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1. Les modes médiévaux
La modalité tient une place importante chez les impressionnistes du début du
XX
e
siècle. Cette modalité est aussi bien médiévale (Berlioz a été le premier à la réutiliser), que
grecque (on doit à Maurice Emmanuel la découverte des modes grecs anciens) ou extra-
européenne (théorisation des modes karnatiques – pour le rythme – par Olivier Messiaen).
Olivier Messiaen, qui a notamment théorisé les modes à transposition limitée, aime utiliser les
mélodies de plain-chant, comme dans la quatrième pièce de La Nativité du Seigneur de 1935.
Dans les Couleurs de la Cité céleste, œuvre datant de 1963 – et donc dépassant notre cadre,
mais intéressante à signaler –, il réemploie une mélodie de plain-chant en utilisant un rythme
karnatique tout en respectant le « rythme » originel de la mélodie.
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Exemple 1 : Schéma explicatif montrant la reprise du plain-chant et l’utilisation du mode
rythmique Pratâpeçekhara/viyava dans les Couleurs de la Cité céleste.
Une thèse a été entièrement consacrée sur l’étude de l’utilisation des modes grégoriens
chez Claude Debussy
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(qui s’est déplacé en 1893 à l’abbaye de Solesmes), et révèle qu’il a
souvent utilisé les premier, quatrième et huitième modes, soit les modes phrygien (comme
dans le Quatuor à cordes en sol mineur), dorien (ci-après dans l’exemple 2 extrait de
« Canope », Préludes) et lydien.
L’utilisation des modes était utile pour transcrire une impression, suggérer une atmosphère, le
climat de « l’ancien ». Les modes étaient utiles pour faire référence à l’histoire, au médiéval,
mais aussi à l’Église : qui aujourd’hui ne dit pas, lorsqu’il entend une mélodie modale : « du
chant grégorien » ?
2
M
ICHELS
, Ulrich. « XX
e
siècle : Forme musicale ». Dans le Guide illustré de la musique, Volume II traduit de
l’allemand par Jean G
RIBENSKI
et Gilles L
EOTHAUD
. Paris : Fayard, 1988, p. 517.
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D’A
LMENDRA
Julia . Les Modes Grégoriens dans l’œuvre de Claude Debussy. Paris : G. Enault, 1950.