédrale blessée
Dix pièces pittoresques, n° 3
Dix pièces pittoresques, n° 9
Estampes, n° 1
Images, livre 1, n° 1
Images, livre 1, n° 2
Images, livre 1, n° 3
Masques
Pour le piano, n° 2
Préludes, livre 1, n° 1
Préludes, livre 1, n° 10
Préludes, livre 2, n° 12
Petite sonate dans le style classique, op. 9, n° 4
Les rencontres, n° 3
Paysages et marines, op. 63, n° 3
Paysages et marines, op. 63, n° 10
Sonate, n° 2
Sonate, n° 4
Trois pièces pour piano : n° 1
Suite, op. 8, n° 3
L’album de Madame Bovary, op. 128b, n° 10
Miroirs, n° 3
Rustiques, op. 5, n° 3
Sonatine, op. 16, n° 1
Roussel
Roussel
Satie
Satie
Satie
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Sonatine, op. 16, n° 2
Trois pièces, op. 49, n° 3
Première pensée Rose-Croix
Danses gothiques, n° 2
Trois nocturnes, n° 3
Pupazzi, op. 36, n° 8
La retardée, op. 90, n° 3
Soirs, op. 5, n° 2
Soirs, op. 5, n° 7
Soirs, op. 5, n° 9
Mesure(s)
75-78
15, 26
24-27
59-61 (163-165)
89-90
17
66-68
53-54 (57-58)
147-164
60-62
5 (10)
1-5
61-64
220, 236-237
1-12
5
3-9
146-147
21-22
13-14
4-5, 53-57
36-40
36-37
199-202
118 (163, 258), 120-121 (165166, 260-261), 123-126 (168171, 263-266), 128-129 (173174, 268-269) 131-133 (176-178,
271-273)
94-95, 96-98, 103-104 (105-106)
57, 58-61
4e-6e ligne, 7e ligne
2e ligne
9-10
64-67
80-82
44-45, 63-66
64-65
85-90
141
Tableau 5.24 – Œuvres contenant des quintes à la basse accompagnées de la dixième
Compositeur
Boulanger
Casella
Chaminade
Chausson
Debussy
Debussy
D’Indy
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Magnard
Milhaud
Ravel
Roussel
Schmitt
Tailleferre
Œuvre
Trois morceaux pour piano, n° 1
Ricercare sul nome B.A.C.H., op. 52
Interlude, op. 152
Quelques danses, op. 26, n° 2
Suite bergamasque, n° 1
Suite bergamasque, n° 2
Tableaux de voyage, op. 33, n° 7
Les heures persanes, op. 65, n° 4
Les heures persanes, op. 65, n° 8
Paysages et marines, op. 63, n° 9
Promenades, op. 7, n° 4
Saudades do Brasil, livre 1, n° 5
Pavane pour une infante défunte
Des heures passent, op. 1, n° 3
Pièces romantiques, op. 42, n° 2
Au pavillon d’Alsace
Mesure
7-9
31-39
114-117
10-11, 78
40-41
46-47
1-6 (20-25), 56-58, 106-108
4-10
2-5
6-8
41-46, 53-58
1-8, 15-20
28-32 (68-72)
27, 28
7-8
17-19
Tableau 5.25 – Œuvres contenant des quintes à la basse accompagnées de la septième
Compositeur
Debussy
Debussy
Ravel
Œuvre
Préludes, livre 1, n° 8
Pour le piano, n° 2
Jeux d’eau
Mesure(s)
17-18
11-12
75-76
Tableau 5.26 – Œuvres contenant des quintes à la basse accompagnées
d’une neuvième (deux quintes superposées)
Compositeur
Debussy
Ravel
Œuvre
L’isle joyeuse
Miroirs, n° 1
Mesure(s)
14
72-74
Pour amplifier l’enrichissement de la texture, on peut également compléter la quinte
avec une tierce pour former une série d’accords parallèles. Auric utilise notamment cette
technique : on la retrouve dans les voix de basse des mesures 17 à 19 du n o 6 des Neuf
pièces brèves (exemple 5.36). Les quintes parallèles de cet exemple sont, comme nous
l’avons vu précédemment, justifiables selon certains traités par l’utilisation du chromatisme
142
(Vivier : 131, Rahn : 137, Gilson13) et de la combinaison d’une voix extrême et d’une voix
intérieure (Reber : 68).
Exemple 5.36 – Auric (1941), Neuf pièces brèves, n° 6 : « Sicilienne », mes. 16-19
S’ils ajoutent une septième à leurs accords, les compositeurs peuvent même créer
deux séries de quintes parallèles imbriquées l’une dans l’autre et donnant une imposante
texture de masse et de sonorité, comme le fait Séverac dans Baigneuses au soleil (mes. 6).
Si on se fie aux traités de Barbereau (73), Riemann (30-31), Reber (69) et à l’étude de
Gilson examinés au chapitre 2 (p. 49), les quintes peuvent ici être acceptables parce
qu’elles sont séparées par de grands intervalles mélodiques14 (exemple 5.37).
Exemple 5.37 – Séverac (1908), Baigneuses au soleil
(Souvenir de Banyuls-sur-mer), mes. 4-6
Ce principe peut même aller jusqu’à superposer deux ou trois intervalles de quintes en
parallèles, comme le fait Kœchlin dans le quatrième morceau de Paysages et marines
(mes. 4-6), ce qui donne une succession d’accords de onzième en parallèle (exemple 5.38).
13
14
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 20.
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 18.
143
Exemple 5.38 – Kœchlin (1915-1916), Paysages et marines, op. 63, n° 4, mes. 4-6
Cet exemple trouve moins de justification dans les traités puisque les quintes se déplacent
par mouvement conjoint, ce qui n’est pas recommandé selon ce que nous avons vu au
chapitre 2 (p. 33), entre autres dans les traités de Riemann (30-31), Reber (69), Vinée (111)
et dans l’étude de Gilson15. L’enchaînement des deux dernières quintes, par mouvement
chromatique, est cependant plus acceptable que les enchaînements précédents, si l’on se fie
aux écrits de Vivier (131), de Rahn (137) et de Gilson16 (chapitre 2, p. 48).
L’enrichissement de la texture peut ici aussi être renforcé par une doublure à
l’octave. Le tableau 5.27 dresse une liste d’œuvres utilisant des accords parfaits parallèles à
la basse pour créer des effets de texture. Les mesures contenant une doublure sont
marquées d’un astérisque (*).
15
16
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 18.
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 20.
144
Tableau 5.27 – Œuvres contenant des accords parallèles à la basse
Compositeur
Bonis
Chabrier
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Françaix
Honegger
Kœchlin
Kœchlin
Lekeu
Saint-Saëns
Satie
Satie
Sauguet
Schmitt
Schmitt
Tansman
Œuvre
La cathédrale blessée, op. 107
Dix pièces pittoresques, n° 3
Estampes, n° 2
Estampes, n° 3
Jeux
Deux arabesques, n° 2
Pour le piano, n° 2
Tarentelle styrienne
Cinq portraits de jeunes filles, n° 5
Sept pièces brèves, n° 6
Le tombeau de Couperin, n° 5
Les heures persanes, op. 65, n° 9
Trois pièces pour piano, n° 3
Album, op. 72, n° 6
Passacaille
Sonatine bureaucratique
Pièces poétiques pour enfants, livre 2, n° 11
Pièces romantiques, op. 42, n° 1
La retardée, op. 90, n° 3
Burlesque
Mesure(s)
8
3-4*
117* (118*)
136-139, 143-144
67-69*
32-35*, 104-105*
56-58*
299-302 (302-306)
172-180
28-30
73-74*, 77-78*
4
8-11 (121-124)
244-245
26-27 (62-63, 115-116)
121-125
3-4
6
64-65
1-7, 9-11
Les compositeurs doublent aussi la mélodie à la quinte pour enrichir la texture, mais
moins fréquemment qu’ils ne doublent la basse (c’est-à-dire un peu plus de 20% des cas de
quintes enrichissant la texture). Casadesus le fait de façon importante dans le Prélude,
op. 5, n° 24 (« Doux et tranquille »), où il double la mélodie à la quinte dans la majeure
partie de l’œuvre. En plus d’être étalées sur une longue période, les quintes seraient ici peu
acceptables, comme nous l’avons vu au chapitre 2 (p. 33) dans les traités de Riemann (3031), de Reber (69), de Vinée (111) et l’étude de Gilson17, parce qu’elles se déplacent le plus
souvent par mouvement conjoint, en plus d’être à découvert et davantage mises en évidence
par leur position dans les voix aigues (exemple 5.39).
17
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 18.
145
Exemple 5.39 – Casadesus (1924), Prélude, op. 5, n° 24 : « Doux et tranquille », mes. 1-7
En consultant le tableau 5.28, on peut constater qu’en général, les compositeurs utilisent ce
type de quintes pour de plus courtes occurrences que dans l’exemple précédent.
146
Tableau 5.28 – Œuvres contenant une doublure de la mélodie en quintes parallèles
Compositeur
Alain
Alain
Casadesus
Casadesus
Casadesus
Dukas
Dupont
Durey
Enesco
Enesco
Françaix
Ibert
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Ravel
Ravel
Roger-Ducasse
Roussel
Roussel
Saint-Saëns
Satie
Œuvre
Étude sur un thème de quatre notes, AWV 6
Petite rhapsodie, AWV 17
Prélude, op. 5, n° 7
Prélude, op. 5, n° 10
Prélude, op. 5, n° 24
Prélude élégiaque sur le nom de Haydn
La maison dans les dunes, n° 1
Dix inventions, op. 41a, n° 9
Sonata, op. 24, n° 3 : 1er mouvement
Sonata, op. 24, n° 3 : 2e mouvement
Cinq portraits de jeunes filles, no 1
Les rencontres, n° 3
Les heures persanes, op. 65, n° 3
Les heures persanes, op. 65, n° 9
Les heures persanes, op. 65, n° 10
Les heures persanes, op. 65, n° 11
Les heures persanes, op. 65, n° 13
Les heures persanes, op. 65, n° 15
Les heures persanes, op. 65, n° 16
Paysages et marines, op. 63, n° 2
Suite, op. 8, no 1
Suite, op. 8, no 2
L’album de Madame Bovary, op. 128b, n° 8
Saudades do Brasil, livre 1, n° 5
Saudades do Brasil, livre 2, n° 8
Miroirs, n° 4
Valses nobles et sentimentales, n° 8
Sonorités
Rustiques, n° 2
Sonatine, op. 16, n° 2
Les cloches du soir, op. 85
Trois nocturnes, n° 2
Mesure(s)
36-41
45-48
9-10
40
1-15, 19-22, 24-36, 41-61, 84-95
32-33
24-25, 45-46
7-9
71-72, 158-159
55-56, 74-75
46
71
4, 6 (noires 39 à 46)
4
4
20
3
10
3, 5-7, 17, 18, 19
10-11
27-28, 30-31
29-30
4-6, 13-14
63-65
23
41-42, 172-174
52-53
28
22-23, 75-76
82 (83, 87, 88)
52
15
Il arrive également que, comme c’est possible pour la basse, la quinte de la mélodie
soit accompagnée de l’octave ou d’une autre voix parallèle, et les tableaux 5.29, 5.30 et
5.31 nous en donnent quelques exemples.
147
Tableau 5.29 – Œuvres contenant une doublure de la mélodie à la quinte et à l’octave
Compositeur
Aubert
Aubert
Bonis
Boulanger
Delannoy
D’Indy
D’Indy
Dupont
Dupont
Grovlez
Grovlez
Grovlez
Ibert
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Ravel
Ravel
Ravel
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Roussel
Roussel
Roussel
Satie
Œuvre
Sillages, op. 27, n° 2
Sillages, op. 27, n° 3
Étude de concert en sol bémol majeur, op. 136
Trois morceaux pour piano, n° 3
Dîner sur l’eau
Menuet sur le nom d’Haydn, op. 65
Sonate en mi majeur, op. 63
Les heures dolentes, n° 2
La maison dans les dunes, n° 6
Deux études d’exécution trancendante, n° 2
Sarabande
Valse-caprice
Les rencontres, n° 3
Les heures persanes, op. 65, n° 8
Les heures persanes, op. 65, n° 15
Paysages et marines, op. 63, n° 10
Jeux d’eau
Miroirs, n° 1
Miroirs, n° 4
Sonorités
Variations sur un choral (5e variation)
L’accueil des muses
Trois pièces, op. 49, n° 2
Hommage à J.S. Bach
Cinéma-Fantaisie
Mesure(s)
57-58, 68-69
57 (59)
45-46
33-34
37-38, 40-41
62-63 (68-69)
118-120
40-42
248-252, 256-258, 260-265
28-29, 93, 94
20
126-129, 139, 168-170
66-69
9
5, 12
10-15
21-23, 52, 56
51-52 (53-54)
37-38
102-103
79, 81
4-6
65-66
46-47, 48
13-20
Tableau 5.30 – Œuvres contenant une doublure de la mélodie à la quinte
et à la neuvième (deux quintes superposées)
Compositeur
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Œuvre
Les heures persanes, op. 65, n° 2
Les heures persanes, op. 65, n° 3
Les heures persanes, op. 65, n° 8
Les heures persanes, op. 65, n° 10
Les heures persanes, op. 65, n° 14
Les heures persanes, op. 65, n° 16
Mesure(s)
27
6
7
1-3, 5
6, 10, 11
13, 22
Tableau 5.31 – Œuvres contenant une doublure de la mélodie à la quinte et à la septième
Compositeur
Honegger
Kœchlin
Poulenc
Roger-Ducasse
Satie
Œuvre
Sept pièces brèves, n° 5
Les heures persanes, op. 65, n° 16
Les soirées de Nazelles, FP 84, n° 6
Arabesque, n° 1
Le fils des étoiles : « Prélude du 2e acte »
Mesure(s)
7
9, 18
70-73
60
6e ligne, 7e-8e ligne, 12e ligne
148
On retrouve un peu plus régulièrement la mélodie harmonisée en accords parallèles,
accompagnée ou non de l’octave. Milhaud illustre bien ce type de quintes parallèles dans
les mesures 13 à 19 du Rag-caprice no 1, où chaque note de la mélodie supporte un accord
parfait dans cinq mesures consécutives (exemple 5.40). Comme dans certains exemples
précédents, la prédominance du mouvement conjoint rendrait ici les quintes parallèles peu
acceptables selon certains théoriciens (Riemann : 30-31, Reber : 69, Vinée : 111, Gilson18).
Exemple 5.40 – Milhaud (1922), Rag-caprice, no 1, mes. 14-18
Le tableau 5.32 nous montre bien l’étendue de cette pratique dans les œuvres analysées. Les
doublures à l’octave sont encore une fois marquées d’un astérisque (*).
Tableau 5.32 – Œuvres contenant une mélodie harmonisée en accords parfaits parallèles
Compositeur
Casella
Chabrier
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Œuvre
Ricercare sul nome B.A.C.H., op. 52
Dix pièces pittoresques, n° 5
Berceuse héroïque
D’un cahier d’esquisses
Estampes, n° 2
Images, livre 2, n° 2
Jeux
Masques
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Pour le piano, n° 1
Pour le piano, n° 2
Préludes, livre 1, n° 3
Préludes, livre 1, n° 7
Préludes, livre 1, n° 10
Préludes, livre 2, n° 3
18
Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 18.
Mesure(s)
43
36 (59)
17-18*, 19-21*
24*
33-36*, 51-55, 78-81*
20-24*
226-229 (247-250)
15-16 (19-21, 40-41, 44-46, 135136, 139-142, 283-284, 287-289,
308-309, 312-315), 29-33 (287-301)
161-163*
50-53*
31-33*
7-9*, 21-22*, 59-62*
72-83*
35-41*
149
Compositeur
Debussy
Dupont
Enesco
Enesco
Enesco
Hahn
Ibert
Ibert
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Poulenc
Poulenc
Ravel
Ravel
Ravel
Ravel
Ropartz
Ropartz
Satie
Satie
Schmitt
Schmitt
Séverac
Œuvre
Préludes, livre 2, n° 6
La maison dans les dunes, n° 5
Sonata, op. 24, n° 3 : 1er mouvement
Sonata, op. 24, n° 3 : 2e mouvement
Sonata, op. 24, n° 3 : 3e movement
Premières valses, n° 4
Les rencontres, n° 4
Les rencontres, n° 5
Paysages et marines, op. 63, n° 3
Paysages et marines, op. 63, n° 12
Les heures persanes, op. 65, n° 4
Les heures persanes, op. 65, n° 6
Les heures persanes, op. 65, n° 9
Les heures persanes, op. 65, n° 11
Saudades do Brasil, livre 1, n° 4
Choral
Saudades do Brasil, livre 1, n° 6
Suite, op. 8, n° 3
Suite, op. 8, n° 4
Les soirées de Nazelles, FP 84, n° 5
Trois pastorales, FP 5, n° 3
Gaspard de la nuit, n° 2
Gaspard de la nuit, n° 3
Valses nobles et sentimentales, n° 7
Miroirs, n° 1
Musiques au jardin, n° 1
Musiques au jardin, n° 6
Cinéma-Fantaisie
Nouvelles pièces froides, n° 3
La retardée, op. 90, n° 3
Soirs, op. 5, n° 6
Le chant de la terre, « Prologue »
Mesure(s)
101-102
49-52
186
109
28-31
15-16*
57-60*
33-34
6
6*
7*, 9*
3, 7
5
5-6, 10-12, 13, 17
51-52*
20
1-15, 25-39
18
54-58
22-23*
5, 6
12-14*, 17-19*
267-268* (270-271*)
49-50* (140-141*)
41-42
9-10, 82-83
62, 64, 75, 77, 136-137
53-56 (169-172), 95-96
22
9-11, 49-52, 56-57
3-4
55-57*
On retrouve également des exemples dans lesquels les compositeurs ont utilisé des
accords de septième qui contiennent deux quintes justes, par exemple Poulenc dans Trois
pastorales, FP 5, n° 3 (mes. 7-9, 14-17, 33-35, 45-48, 53-54, 59-62), Debussy dans le n° 3 :
« Poissons d’or » du deuxième livre d’Images (mes. 81, 83) et Ravel dans Valses nobles et
sentimentales n° 7 (mes. 51-54, exemple 5.41).
150
Exemple 5.41 – Ravel (1911), Valses nobles et sentimentales, n° 7, mes. 51-54
Certains compositeurs utilisent de leur côté des triades autres que parfaites, comme
Debussy dans le premier livre de préludes, n° 10 : « La cathédrale engloutie » (mes. 86-87)
et Kœchlin dans Les heures persanes, op. 65, n° 1 « Sieste avant le départ » (mes. 1). Ce
dernier présente une série de trois accords dont la voix centrale n’est pas à distance de
tierce des deux notes de la quinte, mais plutôt à distance de quarte et de seconde
(exemple 5.42)
Exemple 5.42 – Kœchlin (1913-1919), Les heures persanes, op. 65, n° 1 :
« Sieste avant le départ », mes. 1
Les compositeurs de musique de piano utilisent également des quintes parallèles ou
des accords parallèles dans les voix intérieures pour étoffer la texture ou lui donner un effet
de masse. Cette disposition, selon Richter (98), Reber (68) et Gilson (vol. 1 : 100-101),
rend les quintes moins apparentes et donc plus acceptables que lorsqu’elles sont dans les
151
autres voix 19 . Ibert nous donne un exemple de quintes parallèles à vide dans les voix
intérieures dans le no 4 : « Les bergères » de la suite Les rencontres (mes. 21-22, reprise à
101-102). L’application est différente d’une doublure de la mélodie, même si, à première
vue, elle peut sembler s’en approcher. Les quintes apparaissent ici indépendamment de la
mélodie; elles peuvent donc être considérées comme ayant une fonction différente propre
(exemple 5.43).
Exemple 5.43 – Ibert (1924), Les rencontres, n° 4 : « Les bergères », mes. 21-24
On trouve des exemples supplémentaires dans le tableau 5.33.
Évidemment, un enrichissement de la texture peut également s’effectuer avec des
accords, ce que Debussy présente deux fois plutôt qu’une dans les « Danseuses de
Delphes » (Préludes, livre 1, n° 1), où il fait entendre deux séries d’accords à l’octave dans
les voix intérieures (mes. 11-14, exemple 5.44). Encore une fois, ces deux séries sont
indépendantes de la mélodie et de la basse; elles ont donc leur fonction propre. C’est un
contrepoint de plans sonores tels que nous l’évoquions au chapitre 3 (p. 83) Cet
enchaînement rappelle la « licence » tolérée par Reber (204) que nous avons vu au
chapitre 2 (p. 37), concernant des notes de passage doublées à l’octave. Toutefois, les
compositeurs insèrent généralement une seule série d’accords parallèles dans les voix; on
trouvera une liste d’exemples dans le tableau 5.34.
19
Voir aussi Gilson, Quintes, octaves, secondes et polytonie, 17-18.
152
Tableau 5.33 – Œuvres contenant des quintes parallèles
enrichissant la texture dans les voix intérieures
Compositeur
D’Indy
Dupont
Durey
Enesco
Honegger
Ibert
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Milhaud
Milhaud
Ravel
Ravel
Roger-Ducasse
Satie
Schmitt
Œuvre
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 1
La maison dans les dunes, n° 6
Romance sans paroles, op. 21
Sonata, op. 24, n° 3 : 2e mouvement
Sarabande
Les rencontres, n° 4
Les heures persanes, op. 65, n° 9
Les heures persanes, op. 65, n° 11
Les heures persanes, op. 65, n° 13
Paysages et marines, op. 63, n° 2
Paysages et marines, op. 63, n° 3
Paysages et marines, op. 63, n° 5
Printemps, livre 1, op. 25, n° 1
Rag-caprice, no 1
Jeux d’eau
Le tombeau de Couperin, n° 5
Barcarolle, n° 3
Quatre préludes posthumes, « Premier prélude du Nazaréen »
Soirs, op. 5, n° 9
Mesure(s)
273-274
137-143, 228
46
36
21-22
101-102
4
19, 20
6-7
8-9
9-10
10, 18
52 (53)
6-8
62
53-55
16-17
14e ligne
66-67
Exemple 5.44 – Debussy (1909-1910), Préludes, livre 1, n° 1 :
« Danseuses de Delphes », mes. 11-14
153
Tableau 5.34 – Œuvres contenant des accords parfaits parallèles
enrichissant la texture dans les voix intérieures
Compositeur
Debussy
Debussy
Debussy
Françaix
Françaix
Kœchlin
Magnard
Schmitt
Aubert
Dupont
Dupont
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Milhaud
Milhaud
Ravel
Ravel
Roger-Ducasse
Roger-Ducasse
Saint-Saëns
Satie
Milhaud
Œuvre
Préludes, livre 2, n° 2
Berceuse héroïque
Préludes, livre 2, n° 7
Cinq portraits de jeunes filles, n° 2
Cinq portraits de jeunes filles, n° 5
Paysages et marines, op. 63, n° 12
Promenade, op. 7, n° 5
Soirs, op. 5, n° 10
Sillages, op. 27, n° 1
Les heures dolentes, n° 2
La maison dans les dunes, n° 3
Les heures persanes, op. 65, n° 1
Les heures persanes, op. 65, n° 9
Paysages et marines, op. 63, n° 7
Saudades do Brasil, livre 1, n° 5
Rag-caprice, no 1
Le tombeau de Couperin, n° 3
Valses nobles et sentimentales, n° 8
Arabesque, n° 2
Sonorités
Album, op. 72, n° 1
Cinéma-Fantaisie
Choral
Mesure(s)
31-36
21-24
7-8
22-23 (30-31)
173-175 (175-177, 177-179, 179-180)
1
100-102
76-77
9 (73)
13-16
4-6
6-7
3, 7
1
70-72
33-34
38-39
1-4
62
19 (89)
15-16
252-259
25
La superposition de quintes parallèles en valeurs longues dans les voix intérieures
est aussi un moyen utilisé par les compositeurs pour créer une texture orchestrale
(notamment en rappelant les notes tenues de certains instruments d’orchestre). Poulenc en
donne un exemple dans le Cinquième impromptu, où il fait entendre des quintes
superposées (et par le fait même un intervalle de neuvième) sur les premiers temps de
quatre mesures successives (mes. 19-22, exemple 5.45). Il est à noter cependant que sur le
premier temps de la mesure 19, la quinte inférieure est diminuée.
154
Exemple 5.45 – Poulenc (1920, rév. 1939), Cinq impromptus,
FP 21, n° 5 : « Andante », mes 19-22
Très souvent, les compositeurs vont combiner deux ou plusieurs de ces façons
d’utiliser des quintes parallèles afin de créer une texture de masse, que ce soit en combinant
uniquement des quintes à vide (tableau 5.35), uniquement des accords (tableau 5.36) ou des
quintes à vide et des accords (tableau 5.37). Milhaud en fait l’expérience dans la cinquième
pièce du premier livre Saudades do Brasil, « Ipanema », où il présente des quintes à vide à
la basse et des accords dans les voix intérieures (mes. 9-14). On peut parler ici de deux
séries distinctes superposées, car elles ont chacune leur rythme propre. Milhaud y
superpose deux harmonies distinctes (exemple 5.46). La consultation des tableaux 5.35,
5.36 et 5.37 montre que ce n’est pas pratique courante, les harmonies sont plus souvent les
mêmes ou complémentaires l’une avec l’autre que différentes l’une de l’autre20.
Exemple 5.46 – Milhaud (1920-1921), Saudades do Brasil,
livre 1, n° 5 : « Ipanema », mes. 9-14
20
La mention « harmonies complémentaires » désigne une situation où les deux séries ne présentent pas les
mêmes notes mais peuvent être combinées pour former un accord intelligible dans le système tonal.
155
Tableau 5.35 – Doublure de la basse et de la mélodie
à la quinte pour créer une texture de masse
Compositeur
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Séverac
Œuvre
Les heures persanes, op. 65, n° 3
Paysages et marines, op. 63, n° 5
Paysages et marines, op. 63, n° 5
Baigneuses au soleil
Mesure(s)
6
4-5, 7-9, 18
13
29-30
Description
Même harmonie
Même harmonie
Harmonies complémentaires
Même harmonie
Tableau 5.36 – Combinaison de séries d’accords pour enrichir la texture
Compositeur
Alain
Debussy
Debussy
Kœchlin
Milhaud
Poulenc
Poulenc
Ravel
Schmitt
Séverac
Œuvre
Prélude, AWV 88
Images, livre 2, n° 2
Préludes, livre 2, n° 7
Les heures persanes, op. 65, n° 15
Saudades do Brasil, livre 1, n° 4
Cinq impromptus, FP 21, n° 4
Cinq impromptus, FP 21, n° 2
Valses nobles et sentimentales,
n° 8
Ombres, op. 64, n° 3
Baigneuses au soleil
Mesure(s)
26
39, 40, 43, 44-45
28-30
17-18
41-42
1-2 (34-35)
56-59
21-23, 30, 31-32,
33, 63-66
6-8
56
Description
Même harmonie
Même harmonie
Même harmonie
Même harmonie
Harmonies complémentaires
Harmonies complémentaires
Harmonies complémentaires
Même harmonie
Même harmonie
Même harmonie
Tableau 5.37 – Combinaison de quintes à vide et d’accords pour enrichir la texture
Compositeur
Debussy
Debussy
Debussy
Kœchlin
Kœchlin
Poulenc
Roussel
Satie
Œuvre
Berceuse héroïque
Pour le piano, n° 2
Préludes, livre 2, n° 9
Les heures persanes, op. 65, n° 4
Paysages et marines, op. 63, n° 9
Les soirées de Nazelles, FP 84, n° 7
Sonatine, op. 16, n° 2
Trois sarabandes, n° 2
Séverac
Baigneuses au soleil
Mesure(s)
56
19, 50-53
31-34
8-9
3
6
186
48-49 (50-51,
59-60, 61-62,
76-77, 78-79)
27
Description
Même harmonie
Même harmonie
Même harmonie
Harmonies différentes
Harmonies complémentaires
Même harmonie
Harmonies complémentaires
Même harmonie
Harmonies différentes
Une autre façon d’obtenir une texture orchestrale consiste à enchaîner une quinte à
vide à un accord parfait ou inversement (soit ajouter ou soustraire une voix). Certains
pourraient objecter que les quintes ne sont pas exactement dans les mêmes voix, donc qu’il
n’y a pas parallélisme. Toutefois, l’impression de quintes parallèles peut persister, et
156
certains exemples du répertoire nous le prouvent. Par exemple, la pièce « Forlane » des
Quelques danses (op. 26, n° 4) de Chausson illustre bien ce type de quintes, alors qu’à
travers une série de quintes parallèles à la basse, le compositeur intercale des accords
parfaits (mes. 129 et 130, exemple 5.47).
Exemple 5.47 – Chausson (1896), Quelques danses, op. 26,
n° 4 : « Forlane », mes. 129-130
D’autres compositeurs utilisent ce genre d’enchaînement comme le montre le tableau 5.38
157
Tableau 5.38 – Œuvres comportant des quintes parallèles avec ajout ou retrait de voix
Compositeur
Alain
Alain
Alain
Bonis
Bonis
Chrétien
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
Dupont
Enesco
Françaix
Françaix
Honegger
Hubeau
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Kœchlin
Magnard
Magnard
Milhaud
Milhaud
Ravel
Ravel
Ravel
Ravel
Saint-Saëns
Satie
Satie
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Séverac
Séverac
Tailleferre
Œuvre
Étude sur les doubles notes, AWV 15
Mythologie japonaise, AWV 28 : « variation n° 5 »
Prélude, AWV 88
Sévillana, op. 125
La cathédrale blessée, op. 107
Les lutins
Children’s Corner, n° 6
Estampes, n° 2
Pour le piano, n° 2
Préludes, livre 2, n° 4
Fantaisie sur un vieil air de ronde française, op. 99
Petite sonate dans la forme classique, op. 9, n° 2
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 2
La maison dans les dunes, n° 2
Sonata, op. 24, n° 3 : 1er mouvement
Cinq portraits de jeunes filles, n° 1
Cinq portraits de jeunes filles, n° 5
Sept pièces brèves, n° 3
Variations pour piano
Les heures persanes, op. 65, n° 1
Les heures persanes, op. 65, n° 11
Les heures persanes, op. 65, n° 14
Les heures persanes, op. 65, n° 16
Paysages et marines, op. 63, n° 2
Paysages et marines, op. 63, n° 5
Paysages et marines, op. 63, n° 6
Paysages et marines, op. 63, n° 7
Paysages et marines, op. 63, n° 8
Promenade, op. 7, n° 4
Promenade, op. 7, n° 7
Saudades do Brasil, livre 1, n° 4
Suite, op. 8, n° 5
Le tombeau de Couperin, n° 3
Le tombeau de Couperin, n° 4
Le tombeau de Couperin, n° 5
Le tombeau de Couperin, n° 6
Suite, op. 90, n° 3
Deux rêveries nocturnes, n° 1
Trois sarabandes, n° 1
Pièces romantiques, op. 42, n° 1
Pièces romantiques, op. 42, n° 6
Ombres, op. 64, n° 1
Les naïades et le faune indiscret
Baigneuses au soleil
Au pavillon d’Alsace
Mesures
37
1
14, 23
19
10 (11), 68
217-218
22, 102
115-116
63, 64, 65
24
166, 239-241
41-46
14-16 (169-171)
39
237-238
36-37, 51-52
116, 156-157
16
62
11
15-16
12
11, 13
3
11-12, 14
4
1-3
9-10
95-96
141
67
90-91
125, 127
1, 61
33-40, 65-72
71, 233
64-70
5e-6e ligne
19-20, 21-22
6
24, 25
5
77-78
32
15-16
158
Quintes parallèles structurelles
Les quintes dites « structurelles » sont très présentes dans la musique de piano entre 1880 et
1940. Elles s’apparentent au type précédent, mais on les distingue par le fait que c’est
l’ensemble des voix qui se déplace en mouvement parallèle, donc toute la structure de
l’œuvre, dans la lignée des harmonisations parallèles du Moyen Âge, et ce, sans égard aux
règles de conduite des voix de l’harmonie tonale. Elles vont aussi à l’encontre des
recommandations de Riemann (30) et de Vinée (92-93) vues au chapitre 2 (p. 47), qui
suggèrent que les quintes sont acceptables lorsqu’elles sont accompagnées de mouvement
contraire dans les autres voix, ou accompagnées de tout autre artifice pouvant détourner
l’attention de l’auditeur. C’est le principal type de quintes parallèles qui pourraient
entraîner des modulations ou de l’ambiguïté tonale le cas échéant.
Une première façon de créer des quintes structurelles est d’harmoniser la mélodie
uniquement à la quinte dans une harmonie à deux voix seulement, à l’image de l’organum.
Ce procédé est peu utilisé dans la musique de piano, surtout pendant un grand nombre de
mesures, entre autres parce qu’elle ne permet pas d’exploiter les richesses de l’instrument,
mais nous avons toutefois pu trouver plusieurs exemples qui sont consignés dans le tableau
5.39. Poulenc utilise ce type de quintes à plusieurs reprises dans le premier mouvement de
la Suite, op. 19. On remarque dans l’exemple 5.48 la présence de quelques notes
ornementales à la basse qui ajoutent de la variété, mais qui ne permettent pas d’atténuer la
sonorité des quintes parallèles.
159
Exemple 5.48 – Poulenc (1920, rév. 1926), Suite FP 19 : 1er mouvement, mes. 1-3
Tableau 5.39 – Œuvres comportant des quintes structurelles
par doublure de la mélodie à la quinte (2 voix)
Compositeur
Auric
Casadesus
Casadesus
Casella
Ibert
Kœchlin
Milhaud
Poulenc
Poulenc
Poulenc
Saint-Saëns
Satie
Satie
Satie
Sauguet
Schmitt
Séverac
Vierne
Œuvre
Neuf pièces brèves, n° 1
Prélude, op. 5, n° 24
Prélude, op. 5, n° 6
Ricercare sul nome B.A.C.H., op. 52
Pièce romantique
Les heures persanes, op. 65, n° 11
Suite, op. 8, n° 5
Trois pastorales, FP 5, n° 1
Suite, FP 19, n° 1
Suite, FP 19, n° 2
Allegro appassionato, op. 70
Sonatine bureaucratique
Sports et divertissements, n° 19
Gnossienne, n° 4
Nuit coloniale sur le bord de la Seine
Mirages, op. 70, n° 2
Le chant de la terre, n° 1
Solitude, op. 44, n° 1
Mesure(s)
66-67
15-19, 22-23, 37-41
4-7, 8
28
83
20
49 (50, 55, 56, 61), 62
2-9
4-7 (71-74), 21-23 (88-90), 26 (93), 67-70
1, 2, 9, 19
43
177-179
1re ligne, 2e ligne, 3e ligne
1re ligne, 2e ligne, 8e ligne
28-29
39, 40-41, 42-44, 45-46, 65-67, 69
3-4, 7
1-7
Il est possible d’accompagner la quinte de l’octave, et de doubler à la quinte plus
d’une fois, comme le fait Vierne dans Solitude, n° 1 : « Hantise » (mes. 1-7, exemple 5.49).
Ce genre de quintes structurelles accroît la puissance sonore et met en valeur les ressources
de l’instrument.
160
Exemple 5.49 – Vierne (1918), Solitude, op. 44, n° 1 : « Hantise », mes. 1-7
Évidemment, les compositeurs ont aussi élaboré d’autres structures parallèles
comprenant des quintes. La plus courante est certainement le recours à des séries d’accords
parfaits en position fondamentale, accompagnés ou non de l’octave. Debussy est, entre
autres, un grand utilisateur de ces « mélodies d’accords », comme on peut le constater dans
le tableau 5.40. Dans le prélude « Canope » (livre 2, n° 10) par exemple, lorsqu’il énonce
pour la première fois son thème, ce sont uniquement des accords parfaits qu’il fait entendre,
dont la fondamentale se situe à une octave de distance de la voix supérieure (mes. 1-4,
exemple 5.50).
Exemple 5.50 – Debussy (1911-1913), Préludes, livre 2, n° 10 : « Canope », mes. 1-4
Tableau 5.40 – Œuvres de Debussy contenant des quintes structurelles en accords parfaits
Œuvre
Préludes, livre 1, n° 4
Préludes, livre 1, n° 6
Préludes, livre 2, n° 1
Estampes, n° 2
Mesure(s)
34-36
45-47 (57-58), 51-54 (63-64)
49
116
161
Comme procédé d’intensification, les compositeurs peuvent également allier texture
et structure en faisant entendre deux séries d’accords parallèles (doublure de toutes les voix
à l’octave) ou une série d’accords avec une série de quintes à vide (doublure uniquement de
la quinte à l’octave) comme dans les préludes « Minstrels » (mes. 51-52 et 55-57) et « La
cathédrale engloutie » (mes. 31-42) de Debussy. On remarquera dans ce dernier une note
pédale à la basse qui n’affaiblit en rien l’effet structurel du parallélisme (exemple 5.51).
Exemple 5.51 – Debussy (1909-1910), Préludes, livre 1, n° 10 :
« La cathédrale engloutie », mes. 31-35
Debussy semble apprécier cette façon de faire, car il l’utilise également dans les préludes
du deuxième livre, n° 7 « La terrasse des audiences du clair de lune » (25-27), n° 9
« Hommage à S. Pickwick » (21-26) et n° 10 « Canope » (mes. 4-5, 26-27), et dans le
deuxième livre d’Images, n° 2 : « Et la lune descend sur le temple qui fut » (mes. 7-11).
Cependant, il n’y a pas que les séries d’accords parfaits qui intéressent les
compositeurs du tournant du XXe siècle. Avec le développement de l’harmonie et
l’émancipation de la dissonance, on voit aussi apparaître des séries d’accords dissonants
non résolus, comme des accords de septième, des accords de neuvièmes ou des accords
avec note ajoutée. Debussy nous en donne un exemple dans le prélude « La terrasse des
audiences du clair de lune » (livre 2, n° 7), où il superpose deux accords de septième à
distance d’octave (mes. 31, exemple 5.52). C’est en quelque sorte une application de la
162
tolérance de Riemann (30) pour les quintes parallèles dissimulées par une dissonance, une
exception que nous avons abordée au chapitre 2 (p. 47).
Exemple 5.52 – Debussy (1911-1913), Préludes, livre 2, n° 7 :
« La terrasse des audiences du clair de lune », mes. 31-32
Debussy offre un exemple tout à fait différent en présentant une harmonie toute en quartes
et en quintes parallèles superposées dans Masques (mes. 356-367, exemple 5.53).
Exemple 5.53 – Debussy (1903-1904), Masques, mes. 360-367
Le tableau 5.41 présente d’autres exemples de combinaisons de quintes structurelles
présentes dans le répertoire étudié.
163
Tableau 5.41 – Œuvres comportant des quintes structurelles en accords
Compositeur
Œuvre
Enesco
Sonata, op. 24, n° 3 : 1er
mouvement
Ibert
Histoires, n° 2
Sauguet
Pièces poétiques pour enfants,
livre 1, n° 4
Dupont
La maison dans les dunes, n° 6
Milhaud
Saudades do Brasil, livre 1, n° 5
Decaux
Clair de lune, n° 3
Mesure(s)
77-78, 101-102
25-27 (77-78),
79-80
13-14
163-171, 179180
27
23-27, 35-53,
62-64
Type d’accord
Accords de 7e, une série
de quintes
Accords de 7e, deux
séries de quintes
Accords en position de
sixte avec quinte aux
voix supérieures
Accords avec voix
ajoutées
Superpositions
d’accords, harmonies
différentes
Deux séries de quintes à
vide avec octave et sixte
Quintes parallèles créant des effets particuliers
Bien que ce ne soit pas toujours aisé à justifier ou à repérer, les compositeurs utilisent
également les quintes parallèles (généralement en série) pour créer des effets particuliers.
L’effet le plus connu et peut-être le plus recherché est celui des cloches, évoqué par Gilson
dans son traité, et qui est obtenu en frappant des quintes à vide. Gilson (vol. 1 : 21) parle
surtout de quintes dans le grave, mais les compositeurs réussissent quand même à créer le
même genre d’effet avec des quintes dans l’aigu. L’effet de cloches peut être présenté de
manière isolé, mais, dans ce cas, il est souvent accompagné d’intervalles de quarte ou de
quinte simultanément ou à proximité, ou il est présenté en deux occurrences plus ou moins
rapprochées. Ravel illustre bien ce type de quintes dans Miroirs, n° 5 « La vallée des
cloches », où il en utilise dans les voix supérieures aux mesures 26-27 (exemple 5.54) et à
la basse dans les mesures 31 à 40, dans les deux cas accompagnées de quartes parallèles21.
21
L’intervalle de prédilection de Ravel pour imiter les cloches dans cette œuvre est d’ailleurs la quarte juste,
qu’il utilise très souvent en superposition et en mouvement parallèle.
164
Exemple 5.54 – Ravel (1904-1905), Miroirs, n° 5 : « La vallée des cloches », mes. 26-28
On retrouve plusieurs autres exemples de quintes parallèles illustrant des cloches dans la
musique de piano, dont quelques-uns sont contenus dans le tableau 5.42.
Tableau 5.42 – Œuvres présentant des quintes parallèles créant un effet de cloches
Compositeur
Boulanger
Debussy
Debussy
Debussy
Debussy
Œuvre
Trois morceaux pour piano, n° 2
Estampes, n° 1
Estampes, n° 2
Images, livre 1, n° 1
Images, livre 1, n° 3
Debussy
Debussy
Debussy
D’Indy
D’Indy
Fauré
Séverac
Séverac
Séverac
Images, livre 2, n° 1
Préludes, livre 1, n° 10
Préludes, livre 2, n° 2
Tableaux de voyage, op. 33, n° 5
Tableaux de voyage, op. 33, n° 13
Huit pièces brèves, op. 84, n° 8
Le chant de la terre, n° 1
Le chant de la terre, « Intermezzo »
Le chant de la terre, « Épilogue »
Mesure(s)
42, 43, 46, 47, 50, 51, 53-54, 55
27 (28, 29, 30)
99, 101-102 (103-104)
16-17
30-31 (38-39, 140-141, 148-149),
53-54 (57-58)
43, 44, 48 (49)
16 (17, 18)
41-43
1-6, 18-23, 25-30, 41-46
19-24, 94-96
11-14, 29-30
40, 42
21, 24-25, 68-77
103
L’exotisme peut se mêler aux cloches, si l’effet que créent les quintes parallèles
rappelle le gamelan ou les musiques orientales, comme c’est le cas dans « La terrasse des
audiences du clair de lune » (Préludes, livre 2, n° 7) de Debussy (mes. 42-43, exemple
5.55) ou dans la « Sarabande » de la suite Pour le piano (mes. 63-65) du même
compositeur. Dans ces exemples, l’utilisation du registre aigu et d’un tempo rapide
contribuent à renforcer l’effet oriental.
165
Exemple 5.55 – Debussy (1911-1913), Préludes, livre 2, n° 7 :
« La terrasse des audiences du clair de lune », mes. 42-45
Certains compositeurs semblent également associer la tristesse à la sonorité des
quintes parallèles. Satie, entre autres, dans sa Sonatine bureaucratique, utilise des quintes
parallèles sous les commentaires « Combien cela est triste » (mes. 105-106) et « Tout cela
est bien triste » (mes. 113-116, exemple 5.56). Dupont, quant à lui, illustre la mélancolie
des vagues avec des paires de quintes parallèles aux voix supérieures dans La maison dans
les dunes, n° 6 (mes. 1-8, 11-18, 32-39, 112-114, 190-196, 200-207, 221-227).
Exemple 5.56 – Satie (1917), Sonatine bureaucratique, mes. 113-116
Sans en être nécessairement directement responsable, les quintes parallèles sont
souvent associées à des sections où les compositeurs recherchent un effet trouble ou confus.
Debussy en utilise, même plusieurs fois, notamment dans le prélude « Les fées sont
d’exquises danseuses » (livre 2, n° 4, mes. 11-12) lors d’un moment de danse rapide, et
166
dans un effet de brouillard dans les préludes « Le vent dans la plaine » (livre 1, n° 3, mes.
26) et « La cathédrale engloutie » (livre 1, n° 10, mes. 1, 3, 5, 14-15, 19-20).
Dans ce type de quintes parallèles, l’auditeur prend davantage conscience de l’effet
et de ce qui le cause lorsqu’il connaît les titres ou le texte accompagnant une œuvre. Ce
type de quinte est donc surtout lié à des éléments extramusicaux, ce qui est confirmé par les
exemples tirés de notre étude.
Quintes en notes ornementales
La sonorité de quintes parallèles intéresse aussi les compositeurs de musique de piano entre
1880 et 1940 comme complément à l’harmonie principale, et ils l’utilisent sous forme de
notes ornementales, en série, entre les temps forts. Peu recommandé par les traités
d’harmonie, ce n’est pas un type de quintes très fréquent dans la musique de piano de
l’époque, mais il est tout de même présent. Roger-Ducasse nous en donne un exemple dans
la 8e variation (mes. 152) des Variations sur un choral où il répète une broderie de quintes
sur toute une mesure (exemple 5.57).
Exemple 5.57 – Roger-Ducasse (1914-1915), Variations sur un choral :
« 8e variation », mes. 150-152
Roussel, pour sa part, remplit un deuxième temps de doubles croches en quintes à la basse
dans la « Promenade sentimentale » (mes. 46) de Rustiques (exemple 5.58).
167
Exemple 5.58 – Roussel (1904-1906), Rustiques, op. 5,
n° 2 : « Promenade sentimentale », mes. 45-46
Les compositeurs peuvent aussi donner l’impression de quintes parallèles en les
utilisant sur des temps faibles successifs, impression souvent considérée moins forte que
sur les temps forts parce que les notes intermédiaires qui les séparent sont des notes
structurelles, donc des notes qui attirent l’oreille. Comme nous l’avons vu au
chapitre 2 (p. 51), ce procédé est acceptable selon Bazin (30), Rimski-Korsakov (66) et
Lavignac (43). Jacques Durand (25), Dupré (11, 13) et Kœchlin (Précis des règles du
contrepoint : 3) estiment toutefois que les quintes doivent être à plus d’une mesure de
distance (sauf quelques exceptions, chapitre 2, p. 34). Les compositeurs se rangent
davantage du côté des premiers théoriciens cités puisqu’ils placent souvent des quintes sur
des temps faibles successifs, donc à une mesure ou moins de distance. L’utilisation des
divers temps faibles est possible, soit au même endroit de mesures successives, sur des
temps faibles successifs à l’intérieur d’une même mesure ou sur des temps faibles à divers
moments de mesures successives. Schmitt utilise, par exemple, le troisième temps de trois
mesures successives dans le n° 6 : « Atys » de Pupazzi, op. 36 (exemple 5.59).
168
Exemple 5.59 – Schmitt (1907), Pupazzi, op. 36, n° 6 : « Atys », mes. 25-27
On trouve d’autres exemples de quintes sur des temps faibles dans le tableau 5.43.
Tableau 5.43 – Œuvres présentant des quintes sur temps faibles
Compositeur
Chaminade
Chausson
Chausson
Chrétien
Chrétien
Chrétien
D’Indy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
D’Indy
Enesco
Franck
Magnard
Œuvre
Écossaise, op. 151
Quelques danses, op. 26, n° 2
Quelques danses, op. 26, n° 4
Sonatine, n° 2, 2e mouvement
Sonatine, n° 3, 2e mouvement
Sonatine, n° 3, 2e mouvement
Tableaux de voyage, op. 33, n° 11
Schumanniana, op. 30, n° 2
Tableaux de voyage, op. 33, n° 3
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 2
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 2
Sonate en mi majeur, op. 63, n° 2
Sonata, op. 24, n° 3 : 1er mouvement
Prélude, aria et final, op. 23
Promenade, op. 7, n° 7
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Milhaud
Suite, op. 8, n° 5
Suite, op. 8, n° 5
Choral
L’album de Madame Bovary,
op. 128b, n° 11
L’album de Madame Bovary,
op. 128b, n° 4
Album pour mes petits amis, op. 14,
n° 3
Les soirées de Nazelles, FP 84, n° 6
Suite française d’après Claude
Gervaise, FP 80, n° 5
Suite française d’après Claude
Gervaise, FP 80, n° 7
Suite française d’après Claude
Gervaise, FP 80, n° 1
Milhaud
Pierné
Poulenc
Poulenc
Poulenc
Poulenc
Mesure(s)
149-151
23-25
63-64, 66-67
1-3
1-2 (33-34)
10-11
11-12
42
95-96
157 (159)
18
35-36
225-226
113-114
90-92
Description
2 temps (3/4)
2e temps (3/4)
2e-5e temps (6/4)
5e-3e-3e croche (6/8)
4e -2e croche (2/4)
2e temps (2/4)
6e-3e croche (6/8)
2e-4e temps (4/4)
2e temps (3/4)
4e-5e temps (5/4)
3e-5e temps (5/4)
2e temps (5/4)
2e-5e croche (6/8)
3e temps (4/4)
2e croche de chaque mesure
(2/4)
91-94
4e temps (4/4)
122-123
8e-4e croche (4/4)
6
2e-4e temps (5/4)
11-12, 15-16 2e croche mesure (6/8)
e
32-33
6e croche (6/8)
20
2e-4e croche (4/4)
14-15
31-32
2e-4e-2e croche (2/4)
6e-8e croche (4/4)
31 (52, 129, 2e-4e croche (2/4)
135)
19 (35, 56) 2e-4e croche (2/4)
169
Compositeur
Poulenc
Ravel
Ravel
Roger-Ducasse
Œuvre
Cinq impromptus, FP 21, n° 4
Le tombeau de Couperin, n° 4
Valses nobles et sentimentales, n° 1
Barcarolle, n° 2
Mesure(s)
26-27
63
46-48
70
Ropartz
Saint-Saëns
Saint-Saëns
Satie
Choral varié
Suite, op. 90, n° 1
Suite, op. 90, n° 2
Carnet d’esquisses et de croquis,
n° 11
Gnossienne, n° 5
89
23
127-128
5
Satie
Satie
Sauguet
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Schmitt
Séverac
Séverac
Séverac
Tailleferre
Trois nocturnes, n° 1
Pièces poétiques pour enfants,
livre 1, n° 6
Pupazzi, op. 36, n° 1
Pupazzi, op. 36, n° 1
Pupazzi, op. 36, n° 7
Soirs, op. 5, n° 5
Les naïades et le faune indiscret
Les naïades et le faune indiscret
Le chant de la terre, « Intermezzo »
Au pavillon d’Alsace
Description
3e temps (3/4)
2e-4e croche (2/4)
3e temps (3/4)
4e-6e-8e-10e-12e double
croche (6/8)
2e-4e temps (4/2)
4e-8e double croche (4/4)
3e temps (3/4)
2e-4e croche (2/4)
1-3 (15-17, 2e croche mesure (2/4)
24-26, 38-40)
21
3e-6e croches (12/8)
5
4e-12e double croche (3/4)
41-42
43-45
14, 26
18-19
20-22
135
33-34
37-44
2e-4e-2e noire (2/2)
2e noire (2/2)
4e-6e croche (3/4)
6e croche (3/4)
2e temps (2/4)
2e-4e double croche (4/4)
5e-2e temps (5/4)
2e-4e-6e double croche (3/8)
Avec ce tour d’horizon des différents types de quintes parallèles dans la musique
française de piano entre 1880 et 1940, nous avons pu véritablement constater l’importance
que prend chacun de ces types dans le répertoire, tel que mentionné dans le tableau 5.4
(p. 103) et découvrir comment les types de quintes parallèles se matérialisent dans le
répertoire. Le fait de savoir que les quintes parallèles enrichissant la texture, les quintes
avec notes ornementales et les quintes cadentielles sont les plus nombreuses dans le
répertoire, et comment elles se présentent dans ce contexte, nous aidera à définir le rôle des
quintes parallèles dans le langage pianistique de l’époque étudiée.
Conclusion
Après l’analyse des différents types de quintes parallèles dans la musique de piano en
France entre 1880 et 1940, nous pouvons tirer quelques conclusions sur l’utilisation de cet
élément dans l’écriture pianistique.
La prémisse de notre recherche entendait définir le rôle des quintes parallèles dans
le langage tonal français entre 1880 et 1940. Pour y parvenir, nous avons d’abord survolé
l’historique de cette interdiction, ses fondements et la place qu’elle occupe dans les traités
d’harmonie et de composition (chapitre 1 et 2). Cette étude nous a confirmé, dans un
premier temps, l’omniprésence de cette règle dans les traités étudiés (tableau 2.1, p. 25) et
dans un deuxième temps, la possibilité de nombreuses exceptions, lesquelles ont ouvert la
porte à des transgressions pures et simples (chapitre 2, p. 34 et suivantes). Au chapitre 3,
l’étude du contexte stylistique de l’époque comprise entre 1880 et 1940 et du statut
particulier de la tonalité au cours de cette période nous a permis de mettre en relation les
quintes parallèles avec les éléments marquants de l’époque et ainsi mieux juger de leur
impact. Finalement, la définition de neuf types de quintes parallèles au chapitre 4, et son
application à un échantillon de 900 œuvres au chapitre 5, nous a permis de préciser notre
compréhension du rôle des quintes parallèles à cette époque. Nous avons ainsi constaté que
le phénomène était assez répandu : plus de 70% des œuvres observées contiennent au
moins un exemple de quintes parallèles. Cet élément est également répandu chez la
majorité des compositeurs (97% de ceux observés), et ne semble pas se limiter à des formes
particulières. Notre étude a démontré que le type de quintes le plus présent dans notre
échantillon est celui par lequel les quintes créent un enrichissement de la texture (55% des
exemples recensés), suivi des quintes parallèles avec des notes ornementales (23%) et des
171
quintes parallèles cadentielles (8%). Ce qui nous amène à affirmer que le principal rôle des
quintes parallèles dans le langage pianistique entre 1880 et 1940 est le développement de la
texture et de sonorités nouvelles.
Tout d’abord, abordons la question de la texture. Comme plus de la moitié des
exemples se retrouvent dans cette catégorie, il est évident que les quintes parallèles ont une
influence dans ce domaine. Pourquoi les compositeurs ont-ils choisi cet élément,
particulièrement dans le contexte de la musique de piano? Leur choix s’inscrit dans une
démarche logique (bien qu’on puisse la croire intuitive jusqu’à un certain point) : la quinte
possède des propriétés acoustiques analogues à celles de l’octave; ainsi elle offre une
alternative au point de vue de la texture, plus particulièrement pour créer une texture de
masse. À l’image de l’orchestre où on ajoute des instruments pour obtenir un effet de
masse, au piano, on ajoute des voix. Le piano offre beaucoup de possibilités en termes de
puissance et de sonorité, mais elles sont limitées par certaines contraintes techniques
inhérentes à la pratique de l’instrument : on ne peut indéfiniment doubler les voix à l’octave
(la main humaine a ses limites) et la puissance sonore finit également par atteindre son
maximum : même en appuyant à cinq doigts sur une touche, elle ne sonnera pas plus fort.
L’ajout de la quinte, qui agit comme doublure de la voix (certains auteurs comme Riemann
vont même jusqu’à affirmer qu’on peut la confondre avec l’unisson ou l’octave1) est un
moyen tout désigné pour développer la texture dans le répertoire de cet instrument. Cette
technique n’est cependant pas si nouvelle : au chapitre 1 (p. 13), nous mentionnions que le
moine Hucbald de Saint-Amand suggérait qu’un redoublement à la quinte enrichit la
1
Hugo Riemann, Manuel de l’harmonie, traduit de la 3e édition allemande (1897) par Calvocoressi (Leipzig :
Breitkopf & Härtel, 1902), 29-30.
172
couleur de la ligne musicale par l’accroissement sonore qu’il procure au chant 2. L’effet
« nouveau » entre 1880 et 1940, est l’application de plus en plus répandue de ce principe à
la musique pour piano, instrument dont la facture s’est beaucoup développée dans les
années précédant notre période d’étude3.
Ensuite, l’utilisation des quintes parallèles s’inscrit dans la recherche de nouvelles
sonorités propre à l’époque étudiée. La recherche de sonorités floues se conjugue bien avec
la dureté et la lourdeur des quintes rapportée dans les traités. On peut considérer encore ici
les quintes enrichissant la texture, mais c’est surtout les quintes avec des notes
ornementales qui sont concernées, auxquelles on peut ajouter les quintes créant un effet
particulier et les quintes en notes ornementales. Ces trois types de quintes font l’objet, à
divers degrés, de permissions dans les traités d’harmonie. Leur emploi n’est donc pas
surprenant outre mesure, on peut même supposer qu’il a été le point de départ d’une
utilisation plus importante ou dans d’autres buts, comme la texture que nous évoquions
précédemment. En effet, les quintes avec notes ornementales, de même que celles en notes
ornementales, s’ajoutent au système déjà en place (notes structurelles). Elles peuvent même
résulter d’« erreurs » que les compositeurs auraient finalement conservées, trouvant le son
intéressant. Un compositeur qui recherche de nouvelles sonorités peut ainsi être tenté
d’adopter cet élément d’écriture, voire à l’intégrer à son style compositionnel. On peut
penser que la recherche de sonorités nouvelles jumelée à un retour aux styles anciens
comme l’organum ont pu contribuer à populariser l’utilisation des quintes parallèles,
surtout dans le cas de quintes créant un effet particulier. Cette sonorité a paru nouvelle, car
2
Hucbald de Saint-Amand, « De Institutione », dans Hucbald, Guido and John on Music, sous la direction de
Claude Palisca (New Haven: Yale University Press, 1979), cité dans Wanda Therese Farah,
« Microcounterpoint », dans « The Principle of Counterpoint and Its Expression in Music, Dance and
Cinema » (thèse de doctorat, University of Texas at Austin, 1985), 78.
3
Edwin M. Ripin et al. « Pianoforte », dans Grove Music Online. Oxford Music Online, <http://www
.oxfordmusiconline.com.res.banq.qc.ca/subscriber/article/grove/music/21631> (consulté le 7 juin 2012).
173
elle avait un peu été mise de côté avec l’application de la règle interdisant les quintes. Si on
ajoute à ça le fait qu’à cette époque, les compositeurs cherchent à prendre leurs distances
par rapport aux règles des traités, la table était mise pour une utilisation marquée de cet
élément. Les compositeurs peuvent l’avoir choisi autant pour son côté « ancien » que
« différent ».
Ils
exploitent
donc
les
quintes
parallèles
dans
leur
démarche
compositionnelle : effet de cloches, effet confus, notes de passage, broderies, etc. Les
quintes deviennent ainsi un élément caractéristique parmi d’autres dans la sonorité de la
musique de piano entre 1880 et 1940.
Maintenant que nous avons analysé le rôle des quintes parallèles, ajoutons quelques
mots sur l’impact de leur utilisation dans le langage, dont les deux aspects principaux sont
l’émancipation des règles et la démocratisation du piano.
Concernant l’émancipation des règles, signalons un paradoxe qui ressort de cette
recherche. Dans les chapitres 1 et 2, nous évoquions le fait que l’une des principales
justifications des auteurs de traités pour interdire les quintes parallèles est le fait que « ça
sonne mal », que « ça sonne dur ». Dans la conclusion, nous affirmons que les quintes
jouent un rôle en lien avec la texture et la sonorité. Est-ce à dire que la musique de piano
entre 1880 et 1940 sonne mal et dur? Certainement pas. Il y a tout de même lieu de se
questionner. Selon moi, les théoriciens ont maintenu des règles sévères dans leurs traités
afin de cultiver la rigueur du langage, la pureté du style et éloigner la facilité de « faire
n’importe quoi ». Ce fait a pu parfois même contribuer à développer le langage, comme
l’affirme Kœchlin : « Cette interdiction était une des difficultés qui incitent les musiciens à
trouver des variantes. Elle les contraignit d’assouplir leur style; au besoin, elle les conduisit
à la découverte de nouveaux enchaînements d’accords et leur fit trouver des harmonisations
174
inédites4. » Et selon Arnold Schoenberg (1874-1951), l’interdiction des quintes a toujours
semblé posséder quelque chose d’authentique qui a simplement été faussement interprété,
soit une certaine peur de la consonance qui a pu pousser les compositeurs des époques
antérieures à la nôtre à intégrer dans leurs œuvres ces consonances éloignées que sont les
dissonances5. Ainsi, les théoriciens ne recherchent pas tant une sonorité « agréable » qu’une
sonorité au « style pur ». Cette recherche de sonorité « agréable » n’est donc qu’un prétexte
pour inciter les compositeurs à aller plus loin, prétexte qui au bout du compte a peu de
chose à voir avec le concept de « beauté ». De leur côté, les compositeurs réagissent avec
leur sensibilité et leur oreille, qui leur commandent l’utilisation de quintes parallèles
comme moyen efficace d’enrichir la texture de leurs œuvres, ou parfois comme moyen de
créer intentionnellement un effet de « son mauvais » (ou de son « différent », par
opposition au son « habituel ») qui n’est pas considéré dans la théorie du style rigoureux.
Certains en trouvent même la sonorité agréable. Nous avons déjà cité Kœchlin qui leur
donne raison en trouvant la sonorité des quintes excellente6, et Matthew Shirlaw est du
même avis, affirmant que le répertoire moderne donne la preuve que les quintes parallèles
sont souvent remarquablement efficaces et parfois même charmantes7.
L’impact de l’émancipation des règles ne s’applique pas seulement à la règle des
quintes parallèles proprement dite, mais également aux règles de conduite des voix, et
d’indépendance des voix plus particulièrement. La multiplication des parallélismes
d’accords et l’émancipation de la dissonance amènent une nouvelle perception de
l’harmonie, réinventent les règles. Le parallélisme n’est plus une faute, les dissonances ne
4
Charles Kœchlin, Traité de l’harmonie, vol. 1 (Paris : Eschig, 1927-1930), 14.
Arnold Schoenberg, Traité d’harmonie, traduit de l’allemand et présenté par Gérad Gubish (Paris : J.-C.
Lattès, 1983), 99.
6
Kœchlin, Traité de l’harmonie, vol. 1, 14.
7
Matthew Shirlaw, « Aesthetic – and Consecutive Fifths », Music Review 10 (1949): 89.
5
175
sont plus résolues systématiquement. L’utilisation des quintes parallèles n’en est pas la
cause directe, mais elle s’inscrit dans la démarche globale. En n’accordant plus autant
d’importance à la rigueur dans la conduite des voix, les compositeurs ont mis l’accent sur
d’autres éléments, comme la mélodie, le rythme et les dynamiques, qui prennent une
importance nouvelle au détriment de l’harmonie. En effet, les compositeurs ne recherchant
plus autant à complexifier l’harmonie et à inventer de nouveaux accords ou de nouveaux
enchaînements, ils sont entraînés à développer les autres paramètres. Il ne faudrait pas trop
généraliser en parlant de cause directe des quintes parallèles sur le langage musical, mais
nous pouvons dire que l’utilisation du parallélisme et des quintes parallèles est concomitant
aux changements harmoniques de cette époque et que son impact, sans être extraordinaire,
est bien réel.
Finalement, l’enrichissement de la texture créée par le parallélisme a contribué à
rehausser le rôle du piano comme alternative à l’orchestre. Les quintes rendant possible
l’obtention d’un accroissement de texture sans faire appel à de grands moyens, elles ont en
quelque sorte démocratisé la pratique de l’instrument. Elles permettent surtout de mettre en
valeur l’étendue des possibilités de l’instrument et sa polyvalence. Il existe à cette époque
une certaine rivalité entre le piano et l’orchestre, et les nombreuses transcriptions d’œuvres
de l’un vers l’autre, notamment chez Ravel et Chabrier, nous montrent bien les liens qui les
unissent, et l’influence qu’ils peuvent avoir l’un sur l’autre. Il y aurait ici matière à
plusieurs recherches sous-jacentes à notre sujet principal. Par exemple, l’utilisation des
quintes parallèles pourrait être étudiée dans le cadre d’une recherche sur la différence entre
les versions pour piano et pour orchestre d’une même œuvre, dans le cas où les questions
de texture pourraient s’y prêter. Mentionnons aussi l’utilisation de la pédale au piano,
souvent laissée à la discrétion de l’interprète ou indiquée de façon sommaire par le
176
compositeur, qui peut contribuer à créer une texture analogue à celle de l’orchestre 8. Il
pourrait être intéressant de se demander si les compositeurs n’ont pas vu, dans l’effet de
résonance, un moyen de camoufler les quintes parallèles (à l’instar des mixtures de
l’orgue), ou si la résonance ne crée justement pas davantage de quintes parallèles (ou
d’effet de quintes parallèles) à l’audition. Il pourrait de même être intéressant de se pencher
sur le rôle des quintes parallèles dans les pièces orchestrales ayant une grande densité de
texture, ou de vérifier si les conclusions de ce mémoire pourraient s’appliquer à un autre
media, par exemple, la musique pour chœur, où la conduite individuelle de chacune des
voix est un élément plus préoccupant que dans le cas de la musique de piano, mais où il est
raisonnable de croire que les préoccupations de texture et de sonorité ne sont pas moins
présentes.
8
Voir Roy Howat, « Orchestral Thinking and the Pedals », dans The Art of French Piano Music. Debussy,
Ravel, Fauré, Chabrier, 279-293 (New Haven : Yale University Press, 2009).
Annexe 1
Traités d’harmonie, de contrepoint et de composition étudiés dans la recherche
Les traités sont présentés par ordre chronologique de parution en France. Les lieux de publication ont été omis pour alléger la
présentation.
Auteur
Charles-Simon Catel (1773-1830)
Anton Reicha (1770-1836)
Victor Derode (1797-1867)
Mathurin Auguste Balthasar
Barbereau (1799-1879)
Nanine et Émile Chevé (1804-1864)
François Bazin (1816-1878)
François Auguste Gevaert (18281908)
Napoléon Henri Reber (1807-1880)
Luigi Cherubini (1760-1842)
François-Joseph Fétis (1784-1871)
Marie Augustin Savard (1814-1881)
Paul Wachs (1851-1915)
Émile Durand (1830-1903)
Titre du traité
Traité d’harmonie adoptée par le Conservatoire pour
servir à l’étude dans cet établissement
Cours de composition musicale : ou, Traité complet et
raisonné d’harmonie pratique
Introduction à l’étude de l’harmonie ou Exposition
d’une nouvelle théorie de cette science
Traité théorique et pratique de composition musicale,
vol. 1
Méthode élémentaire d’harmonie, vol. 1
Cours d’harmonie théorique et pratique
Méthode d’harmonie et d’accompagnement, contenant
tout ce qui est nécessaire pour acquérir en peu de temps
et sans le secours d’un maître, une connaissance
théorique et pratique de l’harmonie et de la basse
chiffrée, par Albert Xennig [pseudo]
Traité d’harmonie
Theorie des Contrapunktes und der Fuge / Cours de
contre-point et de fugue
Traité complet de la théorie et de la pratique de
l’harmonie, contenant la doctrine de la science et de
l’art
Traité du contrepoint et de la fugue
Cours complet d’harmonie théorique et pratique, vol. 1
Petit traité pratique de contrepoint et de fugue
Traité complet d’harmonie théorique et pratique, vol. 1
Adresse bibliographique
Janet et Cotelle, 1802.
Gambaro, 1818.
Treuttel et Wurtz, 1828.
2 vol. Schonenberger, 1844.
2 vol. Chez les auteurs, 1856.
9e éd. Lemoine, 1857.
2e éd. Cranz, 1857.
Gallet et fils, 1949 (1862).
Kistner (1835); Paris : Schlesinger, 1864.
9e éd. Brandus et Dufour, 1867.
Otoo Zeller Verlag, 1972 (1825).
2 vol. 3e éd. Girod, 1868.
Hamelle, 1877.
3 vol. Leduc, 1882.
178
Auteur
Salomon Jadassohn (1831-1902)
Albert-Joseph Vivier (1816-1903)
Bernardin Rahn (1824-?)
Hugo Riemann (1849-1919)
Émile Pierre Ratez (1851-1934)
Albert Lavignac (1846-1916)
Anselme Vinée (1847-1921)
Nikolaï Andreyevitch RimskiKorsakov (1844-1908)
Ernst Friedrich Richter (1808-1879)
René Lenormand (1846-1932)
Jacques Durand (1865-1928)
Paul Gilson (1865-1942)
Théodore Dubois (1837-1924)
Charles Kœchlin (1867-1950)
George Caussade (1873-1936)
Marcel Dupré (1886-1971)
Titre du traité
Traité de contrepoint simple, double, triple et
quadruple
Traité d’harmonie, théorique, pratique, vocale et
instrumentale, contenant les principes fondamentaux au
moyen desquels on découvre l’origine de tous les
accords et les lois de succession qui les régissent
Méthode Rahn ou l’harmonie popularisée : méthode
entièrement nouvelle par sa conception, le fond et la
forme de ses procédés
Manuel de l’harmonie
Traité d’harmonie théorique et pratique
Cours d’harmonie, théorique et pratique
Principes du Système musical et de l’Harmonie
théorique et appliquée
Traité d’harmonie théorique et pratique
Traité d’harmonie théorique et pratique
Étude sur l’harmonie moderne
Éléments d’harmonie à l’usage des débutants : suivis
d’exemples tirés d’œuvres anciennes et modernes
Traité d’harmonie : en trois volumes
Traité d’harmonie théorique et pratique
Traité de l’harmonie, 3 vol.
Précis des règles du contrepoint : avec des exemples
(séries complètes) à 2, 3 et 4 parties
Techniques de l’harmonie, vol. 1
Cours de contrepoint
Adresse bibliographique
Traduit de l’allemand par Mathieu Jodin. 3e éd.
(1883). Breitkopf & Haertel, 1896.
Lumay, 1890.
Chez l’auteur, 1895.
Traduit de la 3e édition allemande (1897) par
Calvocoressi. Breitkopf & Härtel, 1902.
Leduc, 1908.
Lemoine, 1909.
Hamelle, 1909.
Traduit de la 3e édition russe (1893) par Félix
Dorfmann. Leduc, 1910.
Traduit de l’allemand par Gustave Sandré. 9e éd.
Breitkopf & Haertel, 1911.
Le monde musical, 1912.
Durand, 1919.
Cranz, 1919-1926.
Heugel, 1921.
Eschig, 1927-1930.
Heugel, 2000 (1927).
2 vol. Lemoine, 1931.
Leduc, 1938.
179
Annexe 2
Liste des œuvres consultées contenant des quintes parallèles
La colonne « Date » correspond à la date (ou l’intervalle) de composition, ou, le cas échéant, l’année de la première publication de
l’œuvre. On y a ajouté la date de révision lorsqu’applicable.
Les lieux de publications ont été retirés de l’adresse bibliographique afin d’alléger la présentation.
Les entrées ayant la mention (IMSLP) ont été consultées à partir du site International Music Score Library Project, sous la direction
d’Edward W. Guo, <http://imslp.org/> (consulté entre 15 juin 2009 et le 15 août 2011).
Compositeur
Alain, Jehan (1911-1940)
Aubert, Louis (1877-1968)
Titre
Togo, AWV 3
Ecce ancilla Domini, AWV 4
Étude sur un thème de quatre notes, AWV 6
Étude sur les double notes, AWV 15
Petite rhapsodie, AWV 17
Heureusement, la bonne fée sa marraine y mit bon
ordre, AWV 23
Mythologies japonaises : « choral et variations »,
AWV 28
Un cercle d'argent, AWV 31 (Trois minutes)
Romance, AWV 34 (Trois minutes)
Histoire d'un homme qui joue la trompette dans la
forêt vierge, AWV 69
Prélude, AWV 88
Tarass boulba, AWV 90
Thème varié
Romance, op. 2
Lutins, op. 11
Sillages, op. 27
n° 1 : « Sur le rivage »
n° 2 : « Socorry »
n° 3 : « Dans la nuit »
Date
1929
1929
1929
1930
1931
1931
Adresse bibliographique
L’œuvre de piano, vol. 2. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 2. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 3. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 2. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 3. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 1. Leduc, 1944.
1932
L’œuvre de piano, vol. 1. Leduc, 1944.
1932
1932
1935
L’œuvre de piano, vol. 1. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 1. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 2. Leduc, 1944.
1936
1936
1944
1897
1903
1908-13
L’œuvre de piano, vol. 2. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 3. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 2. Leduc, 1944.
Durand, [1912]
Durand, 1900.
Durand, 1913
180
Compositeur
Auric, George (1899-1983)
Auric, George (1899-1983)
Titre
Gaspar et Zoé où [sic] L’après-midi dans un parc
Prélude (Album des Six)
Date
1914
1919
Adresse bibliographique
W. Hansen Musik-Forlag, 1927.
Album des Six : pour piano. Eschig, 1970.
1919-20
Sirène musicale, 1920.
1922
Rouart Lerolle, et cie, 1923.
1940
Eschig, 1970.
1941
Eschig, 1970.
Bonis, Mel (1858-1937)
Trois pastorales
n° 1 : « Vif et rude »
n° 2 : « Modérément animé et dans un sentiment
très calme »
n° 3 : « Très vif et très net »
Sonatine
n° 1 : « Allegro »
n° 2 : « Andante »
n° 3 : « Finale : Presto »
Trois impromptus
n° 1 : « Impromptu en ut majeur »
n° 2 : « Impromptu en fa majeur »
n° 3 : « Impromptu en ré majeur »
Neuf pièces brèves
n° 1 : « Réveil »
n° 2 : « Romance sans paroles »
n° 3 : « Valse »
n° 6 : « Sicilienne »
Phoebé, op. 30
1897
(1re éd.)
1899
(1re éd.)
1901
(1re éd.)
1904
(1re éd.)
1905
(1re éd.)
1909
(1re éd.)
Trois pièces pour piano. Alphonse Leduc,
1909. (IMSLP)
Œuvres pour piano, vol. 4. Furore Verlag,
2003.
Œuvres pour piano, vol. 4. Furore Verlag,
2003.
Pavane, Sarabande, Bourrée. Demets,
1904-1909. (IMSLP)
Œuvres pour piano, vol. 4. Furore Verlag,
2003.
Pavane, Sarabande, Bourrée. Demets,
1904-1909. (IMSLP)
Barcarolle-étude, op. 43
Prélude en la bémol majeur, op. 51
Bourrée, op. 62-1
Barcarolle en mi bémol, op. 71
Pavane, op. 81-1
181
Compositeur
Bonis, Mel (1858-1937)
Titre
Sarabande, op. 82-1
Salomé, op. 100a
Ophélie, op. 165
Viviane, op. 8
La cathédrale blessée, op. 107
Mélisande, op. 109
Étude de concert (en sol bémol majeur), op. 136
Sevilliana, op. 125
Boulanger, Lili (1893-1918)
Casadesus, Robert (1899-1972)
Trois morceaux pour piano
n° 1 : « D’un vieux jardin »
n° 2 : « D’un jardin clair »
n° 3 : « Cortège »
24 préludes, op. 5 : « 1er cahier »
n° 1 : « Léger et fantasque »
n° 2 : « Triste et doux. Lent (dans le style d’une
berceuse populaire »
n° 3 : « Assez lent mais doux et allant –
Balancé »
n° 5 : (Sur le nom de Ronsard en l’honneur de
son 4e centenaire) « Lent et recueilli »
n° 6 : « Très léger et assez vif »
Date
1909
(1re éd.)
1909
(1re éd.)
1909
(1re éd.)
1909
(1re éd.)
1915
1922
(1re éd.)
1927
1928
(1re éd.)
1914
1924
Adresse bibliographique
Pavane, Sarabande, Bourrée. Demets,
1904-1909. (IMSLP)
Trois pièces pour piano. Leduc, 1909.
(IMSLP)
Œuvres pour piano, vol. 1. Furore Verlag,
2003.
Œuvres pour piano, vol. 1. Furore Verlag,
2003.
Œuvres pour piano, vol. 4. Furore Verlag,
2003.
Cinq pièces pour piano. Leduc, 1925.
(IMSLP)
Œuvres pour piano, vol. 4. Furore Verlag,
2003.
Eschig, 1928. (IMSLP)
Schirmer, 1918. Réimpression (réédition),
1979. (IMSLP)
Eschig, 1925.
182
Compositeur
Casadesus, Robert (1899-1972)
Casella, Alfredo (1883-1947)
Chabrier, Emmanuel (1841-1894)
Titre
24 préludes, op. 5 : « 2e cahier »
n° 7 : « Très lent (porté avec profondeur) »
n° 8 : « Simplement »
n° 10 : « Énergique et sauvage (Assez vite) »
n° 11 : « Très lent gravement expressif »
n° 12 : « Vif doux et fluide »
24 préludes, op. 5 : « 3e cahier »
n° 13 : « Allant et simple, doux et tendre »
n° 14 : « Mouvement de valse (assez animé)
n° 15 : « Pas trop vite. Nerveusement rythmé
(dans le goût espagnol) »
n° 16 : « Pas vite _ Élégamment_Intime »
n° 18: « Monotone et lointain »
24 préludes, op. 5 : « 4e cahier »
n° 19 : « Allant, simple et balancé »
n° 20 : « Lent et grave »
n° 21 : « Joyeux et avec entrain (vif) »
n° 22 : « Naïvement (dans le style ancien) »
n° 23 : « Rude et bien scandé (mouvement de
bourrée) »
n° 24 : « Doux et tranquille »
Ricercare sul nome B.A.C.H., op. 52
Date
1924
Adresse bibliographique
Eschig, 1925.
1924
Eschig, 1925.
1924
Eschig, 1925.
1932
Dix pièces pittoresques
n° 1 : « Paysage »
n° 2 : « Mélancolie »
n° 3 : « Tourbillon »
n° 5 : « Mauresque »
n° 6 : « Idylle »
n° 7 : « Danse villageoise »
n° 9 : « Menuet pompeux »
1880-81
Roussel, Albert, dir. Hommage à Bach.
Revue musicale, 1932.
Enoch, n.d. (v. 1881). Probablement
scannée d’une réimpression aux éditions
Dover. (IMSLP)
183
Compositeur
Chabrier, Emmanuel (1841-1894)
Chaminade, Cécile (1857-1944)
Aubade
Titre
Date
1883
Habanera
1885
Caprice
[1889?]
Feuillet d’album
[1889?]
Sonata, op. 21
n° 1 : « Allegro appassionato »
n° 2 : « Andante »
n° 3 : « Allegro »
Callirhoë, op. 37, n° 3 : « Pas des écharpes (Scarf
Dance) »
1881
Pièce dans le style ancien, op. 74
Six romances sans paroles, op. 76
n° 4 : « Églogue »
n° 5 : « Chanson bretonne »
n° 6 : « Méditation »
Danse créole, op. 94, n° 1
Caprice humoristique, op. 113
Les noces d’or, fantaisie pour piano (d’après
l’op. 20)
Souvenirs lointains, op. 111
Caprice-impromptu, op. 153
Écossaise, op. 151
Interlude, op. 152
1893
1894
Smith, Gail, dir. Great Women
Composers. Creative Keyboard
Publications, 1996.
Enoch, 1893.
Masters Music Publications, 1980.
1898
1904
1907
Enoch, 1898. (IMSLP)
Masters Music Publications, 2007.
John Church Co, 1908.
1911
1914
1914
1914
Masters Music Publications, 2007.
Enoch, 1914.
Enoch, 1914.
Enoch, 1914.
1888
Adresse bibliographique
Enoch, n.d. (1897). Probablement scannée
d’une réimpression aux éditions Dover.
(IMSLP)
Enoch, n.d. (1885). 1re éd. Probablement
scannée d’une réimpression aux éditions
Dover. (IMSLP)
Enoch, n.d. (1897). Probablement scannée
d’une réimpression aux éditions Dover.
(IMSLP)
Enoch, n.d. (1897). Probablement scannée
d’une réimpression aux éditions Dover.
(IMSLP)
Enoch, 1895. (IMSLP)
184
Compositeur
Chausson, Ernest (1855-1899)
Chrétien, Hedwige (1859-1944)
Debussy, Claude Achille (18621918)
Titre
Paysage, op. 38
Quelques danses, op. 26
n° 2 : « Sarabande »
n° 3 : « Pavane »
n° 4 : « Forlane »
Valse berceuse
Les lutins
Sonatine, n° 1 : « Pastorale »
n° 4 : « Final »
Sonatine, n° 2 (« Dès l’aurore »)
n° 1 : « Allegretto »
n° 2 : « Andante »
n° 4 : « Trio »
n° 5 : « Final »
Sonatine, n° 3 (« Joyeuse nouvelle »)
n° 2 : « Andante espressivo »
Deux arabesques
n° 1
n° 2
Ballade (1re éd. : Ballade slave)
Rêverie
Suite bergamasque
n° 1 : « Prélude »
n° 2 : « Menuet »
n° 4 : « Passepied »
Date
1895
1896
1905
Avant
1907
1921
1921
1921
1888
v. 1890
(1re éd.),
1903 (2e
éd.)
v. 1890
Adresse bibliographique
Piano Music : A Collection of Piano
Music. Salabert, 1978.
Piano Music : A Collection of Piano
Music. Salabert, 1978.
Leduc, 1905. (IMSLP)
Ernest Lacombe, (avant 1907). (IMSLP)
Sonatines pour piano. Evette & Schaeffer,
1921. (IMSLP)
Sonatines pour piano. Evette & Schaeffer,
1921. (IMSLP)
Sonatines pour piano. Evette & Schaeffer,
1921. (IMSLP)
Durand et Schoenewerk, n.d. (1891).
Réimpression, Dover Publications, 1974.
(IMSLP)
Fromont, 1903. 2e éd. Réimpression,
Dover Publications, 1974. (IMSLP)
Fromont, (1905). Réimpression, Dover
Publications, 1974. (IMSLP)
v. 1890, Fromont, 1905. Réimpression,
rév. 1905 Publications, 1974. (IMSLP)
185
Compositeur
Debussy, Claude Achille (18621918)
Titre
Danse (1re éd. : Tarentelle styrienne )
Valse romantique
Date
v. 1890
(1re éd.),
1903 (2e
éd.)
v. 1890
Pour le piano
n° 1 : « Prélude »
n° 2 : « Sarabande »
n° 3 : « Toccata »
Images, série 1
n° 1 : « Reflets dans l’eau »
n° 2 : « Hommage à Rameau »
n° 3 : « Mouvement »
Estampes
n° 1 : « Pagodes »
n° 2 : « La soirée dans Grenade »
n° 3 : « Jardins sous la pluie »
D’un cahier d’esquisses
18941901
L’isle joyeuse
Masques
Children’s Corner
n° 1 : « Doctor Gradus ad Parnassum »
n° 4 : « The Snow is Dancing »
n° 5 : « The Little Shepherd »
n° 6 : « Golliwogg’s Cake-Walk »
Images, série 2
n° 1 : « Cloches à travers les feuilles »
n° 2 : « Et la lune descend sur le temple qui fut »
n° 3 : « Poissons d’or »
1903-4
1903-4
1906-8
Adresse bibliographique
Fromont, 1903. 2e éd. Réimpression,
Dover Publications, 1974. (IMSLP)
Choudens, (1891). Probablement scannée
d’une réimpression aux éditions Dover.
(IMSLP)
Fromont, 1901. Réimpression de la 1re éd.
(IMSLP)
1901-5
Durand, 1905. Réimpression, New York :
Dover Publications, 1974. (IMSLP)
1903
Durand, 1903. (IMSLP)
1903-4
Schott Frères, 1904. Réimpression, Dover
Publications, 1974. (IMSLP)
Durand, 1904. (IMSLP)
Durand, 1904. (IMSLP)
Durand, 1908. (IMSLP)
1907
Durand, 1908. Réimpression, Dover
Publications, 1992. (IMSLP)
186
Compositeur
Debussy, Claude Achille (18621918)
Decaux, Abel (1869-1941)
Titre
Date
Préludes, livre 1
1909-10
n° 1 : « Danseuses de Delphes »
n° 2 : « Voiles »
n° 3 : « Le vent dans la plaine »
n° 4 : « Les sons et les parfums tournent dans l’air
du soir »
n° 5 : « Les collines d’Anacapri »
n° 6 : « Des pas sur la neige »
n° 7 : « Ce qu’a vu le vent d’ouest »
n° 8 : « La fille aux cheveux de lin »
n° 9 : « La sérénade interrompue »
n° 10 : « La cathédrale engloutie »
n° 11 : « La danse de Puck »
n° 12 : « Minstrels »
Préludes, livre 2
1911-13
n° 1 : « Brouillards »
n° 2 : « Feuilles mortes »
n° 3 : « La puerta del vino »
n° 4 : « Les fées sont d’exquises danseuses »
n° 5 : « Bruyères »
n° 6 : « General Lavine – eccentric »
n° 7 : « La terrasse des audiences du clair de
lune »
n° 8 : « Ondine »
n° 9 : « Hommage à S. Pickwick Esq.
P. P. M. P. C. »
n° 10 : « Canope »
n° 12 : « Feux d’artifice »
Berceuse héroïque
1914
Clair de lune, n° 1 : « Minuit passe »
Clair de lune, n° 3 : « Le cimetière »
1900
1907
Adresse bibliographique
Durand, 1910. (IMSLP)
Durand, 1913. (IMSLP)
Durand, 1915. Réimpression, Dover
Publications, 1992. (IMSLP)
Clairs de lune. Chapelier, 1913. (IMSLP)
Clairs de lune. Chapelier, 1913. (IMSLP)
187
Compositeur
Delannoy, Marcel (1898-1962)
D’Indy, Vincent (1851-1931)
Dukas, Paul (1865-1935)
Titre
Dîner sur l’eau
Petite sonate dans la forme classique, op. 9
n° 1 : « Allegro energico »
n° 2 : « Andante espressivo »
n° 4 : « Finale »
Schumanniana, op. 30 (Trois chants sans paroles)
n° 1 : « Modéré, sans lenteur »
n° 2 : « Assez vite »
Tableaux de voyage, op. 33
n° 3 : « Pâturage »
n° 4 : « Lac Vert »
n° 5 : « Le Glas »
n° 7 : « Fête de Village »
n° 9 : « Départ matinal »
n° 11 : « Beuron »
n° 12 : « La Pluie »
n° 13 : « Rêve »
Sonate en mi majeur, op. 63
n° 1 : « Modéré »
n° 2 : « Très animé »
n° 3 : « Modéré »
Douze petites pièces faciles dans le style classique
de la fin du XVIIIe siècle, op. 69
n° 11 : « Modéré »
n° 12 : « Allegro non troppo »
Menuet sur le nom d’Haydn, op. 65
Fantaisie sur un vieil air de ronde française, op. 99
Prélude élégiaque sur le nom de Haydn
Date
1937
1880
Adresse bibliographique
À l’exposition : illustrations musicales.
Deiss, 1937.
Hamelle, n.d. (1888). (IMSLP)
1887
Hamelle, n.d. (ca.1890). (IMSLP)
1889
Leduc, 1920.
1907
Durand, 1908. (IMSLP)
1908-15
Henn, 1919.
1909
1930
1909
Durand, 1910. (IMSLP)
Heugel, 1932. (IMSLP)
Durand, 1910.
188
Compositeur
Dupont, Gabriel (1879-1914)
Durey, Louis (1888-1979)
Titre
Les heures dolentes
n° 1 : « Epigraphe »
n° 2 : « Le soir tombe dans la chambre »
n° 3 : « Du soleil au jardin »
n° 4 : « Chanson de la pluie »
n° 5 : « Après-midi de dimanche »
n° 7 : « Une amie est venue avec des fleurs »
n° 8 : « La chanson du vent »
n° 9 : « Au coin du feu »
n° 10 : « Coquetteries »
n° 11 : « La mort rôde »
n° 12 : « Des enfants jouent dans le jardin »
n° 13 : « Nuit blanche – Hallucinations »
n° 14 : « Calme »
La maison dans les dunes
n° 1 : « Dans les dunes par un clair matin »
n° 2 : « Voiles sur l’eau »
n° 3 : « La maison du souvenir »
n° 4 : « Mon frère le Vent et ma sœur la Pluie »
« Journée de février dans une petite ville »
n° 5 : « Mélancolie du bonheur »
« Dimanche de Pâques, au large… »
n° 6 : « Le soleil se joue dans les vagues »
n° 7 : « Le soir dans les pins »
n° 8 : « Le bruissement de la mer la nuit »
n° 9 : « Clair d’étoiles »
n° 10 : « Houles »
Romance sans paroles, op. 21
Dix inventions, op. 41a (d’après l’op. 35)
n° 4 : « Lent et grave »
n° 7 : « Modéré »
n° 9 : « Modéré (mélancolique) »
n° 10 : « Très animé »
Date
1905
Adresse bibliographique
Heugel, 1905. (IMSPL)
1909
Heugel, 1910. (IMSLP)
1919
1924-28
Album des Six. Eschig, 1920.
Éditions musicales transatlantiques, 1980.
189
Compositeur
Enesco, Georges (1881-1955)
Fauré, Gabriel (1845-1924)
Ferroud, Pierre Octave (19001936)
Françaix, Jean (1912-1997)
Titre
Sonata, op. 24, n° 3
n° 1 : « Vivace con brio »
n° 2 : « Andantino cantabile »
n° 3 : « Allegro con spirito »
Huit pièces brèves, op. 84
n° 3 : « Fugue »
n° 4 : « Adagietto »
n° 5 : « Improvisation »
n° 8 : « Nocturne »
Impromptu, op. 25, n° 1
Nocturne, op. 33
n° 1 : « Lento »
n° 2 : « Andante espressivo »
n° 3 : « Andante con moto »
Barcarolle, op. 44, n° 4
Date
1935
Adresse bibliographique
Salabert, 1984.
18691902
Hamelle, n.d. (1903). (IMSLP)
1881
1881
Hamelle, n.d. (ca.1880). (IMSLP)
Hamelle, n.d. (ca. 1883). (IMSLP)
1886
Valse-caprice, op. 59, n° 3
Barcarolle, op. 104/2, n° 10
1887-93
1913
Nocturne, op. 107, n° 12
Barcarolle, op. 116, n° 13
Nocturne, op. 119, n° 13
Au parc Monceau
n° 1 : « Chat jouant avec des moineaux »
n° 2 : « Sur le banc »
n° 3 : « Nonchalante »
n° 4 : « Bambins »
Sonatine
n° 1 : « Allegro molto e risoluto »
n° 3 : « Vivace »
The Bacchante Blues (Treize danses)
Scherzo
1915
1921
1921
1921
Hamelle, n.d. (1886). Réimpression,
Dover Publications, 1994. (IMSLP)
Hamelle, n.d. (1893). (IMSLP)
Durand, 1913. Réimpression, Dover
Publications, 1994. (IMSLP)
Durand, 1916. (IMSLP)
Durand, 1921. (IMSLP)
Durand, 1922. (IMSLP)
Rouart, Lerolle et Cie, 1925. (IMSLP)
1928
Durand, 1928. (IMSLP)
Inconnue Treize danses. Eschig, [197?].
1932
Schott, Eschig, 1935.
190
Compositeur
Françaix, Jean (1912-1997)
Franck, César (1822-1890)
Grovlez, Gabriel (1879-1944)
Hahn, Raynaldo (1874-1947)
Titre
Cinq portraits de jeunes filles
n° 1 : « La Capricieuse »
n° 2 : « La Tendre »
n° 4 : « La Pensive »
n° 5 : « La Moderne »
Prélude, choral et fugue, op. 21
Date
1936
Adresse bibliographique
Eschig, 1937.
1884
Prélude, aria et final, op. 23
1887
Caprice-impromptu
1902
Deux études d’exécution transcendante
n° 1 : « Naïades »
n° 2 : « Kobolds »
Sarabande
Valse-caprice
Portraits de peintres : pièces pour piano d’après les
poésies de Marcel Proust
n° 1 : « Albert Cuyp »
n° 3 : « Anton van Dyck »
n° 4 : « Antoine Watteau »
1916-19
The Musicians’ Library. Ditson, 1922.
Réimpression, Dover Publications, 1976.
(IMSLP)
The Musicians’ Library. Ditson, 1922.
Réimpression, Dover Publications, 1976.
(IMSLP)
Concours musical du « Figaro » (1902).
Album moderne : pièces pour piano :
sélection des œuvres primées. Durand,
[1902].
Durand, 1919.
1921
1938
1894
Nouvelle revue française, 1921.
Eschig, 1938.
Heugel, Leduc, 1896.
191
Compositeur
Hahn, Raynaldo (1874-1947)
Hoérée, Arthur (1897-1986)
Honegger, Arthur (1892-1955)
Hubeau, Jean (1917-1992)
Huré, Jean (1877-1930)
Ibert, Jacques (1890-1962)
Titre
Premières valses
n° 1 : « Avec élégance »
n° 2 : « Allegretto con moto »
n° 4 : « Valse noble »
n° 5 : « Pas vite, simplement (à l’Ombre rêveuse
de Chopin)
n° 6 : « Assez vite »
n° 7 : « Berceuse »
n° 10 : « Sans rigueur »
Fanfare (Hommage à Albert Roussel)
Date
v. 1925
Adresse bibliographique
Heugel, 1925.
v. 1929
Trois pièces
n° 2 : « Hommage à Ravel »
Sept pièces brèves
n° 2 : « Vif »
n° 3 : « Très lent »
n° 5 : « Lent »
n° 6 : « Rythmique »
n° 7 : « Violent »
Sarabande (Album des Six)
Hommage à Albert Roussel
1915
Hommage à Albert Roussel : deux
mélodies et six pièces de piano
spécialement composées à son intention.
Revue musicale, 1929.
Salabert, 1973.
1919-20
Éditions de la Sirène, 1921. (IMSLP)
1920
1928
Prélude, arioso et fughette sur le nom de BACH
Variations pour piano
Sonata, n° 1
Pièce romantique
Histoires, n° 2 : « Le petit âne blanc… »
1932
1933
1907
1916
1922
Album des Six. Eschig, 1970.
Hommage à Albert Roussel : deux
mélodies et six pièces de piano
spécialement composées à son intention.
Revue musicale, 1929.
Hommage à Bach. Revue musicale, 1932.
Durand, 1933.
Mathot, 1920. (IMSLP)
Leduc, 1999.
Leduc, 1922.
192
Compositeur
Ibert, Jacques (1890-1962)
Kœchlin, Charles (1867-1950)
Titre
Les rencontres… petite suite en forme de ballet
n° 2 : « Les créoles »
n° 3 : « Les mignardes »
n° 4 : « Les bergères »
n° 5 : « Les bavardes »
Française «Guitare» pour le piano
Toccata sur le nom d'Albert Roussel
Date
1924
Adresse bibliographique
Leduc, 1924.
1926
1929
Cinq sonatines, op. 59 : « Première sonatine »
n° 1 : « Allegro (non troppo)
n° 2 : « Andante (Con moto) »
n° 3 : « Allegro (Moderato) »
n° 4 : « Final (Allegro con moto, scherzando) »
Cinq sonatines, op. 59 : « Seconde sonatine »
n° 1 : « Molto moderato »
n° 2 : « Sicilienne »
n° 3 : « Andante »
Cinq sonatines, op. 59 : « Troisième sonatine »
n° 1 : « Allegro moderato »
n° 2 : « Assez animé »
n° 3 : « Allegretto (assez tranquille) »
n° 4 : « Final »
Cinq sonatines, op. 59 : « Quatrième sonatine »
n° 1 : « Menuet »
n° 2 : « Andante (con moto) »
n° 3 : « Intermezzo »
n° 4 : « Final »
1915-16
Leduc, 1928.
Hommage à Albert Roussel : deux
mélodies et six pièces de piano
spécialement composées à son intention.
Revue musicale, 1929.
Mathot, 1918. Réédition, Salabert, (après
1950). (IMSLP)
1915-16
Mathot, 1918. Réédition, Salabert, (après
1950). (IMSLP)
1915-16
Mathot, 1918. Réédition, Salabert, (après
1950). (IMSLP)
1915-16
Mathot, 1918. Réédition, Salabert, (après
1950). (IMSLP)
193
Compositeur
Kœchlin, Charles (1867-1950)
Titre
Cinq sonatines, op. 59 : « Cinquième sonatine »
n° 1 : « Allegro moderato (pas trop vite) »
n° 2 : « Andante »
n° 3 : « Petite fugue »
n° 4 : « Final »
Paysages et marines, op. 63
n° 1 : « Sur la falaise »
n° 2 : « Matin calme »
n° 3 : « Promenade vers la mer »
n° 4 : « Le chant du chevrier »
n° 5 : « Soir d’été »
n° 6 : « Ceux qui s’en vont pêcher au large, dans
la nuit »
n° 7 : « Soir d’angoisses »
n° 8 : « La chanson des pommiers en fleurs »
n° 9 : « Paysage d’octobre »
n° 10 : « Chant de pêcheurs »
n° 11 : « Dans les grands champs »
n° 12 : « Poème virgilien »
Date
1915-16
Adresse bibliographique
Mathot, 1918. Réédition, Salabert, (après
1950). (IMSLP)
1915-16
Mathot, 1918. (IMSLP)
194
Compositeur
Kœchlin, Charles (1867-1950)
Ladmirault, Paul (1877-1944)
Laparra, Raoul (1876-1943)
Lekeu, Guillaume (1870-1894)
Titre
Les heures persanes, op. 65 (posthume)
n° 1 : « Sieste, avant le départ »
n° 2 : « La caravane »
n° 3 : « L’escalade obscure »
n° 4 : « Matin frais dans la haute vallée »
n° 5 : « En vue de la ville »
n° 6 : « À travers les rues »
n° 7 : « Chant du soir »
n° 8 : « Clair de lune sur les terrasses »
n° 9 : « Aubade »
n° 10 : « Roses au soleil de midi »
n° 11 : « À l’ombre, près de la fontaine de
marbre »
n° 12 : « Arabesques »
n° 13 : « Les Collines, au coucher du soleil »
n° 14 : « Le conteur »
n° 15 : « La paix du soir au cimetière »
n° 16 : « Derviches dans la nuit »
V (Hommage à Fauré)
Hommage à Fauré
Rythmes espagnols
n° 2 : « Tientos »
n° 3 : D. « Abalorios »
n° 4 : « Caleseras »
n° 5 : « Rueda »
n° 7 : « Paseo »
Sonata
n° 1 : « Très modéré »
n° 2
n° 3
n° 4 : « Dans un mouvement plus lent »
n° 5 : « noire=noire du Prélude »
Date
1913-19
Adresse bibliographique
Eschig, 1987.
1922
1922
1914
La revue musicale, 1922. (IMSLP)
La revue musicale, 1922. (IMSLP)
Enoch, 1913. (IMSLP)
1891
Baudoux, n.d. (1899). (IMSLP)
195
Compositeur
Lekeu, Guillaume (1870-1894)
Magnard, Albéric (1865-1914)
Martinu, Bohuslav (1890-1959)
Messager, André (1853-1929)
Mihalovici, Marcel (1898-1985)
Milhaud, Darius (1892-1974)
Titre
Trois pièces
n° 1 : « Chansonnette sans paroles »
n° 3 : « Danse joyeuse »
Promenades, op. 7
n° 1 : « Envoi »
n° 2 : « Bois de Boulogne »
n° 3 : « Villebon »
n° 4 : « Saint Cloud »
n° 5 : « Saint Germain »
n° 6 : « Trianon »
n° 7 : « Rambouillet »
Le train hanté
Date
1892
Adresse bibliographique
Veuve Léopold Muraille, n.d. (1892).
Réimpression, CeBeDem, 2003. (IMSLP)
1893
Durand, n.d. (ca.1894). (IMSLP)
1937
Menuet, op. 12
Mazurka, op. 13
Chindia Danse paysanne roumaine
Suite, op. 8
n° 1 : « Lent »
n° 2 : « Vif et clair »
n° 3 : « Lourd et rythmé »
n° 4 : « Lent et grave »
n° 5 : « Modéré animé »
Mazurka (Album des Six)
Printemps, livre 1, op. 25
n° 1 : « Modéré »
n° 2 : « Souple »
n° 3 : « Doucement »
Printemps, livre 2, op. 66
n° 6 : « Calme »
1889
1889
1929
1913
Parc d’attraction : Expo 1937. Eschig,
1938.
Lemoine, n.d. (IMSLP)
Lemoine, n.d. (IMSLP)
Treize danses. Eschig, [197?].
Durand, 1914.
1914
1915-19
Album des Six : pour piano. Eschig, 1970.
Eschig, 1920.
1920
Eschig, 1920.
196
Compositeur
Milhaud, Darius (1892-1974)
Titre
Saudades do Brasil, op. 67, livre 1
n° 1 : « Sorocaba »
n° 3 : « Leme »
n° 4 : « Copacabana »
n° 5 : « Ipanema »
n° 6 : « Gavea »
Saudades do Brasil, op. 67, livre 2
n° 7 : « Corcovado »
n° 8 : « Tijuca »
n° 9 : « Sumare »
n° 11 : « Laranjeiras »
n° 12 : « Paysandu »
Caramel Mou, op. 68
Rag caprices, op. 78
n° 1 : « Sec et musclé »
Date
1920-21
Adresse bibliographique
Eschig, 1921.
1920-21
Eschig, 1921.
1920
1922
Rag caprices, op. 78
n° 2 : « Romance »
1923
L’album de Madame Bovary, op. 128b
n° 3 : « Tristesse »
n° 4 : « Chanson »
n° 5 : « Rêverie »
n° 6 : « Le Tilbury »
n° 7 : « Romance »
n° 8 : « Jeu »
n° 10 : « La Saint Hubert »
n° 11 : « Soupir »
n° 12 : « Dans les bois »
n° 13 : « Promenade »
n° 14 : « Pensée »
n° 16 : « Barcarolle »
1933
Eschig, 1921.
Masters of Today : Famous Pieces by
Modern Masters for Piano Solo.
Associated Music Publishers, 1940.
Hinson, Maurice. The Century of
Invention : Piano Music of the 20th
century. European American Music Corp,
1996.
Enoch, 1934.
197
Compositeur
Milhaud, Darius (1892-1974)
Titre
Promenade (Le tour de l’exposition)
Choral (Hommage à Paderewski)
Oswald, Henri (1852-1931)
Il neige!… (concours Figaro 1902)
Pierné, Gabriel (1863-1937)
Quinze pièces, op. 3
n° 2 : « Chanson de la grand-maman »
n° 5 : « Coquetterie »
n° 6 : « Prélude »
n° 8 : « À l’église (choral) »
n° 11 : « L’escarpolette »
n° 13 : « Valse »
n° 14 : « Feuillet d’album »
n° 15 : « Tarentelle (Souvenir de Naples) »
Album pour mes petits amis, op. 14
n° 1 : « Pastorale »
n° 3 : « La Veillée de l’Ange Gardien »
n° 4 : « Petite gavotte »
n° 5 : « Chanson d’autrefois »
Sérénade à Colombine, op. 32
Trois pièces formant suite de concert, op. 40
n° 1 : « Préludio e fughetta »
n° 2 : « Nocturne en forme de valse »
n° 3 : « Étude symphonique »
Variations en do mineur, op. 42
Trois pastorales, FP 5
n° 1 : « Très vite (gai et très rythmé) »
n° 3 : « Vite »
Poulenc, Francis (1899-1963)
Date
Adresse bibliographique
1933,
À l’exposition : illustrations musicales.
rév. 1937 Deiss, 1937.
1941
Lawton, Dorothy, dir. Hommage to
Paderewski : Piano Solo. Boosey &
Hawkes, 1942.
1902
Concours musical du « Figaro » (1902).
Album moderne : pièces pour piano :
sélection des œuvres primées. Durand,
[1902].
1883
Leduc, n.d. (ca.1888) (IMSLP)
1887
Leduc, n.d. (1890) (IMSLP)
1894
1903
Enoch, 1895. (IMSLP)
Hamelle, 1920. (IMSLP)
1919
1917
Hamelle, 1919. (IMSLP)
Heugel, 2004.
198
Compositeur
Poulenc, Francis (1899-1963)
Titre
Trois mouvements perpétuels, FP 14
n° 3 : « Alerte »
Valse, FP 17 (Album des Six)
Suite, FP 19
n° 1 : « Presto »
n° 2 : « Andante »
Cinq Impromptus, FP 21
n° 1 : « Très agité »
n° 2 : « Allegro vivace »
n° 3 : « Très modéré »
n° 4 : « Violent »
n° 5 : « Andante »
Promenades, FP 24
n° 1 : « A pied »
Date
1918
Adresse bibliographique
Chester Music, 1919.
1919
Album des Six. Eschig, 1970.
1920,
Chester Music, 1970.
rév. 1926
1920,
Five Impromptus for Piano. Chester
rév. 1939 Music, 1939. (n° 1 à 5)
Album of Six Pieces : For Piano (Medium
Difficulty). Chester Music, 1919-1940.
(n° 3 seulement)
La revue musicale 7, supplément du 1er
mai 1921. (n° 5 seulement)
1921
Album of Six Pieces : For Piano (Medium
Difficulty). Chester Music, 1919-1940.
Deux novelettes, FP 47
n° 1 : « Novelette en do majeur »
n° 2 : « Novelette en si bémol majeur »
Pièce brève sur le nom d'Albert Roussel, FP 50
1927-28
Chester Music, 1930.
1929
Les soirées de Nazelles, FP 84
n° 1 : « Le comble de la distinction »
n° 2 : « Le cœur sur la main »
n° 4 : « La suite dans les idées »
n° 5 : « Le charme enjôleur »
n° 6 : « Le contentement de soi »
n° 7 : « Le goût du malheur »
n° 8 : « L’alerte vieillesse »
Valse-improvisation sur le nom de Bach, FP 62
1930-36
Hommage à Albert Roussel : deux
mélodies et six pièces de piano
spécialement composées à son intention.
Paris : Revue musicale, 1929.
Durand, 1937.
1932
Hommage à Bach. Revue musicale, 1932.
199
Compositeur
Poulenc, Francis (1899-1963)
Ravel, Maurice (1875-1937)
Titre
Improvisations, FP 63
n° 1-4, 6
n° 7
n° 8
Suite française d’après Claude Gervaise, FP 80
n° 1 : « Bransle de Bourgogne »
n° 2 : « Pavane »
n° 3 : « Petite marche militaire »
n° 5 : « Bransle de Champagne »
n° 6 : « Sicilienne »
n° 7 : « Carillon »
Pavane pour une infante défunte
Jeux d'eau
Miroirs
n° 1 : « Noctuelles »
n° 2 : « Oiseaux tristes »
n° 3 : « Une barque sur l'océan »
n° 4 : « Alborada del gracioso »
n° 5 : « La vallée des cloches »
Gaspard de la nuit
n° 1 : « Ondine »
n° 2 : « Le gibet »
n° 3 : « Scarbo »
Valses nobles et sentimentales
n° 1 : « Modéré – très franc »
n° 3 : « Modéré »
n° 6 : « Vif »
n° 7 : « Moins vif »
Date
1932
1933
1934
1935
1899
1901
1904-5
Adresse bibliographique
Salabert, 2001.
Durand, 1935.
Demets, 1899. (IMSLP)
Demets, 1902. Réimpression, Dover
Publications, 1986. (IMSLP)
Demets, 1906. Probablement scannée
d’une réimpression aux éditions Dover.
(IMSLP)
1908
Durand, 1909. Probablement scannée
d’une réimpression aux éditions Dover.
(IMSLP)
1911
Durand, 1911. Réimpression, Dover
Publications (IMSLP)
200
Compositeur
Ravel, Maurice (1875-1937)
Roger-Ducasse, Jean (1873-1954)
Ropartz, Joseph-Guy (1864-1955)
Titre
Le tombeau de Couperin
n° 1 : « Prélude »
n° 2 : « Fugue »
n° 3 : « Forlane »
n° 4 : « Rigaudon »
n° 5 : « Menuet »
n° 6 : « Toccata »
Barcarolle, n° 1
Variations sur un choral
5e variation : « Vite »
6e variation : « Très accusé »
8e variation : « Presque lent et très souple »
9e variation : « Vite »
10e variation : « Très lent et très soutenu »
Esquisses
n° 1
n° 3
n° 4
Arabesque n° 1
Sonorités
Arabesque n° 2
Barcarolle n° 2
Barcarolle n° 3
Impromptu
Chant de l'aube
Choral varié
Nocturne, n° 1
Musiques au jardin
n° 1 : « Prélude matinal »
n° 3 : « Les vieux souvenirs surgissent de
l’ombre »
n° 5 : « Le jardin au crépuscule »
n° 6 : « Rondes et chants »
Date
1914-17
Adresse bibliographique
Durand, 1918. (IMSLP)
1906
1914-15
Durand, 1907. (IMSLP)
Durand, 1917. (IMSLP)
1917
Durand, 1918. (IMSLP)
1917
1918
1919
1920
1921
1921
1921
1904
1911
1916
Durand, 1918. (IMSLP)
Durand, 1919. (IMSLP)
Durand, 1919. (IMSLP)
Durand, 1920. (IMSLP)
Durand, 1922. (IMSLP)
Durand, 1921. (IMSLP)
Durand, 1921. (IMSLP)
Rouart, Lerolle, n.d. (ca. 1920). (IMSLP)
Dupont – Metzner, 1912. (IMSLP)
Durand, 1918. (IMSLP)
201
Compositeur
Ropartz, Joseph-Guy (1864-1955)
Rosenthal, Manuel (1904-2003)
Roussel, Albert (1869-1937)
Saint-Saëns, Camille (1835-1921)
Titre
Nocturne, n° 2
Nocturne, n° 3
Un prélude dominical
Valse des pêcheurs à la ligne
Des heures passent, op. 1
n° 2 : « Joyeuses … »
n° 3 : « Tragiques … »
Rustiques, op. 5
n° 1 : « Danse au bord de l’eau »
n° 2 : « Promenade sentimentale en forêt »
n° 3 : « Retour de fête »
Sonatine, op. 16
n° 1 : « Modéré »
n° 2 : « Très lent »
L’accueil des muses [in memoriam Debussy]
Hommage à J. S. Bach, op. 46
Trois Pièces pour piano, op. 49
n° 2 : « Allegro grazioso »
n° 3 : « Allegro con spirito »
Allegro appassionato, op. 70
Album, op. 72
n° 1 : « Prélude »
n° 5 : « Chanson napolitaine »
n° 6 : « Final »
Les cloches du soir, op. 85
Date
1916
1916
1928-29
Inconnue
1898
Adresse bibliographique
Durand, 1917. (IMSLP)
Durand, 1917. (IMSLP)
Senart, 1931.
Treize danses. Eschig, [197?].
Hamelle, n.d. (ca.1900) (IMSLP)
1904-6
Durand, 1906. (IMSLP)
1912
Durand, 1912. (IMSLP)
1920
1932
1933
Durand, 1920. (IMSLP)
Hommage à Bach. Revue musicale, 1932.
Durand, 1934. (IMSLP)
1884
1884
Œuvres pour piano. Peters, 1974.
Durand, Schoenewerk, n.d. (1884).
(IMSLP)
1889
Suite, op. 90
n° 1 : « Prélude et fugue »
n° 2 : « Menuet »
n° 3 : « Gavotte »
n° 4 : « Gigue »
Souvenir d'Ismaïlia, op. 100
1891
Durand & Schoenewerk, n.d. (1889).
(IMSLP)
Durand, 1892. (IMSLP)
1895
Durand, 1895. Masters Music
Publications, n.d. (après 1987). (IMSLP)
202
Compositeur
Saint-Saëns, Camille (1835-1921)
Satie, Érik (1866-1925)
Titre
Valse langoureuse, op. 120
Feuillet d'album, op. 169
Fantaisie-valse
Trois sarabandes
n° 1
n° 2
n° 3
Trois gymnopédies
n° 1 : « Lent et douloureux »
n° 3 : « Lent et grave »
Gnossienne, n° 5
Trois gnossiennes
n° 3 : « Lent »
Date
1903
1921
1885
1887,
rév. 1911
Adresse bibliographique
Durand, 1903. (IMSLP)
Durand, 1921. (IMSLP)
Piano solo. Salabert, 1989.
Rouart, Lerolle, 1911. (IMSLP)
1888
Première pensée Rose+Croix
Gnossienne, n° 4
Quatre préludes :
n° 2 : « Prélude d’Eginhard »
n° 3 : « Premier prélude du Nazaréen »
n° 4 : « Deuxième prélude du Nazaréen »
Sonneries de la Rose+Croix
n° 1 : « Air de l’ordre »
n° 2 : « Air du grand maître »
n° 3 : « Air du grand penseur »
Le fils des étoiles
« Prélude du 1er acte : La vocation »
« Prélude du 2e acte : L’initiation »
« Prélude du 3e acte : L’incantation »
1891
1891
[1892?]
Baudoux, n.d. (ca. 1896). 2e éd.
Probablement scannée d’une réimpression
aux éditions Dover. (IMSLP)
Piano solo. Salabert, 1989.
Rouart, Lerolle, 1913. Probablement
scannée d’une réimpression aux éditions
Dover. (IMSLP)
Piano solo. Salabert, 1989.
Piano solo. Salabert, 1989.
Rouart, Lerolle, 1929. (IMSLP)
1892
Piano solo. Salabert, 1989.
1889
1889-91
1892,
Piano solo. Salabert, 1989.
rév. 1972
203
Compositeur
Satie, Érik (1866-1925)
Titre
Danses gothiques (Neuvaine pour le plus grand
calme et la forte tranquillité de mon Âme)
n° 1 : « À l’occasion d’une grande peine »
n° 2 : « Dans laquelle les Pères de la Très
Véritable et Très Sainte Église sont invoqués »
n° 4 : « À propos de Saint Bernard et de Sainte
Lucie »
n° 5 : « Pour les pauvres trépassés »
n° 6 : « Où il est question des injures reçues »
n° 7 : « Par pitié pour les ivrognes, honteux,
débauchés, imparfaits, désagréables et faussaires
en tous genres »
n° 8 : « En le haut honneur du vénéré Saint
Michel, le gracieux Archange »
n° 9 : « Après avoir obtenu la remise de ses
fautes »
Prélude de la Porte héroïque du ciel
Danses de travers (avant première en forme d’Air à
faire fuir)
Pièces froides
n° 1 : Airs à faire fuir
n° 1 : « D’une manière particulière »
n° 2 : Danses de travers
n° 1 : « En y regardant par deux fois »
n° 2 : « Passer »
n° 3 : « Encore »
Caresse
Date
1893
Adresse bibliographique
Rouart, Lerolle, 1929. (IMSLP)
1894
1897
Rouart, Lerolle, 1912. (IMSLP)
Piano solo. Salabert, 1989.
1897
Rouart, Lerolle, 1912. (IMSLP)
1897
Piano solo. Salabert, 1989.
204
Compositeur
Satie, Érik (1866-1925)
Titre
Carnet d’esquisses et de croquis
n° 2 : « Essais »
n° 3 : « Notes »
n° 4 : « Notes »
n° 10 : « Songeries vers ‘Jack’ »
n° 11 : « Bribes »
n° 12 : « Choral »
Petite ouverture à danser
Rêverie du Pauvre
The Dreamy Fish
Poudre d'or (Valse)
Passacaille
Prélude en tapisserie
Douze petits chorals
n° 1
n° 10
Musiques intimes et secrètes
n° 2 : « Froide songerie »
«Nouvelles pièces froides»
n° 1 : « Sur un mur »
n° 2 : « Sur un arbre »
n° 3 : « Sur un pont »
Songe-creux
Deux rêveries nocturnes
n° 1 : « Pas vite »
n° 2 : « Très modérément »
Les Pantins dansent
Le Piège de Méduse
n° 1 : « Quadrille »
n° 5 : « Un peu vif »
Date
18971919
Adresse bibliographique
Piano solo. Salabert, 1989.
Avant
1900
1900
[1901]
1901-2
1906
1906
1906-8
Piano solo. Salabert, 1989.
1906-13
Piano solo. Salabert, 1989.
1907
Piano solo. Salabert, 1989.
v. 1909
1910-11
Piano solo. Salabert, 1989.
Piano solo. Salabert, 1989.
1913
1913
Piano solo. Salabert, 1989.
Éditions de la Vipère, 1939. Réimpression,
Salabert, 1954. (IMSLP)
Piano solo. Salabert, 1989.
Piano solo. Salabert, 1989.
Baudoux, 1902. (IMSLP)
Rouart, Lerolle, 1929. (IMSLP)
Rouart, Lerolle, 1929. (IMSLP)
Piano solo. Salabert, 1989.
205
Compositeur
Satie, Érik (1866-1925)
Sauguet, Henri (1901-1989)
Titre
Sports et divertissements
n° 1 : « Choral inappétissant »
n° 4 : « La comédie italienne »
n° 9 : « Le bain de mer »
n° 10 : « Le carnaval »
n° 11 : « Le golf »
n° 19 : « Le flirt »
n° 21 : « Le tennis »
Les trois valses distinguées du précieux dégoûté
n° 1 : « Sa taille »
n° 2 : « Son binocle »
n° 3 : « Ses jambes »
Avant-dernières pensées
n° 2 : « Aubade »
Sonatine bureaucratique
n° 1 : « Allegro »
n° 3 : « Vivache »
Rag-time Parade
Nocturnes
n° 1
n° 3
Cinéma-Fantaisie (Entracte symphonique de
«Relâche»)
Trois françaises
n° 1 : « Allegro »
Pièces poétiques pour enfants, livre 1
n° 4 : « Le juif errant passe »
n° 6 : « Le chanteur des rues »
Pièces poétiques pour enfants, livre 2
n° 11 : « Jour de fête »
Nuit coloniale sur les bords de la Seine
Date
1914
Adresse bibliographique
Piano solo. Salabert, 1989.
1914
Rouart, Lerolle, 1916. (IMSLP)
1915
Rouart, Lerolle, 1916. (IMSLP)
1917
Philippo, 1917. (IMSLP)
1917
1919
Piano solo. Salabert, 1989.
Rouart, Lerolle, 1919. (IMSLP)
1924
Piano solo. Salabert, 1989.
1923
Rouart, Lerolle, 1925.
1933
Eschig, 1935.
1934
Eschig, 1935.
1937
À l’exposition : illustrations musicales.
Deiss, 1937.
206
Compositeur
Schmitt, Florent (1870-1958)
Titre
Soirs, op. 5
n° 1 : « En rêvant »
n° 2 : « Gaiety »
n° 3 : « Spleen »
n° 4 : « Après l’été »
n° 5 : « Parfum exotique »
n° 6 : « Un soir »
n° 7 : « Tziganiana »
n° 8 : « Églogue »
n° 9 : « Sur l’onde »
n° 10 : « Dernières pages »
Musiques intimes, livre 1, op. 16
n° 1 : « Aux rochers de Naye »
n° 2 : « Sur le chemin désert »
n° 3 : « Silence troublé (La promenade au Lido »
n° 4 : « La passeggiata al Lido »
n° 5 : « Dans la forêt ensoleillée »
n° 6 : « Chanson des feuilles »
Musiques intimes, livre 2, op. 29
n° 1 : « Cloître »
n° 4 : « Lac »
n° 5 : « Poursuite »
n° 6 : « Glas »
Pièces romantiques, op. 42
n° 1 : « Lied tendre »
n° 2 : « Barcarolle »
n° 3 : « Valse nostalgique »
n° 5 : « Nocturne »
n° 6 : « Souvenir »
Nuits romaines, op. 23
n° 1 : « Le chant de l’anio »
n° 2 : « Lucioles »
Date
1890-96
Adresse bibliographique
Durand, 1911. (IMSLP)
18911901
Heugel, 1901. (IMSLP)
18981904
Mathot, 1912. (IMSLP)
1900-8
Chapelier, 1912. (IMSLP)
1901
Hamelle, 1904. (IMSLP)
207
Compositeur
Schmitt, Florent (1870-1958)
Séverac, Joseph-Marie Déodat de
(1872-1921)
Titre
Pupazzi, op. 36
n° 1 : « Scaramouche »
n° 3 : « Damis »
n° 4 : « Eglé »
n° 5 : « Cassandre »
n° 6 : « Atys »
n° 7 : « Clymène »
n° 8 : « Arlequin »
Ombres, op. 64
n° 1 : « J’entends dans le lointain… »
n° 2 : « Mauresque »
n° 3 : « Cette ombre, mon image… »
Mirages, op. 70, n° 1 : « À la mémoire de Claude
Debussy »
Mirages, op. 70, n° 2 : « La tragique chevauchée »
IV – Hommage sur le nom de Gabriel Fauré, op. 72
La retardée, op. 90, n° 3
Date
1907
Adresse bibliographique
Mathot, 1909. (IMSLP)
1913-17
Durand, 1918. (IMSLP)
1920-21
Durand, 1921. (IMSLP)
1920-21
1922
1937
Scènes des champs, n° 1 : « Pastorale »
1896
Durand, 1922. (IMSLP)
Durand, 1922. (IMSLP)
À l’exposition : illustrations musicales.
Deiss, 1937.
Trois mélodies et quatre pages
pianistiques inédites. Presses de
l’Université de Paris-Sorbonne, 2002.
Trois mélodies et quatre pages
pianistiques inédites. Presses de
l’Université de Paris-Sorbonne, 2002.
Édition Mutuelle, 1903. Réédition, Rouart,
Lerolle, n.d. (après 1905). (IMSLP)
Deuxième Impromptu, dans le caractère romantique 1898
Le chant de la terre
« Prologue » (L’Âme de la Terre)
n° 1 : « Le Labour »
n° 2 : « Les Semailles »
« Intermezzo (conte à la veillée) »
n° 3 : « La Grêle »
n° 4 : « Les Moissons »
« Épilogue (Le jour des noces) »
18991900
208
Compositeur
Séverac, Joseph-Marie Déodat de
(1872-1921)
Valse métèque
Date
1907
Danse du «tonneau» et du «bidon»
1907
Baigneuses au soleil (Souvenir de Banyuls-sur-mer)
Les naïades et le faune indiscret
Pastorale
Au pavillon d’Alsace (À l’exposition)
1908
1908-19
1919
1937
Tansman, Alexandre (1897-1986)
Burlesque
Berceuse (Hommage à Roussel)
1925
1928
Vierne, Louis (1870-1937)
Suite bourguignonne, op. 17
n° 5 : « À l’Angélus du soir »
n° 6 : « Danse rustique »
n° 7 : « Clair de lune »
Solitude, op. 44
n° 1 : « Hantise »
n° 2 : « Nuit blanche »
n° 4 : « La ronde fantastique des revenants »
Rêve
1899
Adresse bibliographique
Trois mélodies et quatre pages
pianistiques inédites. Presses de
l’Université de Paris-Sorbonne, 2002.
Trois mélodies et quatre pages
pianistiques inédites. Presses de
l’Université de Paris-Sorbonne, 2002.
Salabert, 1909. (IMSLP)
Rouart, Lerolle, 1952.
Album des Six. Eschig, 1920.
À l’exposition : illustrations musicales.
Deiss, 1937.
Treize danses. Eschig, [197?].
Hommage à Albert Roussel : deux
mélodies et six pièces de piano
spécialement composées à son intention.
Revue musicale, 1929.
Leduc, n.d. (ca 1900). (IMSLP)
1918
Maurice Senart, 1925. (IMSLP)
Tailleferre, Germaine (1892-1983)
Wiener, Jean (1896-1982)
Titre
Inconnue Treize danses. Eschig, [197?].
209
Annexe 3
Liste des œuvres consultées ne contenant pas de quintes parallèles
Compositeur
Alain, Jehan (1911-1940)
Aubert, Louis (1877-1968)
Auric, George (1899-1983)
Titre
Étude de sonorité sur une double pédale (do et ré)
Choral « Seigneur, donne-nous la paix éternelle »,
AWV 14
Lumière qui tombe d'un vasistas, AWV 20
Dans le rêve laissé par la ballade des pendus de
François Villon, AWV 27
Il pleuvra toute la journée, AWV 42
Suite monodique, AWV 65
n° 1 : « Animato »
n° 2 : « Adagio »
n° 3 : « Vivace »
Nocturne
Suite facile, AWV 104
n° 1 : « Final pour une sonatine facile »
n° 2 : « Barcarolle »
Trois esquisses, op. 7
n° 1 : « Prélude »
n° 2 : « Nocturne »
n° 3 : « Valse »
Esquisse sur le nom de Fauré
La Seine, un matin (À l’exposition)
Date
19291930
1930
Adresse bibliographique
L’œuvre de piano, vol. 1. Leduc, 1944.
1931
1931
L’œuvre de piano, vol. 2. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 3. Leduc, 1944.
1932
1934
L’œuvre de piano, vol. 2. Leduc, 1944.
Hérelle, 1935.
1935
1938
L’œuvre de piano, vol. 1. Leduc, 1944.
L’œuvre de piano, vol. 1. Leduc, 1944.
1900
Durand, 1900.
1922
Hommage musical à Gabriel Fauré : sept
pièces de piano sur le nom de Fauré.
Durand, 1922.
À l’exposition : illustrations musicales.
Deiss, 1937.
1937
L’œuvre de piano, vol. 1. Leduc, 1944.
210
Compositeur
Auric, George (1899-1983)
Bonis, Mel (1858-1937)
Titre
Neuf pièces brèves
n° 4 : « Églogue »
n° 5 : « Marche »
n° 7 : « Mazurka »
n° 8 : « Berceuse »
n° 9 : « Polka »
Ballade, op. 27
Romances sans paroles en sol bémol majeur, op. 56
Omphale, op.86
Desdémona, op. 101
Casadesus, Robert (1899-1972)
Chabrier, Emmanuel (1841-1894)
Chaminade, Cécile (1857-1944)
24 préludes, op. 5 : « 1er cahier »
n° 4 : « Champêtre – Alla breve – très rythmé »
24 préludes, op. 5 : « 2e cahier »
n° 9 : « Avec fougue (vite) »
24 préludes, op. 5 : « 3e cahier »
n° 17 : « Très vite et très brusque »
Dix pièces pittoresques
n° 4 : « Sous bois »
n° 8 : « Improvisation »
n° 10 : « Scherzo-valse »
Bourrée fantasque
Date
1941
Adresse bibliographique
Eschig, 1970.
1897
(1re éd.)
1905
(1re éd.)
1910
(1re éd.)
1913
(1re éd.)
1924
Œuvres pour piano, vol. 4. Furore Verlag,
2003.
Lemoine, n.d. (1905). (IMSLP)
1924
Eschig, 1925.
1924
Eschig, 1925.
1880-81
Enoch, n.d. (ca. 1881). Probablement
scannée d’une réimpression aux éditions
Dover. (IMSLP)
1891
Enoch, n.d. (1891). Probablement scannée
d’une réimpression aux éditions Dover.
(IMSLP)
Smith, Gail, dir. Great Women Composers.
Creative Keyboard Publications, 1996.
Smith, Gail, dir. Great Women Composers.
Creative Keyboard Publications, 1996.
Smith, Gail, dir. Great Women Composers.
Creative Keyboard Publications, 1996.
Minuetto, op. 23
1881
Pierrette, op. 41 (air de ballet)
1889
La Morena, op. 67 (caprice espagnol)
1892
Œuvres pour piano, vol. 1. Furore Verlag,
2003.
Œuvres pour piano, vol. 1. Furore Verlag,
2003.
Eschig, 1925.
211
Compositeur
Chaminade, Cécile (1857-1944)
Chausson, Ernest (1855-1899)
Chrétien, Hedwige (1859-1944)
Debussy, Claude Achille (18621918)
Decaux, Abel (1869-1941)
Delannoy, Marcel (1898-1962)
D’Indy, Vincent (1851-1931)
Titre
Six romances sans paroles, op. 76
n° 1 : « Souvenance »
n° 2 : « Élévation »
n° 3 : « Idylle »
Quelques danses, op. 26
n° 1 : « Dédicace »
Sonatine, n° 1 : « Pastorale »
n° 1 : « Allegro tranquillo »
n° 2 : « Andante »
n° 3 : « Scherzo »
Sonatine, n° 2 (« Dès l’aurore »)
n° 3 : « Minuetto »
Sonatine, n° 3 (« Joyeuse Nouvelle »)
n° 1 : « Allegretto (con grazia) »
n° 3 : « Scherzo »
n° 4 : « Final »
Sous les étoiles : « rêverie »
Ailes bleues : « scherzo-valse »
Mazurka
Suite bergamasque :
n° 3 : « Clair de lune »
Children’s Corner :
n° 2 : « Jimbo’s [Jumbo’s] Lullaby »
n° 3 : « Serenade for the Doll »
Préludes, livre 2 :
n° 11 : « Les tierces alternées »
Clair de lune, n° 2 : « La ruelle »
Clair de lune, n° 4 : « La mer »
Rigaudon (Treize danses)
Petite sonate dans la forme classique, op. 9
n° 3 : « Scherzo »
Promenade, op. 27
Date
1894
Adresse bibliographique
Masters Music Publications, 1980.
1896
Piano Music : A Collection of Piano
Music. Salabert, 1978.
Sonatines pour piano. Evette & Schaeffer,
1921. (IMSLP)
1921
1921
1921
Sonatines pour piano. Evette & Schaeffer,
1921. (IMSLP)
Sonatines pour piano. Evette & Schaeffer,
1921. (IMSLP)
1923
1923
v. 1890
Éditions du renouveau français, 1923.
Éditions du renouveau français, 1923.
Fromont, n.d. (1903). Réimpression,
Dover Publications, 1974. (IMSLP)
v. 1890, Fromont, 1905. Réimpression, Dover
rév. 1905 Publications, 1974. (IMSLP)
1906-8
Durand, 1908. (IMSLP)
1911-13
Durand, 1913. (IMSLP)
1902
1903
Inconnue
1880
Clairs de lune. Chapelier, 1913. (IMSLP)
Clairs de lune. Chapelier, 1913. (IMSLP)
Treize danses. Eschig, [197?].
Hamelle, n.d. (1888). (IMSLP)
1887
Hamelle, n.d. (c1890). (IMSLP)
212
Compositeur
D’Indy, Vincent (1851-1931)
Dupont, Gabriel (1879-1914)
Durey, Louis (1888-1979)
Enesco, Georges (1881-1955)
Titre
Schumanniana, op. 30 (3 chants sans paroles)
n° 3 : « Assez modéré »
Tableaux de voyage, op. 33
n° 1 : « Préambule »
n° 2 : « En marche »
n° 6 : « La poste »
n° 8 : « Halte, au soir »
n° 10 : « Lermoos »
Douze petites pièces faciles dans le style classique
de la fin du XVIIIe siècle, op. 69
n° 1 : « Andante »
n° 2 : « Allegretto »
n° 3 : « Allegretto giocoso »
n° 4 : « Allegretto »
n° 5 : « Assez vif »
n° 6 : « Allegretto senza rigore »
n° 7 : « Sans lenteur »
n° 8 : « Allegro moderato »
n° 9 : « Andante con moto »
n° 10 : « Modéré »
Les heures dolentes
n° 6 : « Le médecin »
Dix inventions, op. 41a (d’après l’op. 35)
n° 1 : « Très calme »
n° 2 : « Allegretto »
n° 3 : « Très modéré »
n° 5 : « Tranquille »
n° 6 : « Animé et rythmé »
n° 8 : « Décidé »
Pièce pour piano sur le nom de Gabriel Fauré
Date
1887
Adresse bibliographique
Hamelle, n.d. (ca.1890). (IMSLP)
1889
Leduc, 1920.
1908-15
Henn, 1919.
1903-5
Heugel, 1905. (IMSLP)
1924-28
Éditions musicales transatlantiques, 1980.
1922
Hommage musical à Gabriel Fauré : sept
pièces de piano sur le nom de Fauré.
Durand, 1922.
213
Compositeur
Fauré, Gabriel (1845-1924)
Titre
Huit pièces brèves, op. 84,
n° 1 : « Capriccio »
n° 2 : « Fantaisie »
n° 6 : « Fugue »
n° 7 : « Allegresse »
Barcarolle, op. 26, n° 1
Date
18691902
Adresse bibliographique
Hamelle, n.d. (1903). (IMSLP)
[1881?]
1893-94
1928
1936
Eschig, 1937.
Franck, César (1822-1890)
Valse-caprice, op. 62, n° 4
Sonatine
n° 2 : « Allegretto poco rubato »
Cinq portraits de jeunes filles
n° 3 : « La Prétentieuse »
Danse lente, op. 22
Hamelle, n.d. (1883). Réimpression, Dover
Publications, 1994. (IMSLP)
Hamelle, n.d. (1894). (IMSLP)
Durand, 1928. (IMSLP)
1885
Gounod, Charles (1818-1893)
Matinée de mai
1896
Hahn, Raynaldo (1874-1947)
Portraits de peintres : pièces pour piano d’après les
poésies de Marcel Proust
n° 2 : « Paulus Potter »
Premières valses
« Invitation à la valse »
n° 3 : « Ninette »
n° 8 : « Pas vite »
n° 9 : « La feuille »
Trois pièces
n° 1 : « Prélude »
n° 3 : « Danse »
Sept pièces brèves
n° 1 : « Souplement »
n° 4 : « Légèrement »
Scenic Railway
v. 1898
Piano Compositions. Ditson, 1922.
(IMSLP)
L’Illustration, 1896 (supplément musical
au n° 2761). Choudens, 1896. (IMSLP)
Heugel, Leduc, 1896.
v. 1925
Heugel, 1925.
1919
Salabert, 1973.
1919-20
Éditions de la Sirène, 1921. (IMSLP)
1937
Parc d’attractions : Expo 1937. Eschig,
1938.
Ferroud, Pierre Octave (19001936)
Françaix, Jean (1912-1997)
Honegger, Arthur (1892-1955)
214
Compositeur
Ibert, Jacques (1890-1962)
Laparra, Raoul (1876-1943)
Lekeu, Guillaume (1870-1894)
Messager, André (1853-1929)
Mihalovici, Marcel (1898-1985)
Milhaud, Darius (1892-1974)
Titre
Les rencontres… petite suite en forme de ballet
n° 1 : « Les bouquetières »
L'espiègle au village de Lilliput
Date
1924
Adresse bibliographique
Leduc, 1924.
1937
Petite suite en 15 images
Rythmes espagnols
n° 1 : « Petenera »
n° 3 : A. « Sevillanas »
B. « Trianeras »
C. « Flamencas »
n° 6 : « Solea »
Trois pièces
n° 2 : « Valse oubliée »
Habañera, op. 11
Un danseur roumain
1943
1914
À l’exposition : illustrations musicales.
Deiss, 1937.
Éditions musicales Hug : Foetisch, 1972.
Enoch, 1913
Printemps, livre 2, op. 66
n° 4 : « Doucement »
n° 5 : « Vivement »
Saudades do Brasil, op. 67, livre 1
n° 2 : « Botafogo »
Saudades do Brasil, op. 67, livre 2
n° 10 : « Paineras »
L’album de Madame Bovary, op. 128b
n° 1 : « Emma »
n° 2 : « Pastorale »
n° 9 : « Autographe »
n° 15 : « Chagrin »
n° 17 : « Dernier feuillet »
1920
Veuve Léopold Muraille, n.d. (1892).
Réimpression, CeBeDem, 2003. (IMSLP)
Lemoine, n.d. (IMSLP)
Parc d’attraction : Expo 1937. Eschig,
1938.
Eschig, 1920.
1920-21
Eschig, 1921.
1920-21
Eschig, 1921.
1933
Enoch, 1934.
1892
1889
1937
215
Compositeur
Pierné, Gabriel (1863-1937)
Poulenc, Francis (1899-1963)
Titre
Quinze pièces, op. 3
n° 1 : « Romance sans paroles »
n° 3 : « Fantasmagorie »
n° 4 : « Marche funèbre »
n° 7 : « Fugue »
n° 9 : « Menuet vif »
n° 10 : « La Marelle »
n° 12 : « Cache-cache »
Album pour mes petits amis, op. 14
n° 2 : « Farandole »
n° 6 : « Petits soldats de plomb »
Trois pastorales, FP 5
n° 2 : « Très lent (très triste, rythmé dans la
douceur) »
Trois mouvements perpétuels, FP 14
n° 1 : « Assez modéré »
n° 2 : « Très modéré »
Suite, FP 19
n° 3 : « Vif »
Les soirées de Nazelles, FP 84
« Préambule »
n° 3 : « La désinvolture et la discrétion »
« Cadence »
« Final »
Improvisations, FP 63
n° 5
n° 9-10
Suite française d’après Claude Gervaise, FP 80
n° 4 : « Complainte »
Bourrée au pavillon d'Auvergne, FP 87 (À
l'exposition)
Date
1883
Adresse bibliographique
Leduc, n.d. (ca.1888) (IMSLP)
1887
Leduc, n.d. (1890) (IMSLP)
1917
Heugel, 2004.
1918
Chester Music, 1919.
1920,
Chester Music, 1970.
rév. 1926
1930-36 Durand, 1937.
Salabert, 2001.
1932
1934
1935
1937
Durand, 1935.
À l’exposition : illustrations musicales.
Deiss, 1937.
216
Compositeur
Ravel, Maurice (1875-1937)
Reger, Max (1873-1916)
Roger-Ducasse, Jean (1873-1954)
Ropartz, Joseph-Guy (1864-1955)
Roussel, Albert (1869-1937)
Saint-Saëns, Camille (1835-1921)
Titre
Valses nobles et sentimentales
n° 2 : « Assez lent – avec une expression intense »
n° 4 : « Assez animé »
n° 5 : « Presque lent – dans un sentiment intime »
n° 8 : « Épilogue »
Danse, op. 36, n° 4
Variations sur un choral
Choral : « Lentement »
1re variation : « Même mouvement »
2e variation (Variation en ut mineur de
Beethoven) : « Décidé »
3e variation : « Vite et léger »
4e variation : « Très lent »
7e variation : « Très lent et très expressif »
Esquisses
n° 2
Musiques au jardin
n° 2 : « Un oiseau sur le sable de l’allée »
n° 4 : « Un enfant joue »
Scherzo
Des heures passent, op. 1
n° 1 : « Graves, légères … »
n° 4 : « Champêtres … »
Conte à la poupée
Petit canon perpétuel
Trois Pièces pour piano, op. 49
n° 1 : « Allegro con brio »
Album, op. 72
n° 2 : « Carillon »
n° 3 : « Toccata »
n° 4 : « Valse »
Souvenir d'Italie, op. 80
Date
1911
Adresse bibliographique
Durand, 1911. Réimpression, Dover
Publications (IMSLP)
1899
1914-15
Treize danses. Eschig, [197?].
Durand, 1917. (IMSLP)
1917
Durand, 1918. (IMSLP)
1916
Durand, 1918. (IMSLP)
1916
1898
Durand, 1917. (IMSLP)
Hamelle, n.d. (ca.1900) (IMSLP)
1904
1913
1933
Édition Mutuelle, n.d. (ca. 1905) (IMSLP)
Durand, 1948. (IMSLP)
Durand, 1934. (IMSLP)
1884
Durand, Schoenewerk, n.d. (1884).
Réédition, Durand, 1948. (IMSLP)
1887
Durand, Schoenewerk, n.d. (ca. 1887)
(IMSLP)
217
Compositeur
Satie, Érik (1866-1925)
Titre
Valse-ballet
Trois gymnopédies
n° 2 : « Lent et triste »
Date
1885
1888
Quatre Préludes :
n° 1 : « Fête donnée par des chevaliers normands
en l'honneur d'une jeune demoiselle (XIe siècle) »
Danses gothiques (Neuvaine pour le plus grand
calme et la Forte tranquillité de mon Âme)
n° 3 : « En faveur d’un malheureux »
Gnossienne, n° 6
Pièces froides, n° 1 : Airs à faire fuir
n° 2 : « Modestement »
n° 3 : « S’inviter »
Carnet d’esquisses et de croquis
n° 1 : « Airs » (1914)
n° 5 : « Le prisonnier maussade »
n° 6 : « Esquisses (Le grand singe) »
n° 7 : « Exercices »
n° 8 : « Notes »
n° 9 : « Harmonies »
n° 13 : « Exercices »
n° 14 : « Exercices »
n° 15 : « Exercices »
n° 16 : « Exercices »
n° 17 : « Exercices & Sketch montmartois 1 & 2 »
n° 18 : « Essais (Arrière-Propos)
n° 19 : « Petite danse »
Trois gnossiennes
n° 1 : « Lent »
n° 2 : « Avec étonnement »
Je te veux
La diva de l'Empire (Intermezzo américain)
[1892?]
Adresse bibliographique
Piano solo. Salabert, 1989.
Baudoux, n.d. (ca. 1896). 2e éd.
Probablement scannée d’une réimpression
aux éditions Dover. (IMSLP)
Rouart, Lerolle, 1929. (IMSLP)
1893
Rouart, Lerolle, 1929. (IMSLP)
1897
1897
Piano solo. Salabert, 1989.
Rouart, Lerolle, 1912. (IMSLP)
18971919
Piano solo. Salabert, 1989.
1889-91
Rouart, Lerolle, 1913. Probablement
scannée d’une réimpression aux editions
Dover. (IMSLP)
Piano solo. Salabert, 1989.
Piano solo. Salabert, 1989.
[1901?]
1904
218
Compositeur
Satie, Érik (1866-1925)
Titre
Le Piccadilly (La transatlantique)
Douze petits chorals
n° 2
n° 3
n° 4
n° 5
n° 6
n° 7
n° 8
n° 9
n° 11
n° 12
Musiques intimes et secrètes
n° 1 : « Nostalgie »
Désespoir agréable
Fâcheux exemple
Profondeur
Deux choses
n° 1 : « Effronterie »
n° 2 : « Poésie »
Deux rêveries nocturnes
n° 2 : « Très modérément »
Deux préludes pour un chien
n° 1
n° 2
Le piège de Méduse
n° 2 : « Valse »
n° 3 : « Pas vite »
n° 4 : « Mazurka »
n° 6 : « Polka »
n° 7 : « Quadrille »
Date
1904
1906-8
Adresse bibliographique
Piano solo. Salabert, 1989.
Piano solo. Salabert, 1989.
1906-13
Piano solo. Salabert, 1989.
1908
1908
v. 1909
v. 19091913
Piano solo. Salabert, 1989.
Piano solo. Salabert, 1989.
Piano solo. Salabert, 1989.
Piano solo. Salabert, 1989.
1910-11
Piano solo. Salabert, 1989.
1912
Piano solo. Salabert, 1989.
1913
Éditions de la Vipère, 1939. Réimpression,
Salabert, 1954. (IMSLP)
219
Compositeur
Satie, Érik (1866-1925)
Sauguet, Henri (1901-1989)
Titre
Sports et divertissements
n° 2 : « La balançoire »
n° 3 : « La chasse »
n° 5 : « Le réveil de la mariée »
n° 6 : « Colin-maillard »
n° 7 : « La pêche »
n° 8 : « Le yachting »
n° 12 : « La pieuvre »
n° 13 : « Les courses »
n° 14 : « Les quatre-coins »
n° 15 : « Le pique-nique »
n° 16 : « Le water-chute »
n° 17 : « Le tango »
n°18 : « Le traîneau »
n° 20 : « Le feu d’artifice »
Avant-dernières pensées
n° 1 : « Idylle »
n° 3 : « Méditation »
Sonatine bureaucratique
n° 2 : « Andante »
Nocturnes
n° 2
Trois françaises
n° 2
n° 3
Pièces poétiques pour enfants, livre 1
n° 1 : « Visite à Schumann »
n° 2 : « Le chasseur perdu »
n° 3 : « Les cyclistes »
n° 5 : « Les pompiers »
Date
1914
Adresse bibliographique
Piano solo. Salabert, 1989.
1915
Rouart, Lerolle, 1916. (IMSLP)
1917
Philippo, 1917. (IMSLP)
1919
Rouart, Lerolle, 1919. (IMSLP)
1923
Rouart, Lerolle, 1925.
1933
Eschig, 1935.
220
Compositeur
Sauguet, Henri (1901-1989)
Schmitt, Florent (1870-1958)
Stravinski, Igor (1882-1971)
Vierne, Louis (1870-1937)
Titre
Pièces poétiques pour enfants, livre 2
n° 7 : « Paul et Virginie »
n° 8 : « En colère »
n° 9 : « L’enfant de troupe »
n° 10 : « Souvenir de vacances »
Musiques intimes, livre 2, op. 29
n° 2 : « Sillage »
n° 3 : « Brises »
Pièces romantiques, op. 42
n° 4 : « Improvisation »
Pupazzi, op. 36
n° 2 : « Aminte »
Étude, op. 7, n° 3
Date
1934
Adresse bibliographique
Eschig, 1935.
18981904
Mathot, 1912. (IMSLP)
1900-8
Chapelier, 1912. (IMSLP)
1907
Mathot, 1909. (IMSLP)
1882
Suite bourguignonne, op. 17
n° 1 : « Aubade »
n° 2 : « Idylle »
n° 3 : « Divertissement »
n° 4 : « Légende Bourguignonne »
Solitude, op. 44
n° 3 : « Vision hallucinante »
1899
Masters of Today : Famous Pieces by
Modern Masters for Piano Solo.
Associated Music Publishers, [194-]
Leduc, n.d. (ca 1900). (IMSLP)
1918
Maurice Senart, 1925. (IMSLP)
221
Annexe 4
Proportion d’exemples de chaque type de quintes parallèles par compositeur (pourcentage)
Cadentielles
Alain
Aubert
Auric
Bonis
Boulanger
Casadesus
Casella
Chabrier
Chaminade
Chausson
Chrétien
Debussy
Decaux
Delannoy
D’Indy
Dukas
Dupont
Durey
Enesco
Fauré
Françaix
Franck
Grovlez
2,6
14,3
4,6
4,4
0
10,3
0
37,5
7,1
0
21,4
5,6
57,1
0
6
0
1,6
0
3,2
0
0
0
0
Résolution Erreur Croisement
Avec notes
Enrichissement Structurelles Création effet
Notes
dissonance
ornementales
de la texture
particulier
ornementales
0
0
2,6
30,8
59
2,6
0
2,6
0
0
0
14,3
71,4
0
0
0
0
0
0
50
36,4
9,1
0
0
0
0
0
21,7
73,9
0
0
0
0
0
0
0
58,3
0
41,6
0
3,4
0
0
17,2
34,5
17,2
17,2
0
0
0
0
20
60
20
0
0
0
0
0
31,2
31,2
0
0
0
0
0
0
14,3
71,4
0
0
7,1
0
0
0
19
57,1
0
0
23,8
0
0
0
21,4
35,7
0
0
21,4
4,9
0
0
13,9
51,4
10,4
13,9
0
0
0
0
0
21,4
21,4
0
0
0
0
0
33,3
66,7
0
0
0
0
0
0
26,5
49,4
0
7,2
10,8
0
0
0
0
100
0
0
0
0
0
0
28,1
53,1
3,1
7,8
6,2
28,6
0
0
28,6
42,9
0
0
0
0
0
0
16,1
67,7
6,4
0
6,4
6,2
0
0
62,5
0
0
31,2
0
0
0
0
33,3
66,7
0
0
0
0
0
0
55,2
31
0
0
13,8
0
0
0
27,1
66,7
0
0
6,2
222
Cadentielles
Hahn
Hoérée
Honegger
Hubeau
Ibert
Kœchlin
Ladmirault
Laparra
Lekeu
Magnard
Milhaud
Pierné
Poulenc
Ravel
RogerDucasse
Ropartz
Roussel
Saint-Saëns
Satie
Sauguet
Schmitt
Sévérac
Tailleferre
Tansman
Vierne
16,7
0
3,8
0
0
5,8
20
0
26,1
20
4,7
50
4,5
10,9
3,5
10,5
0
29,2
16
7,1
9,8
4,2
0
0
0
Résolution Erreur Croisement
Avec notes
Enrichissement Structurelles Création effet
Notes
dissonance
ornementales
de la texture
particulier
ornementales
0
0
0
58,3
25
0
0
0
0
0
0
100
0
0
0
0
15,4
0
0
19,2
61,5
0
0
0
0
0
14,3
14,3
57,1
0
0
14,3
5,4
0
2,7
29,7
51,4
10,8
0
0
4,9
0
2,7
7,6
76,8
0,4
0
1,8
0
0
0
60
20
0
0
0
0
0
0
100
0
0
0
0
0
0
4,3
26,1
43,5
0
0
0
12
0
0
24
40
0
0
4
8,7
0
0,7
20,1
58,4
2
0
5,4
0
0
0
0
0
0
0
50
1,1
2,25
0
22,5
42,7
18
0
9
2,3
0
0
26,9
57,7
0
0
2,3
3,5
2,6
0
0
1,1
0
0,9
4,2
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
5,9
0
3,6
0
0
0
0,9
4,2
0
0
0
47,1
26,3
14,6
37,5
20,9
21,4
25
0
0
14,3
25
37,6
57,9
78,2
20,8
54,8
50
49,1
41,7
66,7
85,7
0
0
0
0
4,2
3,7
14,3
6,2
8,3
0
0
25
0
0
0
0
0,8
0
0
25
0
0
0
2,4
3,6
3,6
8,3
2,6
7,1
8
12,5
33,3
0
50
Bibliographie
Références antérieures à la période étudiée
Coussemaker, Charles-Edmond-Henri de, dir.. Scriptorum de musica medii aevi. Tome 3.
Paris, 1869. Réimpression, Hildesheim : Georg Olms, 1963.
Anonyme XIII. « Tractatus de Discantu », 496-498.
Garlandia, Johannis de. « Optima introduction in contrapunctum pro rudibus », 1213.
Poisson, Toussaint-Reni. Harmonie dans ses plus grands développements. Paris : l’auteur,
1838.
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